26/06/2014
Verbe
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« Il n'y a d'idées qu'incarnées. Il n'y a de verbe que fait chair. »
Witold Gombrowicz, Journal, 1954
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L'espérance se conquiert
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« L'optimisme est un ersatz de l'espérance, qu'on peut rencontrer facilement partout, et même, tenez par exemple, au fond de la bouteille. Mais l'espérance se conquiert. On ne va jusqu'à l'espérance qu'à travers la vérité, au prix de grands efforts et d'une longue patience. Pour rencontrer l'espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va au bout de la nuit, on rencontre une aurore.
Mais l'espoir lui-même ne saurait suffire à tout. Lorsque vous parlez de "courage optimiste", vous n'ignorez pas le sens exact de cette expression dans notre langue et qu'un "courage optimiste" ne saurait convenir qu'à des difficultés moyennes. Au lieu que si vous pensez à des circonstances capitales, l'expression qui vient naturellement à vos lèvres est celle de courage désespéré, d'énergie désespérée. Je dis que c'est précisément cette sorte d'énergie et de courage que le pays attend de nous. »
Georges Bernanos, La liberté, pour quoi faire ?
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Deviens capable d’aimer sans souvenir
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« Ton secret, on le voit toujours sur ton visage et dans ton oeil. Perds le visage. Deviens capable d’aimer sans souvenir, sans fantasme et sans interprétation, sans faire le point. Qu’il y ait seulement des flux, qui tantôt tarissent, se glacent ou débordent, tantôt se conjuguent ou s’écartent. »
Gilles Deleuze, Dialogues
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Micro-société élective
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« Or le Jardin me semble un genre de personnage conceptuel, une configuration, une communauté dans laquelle s’incarnent les idées qu’un philosophe digne de ce nom pratique pour l’au-delà d’elles-mêmes. Si l’Académie enseigne une parole, une théorie qui paraissent bien éloignées de produire des effets sur le terrain concret, le Jardin laisse de côté le discours sur lui-même pour exceller dans la preuve de l’excellence des thèses formulées en amont. Moins soucieux de changer l’ordre du monde que de se changer, le disciple d’Epicure rompt avec le monde trivial de la famille, du travail, de la patrie, il prend le contre-pied de toute société qui vante les mérites de l’argent, des richesses, des honneurs et du pouvoir. Ce qui fait courir l’homme du commun et génère une vie mutilée, voilà ce qui répugne à l’aspirant sage. Mais vivre dans le monde comme si l’on était hors du monde pose problème : la communauté le résout en offrant ici et maintenant une solution viable.
Le Jardin renvoie au paradis terrestre, situé pour certains Anciens du côté du Tigre et de l’Euphrate. Résumé du monde, il propose un laboratoire, un exemple, ce que pourrait être une société, une cité, une planète inspirées de ce modèle. S’il existe dans la mythologie - Zeus épouse Héra dans le jardin des Hespérides... -, les Grecs en découvrent le charme après les conquêtes d’Alexandre en Asie (début IVe siècle). Or Epicure crée son Jardin une vingtaine d’armées plus tard en 305-306, dans une période où la conjoncture politique sombre peut trouver son antidote dans la sécession effectuée à l’abri, dans cette micro-société élective. »
Michel Onfray, Les sagesses antiques
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La mémoire n’est pas l’histoire
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« La mémoire n’est pas l’histoire. Elle en est même parfois le contraire. L’histoire reste extérieure à l’évènement. Elle n’a de chances d’atteindre à la vérité des faits qu’à la condition de se situer au cœur de l’événement. Elle entretient le souvenir qui, par définition, doit toujours rester identique à lui-même. Son affaire n’est pas la vérité mais la fidélité. Or, cette fidélité au passé peut être cause d’une cécité sur le présent… Une société amnésique est mal partie, mais une société qui passe son temps à se souvenir ne vaut pas mieux. La mémoire, enfin, peut être dangereuse et destructive. Tel est le cas quand elle est utilisée à des fins immédiates, quand elle est instrumentalisée au service de l’esprit de vengeance ou des polémiques du moment présent. Elle n’est plus alors conservation du souvenir mais simple instrument au service des passions et des fins subjectives. »
Alain de Benoist, in le Magazine Eléments, du 06 Décembre 2008
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Les "politiques identitaires" multiculturelles postmodernes
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« D'un côté, ce que l'on appelle les "fondamentalismes", dont la formule de base est celle de l'identité de groupe (...). De l'autre, les "politiques identitaires" multiculturelles postmodernes, visant à la coexistence tolérante de groupes aux manières de vivre "hybrides", et même changeantes, divisés à l'infini en sous-groupes (femmes hispaniques, gays noirs, malades du SIDA mâles blancs, mère lesbiennes...). Cette floraison perpétuellement jaillissante de groupes et sous-groupes dans leurs identités hybrides, fluides et mouvantes, chacun insistant sur le droit d'affirmer son mode spécifique de vie et/ou de culture, cette incessante diversification, n'est possible et pensable qu'adossée au socle de la globalisation capitaliste ; elle est la manière même par laquelle la globalisation capitaliste affecte notre sentiment d'appartenance ethnique et les autres formes d'appartenance communautaires : le seul lien reliant ces multiples groupes est le lien du Capital lui-même, toujours prêt à satisfaire les demandes spécifiques de chaque groupe et sous-groupe (tourisme gay, musique hispano…).
