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25/05/2014

Chez les Grecs, la sensualité n'était pas un ennemi à subjuguer, un dangereux rebelle à réduire

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La sensualité a donc été auparavant de fait dans le monde, mais sans être déterminée par l'esprit. Comment était-elle donc alors ? Elle était sous la détermination de l'âme dont elle relevait. C'est ainsi qu'elle se présentait dans le paganisme et, si l'on en cherche l'expression la plus parfaite, c'est ainsi qu'elle était en Grèce. Mais la sensualité relevant de l'âme n'est pas opposition, exclusion : elle est accord, harmonie. Et du fait même qu'elle est posée comme harmonieuse, elle ne l'est pas comme principe, mais comme encliticon d'accompagnement.
Ces vues auront leur importance pour éclairer les diverses formes de l'éros aux stades successifs de l'histoire ; elles nous amèneront ainsi à poser l'éros immédiat et l'éros musical comme identiques. Chez les Grecs, la sensualité était maîtrisée dans l'individualité harmonieuse, ou plutôt, elle ne l'était pas ; en effet, elle n'était pas un ennemi à subjuguer, un dangereux rebelle à réduire ; libre d'entraves, elle se livrait à la vie et à la joie chez l'homme harmonieusement épanoui. Elle n'était donc pas posée comme principe ; l'âme, en tant qu'élément de l'individualité harmonieuse, était inconcevable sans le sensuel et, pour cette raison, l'éros fondé sur le sensuel n'était pas non plus posé comme principe. L'amour était un facteur universel, à ce titre donné dans la belle individualité. Non moins que les hommes, les dieux connaissaient sa puissance et avaient des aventures d'amour heureux ou malheureux. Mais chez aucun d'eux l'amour n'était posé comme principe ; s'il s'y trouvait, individuellement, c'était comme manifestation partielle de sa puissance universelle, laquelle, cependant, ne résidait nulle part ni, par conséquent, dans la conscience des Grecs ou dans le monde de leurs idées. Mais, sans tenir compte du fait qu'ici encore, l'amour ne se fonde pas sur l'éros basé sur la seule sensualité, mais sur l'âme, il convient de relever une autre particularité que je vais quelque peu mettre en relief. Éros était le dieu de l'amour, mais sans être lui-même épris. Si les autres dieux ou les hommes décelaient en eux sa puissance, ils la lui attribuaient, la lui rapportaient, mais Éros même y restait étranger ; si la chose lui arriva une fois, ce fut une exception ; et bien que dieu de l'amour, il n'eut pas, à beaucoup près, le nombre d'aventures que connurent les autres dieux ou les hommes. Et s'il fut épris, cela dénote avant tout que lui aussi s'inclinait devant la puissance universelle de l'amour, de la sorte à lui étrangère, en un sens : rejetée hors de lui, elle n'avait plus aucun lieu où l'on pût la chercher. Son amour n'est pas non plus fondé sur les sens, mais sur l'âme. Et elle est bien authentiquement grecque, cette idée que le dieu de l'amour n'est pas lui-même épris, alors que tous les autres lui doivent de l'être. Si j'imagine un dieu ou une déesse du désir, je serais fidèle à la pensée grecque en disant que, tandis que tous ceux qui connaîtraient la douce inquiétude ou la douleur du désir en rapporteraient les effets à cette divinité, celle-ci n'éprouverait elle-même aucun désir. Je ne saurais mieux caractériser cette particularité qu'en y voyant le contraire du fait où un individu en représente d'autres : ici, toute la force est rassemblée en une seule personne ; les autres y participent dans la mesure où elles sont liées aux diverses opérations de cette personne. Je pourrais dire encore que cette situation est l'inverse de celle qui est à la base de l'incarnation où l'individu renferme en lui toute la plénitude de vie, laquelle n'a de réalité pour les autres que dans leur contemplation de cet individu incarné. Dans l'hellénisme, c'est donc l'inverse. Ce qui fait la force du dieu n'est pas en lui, mais dans tous les autres individus qui lui rapportent ; il est lui-même pour ainsi dire dénué de force, impuissant, parce qu'il communique sa force à tout le reste du monde. L'individu incarné absorbe en quelque sorte la force de tous les autres dans la mesure seulement où ils la voient en cet individu. Ces vues auront leur importance dans la suite, comme elles ont leur valeur intrinsèque touchant les catégories en usage aux diverses périodes de l'histoire. Nous ne trouvons donc pas dans l'hellénisme la sensualité ; et quand bien même nous l'y aurions trouvé, nous voyons cependant – fait de la plus grande importance pour cette étude – que l'hellénisme n'a pas la force de concentrer la plénitude en un seul individu ; elle la fait rayonner d'un point qui ne la possède pas à tous les autres, de sorte que ce point constitutif se reconnaît presque au fait qu'il est le seul à ne pas avoir ce qu'il donne à tous les autres. »

Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien

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S'abstenir de toute intempestive considération

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« Il faut vraiment beaucoup de naïveté pour croire à l'utilité de crier et de vociférer dans le monde, comme si notre destin en était changé. Il suffit de l'accepter tel qu'il se présente et de s'abstenir de toute intempestive considération. Dans ma jeunesse, quand j'allais au restaurant, moi aussi je disais au garçon : un bon morceau, du meilleur dans le filet, pas trop gras. Le garçon, sans doute, n'entendait guère ma recommandation ; encore moins y faisait-il attention ; encore moins ma voix parvenait-elle à la cuisine pour attendrir le découpeur. Et même si tout cela se réalisait, il n'y avait peut-être pas un bon morceau dans tout le rôti. Maintenait, je ne crie plus jamais. »

Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien

 

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24/05/2014

Une plaisanterie

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« Le feu prit un jour dans les coulisses d'un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On crut à un mot plaisant et l'on applaudit ; il répéta, les applaudissements redoublèrent. C'est ainsi, je pense, que le monde périra : dans l’allégresse générale des gens spirituels persuadés qu’il s’agit d’une plaisanterie. »

Søren Kierkegaard, Ou bien... ou bien

 

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La société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos

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« Comme l’a souligné Marcel Conche, la société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos, sans inquiétude. Sur cette permanence se fonde le sentiment de sécurité. Au contraire, les nouveautés, le “progrès” apporteront le trouble. À partir du moment où l’on rêve de cité idéale et de lendemains meilleurs, se trouve tué en chacun le contentement. Dès lors, domine le mécontentement de soi et du monde. Ce qui est figuré sur le bouclier d’Achille est au contraire une société heureuse, tout à la joie de vivre comme elle a toujours vécu. Les noces sont joyeuses, l’équité règne, l’amitié civique est générale. Quand la guerre survient, la cité attaquée fait front, tout le peuple se porte sur les remparts, l’ennemi n’a pas d’allié dans la place. »

Dominique Venner, Un Samouraï d’Occident

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La Gôche se promène pendant que le redressement productif attend...

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Promenade du samedi au Champ de Mars, notre vaillant ministre en compagnie de son actrice, quelques mois d'amour et déjà la conviction du bonheur... à leurs pieds conquérants la France s'étale !


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Mourir sans avoir rien à quitter !

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« Au jugement dernier on ne pèsera que les larmes. »

« Certains se demandent encore si la vie a un sens ou non. Ce qui revient en réalité à s’interroger si elle est supportable ou pas. Là s’arrêtent les problèmes et commencent les résolutions. »

« La mort n’a de sens que pour ceux qui ont aimé la vie passionnément. Mourir sans avoir rien à quitter ! Le détachement est négation de la vie comme de la mort. Celui qui a vaincu la peur de mourir a triomphé aussi de la vie, elle qui n’est que l’autre nom de cette peur. »

Emil Michel Cioran, Des larmes et des saints

 

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Le manque d’éducation dans le choix de ses tristesses

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« Être incapable de résister à soi-même, voilà où aboutit le manque d’éducation dans le choix de ses tristesses. »

« Nous portons en nous toute la musique : elle gît dans les couches profondes du souvenir. Tout ce qui est musical est affaire de réminiscence. Du temps où nous n’avions pas de nom, nous avons dû tout entendre. »

« Aurai-je assez de musique en moi pour ne jamais disparaître ? »

Emil Michel Cioran, Des larmes et des saints

 

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Le chemin vers cet état d’éveil où palpite la conscience aiguisée

