05/09/2012
Chaque minute de vie
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« On se croit retranché du monde, mais il suffit qu'un olivier se dresse dans la poussière dorée, il suffit de quelques pages éblouissantes sous le soleil du matin, pour qu'on sente en soi fondre cette résistance. Ainsi de moi. Je prends conscience des possibilités dont je suis responsable. Chaque minute de vie porte en elle sa valeur de miracle et son visage d'éternelle jeunesse. »
Albert Camus, Carnets - Janvier 1936
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03/09/2012
Joe Cocker : "I think it's going to rain today" (1974)
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Et quand le plombier de Sheffield au regard de caniche chante la pluie, il emporte enfin tous les nuages avec lui.
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Françoise Hardy : "I think it's going to rain today" (1972)
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C'était pas Sylvie la plus belle, mais carrément Françoise, à tel point qu'on n'imaginait même pas aller danser avec elle... Et puis, elle a chanté en anglais, et avec un accent pareil, pas étonnant qu'il se mette à pleuvoir !
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
16:38 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Irma Thomas : "I think it's going to rain today" (2008)
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On le sait bien, Irma, que le temps est de ton côté, mais nous, on attend le soleil...
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16:28 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Chris farlowe : "I think it's going to rain today" (2005)
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No rain ! No rain ! No rain !
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
16:15 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Eric Burdon : "I think it's going to rain today" (1968)
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Eric Burdon est originaire de Newcastle en Angleterre.
Il y pleut environ 154 jours par an...
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15:57 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Manfred Mann : "I think it's going to rain today" (1968)
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Bientôt 40 jours et 40 nuits de pluie, et on n'y voit plus rien : tout est semblable sous le déluge.
Ici les anglais de Manfred Mann sonnent bizarrement comme les canadiens du Band reprenant Dylan, et on croirait presque entendre Richard Manuel nous décliner la météo, de sa voix d'outre-tombe...
Hé, Richard, un dernier, pour la route ?
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Dusty Springfield : "I think it's going to rain today" (1968)
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...but even cowgirls get the blues !
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Rick Nelson : "I think it's going to rain today" (1968)
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Même les cowboys ont du vague à l'âme...
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
15:21 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Nina SIMONE : "I think it's going to rain today" (1969)
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...et puis voilà, ça recommence.
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Dave Van Ronk : « I think It's going to rain today» (1971)
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Une intuition, comme ça...
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Maintenant il s’agit de vivre
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« Mais il est mauvais de s’arrêter, difficile de se contenter d’une seule manière de voir, de se priver de la contradiction, la plus subtile peut-être de toutes les formes spirituelles. Ce qui précède définit seulement une façon de penser. Maintenant il s’agit de vivre. »
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe
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Partir
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« Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité connue pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. Une gare ! Un port ! Un train qui siffle et crache son premier jet de vapeur ! Un grand navire passant dans les jetées, lentement, mais dont le ventre halète d’impatience et qui va fuir là-bas, à l’horizon, vers des pays nouveaux ! Qui peut voir cela sans frémir d’envie, sans sentir s’éveiller dans son âme le frissonnant désir des longs voyages ? »
Guy de Maupassant, Au soleil
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02/09/2012
L’impuissance humaine et la monotonie des actions
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« La vie si courte, si longue, devient parfois insupportable. Elle se déroule, toujours pareille, avec la mort au bout. On ne peut ni l’arrêter, ni la changer, ni la comprendre. Et souvent une révolte indignée vous saisit devant l’impuissance de notre effort. Quoi que nous fassions, nous mourrons ! Quoi que nous croyions, quoi que nous pensions, quoi que nous tentions, nous mourrons. Et il semble qu’on va mourir demain sans rien connaître encore, bien que dégoûté de tout ce qu’on connaît. Alors on se sent écrasé sous le sentiment de "l’éternelle misère de tout", de l’impuissance humaine et de la monotonie des actions. »
Guy de Maupassantr, Au soleil
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01/09/2012
Jim CARROLL BAND : "People who died" (1980)
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L'emmerdant avec la Mort, c'est qu'elle n'a aucun sens de l'humour.
