06/05/2012
Pays de merde
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Dans l’histoire ce n’est pas l’idéalisme, la bonté ou la moralité qui règnent
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« Du peu que nous pouvons connaître des événements du futur, une chose est certaine : les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la volonté de posséder, et le pouvoir.
Il y a une immense différence, que la plupart des gens ne comprendront jamais, entre voir l’histoire future comme elle sera et la voir comme on aimerait qu’elle soit. La paix est un souhait, la guerre est un fait, et l’histoire n’a jamais prêté attention aux désirs et aux idéaux humains.
Parler de la paix dans le monde s’entend aujourd’hui seulement parmi les peuples blancs, et pas parmi les races de couleur, beaucoup plus nombreuses. Quand des penseurs individuels et des idéalistes parlent de paix, comme ils l’ont fait depuis des temps immémoriaux, l’effet est négligeable. Mais quand des peuples entiers deviennent pacifistes, c’est un symptôme de sénilité. Les races fortes et jeunes ne sont pas pacifistes. Adopter une telle position, c’est abandonner le futur, car l’idéal pacifiste est une condition terminale qui est contraire aux faits de base de l’existence. Aussi longtemps que l’homme continuera à évoluer, il y aura des guerres.
Le pacifisme signifie laisser les non-pacifistes prendre le contrôle. Le pacifisme restera un idéal, la guerre un fait. Même si le monde était unifié sous une seule autorité, il y aurait toujours des guerres, qu’on nommerait des rébellions : distinction purement verbale. Si les races blanches sont décidées à ne plus jamais faire la guerre, les races de couleur agiront différemment et deviendront les maîtresses du monde.
L’abondance des naissances dans les populations primitives est un phénomène naturel, dont l’existence même ne peut être remise en question, quels que soient ses avantages ou ses désavantages. Lorsque les raisons de s’interroger sur l’existence de la vie entrent dans la conscience humaine, la vie elle-même est déjà remise en question.
Dans l’histoire ce n’est pas l’idéalisme, la bonté ou la moralité qui règnent — leur royaume n’est pas de ce monde — mais plutôt la résolution, l’énergie, la présence d’esprit, et l’aptitude pratique. On ne peut pas effacer ce fait avec des lamentations et des jugements moraux. C’est la manière dont l’homme est fait ; c’est la manière dont la vie est faite, c’est la manière dont l’histoire est faite. »
Oswald Spengler, Années décisives
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05/05/2012
Mohammed Iqbal et la défense de l'Ego
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J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les développements audacieux du philosophe, poète et réformateur de l'Islam Mohammed Iqbal via le livre que lui a consacré Abdennour Bidar, "L'Islam face à la Mort de Dieu", mais voici que je souhaite y revenir un court instant pour appuyer une ou deux choses.
Toujours, donc, dans le livre d'Abdennour Bidar, "L'Islam face à la mort de Dieu", d'abord une citation de Mohamed Iqbal, surprenante et, à sa lecture, on comprend que les imams, muftis et autres mollahs de notre temps (et de tout temps, à vrai dire) méprisent le soufisme :
« Les champs d'expérience les plus importants, examinés du point de vue de la synthèse, révèlent, comme base ultime de toute expérience, une volonté créatrice rationnellement dirigée que nous avons trouvé des raisons de décrire comme ego. Afin de mettre en relief l'individualité de l'Ego ultime, le Coran lui donne le nom d'Allah. » (Mohhamed Iqbal - Reconstruire III)
Relisez donc cette citation et comment elle se termine : "Afin de mettre en relief l'individualité de l'Ego ultime, le Coran lui donne le nom d'Allah." On voit bien, ici, les liens fondamentaux qui peuvent exister entre les diverses intuitions mystiques, tant juives que chrétiennes et musulmanes, si on entend par "musulmanes", en se faisant un peu violence, certes, autre chose que la soumission à un Démiurge écrasant qui n'apporte qu'une simple législation en guise de spiritualité, ou plutôt pseudo-spiritualité faisant bander le barbu qui se laisse pousser la barbe et porte la djelaba comme au temps du Prophète afin de se donner l'assurance d'être sur la bonne voie. Un bon totalitarisme fantasmant une Oumma massive et archaïque où seul compterait la lecture littérale et poussiéreuse de la parole du Prophète. Je mesure surtout l'effort intellectuel et spirituel pour des esprits libres de ne pas se réduire à ce sinistre écueil lorsqu'on parcours les sourates et qu'elles sont ce qu'elles sont. Je songe quand même aux kabbalistes qui affirment, au grand scandale des juifs orthodoxes, qu'il est du devoir de l'Homme de participer à la Création Divine en, disent-ils, "faisant Dieu".
Et Abdennour Bidar poursuit :
« Il est temps ici d'explorer plus en profondeur cette proposition. Elle a en effet des implications verigineuses dont nous n'avons encore rien dit, mais qu'il faut explorer pour bien réaliser à quels confins peut nous conduire la pensée de Mohammed Iqbal. Elle signifie que le mot "Allah", que la culture islamique n'arrive toujours pas à comprendre autrement qu'au sens littéral d'un Dieu transcendant à l'homme, n'est en réalité que le nom de l'homme parfait. Allah est notre soi pure. L'Homme n'est pas destiné à la vocation à laquelle le réduit la tradition religieuse et mystique de l'islam. »
Ici, dans son commentaire, Abdennour Bidar place presque dans le même sac la tradition de l'islam comme sa face mystique. Cela suggère qu'il estime que Mohammed Iqbal est allé au-delà. En tout cas il est allé suffisamment loin pour inquiéter et les uns et les autres et je suppose qu'il jouit encore d'une forte réputation dans son pays d'origine essentiellement pour avoir fait partie des penseurs qui ont pensé la future création du Pakistan. Je doute bien, cependant, qu'il ait voulu du Pakistan tel qu'il est après avoir écrit les choses qu'il a écrites.
Bidar termine : « A cette religion qui le condamne à rester le serviteur de Dieu, et à la mystique "soufie" qui lui commande de faire disparaître son "moi" dans l'océan du divin, Iqbal rétorque QUE LA VIE SPIRITUELLE N'EST NI SOUMISSION NI DISPARITION. ELLE EST ACCES A NOTRE PROPRE EGO CREATEUR. » (C'est moi qui souligne !)
Allez prêchez ça dans le monde musulman d'aujourd'hui, de la Mauritanie à l'Indonésie et jusqu'en Chine. Grosses rigolades en perspective !
C'est avec un certain amusement, pour ne pas dire avec un amusement certain, que je réalise combien ici Abdennour Bidar par l'entremise de Mohammed Iqbal tente, sur la voie tracée par ce saint homme que fut Hallaj, de réformer leur religion de façon drastique. Le combat est d'emblée rude et je doute que malgré la bonne volonté d'intellectuels du calibre de Bidar il parvienne à son but.
La différence avec le Christianisme est énorme en comparaison, pour une simple raison : Dieu, dans le Christianisme, par Jésus Christ, s'est fait Homme afin de permettre à ce dernier de devenir Dieu. Postulat de base de la mystique Orthodoxe Chrétienne, par exemple, inscrite dés les exégèses des pères de l'Eglise, chez Saint-Athanase, 4ème siècle de notre ère, et dans le cheminement des herméneutiques qui y furent consacrées. Ce qui explique l'essor considérable que notre civilisation judéo-chrétienne a pu prendre en comparaison à la civilisation arabo-musulmane dont le triste état parle pour lui-même et qui n'a jamais su faire autre chose que nier l'individu en le fondant dans un ensemble dont il se devait de ne devenir qu'un simple rouage. A des lieux de ce que commente avec grand intérêt Abdennour Bidar.
En cherchant à réhabiliter "l'Ego créateur", Mohammed Iqbal veut redonner une place centrale à l'individu parce que son bon sens d'être humain lui indique bien secrêtement que sa société est sclérosée et que, tout musulman qu'il est, son intime conviction lui interdit de l'accepter.
