06/02/2023
Pénurie... Consommation...
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05/02/2023
Restez couchés...
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Démocratie
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Saviez-vous... ?
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04/02/2023
L'Enfer...
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Dangerosité
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03/02/2023
Muslim Nightmare...
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Une langue magnifique...
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L'éducation des enfants passe par leurs jouets...
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02/02/2023
Poland...
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Maintenance
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Maitrise de soi
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L'AMI. — Un de tes malheurs consiste à t'identifier complètement avec tes impressions du moment.
— N'est-ce pas là plutôt une force et ce que la franchise réclame ?
L'AMI. — Sans doute, c'est une force que de vibrer avec énergie à tout contact et de traduire avec entrain l'impression ressentie. Une des conditions d'une vie saine est là. Ceux-là seuls ont de la chaleur et savent en communiquer, qui ressentent profondément et traduisent avec simplicité et de toute leur âme.
— Alors que me veux-tu ? Lorsque je pleure, je ne dérobe pas mes larmes ; lorsque je ris, je ne cache pas mes dents. J'y vais de tout coeur. Pour dire ma sympathie, je ne mets pas de sourdine, et pour exprimer mon indignation, je ne mets pas de gants. Tu trouves cela mauvais ? Ce jugement mesurprend. N'est-ce pas de toi que j'ai appris la vie droite, la parole sans fard, cette vérité de tout l'être qui nous habitue à vivre et penser au grand jour ? Aurais-je ton approbation, si je ne me donnais pas avec entrain et tel que je suis ; si je m'enveloppais de réserve, de demi-teintes, d'hésitations ? Me serrerais-tu la main,si, quand je la donne, j'avais en même temps l'air de la retirer ?
L'AMI. — Nous sommes d'accord en tout cela. Je ne te demande pas de dissimuler, mais de te gouverner. Si tu es l'esclave de tes impressions, ta franchise même peut fairedumal.il ne fautpas se détacherde ce que l'on ressent, ni faire tout ce qu'on fait, comme ne le faisant pas. Ce serait inhumain, et tout ce qui est inhumain est mauvais. Mais autre chose est de faire corps avec ses impressions, autre chose de s'y livrer. Dans tes rapports avec tes semblables, si tu veux rester juste, domine-toi, sois maître de toi ! Souviens-toi que tu es sujet à te tromper ! Souviens-t'en surtout lorsque tu conçois une opinion défavorable ! N'as-tu pas fait l'expérience que les impressions se suivent sans se rassembler ? Rien n'égale leur mobilité, surtout chez ceux qui les ont vives. A quel résultat prétends-tu aboutir en te livrant tour à tour et sans réserve aux effets contradictoires ressentis, leur donnant à toutes une traduction aussi énergique que possible? Ce sera de l'incohérence, et ce que tu nommes franchise n'aura servi qu'à faire de toi une énigme pour les autres. Il faut se gouverner, réfléchir à soi, ne pas donner tête baissée dans une direction, et cela par franchise autant que par sagesse. Mais j'avouerai que je ne pensais à aucune de ces choses en t'adressant ma critique amicale. Ta réponse seule m'a conduit à ces réflexions. Voici ma préoccupation à ton endroit, pour ce qui concerne la vivacité des impressions. Trop facilement, tu suis certaines sugges- tions sombres des événements ou de la vie humaine. Et devant des faits regrettables et tristes qui te frappent, ta vue se trouble. Une brume noire et froide envahit ton âme. Tout te semble perdu, parce que le soleil s'est dérobé et que les contours familiers des objets se sont altérés. Déconcerté, égaré, tu souffres alors un martyre sans nom. L'épaisseur de tes nuits menace d'étouffer ton espérance. Cela est mauvais : il faut y remédier. Apprends à te dominer, à maintenir tes sentiments à leur rang! Tout ce que Dieu t'a fait voir de lumineux sera-t-il effacé par une heure de ténèbres ? Accorderas-tu à tes impressions un tel crédit, qu'il suffira que l'une d'elles soit bien noire pour détruire tout le reste à tes yeux ? Et ton âme serait-elle semblable à la surface des eaux changeantes où subsiste seulement le sillage du dernier navire ? Aspire à mieux !
— A qui le dis-tu ? Je souffre cruellement de cet empire des dispositions momentanées. Toute réalité nette m'en impose. Son empreinte est telle, sur le fond sensible de mon être, qu'elle prend, pour une heure, toute la place. Or une heure suffit à faire une folie, à s'abandonner au désespoir, à manquer de fermeté dans son devoir. Il y a des jours où je sens le monde crouler sur moi. Comme les messagers de malheur se succédant auprès de Job, des rencontres déconcertantes, des paroles d'égarement, des scènes où triomphent le mal et le désordre, frappent successivement aux portes de mon âme, et bientôt je suis la proie de leurs sinistres Annonces. C'est une maladie. Autant au sein des difficultés pratiques je me suis senti encouragé et soutenu parfois au-dessus de toute attente, autant je me sens faible à réagir contre ces dispositions pessimistes. J'en suis venu à admirer comme des héros tous ceux qui savent garder une âme plus égale.