Tout ce qui l'intéresse, c'est d'arriver à ses fins, par tous les moyens.
Faire du chiffre, augmenter le rendement, économiser sur la main d'oeuvre, réduire les frais généraux, délocaliser à outrance, uniformiser la production, tout cela est mortellement prévisible. La Mort doit sûrement avoir le visage de Jean-Marc Sylvestre, ou pire, celui d'Alain Minc.
No fun.
C'est une salope ultra-libérale qui manque désespérément d'imagination: quand on le lui fait remarquer, elle monte sur ses grands chevaux apocalyptiques en ramenant tout au principe de réalité.
Mais elle oublie une chose : elle n'est rien sans nous.
Teddy sniffing glue, he was 12 years old
Fell from the roof on East Two-nine
Cathy was 11 when she pulled the plug
On 26 reds and a bottle of wine
Bobby got leukemia, 14 years old
He looked like 65 when he died
He was a friend of mine
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
G-berg and Georgie let their gimmicks go rotten
So they died of hepatitis in upper Manhattan
Sly in Vietnam took a bullet in the head
Bobby OD'd on Drano on the night that he was wed
They were two more friends of mine
Two more friends that died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Mary took a dry dive from a hotel room
Bobby hung himself from a cell in the tombs
Judy jumped in front of a subway train
Eddie got slit in the jugular vein
And Eddie, I miss you more than all the others
And I salute you brother
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Herbie pushed Tony from the Boys' Club roof
Tony thought that his rage was just some goof
But Herbie sure gave Tony some bitchen proof
"Hey," Herbie said, "Tony, can you fly ?"
But Tony couldn't fly, Tony died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Brian got busted on a narco rap
He beat the rap by rattin' on some bikers
He said, "Hey, I know it's dangerous, but it sure beats Riker's"
But the next day he got offed by the very same bikers
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Teddy sniffing glue, he was 12 years old
Fell from the roof on East Two-nine
Cathy was 11 when she pulled the plug
On 26 reds and a bottle of wine
Bobby got leukemia, 14 years old
He looked like 65 when he died
He was a friend of mine
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
G-berg and Georgie let their gimmicks go rotten
So they died of hepatitis in upper Manhattan
Sly in Vietnam took a bullet in the head
Bobby OD'd on Drano on the night that he was wed
They were two more friends of mine
Two more friends that died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Mary took a dry dive from a hotel room
Bobby hung himself from a cell in the tombs
Judy jumped in front of a subway train
Eddie got slit in the jugular vein
And Eddie, I miss you more than all the others
And I salute you brother
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
(Jim Carroll, "People who died")
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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L'épaisseur des choses
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« Je propose à chacun l’ouverture de trappes intérieures, un voyage dans l’épaisseur des choses, une invasion de qualités, une révolution ou une subversion comparable à celle qu’opère la charrue ou la pelle, lorsque, tout à coup et pour la première fois, sont mises au jour des millions de parcelles, de paillettes, de racines, de vers et de petites bêtes jusqu’alors enfouies. O ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur sémantique des mots ! »
Francis Ponge, Proêmes
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31/08/2012
Absence de mots
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Ne m'enlève pas la danse de l'esprit, Seigneur, la joie d'être au monde et la légèreté de vivre face à la lourdeur crasse ambiante. Est-ce trop te demander ?
Avec mon corps malade je trace mon sillon dans l'espoir de toucher à un but que je ne parviens pas à déterminer par les mots.
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Je ne dois rien à personne. Je veux être responsable devant Dieu seul... s'il existe !
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« Grands Dieux ! Que suis-je devenu ? Quel droit avez-vous, vous tous, d'encombrer ma vie, de me voler mon temps, de sonder mon âme, de sucer mes pensées, de m'avoir pour compagnon, pour confident, pour bureau d'information ? Pour quoi me prenez-vous ? Suis-je un amuseur stipendié, dont on exige tous les soirs qu'il joue une farce intellectuelle sous vos nez imbéciles ? Suis-je un esclave, acheté et dûment payé, pour ramper sur le ventre devant ces fainéants que vous êtes, et étendre à vos pieds tout ce que je fais et tout ce que je sais ? Suis-je une fille dans un bordel que l'on somme de retrousser ses jupes ou d'ôter sa chemise devant le premier homme en veston qui se présente ?
