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13/07/2022

To bear the Cross

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12/07/2022

Heaven and Hell

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11/07/2022

Loss of Willpower

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10/07/2022

Le lieu où se transmettait la mémoire

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« On s’est dirigés vers l’entrée de la ferme. Les murs étaient en grès recouvert d’un enduit protecteur à base de chaux, de sable et de sciure de bois, bardés de planches de sapin pour ceux exposés au nord et à l’ouest, d’où venaient les vents porteurs de pluie. La façade principale était percée de petites fenêtres et, en son centre, d’une construction en demi-cercle : le four à pain. La partie supérieure des murs était recouverte d’une ramée de bois. Des corbeaux en granit débordaient de la façade, sur lesquels on fixait naguère des planches pour faire sécher les fromages. On est rentrés, laissant heureusement le sanglier dehors. L’intérieur de la ferme était constitué de deux petites chambres, d’un atelier, d’une vaste cuisine où se trouvait la cheminée centrale, en granit, avec un âtre immense, et du "poêle", l’unique pièce chauffée de la maison. Un fourneau en pierre réfractaire sans ouverture communiquait en effet avec la cheminée de la cuisine, d’où le lieutenant l’alimentait, poussant régulièrement les braises rougies qui s’emmagasinaient dans le fourneau et diffusaient une douce chaleur. C’était la pièce à vivre, la pièce des veillées héroïques du passé, le lieu où se transmettait la mémoire, où s’éduquaient les enfants, où se racontaient les légendes et où l’on jouait parfois de l’accordéon et de la flûte en buvant du vin chaud. C’était la pièce dans laquelle s’était bâtie la civilisation. Le lieutenant y dormait les mois d’hiver. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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The spirit of Eternity

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09/07/2022

Dites "non"...

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Cette grandiose sauvagerie

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« Les historiens travaillant sur le sujet avaient montré que les attaques de loups sur les hommes, si elles demeuraient exceptionnelles, n’étaient pas un mythe de l’histoire. La plupart de ces attaques avaient eu lieu durant des périodes de troubles, avec un paroxysme qui se situait lors des guerres de religion. Les cadavres se corrompent à l’air libre, attirant le loup ; celui-ci, ayant goûté à la chair humaine, est tenté d’y revenir et il faut l’abattre. Les enfants gardant les troupeaux, ainsi que les femmes, étaient les principales victimes du "méchant loup" qui hésitera toujours à attaquer un homme en bonne santé. On estimait qu’il y avait à la fin du dix-huitième siècle près de vingt mille loups en France, peut-être plus avant le seizième siècle…
Si elles n’en avaient probablement pas les moyens, les sociétés traditionnelles n’avaient cependant jamais songé à exterminer le loup, précisait le lieutenant. C’est à l’époque des Lumières que l’idée était née ; elle ne sera exécutée qu’à la fin du dix-neuvième siècle et pour une raison très précise : le loup était un frein au progrès et au processus de modernisation économique. Le loup désorganisait les travaux des champs, ralentissait le commerce et s’attaquait même aux mulets et aux chevaux nécessaires à l’industrie des forges, mettant en péril leur approvisionnement. Pour le lieutenant, c’était en touchant aux forges que le loup avait signé son arrêt de mort. En 1882 était votée une loi planifiant leur extermination. Quarante ans plus tard, ce serait chose faite…

Ainsi, le retour des loups intervenait précisément à l’heure où le système économique qui avait commandé leur extermination se mettait sérieusement à vaciller, et le lieutenant y voyait un symbole et un espoir. L’homme, affranchi du sauvage, avait cru pouvoir se libérer de toute contrainte naturelle, allant jusqu’à accepter le mariage des homosexuels et leur "paternité", avant de se persuader que la différence entre un homme et une femme n’était qu’une donnée culturelle. Le retour du loup offrait un peu de cette grandiose sauvagerie dont notre civilisation dégénérée avait plus que besoin. Cela valait bien quelques moutons stupides, payés par la collectivité, sacrifiés en offrande au formidable hôte des forêts de notre vieille Europe. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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Yourself

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Laurent Obertone - "L'humour politiquement incorrect n'est plus du tout de gauche !"

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08/07/2022

Les lapins, les guerres et les emmerdements

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« Pépé Alphonse était énorme, plus de 150 kilos. Il se déplaçait et travaillait lentement, le plus souvent à genoux. Se lever était toute une affaire, il fallait appuyer de ses deux mains sur un genou et se hisser en grimaçant, le plus souvent sans appui. Il avait ainsi pris l’habitude de se déplacer à quatre pattes dans son jardin. De la fenêtre de la cuisine, Mme Primavera, qui s’occupait des chambres d’hôte, des courses, des repas et du ménage, le voyait parfois sortir d’un massif à pas lents, se dandiner au ralenti sur ses quatre pattes, comme une grosse tortue, avant de disparaître derrière des bégonias. Le soir, il se dirigeait vers le puits, s’y agrippait à deux mains et se hissait péniblement. L’opération durait trois bonnes minutes. Ensuite, il rentrait par la cave sur ses deux pattes en se frottant le bas du dos, il retirait ses bottes et sa salopette verte, enfilait un pantalon et des chaussons et bourrait sa pipe avant de l’allumer. Quand il faisait beau temps, il ressortait avec un grand verre de bière qu’il buvait lentement, assis sur une chaise en fer forgé, contemplant son jardin et jouissant en silence du labeur accompli.