Je terminerai par une citation de Clément d'Alexandrie, un des Pères de l'Eglise (150-220) qui annonce : « Baptisés, nous sommes illuminés ; illuminés, nous sommes faits fils ; faits fils, nous sommes rendus parfaits ; "je", disait-il, "dis vous êtes des dieux et des fils de la plus grande Lumière, vous tous." Cette oeuvre a beaucoup de noms ; elle est appelée cadeau (grâce), illumination, perfection, baptême... la volonté parfaite donne ce qui est parfait. »
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L'Or de Venise
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« Ni Venise matinale, d’argent et de myosotis ; ni le soir, de sang et d’or rouge ; ni le soleil levant sur la Salute, quand ce palais de la Vierge a l’air d’une perle sur un cristal de lait ; ni le soleil couchant sur la rive des Esclavons, quand le Palais Ducal s’allume en lanterne, à tribord d’une galère de carmin : ici et là, Venise glorieuse n’est point encore sans pareille dans la gloire de la lumière. Mais une église est la châsse de son triomphe, l’écrin de la Sirène. Il est un vaisseau où toute sa splendeur est captive. L’Orient et le soleil du crépuscule sur la lagune, ils l’ont enfermé dans une basilique ronde, où le Seigneur est sur l’autel, et la dédicace au voyageur saint Marc.
L’or, le dieu temporel à la solde des insulaires, ne les trahira plus. Il est à Saint-Marc ; ils en ont fait le cœur magnifique de Venise : non pas un or inerte, un lingot avare dans un coffre ; mais l’or le plus vivant, qui bat, qui se nourrit de lumière, qui suit toutes les heures du jour, qui chante dans l’ombre, et qui est, en vérité, l’espèce solaire du sang. Et ainsi, la Pala d’Oro brille au tabernacle, dans Saint-Marc d’Or. Et le nom même de Marc pèse tout poids d’or.
Saint-Marc est l’église sublime. Par la vertu de l’harmonie, elle atteint la perfection du style. La richesse inouïe de la matière n’est qu’un moyen sonore, qui sert docilement de génie musical. Comme la fugue de Bach, avec ses nefs conjuguées et ses coupoles, elle est une et multiple. La plénitude de Saint-Marc est divine.
Byzance y triomphe avec une ardeur splendide ; mais Byzance asservie aux rythmes de la couleur. Toute la richesse antique se consomme dans Saint-Marc, depuis Crésus jusqu’aux oratoires des satrapes ; mais au lieu d’y être une charge charnelle, elle y est toute vive, en mystère et en esprit. »
André Suarès, Le Voyage du condottiere
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04/05/2012
Je dus observer combien les plus laides physionomies offraient une expression de vivacité intelligente et réfléchie
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« Tel était, dans une forme un peu exaltée, mon premier sentiment. Mais je dus observer combien les plus laides physionomies que je rencontrais dans la rue offraient pourtant une expression de vivacité intelligente et réfléchie. Je sentis, en particulier, le luxe étonnant des nuances dans les signes de la finesse, depuis la bonhomie à peine maligne jusqu'à la ruse et la perfidie déclarée. Même variété dans les tours que donne au visage la passion. Pas un trait de ces boutiquiers et de ces ouvrières qui ne fût significatif ; pas une déformation qui ne fût éloquente et, en quelque sorte, historique, si les airs du visage racontent l'histoire de l'homme. Nos mots de laideur spirituelle et de laideur passionnée sont ici de situation.
Un regard plus profond m'embarrassa bien davantage. Comment faisaient donc ces gens-là pour être laids ? Vus d'un peu près, ils ressemblaient parfaitement aux chefs-d'œuvre de leur peinture et de leur sculpture locales. L'application, l'étude me découvraient ces ressemblances. Je m'en pénétrais chaque jour. Avec quelque stigmate de surcroît, je reconnaissais les mentons aiguisés en fourche de Botticelli ; plus loin, exagérée ou comiquement déviée, la ligne ondulée et serpentine de ses beaux corps. Je remarquais ici les maigreurs allongées des têtes faméliques dont s'inspira si fréquemment le triste et attentif Donatello, ailleurs ces larges faces, osseuses et musclées, parfois doublées d'une couche de graisse rose, que nous ramène Ghirlandajo. J'en déduisais que tout ce que Florence présente de vivant répète en laid, mais répète distinctement les choses éternelles qu'elle garde sur ses murailles. Levez le masque qui grimace et la similitude des visages éclate aussitôt.
Ce vilain masque d'où vient-il ? Croirons-nous simplement à la dégénérescence du type depuis le XVIe siècle ? J'ai parfois admiré chez des petites filles de dix ou douze ans, qui jouent dans le ruisseau en sortant de l'école, chez les garçons, jusque vers quatorze ou quinze ans, un caractère qui les oppose à leurs père et mère comme à leurs grands frères et à leurs grandes sœurs. Ces grands enfants ou ces jeunes adolescents sont très beaux. En eux, le modèle de l'art florentin apparaît dans sa fraîcheur, dans sa nouveauté sans une ombre, quelques types tellement purs qu'on les croirait descendus vifs d'une fresque du Dôme, d'un cadre du palais Pitti. Il n'y a d'un peu avivé que la couleur. On saluerait une fillette de la rue : "Bonjour, ange de Botticelli", et telle autre : "Salut, madone de Lippi".
Ange féminin ou madone, il ne faut pas beaucoup de saisons pour les défleurir. Longtemps avant d'être nubiles, toute grâce les a quittées. Dès le premier moment de leur maturité, la ligne se corrompt et le teint se fane. J'en ai cherché et peut-être trouvé la cause dans la vive précocité de toute la race. Ai-je dit que cette beauté des petits enfants a, comme la laideur chez l'adulte, une ardente expression de passion et d'intelligence ? Cet air, commun à toute créature florentine, est peut-être le signe du génie même du pays.
Une passion, une intelligence trop prompte, voilà ce qui dévore, brûle, réduit en cendres le charme délicat des petits Florentins. Sans doute qu'ils soutiennent une vie trop active pour le commun de jeunes êtres. Trop sentir, trop penser les dessèche, les contrefait ou les empâte. Seules, de rares créatures, comme celles que j'ai aperçues aux Cascines, affinées mais fortifiées par l'hérédité du bonheur, savent briller du feu qui ravage toutes les autres. Au combat que les deux plus dures forces de la vie livrent à leur beauté, aux offenses dont la pensée et le désir les accable et les ruine, naît en elles, ou du moins dans l'aspect de leur face pâle, un air de fièvre et de langueur qui compose un charme nouveau.
