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30/03/2024

Orthodox Christian Theology - About Islam

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Moine, Evêque et grand théologien serbe orthodoxe, disciple de Saint Justin Popović, le défunt Atanasije Jevtić évoque ici en quelques mots la position chrétienne orthodoxe à propos de l'Islam...

 

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Un regard chrétien orthodoxe... sur la fameuse R.A.T. P. (Religion d'Amour, de Tolérance et de Paix)

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Luzerne

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Le Bien a toujours réponse à tout

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« Jamais nous n’avons été moins libres, et pour des raisons dont un Giono, par exemple, commençait déjà à découvrir les mécanismes au début des années 50 :
"A chaque instant il faut se dire : j’ai parlé des gens qui portent des chemises bleues mais les gens qui portent des chemises bleues ont des journaux, des banques, des menteurs à gage et même des tueurs. Attention. Tu parles 'pour le plaisir de dire ce que tu penses' et ils vont te renfoncer ce que tu penses dans ta gorge. Or, c’est ce qu’on écrit avec plaisir qui fait avancer l’esprit."

L’espèce est tout, le particulier n’est plus rien. L’idée qu’une œuvre d’art ou un livre seraient une "propriété privée" (d’abord celle de son auteur, ensuite celle de qui la contemple ou l’achète), et que rien de ce qui s’écrit, rien de ce qui se peint ou se pense, ne regarde aucune collectivité, mais seulement, à chaque fois, "une" personne, "la" personne qui regarde, qui lit, qui comprend (quel que soit le nombre, à la fin, de ces personnes), cette idée même n’est plus envisageable, si elle l’a jamais été. La non-ingérence radicale dans les affaires intérieures d’un livre n’est ni pour demain ni pour après-demain. L’Opinion est la reine du monde, disait Voltaire ; que Sade, dans "La Nouvelle Justine", complétait de cette façon : "N’est-ce pas avouer qu’elle n’a, comme les reines, qu’une puissance de invention, qu’une arbitraire autorité ?" Pour ajouter aussitôt : "Y a-t-il rien de plus méprisable au monde que les préjugés, et rien qui mérite d’être bravé comme l’opinion ?" Sans doute ; mais qui oserait désormais ? S’il n’existe plus d’ "écrivains engagés", comme on le radote, comme on le déplore, c’est qu’ils le sont tous devenus. De force ou pas. Sans le savoir ou non. Et pour pas grand-chose. « La place de Sartre est vide ! » font semblant de s’alarmer ceux qui ne voient au monde que des places. En réalité, à Cordicopolis, il n’y a plus que des Sartre qui se bousculent pour dorer toutes les pilules, de tout petits Sartre, encore plus rudimentaires que l’original, engagés dans les bonnes causes, et si nombreux qu’on ne les voit même plus.

"A-t-on le droit de tout dire ?" "Tout écrire ?" "Est-il possible de tout publier ?" Partisan comme je le suis de la privatisation fanatique, intégrale, des œuvres et des pensées, vous imaginez comme ces questions me réveillent la nuit. Mais enfin, d’autres se les posent. Est-il permis, par exemple, de "présenter sous un jour favorable l’usage des produits stupéfiants" ? En voilà une affaire ! Bien sûr que non ! L’Intérêt Général vous l’interdit ! Le Consensus vous a à l’œil ! Chaque décédé d’overdose serait retenu contre vous ! Seule la recherche du Bien commun vous est encore autorisée. La philanthropie apostolique est la poésie unique de cette fin de siècle, l’Harmonie est son lyrisme. Comme on sait, il n’y a pas de visions plus ressassées, sur les murs et sur les écrans, que celle des déserts (pureté, virginité, innocence originelle) et celle des eaux (niaiserie de l’immanence aquatique). Quand un film marche vraiment à fond ("Bagdad Café", "Le Grand Bleu", "Sexe, mensonge et vidéo"), c’est toujours, d’une manière ou d’une autre, parce qu’il a rendu hommage au pompiérisme de l’esprit de groupe, à l’idéal de Concordance, au collectivisme rose bonbon qui ouvrent le nouveau millénaire.

Le Bien a toujours réponse à tout : à la fin les menteurs sont punis, le Paradis descend en plein désert, les maris infidèles perdent en même temps leur femme, leur maîtresse et leur boulot, c’est bien fait, ça leur apprendra. On s’était trompés sur toute la ligne : le Mal était soluble dans le sirop.
"N’écoutez jamais votre cœur, mon enfant ; c’est le guide le plus faux que nous ayons reçu de la nature."
Rien n’est plus contraire aux nouvelles tendances que cette exhortation de Dolmancé. De même, rien ne paraît plus passé de mode que cette confidence de Flaubert à Louise Colet : "Ne crois pas que la plume ait les mêmes instincts que le cœur." Flaubert, Sade, pauvres cyniques hors de course ! Comme vous faites pitié, désormais ! Comme vos exhibitions naïves de prétendue lucidité font sourire les annonceurs, les distributeurs, les producteurs et les créateurs de consolations imagées ! Plus les diverses techniques, biosciences, technologies et ainsi de suite, ravagent le monde autour de nous et travaillent irréversiblement à rendre toute morale impossible, et plus les discours doivent camoufler cette effrayante réalité avec un enthousiasme redoublé.
Les hommes du Spectacle se livrent sans arrêt à une gigantesque entreprise d’idéalisation hallucinée. Les femmes laides seront plus aimées que les belles : puisqu’ils vous le disent, c’est sûrement vrai… Un PDG riche et blanc tombera fou amoureux d’une femme de ménage pauvre et noire… Les larmes l’amour, la passion, la générosité, les effusions, nous annoncent un Âge d’or imminent. Toutes ces fables caritatives n’ont rien à voir avec la vie concrète ? En effet. Et puis alors ? Il n’y a que l’intention qui compte ; et l’intention vaut l’action ; elle la supplante même largement. Il faut savoir caresser les populations dans le sens du cœur. Tous les coups philanthropes sont permis pour recoloniser la vie. Chaque jour, des milliers de couvertures chauffantes, des tonnes de produits contre les engelures sont déversés par des associations humanitaires dans les contrées les plus torrides. Des montagnes de laxatifs, des Himalayas de potages amincissants, sont répandus généreusement par erreur sur des affamés du bout du monde. Qu’est-ce que ça peut faire ? C’est mieux que rien. L’intention ! L’intention, vous dis-je ! Le grand pactole du Sentiment !