L'AMI. — Ceux-là ne sont pas toujours des héros, mais simplement des êtres aux nerfs épais. Tu ne saurais te procurer leur cervelle, ni changer la tienne. Mais surveille-toi mieux d'abord ; ensuite appuie-toi sur Dieu ! Sache te souvenir que si tes impressions du moment sont noires, elles n'ont qu'une valeur relative et très limitée ! Ne leur permets pas de voiler le monde ! Ce sont des lambeaux de brouillard qui traînent sur toi. La nuit que tu aperçois n'est qu'une tache dans le jour infini. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
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Engagé
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01/02/2023
Sa Majesté
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Prière
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ô Dieu, que ta figure paternelle me sauve de la face indéchiffrable des noires fatalités ! Ne laisse pas mon âme s'user contre l'incompréhensible, l'incohérence et la brutalité, l'injustice des hommes et des choses ! Mets dans mon coeur ta clarté familière ; donne-moi ta paix, malgré le chaos où je me débats ! Fais-moi comprendre que le désordre tient à mon point de vue ! A ma hauteur, tout est embrouillé. Plus haut apparaît l'harmonie. Sauve-moi du désordre de ma pensée ! »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
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L'idéologie
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Vaffanculo !
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Vestiaires
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Du pain...
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Bientôt dans vos assiettes...
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31/01/2023
La vie de couple...
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Volonté de Dieu
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L'HOMME. — Heureux celui qui peut dire avec simplicité : "Que ta volonté soit faite !"
L'AMI. — Oui, car il se repose dans l'éternel, et l'agitation éphémère ne trouble plus sa paix. Il a jeté l'ancre sur le roc. Prenons garde, cependant, de ne point nous abuser ! Pour quelques-uns, la volonté de Dieu c'est le "fait accompli". Il suffit qu'une chose soit arrivée, pour qu'ils y voient le doigt de Dieu. Il l'a voulue, permise du moins, autrement elle ne serait pas. Ceci est très grave. Il y a là de quoi nous plonger dans le marasme, l'immoralité, le doute horrible. Mais il faut reconnaître que le raisonnement est simple et paraît irréfutable.
Un pays se gouverne lui-même par le concours de ses enfants, et jouit de toutes les libertés. Soutenu par une conspiration, un tyran entreprend de renverser les institutions que ce pays s'est données. Si les citoyens font bonne garde, sa tentative échoue. Mais si le contraire arrive, si elle réussit, ce nouveau gouvernement sera-t-il légitime, par cela même qu'il a pratiqué l'usurpation avec succès ? Pourra-t-on, en vérité, lui appliquer la parole singulièrement facile à exploiter : Toute autorité vient de Dieu ? La veille, tous les honnêtes gens avaient pour devoir de le combattre. Le lendemain, ils doivent acclamerleur vainqueur. Quelleest la conscience droite qui ne se soulève, en face d'une semblable prétention ? Je crois qu'il faut suivre sa conscience et faire opposition.
Tu t'es bâti une maison, à force d'économies, et tu l'habites en paix avec tes enfants. Le feu du ciel y tombe et la consume, que feras-tu ?
Il est des contrées où de telles demeures ne sont jamais rebâties. Non pas que leur emplacement ait été reconnu dangereux, à la suite d'une première catastrophe. Mais le feu du ciel semble une manifestation directe de la volonté divine. Relever ce qu'il a détruit est un acte de révolte contre Dieu.
Lorsque Franklin trouva le paratonnerre, on vit son invention de mauvais oeil, dans certains milieux dits pieux. Cet homme ne tentait-il pas d'enlever à Dieu une de ses principales armes de châtiment ? A suivre ce raisonnement, dont la forme est loin d'être absurde ou impie, on en arriverait à considérer comme sacrilège l'arrosage des jardins ou l'irrigation des prairies en temps de sécheresse. S'il plaît à Dieu de refuser la pluie à la terre, de quel droit y supplées-tu par ton industrie ?
Dans le même ordre d'idées, assainir un marais, percer un tunnel, détourner le lit d'un fleuve, sont des infractions à l'ordre établi par Dieu.
