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31/01/2012

Espèce protégée...

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Derrière l'horizon...

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« Quand il eut ainsi apaisé la tendresse de sa dernière heure, lui qui n'avait pas sur son glaive le signe du martyre divin qui ordonne même aux héros de se résigner et de souffrir, il saisit près de lui sa compagne, son espingole, chaude encore de tant de morts qu'elle avait données le matin même, et, toujours silencieux et sans qu'un mot ou un soupir vînt faire trembler ses lèvres, bronzées par la poudre de la cartouche, il appuya l'arme contre son mâle visage et poussa du pied la détente. Le coup partit. La forêt de Cérisy en répéta la détonation par éclats qui se succédèrent et rebondirent dans ses échos mugissants. Le soleil venait de disparaître. Ils étaient tombés tous deux à la même heure, l'un derrière la vie, l'autre derrière l'horizon. »

Jules Barbey d’Aurevilly, L'ensorcelée

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30/01/2012

Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ?

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Alain Soral ?

 


On sait d'où il vient...



La compagnie qu'il regrette de n'avoir pas eue...



Et ce à quoi il aspire par ressentiment...

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Le disque éclatant du soleil qui montait, explosa derrière ses paupières

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« Isao aspira profondément et ferma les yeux en se caressant doucement l'estomac de la main gauche. Saisissant le couteau de la droite, il en appuya la pointe contre son corps et la guida vers le bon endroit du bout des doigts de l'autre main. Puis, d'un coup puissant du bras, il se plongea le couteau dans l'estomac. À l'instant où la lame tranchait dans les chairs, le disque éclatant du soleil qui montait, explosa derrière ses paupières. »

Yukio Mishima, Chevaux échappés

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29/01/2012

Ces habitants de l’irréel, les juifs imaginaires

=--=Publié dans la Catégorie "Le Salut par les Juifs"=--=

 

« Ce qu’il y a de juif en eux ce n’est pas, comme ils voudraient le croire, la sagesse de l’errance et la tristesse de la persécution, mais l’impotence d’un gros bébé couvé, pomponné, choyé, talqué jusqu’à son plus vieil âge. Signe particulier : maman. Ils se prennent, ces petits poussahs joufflus et surnourris, pour Isrolik, le petit poucet du ghetto, le môme de la débrouille. Ils cachent leur mollesse native sous le courage du réprouvé. Mais c’est une bravoure postiche : l’histoire juive est la berceuse de ces enfants maternés, la chanson qui peuple leur sommeil de rêves héroïques et qui leur permet de vivre par procuration l’expérience de l’horreur. Trouillards dans la vie, martyrisés en songe - ils aiment se tromper d’époque et confondre le monde ouaté où ils évoluent avec le cataclysme qu’ont subi leurs parents. Parmi les Juifs, ils constituent une catégorie étrange mais répandue, et qui n’a pas encore reçu de nom. Ils ne sont pas religieux, du moins pour la plupart : ils ont beau chérir la culture juive, ils n’en possèdent que de pauvres reliques ; ils n’ont pas fait dans le regard de l’Autre l’apprentissage de leur judéité. Ni la définition ethnique, ni la définition confessionnelle, ni le schéma sartrien ne sauraient leur convenir. Ce sont des Juifs indéfectibles, mais ce sont des Juifs pour du beurre puisque, après la Catastrophe, le judaïsme ne peut pas recevoir pour eux d’autre contenu qu’un contenu de souffrance, et qu’eux-mêmes ils ne souffrent pas. Pour nier cette contradiction, ils ont choisi de séjourner dans un espace romanesque plein de bruit et de fureur et qui leur fait la part belle. Tels des fanatiques de l’imprimé qui fuient, par la lecture, l’ennui provincial où ils languissent ; tels des spectateurs qui précipitent leurs rêves, leurs désirs, leurs frustrations dans une intrigue haletante qu’ils ne vivront jamais -, ces jeunes gens hypnotisés procèdent par identification : ils ont pris pension dans la fable ; le judaïsme dont ils se réclament les ravit à eux-mêmes et les transporte magiquement sur une scène qui les élève et qui les sanctifie. Ces habitants de l’irréel, plus nombreux qu’on ne le pense, je propose de les nommer Juifs imaginaires. »

Alain Finkielkraut, Le Juif imaginaire

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Rémi Brague : « Le principal danger pour comprendre et dialoguer avec l’Islam est la paresse intellectuelle »

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=


N’essayez pas de coller une étiquette à Rémi Brague, l’humour pince-sans-rire de ce grand connaisseur de C.S. Lewis s’empresserait de vous renvoyer dans vos cordes. Intellectuel ? « Je ne suis pas assez photogénique pour être intellectuel : trop de poil sur la poitrine et pas assez sur la tête. » Philosophe catholique ? « Se demande-t-on s’il existe des plombiers catholiques ? » avait-il répondu à un journaliste du Figaro il y a quelques années.

Rémi Brague est donc professeur de philosophie médiévale et arabe à la Sorbonne et à Munich. C’est à ce titre que nous avons souhaité nous entretenir avec lui sur les conditions intellectuelles d’un dialogue entre christianisme et islam. Conditions malheureusement rarement remplies, de part et d’autre...