Aucun mot n’est plus efficace, de nos jours, que celui de passion. "La passion a toujours raison !" dit un slogan récent pour je ne sais quoi. La passion fait tout passer, c’est le droit de l’homme le plus imprescriptible. Plus les affaires règnent, plus le business tourne dans son propre vide, avec pour seul et unique projet son extension absolument sans fin, et plus le lyrisme cordicole doit triompher à la surface, habiller la réalité, camoufler les pires trafics, ennuager toutes les intrigues, faire passer l’Ordre Nouveau du monde pour une sorte d’ordre divin. À société postindustrielle, psychisme pastoral obligatoire. Fumée de dollars pour le réel, pipeaux d’Arcadie pour l’imaginaire. Plus immoraux sont les maîtres, et plus ils doivent paraître insoupçonnables, afin que ceux qui les imitent aient à cœur de ne pas faire ce qu’ils font mais de reproduire ce qu’ils simulent. La confiture cordicole est au service du "business" et non en opposition avec lui. "Parler morale n’engage à rien ! Ça pose un homme, ça le dissimule. Tous les fumiers sont prédicants ! Plus ils sont vicelards plus ils causent !" Je ne me lasserai jamais de citer ce passage de "Mea Culpa"… Oui, ce sont toujours les pires saletés qu’on fait passer dans le dos des tirades poétiques. Mais seules comptent les tirades poétiques.

En surface, c’est le Matin de tous les Magiciens. Bien sûr, une visite discrète, une descente à la salle des machines souterraine nous en apprendrait long, sans doute, sur les progrès fantastiques réalisés dans le domaine du guidage et de la surveillance à distance, électroniquement programmée, des Poupées qui s’agitent à l’air libre. Malheureusement, cette région n’est pas ouverte au public ; et ce qui n’est pas public n’existe pas. En surface, donc, c'est la fête. Approchez ! je vous répète ! N’hésitez plus ! Allez ! Sortez vos Portefeuilles ! Les animations ne font que commencer ! Tous les loisirs sont hygiéniques ! Garantis sans goudrons, sans nicotine ! Toutes nos valeurs sont "no smoking" ! Au toboggan géant ! À l’eau ! Au bain sous les bananiers et les eus ! À l’île élastique ! Au Lagon des Fées ! À la cantine polynésienne avec piano-bar sous cocotiers ! La "Virtue World Corporation" va satisfaire vos besoins ! Ne pensez plus ! Vos cœurs s’épanchent ! Oui, la passion a toujours raison. La mystique de la "spontanéité" reste un des sentiments les mieux Partagés par les habitants de Cordicopolis, où l’on croit plus que jamais que l’ "amour" procède toujours d’un élan désintéressé, et où, malgré l’antipathie générale pour les actes de violence, les crimes "passionnels" sont punis avec bien moins de sévérité que ceux qui ont été longtemps préparés.

Tuer pour de l’argent, par intérêt, c’est sordide, c’est inacceptable ; mais tuer sous l’empire de la passion, dans la saute d’humeur d’un moment, dans le feu de l’inspiration, alors oui, c’est défendable. Le législateur est romantique, lui aussi, il trouve au cœur des raisons qu’il ne reconnaît pas au cerveau parce que le cœur est collectiviste par essence, onde solidaire en équilibre, rythme communautaire et joyeux ris ; alors que le cerveau, hélas, nous savons bien, le cerveau malheureusement, le pauvre, est toujours plus ou moins fractionniste, dissident par vocation, vilainement sécessionniste, antipathique de toute façon. Et voilà pourquoi il est également inutile d’aller chercher midi à quatorze heures en prétendant explorer, par exemple, les causes de l’hostilité qui entoure depuis toujours les "intellectuels" : puisqu’elle s’étale là, déjà, dans "la loi", la haine féroce de toute pensée, donc de toute possibilité de critique, de toute velléité négativiste. Irréfutablement là : dans le Code. »

Philippe Muray, "Art pompier" in L'Empire du Bien

 

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Do not fear the conflict...

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29/03/2024

Pour la vanité d'un seul homme

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Humoristes

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Chasser nos derniers "vices privés"...