Quelques-uns n'usent d'aucun remède dans leurs maladies, et réprouvent l'art du médecin. D'autres soignent les malades, mais ils suffit que ceux-ci meurent, pour que leur fin apparaisse comme un accomplissement de la volonté de Dieu. Si tel est le cas, pourquoi soignez-vous les malades ? N'est-ce pas une façon d'entraver la volonté divine ? Si elle veut leur guérison, ils se rétabliront, même sans soins ; si elle veut leur mort, tous vos soins seront inutiles. Que pourrait-on bien objecter contre ce raisonnement ? Absolument rien. Pourquoi donc n'a-t-il jamais prévalu, même auprès des hommes les plus résignés à la volonté de Dieu ? C'est parce que, juste en apparence, il est impie au fond. On ne saurait ériger le fatalisme en règle de l'homme. Si de telles théories sont vraies, pourquoi donc as-tu une intelligence, un vouloir ? La volonté de Dieu est que le bien soit. A notre égard, elle est le salut. Voilà qui est vrai, d'une vérité absolue. Mais c'est une entreprise pleine de péril, de vouloir interpréter en détail cette volonté et de se servir de son propre doigt pour indiquer celui de Dieu. De graves méprises, de cruelles injustices résultent infailliblement de cette prétention. Elle est odieuse surtout, quand elle s'exerce sur la destinée des autres. Dire que Dieu a frappé un tel, châtié telle nation ; traduire les intentions divines cachées dans les événements historiques, comme les reporters traduisent la volonté des souverains et des hommes d'État, à travers ce qui apparaît de leurs combinaisons, quelle oeuvre d'orgueil et de folie, de la part de la créature ! Que le prophète a bien dit, qui a mis dans la bouche de Dieu cette déclaration si vraiment empreinte d'humilité humaine : "Mes pensées ne sont pas vos pensées !"
L'HOMME. — Mais, à ce compte, nous sommes absolument incapables de savoir quelle est la volonté de Dieu ?
L'AMI. — Non pas, mais il n'a chargé personne de nous expliquer son plan par le détail. La clef du monde et des destinées est trop colossale, pour que les mains d'une créature la soulèvent. N'est-il pas suffisant de savoir que Dieu veut faire concourir toutes choses à notre bien, même le mal que nous font nos ennemis, contrairement à sa volonté. Il n'est donné à personne de sortir de l'Univers, d'orga- niser une création dans la création. Le poète a dit : "Et l'oiseau le plus libre a pour cage un climat."
L'homme le plus méchant, le plus absolument insurgé contre l'humanité et contre Dieu, vit et meurt au sein des lois éternelles. Il en arrive à contribuer à l'équilibre qu'il essaie de détruire, comme le menteur, par ses artifices, accumule les matières inflammables pour le jour de la lumière. Personne ne se permettra de dire, cependant, que le menteur ment au service de Dieu et par son ordre. Non, il ment à son compte, mais il tombe malgré lui dans l'addition d'où résultent sa faillite et la victoire de la vérité.
— Et comment me résumeras-tu ma ligne de conduite ?
L'AMI. — Voici : Tu es un mousse à bord d'un bâtiment colossal dont les dimensions mêmest'échappent. Mais tu as ta bonneconsigne à exécuter à ton poste. Agis, en toute circonstance, selon tes meilleures lumières loyalement consultées ! Tu seras sûrement alors dans la ligne indiquée par celui qui tient le gouvernail. Le vaisseau est solide, le capitaine bon. Tu peux avoir confiance. Rien de définitivement mauvais ne peut t'arriver, ni à toi ni aux tiens. Toutes les plus rudes péripéties ne sont que des incidents de route. La volonté qui nous guide et contre laquelle rien ne prévaudra est "qu'aucun de nous ne périsse". Les cheveux mêmes sur notre tête sont comptés. Travaille, lutte, peine, et puis repose-toi sur l'Éternel ! Et si parfois tu es obligé de dire en pleurant : "Que ta volonté soit faite !" parce que tu auras les mains en sang et le coeur déchiré, tu ne le diras pas comme un écrasé résigné à l'écrasement, mais comme le vaincu d'aujourd'hui, certain de la victoire future. »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
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Quand mille personnes hurlent la même chose...
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30/01/2023
Enculé...
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Résignation
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« — Que faut-il penser de la résignation ?
L'AMI. — Expliquons-nous ! Si, par ce mot, tu devais entendre la disposition passive, décidée à tout supporter, je te mettrais en garde contre ce vice. Être d'avance décidé à se laisser faire, à accepter tout ce qui plaira aux événements ou ce que décréteront sur nous les volontés des hommes, n'est pas digne de nous. Es-tu un instrumentaux mains d'un autre, une pâte à pétrir selon son caprice ? Non, tu es quelqu'un, et tu dois compter. Même en passant sur toi, les forces supérieures sentiront que tu es là. Il ne leur est pas accordé de t'annihiler. Sois donc ce que tu es, une énergie consciente se sentant tenue d'agir pour le bien ! Garde avec soin le tourment du mieux qui habite en toi ! Ose affirmer ce que tu aimes, ce que tu sais juste ! Ne crains pas de dire ta conviction et, s'il le faut, de la crier. Sache qu'il est des heures où se résigner au silence est une lâcheté ! Lève-toi, insurge-toi, et si la force de compression grandit, que ta résistance grandisse avec elle jusqu'à l'explosion !