J’avais cherché un verre de bière moi aussi et je m’étais installé autour de la table de jardin. Il faisait doux, je me sentais bien, pépé Alphonse n’avait absolument rien à me dire.
— Alors pépé Alphonse, ça gaze ? je lui ai lancé. T’en veux, des nouvelles de l’extérieur ?
Il a haussé les épaules. S’il s’en foutait de l’extérieur ! Cinquante-deux ans, cinq mois et bientôt trois semaines qu’il n’était pas sorti de chez lui. La dernière fois qu’il s’était intéressé à l’actualité, c’était pour la baie des Cochons, vers le milieu des Trente Glorieuses. Il vivait depuis sans télévision, sans radio, sans journaux, sans rien du tout ; et ne parlons pas d’Internet, il ne savait même pas que ça existait. Il était un peu simplet par-dessus le marché, du genre taiseux ; du coup, je le taquinais, je lui demandais s’il était au courant que de Gaulle était claboté, je lui parlais commerce équitable et développement durable, je lui annonçais même qu’on avait soi-disant marché sur la lune.
— Sur la lune, pépé Alphonse ! Tu te rends compte ?
Mais parle à ma culasse ! Il haussait les épaules. Un vrai manque de curiosité. Et les nouvelles bagnoles ? La fusée Ariane ? Le parc Big Bang Schtroumpf ? Superphénix ? Rien à cirer ! Intérêt nul ! Moins qu’un puceron ! En revanche les potées de bulbe, la fleuraison des campanules ou la taille des rosiers, alors là pardon, intarissable. Et l’œil brillant… Il traînait des problèmes à la con pendant des semaines, qu’il résolvait le soir dans son bureau, en consultant ses encyclopédies sur les plantes. Peut-on planter des bisannuelles au-dessus des bulbes ? Marier les pensées aux arabettes ? Tailler le buis avant la pousse ou au début de l’été ? Effectuer une taille d’égalisation à la mi-septembre ? Quand et comment diviser les pivoines ? Alors, la géopolitique là-dedans… Israël et les Iraniens… la crise de la finance… la révolution chez les Papous… Tu parles d’une ouverture d’esprit ! Le monde de pépé Alphonse s’arrêtait à la clôture de son jardin. Au-delà, c’étaient les lapins, les guerres et les emmerdements. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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The man of instinct

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07/07/2022

Sanglots...

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« Ah, quelle superbe fête ! Mais tout a une fin, malheureusement. Quand on est sortis de l’hôtel particulier, c’était de nouveau l’aube, une autre aube, encore une aube… On a salué l’émir, la baronne, Pipoute-Pipoute, tous ces boute-en-train, nos nouveaux amis. On avait fini dans un petit salon isolé avec la baronne à parler d’art, dont elle était gourmande. Nous avions admiré un tableau au mur, fleuron de la collection de l’émir, qu’il avait acquis pour 10 millions d’euros : une couche de peinture verte intitulée "Jeune homme couché dans les prés à l’aube après une nuit d’amour avec son fiancé au cours de laquelle il lui a annoncé qu’il rejetait à jamais l’ordre patriarcal et entendait vivre sa vie librement". On avait écouté de la musique aussi : quatre minutes trente-trois secondes de silence de John Cage, que la baronne savourait en pleurant. L’œuvre avait été composée pour le piano mais pouvait aussi bien être exécutée par n’importe quel instrumentiste, nous précisait la baronne. Pardi ! Même par un manchot sourd et aveugle… Par un ouistiti mongolien… Magie de l’art ! Cet imbécile d’Ollier avait demandé à monter le son ! Oh là là, qu’est-ce qu’on avait ri une fois de plus ! Ollier, ce plouc décidément, irréversible réactionnaire, insensible au néant !

À présent, on marchait dans l’aube, tristement, repensant au pauvre Fanfan que cette fête aurait bien amusé. Pauvre, pauvre Fanfan, mort avant la découverte du buy button ! On est arrivés sur le parvis de Notre-Dame où nous avait conduits Ollier. Un vent froid s’était levé, qui tournait autour de la cathédrale. Ollier faisait les cent pas en regardant sa montre. Soudain il a levé le bras, l’a rabaissé. Les cloches de Notre-Dame se sont mises à sonner. Les quatre benjamines de la tour nord, suivies bientôt d’Emmanuel, le gros bourdon. Ollier était à genoux, les bras écartés, pleurant à chaudes larmes. On s’est agenouillés à côté de lui, Bassefosse et moi, et on a écarté les bras, et on s’est mis à sangloter avec lui. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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Perfect Peace

