05/09/2010
10-Tom Petty and The Heartbreakers : " American Girl " (1977) , à propos de "Le silence des agneaux " de Jonathan Demme (1990)
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Où est passée Jodie Foster, uh ?
En 1990, avant la première guerre du Golfe, au vingtième siècle donc, elle était l’agent Clarice Sterling, pauvre petite fille abandonnée à la recherche de son père et à la poursuite du crime. Woaw ! Comme ce film nous faisait peur à l’époque, avec son serial killer de la mort, et le Dr Lecter, monstre d’inhumanité qui mangeait ses proies.
Que reste-t-il de toute cette horreur 15 ans après ? Pas grand chose à vrai dire, puisque depuis, le moindre épisode de X files, par exemple, est bien plus trash ou gore que ce film finalement hyper-classique, et c’est tant mieux. Si, tiens, Scully a complètement pompé le look de l’agent Sterling, tout de même...
Ce qui subsiste, en dehors du script original, version édulcorée du roman de Thomas Harris, c’est la caméra de Jonathan Demme qui nous le livre : le regard de Jodie Foster, son accent « plouc » du Sud, l’amour pour son père de substitution, Scott Glenn. On ne voit plus que ça en fait, ce désir qui circule entre elle et lui, cet amour impossible conclu par une érotique et chaste poignée de main.
Depuis, Jodie Foster a tourné dans quelques films (Contact, Maverick, Panic room), en a réalisé au moins un, et puis plus rien. A-t-elle trouvé la paix, ou bien est-elle retournée au silence ?
Tom Petty and The Heartbreakers : " American Girl " (1977)
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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21/06/2010
09-T-Bone Walker " Party Girl" (1952) , à propos de "Traquenard" (Party Girl) ,de Nicholas Ray (1958)
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A première vue, on pourrait sous-titrer l’histoire d’amour entre Robert Taylor et Cyd Charisse « La tête et les jambes ». Une danseuse de cabaret et un brillant avocat, la dialectique parait simple.
Seulement voilà, on est au cinéma, le vieux Nick est à la barre de ce film de commande, et on peut compter sur lui pour brouiller les cartes. Puisqu’il dispose des plus belles jambes d’Hollywood, il va leur opposer celles de Robert Taylor, qu’il va astucieusement affliger d’une patte folle. La belle et la bête, alors ?
Plutôt deux corps qui s’exposent : l’un en dansant sous le nez des hommes, l’autre en affichant son infirmité. Elle gagne sa vie en faisant raquer les mâles, il gagne ses procès en apitoyant les jurés.
Deux corps fatigués aussi. Robert Taylor joue là un de ses derniers rôles, engoncé dans de somptueux costumes sombres, des valises sous les yeux, et de la teinture plein les cheveux. Cyd, elle, est parfaitement conservée, presque momifiée : ses jambes ont l’air d’avoir 20 ans, mais le cœur n’y est plus, et la caméra n’évite pas les rides de son visage.
Film crépusculaire, donc. 1958, c’est la fin de l’âge d’or, la télé qui s’installe, les stars qui déménagent, le cinéma qui perd son temps à courir après.
Nicholas Ray, lui, sait qu’il n’en a plus beaucoup, de temps, et en attendant de jouer plus tard les Fritz Lang de pacotille pour Wim Wenders, il profite encore un peu de ce que le système hollywoodien lui laisse : des miettes.
T-Bone Walker : "Party Girl" (1952).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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20/06/2010
08-The Jekylls: " There's no one around you" (1994) , à propos de "Dr.Jekyll and Mr.Hyde",de Rouben Mamoulian (1932)
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C’est quoi l’amour ? Du sperme ou des larmes ? Les deux, bien sûr, dit ce film.
Jekyll est en quête de beauté et d’harmonie, mais Hyde se vautre dans le foutre et le sang, et les deux sont une même personne. En 1932, l’industrie cinématographique laisse encore la bride sur le cou à ses employés : ici, le contremaître Rouben Mamoulian nous parle de schizophrénie, de refoulement, de frustration sexuelle, de pénitence et de rédemption, et ses employeurs (la Paramount) lui foutent une paix royale sur son chantier, tant qu’il ne dépasse pas le budget, et qu’on voit bien les stars.