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« Les peuples ne sont pas initiés aux cosmogonies, ni ne se voient révéler le chemin vers cet état d’éveil où palpite la conscience aiguisée. Quoi que vous puissiez faire, jamais la masse des hommes n’atteindra cette vibration de la pleine conscience. Il ne leur est pas possible d’aller au-delà d’un soupçon de conscience. En foi de quoi il faut leur donner des symboles, des rituels et des signes qui empliront leur corps de vie jusqu’à la mesure qu’ils peuvent contenir. Plus leur serait fatal. C’est la raison pour laquelle il convient de les tenir à l’écart du vrai savoir, de crainte que, connaissant les formules sans jamais avoir traversé les expériences qui y correspondent, ils deviennent insolents et impies, croyant avoir atteint le grand tout quand ils ne maîtrisent en réalité qu’un verbiage creux. La connaissance ésotérique sera toujours ésotérique, car la connaissance est une expérience, non une formule. Par ailleurs, il est stupide de galvauder les formules. Même un petit savoir est chose dangereuse. Aucune époque ne l’a mieux montré que la nôtre. Le verbiage est, en définitive, ce qu’il y a de plus désastreux. »

David Herbert Lawrence, Croquis Etrusques

 

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23/05/2014

Le lignage, la langue, la religion, la coutume

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« Toujours, les hommes se sont posé la question entre toutes fondamentale de ce qu’ils sont. Ils y répondent en invoquant le lignage, la langue, la religion, la coutume, c’est-à-dire leur identité, leur tradition (...) Il n’y a que des hommes concrets, fils d’une hérédité, d’une terre, d’une époque, d’une culture, d’une histoire, d’une tradition qui forment la trame de leur destin.

Un groupe humain n’est un peuple que s’il partage les mêmes origines, s’il habite un lieu, s’il ordonne un espace, s’il lui donne des directions, une frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce lieu, cet espace ne sont pas seulement géographiques, ils sont spirituels. Pourtant le site est d’ici et non d’ailleurs. C’est pourquoi l’identité d’un peuple s’affirme notamment dans sa manière de travailler le sol, le bois, la pierre, de leur donner une forme. Sa singularité se manifeste dans ce qu’il bâtit, dans ce qu’il crée, dans ce qu’il fait. Chaque peuple a une façon personnelle de se relier à l’espace et au temps. L’instant de l’Africain n’est pas celui de l’Européen ni de l’Asiatique. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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Devant la défaite, la douleur et la mort

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« "Souffrir pour comprendre", écrivait Eschyle dans Agamemnon. Il est implicitement admis que c’est devant la défaite, la douleur et la mort que l’homme se révèle. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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Une ablation de la mémoire

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« De grands efforts ont été faits pour briser le fil du temps et sa cohérence, pour interdire aux européens de retrouver dans leurs ancêtres leur propre image, pour leur dérober leur passé et faire en sorte qu’il leur devienne étranger. De tels efforts ont des précédents. Du Haut Moyen Âge à la Renaissance, de nombreux siècles ont été soumis à une ablation de la mémoire et à une réécriture totale de l’histoire. En dépit des efforts déployés, cette entreprise a finalement échoué. Celle, purement négative, conduite depuis la deuxième partie du XXe siècle, durera beaucoup moins. Venant d’horizons inattendus, les résistances sont nombreuses. Comme dans le conte de la Belle au bois dormant, la mémoire endormie se réveillera. Elle se réveillera sous l’ardeur de l’amour que nous lui porterons. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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La devotio

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« À l’époque romaine archaïque, la devotio était une sorte de suicide accompli pour le salut de la patrie, un serment par lequel un général s’offrait en sacrifice aux dieux en échange de la victoire. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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La mémoire des générations futures

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« L’histoire est créatrice de sens. À l’éphémère de la condition humaine, elle oppose le sentiment d’éternité des générations et des traditions. En sauvant de l’oubli le souvenir des pères, elle engage l’avenir. Elle accomplit un désir de postérité inhérent aux hommes, le désir de survivre à sa propre mort. Ce désir a pour objet la mémoire des générations futures. C’est en espérant y laisser une trace que l’on s’efforce de forger l’avenir. Avec la perpétuation d’une lignée, cela fut l’un des moyens conçus par nos ancêtres pour échapper au sentiment de leur propre finitude. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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L'épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans

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« Notre monde ne sera pas sauvé par des savants aveugles ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants, par ceux qui auront forgé l' "épée magique" dont parlait Ernst Jünger, l'épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. Notre monde sera sauvé par les veilleurs postés aux frontières du royaume et du temps. »

« Avec le feu de la volonté, l'idée courtoise de l'amour, la quête de la sagesse et le sens tragique de la destinée, l'un des traits natifs de l'Europe est l'harmonie entre le clan, la cité et la libre individualité, affirmée déjà au temps de la féodalité achéenne. »

« Accepter le destin d'un cœur ferme n'est pas une vertu, c'est être un homme selon Homère, tout simplement. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité

 

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22/05/2014

L’essence d’une civilisation

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« La tradition telle que je l’entends de façon neuve et même "révolutionnaire" n’est pas l’ensemble des us et coutumes, une certaine façon d’agir ou de penser transmise par l’éducation ou l’usage. Elle n’est pas non plus ce qui s’oppose à la modernité. Elle est encore moins un ensemble de principes universels et surnaturels imaginés par des gnostiques. Elle n’est pas le souvenir nostalgique d’un Âge d’or disparu. La tradition telle que je l’entends n’est pas le passé, mais au contraire ce qui ne passe pas et qui revient toujours sous des formes différentes. Elle désigne l’essence d’une civilisation sur la très longue durée, ce qui résiste au temps et survit aux influences perturbatrices de religions, de modes ou d’idéologies importées. »

Dominique Venner, Un Samouraï d’Occident

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Une pensée de grande altitude

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« Dans son essai sur "La Mort au Japon", Maurice Pinguet a établi une comparaison entre l’esprit de la noblesse d’épée japonaise et celui de l’artistocratie européenne à son automne, à l’époque baroque, entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Cela vaut la peine d’y réfléchir : "Tout en se connaissant les mêmes principes d’honneur et de service que les samouraï, la noblesse d’épée (française) ne réussit pas à faire triompher ses valeurs, car depuis l’échec de la Fronde, c’est une version bourgeoise de la bienfaisance chrétienne qui s’affirme. Elle s’en consolera en brocardant le pharisaisme, en riant des tartufes et de leurs dupes." Ce que firent en effet La Rochefoucauld et les anciens frondeurs réfugiés par dépit dans le jansénisme. "Au Japon", poursuit Pinguet, "l’éthique martiale réussit à s’imposer parce qu’elle mit l’accent sur l’abnégation (...). Celui qui répond de son honneur sur sa vie ne peut être soupçonné de mensonge. Il agit, c’est assez...". Ce n’est pas une pensée banale. C’est même une pensée de grande altitude. »

Dominique Venner, Un Samouraï d’Occident

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21/05/2014

Le stoïcisme n’est le propre d’aucune catégorie sociale...

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« Que le personnage principal de "The Queen" appartienne à l’exception, c’est l’évidence. Cette singularité est associée à sa fonction et à l’idée exigeante qui l’habite. Mais cette exceptionnalité souligne chez la reine des sentiments supérieurs qui ne sont l’apanage ni de sa fonction ni de son rang. Les mêmes sentiments, moins spectaculaire, habitent certainement nombre de ses sujets anonymes et bien d’autres personnes ailleurs. Le stoïcisme n’est le propre d’aucune catégorie sociale. Ne pas se plaindre, conserver pour soi ses peines, ne pas étaler ses sentiments, ses humeurs, ses états d’âme, ses drames affectifs ou gastriques. S’interdire de parler d’argent, de santé, de cœur et de sexe, tout le contraire de ce qui s’étale dans les magazines de salons de coiffure et chez les "psys".