L'opposition entre le fondamentalisme et les politiques identitaires pluralistes postmodernes est en définitive un simulacre, dissimulant une profonde complicité (ou, pour le dire à la Hegel, une identité spéculative) : un défenseur du multiculturalisme peut aisément trouver attractive même l'idée ethnique la plus fondamentaliste, à la seule condition qu'elle soit l'identité du prétendu authentique Autre ; un groupe fondamentaliste peut facilement adopter, dans son fonctionnement social, les stratégies postmodernes de la politique identitaire, en se présentant comme l'une des minorités menacées luttant simplement pour conserver son mode de vie spécifique et son identité culturelle. La ligne de démarcation entre la politique identitaire du multiculturalisme et le fondamentalisme est de cette façon purement formelle ; elle ne dépend souvent que de la perspective différente à partir de laquelle l'observateur scrute un mouvement destiné à maintenir une identité de groupe. »
Slavoj Žižek, Plaidoyer en faveur de l'intolérance
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25/06/2014
La garantie sacrée du pouvoir que possédait ses vers
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« Jaromil voit si rarement son père qu’il ne s’aperçoit même plus de son absence et il songe à ses poèmes dans sa chambre : pour qu’un poème soit un poème, il faut qu’il soit lu par quelqu’un d’autre ; alors seulement on a la preuve que le poème est autre chose qu’un simple journal intime chiffré et qu’il est capable de vivre d’une vie propre, indépendante de celui qui l’a écrit. Sa première idée fut de montrer ses vers au peintre, mais il y attachait trop d’importance pour prendre le risque de les soumettre à un juge aussi sévère. Il lui fallait quelqu’un que ses vers enthousiasmerait tout autant que lui-même et il comprit bien vite qui était ce premier lecteur, ce lecteur prédestiné de sa poésie ; il le vit se promener dans la maison, les yeux tristes et la voix douloureuse, comme s’il marchait à la rencontre de ses vers ; en proie à une grande émotion, il donna donc à maman plusieurs poèmes soigneusement tapés à la machine et courut se réfugier dans sa chambre pour attendre qu’elle les lise et qu’elle l’appelle.
Elle lut et elle pleura. Elle ne savait peut-être pas pourquoi elle pleurait, mais il n’est pas difficile de le deviner ; il coulait d’elle quatre sortes de larmes :
tout d’abord, elle fut frappée par la ressemblance qu’il y avait entre les vers de Jaromil et les poèmes que lui prêtait le peintre, et des larmes jaillirent de ses yeux, les larmes de l’amour perdu ;
ensuite elle ressentit une tristesse indéterminée qui émanait des vers de son fils, elle se souvint que son mari était absent de la maison depuis deux jours sans lui avoir rien dit, et elle versa des larmes d’humiliation ;
mais bientôt ce furent des larmes de consolation qui coulaient de ses yeux, car son fils qui était accouru avec tant de confiance et d’émotions pour lui montrer ses poèmes répandait un baume sur toutes ses blessures ;
et enfin, après avoir relu plusieurs fois les poèmes, elle versa des larmes d’admiration, parce que les vers de Jaromil lui paraissaient inintelligibles et elle se dit qu’il y avait donc dans ses vers plus de choses qu’elle n’en pouvait comprendre et qu’elle était par conséquent la mère d’un enfant prodige.
