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12/08/2012

Apprécier le silence, la seule réalité, l'unique forme d'expression...

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« En arriver à ne plus apprécier que le silence, c'est réaliser l'expression essentielle du fait de vivre en marge de la vie. Chez les grands solitaires et les fondateurs de religions, l'éloge du silence a des racines plus profondes qu'on ne l'imagine. Il faut pour cela que la présence des hommes vous ait exaspéré, que la complexité des problèmes vous ait dégoûté au point que vous ne vous intéressiez plus qu'au silence et à ses cris.

La lassitude porte à un amour illimité du silence, car elle prive les mots de leur signification pour en faire des sonorités vides ; les concepts se diluent, la puissance des expressions s'atténue, toute parole dite ou entendue repousse, stérile. Tout ce qui part vers l'extérieur, ou qui en vient, reste un murmure monocorde et lointain, incapable d'éveiller l'intérêt ou la curiosité. Il vous semble alors inutile de donner votre avis, de prendre position ou d'impressionner quiconque ; les bruits auxquels vous avez renoncé s'ajoutent au tourment de votre âme. Au moment de la solution suprême, après avoir déployé une énergie folle à résoudre tous les problèmes, et affronté le vertige des cimes, vous trouvez dans le silence la seule réalité, l'unique forme d'expression. »

E.M. Cioran, Sur les cimes du désespoir

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Il est évident que la vérité existe

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« Il est évident que la vérité existe, car celui qui nie que la vérité existe concède par le fait même qu’elle existe; car si la vérité n’existe pas, ceci du moins est vrai : que la vérité n’existe pas. Or, si quelque chose est vrai, la vérité existe. Or Dieu est la vérité même, selon ce que dit Jésus en Jean (14, 6) : "Je suis la voie, la vérité et la vie." Donc l’existence de Dieu est évidente. »

Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Prima Pars, question 2, point 3

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11/08/2012

Et je méditais sur ma condition, perdu dans le désert et menacé

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« Mais le plus merveilleux était qu'il y eût là, debout sur le dos rond de la planète, entre ce linge aimanté et ces étoiles, une conscience d'homme dans laquelle cette pluie pût se réfléchir comme dans un miroir. Sur une assise de minéraux un songe est un miracle. Et je me souviens d'un songe...

Echoué ainsi une autre fois dans une région de sable épais, j'attendais l'aube. Les collines d'or offraient à la lune leur versant lumineux, et des versants d'ombre montaient jusqu'aux lignes de partage de la lumière. Sur ce chantier désert d'ombre et de lune, régnait une paix de travail suspendu, et aussi un silence de piège, au coeur duquel je m'endormis.

Quand je me réveillai, je ne vis rien que le bassin du ciel nocturne, car j'étais allongé sur une crête, les bras en croix et face à ce vivier d'étoiles. N'ayant pas compris encore quelles étaient ces profondeurs, je fus pris de vertige, faute d'une racine à quoi me retenir, faute d'un toit, d’une branche d’arbre entre ces profondeurs et moi, déjà délié, livré à la chute comme un plongeur.

Mais je ne tombai point. De la nuque aux talons, je me découvrais noué à la terre. J’éprouvais une sorte d’apaisement à lui abandonner mon poids. La gravitation m’apparaissait souveraine comme l’amour.

Je sentais la terre étayer mes reins, me soutenir, me soulever, me transporter dans l’espace nocturne. Je me découvrais appliqué à l’astre, par une pesée semblable à cette pesée des virages qui vous appliquent au char, je goûtais cet épaulement admirable, cette solidité, cette sécurité, et je devinais, sous mon corps, ce pont courbe de mon navire.

J’avais si bien conscience d’être emporté, que j’eusse entendu sans surprise monter du fond des terres, la plainte des matériaux qui se réajustent dans l’effort, ce gémissement des vieux voiliers qui prennent leur gîte, ce long cri aigre que font les péniches contrariées. Mais le silence durait dans l’épaisseur des terres. Mais cette pesée se révélait, dans mes épaules, harmonieuse, soutenue, égale pour l’éternité. J’habitais bien cette patrie, comme les corps des galériens morts, lestés de plomb, le fond des mers.