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« Levez-vous, Sondages désirés ! Grâce à vous, le Un, définitivement, se retrouve jugé par le multiple, l’obscurantisme collectif recouvre à jamais l’individuel. Le pouvoir de l’Opinion publique audimatique supplante haut la main toutes les puissances. L’idéal gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple se réalise à travers la plus pure, la plus efficace, la plus "propre" de toutes les croisades qui aient jamais été livrées aux misérables exceptions. Sous les courbes, sous les chiffrages, sous les indices des statistiques, le doute, l’écart, le jeu, l’ironie s’engloutissent comme des Atlantides. Encore quelques petits efforts et ce sera bien terminé, l’égalisation ultime des mentalités sera accomplie.

On attend le coup de grâce européen ; ça ne saurait trop tarder maintenant. Plus de "bien-être individuel", comme disait jadis Sieburg. L’imminence de l’Europe Unie va être l’occasion ou jamais de chasser nos derniers "vices privés". Il va falloir qu’on se remue si on veut participer au feu de camp. La télé européenne nous tend déjà ses filets. Les technocrates se pourlèchent. Il faut vite se mettre au diapason. Plus de caprices ! Rééduquons-nous ! Dressage ! Plus de fantaisies ! Les Français ont tant de choses à réapprendre ! Des observateurs étrangers parmi les mieux intentionnés n’arrêtent pas de nous le seriner, il faudrait peut-être un peu les écouter, cesser de nous croire si beaux dans nos miroirs, balayer devant notre porte, baliser enfin ce que nous pesons au-dehors, ce que nous valons réellement, ce qu’on dit de nous, de notre insupportable prétention, de notre passé plus lue suspect, de nos artistes invendables, de notre miteuse littérature, de notre présent sans avenir…

Elles sont bien terminées, les arrogances ! Il n’existe pas, en vérité, à Cordicopolis, de plus mauvais élèves que les Français, plus intenables, plus indisciplinés… Dans tous les domaines, de vrais sous-doués… Incapables de conduire correctement, toujours vingt-cinq métros en arrière, et dans le travail de parfaits cochons… Les Japonais d’aujourd’hui, tout à fait comme Sieburg hier, nous décrivent égoïstes, discutailleurs, maladivement xénophobes (ils ne manquent pas d’air), indisciplinés, cyniques… Etalant nos différences au grand jour au lieu de chercher à converger… Nous engueulant sans cesse, et sous n’importe quel prétexte, au milieu de trottoirs couverts de crottes de chiens… "Poussés dès l’école, disent-ils encore, à exprimer leurs opinions personnelles" (si c’était vrai !)… Et puis en retard ! Surtout ! en retard ! Ah ! l’effroyable retard de la France ! Cette lenteur à évoluer ! Cette apathie ! Mais qu’est-ce qu’elle fout depuis des siècles ? "La France est très en retard par rapport à l’Allemagne pour l’insertion des handicapés dans la vie professionnelle"… On entend des choses de ce genre tous les jours dans la bouche des cordicocrates. "La France est très en retard par rapport à la Grande-Bretagne (ou par rapport à l’Irlande, ou par rapport au Bangladesh) en ce qui concerne la place des femmes dans la vie politique"… J’ai même récemment vu une journaliste atterrée qui expliquait que la France était très en retard par rapport à la Hollande en ce qui concernait "l’image des homosexuels dans les médias" ; et que cela provenait certainement, comme d’ailleurs la plupart de nos carences, de notre infernal atavisme catholique (car qui dit catholique dit individualiste, et qui dit individualiste dit résistance au paradis des "lobbies", des communautés, de toutes ces associations et conglomérats qui ont avantageusement remplacé le militantisme d’autrefois désormais trop vulnérable).
La France était donc très en retard en ce qui concernait l’image des homosexuels dans les médias. Dans les médias. Donc dans le monde, puisqu’il n’en existe plus d’autre. Dans le monde. Donc dans les médias. La croyance générale étant que seules les images sont capables de vous conférer encore un semblant d’être, la place des homosexuels n’est pas bonne parce que leur place "dans les images" est jugée insuffisante.

Dans le même ordre d’idées, il n’est pas rare d’entendre les cordicocrates déplorer qu’à l’inverse des Etats-Unis avec leur Viêt-Nam, la France ait consacré si peu de films à sa guerre d’Algérie ; ce qui signifie tout simplement, selon eux, que cette guerre n’existe pas.
"La France est très en retard par rapport aux Etats-Unis en ce qui concerne le traitement cinématographique de son passé colonial."
Le creuser, ce retard de la France par rapport aux ÉtatsUnis, par rapport à l’Allemagne, au Japon, à la Hollande, et dans tous les domaines imaginables, me paraîtrait pourtant, à moi, une perspective intéressante, mais je ne veux pas insister. Glissons. C’est déjà téméraire toutes ces confidences. Aller plus loin serait du suicide. Dire ce qu’on pense est devenu périlleux. Même à titre farouchement "privé". Tout ce qui ne peut pas être exposé publiquement sur un plateau ne devrait même pas être pensé. Dans les télédébats, la formule-clé, pour arrêter en plein vol, pour stopper quiconque pourrait être sur le point de lâcher quelque chose de très vaguement non aligné, de très obscurément non consensuel, de très légèrement non identifié (et toute idée qui ne vient pas du collectif pour y retourner aussitôt appartient à cette catégorie), la formule-clé, donc, est la suivante :
"Ah ! oui, mais ça n’engage que vous, ce que vous dites là !" Vous. C’est-à-dire une seule personne. C’est-à-dire, en somme, personne.
L’Empire du Bien, ça tombe sous le sens, est d’abord "l’Empire du combien".
Le pape ? Combien de divisions ?