Par là, tout compte fait, l'art florentin et la nature florentine ne se contrarient plus. Il est superflu de penser que le physique de la race ait perdu grand chose depuis trois siècles. Les meilleurs artistes de la meilleure époque ont, du reste, laissé une collection copieuse de laideurs caractéristiques. Ces ouvrages d'un réalisme aigu sont à considérer. Celui qui les a médités s'aperçoit qu'ils ne diffèrent point, quant aux marques du type, d'avec les œuvres les plus idéalistes. Celles-ci montrent seulement ce type simplifié, remis d'accord avec lui-même et décoré des prestiges de la jeunesse. L'essentiel des traits qu'éternisent tous les artistes florentins leur est venu du populaire de leur ville ; pour le surplus, les enfants et les grandes dames l'apportèrent aux contemplateurs de génie. »
Charles Maurras, Anthinéa, d'Athènes à Florence - (Livre V "Le Génie toscan")
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03/05/2012
On a grand besoin de personnes qui ne bavardent pas
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« Au sens classique, la "culture" (pensons à Cicéron ou à Sénèque) n'eut pas le sens d'érudition, ni d'intellectualisme, mais le sens de formation de l'esprit et du caractère de la personne. Si elle recouvrait ce sens, alors se présenterait, pour une culture de Droite, le devoir d'indiquer des modèles ou idéaux humains, et ce dans une formulation susceptible de leur conférer une valeur normative et une réelle force de suggestion. On a vraiment grand besoin, aujourd'hui, de personnes qui ne bavardent pas, qui n' "écrivent" pas, qui ne discutent pas, mais qui commencent par être. Ces personnes en tireraient une autorité et un prestige, et cela produirait des effets difficilement réalisables par d'autres voies. »
Julius Evola, Explorations (Editions Pardès)
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02/05/2012
Une sensibilité et une susceptibilité maladives à la souffrance en même temps qu’une odieuse intempérance dans la plainte
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« Il existe aujourd’hui, dans presque toute l’Europe, une sensibilité et une susceptibilité maladives à la souffrance en même temps qu’une odieuse intempérance dans la plainte, un amollissement douillet qui à l’aide de la religion et de je ne sais quel bric-à-brac philosophique voudrait se faire passer pour quelque chose de plus élevé, - il existe un véritable culte de la souffrance. Ce qui, à mon sens, saute toujours d’emblée aux yeux, c’est le manque de virilité de ce que ces cercles d’échauffés baptisent du nom de "compassion". - Il faut proscrire avec la dernière rigueur cette forme récente du mauvais goût… »
Friedrich Nietzsche, Par delà bien et mal
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01/05/2012
Mein Kampf, c'était écrit (Reportage ARTE)
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Reportage pas mal du tout qui a, entre autre, l'honnêteté de préciser que c'est un éditeur d'extrême-droite française, un maurrassien, qui s'est efforcé d'avertir l'opinion française des dangers du livre d'Adolf Hitler et que son effort a été relayé par une organisation juive ce qui est paradoxal lorsque l'on sait l'animosité qui pouvait régner entre certains maurassiens et certains juifs, même si Charles Maurras aimait Proust ou Daniel Halévy fréquentait à l'occasion le Cercle Proudhon. Comme quoi, les faits sont plus complexes que la bien-pensance ne le laisse entendre généralement.
Mein Kampf, c'était écrit - Part01/03
Mein Kampf, c'était écrit - Part02/03
Mein Kampf, c'était écrit - Part03/03
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Le despotisme dévore en cent ans au plus non pas cent mais cinq cents millions de têtes
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« Monsieur Chigalev se consacre trop sérieusement à sa tâche et de plus il est trop modeste. Je connais son livre. Il propose, à titre de solution définitive du problème, le partage de l’humanité en deux parties inégales. Un dixième obtient la liberté individuelle et des droits illimités sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci doivent perdre leur individualité et devenir une sorte de troupeau et, par une obéissance absolue, parvenir au moyen d’une série de transformations, à l’innocence primitive, quelque chose comme le paradis primitif, quoiqu’ils doivent cependant travailler. Les mesures que préconise l’auteur pour enlever la volonté aux neuf dixièmes de l’humanité et pour les transformer en troupeau, au moyen de la rééducation de générations entières, sont très remarquables, fondées sur des données naturelles et fort logiques.
(…)
On nous propose, au moyen de différentes feuilles clandestines de fabrication étrangère, de nous unir et de créer des groupes dans l’unique dessein de destruction universelle, sous prétexte que, quoi qu’on fasse pour soigner le monde, on ne le guérira jamais, tandis qu’en coupant radicalement cent millions de têtes et en nous allégeant ainsi nous-mêmes, on pourrait plus sûrement sauter le fossé.
(…)
… je vous demande ce que vous aimez mieux : la manière lente qui consiste à écrire des romans sociaux et à régler de façon académique sur le papier les destinées humaines pour les mille ans à venir, tandis que le despotisme avalera les morceaux rôtis qui vous tombent d’eux-mêmes dans la bouche et que vous laissez échapper, ou préférez-vous une solution rapide, quelle qu’elle soit, mais qui déliera enfin les mains et permettra à l’humanité tout à son aise de s’organiser socialement elle-même, et cette fois en fait et non sur le papier ? On crie : "cent millions de têtes" ; ce n’est peut-être qu’une métaphore, mais pourquoi en avoir peur si, avec les lentes rêveries sur le papier, le despotisme dévore en cent ans au plus non pas cent mais cinq cents millions de têtes ? »
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski , Les Possédés
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30/04/2012
"Mettons que Hollande soit élu président... (ou le triomphe du relativisme culturel)", par Denis Tillinac
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Denis Tillinac imagine une France dans laquelle le candidat PS est élu. Un cauchemar pour l'écrivain qui craint de voir "démonétiser le sens de l'honneur, de l'altitude, de l'aventure et de l'humour" au cours de cet éventuel quinquennat à venir.
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Mettons que François Hollande soit élu président.
Aubry, Fabius, Montebourg, Joly, Duflot, Mélenchon et consorts le laisseront régner, mais pas gouverner. La France sera à la merci d'un mixe d'idéologues obtus, de snobinards parisianistes et de notabilités régionales prudhommesques. Les pulsions inquisitoriales des militants et le clientélisme bananier des ducs, comtes et marquis « décentralisés » produiront un univers grisaillant de planqués serviles et de tartufes coincés. La police du langage prohibera toute allusion au fuselage d'une minette (sexisme), toute présomption d'une supériorité esthétique de Vermeer sur le tag, de Mozart sur le rap (élitisme discriminant). Le propos de hiérarchiser tant soit peu les goûts et les couleurs, voire de présumer qu'une marge implique une norme, sera tenu au mieux pour « réac », au pire pour « facho » . Une flicomanie sournoise enténèbrera le pays de Rabelais, du Cid de Corneille, du Cyrano de Rostand, de la môme Piaf et de Gabin dialogué par Audiard. Une bigoterie fielleuse s'évertuera à démonétiser le sens de l'honneur, de l'altitude, de l'aventure et de l'humour.
La gauche ruinera la France avec la pharmacopée en usage auprès des incurables et des dépressifs : morphine des emplois bidons (« culture », « communication »), Prozac de l'« animation » depuis la crèche jusqu'à la maison de retraite. Caser son rejeton ad vitam dans un bureau quelconque d'une collectivité territoriale sera le must des ambitions parentales. L'animateur « socio-cul » à catogan et oreille baguée et le journaliste frotté de « sciences humaines » seront les anesthésistes au quotidien d'un peuple jadis gai, fécond et indocile. Leur catéchisme sirupeux, d'un pharisaïsme qu'un Peguy, un Bernanos ou un Mauriac auraient vomi, fragmentera le tissu social en « minorités » dont les revendications seront par principe « légitimes ».
En vertu du même principe, les aspirations de la majorité dite silencieuse, et pour cause, seront non avenues. L'invocation d'une filiation, d'un genre, d'un terroir ou d'une affinité élective sera suspecte et le recours à la mémoire historique, strictement encadré par le clergé des bulletins paroissiaux (Libé, L'Obs, Télérama, Médiapart, France Culture...).
Il sera périlleux d'afficher du respect pour l'intériorité, de l'appétence pour le panache, de la sympathie pour Saint-Louis sous son chêne, Jeanne-d'Arc à Orléans, Bayard à Marignan, Bonaparte au Pont d'Arcole. Et même pour De Gaulle, réputé factieux en son temps par les consciences de la gauche (Mitterrand, Mendès, les communistes, etc.). Le patriotisme sera taxé de « xénophobie » franchouillarde s'il s'abreuve à d'autres sources que le droit du sol, la « laïcité » selon le père Combes et la défense des langues régionales.Tout enracinement affectif dans la mythologie et la poétique de la France sera coupable de péché mortel contre l'esprit cosmopolite; il faudra taire notre dû à la civilisation occidentale sous peine d'être expédiés dans l'enfer des esclavagistes, des colonialistes, des impérialistes, et caetera. Mieux vaudra pour mendier une subvention se targuer d'un pélérinage au mur des Fédérés qu'à la cathédrale de Chartres ou à Colombey-les-deux-églises. Bien entendu l'allusion la plus précautionneuse à l'impact éventuel des flux migratoires sera passible d'une mise en parallèle avec le racisme des nazis. Rien de moins. Autant dire que le sens des distinguos et des nuances sera décoté à la bourse des convenances. Tout se vaut, tout s'équivaut : de ce présupposé inepte, nul ne sera cencé s'affranchir.
Mettons que Hollande soit élu président.