Fredric March, justement, bellâtre emplâtré semblant tout droit sorti d’un film muet, incarne pourtant parfaitement l’ambiguïté de Jekyll , pétri de bons sentiments, mais pourri d’ambition, gardien des convenances et brûlant de désir pour sa fiancée. C’est le même, méconnaissable, qui joue un Hyde de plus en plus ravagé et monstrueux au fil des transformations , terrorisant littéralement Miriam Hopkins, la tentatrice, d’un simple regard, et finissant par l’étrangler dans un râle quasi sexuel. Ensuite, Jekyll ne retrouvera son visage lisse et lunaire que lorsqu’il sera mort, abattu par la police, et ce, sans une once de morale, sans une quelconque sentence bienséante.
Dix ans plus tard, ce sera une autre histoire. Victor Fleming, empêtré dans le code Hayes et sa censure imbécile, et malgré l’apport de Spencer Tracy et d’Ingrid Bergman, ne pourra éviter l’académisme et l’édulcoration.
The Jekyll's : "There's no one around you" (1996).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Par la même occasion, lisez ou relisez ma chronique du premier disque de Peter Night Soul Deliverance ou officie, désormais, Pierre Chevalier, ex-The Jekyll's, ainsi que The Reverend...
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19/06/2010
07-Johnny Cash: "Memories are made of this" (1996) , à propos de "Comme un torrent",(Some came running) de Vincente Minnelli (1958)
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Il y a des films qui se méritent : celui ci en est un.
Oh je sais bien qu’aujourd’hui, pour autant qu’on bénéficie d'un salaire décent, on est abonné au câble et l’on reçoit tous les classiques du monde sur sa 16/9°, et dans son salon.
Mais, - et c’est là que les clichés ont du bon parfois -, l’argent n’achète pas tout. Pas l’amour, l’amour fou pour la musique, ou le cinéma, ou la littérature, la danse, enfin pour n’importe quelle passion valable. Cette passion qui vous pousse dans les marges, qui vous oblige à chercher, à explorer dans les recoins de la culture officielle, bref à partir en quête. De vous même, la plupart du temps, mais ça, on ne l’apprend que plus tard.
Il y aura toujours, espérons le, des amoureux fous qui parcourront les marges à la recherche de leur passion, quelle qu’elle soit.
Il se trouve que si l’on évoque la cinéphilie, ou la musicomanie (y’a un mot pour le rock ?), on passe très vite pour un vieux con, alors qu’il s’agit de passions adolescentes ou post-adolescentes, et que ce n’est pas parce qu’on peut trouver à peu prés n’importe quel film en DVd que la cinéphilie est morte.
Non, elle le sera le jour ou le dernier cinéphile sera mort, nuance.
« Comme un torrent », donc.
Pff, comment dire ? C’est l’œuvre d’un maître au sommet de sa forme, en pleine maîtrise de son art, sachant suffisamment ruser avec l’industrie du cinéma pour qu’elle soit à son service, et non le contraire.
Comment vous dire que Frank Sinatra est ici comme il n’a jamais été au cinéma : fragile, viril, tendre et violent. Tout ce qu’il y a dans sa voix d’habitude est ici sur l’écran. Comment vous dire que Shirley Mc Laine trouve là le rôle de sa vie (juste derrière celui de « La Garçonnière » de Billy Wilder), bouleversante, filmée avec tant d’amour, tant d’amour... Comment vous dire que Minnelli arrive à évoquer la frigidité féminine sans être vulgaire et l’air de rien, en signant au passage une des plus belles scènes de baiser au cinéma (pour sûr, Frank Sinatra sait embrasser)…
Comment vous dire que l’expression « Beautiful loser » a l’air d’avoir été inventée rien que pour Dean Martin dans ce film…
Comment dire toutes ces choses que Minnelli s’évertue à nous montrer ?