Je suis un homme qui voudrait vivre une vie héroïque et rendre le monde plus supportable à ses propres yeux. Si, dans quelque moment de faiblesse, de détente, de besoin, je lâche de la vapeur - un peu de colère brûlante dont la chaleur tombe avec les mots - rêve passionné, enveloppé des langes de l'image - eh! bien, prenez ou laissez... mais ne m'embêtez pas !
Je suis un homme libre - et j'ai besoin de ma liberté. J'ai besoin d'être seul. J'ai besoin de méditer ma honte et mon désespoir dans la retraite; j'ai besoin du soleil et du pavé des rues, sans compagnons, sans conversation, face à face avec moi-même, avec la musique de mon coeur pour toute compagnie... Que voulez-vous de moi ? Quand j'ai quelque chose à dire, je l'imprime. Quand j'ai quelque chose à donner, je le donne. Votre curiosité qui fourre son nez partout me fait lever le coeur. Vos compliments m'humilient. Votre thé m'empoisonne. Je ne dois rien à personne. Je veux être responsable devant Dieu seul... s'il existe ! »
Henry Miller, Tropique du Cancer
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30/08/2012
Une soudaine densité de Vie
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« Surgit la Bohême libertine de ma jeunesse : mes amis proclamaient qu’il n’est pas plus belle expérience pour un homme que d’avoir successivement trois femmes au cours d’une seule et même journée.
Non pas comme le résultat mécanique d’une partouze, mais comme une aventure individuelle profitant d’un concours inopiné d’occasions, de surprises, de séductions éclairs.
Cette journée de trois femmes, extrêmement rare, frisant le rêve, avait un charme éblouissant qui, je le vois aujourd’hui, ne consistait pas dans quelque performance sexuelle sportive, mais dans la beauté épique d’une suite rapide de rencontres où, sur le fond de celle qui l’avait précédée, chaque femme apparaissait encore plus unique, et leurs trois corps ressemblaient à trois longues notes jouées chacun sur un instrument différent, unies en un seul accord.
C’était une beauté toute particulière, la beauté d’une soudaine densité de la vie. »
Milan Kundera, Le rideau
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29/08/2012
Des manières de vivre clefs en main qui soulagent la peur de se réinventer soi-même
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« Alors que la société occidentale a subi au cours des cinquante dernières années une érosion de ses traditions nationales et de ses rites sociaux, que ses classes sociales se sont fortement modifiées, perdant pour beaucoup d’entre elles leur habitus historiques et leurs principales coutumes, l’industrie de la culture a su proposer de nouveaux repères. Dans un monde social et urbain livré à la mutation permanente, à la décomposition et à la recomposition provisoires de toutes les valeurs qui lui servent d’assises, la société de consommation œuvre à la stabilité.
Elle crée une certaine inertie rassurante et répond à la demande sociale d’une cohérence continuée. Pour ce faire, elle constitue des points d’ancrage, des bornes d’identification : logo, marques, slogans, fidélisation. L’homme qui se trouve pris dans le tourbillon infernal de la vie sociale, de la mobilité et de la précarité du monde du travail, de la communication et des échanges urbains, éprouve un certain réconfort dans la standardisation des biens culturels et de consommation. Dépassé par les événements, il sait néanmoins qu’il retrouvera sa série télévisée chaque lundi soir et qu’il pourra acheter sa marque de yaourts favorite au supermarché, il sait également qu’il pourra ainsi compter sur la société de consommation qui ne le laissera pas tomber. Les marques font ainsi office de repères.
Face aux déficits des habitus sociaux, à l’impossible transmission d’une culture de classe, régionale ou nationale, elles s’engouffrent dans l’espace laissé vacant de l’Imitation et proposent des manières de vivre clefs en main qui soulagent la peur de se réinventer soi-même à chaque instant. Les biens culturels comme les marchandises aident ainsi à produire le Même, de l’itération générale et réconfortante. Aussi tout l’espace de la consommation de masse prend-il de plus en plus l’aspect d’une ritualisation de la vie quotidienne. Ce ne sont plus les mythes, les récits et les formes de vie traditionnelles qui fournissent la répétition nécessaire à la reproduction sociale et à l’entretien continuel de la mémoire. La visite hebdomadaire au centre commercial comme le calendrier des programmes télé pourvoient les hommes en jalons spatio-temporels quotidiens. »
Bruce Begout, Pensées privées. Journal Philosophique
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28/08/2012
Ce combat entre les puissances de la chasteté et de l'amour
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« Ce combat entre les puissances de la chasteté et de l'amour, — car c'est bien de cela qu'il s'agissait — comment se terminait-il ? Il se terminait apparemment par la victoire de la chasteté, de la crainte, des convenances. Le dégoût pudibond, un tremblant besoin de pureté comprimaient l'amour, le ligotaient dans les ténèbres, ne laissaient qu'en partie ces revendications confuses pénétrer dans la conscience et se manifester par des actes. Mais cette victoire de la chasteté n'était qu'une victoire apparente, qu'une victoire à la Pyrrhus, car le commandement de l'amour ne se laissait pas bâillonner, ne se laissait pas violenter, l'amour opprimé n'était pas mort, il vivait, dans la profondeur de son secret il continuait de tendre vers son accomplissement, il brisait le cercle magique de la chasteté et reparaissait, encore que sous une forme transformée et méconnaissable. »
Thomas Mann, La montagne magique
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27/08/2012
Le sens du Duel
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« "C’est un des grands avantage du duel d’effacer toute rancune entre les combattants et de soutirer, par une petite blessure, de son venin à la vie sociale, si facilement empoisonnée." Léon Daudet.
Léon a le sang chaud. Quand quelque chose lui déplait, quand il a le sentiment qu’on s’est moqué de lui ou qu’on porte atteinte à son honneur, à sa considération, à celle des siens, il envoie ses témoins, et provoque en duel.
Exceptionnellement nombreux sont les duels auxquels il a pris part. il aime cela, il aime cette poussée d’adrénaline qui précède l’affrontement, et il considère que toute faute lavée dans le sang peut alors être effacée, oubliée. Mais pas avant.
Le 31 mars 1896, en lisant le quotidien (pourtant) conservateur L’écho de Paris, Léon a la mauvaise surprise de découvrir à la "une" un dessin le représentant en train de lécher les bottes du duc d’Orléans. La légende du dessin précise : "sous l’œil des Morticoles". Elle fait allusion à un chapitre du livre de Daudet, paru deux ans auparavant où l’on voit des étudiants en médecine, contraints, en quelque sorte, de lécher les pieds des mandarins de la Faculté. A cette époque, Léon est loin d’être converti au royalisme. Son père, ce républicain inattaquable, est encore de ce monde. Le directeur de L’écho de Paris, Henry Simond, est l’un de ses amis. Quand à Steinlein, c’est un talentueux caricaturiste de presse qui ne ferait pas de mal à une mouche. Peu importe. Léon leur envoie à tous deux ses témoins : Georges Hugo et Maurice Barrès.
Steinlein et Simond refusant le duel, Léon surgit au journal et, devant tous les employés, gifle à tour de bras le malheureux Simond. Il fallut une douzaine de personnes pour évacuer le fougueux jeune homme mais le duel n’eut pas lieu.
Son premier duel se déroule au parc des Princes en 1902. Léon Daudet affronte un journaliste d’extrême gauche, Alfred Gérault-Richard. Les deux hommes ont eu des mots à propos de Jean Jaurès. Il y a trois assauts. Au second assaut, Daudet a l’impression qu’il atouché son adversaire à l’aisselle. Mais le combat continue. A la troisième reprise, il est blessé à son tour, sans gravité. En fait, Gérault-Richard avait bien été touché lors de la seconde reprise, mais avait fait comme s’il n’en était rien, poursuivant le duel.