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06/07/2022

"Et encore, on n’en est qu’au début", disait Pipoute-Pipoute

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« Tous les ans, un cran de ceinture en moins ? Y a plus de pognon ? Oui mais « pourquoi de plus en plus de milliardaires ? Oui mais pourquoi un PIB qui gonfle ? Oui mais pourquoi de plus en plus de pauvres ? Où va le nougat ? Pourquoi c’est nous qu’on paie la crise ? Pourquoi les banques renflouées de plusieurs milliards ? Le bon business : profit privatisé, pertes socialisées ? Ne nous prendrait-on pas pour des jambons ? Voilà le genre de questions que l’abruti pourrait se poser. Tu parles d’une guigne… En discuter dans les bistrots… Se monter le bourrichon… Et pourquoi pas, horreur absolue, cauchemar d’épouvante, pire qu’une catastrophe nucléaire : virer populiste ! Rien que le mot, ça lui faisait sortir les sels à la baronne ! Au Siècle, on en chiait mou dans les culottes ! Pour pourrir l’ambiance, il n’y avait pas mieux ! Tout le reste, ça les faisait franchement rigoler : "Mon véritable ennemi n’a pas de nom", "L’argent qui corrompt tout", l’interdiction de 0,00001 % des activités toxiques des banques, "L’autorégulation exigeante des salaires patronaux", la guerre aux paradis fiscaux, etc., si ça les faisait se bidonner ! Ils en chialaient, en rotaient, en pétaient d’aise… Dans une soirée, pour mettre de l’ambiance, il y avait toujours un petit plaisantin pour reprendre la plus énorme des blagues, celle dont on ne se lassait jamais : "Nous avons mis fin au scandale des paradis fiscaux" ! Succès assuré ! N’en reste plus qu’un tout petit bout de nougat : 25 000 milliards ! Une bagatelle ! Le rire fait monter et descendre le muscle qui sépare la cavité thoracique de l’abdomen et augmente l’oxygénation du sang, excellent contre l’hypertension. Contre les inflammations articulaires. Le rire fait vivre vieux, ne faut s’en priver. 25 000 milliards de nougats ! Mais au simple mot de "populisme", fini la rigolade ! Les muscles se figeaient, hormis le sphincter qui ne répondait plus de rien ! Les imaginations s’emportaient… image horrifique, de celles qui hantent les nuits : des petites mains à l’infini en train de tresser des cordes de chanvre. "Ils sont des millions, on est quelques centaines, il faut jouer finaud, les gars" : le mot d’ordre. Obligation d’être malin, comme nous l’a enseigné Darwin. Alors, tu parles si on l’avait trouvée, la réponse : ferme ta gueule et allume TF1 ! Divertis-toi ! Variétoche, téléréalité, culture, documentaire, art, subversion, film d’auteur, paire de loches, y en a pour tous les goûts. Profite de la petite camisole sympa qu’on a concoctée exprès pour toi : travailler, dormir, regarder la TV, débrancher ton cerveau, elle est pas belle ta vie, crevard ? Les bombarder d’images, les abrutir, les réduire à des émotions de petits zenfants. Fini idées, esprit critique, "oui mais quand même", "vous êtes sûr que ?", "un truc qui cloche" : émotions ! La gueule ouverte devant le poste, les émotions ! Le vrai, le faux, le bien, le mal ? Va chier ! Sympa/pas sympa, cool/pas cool, idée généreuse/idée nauséabonde, et circulez. Poste sacré au centre de tout, pouvoir magique, créateur d’ordre : sans télé, tout s’écroule, les hommes vont au bistrot, les banquiers sont pendus.

Pour le reste, faisons confiance à la pub, disait Pipoute-Pipoute. Il n’avait pas de mots assez doux pour la pub, il la révérait à l’égal d’un dieu, il était en extase devant elle ; il lui devait tout, sa situation, son argent, sa tranquillité, la stabilité sociale. "Plus grande manifestation du génie des hommes", il l’appelait. Son héros était Marcel Bleustein-Blanchet, bienfaiteur de l’humanité ! Il se faisait lyrique, enjoué, romanesque ; la baronne avait des frissons. Il lui expliquait qu’on avait réussi grâce à la pub à faire désirer aux pue-la-merde ce qu’on avait programmé pour eux dans notre seul intérêt. Pas de matraque, pas de camp, pas de violence. Et on leur laisse croire qu’ils sont libres par-dessus le marché ! C’est génie ou c’est pas génie ? Venez consommer librement les petits pioupious, c’est vous qui décidez de tout… La baronne commençait à piger ; elle s’est mise à mouiller ! Transformer leurs désirs en besoins ! Les rendre compulsifs, dépendants du bonheur dans l’achat ! Un coup de déprime ? Lèche une vitrine, connasse ! Génie, oui, je l’affirme ! Grâce à la pub, ils avaient renoncé à produire eux-mêmes ce dont ils avaient besoin et ils étaient heureux ! Contents de bouffer de la merde de cheval surgelée !
Ravis de s’empoisonner de raviolis aux os broyés, nerfs et tendons ! Guillerets de préparer des purées en flocons ! Éplucher une patate ? Plus le temps ! Trop de boulot ! Mais je m’éclate, rassurez-vous ! J’abandonne mes enfants tous les jours à des nourrices inconnues, je pue des bras à cause du stress, je donne du poison à mon bébé mais je suis bien plus épanouie qu’au treizième siècle, hihihi ! Et puis, je pars en week-end à l’étranger et je finirai en maison de retraite tout confort. La pub, meilleur dressage de l’histoire de l’humanité ! Tout en douceur, en cajolerie, lait maternel et régression ; pornographie pour impuissants, les exciter un peu, qu’ils s’imaginent être vivants… Le choix pour les rebelles : choisir une autre marque. En séchant leur imaginaire, c’est leur perception du monde qu’on a détruite ; en détruisant leur perception du monde, c’est la possibilité de le changer qui s’est éteinte. La boucle est bouclée, la cage verrouillée. La pub est révolutionnaire, réactionnaire, insaisissable, impossible à combattre ; elle seule a enfin réussi à mater l’homme ; pour Pipoute-Pipoute, elle était Dieu himself. La baronne chialait à grandes eaux. Elle était en pleine crise mystique… Les sert-à-rien, ça l’effrayait, ça l’écœurait, ça l’excitait pardi ! Au fond, ce qu’elle aurait voulu du fond de sa haine, c’était finir battue, violée, compissée par la populace au gros zob puant ! Finir pendue par les pieds comme un jambon fumé ! La haine !
"Et encore, on n’en est qu’au début", disait Pipoute-Pipoute. Les neurobiologistes travaillent pour nous ! La science est avec nous ! Les analyses en imagerie cérébrale vont bientôt influencer les décisions d’achat de manière plus rationnelle et précise… On a repéré les signaux visuels, sonores, olfactifs qui déclenchent l’envie… Vous êtes foutus ! On a détecté la zone cérébrale de la récompense… Vous ne nous échapperez plus ! On a enfin trouvé le "buy button" ! Zombie achètera quand on lui dira, ce qu’on lui dira, où on lui dira, et après il aura le droit d’aller voter ! Le salut par "buy button" ! Alors, génie ou pas génie, nom de Dieu. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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05/07/2022