 Dans son roman "Les Carnets du colonel Bramble", André Maurois, qui avait participé à la Première Guerre mondiale, a tracé un portrait éloquent des jeunes officiers britanniques élevé à l’école du stoïcisme : "On a passé leur jeunesse à leur durcir la peau et le cœur. Ils ne craignent ni un coup de poing, ni un coup du sort. Ils considèrent l’exagération comme le pire des vices et la froideur comme un signe d’aristocratie. Quand ils sont très malheureux, ils mettent un masque d’humour. Quand ils sont très heureux, ils ne disent rien du tout..."
À défaut de contrôler le destin, on leur a appris à se contrôler eux-mêmes. »

Dominique Venner, Un Samouraï d’Occident

 

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Tenir debout quoi qu’il arrive

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« Les dragons sont vulnérables et mortels. Les héros et les dieux peuvent toujours revenir. Il n’y a de fatalité que dans l’esprit des hommes. »

« La seule vérité est de se tenir debout quoi qu’il arrive, de faire face à l’absurdité du monde pour lui donner une forme et un sens, de travailler et de se battre si l’on est un homme, d’aimer si l’on est une femme. »

Dominique Venner, Le cœur rebelle

 

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Être à soi-même sa propre norme

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« Comment peut-on être rebelle aujourd’hui ? Je me demande surtout comment on pourrait ne pas l’être ! Exister, c’est combattre ce qui me nie. Être rebelle, ce n’est pas collectionner des livres impies, rêver de complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Cévennes. C’est être à soi-même sa propre norme. S’en tenir à soi quoi qu’il en coûte. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre tout le monde à dos que se mettre à plat ventre. Pratiquer aussi en corsaire et sans vergogne le droit de prise. Piller dans l’époque tout ce que l’on peut convertir à sa norme, sans s’arrêter sur les apparences. Dans les revers, ne jamais se poser la question de l’inutilité d’un combat perdu. »

Dominique Venner, Le Cœur rebelle

 

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Samouraï d’Occident

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et

 

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

 

Le 21 juin 2013, aux alentours de seize heures, un homme s’avance d’un pas déterminé dans la citadelle abyssale de Notre Dame de Paris. Visage impassible, pas leste, il marche vers l’Autel désert à cette heure, dépose sur celui-ci une enveloppe, puis après avoir vérifié que des enfants ne sont pas dans les parages, il s’agenouille. Probablement quelques touristes ou badauds au dédale des pierres de la Cathédrale ont-il pensé, sur l’instant, qu’un fervent chrétien s’en venait faire oeuvre d’adoration exagérée. Leur illusion fut courte : une détonation leur indiqua bientôt le drame ou, plutôt, le tragique de ce qu’il venait de se passer dans l’enceinte. Dominique Venner venait de se donner la mort avec un pistolet de fabrication belge, dirent les médias, à un seul coup, 9 millimètres, que l’intellectuel s’était avec une grande volonté enfoncé dans la bouche, déterminé à ne pas se louper. Et il ne se loupa pas.

Il se trouva aussitôt beaucoup de catholiques, même parmi les plus traditionalistes pour s’offusquer du geste de Dominique Venner au sein d’une Cathédrale et, pire, face à l’Autel. Blasphème selon eux et geste inadmissible. Ils se joignirent aux cris d’orfraies et de mésanges repues des douceâtres ! Ce qui me fut comique. A croire que Dieu fut atteint par le sang de l’écrivain. Ils oublièrent, aussi, que le seul péché impardonnable est celui proféré contre l’Esprit Saint. Et peut-être que c’est pour défendre sans le savoir celui-ci, même maladroitement, que Dominique Venner s’était donné la mort. Car certes, il fut critique envers le christianisme, prônant une réhabilitation des traditions et des identités qui remontent au Paganisme des temps premiers, une défense des cultures diverses face au melting-pot grisâtre qu’on nous enfonce dans la gorge sous prétexte d’acceptation de la diversité informelle, mais son choix de la Cathédrale Notre Dame de Paris n’était pas innocent, d’une part parce que tout païen qu’il fut, à l’image des romains antiques, il reconnaissait que le Christianisme avait également forgé la Nation qui était la sienne, mais de même il n’oubliait pas que la Cathédrale fut érigée sur le lieu d’anciens cultes païens dont il mesurait la force et la présence sous l’édifice au sein duquel il se donna la mort.

Dominique Venner fut, probablement, un des derniers représentants de cette ancienne race d’écrivains et d’intellectuels dont la seule évocation du nom faisait, et fait encore, frémir le bien-pensance et sa horde de maître-penseurs et de juges enflés de vertu et de hauts codes moraux. Il y a des écarts entre sa pensée et la mienne, et entre ce qu’il aurait probablement souhaité pour notre pays et ce que je rêve, moi, de mon côté pour cette terre dans laquelle je me suis enraciné. Il n’empêche que son geste m’a précipité dans un gouffre et m’a confronté à la cohorte des suicidés de la Rome Antique ou au fantôme de Yukio Mishima, dont les gestes désespérés mais lumineux voulaient bien souvent signifier le dégoût en même temps que l’espoir, dans le creux nauséabond d’une époque en mal de hauteur. Le samouraï d'Occident m'a donné de quoi réfléchir pendant 20 ans. Mais peut-être suis-je trop sensible ? 