Le Temps d’y Penser : L’une des difficultés du dialogue avec l’islam, ou du dialogue entre responsables religieux islamo-chrétiens, est qu’il semble tourner en rond : on en vient rapidement à se dire qu’on ne croit pas la même chose, qu’on s’aime bien quand même, mais qu’il est difficile de parler théologie puisque le statut même du Coran ne prête pas à discussion : c’est la parole de Dieu, pourquoi irait-on la discuter ?

Rémi Brague : Se dire qu’on ne pense pas la même chose mais qu’on s’aime bien quand même n’est déjà pas si mal, non ? Pas seulement parce qu’on s’aime bien, mais également parce qu’on prend conscience du fait qu’on ne pense pas la même chose, ce qui ne va pas de soi. C’est précisément à partir du moment qu’on a pris la mesure de la différence qu’on peut ressentir la nécessité de vivre ensemble et recevoir les moyens de le faire. Le danger serait de penser qu’au fond, nous croyons tous à la même chose et que nos religions sont des variétés finalement insignifiantes. Ce n’est pas vrai, même si on entend assez souvent un tel discours : « Nous avons le même Dieu »…

Peut-on se limiter à dire que dans tous les cas, c’est le Dieu d’Abraham, c’est un Dieu qui a donné un livre ? J’ai au contraire essayé de montrer dans mon livre Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres, que, même si dans les trois religions monothéistes – et il en existe d’autres – il n’y a bien sûr qu’un seul Dieu, un seul Dieu ne veut pas dire la même chose dans les trois cas.

Le Temps d’y Penser : Un seul Dieu mais lequel ?

Rémi Brague : Et surtout de quelle manière est-il un ? Cette question soulève deux difficultés.

D’abord, elle pose un problème aux chrétiens, et un problème intellectuel avant tout, parce qu’il n’y a pas de catégorie chrétienne pour ranger l’islam. L’événement fondateur du christianisme est antérieur de sept siècles à l’islam et il s’est cristallisé en dogmes trois bons siècles avant lui. Alors dans quelle « case » mettre les Musulmans ? Ce ne sont pas des Juifs. Ni des chrétiens. Des païens ? Mais des païens qui croient en un seul Dieu, qui croient en Abraham, qui ont un rapport avec certains personnages de la Bible… Ce sont donc des païens un peu particuliers ! Ainsi l’islam n’entre dans aucune des cases que le christianisme a pu définir à ses débuts…

De l’autre côté, la théologie islamique s’est constituée dans un contexte d’antichristianisme, mais surtout de post christianisme : il s’agissait pour les conquérants arabes de se distinguer le plus possible de leurs sujets chrétiens. Ils prétendaient soit corriger le christianisme soit le ramener à une pureté primitive qu’il aurait perdu, à la suite d’on ne sait quelle cause – il y a plusieurs théories à ce sujet. En ce sens, le dialogue avec l’Islam est plus difficile qu’avec le bouddhisme, même si en apparence on n’a rien de commun avec le bouddhisme : il n’y a pas de dieu, ou alors il tient un rôle de pur auxiliaire dans le processus du salut, et en tout cas ses dieux ne sont pas l’objet d’une foi. Cet éloignement même permet de se placer plus facilement sur le terrain de l’identité commune : essayer de voir quelles expériences mystiques on peut essayer de comparer, etc. Pour l’islam c’est plus difficile à cause même de la proximité. Vous vous souvenez de la fameuse plaisanterie de Churchill disant que les Anglais et les Américains étaient divisés par une langue commune. On a un peu appliqué la même plaisanterie au christianisme par rapport à l’islam : nous sommes divisés par des références communes : référence à un seul dieu, référence à un livre sacré (qui n’est d’ailleurs pas le même pour les trois) et référence à un certain nombre de personnages, dont le nom apparaît dans les trois textes sacrés, mais qui ne sont peut-être pas les mêmes personnages – mis à part peut-être Abraham, qui n’est qu’un cas particulier de ce problème, mais le portrait de Jésus dans le Coran ne ressemble pas beaucoup à celui des Evangiles !

Le Temps d’y Penser : Il existe un groupe anonyme d’Allemands qui essaient de proposer une lecture du Coran en mettant des points voyelles araméens, où cela en est-il ?

Rémi Brague : Il existe effectivement, en Allemagne, tout un groupe appelé Inâra, qui veut dire « éclaircissement ». C’est la façon dont on traduit habituellement Les Lumières en arabe. Ces recherches portent sur l’islam primitif, la naissance du Coran, bref, les deux premiers siècles. Y travaillent également des Français (Claude Gilliot, professeur émérite d’arabe à l’Université d’Aix et dominicain ou Geneviève Gobillot, qui enseigne l’arabe à Lyon). Ils proposent des thèses révisionnistes, au bon sens du mot, bien entendu (on peut au passage regretter que cet adjectif ait été monopolisé par ceux qui nient la Shoah, parce que le mouvement même de l’histoire consiste à réviser les prétendus acquis de l’histoire précédente !).

Ces chercheurs proposent donc des thèses dans lesquelles il y a certes à boire et à manger, mais toutes fascinantes par leur nouveauté, voire leur caractère révolutionnaire. Par exemple, il n’y aurait pas eu de conquête arabe, mais une dévolution du pouvoir au Moyen-Orient de la part des autorités centrales byzantines à leurs auxiliaires arabes. N’étant pas historien, je me garderai bien de juger !