L'arrosage aura une fin et les hochets du « sociétal » (mariage homo, euthanasie, etc.) n'abuseront pas indéfiniment des militants qui ont biberonné le lait sûri du ressentiment. Tôt ou tard, ils exigeront des bûchers et des potences pour assouvir leur frénésie de ratiboisage par le bas. Mais les vrais « riches » ayant décampé depuis belle lurette, vers qui, vers quoi orienter leur vindicte ? Vers le « réac » et le « facho », soit. Mais ces mots qu'on croirait exhumés d'un manuel de démonologie médiévale qualifient à peu près n'importe quel voisin de palier ou de bureau. On le débusquera. On le dénoncera. Chacun sera le réac d'un autre, le double mauvais de sa propre rancoeur. Ça promet des moeurs de vicelards qui s'épieront derrière leurs persiennes. Ça promet pire que la ruine : le deuil de toute jouvence, la réclusion dans un ennui nauséeux. Ça promet une manière de pétainisme rosâtre et verdâtre, frangé de rouge, un pétainisme bio et soft mais pas clean où l'on s'emm...comme des rats morts.
Mettons que Hollande soit élu président.
Il n'aura pas voulu ce désastre mais le vin de la haine étant tiré, il le boira jusqu'à la lie, pour survivre en son palais. Les insoumis s'en tireront mieux que lui car les nihilistes de l'« ordre moral » socialiste n'oseront pas mettre à l'index notre patrimoine spirituel, intellectuel et esthétique bien qu'il soit très majoritairement « élitiste » et assez foncièrement « réac ». Ni fermer les bonnes auberges où les vins ont le goût du pays. Ni attenter à nos jardins secrets, où l'âme de la France continuera de rayonner. A leur insu puisque l'âme n'a pas droit de cité dans le réduit bétonné de leur imaginaire. Ils nous débineront, ils nous excommunieront mais nous sommes trop nombreux pour qu'ils nous embastillent. Dans l'exil intérieur où ils croiront nous enclore, l'ironie sera notre clé des champs ; nous filouterons du bonheur entre les mailles de leur « social ».
Mettons que j'ai cauchemardé et que Sarkozy soit réélu.
Tout n'ira pas au mieux dans le meilleur des mondes, il s'en faudra de beaucoup. Au moins sera conjurée pour un temps la menace d'une torpeur sans rêve dans la morne bienséance d'un cléricalisme de basse saison.
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"Pourquoi le multiculturalisme et l’égalitarisme nous mènent à un suicide collectif", par Denis Tillinac
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Pour l'écrivain Denis Tillinac, la France mérite mieux que "la bigoterie rose, rouge et verte qui fera la loi" si François Hollande est élu Président de la République le 6 mai prochain.
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Cet article de Denis Tillinac est la suite de son texte, "Pourquoi est-il si difficile d'être de droite ?"
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Le multi-culturalisme que la gauche promeut, c'est la négation de notre identité de Français, d'Européens, d'Occidentaux- d'héritiers de Jérusalem, d'Athènes et de Rome. C'est aussi la mort de l'altérité et de la frontière intime. Nous refusons ce cosmopolitisme qui ferait de la France un agrégat de communautés aigrement rivales dans un open-space sans mémoire. Il sonnerait le glas de nos attaches culturelles les plus profondes et ferait peser sur notre descendance la menace d'une désintégration du corps social.
L'égalitarisme dogmatique que la gauche revendique est une contrefaçon du sens de la justice et l'avènement d'une société de fonctionnaires nous promettrait le sort de l'Espagne au XVIIIe siècle : un pays sous-développé.Nous refusons la décadence qui résulterait inéluctablement d'une politique d'assistanat.
Le féminisme made in USA et le militantisme « gay » de la gauche conspirent à l'instauration d'un androgynat, selon cette logique de l'indifférencié qui récuse l'altérité des genres. Pour nous, un homme n'est pas une femme, une paire n'est pas un couple et dans une cité civilisée, l'individu n'a pas tous les droits, il doit prendre en compte son héritage et sa postérité. Nous refusons l'utopie sinistre d'une société dont les égos seraient à la fois souverains, déracinés, insatiables et interchangeables. Un monde sans altérité où le même serait réduit à ne dialoguer qu'avec soi dans le miroir terni d'un narcissisme barbare.
Ce à quoi nous aspirons tous, plus ou moins consciemment, c'est l'émergence d'une nouvelle élite. J'ose dire : d'une chevalerie des âmes. Vous, demain peut-être. Une élite chevaleresque émancipée de l'argent et de la notoriété médiatique -présentement les seules sources d'un pouvoir que plus personne ne respecte, et pour cause. Une élite qui préconisera le sens de la mémoire, de l'altitude, du recueillement -pour conjurer l'éffrayante prophétie d'Huxley dans son « Meilleur des mondes ».
Il vous faudra du temps, du courage, de la lucidité,du repli dans des thébaïdes. Il faudra apprendre à se ressourcer pour qu'advienne un printemps des âmes. Ce sera votre tâche historique.
Pour l'heure, il faut aller au charbon, comme on dit dans les milieux rugbystiques quand le paquet d'avants adverse promet de la castagne. La gauche française nous promet pire : son mépris, notre marginalisation. Réagissons! Contre-attaquons avec panache et dans l'allégresse ! Oh, nous savons bien, hélas, que cette droite est rarement chevaleresque. Souvent elle nous déçoit, et même nous exaspère par sa soumission aux présupposés de ses adversaires. On dirait qu'elle a peur de l'ombre portée de ce moralisme de gauche qui pourtant est agonisant. On la voudrait plus enjouée, moins techno et plus franche du collier. Mais il importe au préalable qu'elle reste majoritaire le printemps prochain (...)
J'ai soutenu mon ami et compatriote Jacques Chirac en 1995 et en 2002 sans aucune réserve contre le candidat des socialistes et je ne l'ai jamais regretté, même si certains de ses choix ont pu me désorienter. J'ai soutenu en 2007 et je soutiens Nicolas Sarkozy, également sans réserve, même si j'ai pu pareillement déplorer certaines initiatives, et plus encore certaines nominations. Elles m'ont beaucoup déplu mais elles ne portaient pas sur l'essentiel. Dans la tourmente d'une crise mondiale, le cap aura été le bon et la réélection de Sarkozy est une nécessité impérieuse. En tant que corrézien je connais Hollande . C'est une personnalité estimable qui m'inspire de la sympathie. Mais peu importe : il est le candidat d'un parti de bobos sans âme qui s'est signalé par son intolérance, son pharisaïsme, sa démagogie et sa soumission aveugle à l'air du temps. Si Hollande atteint le second tour, il sera le candidat de Mélenchon, d' Eva Joly et de deux trozkyistes. Ces idéologues le tiendront en laisse car il devra souscrire des alliances avec eux. Ça promet des tractations peu claires, des concéssions inavouées et une cacophonie dont on se gaussera à l'étranger. Quand les idéologues s'emparent du pouvoir, ils font la chasse aux sorcières, l'ambiance s'alourdit, la France perd son humour, sa jovialité, sa personnalité pour tout dire. Avec une nouvelle cure d'assistanat- ou du « care » cher à Me Aubry, elle se réduirait aux tristes acquets d'un gardiennage « socio-cul » depuis la crèche jusqu'à la maison de retraite.
La France mérite mieux. Si la bigoterie rose, rouge et verte fait la loi, les idées printanières auront du mal à fleurir, on s'ennuyera énormément au pays de Rabelais, il faudra se rabattre sur les chansonniers pour rire à notre aise et encore, ils risquent la mise à l'index dans les prétoires de Mme Joly. Car si Hollande devient notre Président, cette dame peut être ministre : on n'aura plus de nucléaire mais il faudra aller aux abris. La seule évocation d'un tel Fukushima politique fait froid dans le dos. Supposons qu'Hollande s'en débarrasse. Il aura Duflot dans les pattes, et derrière son gentil minois se dissimule une idéologue ultra, bien plus dangereuse car plus rusée. (...)