On a fait tort à la résignation, en abritant sous ce nom la paresse d'esprit, l'indifférence, l'amour de la paix à tout prix, la perpétuelle capitulation devant les obstacles et la menace. L'humeur passive qui jamais ne résiste a été appelée : bon esprit. Mensonge que tout cela, pour excuser les âmes sans vigueur et rendre faciles toutes les tyrannies ! Arrière Cette résignation qui souvent, ô ironie ! est tout simplement la résignation à la douleur des autres ! Ce qu'il faut crier sur les toits, c'est l'insurrection de l'esprit contre toutes les forces contraires. Jamais ne nous contentons du "statu quo", sous prétexte qu'il est le calme, l'ordre, la convention respectée, car il est, hélas ! un oreiller de mollesse pour les satisfaits et une couronne d'épines pour les opprimés ! La résignation au "statu quo", c'est l'injustice perpétuée, le droit tombé en prescription, l'iniquité sociale érigée en ordre social, les vieilles erreurs consacrées en formules et imposées comme vérités.
Qui donc nous a dit que le christianisme enseignait cette résignation-là ? Il serait bien loin de ressembler à son fondateur. Jésus était un lutteur toujours prêt, un arc toujours tendu, indomptable, animé d'une immense espérance de vaincre, un jour, le mal et de transformer la terre en un royaume de Dieu. Il a comparé son esprit au levain, c'est-à-dire à la chose du monde la plus active et la plus énergique, n'ayant de repos que lorsqu'il a fait lever la pâte. Et cet esprit n'a jamais accepté de compromis avec rien ni personne. Intangible, incorruptible, il n'a pas abaissé son idéal sublime au niveau des égoïsmes et des prétentions d'un monde résigné à sa propre médiocrité. Aucun effort ne lui a semblé trop dur, aucune bataille trop rude, aucune souffrance ne l'a fait reculer.
Depuis qu'il est entré dans l'histoire, il a été de toutes les levées de boucliers pour la lumière, la liberté, la fraternité. Le bien a toujours été accompli par ceux qui ne pouvaient prendre leur parti d'un état de choses offensant leur conscience. Et de ceux-là, il faut en être.
Mais eux seuls aussi connaissent la résignation véritable. Et voici en quoi elle consiste : Elle consiste à accepter les conditions de l'existence, quitte à en tirer le meilleur parti possible. Les révoltés n'acceptent pas la vie, ils la maudissent, la méprisent et passent leur temps en récriminations. Ils perdent la vie, aussi bien que les trop résignés.
La vraie résignation prend la vie telle qu'elle est, comme inévitable point de départ. Mais elle commence aussitôt à la transformer, je compare l'existence, avec ses douleurs et ses difficultés, à un champ à défricher. L'être passif se couche dessus, le révolté s'y promène en maugréant. Nous autres, nous l'acceptons : en attendre un autre serait une illusion vaine ; mais nous y mettons immédiatement la pioche et la charrue.
L'HOMME. — N'y a-t-il pas cependant des choses auxquelles on ne peut rien changer ? La mort de ceux qu'on aime, par exemple.
L'AMI. — Non, ces faits n'existent pas. Même la mort est transformable. Toute calamité, toute douleur, tout deuil est un champ inculte. Ce que vous appelez la fatalité, dans votre esprit enténébré, est un terrain où il s'agit de porter le pic. Notre espérance de vaincre est illimitée. Toute chose dépend de la forme qu'elle prend dans l'esprit. Même la mort peut s'y transformer en vie, et la fatalité peut devenir un élément de libération. Il nous faut labourer.
Vois ce rocher nu, aride. Rien n'y germe.
Demain, grâce aux spores qu'apporte le vent, un lichen presque imperceptible y naîtra. De sa poussière se nourrira une mousse. Elle vivra d'air et de l'eau du ciel, mais le rocher lui cédera des parcelles. Après la mousse, une graminée germera, et les végétations mourront les unes sur les autres, laissant après elles de quoi en faire vivre d'autres. Un jour, sur cette pierre, une forêt surgira. De,leur effort, les plantes auront créé la terre. Voilà ce que l'homme fait de la fatalité. Pas de caillou qui ne finisse par le nourrir !
Résignons-nous donc au champ austère, à la pluie, au vent, mais labourons, labourons tou- jours, labourons tout, et le désert lui-même fleurira ! »
Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs
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