On peut penser de lui ce que l’on veut… mais Dominique Venner fut un homme de courage et de détermination. Il ne s’intéressait plus directement à la politique depuis plus de 40 ans, lui préférant la réflexion et l’écriture et cherchait sans cesse à mesurer l’ampleur du désastre, les valeurs qui nous fondaient s’effritant à mesure qu’homo-festivus prenait en main les rennes de son sinistre règne. Immigration de masse. Perte de nos repères intellectuels et culturels. Désagrégation du langage. Effacement des frontières. Construction d’une Europe qui n’en a que le nom. Féminisation des peuples occidentaux, ces descendants de Sparte, d'Athènes ou de Rome, ceux-là même qui, jadis, firent la « Mare Nostra ». Replacement progressif des peuples enracinés par d’autres peuples, cortèges bigarrés aux cuisines, langues, religions et coutumes différentes. Propagande générale, douceâtre, définitive, diabolisant tout ce qui faisait notre singularité, notre Histoire et, donc, notre Force, ringardisant nos coutumes, nos traditions, notre fierté.

Lorsqu’on veut fuir un cloaque familiale et sa morgue et qu’à 17 ans on s’engage dans l’armée pour partir faire la guerre en Algérie, on peut incarner l’opposé de ce qu’untel ou tel autre peuvent penser, mais on en demeure pas moins un homme précoce, debout dans ses bottes, regardant le destin dans le noir des yeux, au lieu de se complaire d’une vie faite de banalités et de vieillissement décrépit.

Après avoir milité pour l’Algérie française et contre la politique d’abandon mise en œuvre par le général De Gaulle, il dû faire l’expérience de la clandestinité et connaître la prison. Ayant tenté l’aventure politique sous diverses formes plus ou moins extrémistes, ayant collaboré à la création, sous pseudonyme, du GRECE, il se retire dés la fin des années 60 de tout combat politique et commence une longue série de publications en tant qu’essayiste, aussi bien au sein de modestes que de grandes maisons d’éditions.
Il obtient le Prix Broquette-Gonin de l'Académie française, en 1981, pour « Histoire de l'Armée rouge ».
Après l’échec de sa Revue « Enquête sur l'histoire », qui disparaît à la fin des années 1990, il fonde en 2002 le bimestriel « La Nouvelle Revue d'Histoire » qui accueillera des signatures comme Jean Tulard, Alain Decaux ou Jacqueline de Romilly, en même temps que les humeurs délicieusement plus partisanes de Bernard Lugan, Aymeric Chauprade ou François-Georges Dreyfus. La NRH était indiscutablement, une Revue de qualité que beaucoup d’historiens en place dans les sphères du système lisaient en secret, en appréciant la pertinence et les propos politiquement incorrects en même temps que l’indiscutable exactitude historique.

Une longue série de livres consacrés à l’Histoire, aux armes ou à la chasse (voir son « Dictionnaire amoureux » paru en 2000 chez Plon) se mélangent également à des réflexions identitaires qui ne manquent pas d’arguments et que tout intellectuel honnête, même opposé à Dominique Venner, se devrait d’en reconnaître la force argumentaire et les vivifiantes références culturelles.
Peut-être faudra-t-il du temps pour que Dominique Venner soit lu, comme Yukio Mishima peut l’être. Mais Yukio Mishima malgré son engagement « extrémiste » en faveur de l’Empereur, bénéficie d’une sympathie gay, son homosexualité, par les temps qui sont les nôtres, jouant en sa faveur et ce malgré sa tentative fantoche de coup d’état et son Seppuku spectaculaire. Mais que nous a légué Dominique Venner par son parcours et ses écrits ? Selon moi une chose essentielle, qu'il fut un des premier à comprendre au sein de la droite :
Lecteur de Karl Marx et de Lénine, à une époque où les droitiers refusent de s’adonner stupidement aux lectures qui ne sont pas de leur camp, il porte sur le communisme un regard particulier dans lequel il voit essentiellement un mode d'organisation et une possible stratégie dont les militants nationalistes, selon lui, doivent adopter l’efficacité et la structure, en cherchant à se forger intellectuellement et en menant un long combat sur le plan idéologique et culturel en s’inspirant du théoricien communiste Antonio Gramsci, que la gauche a pris au pied de la lettre depuis, au moins, le début du XXème siècle, ce qui lui a permis d’avoir le pouvoir dans les médias, chez les intellectuels, même lorsqu’elle ne l’avait pas sur le plan politique. Ainsi l’état d’esprit de gauche s’est progressivement infiltré jusque dans la Droite conventionnelle qui en a épousé certains principes afin de pouvoir prétendre à l’élection démocratique.

