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11/01/2018

Un néo-féminisme victimaire, puritain et sexiste

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

 

 

Renée Fregosi réagit aux dérives du féminisme contemporain. Elle s'insurge contre un « néo-féminisme » à rebours des luttes historiques et complaisant avec l'islamisme

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Renée Fregosi est une philosophe et politologue française. Directrice de recherche en Science politique à l'Université Paris-Sorbonne-Nouvelle, elle a récemment publié Les nouveaux autoritaires. Justiciers, censeurs et autocrates (éd. du Moment 2016)

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Nombre de féministes qui ont milité au MLF comme moi dès les débuts du mouvement en 1971 et qui se revendiquent toujours de cet engagement, ne se reconnaissent cependant pas dans l'expression dominante du féminisme d'aujourd'hui. Elles s'inscrivent en faux contre ce féminisme victimaire, puritain et essentiellement sexiste qui s'est manifesté récemment de façon spectaculaire avec la campagne contre le harcèlement sexuel, mais qui est à l'œuvre depuis plusieurs années notamment à travers la lutte dite « abolitionniste » contre la prostitution en général, à travers la pénalisation du client (considéré comme exclusivement masculin et prédateur).

Les deux courants historiques du féminisme

Le MLF dès le début des années 70 était divisé entre deux grands courants principaux (avec des variantes et des croisements multiples au demeurant). D'un côté, « les «Féministes révolutionnaires » (dont faisait partie Anne Zelensky qui a articulé luttes féministe et laïque) se revendiquaient à la fois héritières des suffragettes et provocatrices à travers des actions symboliques comme la cérémonie de la femme du soldat inconnu à l'Arc de Triomphe ou le Manifeste des 343 Salopes en faveur de l'avortement. Le mouvement des Gouines rouges, fondé par Marie-Jo Bonnet était également de ce courant militant libertaire qui revendiquait une pluralité de sexualités pour les femmes comme pour les hommes. D'un autre côté, le groupe «Psychanalyse et Politique» qui s'enfermait dans un cénacle féminin et développait l'idée d'une nature féminine irréductible centrée sur la maternité et un type de sexualité caractérisé par la douceur. Son chef de file Antoinette Fouque affirmait ainsi l'existence d'une libido spécifiquement féminine « située à un stade génital post-phallique, de type oral-vaginal, opposée à la sexualité masculine génitale phallique-anale ».

C'est dans cette logique plutôt «féminine» ou que l'on pourrait appeler « féminiciste », que s'inscrivent les différentes luttes contemporaines contre « le mâle blanc dominant » a priori potentiellement violeur, harceleur, usager violent de prostituées. Le qualificatif de «néo-féministe» est alors justifié pour caractériser ce courant punitif, dans la mesure où tout phénomène « néo » réalise à la fois une filiation et une trahison du passé. Le courant féministe auquel se rattachent les néo-féministes existe bien en effet au sein de la nébuleuse féministe depuis la naissance du MLF, mais ce féminisme devenu justicier occupe aujourd'hui une position hégémonique et tend à réduire au silence d'autres conceptions de la libération des femmes.

Le droit à la différence contre l'égalité des droits

Refusant de prendre en compte la réduction certes trop lente mais inconstatable des inégalités de sexes en occident depuis plusieurs décennies, les néo-féministes renoncent à l'égalité des droits au profit du droit à la différence. Plutôt que de revendiquer et de pratiquer l'égalité hommes/femmes dans l'excellence, la bravoure ou l'intelligence comme dans la bêtise, la médiocrité et la méchanceté, ces étranges féministes vantent une féminité de la douceur et de la faiblesse physique, qui irait de pair avec une prétendue supériorité de l'âme des femmes. A rebours des luttes passées, elles préconisent volontiers le refus de la pilule au motif qu'elle déresponsabiliserait les hommes plutôt que libérer les femmes, et la contrainte de l'allaitement qui consoliderait le lien entre la mère et l'enfant et renforcerait le rôle des femmes.

Pour les néo-féministes, point de femmes dominantes, dominatrices voire prédatrices et agressives (comme en témoigne cependant par exemple le nombre important d'hommes battus: chaque année en France, 80.000 hommes souffrent de violences conjugales), point de femmes à l'activité sexuelle affirmée, aux désirs revendiqués (comme en témoigne par exemple l'augmentation de la consommation de sexe commercial par des femmes : en 2015 le nombre d'escort boys au Royaume-Uni était estimé à 15.000), point non plus d'admiration pour les splendides combattantes kurdes engagées contre Daech et les brillantes militaires françaises de plus en plus nombreuses dans toutes les armées.

Convergence des réactionnaires

En faisant glisser le concept de genre (construit) sur la différenciation radicale des sexes (nature essentialisée) le néo-féminisme contribue insidieusement à la promotion d'une nouvelle forme d'infantilisation des femmes qui seraient a priori des proies pour les hommes, dans les rues et au travail comme dans l'espace domestique. Au prétexte de lutter contre les archétypes de la virilité dominante, on renonce alors à éduquer les filles «comme des garçons» pour favoriser leur émancipation. Et en promouvant la répression des hommes et de leurs « bas instincts » comme seul moyen pour protéger les femmes, le néo-féminisme rejoint les défenseurs les plus réactionnaires de la distinction des rôles genrés et de la séparation des sexes.