Chirac a tenu avec dignité la barre sur la scène internationale, mais c'est Jospin qui a gouverné la France et nous en payons encore l'addition en perte de compétitivité, en démoralisation du corps social, en temps gaspillé pour le redressement des comptes, malgré quelques privatisations opportunes d'un certain Strauss-Kahn. Lui, les ténors socialistes l'ont balayé dans les « poubelles de l'Histoire » , comme disait Lenine, après lui avoir fait la danse du ventre pour qu'il soit candidat, en toute connaissance de sa personnalité. Vous aurez le droit de rappeler son deal avec Madame Aubry, ou d'évoquer les moeurs de série B de leurs amis politiques dans le Pas-de-Calais où les Bouches-du-Rhône, si un de vos copains de fac socialistes s'avisait de dégainer la morale. Vous devrez surtout rappeler vos copains indécis ou blasés aux réalités politiques. Car si par mégarde les électeurs imposaient à la France une nouvelle cohabitation, c'est Mme Aubry qui la gouvernerait, elle a perdu les primaires mais elle a gardé le parti. À bon entendeur...
(...) Tout est à refonder pour que renaisse l'espérance dans ce vieux pays pris en otage par un nihilisme qui ne lui ressemble pas. Je le répète : ce sera la tâche historique de votre génération d'en finir avec le conformisme qui depuis plus d'un demi-siècle met la liberté de l'esprit en berne. Ne manquez pas ce rendez-vous avec l'Histoire. Il sera infiniment plus facile si au printemps prochain Nicolas Sarkozy reste aux commandes de la France, avec une majorité de députés pour soutenir son action. Dans ces moments cruciaux, les états d'âme ne sont plus de mise. Il faut refaire le beau serment des Mousquetaires de Dumas sur la place des Vosges : tous pour un, un pour tous.
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L'ensemble des deux parties de ce texte correspondent à de larges extraits d'un discours prononcé par Denis Tillinac devant les membres de l'UNI.
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"Pourquoi est-il si difficile d'être de droite ?" par Denis Tillinac
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"Réac", "facho" : se revendiquer "de droite" suscite souvent des réactions peu amènes. L'écrivain Denis Tillinac évoque ce "péril d'être de droite" (En deux épisodes : 1/2)
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En France, depuis la Libération, le ciel des idées est enténèbré par une vision de l'homme qu'entretient le monopole de la pensée de gauche dans les sphères pédagogiques, médiatiques, éditoriales et mondaines. Vous êtes bien plaçés pour en connaître les pesanteurs à l'université, où jusqu'à Mai 68 régnait un stalinisme de béton armé. Il fut relayé par un marxo-freudisme à la sauce trotskiste, castriste ou maoïste jusqu'au recyclage par Mitterrand du gaucho manichéen en un bobo cynique, hédoniste, nihiliste.
Aujourd'hui la gauche s'affiche en démocrate rose frangée de vert mais le rouge continue d'affleurer ici ou là : dans les cryptes de son inconscient, il y a toujours un Marat, un Robespierre ou un Saint-Just pour envoyer un Malesherbes, un Condorcet, un Chénier, un Danton même à l'échafaud. Toujours un Lazare Carnot pour exterminer des rebelles : nous sommes tous des Vendéens potentiels. Le Hollande le plus tempéré par les jeux politiciens est toujours flanqué de commissaires politiques : Joly, Mélenchon, les trotskystes de service, les alter-mondialistes- et toujours s'embusque un délateur maquillé en journaliste pour traquer l'infidèle. Toujours resurgit dans l'ombre d'un chef anodin, mais avec son aval au moins implicite, cette inquisition médiévale qui voue l'insoumis aux enfers du « réac ».
Ce mot « réac » a été forgé par le cléricalisme de gauche pour néantiser quiconque refuse la clôture dans son Empire du Bien. Le réac, c'est vous, c'est moi. Nul n'est à l'abri de la diabolisation, et si « réac » ne suffit pas, on vous décrètera « facho ». Mieux vaudrait en rire si l'Histoire ne nous avait signalé les risques de miradors et de barbelés quand des idéologues s'avisent de socialiser l'homme dans toutes ses instances en décrétant son âme interdite de cité. En France, la gauche a des tentations liberticides récurrentes depuis la Convention, c'est sa tare originelle. En France et seulement en France, le mot socialisme, en dépit de ses lugubres connotations historiques- le national-socialisme, l'union des républiques soviétiques socialistes- et de ses avatars contemporains- le socialisme de la Corée du Nord, le socialisme de Cuba-ce mot dont Manuel Valls avait vainement souhaité la mise au rebut, ce mot a toujours des relents de totalitarisme. Il faut le savoir, il vaut mieux s'en méfier.
L'avantage du monopole de la gauche, c'est d'avoir engendré par réaction des générations de dissidents armés de leur courage et de leur ironie. Vous, entre autres, puisque le mot « droite » ne vous fait pas peur. En osant le revendiquer, vous vous inscrivez dans un sillage de frondeurs, de factieux et de malicieux - le sillage empanaché des Mousquetaires et de Cyrano, celui des « hussards » à la Blondin mais aussi de Aron et de ses disciples qui du temps de la dictature sartrienne sur la rive gauche de la Seine ont eu le courage de défendre le monde libre contre les communistes, leurs fondés de pouvoir à l'université et leur domesticité innombrable dans la presse. De cette dictature longue et pesante, on ne sache pas que Hessel se soit jamais indigné. C'était pourtant sa génération . Vous êtes peu ou prou l' « armée des ombres » de Kessel entre les mailles de la France « officielle », c'est votre honneur car en France le droitier n'est jamais du côté du manche.
En France il y a péril à être de droite, et rien de moins simple qu'une conscience qui se sent de ce bord. La gauche possède une dogmatique: l'homme nouveau selon la norme socialiste doit être cosmopolite, interchangeable et androgyne. L'indifférenciation est la finalité, le ratiboisage par le bas, le moyen. La gauche possède une armada de figures tutélaires, presque toujours des politiques, de Danton ou Robespierre à Blum ou Thorez en passant par Guesde , Blanqui, Gambetta ou Jaurés. Elle possède son langage ( « les justes revendications des travailleurs »), sa liturgie (les manifs, les congrés) ses lieux sacrés( le mur des Fédérés). Rien de tel à droite, et tant mieux. Pas de cléricalisme, pas de credo alternatif à celui de la gauche. Nous sommes les incrédules de son approche sommaire et réductrice des réalités. Nos figures symboliques sont rarement des politiques . Nous préférons des aventuriers fastueux, des héros de légende ou des plumes enchantées: Roland à Roncevaux, Jeanne d'Arc à Orléans, Bayard à Marignan, d'Artagnan, Lupin , Mermoz, St Ex , la môme Piaf , Gabin, Tintin. Mais aussi Chateaubriand ou Tocqueville. Citer ces deux écrivains, c'est illustrer la complexité de la galaxie droitière. Chacun de nous à ses propres références, ses nostalgies, ses allergies.
Chacun de nous a ses raisons intimes de refuser le credo de la gauche, tantôt métaphysiques, tantôt morales, tantôt esthétiques. Souvent les trois ensemble mais pas toujours, autour des mêmes thèmes ou sur le même tempo. Chacun de nous cultive à sa façon les vertus cardinales que la gauche méprise ou dédaigne: le sens de l'honneur, la fierté de l'héritage, le culte de l'intériorité. J'ajouterais volontiers la liberté de l'esprit, dont la gauche se targue indûment car elle la baillonne sans vergogne quand sa dogmatique est piégée. Eric Zemmour a payé cher en monnaie de discrédit pour le savoir, il a même été condamné en épilogue à cet absurde procés politique où j'ai cru devoir témoigner en sa faveur.
Aucun corpus doctrinal, ne nous aligne en rangs par deux au pas de l'oie. Nous refusons juste d'être socialisés selon une approche, celle des soi-disant Lumières, qui réduit l'humain aux acquets de fonctionalités, avec la complicité des soi-disant sciences humaines, cette imposture majeure des deux derniers siècles. Nos connivences s'expriment en postures d'ironie ou de défi, parfois lourdes de mélancolie, toujours avec le sentiment d'être incompris, car nos consciences ne sont pas tirées au cordeau du rationalisme. Nous sommes sujets au doute, sensibles à la fluidité et aux ambivalences du réel- et chacun de nous sait qu'aucune droite répertoriée ne peut faire miroiter l'intégralité de ses aspirations. Cependant nous savons tous ce qui nous attend si nous ne résistons pas...