Peut-être en se taisant (« He’s full of talk » , dit à un moment Dean le magnifique d’un personnage méprisable), et en se découvrant, comme Dino, encore lui, le fait dans la dernière scène, au cimetière (oui, ce film finit mal) : pour la première fois, il enlève volontairement son chapeau, qu’il ne quitte jamais, même pas pour dormir, même pas pour faire sa toilette. Et c’est comme s’il offrait tout son respect, comme s’il se mettait à nu après ces deux heures et vingt minutes d’émotion et de beauté pure. Et alors, comme lui, nous avons envie de nous découvrir devant ce chef-d’oeuvre.
Et plus question de gladiateurs, soudain...
PS : « Memories are made of this» fut popularisée par Dean Martin en 1956. Mais on lui préférera la version crépusculaire de Johnny Cash, tirée des sessions American Recordings, dirigées par Rick Rubin. Curieusement, ce qui s’en dégage correspond mieux au personnage joué par Dino dans le film….
Johnny Cash : "Memories are made of this" (1996).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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17/06/2010
06-Cassius Clay: "Stand by me" (1966) , à propos de "Gentleman Jim", de Raoul Walsh (1941)
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Gentleman Jim est un film épatant parce qu’il est exactement ce qu’on attend du cinéma : raconter d’une manière vraisemblable une histoire invraisemblable.
Qu’on en juge : à travers son personnage, celui d’un simple employé de banque, Erroll Flynn, (75 kilos tout habillé), va devenir champion du monde de boxe, catégorie poids lourds, face à un colosse de presque deux fois sa taille, dont l’entraînement consiste à tailler des troncs de séquoia à la hache tout en se nourrissant principalement de bière.
Erroll, lui, ne s’entraîne apparemment jamais. Il a beaucoup trop de classe pour ça, et la sueur ne lui sied guère.
Malgré cela, Gentleman Jim battra aisément son adversaire, en quelques 61 rounds, je crois, et épousera ensuite dans la foulée la fille d’un milliardaire de Frisco.
Tout cela est complètement con et parfaitement réjouissant, filmé à toute berzingue et en état de grâce par un des quatre borgnes d’Hollywood, dont la principale tâche consiste ici à s’en tenir au script et à tenir en laisse des acteurs qui ne demandent qu’à en faire de trop.
Et ce qui achève de nous convaincre, c’est la manière dont Erroll Flynn traverse ce film, exactement comme il a conduit sa vie ; dans le rouge.
« Dans le whisky, plutôt », me soufflent les biographes officiels. Mais ces gens-là nous emmerdent.
PS: C’est aussi ce que devait se dire Cassius Clay à propos des journalistes sportifs et des medias américains en général.
Ce qui l'empêchera pas de se convertir à l’Islam, devenir Mohamed Ali, refuser de partir se battre au Vietnam,(« Aucun vietcong ne m’a jamais traité de nègre. »), proclamer à tout bout de champ qu’il est le meilleur, boxer les Beatles et enregistrer sa propre version de « Stand by me ».
Les doigts dans le nez.
Et aussi invraisemblable que cela paraisse, il fut toujours crédible…
Cassius Clay : "Stand by me" (1963).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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14/06/2010
05-James Brown: "Prisoner of love" (1963) , à propos de "La femme modèle" (Designing woman), de Vincente Minnelli (1957)
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Bingo ! C’est ce cher Patrick Brion, la voix du "Cinéma de Minuit", qui me confirme ce que je devinais, dans son gros bouquin consacré à Minnelli : à l’origine, c’est James Stewart qui devait jouer le rôle de Gregory Peck.
Jamais trop aimé l’homme au nom de lessive, espèce de grand échalas qui n’a jamais eu la gaucherie poétique de Gary Cooper ( « …l’homme le plus beau du monde…personne n’osait aborder l’homme le plus beau et le plus célèbre du monde, la vraie bête qui, en ouvrant une porte, paraissait toujours vouloir la dégonder. » J-B POUY in « Je hais le cinéma »), et qui a réussi à plomber un film de Hitchcock (Spellbound) par son jeu empesé et emprunt de psychologie.