Peut-on encore parler en son nom propre ? Donner seulement un avis qui prétend "n’engager que soi-même" ? Le despotisme obscur des cordicoles se bâtit sur l’hypothèse d’une grégarité infinie, définitivement acceptée et définitivement invisible. Toute pensée assez héroïque pour essayer de se faire connaître, sur la scène de Cordicopolis, se retrouve en dette, et a priori, par rapport à la communauté. Cette dernière est en droit de demander des comptes à celui qui entreprend de s’exprimer. Et celui-ci, réciproquement, s’aperçoit dans le même temps qu’il a moins que jamais le droit de "tout dire" puisque planent au-dessus de sa tête, comme d’énormes dirigeables-espions, un Bien commun, une Opinion publique, avec lesquels il est supposé avoir signé, et de toute éternité, un pacte de fer, un contrat de sang. »

Philippe Muray, "Art pompier" in L'Empire du Bien

 

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Encyclopédie

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28/03/2024

Curriculum Vitae

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Propagandastaffel

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20h30

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Boxe et Piano...

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Art Contemporain...

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Colorisation générale dans l’intérêt du public

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« Plus la Bienfaisance se répand, plus l’éventail se rétrécit, plus les distances se raccourcissent et se referment les espaces. Les nuances de la palette s’amenuisent, toutes les situations se "colorisent"… Au fond c’était bien de cela aussi qu’il s’agissait, avec cette petite tentative de coup de force gouvernemental contre les irrégularités de l’orthographe : d’une colorisation générale dans l’intérêt du public. Pour son bien. Pour qu’il vive mieux la vie qui a été ôtée. Tout à la moulinette collectiviste ! Plus de privilèges même esthétiques ! Que le global absorbe le local ! Que le général mange le particulier ! Que le public gobe le privé ! Que le singulier disparaisse enfin dans la bouillie du troupeau ! Un seul pinceau pour tous les goûts ! Une seule couleur pour l’arc-en-ciel, une seule colorisation dégoulinante, comme chez ces Américains qui savent depuis des éternités qu’ils n’ont pas la moindre chance de comprendre quoi que ce soit aux films (et plus largement à ce qui n’est pas l’Amérique), s’ils ne prennent pas la précaution de les coloriser avant de les regarder ; ou mieux encore, dans le cas de productions étrangères, s’ils ne les refilment pas d’abord à leur convenance. Aux États-Unis (l’une des provinces les plus riches et vastes de Cordicopolis), il n’est déjà plus seulement impossible de faire voir au public des films sous-titrés, mais même d’obtenir que les gens se déplacent pour des spectacles étrangers doublés. Si on veut que les salles se remplissent, il faut tout re-filmer, tout retraduire dans des paysages américains, avec des interprètes américains, des mouvements de caméra américains.

À peu près comme si vous exigiez, vous, ici, une version de "Crime et châtiment" se déroulant à Dijon parce que vous n’êtes jamais allé à Saint-Pétersbourg. Ou encore, comme si Faulkner devait rester inimaginable tant qu’on ne l’aura pas réécrit en transplantant ses histoires par exemple dans le marais poitevin. Voyez cette anecdote amusante : pour "Amarcord", Fellini avait tourné une descente d’égoutiers au fond d’une fosse septique. Les distributeurs américains lui firent observer que le public ne comprendrait pas puisqu’il n’existait aucune fosse de ce genre aux États-Unis. Fellini, donc, coupa la séquence. Évidemment, coloriser des vieux films ou en translater de plus récents dans des décors de Pennsylvanie, supprimer des plans, en rectifier d’autres, tout cela vaut mieux, mille et mille fois, que de brûler des livres à Berlin au milieu des années 30, n’allez pas me faire dire des choses. Vous ne me verrez pas déraper dans l’antiaméricanisme primaire, c’est très mal porté d’abord, ça fait vieux con, Duhamel, réactionnaire moisi grotesque. Je ne vais pas chatouiller ce tabou. Ce qu’il y a pourtant de curieux, c’est que ce sont les mêmes qui agitaient, il y a quinze ans, l’épouvantail de l’anticommunisme primaire, et qui ne veulent pas aujourd’hui qu’on se montre antiaméricain primaire. Leur Passion phobique du primaire donnerait envie d’y aller voir, si on avait un Peu plus de temps, dans leur prose inoubliable, ce qu’ils ont à nous proposer, eux, de tellement secondaire ou tertiaire. Mais peu importe, je continue. En ce qui concerne les États-Unis, la plupart feignent d’imaginer qu’il s’agit encore de pourfendre, comme il y a soixante ans, les envahisseurs de Wall Street, le "matérialisme" 'yankee' ou les fabricants de corned-beef. Ils voudraient que tout le monde soit convaincu que ce qui a pu être vrai un jour le restera pour l’éternité. Si j’avais un peu plus de place, je ne me gênerais pas pour évoquer les sentiments qui furent les miens lorsque je découvris le Nouveau Monde. Je le ferai ailleurs, une autre fois. Je dois bien des réflexions à cette traversée de Disneyland. Bien des impressions ineffaçables… Plus sentimental, plus harmoniste, plus sirop consensuel, plus occulto-collectiviste, plus prix de Vertu, plus spiritualophile, plus mort sur place, plus transi, plus tétanisé de bonnes intentions, plus cordicole pour tout dire, moins érotique en résumé, je ne sais pas si on peut trouver, ailleurs, dans les deux hémisphères. Mais je ne suis pas allé partout ; et puis je ne veux pas insister. Nous devenons tous Américains, c’est très bien ainsi, c’est parfait, nous n’aurons bientôt même plus besoin qu’on nous colorise pour nous aimer.