Tant de choses ma séparent de Dominique Venner, qui ne m’interdisent ni l’admiration de son parcours ainsi que de son courage, ni la fascination envers son geste audacieux ! Je ne pense pas, pour ma part, que nous reviendront en arrière et qu’il nous faille chercher une manière d’y parvenir… mais ma démarche fut toujours la même sur le plan des idées, de la Tradition et de la Culture. Elle peut se résumer avec la question : comment transmettre le Feu et non les cendres froides ? La lecture de Dominique Venner participe aussi de la quête du bon processus et des synthèses hégéliennes qui se présenteront à nous pour les cycles à venir. Il est, de ce fait, incontournable et demeure une figure sur laquelle il faut se pencher avec un esprit critique en même temps que respectueux. Car quoi que l’on vienne me dire, Dominique Venner n’a pas fait d’appel au meurtre, il n’a participé à aucune tuerie, il a su concilier combat politique et sens de l’honneur. Et ses livres sont revigorants et stimulants. Le reste n’est que palabres démocrassouillardes incessantes et futiles. Car la réflexion de Dominique Venner avait pour particularité de prendre en compte la longue durée… une durée qui remontait des débuts historiques de l’Antiquité à nos jours, dont il mesurait le poids terrifiant et l’ensemble de devoirs et d’obligations que cela peut impliquer chez les peuples sains et forts qui ont une réel sens de la Mémoire et que nous avons perdue. En connaissant la genèse de l’identité européenne et les destinées de notre civilisation à travers le temps nous pouvons plus aisément nous projeter dans l’avenir.

Ainsi, les dix dernières années de sa vie, il avait compris que l’effondrement de la Vieille Europe n’était, face à son Histoire toujours pleine d’imprévus, ni fatale ni définitive. La capacité de certaines générations, de certains hommes, capables de retrouver le souffle profond de ce qu’ils sont et d’en faire héroïquement acte de témoignage par leurs actes le remplissait d’espoir. Lecteur d’ « Homère » il mesurait avec une haute conscience la dimension tragique de notre présence au monde. Et c’est par un acte tragique, en païen convaincu et nullement désespéré, qu’il prit la décision de réaliser son suicide hautement symbolique afin de semer  ce qui lui semblait juste et nécessaire.

Comment ne pas songer à Dominique Venner, au moment ou en Ukraine, les soubresauts imprévus de l’Histoire lui donnent raison, et à l’instant où de plus en plus d’hommes et de femmes à travers toute l’Europe, de Londres à Moscou, en passant par Paris et Berlin, aspirent à une renaissance de l’Europe débarrassée de son oligarchie bruxelloise et de ses commissions fantômes aux mille et une directives liberticides qui nous clouent sur place et nous interdisent d’être pleinement nous-mêmes ?

« Demain comme hier, si de nouvelles tables de valeurs doivent être instituées, elles ne le seront pas par des mots, mais avec des actes, par un engagement de l’être même. La vérité du monde ne réside pas dans son "essence" mais dans le travail, la création, la lune, l’enfantement, dans ces actes dont nous avons oublié qu’ils sont religieux.

La seule vérité est de se tenir debout quoi qu’il arrive, de faire face à l’absurdité du monde pour lui donner une forme et un sens, de travailler et de se battre si l’on est un homme, d’aimer si l’on est une femme.