Un démocrate bon teint, quoi, une espèce de socialiste, un Yves Montand sans les claquettes.
Mais, bon, il est honorable dans ce film, et après tout, sa balourdise sert bien le propos minellien du moment, à savoir que les hommes sont seulement des marionnettes entre les mains des femmes.
Et autour d’elles, ça défile : journaliste sportif célèbre, producteur de revues, rédac-chef, boxeur sonné, tout ce beau monde s’agite vainement et parle pour rien, tandis que les femmes attendent la fin de l’histoire, c'est-à-dire le pugilat terminal, remporté gracieusement et sans équivoque par le chorégraphe soupçonné (évidemment) d’homosexualité, et qui s’avère être le personnage qui relie ces deux mondes : il sait parler aux femmes et peut aussi clouer le bec aux hommes.
Mais trêve d’analyse (?), il y a des stars (Lauren Bacall, et son maillot de bain jaune, la couleur préférée de Minnelli), des dialogues brillants, du comique de situation (Maxie Stulz, boxeur demeuré qui irradie le film de sa gentille bêtise), un Gregory Peck presque brillant, et le tout en Cinémascope.
Alors finalement ça vaut bien un film de gladiateurs, non ?
PS: « Body and soul » eut été certes un titre parfait pour illustrer ce film.
Mais, au final, on lui préférera le traitement qu’inflige James Brown au sirupeux « Prisoner of love » de Perry Como, transformant un caramel mou en un sucre d’orge enivrant.
Ce qui ressemble fort au bouleversement des valeurs qu’opère Minnelli : désir, amour, sexe et fantasmes chamboulent les règles du monde des hommes.
James Brown : "Prisoner of Love" (1963).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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12/06/2010
04-The Morlocks: "Nightmares" (2008) , à propos de "La machine à explorer le temps", de George Pal (1960)
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Georges est un savant, et il est donc un peu con, comme tous les savants. Sa névrose obsessionnelle à lui, c’est le temps, et en particulier, le voyage dans le temps. En dehors de ça, rien ne compte vraiment pour lui, et il est un peu lent à la détente, question sexe et aventures.
Mais bon, le metteur en scène est un pro, sans génie mais efficace, et lui a oublié d’être con. Par exemple, son héros niaiseux (Rod Taylor, parfait dans le rôle. Souvenez vous, une des rares erreurs de casting de Hitchcock, dans « Les oiseaux »...) étant obsédé par le temps (je vous l’ai déjà dit, je crois), le bon George Pal (c’est son nom, au director) se débrouille pour remplir la baraque du savant de pendules de toutes les tailles, et qui font un boucan d’enfer. Voilà une belle idée de cinéma !
A part ça, c’est donc très bien filmé, très bien éclairé, avec tout le système de production hollywoodien qui sera bientôt mis au rancart, mais encore tout à fait opérationnel ici. C’est dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde, même avec la face de crétin inexpressive de Rod Taylor, qui a au moins le mérite de ne pas être bourrée des tics de l’actor’s studio. En guest, la starlette française du moment, j’ai nommé Yvette Mimieux (!) qui joue sans trop se forcer une attardée mentale. Blonde , donc...
Voilà à coup sûr une version nettement plus excitante que le remake récent de Simon West, que je n’ai même pas vu, c’est vous dire...
En plus, les méchants monstres s’appellent les Morlocks, un super nom de groupe, à bien y réfléchir...
...et ils suppléent avantageusement à l’absence de gladiateurs.
The Morlocks: "Nightmares" (2008).mp3
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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02/05/2010
03-Phil Phillips & The Twilights: "Sea of love" (1959) , à propos de "20 000 lieues sous les mers", de Richard Fleischer (1954)
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Autant vous prévenir tout de suite : c’est un film de mecs.
En effet, hormis les deux charmantes femmes de petite vertu aperçues dans la première minute du récit, accrochées au bras de Kirk Douglas, la seule présence féminine du film sera celle d’une otarie élégamment baptisée Esmeralda par notre homme à la fossette qui tue.