Ensuite elle l’appela, mais quand il fut devant elle, ce fut pour elle comme de se trouver devant le peintre quand il l’interrogeait sur les livres qu’il lui prêtait ; elle ne savait pas quoi lui dire au sujet de ses poèmes ; elle voyait sa tête baissée qui attendait avidement et elle ne sut que se presser contre lui et lui donner un baiser. Jaromil avait le trac et il se réjouit de pouvoir cacher sa tête sur l’épaule maternelle, et maman, quand elle sentit dans ses bras la fragilité de son corps enfantin, repoussa loin d’elle le fantôme oppressant du peintre, reprit courage et commença à parler. Mais elle ne pouvait libérer sa voix de son chevrotement et ses yeux de leur humidité et, pour Jaromil, c’était plus important que les paroles qu’elle prononçait ; ce tremblement et ce larmoiement lui apportaient la garantie sacrée du pouvoir que possédait ses vers ; de leur pouvoir réel et physique. »
Milan Kundera, La vie est ailleurs
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Le sceptique
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« Le sceptique voudrait bien souffrir, comme le reste des hommes, pour les chimères qui font vivre. Il n'y parvient pas : c'est un martyr du bon sens. »
Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
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La parole et l'image
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« La parole et l'image sont un des instruments les plus puissants du contrôle exercé par les journaux, qui contiennent les deux. Si vous commencez à les découper et à les réarranger, vous détruisez le système de contrôle. »
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J'aimais, j'étais aimé, je me portais bien
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« J'aimais, j'étais aimé, je me portais bien, j'avais beaucoup d'argent, je le prodiguais pour mon plaisir et j'étais heureux. J'aimais à me le dire, tout en riant des sots moralistes qui prétendent qu'il n'y a point de bonheur sur la terre. Et précisément c'est ce mot sur la terre qui excite mon hilarité, comme s'il était possible d'aller le chercher ailleurs ! »
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24/06/2014
Le progrès de l'humanité
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« Fataliste comme un Turc, je crois que tout ce que nous pouvons faire pour le progrès de l'humanité, ou rien, c'est exactement la même chose. »
Gustave Flaubert, Correspondance
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Les cosmopolites
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« Défiez vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins. »
Jean-Jacques Rousseau, Emile, ou de l'éducation
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Un simulacre de virilité
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« Nous avons dénoncé la décadence de la femme moderne ; mais il ne faut pas oublier que le premier responsable de cette décadence, c'est l'homme. De même que la plèbe n'aurait jamais pu se répandre dans tous les domaines de la vie sociale et de la civilisation s'il y avait eu de vrais rois et de vrais aristocrates, ainsi dans une société gouvernée par des hommes vraiment virils, jamais la femme n'aurait voulu ni pu emprunter la voie sur laquelle elle chemine de nos jours. Les périodes où la femme a accédé à l'autonomie, où elle a exercé un rôle prédominant, ont toujours coïncidé, dans les cultures antiques, avec des époques d'incontestable décadence. Aussi la vraie réaction contre le féminisme et contre toute autre déviation féminine ne devrait-elle pas s'en prendre à la femme, mais à l'homme. On ne peut pas demander à la femme de revenir à ce qu'elle fut, au point de rétablir les conditions intérieures et extérieures nécessaires à la renaissance d'une race supérieure, si l'homme ne connaît plus qu'un simulacre de virilité. »
Julius Evola, Révolte contre le monde moderne
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L'ordre que nous servons a besoin de producteurs et de consommateurs, les hommes entiers l'incommodent
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« Nous appelons le chaos et la mort sur l'univers présent et nous applaudissons à leur venue, la perpétuité de l'ordre serait pire et s'il ne se désassemblait, il changerait les hommes en insectes. [...] L'ordre, que nous servons et qui nous envoie au supplice, l'ordre a besoin de producteurs et de consommateurs, non pas d'hommes entiers, les hommes entiers l'incommodent, il leur préfèrera toujours les avortons, les somnambules et les automates, son crime est là, l'ordre est pêcheur et criminel ensemble, nous ne lui devons que la flamme, c'est par le feu que l'ordre périra. »
Albert Caraco, Bréviaire du Chaos