Et je méditais sur ma condition, perdu dans le désert et menacé, nu entre le sable et les étoiles, éloigné des pôles de ma vie par trop de silence. Car je savais que j’userais, à les rejoindre, des jours, des semaines, des mois, si nul avion ne me retrouvait, si les Maures, demain, ne me massacraient pas. Ici, je ne possédais plus rien au monde. Je n’étais rien qu’un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer...

Et cependant, je me découvris plein de songes.

Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d’abord, la douceur qui m’envahissait. Il n’y eut point de voix, ni d’images, mais le sentiment d’une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et m’abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire.

Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j’aimais. Peu importait qu’elle fût éloignée ou proche, qu’elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m’abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu’elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n’étais plus ce corps échoué sur une grève, je m’orientais, j’étais l’enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l’avaient animée. Et jusqu’au chant des grenouilles dans les mares qui venait ici me rejoindre. J’avais besoin de ces mille repères, pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences était fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles même se taisaient. Non, je ne logeais, plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu’un message froid. Et ce goût même d’éternité que j’avais cru tenir de lui, j’en découvrais maintenant l’origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s’entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige. Elle s’entrouvraient sur des provisions glacées de neige. La vieille gouvernante trottait comme un rat de l’une à l’autre, toujours vérifiant, dépliant, repliant, recomptant le linge blanchi, s’écriant : "Ah ! mon Dieu, quel malheur", à chaque signe d’usure qui menaçait l’éternité de la maison, aussitôt courant se brûler les yeux sous quelque lampe, à réparer la trame de ces nappes d’autel, à ravauder ces voiles de trois-mâts, à servir je ne sais quoi de plus grand qu’elle, un Dieu ou un navire. »

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes

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10/08/2012

Le temporel est toujours le lit de camp du spirituel

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« On finit par se laisser prendre à un orgueil aussi naturel ; aussi simplement exprimé, et pourtant avec une pareille audace ! Les anciens qui parlaient des actes de Dieu accomplis par le moyen des Francs auraient trouvé belle, sans doute, cette manière de s’exprimer. Et comme nous sommes loin, ici, de l’abstraction ! Il arrive, en effet, que les clercs qui parlent de la mission de la France, du rôle de la France, finissent par confondre la France avec on ne sait quelles idées pâles et vagues. Ici, le contact n’est jamais perdu avec la réalité charnelle. Non que l’on puisse, à mon avis, reprocher sérieusement à Péguy de tomber dans le péché inverse. Il n’oublie pas les hautes régions de l’universalité. Il ne dit pas que les cathédrale ou la croisade sont belles uniquement parce qu’elles sont françaises. Il dit que la France est belle et grande, entre autres choses, d’avoir incarné une civilisation universelle, d’avoir pu parler à tous les hommes, ce que personne ne niera. Mais en le disant, il ne perd jamais de vue que cette universalité a les couleurs de la pierre française, du fer français, des armes françaises, l’odeur des blés français. Ainsi reste-t-il fidèle à sa grande pensée, si profondément chrétienne et occidentale, que le temporel est toujours le lit de camp du spirituel, et que la cité terrestre est le corps et l’image de la cité de Dieu. Ainsi reste-t-il fidèle au mystère le plus éminent du catholicisme, qui est au centre même de son œuvre, le mystère de l’Incarnation. »