Donc, de l’action encore de l’action, et point de grande histoire d’amour en vue, à moins qu’on considère comme telle les relations du grand Kirk avec le pinnipède des mers du Sud, pour le moins équivoques.
Mais qui va s’en plaindre ? Pas nous, d’autant plus que c’est Richard Fleischer qui s’y colle pour la réalisation, et qui tempère drôlement les tentatives lénifiantes de la production disneyenne (l’otarie déjà évoquée), nous montrant clairement sa sympathie avouée pour le diabolique Nemo, magnifiquement interprété par James Mason, beau et dangereux comme un Dieu, face à un professeur Arronnax (Paul Lukas), aussi chiant qu’un instituteur de la troisième République. En face, il y a donc Douglas père, une espèce de Dionysos lunaire, passant son temps à chanter des rengaines insupportables sur une guitare de fortune, et à picoler de l’alcool à 90° avec son otarie préférée.
Et puis Peter Lorre, au jeu improbable et à l’accent indéfinissable, jamais complètement remis de son interprétation de M le maudit, et qui passera ses 20 années d’exil hollywoodien à endosser des rôles impossibles.
Mais il y a aussi des cannibales, une pieuvre géante, des batailles navales, et le polo marin à rayures rouges hyper sexy de Kirk, le tout filmé en Cinemascope et technicolor.
Un parfait repoussoir pour ceux qui pensent que le cinéma doit absolument véhiculer du vécu, du vraisemblable, du réaliste, bref, que c’est un peu débile d’imaginer un grand singe tomber amoureux d’une poupée blonde, ou bien de voir un clochard prendre la place d’un dictateur.
Conséquemment, deux heures de bonheur pour les autres qui, comme moi, placent « Les Vikings » du même Fleischer au rang de chef-d’œuvre absolu.
Ah ! S’il avait pu réaliser un film de gladiateurs...
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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29/04/2010
02-Little Richard: "Tutti Frutti" (1955) , à propos de "Predator", de John McTiernan (1987)
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Pendant les trois minutes du générique, Big John passe en revue tous les clichés du film de guerre gros bras-gueules burinées, histoire de bien brouiller les pistes, jusqu’au gros plan sur Schwarzie et au bras de fer ridicule qu’il entame avec un primate de ses amis. On se dit alors qu’on est parti pour une énième connerie guerrière quand soudain Little Richard en pousse un vrai, de cri de guerre, et voilà nos amis les bêtes en train de se maquiller comme des folles excitées dans l’hélico qui les conduit vers la party du soir. Léger décalage. C’est quoi ce bordel, uh ?
A partir de là, c’est la dégringolade pour cette jolie bande de patriotes en goguette, et plus rien ne sera comme avant. Maman, c’est donc ça la guerre ? C’est vraiment dégueulasse, dis donc...
Nous étions partants pour un truc bien codifié comme il faut et voilà que les forces armées occidentales s’en prennent plein la gueule et commencent à douter de tout. Y’a guère que l‘Indien du lot qui flaire quelque chose de pas catholique (hé, hé), et qui va bientôt donner le LA à toute la troupe : retour aux instincts primaires, à la bestialité, et, yes sir, we’re gonna have some fun tonight !
Tant et si bien qu’à la fin, lorsque le bel Arnold se retrouve seul, couvert de boue, partie intégrante de la végétation, et qu’il se colle des peintures de guerre sur la tronche, ce n’est plus du tout pour aller faire la fête aux crypto-communistes, mais pour sauver son cul de petit blanc en allant exploser la tête de l’alien qui commence à sérieusement faire chier son monde, là.
Bon, mise en scène sublime, maîtrise du cadre, sans parler de l’utilisation parfaite du corps de Schwarzie. Il n’est que ça, d’ailleurs, un corps, et il le dit lui même : un objet que l’on jettera lorsqu’il ne sera plus utile. Voila du cinéma, et voilà un metteur un scène : donnez lui un crétin autrichien musculeux avec deux expressions à son jeu d’acteur (colère, pas colère) et il vous en fait un prédateur ultime, un sauvage magnifique.
Sans être anglophile, on peut tenter l’expérience de la VO sans sous-titres, et ça marche, parce que Mc Tiernan est grand !