Dans sa bouffonnerie terrifique, le programme d’Ordre Nouveau du pasteur de la Maison Blanche relève d’idées similaires, mais alors à échelle de planète. Le programme consiste à transposer en anglais tous les autres pays à moyen terme. Sans quoi ceux-ci resteraient, aux yeux des habitants des États-Unis, comme une sorte de vaste Sud inquiétant d’avant la guerre de Sécession, un immense "Deep South" rempli de menaces en suspension, un terrain vague indéfini, grouillant de diverses espèces de clochards, clochards européens, clochards arabes, clochards latino-américains, plus dégénérés les uns que les autres, plus vicieux, plus sales, plus paresseux, plus incompréhensibles enfin. Incompréhensibles surtout. Et puis coupables certainement. Toujours suspects de quelque entorse à la religion consensuelle. Qu’il est donc parfaitement légitime de châtier, dans leur propre intérêt, à coups de McDo’s vertueux ou de bombes à dépression.

La petite "guerre du Golfe" ? Un coup de badigeon, en passant, sur un bout de Moyen-Orient. Un tapis de bombes, au vol, sur les mystères de l’ "âme arabe". Et puis voilà. Et puis c’est tout. Pas de quoi vraiment faire une histoire. Évidemment, ils auraient pu réfléchir, se documenter, s’interroger, au lieu de choisir immédiatement la solution colorisante… Ils auraient peut-être pu essayer de méditer, par exemple, ce couplet d’un sociologue irakien, Ali el-Wardi, décrivant la mentalité de ses compatriotes ; ils se seraient alors peut-être donné une petite chance de découvrir entre eux-mêmes et leurs adversaires du moment quelques traits surprenants de parenté :
"La personnalité de l’Irakien comporte une dualité. L’Irakien est entiché plus que les autres d’idéaux élevés auxquels il fait appel dans ses discours et ses écrits. Mais il est, en même temps, l’un de ceux qui s’écartent le plus de ces idéaux. Il fait partie de ceux qui sont les moins attachés à la religion, mais le plus profondément plongés dans les querelles sectaires… Il y a deux systèmes de valeurs en Irak. L’un encourage la force, la bravoure et l’arrogance, toutes qualités du héros conquérant, à côté d’un autre système de valeurs qui croit au travail et à la patience… Le peuple irakien est connu comme un peuple de discorde et d’hypocrisie… mais l’Irakien n’est pas fondamentalement différent des autres hommes. 'La différence réside dans la pensée idéaliste. Il élabore des principes qu’il ne peut mettre en application et il appelle à des buts qu’il ne peut atteindre' " (c’est moi qui souligne évidemment).

Mais il faut comprendre les Américains, leur sensibilité, leur fragilité, leur horreur d’être dépaysés… Ils ont le plus grand mal à imaginer que quelque chose d’autre que ce qu’ils connaissent puisse exister, ils sont donc forcés de coloriser à tour de bras ce qui s’étend par-delà les marches de leur Empire dans l’espoir d’effacer les causes de leur ignorance.
Et puis, si nous en avions les moyens, nous n’agirions pas autrement. Nous en sommes réduits à les imiter, mais en minuscules, en futiles, il n’y a vraiment pas de quoi être fiers. »

Philippe Muray, "Colorisations" in L'Empire du Bien

 

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God is everywhere...

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27/03/2024

Déficit Record !

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Mouaaaaha ha ha ha ha ha ha ha ha !

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Croire

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L'utopie des bien-pensants

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« Ce qu’il y a de fondant, à Cordicopolis, ce sont toutes ces âmes idylliques qui s’imaginent qu’on pourrait avoir le Bien sans Mal, le tigre sans ses griffes, la langue française sans ses buissons d’épineuses incohérences, le soleil sans la pluie, des voitures sans pollution, une "bonne" télé sans ses pubs, la littérature sans son revers de crime par lequel elle s’immortalise, les loisirs de masse sans le béton, la chimie industrielle sans les pluies acides. Le beurre sans l'argent pour le payer. Midi à quatorze heures comme toujours. Autant rêver Céline sans ses "Bagatelles". Un "Céline qui penserait juste", ainsi que je l’ai lu quelque part. La réconciliation des contraires. Le Paradis sans la Chute. Le Trémolo enfin reconnu, établi dans tous ses droits, et sans aucune contrepartie. Voilà l’utopie des bien-pensants, l’idéal de l’Ultra-Doux planétaire, plus de matières grasses, plus de colorants, rien que des objectifs "superlight" sous les déguisements de la Vertu. Déjà ces saynètes en chambre qu’on appelle "débats politiques" ne sont plus organisées qu’entre représentants de tendances parfaitement interchangeables, entre démocrates-ouverts-antiétatiqueshumanistes, par exemple, et républicains-modéréscentralisateurs-humanistes. C’est un régal de les voir discuter, faire semblant de se contredire, alors que ce qu’ils veulent, comme tout le monde, c’est consolider le "terrain commun", celui de la confusion générale, la seule garantie de "vérité". A la fin, comme ne le disait pas Staline, c’est toujours le Consensus qui gagne.