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Le Jour du Jugement, ni l'espérance ni la foi ne seront pardonnées, au vue des morts qu'elles auront fait naître
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« Que si les hommes n'espéraient en rien, leur lot ne serait plus le même, que si les hommes ne croyaient en rien, leur condition changerait peut-être : ainsi l'espérance et la foi n'ajoutent qu'à leurs maux, mais font le bonheur de leurs maîtres et les spirituels, malgré leur sainteté, ne peuvent qu'ils n'en soient les chiens de garde. Le Jour du Jugement, ni l'espérance ni la foi ne seront pardonnées, au vue des morts qu'elles auront fait naître et des agonisants, qu'elles induisent à multiplier, jusqu'à leur dernier souffle, leur semence. »
Albert Caraco, Bréviaire du Chaos
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Quelques arpents de passé
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« Nous vivons avec quelques arpents de passé, les gais mensonges du présent et la cascade furieuse de l'avenir. Autant continuer à sauter à la corde, l'enfant-chimère à notre côté. »
René Char, Fenêtres dormantes et porte sur le toit
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Je vous écris en cours de chute
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« Le repos, la planche de vivre ? Nous tombons. Je vous écris en cours de chute. C'est ainsi que j'éprouve l'état d'être au monde. L'homme se défait aussi sûrement qu'il fut jadis composé. La roue du destin tourne à l'envers et ses dents nous déchiquettent. Nous prendrons feu bientôt du fait de l'accélération de la chute. L'amour, ce frein sublime, est rompu, hors d'usage.
Rien de cela n'est écrit sur le ciel assigné, ni dans le livre convoité qui se hâte au rythme des battements de notre cœur, puis se brise alors que notre cœur continue à battre. »
René Char, Fenêtres dormantes et porte sur le toit
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23/06/2014
De féroces rétiaires...
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« Dieu l'arrangeur, ne pouvait que faillir. Les dieux, ces beaux agités, uniquement occupés d'eux-mêmes et de leur partenaire danseuse, sont toniques. De féroces rétiaires refluant du premier, mais en relation avec lui, nous gâtent la vue des seconds, les oblitèrent. »
René Char, Fenêtres dormantes et porte sur le toit
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Révolte...
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« Il semble que l'on naît toujours à mi-chemin du commencement et de la fin du monde. Nous grandissons en révolte ouverte presque aussi furieusement contre ce qui nous entraine que contre ce qui nous retient. »
René Char, Les Matinaux
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Noeuds...
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« Imite le moins possible les hommes dans leur énigmatique maladie de faire des noeuds. »
René Char, "Les Matinaux" in "La parole en archipel"
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Nous restons gens d'inclémence
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« Obéissez à vos porcs qui existent. Je me soumets à mes dieux qui n’existent pas. Nous restons gens d'inclémence. »
« Nous ne jalousons pas les dieux, nous ne les servons pas, mais au péril de notre vie, nous attestons leur existence multiple et nous nous émouvons d'être de leur élevage aventureux lorsque cesse leur souvenir. »
René Char, Les Feuillets d’Hypnos
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Cime...
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« Sur les pas du héros que tu choisis toi-même, Monte sans te lasser vers la cime suprême. »
Johann Wolfgang von Goethe, Iphigénie en Tauride
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Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous...
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« Le grand moment était venu. Le barrage roulant s'approchait des premières tranchées. Nous nous mîmes en marche... Ma main droite étreignait la crosse de mon pistolet et la main gauche une badine de bambou. Je portais encore, bien que j'eusse très chaud, ma longue capote et, comme le prescrivait le règlement, des gants. Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l'assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu'un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit.
L'immense volonté de destruction qui pesait sur ce champ de mort se concentrait dans les cerveaux, les plongeant dans une brume rouge. Sanglotant, balbutiant, nous nous lancions des phrases sans suite, et un spectateur non prévenu aurait peut-être imaginé que nous succombions sous l'excès de bonheur. »
Ernst Jünger, Orages d'acier
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Que voulez-vous ? la guerre les amuse !