Deux ans plus tard, Léon affronte un sénateur nommé Delpech. Il l’avait assassiné dans un article intitulé "Un caïman dans la coulisse". Delpech lui envoie ses témoins. Lors de l’affrontement, Léon est touché : "une simple piqûre en haut du bras, qui n’empêche ni de courir ni d’écrire".
En 1910, le duc d’Orléans, dans une entrevue au Gaulois, recueillie par le journaliste Gaston de Maizière, désavoue certaines polémiques jugées excessives de l’Action française. Un peu plus tard, le duc d’Orléans expliquera que ses propos ont été mal rapportés. Du coup, Léon provoque en duel le journaliste du Gaulois. La rencontre a lieu en juin. Léon est légèrement blessé au poignet. La même année il se bat avec André Legrand et il est à nouveau blessé.
En 1911, à l’occasion de chahuts des Camelots du Roi visant une pièce de Bernstein, Léon affronte le romancier Nadaud, qui se substitue à Bernstein. Le duel est bref : "Nadaud est très grand ; il tendait le bras et je le piquai à l’avant-bras". Dans la foulée, Léon livre un second duel avec Georges Clarétie, le fils de Jules, qui est un ami de Bernstein. "Je dus faire poum poum avec des pistolets, puis m’aligner à l’épée". En fait Léon touche Clarétie à la poitrine et le combat est arrêté.
Enfin le 21 juillet de la même année, c’est avec Bernstein lui-même que Léon se bat. Il est touché au front et au biceps, tandis qe son adversaire est blessé à l’avant-bras.
Le 23 novembre 1911, Léon se bat avec Henri Chervet. Il est blessé au coude. Au tout début de l’année 1912, il affronte Pierre Mortier, qu’il blesse légèrement.
Le dernier duel de l’avant-guerre l’oppose, en 1914, à Paul Hervieu, un sous écrivain plus ou moins pacifiste. "Sa servilité croissante me dégoûtait. Je lui dis en termes crus". Il s’ensuivit dons un échange de quatre balles au parc des Princes. Francois Broche note que cette attaque visait un écrivain "inoffensif, modèle de platitude académique". L’adversaire n’était pas à la hauteur de Daudet. Mais Daudet, à 47 ans ne donnait aucun signe d’assagissement.
"Je souhaite non qu’on se réconcilie, ce qui serait fade, mais qu’après de solides et brillantes batailles, on ait des pauses de conciliation où l’on boive ensemble, dans la poussière et dans la fumée, le vin de la griserie prochaine." Léon Daudet. »
Francis Bergeron, Léon Daudet - Collection "Qui suis-je ?"
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26/08/2012
Le monde que j’ai quitté est une ménagerie
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« Je veux bondir sur toute miette à laquelle mon œil s’attache, et la dévorer. Si vivre est la chose suprême, alors je veux vivre, dussè-je devenir cannibale. Jusqu’ici, j’ai essayé de sauver ma précieuse carcasse, j’ai essayé de préserver le peu de chair qui recouvrait mes os. J’en ai fini avec ça. J’ai atteint les limites de l’endurance. Je suis acculé au mur, je m’y appuie - je ne peux plus battre en retraite. Historiquement, je suis mort. S’il y a quelque chose au-delà, il me faudra bondir à nouveau. J’ai trouvé Dieu, mais il est insuffisant. Je ne suis mort que spirituellement. Physiquement, je suis vivant. Moralement, je suis libre. Le monde que j’ai quitté est une ménagerie.
L’aube se lève sur un monde neuf, une jungle dans laquelle errent des esprits maigres aux griffes acérées. Je suis une hyène, j’en suis une maigre et affamée : je pars en chasse pour m’engraisser… »
Henry Miller, Tropique du Cancer
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25/08/2012
De longs affaissements alternaient avec ces surexcitations
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« De longs affaissements alternaient avec ces surexcitations ; mais son anxiété, parfois adoucie, jamais ne s'apaisait.
Certes il ne prétendait son dégoût universel justifié que contre l'espèce; il reconnaissait qu'appliquée à l'individu sa méfiance avait souvent tort, car les caractères spécifiques se témoignent chez chacun dans des proportions variables.
Seulement il était craintif de toute société.
Certes il estimait que sa vie, pour ceci et cela, pouvait paraître enviable, mais il méprisait les âmes médiocres qui peuvent se satisfaire pleinement.
(...)
Une troisième distraction s'offrait : la musique. Amie puissante, elle met l'abondance dans l'âme, et, sur la plus sèche, comme une humidité de floraison. Avec quelle ardeur, lui, mécontent honteux, pendant les noires journées d'hiver, n'aspirait-il pas cette vie sentimentale des sons, où les tristesses même palpitent d'une si large noblesse ! La musique ne lui faisait rien oublier ; il n'eût pas accepté cette diminution ; elle haussait jusqu'au romantisme le ton de ses pensées familières. Pour quelques minutes, parmi les nuages d'harmonie, le front touché d'orgueil comme aux meilleures ivresses du travail nocturne, il se convainquait d'avoir été élu pour des infortunes spéciales. Mais dans cette molle soirée de tiédeur il répugnait à toute secousse. "Je me garderai, quand mon humeur sommeille, de lui donner les violons ; leur puissance trop implorée décroît, et leur vertu ne saurait être mise en réserve qui se subtilise avec le soupir expirant de l'archet."
Il alla simplement se promener au parc Monceau.
Quoique le soir elle sente un peu le marécage, il aimait cette nursery. Là, solitaire et les mains dans ses poches, il se permettait d'abandonner l'air gaillard et sûr de soi, uniforme du boulevard. Tant était douce sa philosophie, il estimait que choquer les moeurs de la majorité ne fut jamais spirituel. "Les gens m'épouvantent, ajoutait-il, mais à la veille d'un dimanche où je pourrai m'enfermer tout le jour, j'ai pour l'humanité mille indulgences. Mes méchancetés ne sont que des crises, des excès de coudoiement. Je suis, parmi tous mes agrès admirables et parfaits, un capitaine sur son vaisseau qui fuit la vague et s'enorgueillit uniquement de flotter ... Oh! je me fais des objections; petites phrases de Michelet si pénétrantes, brûlantes du culte des groupes humains! amis, belles âmes, qui me communiquez au dessert votre sentiment de la responsabilité! moi-même j'ai senti une énergie de vie, un souffle qui venait du large, le soir, sur le mail, quand les militaires soufflaient dans leurs trompettes retentissantes. —Ce n'est donc pas que je m'admire tout d'une pièce, mais je me plais infiniment."
Dans son épaule, une névralgie lancina soudain, qui le guérit sans plus de sa déplaisante fatuité. Humant l'humidité, il se hâta de fuir. Puis reprenant avec pondération sa politique :
"La réflexion et l'usage m'engagent à ensevelir au fond de mon âme ma vision particulière du monde. La gardant immaculée, précise et consolante pour moi à toute heure, je pourrai, puisqu'il le faut, supporter la bienveillance, la sottise, tant de vulgarités des gens.—Je saurai que moi et mes camarades, jeunes politiciens, nous plairons, par quelles approbations! dans les couloirs du Palais-Bourbon. Et si l'on agrandit le jeu, j'imagine qu'on trouvera, dans cette souplesse à se garder en même temps qu'on paraît se donner, un plaisir aigu de mépris. Équilibre pourtant difficile à tenir ! L'homme intérieur, celui qui possède une vision personnelle du monde, parfois s'échappe à soi-même, bouscule qui l'entoure et, se révélant, annule des mois merveilleux de prudence ; s'il se plie sans éclat à servir l'univers vulgaire, s'il fraternise et s'il ravale ses dégoûts, je vois l'amertume amassée dans son âme qui le pénètre, l'aigrit, l'empoisonne. Ah ! ces faces bilieuses, et ces lèvres séchées, avec bientôt des coliques hépatiques !"
Il s'arrêta dans son raisonnement, un peu inquiet de voir qu'une fois encore, ayant posé la vérité (qui est de respecter la majorité), les raisonnements se dérobaient, le laissant en contradiction avec soi-même. Toujours atteindre au vide! Il reprit opiniâtrement par un autre côté sa rhapsodie :
"Avec quoi me consoler de tout ce que j'invente de tourner en dégoût? (Et cette petite formule, déplaisante, trop maigre, désolait sa vie depuis des mois.)
"Un jour viendra où ce système, d'après lequel je plie ma conduite, me déplaira. Aux heures vagues de la journée, souvent, par une fente brusque sur l'avenir, j'entrevois le désespoir qui alors me tournera contre moi-même, alors qu'il sera trop tard.
C'est pitié que dans ce quartier désert je sois seul et indécis à remuer mes vieilles humeurs, que fait et défait le hasard des températures. Et ce soir, avec ce perpétuel resserrement de l'épigastre et cette insupportable angoisse d'attendre toujours quelque chose et de sentir les nerfs qui se montent et seront bientôt les maîtres, ressemble à tout mes soirs, sans trêve agités comme les minutes qui précèdent un rendez-vous.
Ceux de mon âge, éversores, des ravageurs, dit saint Augustin, ont une jactance dont je suis triste; ils sont sanguins et spontanés; ils doivent s'amuser beaucoup, car ils se donnent en s'abordant de grands coups sur les épaules et souvent même sur le plat du ventre, avec enthousiasme. Moi qui répugne à ces pétulances et à leurs gourmes, plus tard, impotent, assis devant mes livres, ne souffrirai-je pas de m'être éloigné des ivresses où des jeunes femmes, avec des fleurs, des parfums violents et des corsages délicats, sont gaies puis se déshabillent. Et voilà mon moindre regret près de tant de succès proposés, autorité, fortune, qu'irrévocablement je refuse. Refusés! qui le croira. Où m'arrêterais-je si je me décidais à vouloir?... Hélas! quelque vie que je mène, toujours je me tourmenterai d'une âcreté mécontente, pour n'avoir pu mener parallèlement les contemplations du moine, les expériences du cosmopolite, la spéculation du boursier et tant de vies dont j'aurais su agrandir les délices." »
Maurice Barrès, Sous l'oeil des barbares
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24/08/2012
Combien je serais une machine admirable si je savais mon secret !
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« Combien je serais une machine admirable si je savais mon secret !
Nous n'avons chaque jour qu'une certaine somme de force nerveuse à dépenser: nous profiterons des moments de lucidité de nos organes, et nous ne forcerons jamais notre machine, quand son état de rémission invite au repos.
Peut-être même surprendrons-nous ces règles fixes des mouvements de notre sang qui amènent ou écartent les périodes où notre sensibilité est à vif. Cabanis pense que par l'observation on arriverait à changer, à diriger ces mouvements quand l'ordre n'en serait pas conforme à nos besoins. Par des hardiesses d'hygiéniste ou de pharmacien, nous pourrions nous mettre en situation de fournir très rapidement les états les plus rares de l'âme humaine.
Enfin, si nous savions varier avec minutie les circonstances où nous plaçons nos facultés, nous verrions aussitôt nos désirs (qui ne sont que les besoins de nos facultés) changer au point que notre âme en paraîtra transformée. Et pour nous créer ces milieux, il ne s'agit pas d'user de raisonnements, mais d'une méthode mécanique; nous nous envelopperons d'images appropriées et d'un effet puissant, nous les interposerons entre notre âme et le monde extérieur si néfaste. Bientôt, sûrs de notre procédé, nous pousserons avec clairvoyance nos émotions d'excès en excès; nous connaîtrons toutes les convictions, toutes les passions et jusqu'aux plus hautes exaltations qu'il soit donné d'aborder à l'esprit humain, dont nous sommes, dès aujourd'hui, une des plus élégantes réductions que je sache. »
Maurice Barrès, Uun homme libre
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