Robert Brasillach, Les quatre jeudis

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09/08/2012

Vie urbaine

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« D’après un rapport publié par l’Organisation des Nations Unies, c’est en 2008 que, pour la première fois dans l’histoire, la population mondiale est devenue majoritairement urbaine. Sans même considérer le simple fait qu’un tel constat soit possible – c'est-à-dire que l’humanité puisse à la fois se quantifier et se localiser, qu’elle soit ainsi intégralement soumise à la statistique – un tel événement n’est guère comparable qu’au passage du nomadisme à la sédentarité qui définit la rupture entre paléolithique et néolithique. Encore ce dernier s’est-il accomplit très lentement […] alors que l’urbanisation de l’humanité s’est traduite par un véritable exode (dit rural) qui en deux siècles à peine a déplacé des centaines de millions d’hommes et changé la face de la terre. La condition urbaine définit donc aujourd’hui la condition de l’homme, le site en lequel il se tient est urbain, et cette première exigence d’une pensée qui se veut lucide est d’éclaircir cette situation nouvelle. Or le trait caractéristique d’un tel site est d’être construit, bâti, édifier : constater que l’homme vit en site urbain, c’est constater qu’il évolue dans un milieu intégralement artificiel. L’espace dans lequel il se déplace, la vitesse de ses déplacements, le rythme de ses activités, les images et les sons qui s’imposent à lui, les messages et informations qu’il reçoit continûment, les matières qu’il touche, la nourriture qu’il consomme, jusqu’à l’air (conditionné ou pollué) qu’il respire, tout est résultat d’une production artificielle ; son rapport à autrui est médiatisé par le système de télécommunication, et ses humeurs elles-mêmes sont maitrisables à volonté par les molécules de synthèse de l’industrie pharmaceutique. Le constat s’impose, selon lequel l’homme ne vit plus au sein de la nature mais dans un système d’objets produits pour une utilisation préalablement déterminée : la nature a disparu, circonscrite aux « espaces verts », aux « ressources naturelles » et à « l’environnement », c'est-à-dire réduite à la fonction qui lui est assigné par cet espace urbain. La distinction entre le naturel et l’artificiel fut pour la première fois formulé dans la pensée grecque, qui opposait « ce qui est par nature » (phusis) et ce qui est par technique (techne) : le basculement de l’humanité de la vie rurale à la condition urbaine, qui l’arrache à un environnement naturel pour la plonger dans un environnement artificiel, peut se définir comme l’avènement du règne de la technique.

Nous sommes en cela les contemporains de la plus profonde mutation qu’ait connue l’humanité depuis le néolithique […]. Cet évènement, d’une rapidité foudroyante, a en effet bouleversé de fond en comble l’existence humaine, à tel point qu’il est difficile d’identifier ce qui demeure de l’histoire ancienne : à une époque où l’Eglise catholique soumet les plus saintes de ses reliques à des tests de datation au carbone 14 et des analyses palynologiques, la religion elle-même subit la domination de la technique, et se trouve ébranlée par elle. La vie d’un homme aujourd’hui n’a plus qu’un lointain rapport avec ce qu’était la vie de ses aïeux deux siècles plus tôt, et ce jusque dans l’intimité de ses croyances. »

Jean VIOULAC, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique

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08/08/2012

Pourri

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Je me sens pourri de l'intérieur au point où mon âme elle-même sentirait mauvais.

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Sous le règne de la pensée unique

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« Formons même une hypothèse franchement scandaleuse : ce qui, depuis 1984 est officiellement diabolisé par les médias sous le nom de populisme (en étant, pour les besoins de la cause, cyniquement amalgamé à deux ou trois thèmes d’origine authentiquement fasciste), c’est, pour l’essentiel, l’ensemble des idées et des principes qui, en 1968 et dans les années suivantes, avaient guidé les classes populaires dans leurs différents combats pour refuser, par avance, les effets qu’elles savaient (ou pressentaient) destructeurs, de la modernisation capitaliste de leur vie. Idées qui, pour cette raison, étaient bien trop radicales pour être –sous quelque forme que ce soit- intégrées au paradigme libéral-libertaire des nouvelles élites de la mondialisation.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre "Volem viure al païs", qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde.

Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits.  C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer  (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange.

Ce sera, on le sait, la célèbre lutte contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion, lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation  d’un "Front National" dans le nouveau paysage politique.

C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »

Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance

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07/08/2012

Silence

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Je voudrais trouver ma conversion au silence, que ce silence soit une profondeur musicale et que Dieu, s'il lui plaît, m'y parle avec abondance dans le secret de mon coeur.