Dans un autre domaine, celui de l’esthétique, l’une des dernières campagnes un peu violentes dont je parvienne encore à me souvenir, opposant des visions du monde au moins en apparence inconciliables, remonte à la petite affaire de ces colonnes plantées au Palais-Royal [Les colonnes de Buren furent commandées par le ministère de la Culture en 1986 (N. d. É.)]. Par la suite, les autres Grands Projets, Opéra-Bastille, Pyramide, Arche de la Défense, etc., sont tous passés comme lettres à la poste. Plus d’affrontements, plus de condamnations. Neutralité bienveillante. Qui oserait encore, de nos jours, se payer le ridicule d’une colère ? D’une sanction même en paroles ? Juger, c’est consentir à être jugé. Et qui l’accepterait désormais ?

À la fin, c’est le Consensus qui gagne. L’espace esthétique ou artistique est d’ailleurs un excellent domaine pour vérifier ce que je suis en train de dire. Toute l’histoire récente de l’art, sous l’éclairage grandissant du règne des bons sentiments, redevient très instructive. Si ce qu’on appelle art contemporain peut encore faire semblant d’exister, c’est uniquement comme conséquence du martyre des impressionnistes. En réparation. In memoriam. En expiation d’un gros péché. Qu’il soit minimal, conceptuel, anti-art ou extrême-contemporain, l’artiste d’aujourd’hui survit "toujours" à titre d’espèce protégée, en tant que résidu caritatif. Une très grosse gaffe a été commise, du temps de Van Gogh, du temps de Cézanne, il faut continuer à payer les pots qui ont alors été cassés. Surtout ne pas recommencer, ne pas refaire les mêmes sottises, ne pas retomber dans les ornières. Après des décennies de foules furieuses ricanantes devant Courbet, devant Manet, devant les cubistes, brusquement plus rien, plus de critiques, plus de clameurs, plus de révoltes, plus de scandales. Tout se calme d’un seul coup, les galeries prospèrent, la créativité des artistes ne s’est jamais mieux portée, tout va très bien, les grosses banques investissent dans l’émotion colorée, les Etats s’en mêlent, les ventes records se multiplient, le marché s’envole, c’est la débâcle des hostiles. Plus de pour ni de contre. Plus personne.

Les prix flambent "bien" qu’il n’y ait plus de critique ? Non : ils flambent parce que la notion, la possibilité, le désir même de critique ont disparu ; parce que plus personne ne se fatiguerait à gloser une œuvre contemporaine.
Dans l’euphorie cordicole, qui irait perdre son temps à chipoter ?
La ruse du diable selon Baudelaire, c’était d’arriver à faire croire qu’il n’existait pas ; la ruse des choses contemporaines, c’est qu’on ne se pose plus même la question ; qu’elles "soient" ou pas est bien égal.
Et puis, qui irait se risquer à vouloir démontrer la "beauté" de ce que l’on met sur le marché ? Ce dont on ne peut rien dire, il faut le vendre. »

Philippe Muray, "Colorisations" in L'Empire du Bien

 

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Creator's Love

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26/03/2024

La Souris est déglinguée — et nous aussi

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Disparition de Tai-Luc

par Laurent Schang


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Tai-Luc, aka Nguyen Tan Tai-Luc pour l’état civil, né à Suresnes en 1958, chanteur-guitariste-parolier — et docteur en linguistique — de souche franco-britto-vietnamienne, devenu par effraction une légende vivante du rock ’n’ roll hexagonistanais (comprendre : sans l’agrément de l’industrie du disque), n’est plus. Mauvais garçons de la rue de la Grande-Truanderie ou « Princesses de la rue de Sabaïland », il va falloir faire avec.

Les dieux ont un humour cruel, qui bien souvent nous échappe. En nous enlevant notre Tai-Luc (inter)national le 1er décembre 2023, ils nous ont encore fait une blague pas drôle, de celles dont on se serait volontiers passé. Les dieux — et l’on sait depuis l’album Tambour et soleil et le morceau « Invisibles drapeaux » que Tai-Luc avait une inclination particulière pour ceux du panthéon tibéto-mongol — ou bien l’administration francilienne ?
Dans ce cas, le Raya Fan Club, sa garde prétorienne, serait en droit de demander réparation au Moloch de la rue de Lutèce. Pas en le trainant devant les tribunaux, non, à l’ancienne — ambiance concerts sauvages, début des années 80 — sur le parvis des Halles, du moins ce qu’il en reste, façon 47 rônins du troisième millénaire. Aux vengeurs, le choix des armes : Doc à bouts en fer, chaînes de mobylette, tessons de bouteilles Heineken, Kirin ou Tsingtao (de source sûre, lui-même ne buvait plus que du thé).