Sa mise en scène est tellement parlante, pleine de sens, que les dialogues sont presque inutiles. La scène grandiose à la sortie de la chute d’eau, lorsque Arnold couvert de vase se planque dans les racines et DEVIENT racine à son tour, se passe sans un seul mot, et l’on comprend uniquement grâce aux images que c’est la boue qui le cache au regard du Predator. Et Mc Tiernan autorise Schwarzie à prononcer cette phrase à la fin de la scène, d’une voix complètement atonale, pas jouée du tout : « C’est la boue qui l’empêche de me voir », exactement comme, au temps du muet, on aurait intercalé un carton explicatif.
C’est toujours la même histoire, Ford avait su tirer parti de John Wayne, en son temps. Bon, c’est vrai , l’Irlandais savait AUSSI sourire, ce n’est pas négligeable, et il n’a JAMAIS été gouverneur de Californie, c’est appréciable.
Mais bon sang, Mc Tiernan filme le Vietnam, là, carrément, et sa jungle est dix fois plus hostile et inquiétante que celle de « Platoon », tout simplement parce qu’il ne fait jamais appel à la fameuse psychologie (« La psychologie est la mère de tous les vices » Nietzche) qui gangrène ces soi-disant films de guerre réalistes. Et qu’est ce que le réalisme viendrait donc foutre dans le cinéma, dites moi ?
Et en particulier dans un film de gladiateurs...
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28/04/2010
01-Neil Young & Crazy Horse: "Fuckin' up" (Bootleg, 25 juin 1996, Stockholm) , à propos de "Year of the Horse, de Jim Jarmusch (1997)
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D’abord, il y a ce fantastique fondu enchaîné qu’opère Jim Jarmusch entre deux versions de « Like a hurricane », distantes de 20 ans.
Le message est simple : en dehors des cheveux qui ont raccourci et des corps qui ont grossi, l’intensité est la même, le son est plus puissant, et, miracle, l’énergie est toujours au rendez-vous !
Dés le début, le générique met les choses au clair :
ce film est « fièrement » filmé en super 8, et il est fortement recommandé de « monter le son » ! Alors l’image est granuleuse et la bande son craque, comme un vieux vinyle, mais on se dit bien vite que c’est toujours ainsi que les concerts devraient être filmés, parce que le rock digne de ce nom est une chose rare et précieuse, pas un simple objet de consommation, et que Jarmusch, tel un explorateur ayant découvert l’Eldorado, nous ramène quelques pépites dérobées, des images volées, et des sons oubliés.
Faut-il rappeler les titres de gloire de Big Jim, du rustique « Down by law » à l’élégante épure de « Ghost dog », en passant évidemment par ce « Dead man » qui marqua sa rencontre avec Neil Young, celui-ci signant la musique du film qui allait offrir son dernier rôle à un Robert Mitchum impérial ?
Alors, oubliez tous vos préjugés sur Jarmusch (« le plus européen des cinéastes américains ») et Neil Young (« le plus américain des chanteurs canadiens ») : ici il s’agit d’un groupe de rock filmé par un fan.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les cinq premières minutes du film : après un simulacre d’interview, les choses sérieuses commencent avec une version hallucinée de « Fuckin’ up », où le vieux Neil, évoluant en bermuda grunge, est enfoncé sur son aile droite par son guitariste rythmique, Frank Sampedro, qui, véritablement déchaîné, lance à plusieurs reprises un majeur bien tendu au public , histoire d’illustrer clairement le propos de la chanson ! Tout le reste est à l’avenant, alternant images d’archives et concerts récents, dans un jeu de ping pong incessant entre le passé et le présent, sorte d’éternel retour électrique et ludique.
Décidément, ce n’est pas l’âge qui compte, mais la rage qui nous dévore encore. Et voir des cinquantenaires faire les cons dans une station service après avoir traité Jarmusch (40 ans passés) de gamin est tout à fait réjouissant.
It’s better to burn out than to fade away...
Plus que jamais, oui.
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
22:46 Publié dans Une chanson, un film... par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook