25/08/2012
De longs affaissements alternaient avec ces surexcitations
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« De longs affaissements alternaient avec ces surexcitations ; mais son anxiété, parfois adoucie, jamais ne s'apaisait.
Certes il ne prétendait son dégoût universel justifié que contre l'espèce; il reconnaissait qu'appliquée à l'individu sa méfiance avait souvent tort, car les caractères spécifiques se témoignent chez chacun dans des proportions variables.
Seulement il était craintif de toute société.
Certes il estimait que sa vie, pour ceci et cela, pouvait paraître enviable, mais il méprisait les âmes médiocres qui peuvent se satisfaire pleinement.
(...)
Une troisième distraction s'offrait : la musique. Amie puissante, elle met l'abondance dans l'âme, et, sur la plus sèche, comme une humidité de floraison. Avec quelle ardeur, lui, mécontent honteux, pendant les noires journées d'hiver, n'aspirait-il pas cette vie sentimentale des sons, où les tristesses même palpitent d'une si large noblesse ! La musique ne lui faisait rien oublier ; il n'eût pas accepté cette diminution ; elle haussait jusqu'au romantisme le ton de ses pensées familières. Pour quelques minutes, parmi les nuages d'harmonie, le front touché d'orgueil comme aux meilleures ivresses du travail nocturne, il se convainquait d'avoir été élu pour des infortunes spéciales. Mais dans cette molle soirée de tiédeur il répugnait à toute secousse. "Je me garderai, quand mon humeur sommeille, de lui donner les violons ; leur puissance trop implorée décroît, et leur vertu ne saurait être mise en réserve qui se subtilise avec le soupir expirant de l'archet."
Il alla simplement se promener au parc Monceau.
Quoique le soir elle sente un peu le marécage, il aimait cette nursery. Là, solitaire et les mains dans ses poches, il se permettait d'abandonner l'air gaillard et sûr de soi, uniforme du boulevard. Tant était douce sa philosophie, il estimait que choquer les moeurs de la majorité ne fut jamais spirituel. "Les gens m'épouvantent, ajoutait-il, mais à la veille d'un dimanche où je pourrai m'enfermer tout le jour, j'ai pour l'humanité mille indulgences. Mes méchancetés ne sont que des crises, des excès de coudoiement. Je suis, parmi tous mes agrès admirables et parfaits, un capitaine sur son vaisseau qui fuit la vague et s'enorgueillit uniquement de flotter ... Oh! je me fais des objections; petites phrases de Michelet si pénétrantes, brûlantes du culte des groupes humains! amis, belles âmes, qui me communiquez au dessert votre sentiment de la responsabilité! moi-même j'ai senti une énergie de vie, un souffle qui venait du large, le soir, sur le mail, quand les militaires soufflaient dans leurs trompettes retentissantes. —Ce n'est donc pas que je m'admire tout d'une pièce, mais je me plais infiniment."
Dans son épaule, une névralgie lancina soudain, qui le guérit sans plus de sa déplaisante fatuité. Humant l'humidité, il se hâta de fuir. Puis reprenant avec pondération sa politique :
"La réflexion et l'usage m'engagent à ensevelir au fond de mon âme ma vision particulière du monde. La gardant immaculée, précise et consolante pour moi à toute heure, je pourrai, puisqu'il le faut, supporter la bienveillance, la sottise, tant de vulgarités des gens.—Je saurai que moi et mes camarades, jeunes politiciens, nous plairons, par quelles approbations! dans les couloirs du Palais-Bourbon. Et si l'on agrandit le jeu, j'imagine qu'on trouvera, dans cette souplesse à se garder en même temps qu'on paraît se donner, un plaisir aigu de mépris. Équilibre pourtant difficile à tenir ! L'homme intérieur, celui qui possède une vision personnelle du monde, parfois s'échappe à soi-même, bouscule qui l'entoure et, se révélant, annule des mois merveilleux de prudence ; s'il se plie sans éclat à servir l'univers vulgaire, s'il fraternise et s'il ravale ses dégoûts, je vois l'amertume amassée dans son âme qui le pénètre, l'aigrit, l'empoisonne. Ah ! ces faces bilieuses, et ces lèvres séchées, avec bientôt des coliques hépatiques !"
Il s'arrêta dans son raisonnement, un peu inquiet de voir qu'une fois encore, ayant posé la vérité (qui est de respecter la majorité), les raisonnements se dérobaient, le laissant en contradiction avec soi-même. Toujours atteindre au vide! Il reprit opiniâtrement par un autre côté sa rhapsodie :
"Avec quoi me consoler de tout ce que j'invente de tourner en dégoût? (Et cette petite formule, déplaisante, trop maigre, désolait sa vie depuis des mois.)
"Un jour viendra où ce système, d'après lequel je plie ma conduite, me déplaira. Aux heures vagues de la journée, souvent, par une fente brusque sur l'avenir, j'entrevois le désespoir qui alors me tournera contre moi-même, alors qu'il sera trop tard.