À quand une rue Tai-Luc ?

Quand l’absurde vire au tragique, ou l’inverse. Les faits d’abord : parce que, soi-disant, les Jeux Olympiques de Paris, les Ji-Ô-Pé en langage cuistre, l’exigeait, la préfecture de police avait « invité » les bouquinistes des quais de Seine à vider leurs boîtes sans attendre leurs avis d’expulsion. J’écris « avait » puisque, au moment où je rédige ce papier, je lis dans la presse que le préfet Nuñez est revenu sur sa menace. Ordre d’en haut. Mais allez expliquer à la famille de Tai-Luc, et j’inclus dedans tous les inconditionnels de son groupe La Souris Déglinguée (LSD), que l’icône du Punkabilly (Punk + Rockabilly), le chef incontesté, révéré même du « Parti de la Jeunesse », qui faisait aussi profession de bouquiniste, terrassé par une insuffisance respiratoire alors qu’il remontait chez lui son stock de livres, est mort d’un regrettable excès de zèle.
Pour une fois qu’il avait décidé d’obéir à une injonction « supérieure »… À notre dernière rencontre, il y a une éternité, il m’avait donné rendez-vous dans le 13è. Certains font de l’arrire-salle d’un bar leur GQ, lui c’était l’arrondissement. Nous n’étions pas amis, mais il se trouve qu’il avait goûté les questions que nous lui avions posées pour la revue Cancer !, le camarade Pierre JokerKriss et moi, au sortir d’un de ses concerts.
Je revois Tai-Luc, visage de marbre, le crâne rasé de frais, son foulard cambodgien ou krama enroulé autour du cou. Chèche, keffieh ou krama, à chacun son signe de reconnaissance, à chacun sa tribu. Et puis ce regard, qu’un Hugo Pratt aurait saisi mieux que personne d’un simple coup de pinceau. On était allé manger chinois (pour reconnaître un bon chinois, m’avait-il dit, il suffit de regarder les clients : si c’est des « Asiates », tu peux foncer), et on avait causé : des reproches qui lui avaient été adressés après un concert dans le Sud, dont la première partie avait été assurée par un groupe de R. I. F. — comme si Tai-Luc était étiquetable, lui qui fédérait tous les clans urbains en concert, pas toujours dans le calme il est vrai — ; de son album de reprises, Jukebox, qu’il avait eu la gentillesse de m’offrir dédicacé (où Lou Reed, avec ou sans le Velvet, côtoie Aznavour et des chants birmans) ; de sa récente signature avec Universal Music France. Il devait se rendre à son siège parisien, justement. Avant de nous quitter, j’ai pris une photo de lui devant l’immeuble. Sérieux comme un Gurkha en faction, on croirait qu’il s’apprête à partir en expédition dans la jungle, avec son chapeau de brousse, son bermuda et ses pataugas (et de fait, c’en fut une, d’expédition : Tai-Luc, qu’on le qualifie d’indé ou d’alter, préférait, et de loin, les militants de la cause musicale aux professionnels du divertissement de masse).
Aujourd’hui que je réécoute le disque, je me dis que Jukebox sonnait déjà comme un testament musical en 2007. Pas le sien, mais celui d’une époque, quand jukeboxes et flippers animaient encore les soirées dans les cafés enfumés.
Paris se prétend toujours capitale des arts ? Qu’elle nous le prouve donc en rebaptisant une de ses rues — dans le 13è par exemple — « rue Tai-Luc, chanteur et poète ».

 


Laurent Schang

 

Article paru dans le numéro 207 du Magazine Éléments (Avril-Mai 2024)

 

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Déradicalisation en cours...

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Eliminer les incohérences, les exceptions...

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« L’air du temps cherche tout ce qui unit. Rien n’est écœurant comme cette pêche obscène aux convergences. Nous vivons sous une arrogance puritaine comme on en a rarement vu ; sauf avant 89, peut-être, lorsqu’on fondait à l’évocation de la simplicité des mœurs rustiques, quand on faisait bâtir dans les jardins des temples à l’Amitié et à la Bienfaisance, quand Rousseau ou Bernardin de Saint-Pierre prêchaient l’amour de la vie sauvage, un peu comme Michel Serres, aujourd’hui, la religion des sites naturels et la mise en quarantaine "en tant que néo-incroyants" de ceux qui laissent partout des papiers gras sur leur passage ("qui n’a point de religion ne doit pas se dire athée ou mécréant, mais négligent")… Ah ! cet impayable "Contrat naturel" super-cordicole de Serres, l’Alphonse Daudet de la néoépistémologie médiatisée saisi par la débauche écologique ! Le Petit Chose du Concept devenu académicien ! Toute la pensée, toute la philosophie du monde asphyxiées dans un seul calamiteux effet de Serres ! Réduites à ces néo-lettres de mon moulin !…

L’enfer contemporain est pavé de bonnes dévotions qu’il serait si agréable de piétiner. C’est un crime contre l’esprit, c’est une désertion gravissime de ne pas essayer, jour après jour, d’étriller quelques crapuleries. Les gens ne croient plus, dit-on, que ce qu’ils ont vu à la télé ? Ça tombe bien, la littérature a toujours été là, en principe du moins, pour démolir ce que tout le monde croit. S’il en existait encore une, s’il y avait encore des écrivains, au lieu d’ "auteurs", au lieu de "livres", on pourrait peut-être se divertir. Toute entreprise d’envergure a toujours été, dans ce domaine, par un bout ou par un autre, franchement démoralisatrice, saccageuse de pastorale. Voyez les niaiseries de chevalerie pulvérisées dans Cervantès ; ou encore la "chimère" religieuse à son plus haut point d’hégémonie pourchassée par Sade de bout en bout ; ou le parti dévot dans Molière… Non, aucun grand écrivain n’a jamais accepté, quels que soient les dangers, de descendre de la constatation des données de la société à l’apologie de la nécessité de cette dernière.