Par ailleurs, en « naturalisant » LA femme et les relations homme/femme, les néo-féministes en arrivent à nier les dimensions historique et culturelle de l'oppression des femmes et toutes les différences entre les situations des femmes à travers le monde et les sociétés. Elles soutiennent ainsi une position relativisante à l'égard des atteintes aux droits des femmes que sont le voilement partiel ou total du corps des femmes par l'islamisme, la réclusion domestique, la réduction du rôle des femmes à la reproduction, et même l'excision. La complaisance se fait même complicité lorsque certaines des néo-féministes acceptent comme des leurs les « féministes islamiques » en lutte contre « le féminisme occidental », et considèrent que le voile est bien une protection des femmes contre la concupiscence des hommes.

Pourtant, comme l'affirmait une jeune égyptienne qui participait à la manifestation de femmes enlevant leurs foulards Place Tahir en mai 2015 en signe de libération : « J'ai des amies qui ont retiré leur voile et qui depuis se font moins harceler dans la rue. Croyez-moi, certains hommes ont des femmes voilées l'image de femmes faibles, fragiles, et ils en profitent pour les harceler plus ». Le féminisme d'émancipation et de libération s'oppose en effet bien plus efficacement à l'offensive islamiste foncièrement misogyne et aux réactionnaires de tout poil, que le néo-féminisme de victimisation.

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Source : Renée Fregosi pour Le Figaro le 28/11/2017

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Le christianisme agit avec lenteur parce qu’il agit partout

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« En supposant que l’opinion religieuse existât telle qu’elle est à l’heure où j’écris maintenant, le "Génie du Christianisme" étant encore à faire, je le composerais tout différemment : au lieu de rappeler les bienfaits et les institutions de notre religion au passé, je ferais voir que le christianisme est la pensée de l’avenir et de la liberté humaine ; que cette pensée rédemptrice et messie est le seul fondement de l’égalité sociale ; qu’elle seule la peut établir, parce qu’elle place auprès de cette égalité la nécessité du devoir, correctif et régulateur de l’instinct démocratique. La légalité ne suffit pas pour contenir, parce qu’elle n’est pas permanente ; elle tire sa force de la loi ; or, la loi est l’ouvrage des hommes qui passent et varient. Une loi n’est pas toujours obligatoire ; elle peut toujours être changée par une autre loi : contrairement à cela, la morale est permanente ; elle a sa force en elle-même, parce qu’elle vient de l’ordre immuable ; elle seule peut donc donner la durée.

Je ferais voir que partout où le christianisme a dominé, il a changé l’idée, il a rectifié les notions du juste et de l’injuste, substitué l’affirmation au doute, embrassé l’humanité entière dans ses doctrines et ses préceptes. Je tâcherais de deviner la distance où nous sommes encore de l’accomplissement total de l’Évangile, en supputant le nombre des maux détruits et des améliorations opérées dans les dix-huit siècles écoulés de ce côté-ci de la croix. Le christianisme agit avec lenteur parce qu’il agit partout ; il ne s’attache pas à la réforme d’une société particulière, il travaille sur la société générale ; sa philanthropie s’étend à tous les fils d’Adam : c’est ce qu’il exprime avec une merveilleuse simplicité dans ses oraisons les plus communes, dans ses vœux quotidiens, lorsqu’il dit à la foule dans le temple : "Prions pour tout ce qui souffre sur la terre." Quelle religion a jamais parlé de la sorte ? Le Verbe ne s’est point fait chair dans l’homme de plaisir, il s’est incarné à l’homme de douleur, dans le but de l’affranchissement de tous, d’une fraternité universelle et d’une salvation immense.

Quand le "Génie du Christianisme" n’aurait donné naissance qu’à de telles investigations, je me féliciterais de l’avoir publié : reste à savoir si, à l’époque de l’apparition de ce livre, un autre Génie du Christianisme, élevé sur le nouveau plan dont j’indique à peine le tracé, aurait obtenu le même succès. En 1803, lorsqu’on n’accordait rien à l’ancienne religion, qu’elle était l’objet du dédain, que l’on ne savait pas le premier mot de la question, aurait-on été bien venu à parler de la liberté future descendant du Calvaire, quand on était encore meurtri des excès de la liberté des passions ? Bonaparte eût-il souffert un pareil ouvrage ? Il était peut-être utile d’exciter les regrets, d’intéresser l’imagination à une cause si méconnue, d’attirer les regards sur l’objet méprisé, de le rendre aimable, avant de montrer comment il était sérieux, puissant et salutaire. »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

 

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Auprès du monde croulant du paganisme, s'éleva autrefois, comme en dehors de la société, un autre monde

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« Le heurt que le "Génie du Christianisme" donna aux esprits fit sortir le XVIIIe siècle de l’ornière, et le jeta pour jamais hors de sa voie : on recommença, ou plutôt on commença à étudier les sources du christianisme : en relisant les Pères (en supposant qu’on les eût jamais lus), on fut frappé de rencontrer tant de faits curieux, tant de science philosophique, tant de beautés de style de tous les genres, tant d’idées, qui, par une gradation plus ou moins sensible, faisaient le passage de la société antique à la société moderne : ère unique et mémorable de l’humanité, où le ciel communique avec la terre au travers d’âmes placées dans des hommes de génie.

Auprès du monde croulant du paganisme, s'éleva autrefois, comme en dehors de la société, un autre monde, spectateur de ces grands spectacles, pauvre, à l'écart, solitaire, ne se mêlant des affaires de la vie que quand on avait besoin de ses leçons ou de ses secours.