C'est pitié que dans ce quartier désert je sois seul et indécis à remuer mes vieilles humeurs, que fait et défait le hasard des températures. Et ce soir, avec ce perpétuel resserrement de l'épigastre et cette insupportable angoisse d'attendre toujours quelque chose et de sentir les nerfs qui se montent et seront bientôt les maîtres, ressemble à tout mes soirs, sans trêve agités comme les minutes qui précèdent un rendez-vous.
Ceux de mon âge, éversores, des ravageurs, dit saint Augustin, ont une jactance dont je suis triste; ils sont sanguins et spontanés; ils doivent s'amuser beaucoup, car ils se donnent en s'abordant de grands coups sur les épaules et souvent même sur le plat du ventre, avec enthousiasme. Moi qui répugne à ces pétulances et à leurs gourmes, plus tard, impotent, assis devant mes livres, ne souffrirai-je pas de m'être éloigné des ivresses où des jeunes femmes, avec des fleurs, des parfums violents et des corsages délicats, sont gaies puis se déshabillent. Et voilà mon moindre regret près de tant de succès proposés, autorité, fortune, qu'irrévocablement je refuse. Refusés! qui le croira. Où m'arrêterais-je si je me décidais à vouloir?... Hélas! quelque vie que je mène, toujours je me tourmenterai d'une âcreté mécontente, pour n'avoir pu mener parallèlement les contemplations du moine, les expériences du cosmopolite, la spéculation du boursier et tant de vies dont j'aurais su agrandir les délices." »
Maurice Barrès, Sous l'oeil des barbares
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24/08/2012
Combien je serais une machine admirable si je savais mon secret !
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« Combien je serais une machine admirable si je savais mon secret !
Nous n'avons chaque jour qu'une certaine somme de force nerveuse à dépenser: nous profiterons des moments de lucidité de nos organes, et nous ne forcerons jamais notre machine, quand son état de rémission invite au repos.
Peut-être même surprendrons-nous ces règles fixes des mouvements de notre sang qui amènent ou écartent les périodes où notre sensibilité est à vif. Cabanis pense que par l'observation on arriverait à changer, à diriger ces mouvements quand l'ordre n'en serait pas conforme à nos besoins. Par des hardiesses d'hygiéniste ou de pharmacien, nous pourrions nous mettre en situation de fournir très rapidement les états les plus rares de l'âme humaine.
Enfin, si nous savions varier avec minutie les circonstances où nous plaçons nos facultés, nous verrions aussitôt nos désirs (qui ne sont que les besoins de nos facultés) changer au point que notre âme en paraîtra transformée. Et pour nous créer ces milieux, il ne s'agit pas d'user de raisonnements, mais d'une méthode mécanique; nous nous envelopperons d'images appropriées et d'un effet puissant, nous les interposerons entre notre âme et le monde extérieur si néfaste. Bientôt, sûrs de notre procédé, nous pousserons avec clairvoyance nos émotions d'excès en excès; nous connaîtrons toutes les convictions, toutes les passions et jusqu'aux plus hautes exaltations qu'il soit donné d'aborder à l'esprit humain, dont nous sommes, dès aujourd'hui, une des plus élégantes réductions que je sache. »
Maurice Barrès, Uun homme libre
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23/08/2012
Bien parler... un acte de résistance politique quotidienne !
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« Sans l’effort obstiné de chacun pour s’approprier réellement sa langue maternelle (autrement dit, pour devenir le véritable sujet de son propre discours), nous serions en effet condamnés, estimait Orwell, à subir la loi des mots existants, c’est à dire, en dernière instance, à demeurer prisonniers du langage préfabriqué de l’idéologie dominante (qu’il prenne la forme du jargon des économistes ou celle de ce "langage des cités" qui fascine tellement la bourgeoisie universitaire moderne). La "novlangue" (dont Orwell discernait les prémisses dans le parler insipide et convenu des journalistes de la BBC) ne constitue, de ce point de vue, que le passage à la limite d’une situation qui existe déjà : l’idéal, en somme, d’une langue intégralement idéologique (ou "politiquement correct")dont la syntaxe et le lexique obligeraient en permanence ses locuteurs à s’absenter d’eux-mêmes ("les bruits appropriés qui sortent du larynx" mais sans passer par le cerveau) et qui rendrait ainsi inutile l’existence même d’une police de la pensée. C’est pourquoi le simple souci d’enrichir son vocabulaire et de parler une langue claire, vivante et précise constituait déjà, pour Orwell, un acte de résistance politique quotidienne. »
Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée
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22/08/2012
C’est le polymorphisme de notre espèce qui en fait la richesse
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« Disons plus exactement que j’inclus la critique du racisme dans la défense de la diversité humaine. Le racisme soutient qu’il y a des races supérieures à certaines autres (la race "supérieure" étant bien sûr presque toujours celle à laquelle appartient celui qui soutient cette thèse), le racialisme affirme que le facteur racial est le facteur explicatif décisif de l’histoire universelle. Ces deux positions peuvent être soutenues simultanément, mais aussi de manière indépendante. Je les ai critiquées l’une et l’autre sévèrement. L’idée d’une supériorité raciale absolue est tout simplement dénuée de sens ; l’idée d’une supériorité relative est tenue de s’appuyer sur un critère surplombant qui fait toujours défaut : ceux qui professent des opinions racistes se bornent à juger les autres à l’aune d’eux-mêmes. C’est en ce sens que le racisme relève de la métaphysique de la subjectivité, au même titre d’ailleurs que toutes les autres formes d’altérophobie. Quand à la puissance "explicative" du facteur racial, sans être nulle, elle n’en est pas moins limitée. Il suffit d’examiner l’histoire du monde pour comprendre que l’immense majorité des principaux événements ou des grandes mutations intervenues dans l’histoire ne doit rien à la race. (…)