Concernant votre question, il s’agit précisément des recherches de Christoph Luxenberg. Il essaie de montrer pourquoi le Coran abonde en passages obscurs – des raisonnements bizarres, des phrases sans sens par rapport aux précédentes… Selon lui, les premiers Arabes auraient inventé des histoires destinées à justifier, expliquer certains dires du Prophète. Ils auraient été obligés d’imaginer des histoires que le texte ne raconterait qu’en partie.

Dans un livre retentissant paru il y a environ dix ans, Luxenberg a proposé une thèse originale : le Coran est écrit dans une langue qui est un mélange entre le dialecte arabe qu’on parlait dans la région de la Mecque et la langue de culture religieuse à l’époque qui était le syriaque. Le Coran ne serait donc pas du mauvais arabe mais du bon syriaque mal compris par des gens qui ne savaient plus le syriaque et ont essayé de trouver un sens en mettant des points diacritiques (un même ductus peut exprimer jusqu’à cinq sons différents !). Ces points diacritiques ne sont pas dans les manuscrits les plus anciens, pas plus que les voyelles.

La thèse est bien entendu controversée, parce que cela remet en cause le gagne-pain de certains – et peut-être tout n’est-il pas juste dans ce qu’il dit. Mais certaines choses sont intéressantes et, au prix d’une correction assez minime, permettent de donner un sens à des textes impénétrables autrement. C’est le cas pour le récit de la naissance de Jésus. La traduction usuelle dit qu’à ce moment, une source s’est mise à couler, ce qui est incompréhensible. En corrigeant selon la méthode de Luxenberg, on arrive à une idée plus claire : « Dieu a rendu ton accouchement légitime. »

Ce qu’il y a de plus sensationnel, c’est qu’il montre, en tous cas prétend montrer, que les fameuses houris qui attendent les guerriers d’Allah sont en réalité des grains de raisin blanc. C’est très vraisemblable par le contexte… même si moins efficace pour motiver des mâles ! Il est d’ailleurs amusant que cette raison-là se retrouve chez Avicenne : pour lui, le paradis chrétien est très bien pour des philosophes, mais la vision de Dieu n’est pas très motivante pour des guerriers ! Pour des raisons politiques il vaut mieux un paradis sensuel. Le sens actuel aurait donc été donné plus tard.

Un autre groupe à Berlin, beaucoup plus prudent, académique si je puis dire, essaie de replacer le Coran dans son milieu d’origine qui serait l’Antiquité tardive. C’est le groupe autour d’Angelica Neuwirth. Quand on regarde le Coran de façon honnête et attentive, on se rend compte de certaines choses bizarres et inattendues.

Ainsi Geneviève Gobillot a constaté qu’il y a une histoire qui se retrouve dans deux endroits et dans deux seulement : le Coran et un livre de Lactance. C’est l’histoire de marins qui, surpris en pleine mer par une tempête, invoquent le dieu unique et qui, une fois rentrés au port sains et saufs, retournent à leurs dieux particuliers.

On voit donc que dans le Coran on trouve un peu de tout, des éléments viennent de Perse, d’autres du manichéisme… Bref, le tout repose sur un fond syncrétique extrêmement compliqué…

On a surtout l’impression que le Coran contient des polémiques plutôt contre les chrétiens que contre les païens. Par exemple, l’expression « les associateurs » viserait ainsi davantage les chrétiens avec leur trinité que les polythéistes : les témoignages qu’on a sur des cultes polythéistes en Arabie concernent une période et une région bien antérieures ; en gros le Yémen des II-IIIe siècles mais pas le Hedjaz du VIIe siècle. Il y a d’autres bizarreries comme ça.

Ou encore, Patricia Crone, une danoise qui enseigne à Princeton, a fait cette remarque toute simple qu’il est question que les adversaires qu’attaquent Mahomet cultivent l’olivier. Or il n’y a pas d’olivier dans le Hedjaz… Ce serait donc la Palestine ou l’extrême nord de la Syrie.

Autre allusion, à Sodome et Gomorrhe (pas directement nommées dans le passage « Vous passez devant ces ruines matin et soir »). Or les ruines de Sodome et Gomorrhe sont des concrétions volcaniques qui ressemblent à des ruines de ville – qui n’ont jamais été une ville – et se situent… au sud de la Mer morte.

Pour toutes ces raisons, certains renoncent carrément au cadre traditionnel de la vie du Prophète telle qu’il a été canonisé dans sa biographie, la Sirah, dont la version que nous possédons a été écrite deux siècles après les événements, à Bagdad, dans des conditions sociales, économiques, culturelles tout à fait différentes.

Une bonne partie de cette biographie traditionnelle fut établie pour des raisons théologiques. Par exemple l’idée selon laquelle Mahomet était illettré vient toute entière de l’usage d’un adjectif qui veut dire : le prophète des nations, le prophète païen, le prophète non juif. Or le mot « nation » a la même racine que le mot « mère », ce qui donnerait donc « Tel qu’il est sorti de sa mère », et donc illettré. L’interprétation est un peu tirée par les cheveux mais a une raison théologique : il faut pouvoir interdire l’hypothèse selon laquelle le Prophète aurait pu lire des livres antérieurs. Comme s’il était également sourd, mais passons…

On est donc amené à fortement relativiser les éléments qui composent cette biographie. L’ennui est que toutes les biographies du Prophète, toutes les études menées se fondent sur cette source… Ainsi le livre de Maxime Rodinson, pourtant critique – Rodinson était marxiste, il donne une explication purement matérialiste de la naissance de l’Islam – reprend pour l’essentiel les faits qui n’ont peut-être jamais existé !