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La galaxie Dieudonné, pour en finir avec les impostures
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Une émission des anarchistes de Radio Libertaire fort intéressante sur l'entourage de Dieudonné...
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Du Vietnam, Je portais dans mon paquetage des fleurs séchées, des cicatrices amères et des rêves qui ne voulaient pas s’éteindre
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« Lorsqu’il fallut quitter le Vietnam, nous étions cette armée de sentinelles que le ciel découpe au lointain : chacun veillait sur ses souvenirs. Que faire de la guerre lorsqu’elle est finie ? Nous sommes devenus des orphelins. Aujourd’hui encore, nous souffrons de savoir le Vietnam sous le joug : son peuple n’en a pas fini avec la dictature. "Le chagrin de la guerre, dans le cœur d’un soldat, est semblable à celui de l’amour : une sorte de nostalgie, d’infinie tristesse, dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Il ne lui reste plus que le chagrin d’avoir survécu", a écrit l’écrivain vietnamien Bao Ninh. Mais l’arrachement ne doit pas faire oublier ce que l’Indochine nous a donné. A nous qui devions donner la mort, cette guerre a enseigné l’éblouissement de la vie. Elle nous a appris la fragilité de l’instant, l’ordre parallèle des choses. Elle a uni notre sang à celui des Vietnamiens. Il appartient désormais à chacun de transmettre ce témoin à ceux qui lui succèdent, comme les petites offrandes que les paysans déposaient devant l’autel des ancêtres : deux fleurs, une mangue, une prière enroulée dans une feuille de riz.
Je portais dans mon paquetage des fleurs séchées, des cicatrices amères et des rêves qui ne voulaient pas s’éteindre. J’allais devoir vivre la suite de mon existence avec cette blessure. »
Hélie de Saint Marc, Toute une Vie
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29/04/2012
Louis-Ferdinand et les Aryens
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« Question Juifs, il y a beau temps qu’ils me sont devenus sympathiques : depuis que j’ai vu les Aryens à l’oeuvre, fritz et français.
Quels larbins ! Abrutis, éperdument serviles. Ils en rajoutent. Et putains ! Et fourbes - Quelle sale clique - Ah j’étais fait pour m’entendre avec les Youtres. Eux seuls sont curieux, mystiques, messianiques à ma manière. Les autres sont trop dégénérés. [...]
Vive les Juifs bon Dieu ! Certainement j’irai avec plaisir à Tel-Aviv avec les Juifs. On se comprendrait. Dans ma prison il y avait 500 gardiens tous aryens. 500 millions d’Aryens en Europe. On me fait crever pour antisémitisme ils applaudissent ! Où sont les traîtres, les ordures ! Tu voudrais que je pleure sur le sort de l’immonde bâtarde racaille sans orgueil et sans foi ! Merci ! Je pense des Aryens ce qu’en ont pensé au supplice Vercingétorix et Jeanne d’Arc. De belles saloperies ! Vive les Youtres ! Les Fritz n’ont jamais été pro-aryens, seulement antisémites, ce qui est absolument idiot. J’en voulais à certains clans juifs de nous lancer dans une guerre perdue d’avance. Je n’ai jamais désiré la mort du Juif ou des Juifs. Je voulais simplement qu’ils freinent leur hystérie et ne nous poussent pas à l’abattoir.
L’hystérie est le vice du Juif, mais au moins il est une idée, une passion messianique, leur excuse.
L’Aryen c’est une tirelire et une panse. Et une légion d’honneur.
(...)
Les aryens, même les plus impertinents, n'ont plus de pensées, ils demandent seulement où "on sert"? où la table est la meilleure? où ça paye le mieux de larbiner? »
Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Albert Paraz du 17 mars 1948
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28/04/2012
La vocifération Hitlérienne, ce néo-romantisme hurlant, ce satanisme wagnérien m’a toujours semblé énormément obscène et insupportable
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Outre que Milton Hindus fut professeur de littérature à la Brandeis University dans le Massachussets, il fut l'auteur de la Préface de la première édition américaine de "Mort à crédit". Milton Hindus se présentait lui-même comme un intellectuel Juif, incarnant ainsi, à tous égards, ce que Céline détestait le plus et ne cessait de fustiger avec violence dans ses écrits antisémites.
"Rencontre à Conpenhague" regroupe la correspondance entre les deux hommes ainsi que les notes prises par Milton Hindus durant la visite qu'il fit à Céline en son exil à Copenhague, au cours de l’été 1947. Ce livre ambigu est non seulement le reflet de l'amitié trouble mais néanmoins réelle entre les deux hommes, d'une part, mais d'autre part Milton Hindus y livre un portrait singulier de l'écrivain sulfureux, de par la particularité même du rapport qu’il entretenait avec Céline : mélange paradoxal d’admiration ressentie pour l’œuvre et le génie de l'écrivain et de dégoût éprouvé pour l’homme et sa mauvaise foi antisémite.
« Aucune gêne à vous avouer que je n’ai jamais lu "Mein Kampf " ! Tout ce que pensent, ou racontent ou écrivent les Allemands m’assomme – Celte dans chaque pouce de ma misérable personne tout ce qui vient d’Outre Rhin me coagule (...)
(...) je ne suis pas comme Romain Rolland, Renan et tant d’autres – pas germanisant pour un sou – le moins germanisant des Français, le plus Français celte des Français – Je ne me suis lancé (comme un con) dans cette effroyable aventure et quelle misère ! que dans un but, un seul UNIQUE : éviter une autre guerre – Que le sang français ne coule plus – Hélas ! Voyez comme j’ai réussi ! Alors ce que déconnait Hitler m’a toujours semblé futile. D’ailleurs son entourage me détestait – La vocifération Hitlérienne, ce néo-romantisme hurlant, ce satanisme wagnérien m’a toujours semblé énormément obscène et insupportable – Je suis pour Couperin, Rameau – Jaquin (le connaissez-vous ?) Ronsard… Rabelais ? oui – certes mais bien pourri d’académisme, d’Humanisme, etc… Dreiser évidemment il est le premier de vos auteurs – toutefois cher Hindus – il y a dans vos burlesk – dans "Dinner at Eight" – dans la félinité de vos filles… un philtre de vie tout à fait original, divin, qui ne se trouve pas dans Dreiser – Dreiser ne nous apprend rien – "Dinner at Eight" – "42nd Street", nous apprend beaucoup… »
Louis-Ferdinand Céline à Milton Hindus, Rencontre à Conpenhague
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27/04/2012
Il n'en sort jamais rien
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« En général, nous ne sommes pas faits, semble-t-il, pour les assemblées représentatives. Qu'il s'agisse d'une réunion de paysans, de savants ou de quelque autre comité, il y règne toujours une grande confusion s'il ne s'y trouve pas un chef pour conduire les débats. Il est difficile d'expliquer pourquoi il en est ainsi. Nous sommes comme ça, il faut croire. Mais s'agit-il de se réunir pour bien dîner ou faire la noce, nous y réussissons parfaitement. Et cependant, nous sommes toujours disposés à entreprendre n'importe quoi, selon que le vent souffle dans telle ou telle direction, nous fondons des sociétés de bienfaisance, d'encouragement et Dieu sait quelles sociétés encore ! Leur but est toujours magnifique, et pourtant, il n'en sort jamais rien. Peut-être cela vient-il de ce que nous sommes trop vite satisfaits, croyant avoir tout fait aussitôt la décision prise. Ayant fondé, par exemple, une société de bienfaisance, et réuni des sommes considérables, nous organisons aussitôt un banquet en l'honneur des autorités locales et y dépensons naturellement la moitié des sommes recueillies. Avec ce qu'il reste, on loue immédiatement un splendide appartement pour le comité, avec chauffage et gardiens. Finalement il ne reste plus en tout et pour tout que cinq roubles cinquante à distribuer aux pauvres ; mais le comité ne parvient même pas à se mettre d'accord sur la répartition de cette somme chacun des membres poussant en avant son protégé. »