Pendant des années j’avais été constamment placé devant l’obligation de savoir si la fin justifiait les moyens. Il vint un jour où je compris que ma finalité serait aussi ce que mes actes en auraient fait. Raisonnant ainsi, je renonçais nécessairement à la politique. Elle soumet les moyens à des fins qui n’ont pas nécessairement l’excuse d’être désintéressées. J’éprouvais la crainte aussi de verser dans l’habitude et la médiocrité. Il était temps de marcher à mon pas, ce qui comportait d’autres risques.

J’ai rompu avec l’agitation du monde par nécessité intérieure, par besoin de préserver ma liberté, par crainte d’altérer ce que je possédais en propre. Mais, il existe plus de traverses qu’on ne l’imagine entre l’action et la contemplation. Tout homme qui entreprend de se donner une forme intérieure suivant sa propre norme est un créateur de monde, un veilleur solitaire posté aux frontières de l’espérance et du temps. »

Dominique Venner, Le Coeur Rebelle

 

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20/05/2014

Un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour

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« C’est une terrible pitié que de voir un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour. Il est permis d’interpréter les malheurs de ce pays dans un langage pompeux, en invoquant les courbes de la natalité, l’absence de pétrole ou la recherche d’un idéal. Mais j’ai le sentiment que nos ancêtres, qui faisaient pourtant d’assez grandes choses, ne se torturaient pas pour trouver un idéal : ils l’avaient dans le sang, ou, si l’on veut, à portée de main, en chair et en os, ou en bois sculpté. Le roi de France, Napoléon, le bon Dieu, étaient des êtres de tous les jours, auxquels on pouvait parler, raconter ses affaires sans s’entendre répondre comme le ferait un idéal moderne : "Monsieur, votre honorée du 10 courant nous est bien parvenu. La loi du 8 septembre 1935, modifiée par le décret du 7 Août 1946, vous donne toutes les précisions sur la question. Reportez-vous au journal officiel. »

Sans doute, les hommes de l’ancienne France connaissaient-ils un grand nombre de lois ; mais ils n’étaient pas perdus dans ces textes comme un écureuil dans sa cage, qui court, affolé, en croyant au progrès parce que le sol bouge sous ses pieds. »

Roger Nimier, Le Grand d'Espagne

 

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Un pays sinistre

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« Qui a bien pu accréditer cette idée que la France était le pays de la gaudriole et du libertinage ? La France était un pays sinistre, entièrement sinistre et administratif. »

Michel Houellebecq, Plateforme

 

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Une attente interminable, vaine

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« Bien souvent un amour n'est que l'association d'une image de jeune fille (qui sans cela nous eût été vite insupportable) avec les battements de coeur inséparables d'une attente interminable, vaine, et d'un lapin que la demoiselle nous a posé. »

Marcel Proust, La Prisonnière

 

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L'alibi des Tyrans...

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Il y avait eu la charge, depuis : je savais ce que je pouvais, je m’étais composé

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« Entendons-nous bien. Certes, il y avait eu un moment avant la charge où, vautré contre la terre, j’avais été plus bas que terre ; je m’étais surpris à souhaiter d’être ailleurs, dans le giron de ma mère ou dans une petite maison bien tranquille dans le midi – dormant douze heures et mangeant de bons biftecks et étant, par exemple, garde-barrière. Mais quel que soit mon penchant pour le self-dénigrement, voire le masochisme, je ne puis assimiler ce moment-là, tout à fait élémentaire, avec le moment où nous sommes. Ce moment élémentaire ne pouvait durer ; et, en effet, il n’avait pas duré. Il ne pouvait durer ; car à quoi ça sert de sauver sa peau ? A quoi sert de vivre, si on ne se sert pas de sa vie pour la choquer contre la mort, comme un briquet ? Guerre – ou révolution, c’est-à-dire guerre encore – il n’y a pas à sortir de là. Si la mort n’est pas au cœur de la vie comme un dur noyau – la vie, quel fruit mou ou bientôt blet ? Donc, ce moment n’avait pas duré. Il y avait eu la charge, depuis : je savais ce que je pouvais, je m’étais composé. La charge m’avait définitivement sorti de ma torpeur du matin ; je ne pouvais plus y rentrer ; je n’y rentrerais jamais. J’étais né à ma valeur. »

Pierre Drieu la Rochelle, La comédie de Charleroi

 

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