L’idée à retenir est donc qu’une bonne partie de la biographie traditionnelle du Prophète est une construction destinée à justifier des dogmes antérieurs.

Le Temps d’y Penser : Ces initiatives exégétiques sont exclusivement occidentales ?

Rémi Brague : Quasiment. Dans ces groupes, il y a deux anciens Musulmans. L’un signe sous le pseudonyme Ibn Al-Warraq, tiré du fameux conte du fils du marchand de feuilles qui dit ce que tout le monde pense tout bas (« Le roi est nu »). Il y a un Tunisien qui s’appelle Mondher Sfar. Eux ne sont plus musulmans du tout. Y a-t-il des Musulmans qui essaient de s’approprier ces méthodes ? Ils sont peu nombreux. On les comprend : l’un d’eux enseignait en territoire palestinien, et avait suggéré que certains récits du Coran pouvaient être des légendes, des paraboles et ne pas avoir prétention d’historicité… Ses étudiants l’ont défénestré et il n’a pas survécu très longtemps à ses blessures. Une certaine prudence est donc de mise quand on ne vit pas en Occident…

Le Temps d’y Penser : Ces initiatives sont le fait de Musulmans qui ont perdu la foi. Pensez-vous que l’Islam est prêt à vivre ses propres Lumières, et puisse y survivre comme le christianisme, bien que malmené, a pu survivre aux siennes ?

Rémi Brague : Il faut se méfier de ces parallèles parce que les deux religions étaient, dès le départ, extraordinairement différentes. Vous le savez, le christianisme ne considère pas que la Bible a été écrite par Dieu. Il s’agit d’un livre inspiré, ou d’un ensemble de livres inspirés. Leurs auteurs ont été garantis d’erreurs en matière de foi et de mœurs, mais l’inspiration ne les a pas rendus omniscients en matière d’histoire et de cosmologie… La clé de voûte de l’Islam, en revanche, c’est que le Coran a été dicté. Son auteur est Dieu, au sens où Milton est l’auteur du Paradis perdu et pas ses filles, à qui il dictait le poème après être devenu aveugle. De même Mahomet a retranscrit fidèlement les paroles divines. C’est sans doute ce qui explique dans la biographie traditionnelle le surnom d’al-Amin qui lui est donné. Amin, c’est celui qui restitue un dépôt qu’on lui a fait sans rien ajouter ni surtout sans rien y retrancher.

Le Temps d’y Penser : Pensez-vous que l’Islam peut évoluer, subir une mutation – au sein de nos sociétés ou ailleurs ?

Rémi Brague : Qui peut le prédire ? La question est surtout de savoir s’il resterait suffisamment des données islamiques pour que cela mérite encore le nom d’Islam – et que tout le monde s’y accorde. Il n’y a pas de magistère en Islam, c’est un avantage d’une certaine façon, mais c’est aussi un gros inconvénient : en ce sens personne n’est autorisé pour dire ceci est l’Islam et cela non. Aussi quand des musulmans, ouverts, tolérants et vivant en Occident vous disent que les Islamistes sont de mauvais Musulmans, ils n’en ont tout simplement pas le droit. C’est leur opinion strictement personnelle.

Le Temps d’y Penser : Et réciproquement…

Rémi Brague : Exactement ! Ils se renvoient l’un l’autre toutes sortes de noms d’oiseaux, les islamistes considèrent que les autres sont des musulmans tièdes, et il n’y a pas d’autorité capable de trancher et désigner la vérité. La présence d’un magistère dans l’Eglise catholique a peut-être eu des conséquences désagréables, mais au moins sait-on ce qui est catholique et ce qui ne l’est pas. Nous avons un catéchisme, il n’y a pas de catéchisme musulman.

Le Temps d’y Penser : Ce que reconnaissent certains Musulmans quand on aborde des éléments clés comme la divinité de Jésus : « Mais nous, nous n’avons pas de catéchisme ».

Rémi Brague : C’est un problème : beaucoup de Musulmans ne savent pas précisément en quoi ils croient. Lorsqu’un musulman dit : « Ca c’est dans le Coran », il faut vérifier. Parfois ça n’y est pas. De fait, les Musulmans lisent peu le Coran. Déjà ils ne peuvent guère le comprendre, car c’est dans une langue qui ne correspond plus du tout à l’arabe parlé maintenant, ni même celui de chaînes de TV.

Le Temps d’y Penser : Il n’y a pas de traduction ?

Rémi Brague : Si. Il y en a eu même assez tôt, en turc et en persan, pour les populations non-arabes. Déjà, ça ne s’appelle pas traduction, car le Coran est intraduisible. J’ai un exemplaire ici intitulé « Essai d’interprétation du Coran inimitable ». Ils évoquent aussi la traduction du sens, et non traduction des mots. Les traductions du Coran sont plutôt à l’usage des non-musulmans.

Le Temps d’y Penser : N’est-il pas dès lors plus facile, si on se place dans une perspective d’annonce du message chrétien, de dialoguer avec les Musulmans qui ne connaissent pas réellement le Coran ?

Rémi Brague : Pas forcément, je connais au contraire le cas de Musulmans qui ont abandonné l’Islam après avoir lu le Coran ! L’ignorance n’est jamais souhaitable.

Pour beaucoup de Musulmans, être un « bon » Musulman c’est être avant tout quelqu’un de bien, respectueux, bien élevé. Le contenu du Coran n’est à la rigueur pas leur problème.

Ainsi, leur demander de cesser d’être musulman serait un peu comme leur demander de cesser d’être honnête, de bien se comporter… Il y a un mélange entre la religion et une sorte de morale naturelle tout à fait respectable par ailleurs ! Le sens de l’hospitalité, le respect de la parole donnée existent en Islam, aussi bien que dans toute société préindustrielle d’ailleurs.

Une bonne partie des récits sur Mahomet est basée sur la sagesse populaire qui traînait dans le Moyen-Orient à l’époque. Du coup, on a un certain raisonnement inversé du genre : « Si c’est vrai, c’est que le prophète l’a dit ». On y trouve des enseignements de parfait bon sens, de parfaite humanité. L’ennui, c’est qu’on y trouve également des choses un peu plus désagréables.

Mon passage préféré est celui où Mahomet torture quelqu’un pour savoir où il a caché l’argent. Ce qui n’étonnerait pas chez Al Capone surprend un peu chez un prophète, non ? Le problème est que pour un juriste, si le prophète a fait quelque chose, c’est que c’est juste. C’est pour cela que, lorsque le parlement iranien a essayé de remonter l’âge légal du mariage à 12 ans, le conseil des religieux a rappelé que Mahomet avait consommé son mariage avec Aïcha alors que la petite avait 9 ans. S’il l’a fait, c’est donc que ça ne peut être mal. Et l’âge légal du mariage est resté à 9 ans. C’est un petit peu embêtant, non ?

Ce que Mahomet a dit et fait a valeur de loi. Tout ce qu’il a fait n’est certes pas obligatoire, mais est permis, (exception faite du nombre d’épouses, mais je ne crois pas qu’il y ait d’autres exceptions).

Le Temps d’y Penser : On soulignait l’ignorance du Musulman moyen…

Rémi Brague : … elle vaut celle du chrétien moyen, notez bien : nous sommes de ce point de vue logés à la même enseigne !

Le Temps d’y Penser : Justement ! Nombre de rencontres entre chrétiens et musulmans ont lieu dans un tel esprit d’ouverture que les chrétiens ne sont plus dans une posture d’annonciation. Comme s’il fallait convertir les athées, les agnostiques, mais qu’au fond, la religion musulmane était bien assez suffisante pour eux, peut-être pas la vraie, mais au fond pas si éloignée de la foi chrétienne…

Rémi Brague : Il faut ici se méfier de ce qu’on entend par religion. En Occident, même l’athée le plus recuit croit savoir ce qu’est une religion et pense que c’est une sorte de christianisme. Mais c’est plus compliqué que ça. Regardez le bouddhisme : une sagesse, une philosophie ? Pour l’Islam, il faut également prendre garde. Une doctrine qui vous dit tout ce que vous pouvez et devez faire, ce n’est plus une religion, c’est une loi. Au Moyen Âge, les médiévaux appelaient l’Islam – ainsi que les deux autres religions – lex, la loi. Ca me semble plus juste. C’est une manière de vivre plus que de croire. En ce sens, nous avons plus affaire à une orthopraxie qu’une orthodoxie.

Le Temps d’y Penser : On peut être un bon musulman sans être croyant, alors ?

Rémi Brague : Non, aucun Musulman ne vous dirait ça. Il est très difficile qu’un Musulman soit athée. Même non pratiquant, s’il est en terre d’Islam, il fera le ramadan, et pas seulement par hypocrisie ou peur, mais aussi par solidarité. De ce point de vue, c’est vraiment différent et comprendre l’Islam réclame une véritable ascèse intellectuelle : essayer de comprendre une autre religion comme elle se comprend elle-même.

Le Temps d’y Penser : On comprend l’extrême difficulté du dialogue interreligieux, même de bonne foi, même entre bons spécialistes.

Rémi Brague : Le principal danger est la paresse intellectuelle : « Au fond, ils disent Allah, ça doit être Dieu, Issa c’est Jésus, Ibrahim pour Abraham, Iman c’est la foi, etc. »

Il faut extrêmement prudent et regarder ce qu’il y a derrière les mots. Quand ils disent « Dieu est miséricordieux, » parle-t-on de la même miséricorde que celle du Dieu des chrétiens ? Allah n’est miséricordieux qu’envers ceux qui croient en lui et hait les incrédules (Coran, XL, 10) : il y a une différence, non ?

Propos recueillis par Louis Charles et Henry le Barde


SOURCE

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La vie telle qu'elle se présente

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Qu'importe mon livre ? [Voyage au bout de la nuit] Ce n'est pas de la littérature. Alors ? C'est de la vie, la vie telle qu'elle se présente. La misère humaine me bouleverse, qu'elle soit physique ou morale. Elle a toujours existé, d'accord ; mais dans le temps on l'offrait à un dieu, n'importe lequel. Aujourd'hui, dans le monde, il y a des millions de miséreux, et leur détresse ne va plus nulle part. Notre époque, d'ailleurs, est une époque de misère sans art, c'est pitoyable. L'homme est nu, dépouillé de tout, même de sa foi en lui. C'est ça, mon livre. [...] J'ai écrit comme je parle. Cette langue est mon instrument. Vous n'empêcheriez pas un grand musicien de jouer du cornet à piston. Eh bien ! je joue du cornet à piston. Et puis je suis du peuple, du vrai... »

Louis-Ferdinand Céline, Interview avec Pierre-Jean Launay, Paris-Soir, 10 novembre 1932

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28/01/2012

Venice : Ask the Angels (Patti Smith Cover)

=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=

 

 

Moooooove !

Ask the angels who they're calling,
Go ask the angels if they're calling to thee
Ask the angels while they're falling
Who that person could possibly be

And I know you got the feeling,
You know, I feel it crawl across the floor
And I know it got you reelin'
And honey honey the call is for war
And it's wild wild wild wild.

Everybody got the feelin'
You know the feeling and it's stronger each day
Everybody wants to be reelin'
And baby baby I'll show you the way

And I know it's hard sometimes,
You got a piece and hit across the sky
And I know it's hard sometimes
And world war is the battle cry
And it's wild wild wild wild

Across the country through the fields
You know I see it written 'cross the sky
People rising from the highway
And war war is the battle cry
And it's wild wild wild wild.

Armageddon, it's gotten
No savior jailer can take it from me
World ending, it's just beginning
And rock and roll is what I'm born to be
And it's wild wild wild wild
Wild wild wild wild

Ask the angels if they're startin' to move
Comin' in droves in from L.A.
Ask the angels if they're starting to groove
Lightning as armor and it's today
It's wild wild wild wild
Wild wild wild wild

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* Eric James GUILLEMAIN : Vocals
* Mourad BAALI : Bass
* Franck SCHAACK : Drums
* Nebojsa CIRIC @lias Nebo : Guitar

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Enregistré en Janvier 2000 au Studio Ithaque, Senlis, France, par Francis Ruet, en conditions Live durant une répétition. 

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Il rappelait aussi que toutes les cultures ne se valent pas, et que l'art est une hiérarchie, une vibrante échelle, un faisceau de dures vérités et de merveilles

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La littérature suppose une hiérarchie de l'inactuel : une échelle de valeurs, la verticalité, une puissance critique - tout le contraire de l'horizontalité d'un Occident mosaïfié par les minorités et rongé par le refus de toute forme d'autorité vécue comme oppressive tout en en appelant à la dictature d'un consensus universel.

Lorsque Saul Bellow demandait qu'on lui montrât le Proust des Papous et le Tolstoï des Zoulous, cette boutade était aussi une façon d'en revenir à la verticalité, à l'héritage commun de la civilisation universelle dans laquelle les Papous n'ont joué aucun rôle, sinon pour rappeler la différence entre état de nature et haute civilisation ; il rappelait aussi que toutes les cultures ne se valent pas, et que l'art est une hiérarchie, une vibrante échelle, un faisceau de dures vérités et de merveilles. »

Richard Millet, Désenchantement de la littérature

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... à l'Ombre...

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Entrant dans une sorte de déréliction que nul discours politique ne pouvait apaiser

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« Je me rappelle que le moment où j'ai compris que la France était morte (ou appelée à devenir tout autre chose que ce qu'on m'avait appris qu'elle était depuis des siècles) eut lieu lorsque, enseignant et évoquant tel épisode de l'histoire de France, j'ai cessé de pouvoir dire "nous", sans rien trouver qui remplaçât ce signe d'appartenance heureuse, et dès lors entrant dans une sorte de déréliction que nul discours politique ne pouvait apaiser. »

Richard Millet, L'opprobre, Essai de démonologie

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27/01/2012

Par les cheveux...

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Jean-Paul Bourre, suspendu d'antenne par le CSA !

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Mon pote Jean-Paul Bourre vient d'être suspendu d'antenne, sur Radio Ici et Maintenant, par les Goebbels du CSA sous prétexte que son émission du 27 Octobre dernier serait "raciste" ! Sur le site de la Confédération Nationale des Radios Associatives on peut lire :

« Assemblée plénière du 20 décembre 2011

Le CSA a constaté que la station Ici et Maintenant avait diffusé, le 27 octobre 2011, des propos à caractère injurieux, insultant et raciste au cours de l’émission consacrée à la disparition de la civilisation européenne dans laquelle la parole était donnée à M. Jean-Paul Bourre.

Il a considéré que ces propos méconnaissaient les stipulations de l’article 2-4 de la convention de la station qui lui prescrivent "de ne pas encourager des comportements discriminatoires à l’égard des personnes en raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée (…)"

Le Conseil a mis en demeure l’éditeur de respecter ces stipulations. »

Nous assistons une fois de plus à un glissement sémantique du terme "racisme", meilleure manière d'évacuer le débat et de ne pas aborder les sujets qui fâchent. Il n'y a selon moi aucun "racisme" dans cette émission, juste des vérités. Vous pouvez vous faire votre propre idée, par vous-même, en écoutant l'émission dont je mets le lien ici.

L'émission se trouve encore sur le blog d'Archives de Radio Ici et Maintenant... pour l'instant.

Et à présent, répétez, avec ferveur, après moi : Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde !

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Les flammes, semblables à des serpents de feu se réveillaient aussitôt et rien ne parvenait à arrêter la morsure de cette lèpre ardente

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« Les bombes au phosphore avaient mis le feu à des quartiers entiers de cette ville, faisant un grand nombre de victimes. Jusque là, rien d’extraordinaire, même les Allemands sont mortels. Mais des milliers et des milliers de malheureux, ruisselant de phosphore ardent, dans l’espoir d’éteindre le feu qui les dévorait, s’étaient jetés dans les canaux qui traversent Hambourg en tous sens, dans le port, le fleuve, les étangs, dans les bassins des jardins publics ou s’étaient faits recouvrir de terre dans les tranchées creusées ça et là sur les places et dans les rues pour servir d’abri aux passants en cas de bombardement. Agrippés à la rive et aux barques, plongés dans l’eau jusqu’à la bouche, ou ensevelis dans la terre jusqu’au cou, ils attendaient que les autorités trouvassent un remède quelconque contre ce feu perfide. Car le phosphore est tel qu’il se colle à la peau tel une lèpre gluante, et ne brûle qu’au contact de l’air. Dès que ces malheureux sortaient un bras de la terre ou de l’eau, le bras s’enflammait comme une torche. Pour échapper au fléau, ces malheureux étaient contraints de rester immergés dans l’eau ou ensevelis dans la terre comme les damnés de Dante. Des équipes d’infirmiers allaient d’un damné à l’autre, distribuant boisson et nourriture, attachant avec des cordes les plus faibles au rivage, afin qu’ils ne s’abandonnent pas vaincus par la fatigue, et se noient ; ils essayaient tantôt un onguent, tantôt un autre, mais en vain, car tandis qu’ils enduisaient un bras, une jambe ou une épaule, tirés un instant hors de l’eau ou de la terre, les flammes, semblables à des serpents de feu se réveillaient aussitôt et rien ne parvenait à arrêter la morsure de cette lèpre ardente. »

Curzio Malaparte, La peau

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26/01/2012

Restent un homme mort et un homme libre

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La conscience de son temps, Jean-Sol Partre, a écrit des enculades de l'ordre de celle qui suit. Après on se demande pourquoi le petit blanc occidental, sans culture et dépourvu de la moindre jugeotte se hait tant !

«  Abattre un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé ; restent un homme mort et un homme libre. »

Jean-Paul Sartre, Préface aux "Damnés de la Terre" de Franz Fanon

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Selon le discours en vogue, la France aurait toujours été un creuset de populations. Du point de vue historique, cette assertion est fausse.

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« Selon le discours en vogue, la France aurait toujours été un creuset de populations. Du point de vue historique, cette assertion est fausse. Du VIe au XIXe siècle, le fond du peuple français est demeuré le même. Au XIXe siècle apparaît une immigration saisonnière, les travailleurs retournant dans leur pays après leur labeur. La première grande vague migratoire a lieu après la Première Guerre mondiale. Elle est constituée d’ Italiens, d’Espagnols, de Polonais et de ressortissants d’autres nations de l’Est. Ceux-ci s’assimilent peu à peu, par le biais de l’école, du service militaire et de la guerre -certaines institutions exerçant une force intégratrice : l’Église catholique, les syndicats, et même le Parti communiste. A partir de 1946, la seconde vague migratoire vient d’Algérie. Sous la IVe République, contrairement à ce qui se répète, ce n’est pas le patronat qui fait venir cette main-d’œuvre : ce sont les pouvoirs publics, afin de trouver une issue à l’explosion démographique de la population musulmane d’outre-Méditerranée. Après 1962, l’Algérie indépendante, le flux migratoire reprend en vertu de la libre circulation stipulée par les accords d’Evian. Si l’immigration est officiellement interrompue en 1974, le regroupement familial, autorisé en 1975, accroît dans les faits le nombre d’arrivants. D’autres courants migratoires apparaissent, issus d’Afrique noire ou d’Asie. Et en vertu de la loi, tout enfant né en France de parents étrangers peut, à sa majorité, accéder à la nationalité française. »

Jean Sévilla, Le terrorisme intellectuel

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25/01/2012

Impétueuse jeunesse

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« Il n'est dans la vie qu'une jeunesse, et l'on passe le reste de ses jours à regretter, et rien au monde n'est plus merveilleux et plus émouvant. Parfois, les hommes nient le regret, nient la merveille et l'émotion. Et peut-être même sont-ils sincères, ont-ils fini par oublier. Ils n'empêcheront pas la merveille d'avoir été, d'avoir contenu tout ce qu'un corps humain peut supporter de plus exaltant sans se rompre. Ils n'empêcheront pas qu'aucune satisfaction du plaisir, de l'ambition, de la réussite, de l'amour ou de la vérité, vaille jamais dans notre souvenir quelques instants fragiles et naïfs. Si nous étions francs envers nous-mêmes, que de fois nous nous laisserions aller, nous mordrions notre paume ou notre poignet, les yeux fermés sur un soir d'été au bord de la mer brune, sur un couple qui danse dans les collines, une ville forte dans la montagne, sur une cour de lyçée, un jardin d'école, un toit, une rue brusque et surgissante, minutes magiques ensevelies. Si la trentième année est l'âge des erreurs parfois graves, c'est qu'on s'imagine pouvoir y prolonger encore ces minutes, c'est qu'on croit n'avoir pas encore changé, c'est qu'on les retient dans ses mains comme un sable, comme une eau, c'est que l'apparence physique, les circonstances, la proximité trop grande de la jeunesse nous dupent, et que nous croyons qu'il est encore temps. Alors que d'autres joies peuvent être les nôtres, mais plus celles-là. »

Robert Brasillach, Les sept couleurs

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Connexion Internet...

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Bon, finalement je me suis connecté à la WiFi d'une voisine, copine de notre fille, qui a accepté de nous filer son code. Merci Nadia. En attendant de recevoir le package "Free" et quitter "Orange" dont le comportement est bien noir de crasseuse connerie. 

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24/01/2012

Privé d'INTERNET

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Je suis privé d'INTERNET PENDANT PLUSIEURS JOURS.

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Après l'effort... le réconfort... même pour les criminels de guerre !

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La solitude volontaire et la résistance à la contrainte extérieure

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« Péguy, Bernanos, Claudel. Si je rapproche ici ces noms, ce n'est pas parce qu'ils sont tous trois ce que l'on est convenu d'appeler des écrivains catholiques. Catholiques, ils le sont, chacun à sa manière, mais cela ne suffit pas, loin de là, à les définir. Si je les ai réunis, c'est d'abord parce que chacun d'eux a représenté, à diverses époques de ma vie, un formidable instrument d'émancipation intellectuelle. Ils m'ont aidé à me libérer de mon temps, à prendre des distances vis-à-vis de lui, et plus encore, vis-à-vis de moi-même. Quand le monde tout entier paraît s'affaisser sur son axe et que l'on se sent gagné par la lâche tentation de composer avec ce qu'il charrie de plus médiocre, alors Péguy, Bernanos et Claudel sont des recours. Ils nous arrachent à la vulgarité ambiante et bien souvent nous en protègent. Non que chacun d'entre eux n'ait eu, à l'occasion, ses faiblesses. Mais leurs erreurs n'ont jamais été inspirées par la complaisance à leur époque ; ils n'ont jamais emprunté leurs aveuglements à leurs contemporains. Leur marginalité fut à la fois un fait subi et une situation voulue. Subie, parce qu'elle est en effet pour partie liée à leur position d'écrivains catholiques. Voulue, parce qu'en érigeant l'ostracisme dont ils furent victimes en sécession délibérée, ils ont fait de ce défi à leur temps la source principale de leur inspiration. Les grandes oeuvres peuvent bien exprimer leur époque, elles n'en sont pas moins bâties sur la solitude volontaire et la résistance à la contrainte extérieure. »

Jacques Julliard, L'argent, Dieu et le diable - Péguy, Bernanos, Claudel face au monde moderne

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23/01/2012

L’immense majorité du troupeau consume sa poésie à espérer qu’il sera fonctionnaire

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« On se demande où mènent les fastidieuse études qu’on impose à la jeune bourgeoisie : elles mènent au café. Mobilier malpropre, service bruyant et familier, chaleur de gaz intolérable ! Comment demeurer là, sinon par veulerie ? C’est compromettre son hygiène morale plus fâcheusement qu’en aucun vice, puisqu’on n’y trouve ni passion, ni jouissance, mais seulement de mornes habitudes. Voilà pourtant le chenil des jeunes bacheliers qui sortent des internats pour s’adapter à la société moderne… A marcher, le fusil en main, auprès des camarades, dans les hautes herbes, avec du danger tout autour, on nouerait une amitié de frères d’armes. Si cette vie primitive n’existe plus, si l’homme désormais doit ignorer ce que mettent de nuances sur la nature les saisons et les heures diverses du soleil, certains jeunes gens du moins cherchent, dans des entreprises hardies, appropriées à leur époque, mais où ils payent de leur personne, à dépenser leur vigueur ; et ils échangent avec les associés de leurs risques une sorte d’estime… bien différente de celle qu’on prodigue à la respectabilité d’un chevalier de la Légion d’honneur.

Comme ils sont une minorité, ces oseurs ! L’immense majorité du troupeau consume sa poésie à espérer qu’il sera fonctionnaire. Cartonnant, cancanant et consommant, ces demi-mâles, ou plutôt ces molles créatures que l’administration s’est préparées comme elle les aime, attendent au café, dans un vil désoeuvrement, rien que leur nomination. »

Maurice Barrès, Les déracinés

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Inch'Allah !

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Dieu a-t-il créé le Mal ?

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Mille brasiers d’un modernisme fracassant

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« L’américanophobie, on le sait, est un très vilain défaut ; mais l’allergie à l’Empire, ce que l’on pourrait appeler l’empirophobie, a peut-être de beaux jours devant elle. Serions-nous en train de nous ressaisir tandis qu’ils s’apprêtent à allumer, aux quatre coins de la planète, mille brasiers d’un modernisme fracassant dont ils espèrent bien qu’on leur demandera ensuite de les éteindre, et cela jusqu’à la consommation des temps ? »

Philippe Muray, Festivus Festivus

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