C'était une chose merveilleuse de voir ces premiers évêques, presque tous honorés du nom de saints et de martyrs, ces simples prêtres veillant aux reliques et aux cimetières, ces religieux et ces ermites dans leurs couvents ou dans leurs grottes, faisant des règlements de paix, de morale, de charité, quand tout était guerre, corruption, barbarie; allant des tyrans de Rome aux chefs des Tartares et des Goths, afin de prévenir l'injustice des uns et la cruauté des autres, arrêtant des armées avec une croix de bois et une parole pacifique; les plus faibles des hommes et protégeant le monde contre Attila; placés entre 2 univers pour en être le lien, pour consoler les derniers moments d'une société expirante et soutenir les premiers pas d'une société au berceau. »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

 

 

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Harvey Weinstein Style...

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10/01/2018

Chantal Delsol : « Le problème religieux vis-à-vis de la laïcité française est spécifique aux musulmans »

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La philosophe rappelle que la laïcité est un produit de la tradition grecque et judéo-chrétienne. Dire que toutes les religions sont également hostiles à ce principe est faux et réducteur.

La volonté des gouvernants et des médias est constante de tenter de mettre le judéo-christianisme et l’islam sur un pied d’égalité, afin de diluer dans un grand chaudron étiqueté «religion» les comportements parfois si archaïques et inacceptables de l’islam. Certains de nos gouvernants sont tentés d’éradiquer tout signe religieux d’où qu’il vienne, afin de ne pas faire preuve de « discrimination » envers l’islam – idée simplissime, et contre-productive dans sa pathétique sottise.

Un soupçon d’honnêteté nous impose pourtant de distinguer ce qui est tellement différent. Nos contemporains n’aiment pas distinguer, ils voient là des discriminations, et leur désir inaltérable d’égalité les emmène vers toujours plus d’indifférenciation. C’est ainsi qu’on se livre à longueur de médias à des amalgames assez monstrueux: il suffirait d’être un peu patient avec l’islam, puisque le catholicisme aussi a mis des siècles à devenir tolérant et à abandonner ses prétentions au pouvoir temporel.

Comme si la laïcité était un cadeau du temps, un simple produit de l’habitude. Alors que la laïcité est, en réalité, la manière française de dire cette séparation du politique et du sacré qui s’appelle sécularisation chez tous les Européens et apparaît très anciennement chez les Grecs (au VIIe siècle avant J.-C. avec la création de l’Archontat à Athènes), et surtout chez les chrétiens avec le « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Il n’y a ni séparation entre le politique et le sacré, donc ni sécularisation ni laïcité, dans la religion musulmane.

Cela ne veut pas dire que nombre de musulmans de France, français ou non, ne peuvent adopter notre laïcité et la vivre même avec ferveur, en modernisant ou si l’on veut en «protestantisant» leur propre religion. C’est bien d’ailleurs parce que cette évolution vers la laïcité exige un changement profond, parce qu’elle ne correspond pas à la tradition islamique, qu’elle suscite la constitution de groupes intégristes bientôt terroristes.

La laïcité est à l’origine (sous forme de sécularisation), notre invention et notre produit: celui des peuples grecs et judéo-chrétiens. Elle découle directement, et même abruptement, des caractéristiques spécifiques de ce Dieu, qui donne la liberté à l’homme et par conséquent le laisse agir dans sa sphère, celle immanente – celle du politique. Un Dieu qui laisse sa créature faire et assumer ses propres errements. Il n’en va pas du tout de même avec l’islam, qui n’est pas une religion de liberté, mais d’inclusion et de soumission – c’est le mot même.

Aussi l’importance, et l’obligation, de respecter la laïcité, ne signifie pas du tout la même chose en France pour des judéo-chrétiens et pour des musulmans. Pour les premiers elle est la suite légitime de toute leur histoire, qu’ils n’ont pas toujours, loin de là, respectée correctement, mais qu’ils n’ont pas de raison de ne pas respecter à moins de se nier eux-mêmes: on demande juste à l’inventeur de reconnaître son invention… Pour les musulmans, c’est autre chose, puisque toute leur histoire dit précisément le contraire.

On tient, et on a raison, à ce que toutes les religions sans exception se sentent concernées par la laïcité et obéissent à ses exigences. Cependant on n’a pas besoin d’empêcher les juifs et les chrétiens d’organiser des prières de rue ni de brandir le voile intégral dans l’espace public: ils ne le font pas. Le problème religieux vis-à-vis de la laïcité française est spécifique aux musulmans. Pour pouvoir se permettre de s’opposer aux usages musulmans qui vont à l’encontre de la laïcité, on se croit alors obligé d’aller reprocher aux chrétiens jusqu’à leurs legs culturels, comme l’exposition des crèches.

Rappel d’un événement vrai et fondateur pour les croyants, la crèche est devenue pour les non-croyants un mythe signifiant de l’histoire de l’Occident. Toute grande croyance établie sur le long terme laisse des mythes à ses bords, comme la vague de la mer laisse l’écume. En Occident, les mythes, histoires ni vraies ni fausses mais signifiantes et édifiantes, proviennent du judéo-christianisme, ce qui est normal puisque c’est cette religion qui nous a structurés.