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« Un guetteur s'écroule tout d'une masse, ruisselant de sang. Balle dans la tête. Les copains lui arrachent de sa capote le paquet de pansement et le bandent. "C'est plus la peine Willem ! - Mais quoi, vieux, y respire encore !" Arrivent les brancardiers pour l'emporter au poste de secours. La civière cogne rudement contre les traverses disposées en chicane. A peine a-t-elle disparu que tout reprend son cours habituel. On jette quelques pelletées de terre sur la flaque rouge, et chacun retourne à ses occupations. Seul, un bleu s'appuie encore, tout blême, au revêtement de bois. Il essaie de comprendre ce qui s'est passé. Tout a été si soudain, si affreusement surprenant, un attentat d'une indicible brutalité. C'est impossible, cela n'a pu avoir lieu. Pauvre type, tu en verras d'autres...
Mais souvent aussi, tout se passe joyeusement. Nombre de nos hommes y mettent une ardeur de Nemrod. Ils contemplent avec un volupté de connaisseurs les effets de l'artillerie sur la tranchée adverse : "Mon vieux, il est bon comme la romaine. - Bon Dieu, regarde comme ça gicle ! Pauvre Tommy ! Sortez vos mouchoirs !" Ils aiment tirer des grenades à fusil et des mines légères contre les lignes ennemies, au grand mécontentement des timorés. "Laisse donc tes c...ies, on dérouille déjà assez comme ça." Mais cela ne les empêche pas de réfléchir constamment à la meilleure manière de projeter des grenades avec une espèce de catapulte de leur invention, ou de rendre des approches périlleuses au moyen d'une quelconque machine infernale. Ils peuvent, par exemple, ouvrir une brèche étroite dans un obstacle, en face de leur créneau, pour attirer au bout de leur fusil un patrouilleur séduit par un passage aussi facile ; une autre fois, ils rampent jusqu'à l'autre côté et attachent aux barbelés anglais une clochette qu'ils agitent de leur propre tranchée, au bout d'une longue ficelle, pour affoler les guetteurs anglais. Que voulez-vous ? la guerre les amuse. »
Ernst Jünger, Orages d'acier
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22/06/2014
Ce qui se trame chez nous se décide dans l'immensité cosmique
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« Je me dis qu'il est bien extraordinaire que la simple vue du firmament étoilé ait pu faire naître en moi toutes ces pensées, et qu'il est merveilleux que mon cerveau ait tout de suite ressenti l'irrésistible besoin d'organiser les fragments d'information sur le monde extérieur qui me sont communiqués par mes sens en un schéma unifié et cohérent. La nature n'est pas muette. Tel un orchestre lointain, elle nous fait constamment parvenir des fragments de musique et des notes éparses. Mais elle ne veut pas tout nous livrer sur un plateau. La mélodie qui unit les fragments de musique manque. Le fil conducteur des notes est dissimulé. C'est à nous de percer les secret de cette mélodie cachée pour l'entendre dans toute sa radieuse beauté. »
« En d'autres termes, ce qui se trame chez nous se décide dans l'immensité cosmique, ce qui se passe sur notre minuscule planète est dicté par toute la hiérarchie des structures de l'univers. Chaque partie porte en elle la totalité et de chaque partie dépend tout le reste.L'univers est connecté. »
« Augmentons un peu (de quelques % par ex) la valeur du paramètre numérique des univers jouets qui contrôle l’intensité de la force nucléaire forte, et les protons, noyaux d’hydrogène, ne pourront pas rester libres. Ils se transforment en noyaux lourds en se combinant avec d’autres protons et neutrons. Sans hydrogène, adieu eau, molécules d’ADN et vie. »
« Le pendule de Foucault et l'expérience EPR (Einstein-Podolsky-Rosen)* nous ont contraints à dépasser nos notions habituelles d'espaces et de temps. Nous sommes amenés à conclure que l'univers possède bien un ordre global et indivisible, tant à l'échelle macroscopique que microscopique. Une influence omniprésente et mystérieuse fait que chaque partie contient le tout et que le tout reflète chaque partie. Tous les êtres vivants dans l'univers, toute la matière, le livre que vous tenez entre les mains, les meubles qui vous entourent, les vêtements que vous portez, tous les objets que nous identifions comme fragments de réalité contiennent la totalité enfouie en eux. Nous tenons chacun l'infini au creux de notre main. »
Trinh Xuan Thuan, La Mélodie Secrète
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