Et même certains trompent bien leur monde. Ils s’avancent voilés d’autant d’innocence que les piétés qu’ils veulent démettre. Ennuagés, souriants, sucrés, ils ont l’air de parler le langage de l’ennemi, de transpirer son Idéal ; ils le piègent lentement du dedans, en réalité, par manœuvres vicieuses et suaves, ils le piratent par la douceur. Aux idylles désarticulées par le rire de "Don Quichotte", répondent pour moi et en sourdine, par exemple, les contes de fées détournés, les "nursery rhymes" pillés, engorgés jusqu’à la thrombose, dans "Alice au pays des merveilles", par la dérision de Lewis Carroll. Ce n’est sûrement pas la même tactique, mais c’est la même stratégie. Il m’est toujours apparu flagrant que le "nonsense" carrollien rongeait comme une écume acide le sirop de l’universelle religion poétique et pédophilique, qu’il était le vitriol ingénu de cette province du Consensus.

Malheureusement tout va très mal. Défriser l’être n’est pas ce qui plaît le plus actuellement. Il y aurait bien des nouveaux Billancourt à désespérer, pourtant ! Tous les jours ! Le Vidéobazar de la Charité ! La Vision Téléthon du monde ! Le Paysage Caritatif Français ! Le Bal global des Cordicoles ! L’embarras du choix ! A vous de piocher !

Tiens, revenons cinq minutes en arrière, sur un épisode oublié, vieux comme la Guerre de Cent Ans. Minuscule mais instructif… L’ennui, avec l’actualité, l’ennui avec les "événements", c’est qu’ils sont déjà tellement insignifiants par eux-mêmes, tellement déconsidérés d’avance, qu’on se déconsidère à son tour à essayer d’avoir leur peau. Enfin tant pis, ne fléchissons pas. Comme dit Stendhal quelque part : "Je note des niaiseries parce que ce sont pour moi des découvertes."
Redécouvrons donc, cinq minutes, cet épisode d’avant le déluge : la tentative étatique, en France, il y a quelques mois à peine, de réforme de l’orthographe [En octobre 1989, Michel Rocard, alors premier ministre, créa le Conseil supérieur de la langue française, dont le but était de conseiller le gouvernement sur « les questions relatives à l’usage, à l’aménagement, à l’enrichissement, à la promotion et à la diffusion de la langue française en France et hors de France et à la politique à l’égard des langues étrangères ». Les rectifications orthographiques furent publiées au Journal officiel le 6 décembre 1990 : elles sont officiellement recommandées, sans être obligatoires (N. d. É.)]. Il aurait fallu des talents d’analyse dont les adversaires de ce coup de force étaient dépourvus à un degré vertigineux, hélas, pour repérer la bassesse infinie de l’idéologie sous-jacente à cette escroquerie avortée. Ce n’était pas sorcier pourtant, ça ne nécessitait pas trop d’efforts, si on voulait découvrir le bout du nez de l’Ennemi Cordicole pointant derrière les meilleurs arguments. Qu’est-ce qu’il disait donc, le "réformateur" à qui on n’avait rien demandé ? Qu’il fallait liquider "Y incohérence". Les incohérences. Les exceptions. L’Exception.

L’Exception en soi. Ah ! Nous y voilà ! L’Exception ! L’adversaire mortel de la Norme. L’empêcheur de simplifier, de niveler la langue jusqu’à l’os dans le but de "résorber l’échec scolaire", et surtout dans la perspective de la grande bataille de demain, celle de "l’industrialisation informatique et de la traduction automatique par ordinateurs". Rien de plus droits-de-l’homme que ce programme. Rien de plus Intérêt Général. Rien de plus sympathiquement liquidateur des absurdités du passé. Le Bien contre le Mal toujours. Un seul monde, une seule musique, un seul espéranto purifié, un seul mode de communication enfin utilisable par tous, accessible à tous les esclaves, au-delà des divergences et des conflits… Rien de plus en phase profondément avec ces "tags" épidémiques par lesquels des dizaines de milliers d’inconnus affirment, depuis quelques années, leur droit légitime à s’ "exprimer", à sortir "ensemble", et "anonymement", de la masse des anonymes. La Fontaine est dépassé : dans le zoo cordicole de maintenant, les grenouilles en sont réduites à se faire plus grosses que les grenouilles ; comme il n’y a plus de paons depuis longtemps, les geais ne peuvent plus prétendre se distinguer qu’en se parant des plumes des autres geais. »

Philippe Muray, "Défriser l'être" in L'Empire du Bien

 

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Increase your prayers...

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