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Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire

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« Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous. Ils essaient de s'en débarrasser de leur peine, sur l'autre, au moment de l'amour, mais alors ça ne marche pas et ils ont beau faire, ils la gardent tout entière leur peine, et ils recommencent, ils essaient encore une fois de la placer. "Vous êtes jolie, Mademoiselle", qu'ils disent. Et la vie les reprend, jusqu'à la prochaine où on essaiera encore le même petit truc. "Vous êtes bien jolie, Mademoiselle !..."
Et puis à se vanter entre-temps qu'on y est arrivé à s'en débarrasser de sa peine, mais tout le monde sait bien n'est-ce pas que c'est pas vrai du tout et qu'on l'a bel et bien gardée entièrement pour soi. Comme on devient de plus en plus laid et répugnant à ce jeu-là en vieillissant, on ne peut même plus la dissimuler sa peine, sa faillite, on finit par en avoir plein la figure de cette sale grimace qui met des vingt ans, des trente ans et davantage à vous remonter enfin du ventre sur la face. C'est à cela que ça sert, à ça seulement, un homme, une grimace, qu'il met toute une vie à se confectionner, et encore, qu'il arrive même pas toujours à la terminer, tellement qu'elle est lourde et compliquée la grimace qu'il faudrait faire pour exprimer toute sa vraie âme sans rien en perdre.
La mienne à moi, j'étais justement en train de bien la fignoler avec des factures que je n'arrivais pas à payer, des petites pourtant, mon loyer impossible, mon pardessus beaucoup trop mince pour la saison, et le fruitier qui rigolait en coin de me voir compter mes sous, à hésiter devant son brie, à rougir au moment où le raisin commence à coûter cher. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

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06/08/2012

Fissure

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J'ai, aussi, cette autre certitude : je sais que je suis parvenu plusieurs fois à rompre le silence des endormis en le faisant voler en mille éclats, autour de moi, à ma portée, dans mon entourage. Cela me suffit.
Il est triste de voir de belles âmes se tasser doucement au fil du temps, devenir aigries et coincées dans des postures idéologiques, par soucis familiale ou par peur de se retrouver seules face à elles-mêmes et d'émettre de tels jugements à mon égard dans l'hypocrite retrait des masques et des intrigues que ce ne sont pas mes oreilles qui sifflent mais mon coeur qui saigne.
Il m'importe par soucis d'excellence et de distinction affirmée, de ne pas me rabaisser à cette désespérance. Je me refuse à cultiver l'amertume à l'endroit où j'ai, jadis, cultivé de l'amour et de l'admiration.

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Sincérité vide

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« Elle parlait à tort et à travers. Elle fait partie de cette culture débile du bla-bla. De cette génération qui est fière de son manque de profondeur. Tout est dans la sincérité du numéro. Sincère, mais vide, totalement vide. C'est une sincérité qui part dans tous les sens, une sincérité pire que le mensonge, une innocence pire que la corruption. Quelle avidité ça cache,  cette sincérité, et ce jargon ! Ce langage extraordinaire qu'ils ont tous, et on dirait qu'ils y croient, quand ils parlent de leur manque de valeur, alors qu'en disant ça ils estiment au contraire avoir droit à tout. Cette impudence qu'ils baptisent faculté d'amour, l'avidité brutale qu'ils camouflent sous la prétendue "perte de leur estime de soi". Hitler aussi manquait d'estime de soi. C'était son problème. L'arnaque que ces jeunes ont montée ! Cette mise en scène de la moindre émotion. Leurs "relations". Ma relation. Il faut que je clarifie ma relation. Dès qu'ils ouvrent la bouche, j'ai envie de grimper aux rideaux. Tout leur discours est un florilège des conneries qui ont traîné ces quarante dernières années. La clôture narrative. Autre cliché, tiens. Mes étudiants n'arrivent pas à maîtriser leur pensée. La clôture narrative ! Ils sont polarisés sur le récit conventionnel avec commencement, milieu et fin - toute expérience ambiguë qu'elle soit, si épineuse, si mystérieuse, doit se prêter à ce cliché de présentateur télé normatif et bien-pensant. Le premier qui me parle de clôture narrative, je vous le recale. Je vais leur en donner, moi, de la clôture narrative, leur chapitre est clos. »

Philip Roth, La tache

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05/08/2012

Brûler

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Nous ne brillons qu'en brûlant, il me semble.

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Bière Delirium Nocturnum

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La "Delirium Nocturnum"...

Rousse et sensuelle comme une femme, d'une belle couleur orange pourprée qui évoque le whisky, cette bière est un piège qui porte bien son nom. Une fois versée dans un verre, la mousse bien qu'épaisse ne subsiste guère longtemps, néanmoins sa floraison aux narines évoque d'emblée un caractère alcoolisé.

En bouche on peut sentir des notes de houblon, des nuances d'écorce, avec des relents de réglisse, d'aromate qui invitent à une ivresse corsée. La senteur est vive mais l'amertume nullement excessive, nous sommes très loin de la Guiness que je ne puis boire au-delà d'un seul verre, bien que j'aime m'y adonner occasionnellement pour m'ouvrir les papilles avant de conclure avec une autre bière. Question de goût.

Le houblon apporte une touche sèche avec une rondeur de miel caramélisé.

Elle se marie fort agréablement, en ce moment même, avec mes chips à la saveur Barbecue.

Les belges sont mes amis...

Savourez... ^^

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Un boeuf qui vole...

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« Un compagnon du jeune saint Thomas d'Aquin dit à celui-ci, en présence d'autres jeunes moines, de regarder par la fenêtre pour voir un boeuf qui vole ; ce que fit le saint, sans ne rien voir, bien entendu. Tout le monde se mit à rire, mais saint Thomas, imperturbable, fit cette remarque: "un boeuf qui vole est chose moins étonnante qu'un moine qui ment." »

Frithjof Schuon, Esotérisme comme principe et comme voie

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Chef-d'oeuvre

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« Remarque d'un chef sioux après la visite d'un musée des beaux-arts: " Vous, les Blancs, vous êtes des hommes étranges; vous détruisez les beautés de la nature, puis vous barbouillez une planche de couleurs et vous appelez cela un chef-d'oeuvre." »

Frithjof Schuon, Avoir un centre

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Une réalité miséricordieuse

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« Derrière l'humble croyance à un paradis situé dans les nuages, il y a au moins un fond de vérité inaliénable, et surtout - et cela est sans prix - une réalité misécordieuse qui ne déçoit jamais. »

Frithjof Schuon, Regards sur les mondes anciens

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04/08/2012

Les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages

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« On ne rêve que lorsque l'on dort. Ce sont des mots comme celui de rêve, néant de la vie, passage terrestre, la préposition peut-être, le trépied désordonné, qui ont infiltré dans vos âmes cette poésie moite des langueurs, pareille à de la pourriture. Passer des mots aux idées, il n'y a qu'un pas. Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les excep- tions dans l'ordre physique ou moral, l'esprit de négation, les abrutis- sements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu'il ne faut pas faire, les singularités chimiques de vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l'orgueil, l'inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyran- nies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes, par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l'absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cours d'assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpé- tuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodi- siaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d'aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l'enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses aux camélias, la culpabilité d'un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrena- ges imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées, comme celles de Cromwell, de Mlle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages - devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe si souverainement. »

Isidore Lucien Ducasse "dit" Comte de Lautréamont, Poésies

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03/08/2012

La rencontre d'un homme de caractère supérieur change en certitude la foi que nous avions dans un idéal