En dehors de l’immigration, l’histoire de France ? Une crotte de nez !

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« Chanclair était le P-DG d’un grand groupe de télécommunications, fournisseur d’accès à Internet, opérateur de téléphonie mobile, etc. ; il avait fait fortune à la fin des années quatre-vingt dans le Minitel rose, les peep-shows, les sex-shops : quatrième fortune française aujourd’hui ! Dix milliards d’euros ! Les branlées de ses clients avaient jaculé de l’or ! Il avait été encabané deux mois à la Santé pour proxénétisme aggravé et recel d’abus de biens sociaux, les risques du métier. Qui ne risque rien, il a rien. À côté de ça, c’était surtout un bienfaiteur, un mécène. Il réduisait la fracture numérique, aidait les personnes défavorisées à accéder à la technologie, c’était comme une mission divine, un sacerdoce qui le hantait nuit et jour. Grâce à lui, des milliers de prolétaires au chômage pouvaient regarder les programmes TV en ligne et passer leur soirée à faire des patiences, et sans jeu de cartes : éconocroc. Bon, il leur collait bien un petit abonnement en passant, faut pas déconner ! Il possédait la moitié des journaux de Paris, était copain avec l’autre moitié, siégeait dans des commissions ad hoc visant à organiser le marché de la téléphonie, convoquait les ministres quand il avait besoin de changer la loi.
"Mieux vaut faire appel aux pros qu’aux technocrates", il disait. Il venait de recevoir le Grand Prix de l’entrepreneur, avait été élu manager de l’année, personnalité digitale de l’année, homme le plus influent de l’année, plus grand mécène de l’année, patron le plus sympa de l’année ; il avait même avancé dans le classement "Forbes" ! C’était l’idole des entrepreneurs, l’idole des politiques, l’idole des jeunes ! D’ailleurs, il avait l’air cool, quarante-sept ans, cheveux longs filandreux malgré la calvitie entamée, bronzé, chemise ouverte, jean, baskets. Son grand truc, c’était la lutte antifasciste. "On a beau être entrepreneur, on n’en a pas moins une conscience citoyenne." C’était sa phrase. Un coup pour la Licra, un coup pour le Medef, un pro ! Il était prêt à rire de tout, mais pas du fascisme. Prêt à tout laisser passer, mais pas le fascisme.
Attention danger, alerte rouge, vigilance de tous les instants, bête immonde est passée par ici, elle repassera par là. Il était pour la liberté, bien sûr, des capitaux, des immigrés, de la drogue, des gangsters et du blasphème… mais celle de donner son opinion sur Internet… bof, bof ! Le petit rigolo derrière son clavier bavant la haine et la rancœur, moyen, moyen ! Il blaguait même sur son métier de fournisseur d’accès : je vends du raccordement à l’égout ! Avoir une opinion en dehors des journaux autorisés, c’était pour lui le début du totalitarisme.
S’il y a bien une chose qui le rendait fumasse, c’est cette nouvelle mode populace de rechigner à l’immigration. Les petits tâcherons qui parlent de seuil, qui déménagent, qui contournent, qui trichent… Alors là, il perdait son calme ! Un tel égoïsme… mesquinerie, repli riquiqui… petit crevard recroquevillé, moisi, pourri, terrorisé, plissé comme un anus serré. Et la grandeur, bordel ! France, terre d'immigration depuis Clovis ! Un destin, oui monsieur, et une chance, pardon ! THE chance, tête de nœud ! Croissance, ouverture d’esprit, retraites, sonates, Versailles, Chambord, Petit Poucet, la Banque de France : on leur doit tout ! Et depuis toujours, partout, tout le temps, on ne le répétera jamais assez ! Vercingétorix métèque ! Charlemagne rastaquouère ! Et encore, Clovis, ce chelou… depuis la caverne, nom de Dieu ! Ôtez la merde de vos yeux et vous verrez Bamboula danser dans les tableaux de Bruegel ! France, carrefour éternel : Gaulois, Arabes, Picards, Wolofs, Francs, Bambaras, Gitans, Wisigoths, Pygmées, tout pareil ! Chacun chez lui ! Wolofs un peu plus que les autres ! En dehors de l’immigration, l’histoire de France ? Une crotte de nez ! Sans immigration, petit Fwançais toujou’s fai’e feu avec silex ! Immigration consubstantielle à la France ou la 17e chambre ! Cette prétention d’enracinement, histoire, tradition, peuple millénaire, gnagnagna, et les champs de bataille, de blé, les cathédrales, les rois, ça le débectait, ô combien. Ce petit esprit colonial tordu, suffisance blanche… ce que voulaient les ploucs : vivre entre eux, selon leurs petites mœurs, leurs petites habitudes, leur petit pastaga, leur petit bidon plein de merde ! Il devenait sauvage, Chanclair ! Il les haïssait, pire que tout ! Que des gueules de croisés, nazis, inquisiteurs, bonnets-pointus façon klan-klan, amateurs de pinard, saucisson et gégène ! Heureusement, on allait te transformer tout ça en beige foncé une bonne fois pour toutes !

  La baronne de Rothschiess rigolait, une main devant la bouche. Ce cher Chanclair, quel visionnaire ! Elle aussi les haïssait, pardi. Les coupables, elle les appelait. Une haine incroyable qui la réveillait la nuit, par bouffées. Tous ces pauvres, ces sert-à-rien, racistes, antisémites, sales comme des culs, mauvais comme des teignes, et bêtes, mon Dieu, tellement bêtes, si faciles à tromper ! hihihi ! C’était la grande rigolade maintenant, les blagues entre amis… Chanclair mimait les enculeries… Un banquier d’affaires s’était approché, Anastase Pipoute-Pipoute, dit Ana2pi, propriétaire d’une moitié des journaux parisiens, celle qui reste. Il se disait favorable à l’ultra-immigration, la déferlante, le raz-de-marée, il voulait que le pays s’affaisse d’un mètre sous le poids ! Tout aspirer d’Afrique ! Qu’il n’en reste plus une miette ! On embarque les éléphants avec ! Fini le chichi compte-gouttes, visas, asile, regroupement familial, pisse-petit, petites barquettes Lampedusa ; de ses deux mains, il tournait une grande roue…
— Ouvrez les vannes !
On se tenait les côtes ! Pipoute-Pipoute, ce boute-en-train !
— J’en veux partout ! Dans les campagnes, dans les villages, dans les forêts, dans les montagnes, dans les baignoires, les frigidaires ! La sens-tu, la vague en colère ! Les petits turfistes ratiboisés ; pêcheurs à la ligne évaporés ! Grandeur du passé ? Louis XIV ? Napoléon ? Au nom des droits : partout, j’en veux ! 
— … sauf dans le 16e ! a dit Chanclair.
— … sauf dans le 7e ! a dit la baronne.
— … sauf à Saint-Tropez ! a dit Poujade. 

Ah, la poilée ! On rigolait aussi avec les copains. Pipoute-Pipoute ouvrait toujours les vannes. Faut plus traîner maintenant, il disait. En une génération, ça doit être plié. Avant qu’ils réalisent ce qui leur arrive, boum, les voilà beige foncé. Et pour les râleurs, suicide assisté ! Il était progressiste intégral, Pipoute-Pipoute ! Généreux comme pas deux, luttant contre toute forme de souffrance ; insupportable la souffrance, un archaïsme : la physique, la psychologique, la morale, la sociale, vague à l’âme, grippe, migraine, hémorroïdes : suicide assisté ! Il voulait des grandes campagnes d’incitation, l’autoriser à partir de douze ans, âge difficile. Ado boutonneux en crise, chômeur dépressif, petite nature, caissière en surnombre : suicide assisté ! Et ne parlons pas des malades, boiteux, cancéreux, polio-mal-foutus, accidentés de la route, tout débrancher ! Et pour les bien portants, la grande aspiration, l’évacuation des "fragments de grossesse" dans la joie… Un peu de place siouplaît ! Chacun son tour ! Le Blanc a suffisamment joui, bouffé, bu, roté, massacré, au suivant ! L’avenir au Grand Suicide Collectif ! À la Grande Évaporation ! À la Grande Aspiration ! Le Champagne nous sortait du nez, à trop rire… Civilisation blanche, salope ! Table rase, rasée, ratiboisée ! En finir définitivement avec les descendants des chevaliers ! Chevaliers ? Alors là, ça les faisait carrément baver de rage. L’hétéro mâle blanc guerrier exterminateur intolérant ennemi du centre commercial ! La baronne manquait défaillir… Mon cher, c’est d’une vul-ga-ri-té ! Ils chiaient derrière les rideaux, baronne ! chassaient les petits lapins, trompaient leur femme, se léchaient les doigts, massacraient les brigands ! Mais c’est fini tout ça ! La Vague ! La Vague ! Dans leur gueule ! Partout j’en veux ! Entassés dans des tours jusqu’à la lune… gavés de droits… fanatisés par les associations… Aspégic est mort mais il ne le sait pas… 

On a continué comme ça longtemps à discuter. Pipoute-Pipoute et Chanclair étaient intarissables. Et la baronne ! Leur préoccupation : contenir la populace. Au Siècle, au Bilderberg, au Parlement, c’était l’unique sujet. Le ver visqueux remuait toujours trop à leur goût. Il râle, fouine, met son groin partout ; si on le laissait faire, il serait capable de se mettre à réfléchir… »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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04/07/2022

L’émir Habib ben Habib ben Hibn ibn Habib ibn Hibn...

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« C’était un hôtel particulier dans le 7e arrondissement, avec une entrée en demi-lune donnant sur une petite cour entourée de colonnades et un escalier d’honneur au centre de la façade monumentale. Des valets en livrée prenaient nos pardessus dans le grand vestibule en marbre et nous indiquaient le salon. La fête était dans un creux ; d'après Nicolas-Victor Poujade, habitué des lieux, elle reprendrait du tonus vers treize heures. Il restait une vingtaine d’hommes et de femmes. Certains buvaient du café en mangeant des croissants, debout à côté d’un buffet, d’autres continuaient au Champagne assis dans les canapés. Que du gratin ! Du CAC 40, de la finance et de la banque, des journalistes, animateurs vedettes, cabotines en vue, des hommes d’affaires, des députés, une jeune ministre… Il y avait même le baron et la baronne de Rothschiess ! Paris restera toujours Paris ! L’entrée dans le salon de Nicolas-Victor Poujade a été saluée par des acclamations. Il a serré quelques mains, donné quelques accolades et nous a présentés à l’hôte et propriétaire des lieux, vautré dans un pouf, un verre de Coca-Cola à la main : l’émir Habib ben Habid ben Hibn ibn Habib ibn Hibn, vêtu d’un taoub et d’un keffieh à carreaux rouge et blanc tenu par une sorte de gros tuyau noir. Il nous a tendu une main molle en soupirant. Bassefosse, ça lui a illico réveillé les bonnes manières :
— Merveilleuse, éclatante et sérénissime Altesse, merci mille fois de nous recevoir dans votre humble demeure, lui a-t-il dit en s’inclinant à la prussienne (90 degrés).
— Bonjour mon ami, lui a répondu l’émir avant de soupirer une nouvelle fois. Prenez donc une coupe de Champagne si cela vous amuse…
Il a claqué des doigts. Deux valets indiens sont apparus comme par enchantement, l’un portant un plateau rempli de coupes, l’autre une bouteille de Champagne. On a saisi chacun un verre, le valet nous l’a rempli. Mais il n’y en avait que pour deux verres et il a envoyé son collègue chercher une autre bouteille. Ça l’a mis en pétard, l’émir ! Cette imprévoyance ! Il est devenu tout rouge, il a sorti une trique en bambou de sous son taoub et s’est mis à battre le valet ! Sans quitter son pouf !
— Ma parole, tu sers mes invités avec des bouteilles vides ! Tu m’as déshonoré, fils de chameau ! Maudite soit la guenon en chaleur qui t’a enfanté ! Et schlag ! il lui fouettait les fesses ! "Pardon, pardon…", répétait l’Indien.
— Chien galeux ! Babouin ! Tu m’as humilié !
Et schlag ! schlag ! J’ai voulu intercéder. Je le trouvais un peu sévère, l’émir ! Je sais bien que ça ne me regardait pas mais quand même… On n’était pas à cinq minutes près, rapport au roteux !
— Noble Excellence, tout ça n’est pas bien grave…, j’ai dit. Et puis comme ça on aura comme qui dirait du roteux bien frais…
Il a rangé son boudin et m’a lancé un regard étonné. Il s’est renfoncé dans son pouf en soupirant, a essuyé une petite goutte de sueur qui perlait sur son front.
— Par Allah, j’aime les preux qui défendent les opprimés, a-t-il dit. Ton cœur est rempli de noblesse et de générosité, je lis dedans comme dans un livre. Viens donc t’asseoir à côté de moi…
Il tapotait son pouf de ses doigts emperlousés. J’ai regardé les copains. Ils m’ont fait signe d’y aller. Je me suis assis à côté de l’émir, collé tout à côté. La deuxième bouteille est arrivée et le valet m’a servi en tremblant.
— Tu es un jeune homme plein de courage, a dit l’émir. Par Allah, mon cœur saigne de t’avoir rencontré si tard dans la vie. Bois ce bon vin de ma vigne si tu veux m’être doux comme le miel.
J’ai bu un coup. Je souriais bêtement. Il m’avait mis une main sur la cuisse qu’il tripotait. Il rentrait demain dans l’Arabie et voulait m’emporter avec lui ! Il voulait me couvrir de cadeaux. M’offrir des dizaines de petits garçons espiègles et des chameaux !