S’il y a aujourd’hui un islam de France, puisque 10 % des Français sont musulmans (selon les chiffres d’Hakim El Karoui), pour autant nous ne sommes pas habités par les croyances/mythes des razzias de Mahomet ni la vision des femmes de Mahomet. […]

Depuis les premiers attentats meurtriers, il a été demandé avec force et bien légitimement d’éviter les amalgames entre les terroristes musulmans et la population musulmane largement modérée (c’est d’ailleurs cette population qui prend le risque de s’amalgamer elle-même aux terroristes quand elle garde un silence assourdissant – un des traits qui marque notre différence culturelle: il est clair que si un groupe de catholiques cinglés se mettaient à tuer ainsi en commandos, nous cesserions illico de dormir tant que nous n’aurions pas réussi à nous démarquer d’eux par tous arguments imaginables). Mais il est étrange de voir l’amalgame qui est fait dans le même temps, et d’aussi bon cœur, entre le judéo-christianisme et l’islam – comme si ces deux religions avaient autant de mal l’une que l’autre à assumer la nécessaire laïcité.

Alors que la première est simplement la mère nourricière de la laïcité, bien avant les républicains bruyants, et connaît la chanson mieux que tous ses successeurs donneurs de leçons. Et que la seconde, qui n’est pas née dans le même chaudron, doit tout apprendre de cette séparation du politique et du sacré. Ce qui est loin d’être acquis. Il faut arrêter de sanctuariser l’islam pour se racheter face à d’anciens colonisés. Ce n’est pas seulement l’islamisme, c’est l’islam tout court qui doit tout apprendre sur la laïcité, la tolérance et l’émancipation des femmes. Les 10 % (selon Hakim El Karoui) de musulmans français, ou installés en France, sont bienvenus s’ils acceptent notre art de vivre, et en premier lieu la laïcité avec tout ce qu’elle comporte. Mais ce n’est pas en nous inventant des vices que nous les porterons à notre niveau. C’est en les respectant tels qu’ils sont puis en leur donnant envie de nous ressembler – ce qui suppose que nous cessions de nous mépriser nous-mêmes.

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Source : Chantal Delsol pour Le Figaro, le 09/01/2018

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Chantal Delsol

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Où est passée la France « d'en bas » ?

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« Tout cela va très mal finir » aurait déclaré en privé le président Sarkozy. Que voulait-il dire par là ? Deux France évoluent en parallèle et l'abîme entre elles, ne cesse jour après jour de se creuser un peu plus.

La France dite « d'en haut », ses milieux dirigeants, ses responsables publics et politiques, ses réseaux d'influence, ses médias radio-télévision, ses experts, ses milieux financiers, se porte plutôt bien.

La personnalisation médiatique du pouvoir, autour du plus jeune président de l'histoire, atteint un niveau vertigineux, jamais égalé, oscillant entre l'exaltation et l'exaspération, dans un monde factice, illusoire, surmédiatisé, où le culte du chef est l'écran de fumée qui recouvre, de quinquennat en quinquennat, l'impuissance publique à régler les problèmes des Français.

De même, les crises d'hystérie s'enchaînent à un rythme endiablé, venues des Etats-Unis, après l'affaire des statues dites racistes, la dernière en date autour des scandales sexuels et du « #balancetonporc » comme le montre si bien M. Gilles-William Goldnadel.

La course aux lynchages bat son plein comme dans un jeu de « soft terreur » ayant le déshonneur public pour guillotine. Dernier « suspect », dernier lynché : le député M. Lassale, longtemps coqueluche des médias. Nul n'échappe désormais au syndrome de l'arroseur arrosé, au spectre d'une dénonciation, pas même les bourreaux eux-mêmes, comme le couperet s'est un jour abattu sur la nuque des Robespierre, Saint Just et Fouquier-Tinville.

La fuite dans les commémorations solennelles est elle aussi de routine. Il est logique que cette France dite d'en haut s'apprête à célébrer mai 1968, son acte de naissance, avec son culte du nivellement et de la table rase, son « interdit d'interdire », ses « CRS=SS » et son individu-roi qui s'exprime dans le célèbre — et ambigu — « jouissez sans entraves ». De même, la France dite d'en haut s'enivre par avance dans l'éblouissement des jeux olympiques de Paris 2024, comme pour oublier le présent et le monde des réalités.

Mais au-dessous du grand maelström hystérique, où en est la France dite « d'en bas », celle de la majorité silencieuse et des tracas de la vie réelle ?

Où sont passés les 5 à 6 millions de chômeurs ? Les 2 millions de bénéficiaires du RSA ?, les 8 à 9 millions de pauvres et les 3,2 millions de mal logés ?

Que ne ferait-on pas pour noyer dans un tumulte stérile la pire tragédie de l'histoire de notre pays depuis 1945, celle d'une France ensanglantée par le terrorisme islamiste ?

Et qui parle encore des squats et des bidonvilles qui prolifèrent sur le territoire ? Où en est la crise migratoire, les arrivées incontrôlées en Europe de centaines de milliers de personnes victimes des passeurs criminels ? Où en est l'aéroport de Nantes, voulu par l'Etat, confirmé par référendum, mais bloqué par les zadistes ?

Et la situation des cités sensibles, les territoires perdus de la République, les trafics qui y règnent, les phénomènes de communautarisme et de repli identitaire, la tragédie de leurs habitants surexposés à la violence et qui ne demandent qu'à vivre en paix ?

Où en sont les milliers de collèges et de lycées en crise, où les professeurs débordés par le chaos, insultés, giflés, ne parviennent plus à faire leur métier de transmission des savoirs fondamentaux ?