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« La rencontre d'un homme de caractère supérieur change en certitude la foi que nous avions dans un idéal. Les croyances les plus nobles dans le mérite de l'être humain gardent quelque chose d'arbitraire et d'un peu oiseux, tant que rien, dans notre expérience, n'est venu les vérifier. Il est vrai que nous avons toujours, pour y appuyer notre foi, les témoignages certains que les grands hommes ont laissé d'eux-mêmes, dans les arts ou dans l'histoire ; mais la différence est extrême d'évoquer ainsi d'éclatants fantômes ou de voir, pris, avec nous, dans la médiocrité des jours, celui qui, par sa seule existence, nous est un garant de la grandeur humaine. Nous nous rappelons ensuite ses yeux et sa voix. Notre âme et notre corps peuvent tous les deux parler de lui. Du moment que nous avons ainsi touché la supériorité réelle, nous ne saurions plus être dupes de rien de vulgaire. Nous gardons une règle d'or qui nous sert désormais à mesurer toute grandeur vraie, comme à briser toute grandeur fausse.



Et si la faveur du sort va plus loin et qu'un tel homme soit notre ami, rien ne se compare à une telle fortune. Le grand bienfait d'un homme supérieur consiste à nous enchaîner à ce que nous avons de plus haut. »

Abel Bonnard, L'Amitié

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02/08/2012

PAUL MORAND, 1888-1976 : PORTRAIT

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Merci au fidèle lecteur de mon Blog, Paglop77, de m'avoir fait connaître ce lien...

Installez-vous et savourez. Un homme d'esprit.

 


Partie 1/2

 


Partie 2/2

 

Paul Morand

 

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01/08/2012

Une mise en abyme du nihilisme

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Merci au fidèle lecteur de mon Blog, Paglop77, pour cet extrait...

 

« Ce que je dis du monde où je suis né, je peux le dire de celui dans lequel ce monde s'inscrivait : la France, à peu près morte aujourd'hui comme nation, patrie, histoire, idée, langue ; et non seulement la France, mais aussi les autres nations européennes, "vieilles" et "jeunes" - la dernière en date, le Kossovo, n'existant que comme supercherie américaine et la Pologne ne se trouvant, Jarry l'a dit avec éclat, nulle part, ce nulle part étant aujourd'hui le destin de toute nation prétendant encore à sa langue, à ses traditions, au génie de son LIEU. La mort du monde rural a été le prodrome de la fin de la civilisation européenne, donc de l'humanisme. L'enchaînement historique, qui se confond aujourd'hui avec le progressisme, n'est qu'une mise en abyme du nihilisme. Cette mise en abyme est en réalité un effondrement: celui de la verticalité. Nous nous trouvons dans l'abime alors même que nous croyions avoir gagné la mer tranquille de l'horizontalité. Ce monde contemporain, globalisé, horizontal, je l'appellerai aussi bien Nouvel Ordre moral, l'éthique étant le vêtement sous lequel l'horizontalité se présente le plus volontiers.
Dernier homme, déclin de l'Occident, meilleur des mondes, Big Brother, règne de la quantité, de la Technique, crise de la culture, homme unidimensionnel, société de consommation ou du spectacle, désenchantement du monde, empire de l'éphémère ou du moindre mal, condition postmoderne, homo festivus, ère du vide ou de l'épilogue, fin de l'Histoire, de l'humanisme, de l'exception humaine, etc.: ce monde nouveau, ce cauchemar post-humaniste, Nietzsche, Péguy, Spengler, Bernanos, Guénon, Huxley, Orwell l'ont annoncé, Heidegger, Arendt, Marcuse, Debord, Baudrillard, Steiner, Muray, Fukuyama, Lyotard, Gauchet, Lipovetzky, Sloterdijk, Schaeffer, Michéa en ont proposé à des degrés divers la généalogie, la description, l'herméneutique, en une terminologie souvent devenue un simple effet de langage au sein du travail de falsification générale qu'est le journalisme: la métaphore publicitaire d'un ordre totalitaire qui s'est bâti au nom même de la démocratie et du Bien, et qui se donne le luxe de son moment critique tout en rejetant dans la rhétorique journalistique le travail critique opéré par les philosophes, en nous forçant, nous autres écrivains, à une radicalisation qui passe avant tout par une inlassable invention stylistique, la répétition ou l'emprunt n'étant que des effets du discours postmoderne. »

Richard Millet, Arguments d'un désespoir contemporain

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