Nikolaï Gogol, Les âmes mortes
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La guerre n’est plus la guerre
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« La guerre n’est plus la guerre. Vous le verrez un jour, fascistes de tous les pays quand vous serez planqués contre terre, plats, avec la chiasse dans le pantalon. Alors, il n’y aura plus de plumets, d’ors, d’éperons, de chevaux, de trompettes, de mots, mais simplement une odeur industrielle qui vous mange les poumons. »
Pierre Drieu la Rochelle, La Comédie de Charleroi
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26/04/2012
S’attirer les bonnes grâces de l’Islam pétrolier
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« Evoquant cette opération au Kosovo, le Journal Du Dimanche du 6 juin 1999 exultait : "C’est la première victoire de la première guerre sans arrière pensée économique, sans odeur de pétrole, sans dispute de territoires, sans volonté impérialiste, sans idéologie, sans Dieu. La première guerre désintéressée." Il est difficile d’aligner plus de contre vérités, car aucune de ces affirmations n’est conforme à la réalité. Ce ne fut pas une victoire des coalisés puisque ceux-ci s’inclinèrent devant la résistance de Belgrade en renonçant aux exigences qu’ils avaient formulées à Rambouillet. Et nombreuses ont été les arrières pensées à l’origine de la balkanisation des Balkans. En Allemagne, il s’agissait de faire payer aux Serbes leur attachement à la cause des Alliés et leur contribution aux défaites de la Wehrmacht devant Moscou et Leningrad. Et aussi récompenser les Croates et le Bosniaques musulmans qui s’étaient rangés aux cotés du troisième Reich, tout en étendant au sud-est de l’Europe l’influence politique et économique Allemande. Aux Etats-Unis, l’occasion avait été offerte de démontrer la faiblesse des états européens, incapables de régler les affaires de leur continent, ce qui justifiait le maintien de l’OTAN, et même son extension vers l’est et le sud de l’Europe. Washington y gagnait également d’installer ses troupes en Macédoine et au Kosovo, non loin du tracé d’un futur oléoduc acheminant en mer Egée le pétrole de la Caspienne... Autre avantage, s’attirer les bonnes grâces de l’Islam pétrolier en ré islamisant une vaste portion des Balkans par le soutien accordé aux Bosniaques musulmans et aux Albanais. Mises à part ces démarches convergentes, toutes intéressées, cette guerre aurait été humanitaire, désintéressée ! Il arrive trop souvent, en France, qu’il faille se contenter d’une désinformation dont on ne sait si elle relève de l’ignorance ou du calcul, si elle est naïvement stupide ou si elle rapporte à ceux qui la propagent. »
Général Pierre-Marie Gallois, Réquisitoire
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25/04/2012
Je fus un sot de ne pas lui pardonner
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« Il avait eu un autre amour en Italie dont il évitait de parler. Cependant, il me raconta lui-même la fin tragique de cet amour. La dame avait un mari fort jaloux, à ce qu’elle prétendait, et qui l’obligeait à prendre de grandes précautions. Les entrevues ne pouvaient être que rares et accompagnées du plus profond mystère. Pour déjouer tous les soupçons, Beyle se résigna à se cacher dans une petite ville éloignée de dix lieues du séjour de la belle. Lorsqu’on lui donnait rendez-vous, il partait incognito, changeait plusieurs fois de voiture pour dérouter les espions dont il se croyait entouré ; enfin, arrivant à la nuit close, bien enveloppé dans un manteau couleur de muraille, il était introduit dans la maison de sa maîtresse par une femme de chambre d’une discrétion éprouvée.
Tout alla bien pendant quelque temps, jusqu’à ce que la femme de chambre, querellée par sa maîtresse ou gagnée par la générosité de Beyle, lui fit une révélation foudroyante : Monsieur n’était pas jaloux ; Madame, malgré la bonne foi des dames italiennes, qu’il opposait sans cesse à la coquetterie des nôtres, n’exigeait tant de mystère que pour éviter que Beyle ne se rencontrât avec un rival ou, pour mieux dire, avec des rivaux, car il y en avait plusieurs, et la femme de chambre offrit d’en donner la preuve. Beyle accepta. Il vint à la ville un jour qu’il n’était pas attendu et, caché par la femme de chambre dans un petit cabinet noir, il vit, des yeux de la tête, par un trou ménagé dans la cloison, la trahison qu’on lui faisait à trois pieds de sa cachette.
"Vous croirez peut-être, ajoutait Beyle, que je sortis du cabinet pour les poignarder ? Nullement. Il me sembla que j’assistais à la scène la plus bouffonne, et mon unique préoccupation fut de ne pas éclater de rire pour ne pas gâter le mystère. Je sortis de mon cabinet noir aussi discrètement que j’y étais entré, ne pensant qu’au ridicule de l’aventure, en riant tout seul ; au demeurant plein de mépris pour la dame, et fort aise, après tout, d’avoir ainsi recouvré ma liberté. J’allai prendre une glace, et je rencontrai des gens de ma connaissance qui jurent frappés de mon air gai, accompagné de quelque distraction ; ils me dirent que j’avais l’air d’un homme qui vient d’avoir une bonne fortune. Tout en causant avec eux et prenant ma glace, il me venait des envies de rire irrésistibles, et les marionnettes que j’avais vues une heure avant dansaient devant mes yeux. Rentré chez moi, je dormis comme à l’ordinaire. Le lendemain matin, la vision du cabinet noir avait cessé de m’apparaître sous son aspect bouffon. Cela me sembla vilain, triste et sale. Chaque jour, cette image devint de plus en plus triste et odieuse, chaque jour ajoutait un nouveau poids à mon malheur. Pendant dix-huit mois, je demeurai comme abruti, incapable de tout travail, hors d’état d’écrire, de parler et de penser. Je me sentais oppressé d’un mal insupportable, sans pouvoir me rendre compte nettement de ce que j’éprouvais. Il n’y a pas de malheur plus grand, car il ôte toute énergie. Depuis, un peu remis de cette langueur accablante, j’éprouvais une curiosité singulière à connaître toutes les infidélités qu’on m’avait faites. Cela me faisait un mal affreux ; mais pourtant, j’avais un certain plaisir physique à me la représenter dans le cours de ses nombreuses trahisons. Je me suis vengé, mais bêtement, par du persiflage. Elle s’affligea de notre rupture et me demanda pardon avec larmes. J’eus le ridicule orgueil de la repousser avec dédain. Il me semble encore la voir me suivre s’attachant à mon habit et se traînant à genoux le long d’une grande galerie. Je fus un sot de ne pas lui pardonner, car assurément elle ne m’a jamais tant aimé que ce jour-là." »
Prosper Mérimée, Portraits historiques et littéraires
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24/04/2012
Le sentiment toujours fuyant de sa propre existence.
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« Dans une lettre très intime et très sincère, adressée à un de ses amis, il disait : "Les dernières années de ma vie ont été une lutte continuelle contre les sentiments qui en ont rendu la première partie si amère; bien que je me flatte de les avoir en partie vaincus, il y a encore des moments où je suis aussi naïf qu'auparavant; Je n'en ai jamais tant dit, et ne l'aurais même pas dit à vous, si je ne craignais d'avoir été un peu brutal et ne désirais vous en donner la cause. Mais vous savez que je ne suis pas un de vos gentlemen doloristes : donc, maintenant, rions." En effet, il n'en avait jamais tant dit, mais là était bien la clef de ses contradictions apparentes. Depuis plusieurs années il luttait pour tuer en lui un Sentimental qui l'avait fait cruellement souffrir. Trop brave pour se complaire dans le rôle de "gentleman doloriste", mais croyant avoir perdu toute confiance dans les femmes et dans les hommes, il essayait de vivre en Corsaire du plaisir, sans amour et sans amitié. Le malheur était que, dans le silence des passions, il s'ennuyait à crier.