En 2017 s'est déroulé un événement politique d'une portée capitale, historique, passé quasi inaperçu : le taux d'abstention aux élections législatives, le cœur de toute démocratie, pour la première fois dans l'histoire, a dépassé les 50% signant ainsi le naufrage de la démocratie française, dans l'indifférence générale.

Cette fracture entre les deux France, la France dite d'en haut qui se noie dans les gesticulations de sa bulle médiatique et la France dite d'en bas confrontée à la tragédie du monde réel, est la source de tensions explosives, qui peuvent s'enflammer à tout moment, sous une forme ou sous une autre, dans la rue ou par un vote de destruction en 2022. Certes, aucun signe d'une explosion imminente n'est aujourd'hui décelable mais rien n'est plus calme qu'un magasin de poudre, une demi-seconde avant l'étincelle.

 

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Source : par Maxime Tandonnet, pour Le Figaro, le 24/10/2017

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09/01/2018

Ernst Jünger, Entretien avec Philippe Barlelet - 1993

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Passionnant... à écouter de bout en bout...

 

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T'as trop lu, Raymond !

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08/01/2018

Il faut s'en aller très loin à la recherche du danger

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« Le bourgeois est presque parvenu à persuader le coeur aventureux que le dangereux n’existait pas vraiment et qu’une loi économique régissait le monde et son histoire. Aux jeunes gens qui, dans la nuit et le brouillard, quittent la maison familiale, leur sentiment dit bien qu’il faut s’en aller très loin à la recherche du danger, par-delà les mers, en Amérique, à la Légion étrangère, dans les contrées où poussent les poivriers. Ainsi peuvent apparaître des personnages qui osent à peine parler leur propre langue, si supérieure pourtant : que ce soit celle du poète qui se compare lui-même à l’albatros dont les ailes puissantes, bâties pour la tempête, ne suscitent qu’importune curiosité dans un milieu étranger où le vent est tombé ; ou celle du guerrier-né qui passe pour un bon à rien parce que la vie des boutiquiers l’emplit de dégoût. »

Ernst Jünger, Le Travailleur

 

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Les plus impénitents soudoyers devenaient chastes en la regardant...

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« Jeanne d’Arc est incompréhensible sans le Surnaturel. Elle n'était pas seulement une vierge très pure. Sa pureté était communicative, agressive, éclairante comme une flamme vive. Les plus impénitents soudoyers devenaient chastes en la regardant. Elle pouvait dormir tranquillement au milieu d'eux, telle que l'éblouissante ‘’colombe aux ailes argentées’’ dont il est parlé dans le psaume. Les témoignages à cet égard sont formels et surprenants.

Lorsque les persécuteurs de sainte Lucie, exaspérés de son vœu de virginité qui faisait de son corps, disait-elle, le temple du Saint-Esprit, la voulurent traîner par force en un lieu de prostitution, le Saint-Esprit, raconte la Légende dorée, la rendit si pesante que mille hommes et cinquante paires de bœufs ne la purent mouvoir.

Pour contraindre Jeanne, les forces de l'univers n'auraient pas suffi. L'Angleterre s'y épuisa, s'y écrasa, s'y déshonora, et c'est à peine, aujourd'hui, si la longueur de cinq siècles et le surpassant prodige de l'iniquité allemande peuvent atténuer le souvenir du crime épouvantable de la place du Vieux-Marché. Ce qui faisait, alors, Jeanne si pesante pour les Anglais, c'était, en sa personne, le poids de la conscience de toute une nation élue de Dieu pour les plus hautes manifestations de Sa Gloire, le poids d'un royaume qui paraissait plus grand que la terre et qu'éclairait le soleil du Paradis !

La figure historique de la Pucelle ressemble à un vitrail d'Annonciation infiniment doux et pur, que le temps et les barbares auraient respecté. C'est l'azur de France et la couleur de feu de son supplice tamisés suavement autour de cette figure de martyre. Par l'effet d'une confusion sublime, elle parait être à la fois l'ange annonciateur et la vierge très obéissante recevant humblement le glaive redoutable qui doit remplacer à l'avenir sa jolie quenouille de filandière. Elle ne comprend pas d'abord ce qui lui est demandé. Elle ne sait pas l'histoire de la France, elle ne sait pas la guerre ni les politiques affreuses. Elle ne sait rien, sinon que Dieu souffre dans son peuple et qu'il y a une grande pitié au Royaume qu'il s'est choisi autrefois, dès le temps de sa Passion douloureuse, dans la nuit pascale, quand le Coq se mit à chanter. Alors elle se lève tranquillement, résolument, comme une bonne fille de Dieu et, guidée par ses Voix, devient aussitôt stratège invincible, conductrice des plus hauts princes et leur conseillère sans erreur. Quand elle a délivré la France, il ne lui manque plus que d'être délivrée elle-même de sa mission et, parce qu'elle est du Saint-Esprit, cette autre délivrance plus glorieuse ne peut s'accomplir que par le feu, après les préliminaires horreurs du procès le plus infâme qui ait épouvanté les hommes depuis le procès ineffable de Notre-Seigneur Jésus-Christ !

Le train du monde va toujours. Cheminement séculaire, immémorial, des forts et des opprimés, des iniques et des innocents qu'ils écrasent, vers la fosse commune de l'Eternité. L'Histoire n'est qu'un cri de douleur dans tous les siècles. C'est comme s'il n'y avait pas eu de Rédemption. On serait tenté de le croire si, de loin en loin n'apparaissaient pas des créatures merveilleuses qui semblent dire que la Toute-Puissance est captive pour un temps indéterminé, que la Suprême Justice est provisoirement enchaînée et que les hommes de bonne volonté doivent faire crédit à leur Dieu. Créatures de consolation et d'espérance, préfiguratrices, par leurs actions, d'une magnificence inimaginable que les Ecritures ont annoncée. »

Léon Bloy, Jeanne d’Arc et l’Allemagne

 

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07/01/2018

Un homme, c’est-à-dire un être imprégné des valeurs chevaleresques qui ont fondé la civilisation occidentale

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« Ces lignes, messieurs, vous sont donc dédiées. Elles sont un hommage à tout ce que peut être un homme. Elles sont un hommage à la virilité, cette qualité tant décriée, et qui n’est rien d’autre que la confiance qu’un homme peut avoir dans son appartenance à son sexe. Une sorte de certitude rassurante car sereine. Et si rien n’est plus difficile à définir que cette appartenance, que chacun développe à son gré, elle est le miroir dans lequel les femmes se contemplent avec volupté. La virilité est une forme de confiance, de force tranquille ; ce qui signifie que l’époque actuelle, dans sa volonté de criminaliser toute résurgence du patriarcat honni, a rompu le charme et fait des hommes des êtres en doute perpétuel.

Pas question pour autant de regretter le temps où "être un homme" semblait avoir un sens immédiat qu’il n’était même pas nécessaire d’interroger. Car la notion n’était pas moins problématique. Elle relevait, non de la confiance, mais de l’injonction. Considérons l’actuelle remise en cause comme une occasion de dissiper le vieux malentendu : vous n’êtes pas, messieurs, d’affreuses brutes épaisses qu’il faut réprimer ou contrôler. La violence n’est pas une fatalité masculine. Et en vous construisant face aux femmes, vous apprendrez peut-être que votre grandeur est d’investir votre force et votre audace dans la défense et le respect de l’autre, de la femme ; et non dans la peur et le rejet, ou bien au contraire dans l’indifférenciation.

J’ai moi-même choisi, je le confesse, de vivre avec un spécimen en voie de disparition, un de ces authentiques machos que la modernité féministe voue aux gémonies et condamne aux oubliettes de l’histoire. Un être qui ne repasse pas ses chemises, qui paie l’addition au restaurant et propose de m’accompagner dès que je fais un pas dehors, de peur qu’il ne m’arrive quelque chose. Un être qui pique des colères noires et veut toujours avoir raison, et qui fait tout à ma place parce qu’il estime que, par principe, il le fait mieux que moi. Un homme, dans toute son horreur. Un homme, sensuel et râleur, si différent de ce que je peux être et si proche de ce en quoi je crois. Un homme dans le regard duquel je lis que je suis une femme.

Je l’avoue, j’aime l’altérité. J’aime cette différence essentielle qui fait que lui et moi sommes humains sans être semblables. J’aime ces jeux de domination qui nous font nous provoquer et nous affronter, chacun cédant tour à tour devant l’autre, chacun confrontant ce qu’il est à l’inconnu de l’autre. J’aime enfin découvrir à travers notre altérité ce qui nous unit et nous rend l’un à l’autre indispensables. Rien n’est plus destructeur du désir que l’abolition des frontières, le lissage minutieux des aspérités au nom de notre incapacité millénaire à penser la dualité.

Messieurs, ne soyez pas dupes des injonctions contradictoires des femmes. Elles vous parlent d’égalité, de partage des tâches, elles se veulent libres et indépendantes. Et c’est en effet ce dont elles ont besoin. Comme elles ont besoin de cette figure rassurante de l’homme protecteur, autoritaire, assumant ses devoirs et symbolisant la loi ; l’homme qu’on vous a sommés de ne plus être. Ne soyez pas dupes des discours ambiants qui vous intiment l’ordre de vous renier au nom du métissage du féminin et du masculin dont on veut vous faire croire qu’il constitue le stade ultime de l’humanité, comme la seule chance d’abolition des souffrances de tant de femmes. Il n’est sans doute pas de pire ennui pour une femme que de se trouver face à cet homme insipide et morne qui a si bien appris sa leçon de féminisme et demande respectueusement l’autorisation pour tenter quelque trace de séduction, cet homme un peu ridicule qui use de crèmes antirides et d’autobronzant, cet homme pathétique qui n’éprouve pas le besoin de se lever pour une femme enceinte ou d’offrir sa veste à une belle en robe légère. Car quel geste plus beau que cet enveloppement tendre et puissant de celui qui dépose sur des épaules un peu de chaleur et de protection ?

Et j’adresse ces lignes à mon fils, aujourd’hui si petit, à peine sorti du statut de l’ange, comme un message d’amour et d’espoir. Puisse-t-il à son tour être fier d’être un homme. Un homme, c’est-à-dire un être imprégné des valeurs chevaleresques qui ont fondé la civilisation occidentale. Un homme, c’est-à-dire un être jouant à être le plus fort pour mieux servir, pour mieux protéger, car telle est la vraie grandeur (que les femmes devraient également cultiver), celle qui consiste à ne jamais abuser de son pouvoir. Un homme, sûr de ce qu’il veut être et se promenant dans les modèles anciens et les grandes figures. Même s’il garde à l’esprit que tout cela n’est qu’une fiction, et qu’il ne doit pas être prisonnier des codes mais se les approprier, pour mieux parfois les renverser.

Puisse-t-il apprendre à regarder les femmes dans leur complexité, leurs contradictions et leurs incertitudes. Puisse-t-il les aimer fières et fragiles, pudiques et passionnées, telles qu’elles seraient si notre triste époque ne leur enseignait l’infantile niaiserie qui les empoisonne, et que les bons génies du marketing tentent à tout prix d’inoculer aux hommes. »

Natacha Polony, L’homme est l’avenir de la femme

 

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Le mythe ressurgit à chaque âge

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« La destruction tombe comme un givre sur le monde en décadence, tout empli de lamentations que le bon temps soit passé. Ces lamentations sont interminables comme le temps lui-même ; c’est le langage de la vieillesse qui s’exprime en elles. Mais la forme des figures a beau se modifier et ses représentants changer, il est pourtant impossible que la somme, les potentialités de la force de vie diminuent. Tout espace délaissé est aussitôt empli par de nouvelles forces. Pour citer encore une fois la poudre à canon, on ne manque pas de documents qui déplorent la destruction des châteaux forts, sièges d’une vie fière et indépendante. Mais bientôt les fils de la noblesse se retrouvent dans les armées des rois ; ce sont d’autres choses pour lesquelles, en d’autres batailles, combattent d’autres hommes. Ce qui demeure, c’est la vie élémentaire et ses motifs, mais la langue où elle se traduit change constamment, et constamment aussi change la distribution des rôles où se répète le grand jeu. Les héros, les croyants et les amants ne meurent pas : on les redécouvre à chaque nouvelle époque, et en ce sens le mythe resurgit à chaque âge. La situation où nous nous trouvons ressemble à un entracte : le rideau reste baissé tandis que s’accomplit une déconcertante métamorphose de la distribution et des accessoires. »

Ernst Jünger, Le Travailleur

 

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Christ est né ! En vérité il est né !

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Joyeuse Fête de la Nativité à mes frères et soeurs chrétiens Orthodoxes suivant le calendrier Julien. Paix aux hommes de bonne volonté !

 


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06/01/2018

Deux sortes de disciplines

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« Il y a deux sortes de disciplines : l’une qui agit du dehors vers le dedans, comme une substance caustique, et qui durcit l’homme, et une autre qui rayonne d’un noyau vers le dehors ainsi qu’une lumière, et qui, sans rien lui retirer de sa douceur, rend l’homme intrépide. Pour obtenir la première nous avons toujours besoin de maîtres, mais la seconde naît souvent en nous comme une semence. »

Ernst Jünger, Journal I : jardins et routes

 

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Je crains qu'on ne détruise trop

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« A quoi riment tous ces meurtres, encore et toujours plus de meurtres ? Je crains qu’on ne détruise trop, et que trop peu de choses subsistent pour qu’on puisse reconstruire […] La guerre a éveillé en moi la nostalgie des bénédictions de la paix »

Ernst Jünger, Carnets de guerre 1914-1918

 

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05/01/2018

Je n'attends rien

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« Je suis seul et cela me va. Je peux ne pas parler, me taire des heures et des jours. Je peux ne pas sortir. Rester porte et fenêtres closes avec un livre, ou rien. Je n'ai pas peur du silence. Ni de ma respiration. Je n'attends rien. »

Sorj Chalandon, La légende de nos pères

 

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Cette existence fondée sur une acceptation joyeuse de la vie

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« Où est-elle donc passée, cette plaisante culture de l'art de vivre ? Cette vie semblable à un long fleuve tranquille [ …], ce vin rouge, ces miches de pain blanc floconneux et ces savoureux ragoûts de la cuisine du nord de la France, où sont-ils donc passés ? Ces réunions vespérales du maire, du curé et des autres notables ? Cette existence fondée sur une acceptation joyeuse de la vie ? Disparus ! Disparus, et peut-être à jamais. »

Ernst Jünger, Carnets de guerre 1914-1918

 

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Un état transcendantal de vie

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« Avoué ou non-avoué, conscient ou inconscient, l'état poétique, un état transcendantal de vie, est au fond ce que le public recherche à travers l'amour, le crime, les drogues, la boxe ou l'insurrection. »

Antonin Artaud, Le théâtre de la cruauté

 

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04/01/2018

Régler sa dette

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« La vie dans les bois permet de régler sa dette. Nous respirons, mangeons des fruits, cueillons des fleurs, nous baignons dans l'eau de la rivière et puis un jour, nous mourrons sans payer l'addition à la planète. L'existence est une grivèlerie. L'idéal serai de traverser la vie tel le troll scandinave qui court la lande sans laisser de trace sur les bruyères. Il faudrait ériger le conseil de Baden-Powell en principe : “Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements." L'essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. »

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

 

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Toute la descendance du Désobéissant

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« J’eus, un jour, l’occasion de rêver devant une vieille image hollandaise assez peu connue, signée de Jan Luyken, le graveur fameux des massacres et des supplices.

Cette œuvre extraordinaire donne la vision de Babel, la Babel de briques dont les prophètes ont dit qu’elle deviendrait, à la fin, l’habitacle des lions et le bercail des lionceaux. La Tour prodigieuse est au centre d’une plaine sans limites qui paraît avoir la superficie d’un empire, où se tordent de puissants fleuves au bord desquels des cités lointaines sont assises.

L’artiste biblique a dilaté son extase jusqu’à l’infini, en vue d’exprimer, avec son pauvre burin, l’aventure la plus inouïe de l’humanité. C’est toute la descendance du Désobéissant qui s’est assemblée pour l’érection d’un milliaire qui escaladât le ciel, s’il était possible, et qui marquât le nombril du monde, — le point précis où l’immense famille allait se diviser à jamais pour se répandre par les terres et s’enfoncer, en baissant la tête, sous les plafonds des firmaments.

Cette multitude qui est au moment de devenir tous les peuples, — quand le Jehovah sera descendu pour déconcerter sa chimère, — gronde et foisonne au pied du colosse, grimpe à ses flancs, grouille dans les nues qu’enjambent déjà les arceaux et les colonnades. La terre est en travail de son grandissime effort, et les vastes alentours sont peuplés d’hommes ou de bêtes qui s’exténuent pour le poème de ce gigantesque défi. Les gestes les plus étonnants de l’histoire apparaîtront comme rien, désormais, devant cette houle d’orgueil, aux circonvolutions infinies, charriant à la base du Donjon terrible, des armées de dromadaires et des caravanes d’éléphants écrasés sous le poids des matériaux qui doivent servir à immortaliser le blasphème. »

Léon Bloy, "La Babel de fer", in Belluaires et porchers

 

 

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L'endoctrinement...

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03/01/2018

Qu'on ne me prenne surtout pas pour un amnésique

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« La liberté d’expression n’aura jamais été aussi à la fête que depuis le projet de dissolution des ligues d'extrême-droite. Il y a là, ne trouvez-vous pas, comme un hiatus, quelque chose d'apparemment contradictoire et qui gène. Si j'ai bien compris - et je crois que j'ai bien compris - nous jouirons dorénavant d'une complète liberté d'expression à condition que cette expression soit de gauche, voire d’extrême-gauche, mais pas pas d'extrême-droite. Pourquoi ?

Qu'on ne me prenne surtout pas pour un amnésique. J'ai parfois en tête les images abominables de “Nuit et Brouillard”, les chiffres effarants de l'Holocauste. Sans posséder un quotient intellectuel fabuleux, je ne suis tout de même pas assez bête pour être raciste, ni par ailleurs musicien pour croire qu'un Blanc vaut deux Noirs, mais quand je vois l'étau de la discrimination menacer quelques milliers (mais ne seraient-ils que quelques centaines que ça ne changerait rien) de compatriotes n'ayant pas les mêmes idées que moi, je pose la question: en quel honneur, s'il vous plaît ?

Pour avoir assez braillé “nous sommes tous des juifs allemands” à l'époque de l'expulsion de Cohn-Bendit, j'ai bien l'honneur et l'avantage de gueuler “nous sommes tous des fascistes chiliens” à la plus infime rumeur d'autoritarisme intellectuel, politique ou religieux. Les foulards rouges et les chemises brunes doivent avoir le même droit de défiler sur les avenues démocratiques. Ou alors ne me faites pas chier avec cette démocratie-là ! C'est la démocratie de Khomeiny, la démocratie d'Amin Dada, la démocratie de Castro ! La démocratie qui “casse du facho” ne vaut guère mieux que celle qui “casse du fellouze” parce que c'est cette démocratie qui construit les fours crématoires.

On l'a vue à l’œuvre, on la connait. »

Michel Audiard, inédit pour Le Matin de Paris, 1980

 

 

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Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas...

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« Le malheur en tout ceci, c’est qu’il n’y a pas de "peuple", au sens touchant où vous l’entendez, il n’y a que des exploiteurs et des exploités, et chaque exploité ne demande qu’à devenir exploiteur. Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas. C’est un songe-creux, une faribole, d’où l’inutilité, la niaiserie écœurante de toutes ces imageries imbéciles, le prolétaire en cotte bleue, le héros de demain et le méchant capitaliste repu à chaîne d’or. Ils sont aussi fumiers l’un que l’autre. Le prolétaire est un bourgeois qui n’a pas réussi. Rien de plus, rien de moins. Rien de touchant à cela, une larmoyerie gâteuse et fourbe. C’est tout. Un prétexte à congrès, à prébendes, à paranoïsmes… L’essence ne change pas. On ne s’en occupe jamais, on bave dans l’abstrait. L’abstrait c’est facile, c’est le refuge de tous les fainéants. Qui ne travaille pas est pourri d’idées générales et généreuses. Ce qui est beaucoup plus difficile c’est de faire rentrer l’abstrait dans le concret.

Demandez-vous à Brueghel, à Villon, s’ils avaient des opinions politiques ?...

J’ai honte d’insister sur ces faits évidents... Je gagne ma croûte depuis l’âge de 12 ans (douze). Je n’ai pas vu les choses du dehors mais du dedans. On voudrait me faire oublier ce que j’ai vu, ce que je sais, me faire dire ce que je ne dis pas, penser à ma place. Je serais fort riche à présent si j’avais bien voulu renier un peu mes origines. Au lieu de me juger on devrait mieux me copier au lieu de baver ces platitudes – tant d’écrivains écriraient des choses enfin lisibles…

La fuite vers l’abstrait est la lâcheté même de l’artiste. Sa désertion. Le congrès est sa mort. La louange son collier, d’où qu’elle vienne. Je ne veux pas être le premier parmi les hommes. Je veux être le premier au boulot. Les hommes je les emmerde tous, ce qu’ils disent n’a aucun sens. Il faut se donner entièrement à la chose en soi, ni au peuple, ni au Crédit Lyonnais, à personne. »

Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Elie Faure, Juillet 1935

 

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La vérité...

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