Il s’est mis à me parler de ses palais et de ses restaurants, il en avait quinze répartis un peu partout au milieu du désert, sans compter ceux de New York, Paris et Hong Kong (et les palaces, les hôtels particuliers, les châteaux, les vignes – cinquante hectares en Champagne !). Ses restaurants étaient les meilleurs du monde, avec chacun à sa tête un chef français étoilé payé 100 000 dollars par mois. Il se réunissait parfois avec d’autres émirs pour déguster de délicieuses pizzas surgelées et boire du Coca-Cola bien frais, une fois dans l’un, une fois dans l’autre. Le reste du temps, les restaurants étaient vides, déserts, serait-on tenté de dire. Les chefs changeaient les menus tous les jours, importaient des produits de luxe de l’autre bout du monde, préparaient les meilleurs plats et balançaient le tout à la poubelle en fin de soirée. Les maître d’hôtel, chef de rang, demi-chef de rang, commis de rang, trancheur, chef sommelier, sommelier, barman, caissier, responsable vestiaire, portier, chasseur étaient toute la journée à leur poste, dressant le couvert au cordeau et le débarrassant, changeant les bouquets de fleurs tous les matins, passant des mois sans voir personne et balayant sans cesse le sable du désert qui s’infiltrait partout. Il collectionnait les voitures, aussi. Anciennes : De Dion Bouton 1903, Panhard Levassor 1911, Ford T 1924, Lincoln 1928… mais aussi actuelles : Aston Martin Vanquish, Lamborghini Murcielago, Rolls-Royce Phantom (son péché mignon !) et des Maybach, des Mercedes SLR McLaren, des Porsche Carrera ; une Koenigsegg CCX, une Ferrari Enzo, et deux Bugatti Veyron, la voiture la plus chère du monde ! Et la jeep Wrangler de "Jurassic Park" rachetée à Spielberg repassée par Madoff ! Un grand enfant ! Il organisait des courses amateurs avec ses trente-quatre fils dans le désert, abandonnant les voitures quand elles étaient en panne d’essence. On se marrait bien par là-bas ! Mais il voyageait beaucoup aussi car Allah en avait décidé ainsi. Il passait son temps entre son Arabie natale et Paris, New York, Londres et Hong Kong, à la recherche de la perle rare.
— Vous voyagez sur quelle compagnie ? a demandé Ollier, histoire de participer à la conversation.
Il est resté pantois, l’émir. Il a regardé Ollier, il a commencé par grincer, il a souri, il a ouvert la bouche et soudain il a explosé de rire. Il tapait sur sa grosse bedaine, plié en deux. Il n’en revenait pas du gag. Il répétait : "Sur quelle compagnie ?" entre deux hoquets, il en chialait, je crois même qu’il s’est pissé dessus sous son drap !
— Com… Com… Compagnie !
Et ouh ouh ouh houahaha hihi ! Il s’est versé son verre de Coca-Cola sur la tête, il n’arrivait plus à s’arrêter, il donnait des coups de poing dans le pouf, et sur ma jambe ! Il disait qu’il n’avait jamais autant ri de sa vie ! Et puis il s’est repris :
— Fils de chien, tu m’as fait abuser du rire qui corrompt les cœurs ! Je devrais te faire fouetter ! Mais par Allah, j’ai passé un doux moment…
Il a sorti un carnet de chèque et a signé un chèque de 100 000 euros qu’il a tendu à Ollier, avant de nous congédier d’un geste de la main, de s’essuyer le crâne avec un grand mouchoir et de claquer des doigts pour qu’on lui apporte un autre verre de Coca-Cola bien frais. L’émir Habib ben Habib ben Hibn ibn Habib ibn Hibn possédait la plus grande flotte de jets privés du monde. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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Repentance

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03/07/2022

Ne sommes-nous pas modernes ?

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« Il était chaud, Bassefosse ! Désirs tordus des aubes, pulsions brutales, envies des viandes.
Il lui pelotait les miches, les bons jambons, la bonne chair dure et sportive. J’ai des idées, qu’il disait. Des drôles d’idées, moitié brutales, moitié guili-guili ! Ravager, semer, l’appel de la fente, l’ivresse ! Dégobiller du zob : unique passion depuis la caverne. Costume-cravate n’y changera rien. — Oh mais pardon, merci vraiment, je me sens tout à fait normal à présent, revenu de mes penchants mesquins, amateur de la beauté contemporaine…
Il promenait la main dans la raie, palpait, massait, empoignait, farfouillait. Je m’attendais à un réflexe karaté, Bassefosse envoyé dans les étoiles, quelques os qui craquent… mais nib, l’infirmière rigolait, se mordillait la lèvre, soupirait en féline, goûtait l’assaut ! Salope deux fois ! Bassefosse l’émoustillait… Il la serrait de plus en plus, soufflant chaud dans le cou, effleurant de sa bouche humide son oreille ; la main courait dessous la blouse, cherchant rondeurs, crevasses, protubérances… la voilà qui chatouille entre les cuisses… Protubérance ? Bassefosse a bondi en arrière dans un cri ! Il avait l’air sonné, comme assommé par la décharge électrique… Il s’est repris, s’est redressé, a resserré son nœud de cravate, toussé un peu :
— Mais vous avez une bite, mademoiselle ? J’exige des explications.
— Vraiment ? Et alors ? Ne sommes-nous pas en 2014 ? Êtes-vous pudibond ? Antisémite ? Opus Dei ? Coincé du cul ? Encore plus salopiot qu’un SA ? 

Une bite ! L’infirmière avait une bite ! Pour un coup de théâtre ! Ollier s’est levé. On s’est approchés tous les deux, à pas de loup, les yeux fixés sur l’anatomie controversée. La blouse semblait faire bosse en effet ! Grosse bosse !
— Ne seriez-vous pas plutôt une petite menteuse effrontée ? a demandé Ollier.
— Par saint Georges, zut à la fin ! a crié Milou en se débraguettant.
— Ah !
On a hurlé tous les trois ! Elle avait une bite en effet ! Une grosse bite ! Une ignoble queue qui bande tordue ! Ah, la salope ! Oh, le salaud ! Et turgescente ! Avec des couillons et des poils ! Modernité !
— Mais… mais… vous êtes donc un mâle ? a dit Ollier.
— Voyez-moi ce vilain moyenâgeux, a répondu Milou. Obscurantiste croisé, ami des ténèbres du passé.
Elle a ouvert sa blouse, découvrant ses pastèques.
— Je vous le demande, messieurs les censeurs, sont-ce là vraiment des rondelets mâles ?
Bassefosse s’est mis à les peloter avant de les soupeser.
— Pour moi, il n’y a pas de doute, c’est de la femelle, il a répondu.
Ollier avait les yeux écarquillés. Son regard passait des roberts à la cornemuse. Il se grattait le crâne.
— Mademoiselle, ne le prenez pas mal, mais j’ai une question importante à vous poser : êtes-vous par hasard un gros pédé ?
— Vous faites fausse route, mon cher ami. Les préjugés vous aveuglent. Vous pensez comme les hommes des cavernes, esclaves de leur corps et de la nature. Moi, je ne laisse pas la nature me commander. Je me suis libéré(e) de cette tyrannie. À présent, je suis homosexuel(le) bien sûr, mais aussi lesbien(ne) certains jours, bisexuel(le) quand le désir m’en prend, transgenre toujours, transsexuel(le) à mes heures, queer et curieux(se) de tout, pansexuel(le) gourmand(e) questioning quand je déprime, intersexuel(le) au fond, et même asexuel(le) le dimanche. Et, puisqu’on y est, je trouve tout à fait crapuleuse et patriarcale votre manière de m’appeler sans cesse "mademoiselle". Appelez-moi plutôt "individu" si cela ne vous dérange pas. Ou mieux : "individu LGBTTTQPQIAA", ce qui est ma véritable identité.
— Très bien, cher individu LGBTTTQPQIAA, a répondu Bassefosse qui continuait à lui peloter les miches.
— Du reste, ne croyez pas que ce soit si facile d’être libre, a ajouté Milou. Mes droits sont constamment bafoués.
— Bafoués ? Diable. Cette société ne respecte vraiment rien, a soupiré Bassefosse.
— Tel (le) que vous me voyez, figurez-vous que pas plus tard qu’hier, on m’a interdit l’entrée d’une pissotière.
— Non ?
— Oui. Et je dois ajouter que ce n’était malheureusement pas la première fois.
— C’est honteux, a dit Bassefosse. Et quelles raisons vous a-t-on données pour justifier cette discrimination manifeste ?
— Celles que vous tripotez.
— Je vois.
— Mais ça ne se passera pas comme ça, vous pouvez me croire. J’ai alerté les associations. Ne sommes-nous pas le pays de l’égalité des droits ? N’en déplaise aux fanatiques, je lutterai pour les miens, dussé-je aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme. J’ai un phallus, j’estime avoir le droit de fréquenter les pissotières !
— Ce cher Milou pugnace, a dit Bassefosse qui léchait maintenant les mamelles.
— Dans un sens, le raisonnement se tient, a dit Ollier.
— Oui, mais il y a tout de même les rondelets, ai-je fait remarquer. Ça pourrait traumatiser l’usager.
— Taratata, m’a coupé l’infirmière. Je sais faire mes petits besoins debout, il n’y a donc aucune raison juridique de m’interdire l’entrée des pissotières. J’en fais une question de principe et de dignité personnelle. Le temps du mépris et de la honte est révolu !
— C’est un problème complexe, a reconnu Ollier.
— Dans un sens, c’est même philosophique, a ajouté Bassefosse.
La fille s’est levée à son tour et s’est lentement approchée de nous en bâillant.
— On va rester longtemps ici ? elle a demandé. Je suis fatiguée.
— Dites donc vous, ça n’a pas l’air de vous intéresser plus que ça que l’infirmière ait une bite ? ai-je fait remarquer.
Elle a haussé les épaules.
— Une bite d’homme ou une bite de femme, où est la différence ? a-t-elle murmuré.
J’ai réfléchi. Après tout, c’est peut-être elle qui avait raison. Ne sommes-nous pas modernes ? »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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De son temps...

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Ne pas être de son temps c’est accepter sa solitude…

 


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02/07/2022

Manipulation...

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Seine Saint-Denis 2050…

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"Il est temps de changer votre regard sur la Seine Saint-Denis." (Charles-Amédée, animateur social à la MJC de Montreuil)

 


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01/07/2022

Déclassement

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Les descendants de ceux qui ont construit la France vont être éduqués par ceux qui ont construit des cases.
Si ça, ce n'est pas du déclassement ou de la tiers-mondisation, je me demande bien ce que cela peut bien être.

 


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