Il y a, chez les êtres qui ont souffert et dont l'habitude ou l'oubli ont guéri la souffrance, une prodigieuse aptitude à l'ennui, parce que la douleur, tout en rendant notre vie insupportable, la remplit de sentiments si vifs qu'ils en masquent le néant. Byron avait commencé la vie par un grand amour. Cet amour avait été un échec, mais avait donné à cet enfant le besoin d'une agitation sentimentale qui lui était devenue nécessaire. Comme un voyageur au palais gâté par les épices trouve fade toute nourriture saine, Byron dans le calme du cœur ne percevait plus le goût de la vie. Il se croyait prêt à poursuivre toute passion violente, même criminelle, pourvu qu'elle lui rendît le sentiment toujours fuyant de sa propre existence. »
André Maurois, Don Juan ou la vie de Byron
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23/04/2012
Solitude et société doivent se composer et se succéder
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« Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude. »
Sénèque, De la tranquillité de l'âme
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22/04/2012
Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie
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« Parce que Kipling s’identifie à la classe des officiels, il possède une chose qui fait presque toujours défaut aux esprits "éclairés"- et c’est le sens de la responsabilité. Les bourgeois de gauche le détestent presque autant pour cela que pour sa cruauté et sa vulgarité. Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie, car ils affichent de combattre quelque chose dont, en profondeur, ils ne souhaitent pas la destruction. Ils ont des objectifs internationalistes, et en même temps ils sont bien décidés à maintenir un niveau de vie qui est incompatible avec ces objectifs. Nous vivons tous de l’exploitation des coolies asiatiques, et ceux d’entre nous qui sont "éclairés" soutiennent que ces coolies devraient être libérés ; mais notre niveau de vie et donc aussi notre capacité de développer des opinions "éclairées" exigent que le pillage continue. L’attitude humanitaire est donc nécessairement le fait d’un hypocrite, et c’est parce qu’il comprenait cette vérité que Kipling possédait ce pouvoir unique de créer des expressions qui frappent. Il serait difficile de river le clou au pacifisme niais des Anglais en moins de mots que dans la phrase : "Vous vous moquez des uniformes qui veillent sur votre sommeil !" Kipling, il est vrai, ne comprenait pas les aspects économiques des relations entre l’élite intellectuelle et les vieilles culottes de peau ; il ne voyait pas que si le planisphère est peint en rose, c’est essentiellement afin de pouvoir exploiter le coolie. Au lieu de considérer le coolie, il ne voyait que le fonctionnaire du gouvernement indien, mais même sur ce plan là, il saisissait exactement le mécanisme des relations : qui protège qui. Il percevait clairement que, si certains peuvent être hautement civilisés, c’est seulement parce que d’autres, qui sont inévitablement moins civilisés, sont là pour les défendre et les nourrir. (Georges Orwell, Œuvres complètes, p186-187) »
Cité par Simon Leys, in Orwell ou l’horreur de la politique
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21/04/2012
Vichyssois, gaullistes et bolchéviques
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« Les vichyssois furent beaucoup moins les complices des nazis que les gaullistes ne furent les alliés objectifs du bolchevisme. »
Raymond Abellio, Sol invictus
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Un grand-père indigné
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Lettre reçue dans une "chaîne"... Un grand-père indigné qui n'est pas Stéphane Hessel.
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J'ai 65 ans, J'ai travaillé à l'école, réussi ma carrière sans l'aide de mes parents. Fils d'ouvriers, je n'en ai pas honte ! Mais je m'aperçois que tout va de travers de plus en plus chaque jour. Avant, les semaines de travail étaient longues, sans 35 heures, ni RTT. C'était comme ça ! On ne s'en plaignait pas vraiment. Je n'ai pas hérité de biens substantiels. Ma position professionnelle et sociale ne m'a pas été donnée non plus. J'ai travaillé pour ça. Et au soir de ma vie, je suis fatigué.
Je suis fatigué de m'entendre dire que je dois partager ce que j'ai, avec des gens qui n'ont pas mon honnêteté. Fatigué de constater qu'en permanence nos gouvernements, de quelque bord qu'ils soient, me prennent de l'argent pour donner à des gens trop paresseux pour travailler. Bien sûr, je veux bien aider ceux que le sort a brutalement frappés : chômage, maladie grave. Mais ce n'est pas le cas de la majorité des personnes concernées.
Je suis fatigué de m'entendre rappeler combien la France va mal, par la faute bien sûr de la droite, mais aussi des socialistes (ou apparentés) millionnaires comme Messieurs Fabius, Strauss- Kahn, Noah, Berger, de Mesdames Bouquet, Balasko, etc...
Fatigué de recevoir des leçons des mêmes, qui appellent de leurs voix une France ouverte à tous, alors que tant d'entre eux résident à l'étranger pour ne pas payer leurs impôts en France et ne fréquentent jamais les zones de non-droit plus d'une heure ou deux, encadrés et protégés, pour les soins de la propagande. Dans 20 ans ou 30 ans, si nous continuons à les suivre comme nous le faisons déjà, nous aurons l'économie d'un pays sous développé, la liberté de la presse de la Chine, la violence du Mexique, du Salvador ou de la Colombie et la même intolérance que l'Iran ou le Pakistan.
Je suis fatigué du comportement hégémonique des Syndicats qui ne représentent pas grand monde, mais qui n'hésitent pas à paralyser tout le pays pour satisfaire des intérêts purement corporatistes, pour beaucoup hors du temps, sans aucun souci du bien de la collectivité alors qu'ils sont sensés la protéger.
Je suis fatigué que notre tolérance vis à vis des autres cultures nous amène à considérer comme normal que l'Arabie Saoudite finance chez nous des mosquées, dans lesquelles on prêche la haine de nos moeurs, de notre culture, et plus généralement de l'Occident, et ce avec les subsides qu'elle tire du pétrole, alors qu'elle proscrit sur son sol la construction d'églises ou de synagogues. Je suis fatigué que les donneurs de leçons n'aient jamais ouvert le Coran. Mais est-ce surprenant puisque notre époque se refuse à pratiquer l'art de penser alors que de mon temps l'école nous y obligeait ? L'école de mon temps donnait des philosophes et des plombiers. Les premiers excellaient dans la construction de systèmes abstraits, mais les deuxièmes s'ils ne comprenaient pas les premiers, au moins partageaient-ils avec eux un bon sens qui les unissait.
Je suis fatigué d'entendre à longueur de temps que je dois diminuer mes émissions de CO2, parce que ce serait "bon pour la planète", alors que la Chine inaugure deux à trois centrales thermiques par semaine.
Je suis fatigué de m'entendre dire que notre tradition d'asile nous oblige à accepter tous les miséreux de la planète à payer pour eux, même quand ils sont clandestins ou n'ont jamais travaillé ni cotisé un centime chez nous, et je suis encore plus fatigué de constater que nos personnages politiques, de droite comme de gauche, trouvent apparemment ça très bien puisqu'ils ne font rien pour y remédier quand ils sont au pouvoir, ou approuvent quand ils sont dans l'opposition.
Je suis fatigué des Français que je trouve prétentieux, donneurs de leçons, égoïstes, lâches et finalement pas sérieux. Ils ne savent pas être individualistes au noble sens du terme en se responsabilisant et en se prenant en main. Ils ont besoin que l'Etat fasse tout pour eux et ils aiment à se cacher derrière une pompeuse souveraineté qui n'existe jamais en actes et qui leur donne l'illusion d'être dans l'assurance de leurs propos alors qu'ils ne sont que dans l'assurance de la sécurité sociale et de l'idéologie des "droits de l'homme".
Je suis fatigué de devoir payer des impôts fonciers largement augmentés, alors que nous nous sommes privés pour payer notre maison et que maintenant, que nous sommes sensés être propriétaires, nous payons un loyer à l'État.
Au final, je suis heureux d'avoir 65 ans. Je ne verrai pas le Monde que nous préparons consciencieusement par veulerie à nos enfants et petits-enfants, mais je plains sincèrement mes descendants .
Un grand-père indigné !!
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