Ma position sur cette question est donc tout à fait claire. Elle se distingue en revanche d’un antiracisme de convenance, relevant du "politiquement correct", qui cherche à faire croire que la posture antiraciste passe par la négation de l’existence même des races. Cela revient à s’imaginer que le racisme disparaîtra si l’on arrive à persuader les gens que les races n’existent pas, autrement dit qu’ils sont en permanence victimes d’une illusion d’optique ! Les races existent bel et bien, quelle que soit la définition qu’on en donne - la couleur de peau étant certainement le critère le moins important - et l’on doit s’en féliciter, car c’est le polymorphisme de notre espèce qui en fait la richesse. »
Alain de Benoist, Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet
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21/08/2012
Tout ce qu’une gauche libérale moderne diabolise par ailleurs comme "identitaire", "réactionnaire" ou "fasciste"
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« Quant au monde effectif des Gitans, il nous rappelle que les véritables civilisations nomades (des Touaregs aux Turkanas) n’ont évidemment rien à voir avec un mouvement brownien d’individus atomisés. Elles se fondent toujours, au contraire, sur une identité culturelle extrêmement forte (et revendiquée comme telle) et sur un sens aigu de la tradition et des valeurs religieuses et familiales. De ce point de vue, l’engouement que la gauche "citoyenne" affiche de façon si ostensible pour l’univers des Tziganes, des Roms ou des Gitans apparaît singulièrement contradictoire, voire un tantinet hypocrite et indécent (dans l’hypothèse, du moins, où cette gauche aurait remarqué la contradiction. Mais peut-être suis-je trop charitable en supposant qu’il lui arrive de penser.). Cet univers des "gens du voyage" incarne, en effet, tout ce qu’une gauche libérale moderne diabolise par ailleurs comme "identitaire", "réactionnaire" ou "fasciste". »
Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée
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20/08/2012
Mon étrange amour n’était qu’une façon d’approcher la mort
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« Tout près de lui, ses cheveux, son odeur -- cette odeur tiède et légèrement salée -- un corps, un souffle, rien de plus. Peut être chacun de nous invente-il sa façon d’aimer, un amour qui n’a nullement les intentions que l’on prête à l’amour, et qui paraîtrait monstrueux s’il n’en avait les apparences. Vanité d’un cœur qui s’épuise à inventer ce qu’il ressent, à se donner des désirs et qui apporte tant de triste zèle à s’imaginer souffrir ! J’ai du tout inventer seul, je me suis toujours voulu ; j’ai régné sur moi chaque jour. Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C’est moi que je prie, c’est moi qui m’exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l’aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon cœur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma délirante soif de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. La curiosité c’est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l’amour, mais qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d’espoirs à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu’à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines pour découvrir que mon étrange amour n’était qu’une façon d’approcher la mort ? »
Jean-René Huguenin, La côte sauvage
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19/08/2012
Cette rage, bien féminine, de vouloir que je sois malheureux, pour pouvoir me consoler
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« Sa rage de nier l’évidence. Et cette autre rage, bien féminine, de vouloir que je sois malheureux, pour pouvoir me consoler. Et ce serait elle qui me consolerait de mon prétendu malheur, quand c’est elle, et ses pareilles, je veux dire les femmes, qui vous donnent un amour qu’on ne leur a pas demandé, quand ce sont elles qui empoisonnent en partie mon bonheur ! Non, tout cela est trop bouffon. En même temps, cela est respectable, pitoyable. Comment me tirer de là sans lui faire de mal ?” La pensée du mal qu’il pouvait lui faire, en lui disant simplement - par une seule phrase - CE QUI ÉTAIT, le paralysait, comme un homme qui s’amuse à boxer avec un enfant, et n’ose remuer quasiment, crainte de le blesser. »
Henry de Montherlant, Les Jeunes Filles
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18/08/2012
Ces socialistes, ces anarchistes !
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« Ces socialistes, ces anarchistes !… Aucun qui agisse en socialiste ; pas un qui vive en anarchiste... Tout ça finira dans le purin bourgeois, Que Prudhomme montre les dents, et ces sans-patrie feront des saluts au drapeau ; ces sans-respect prendront leur conscience à pleines mains pour jurer leur innocence ; ces sans-Dieu décrocheront et raccrocheront, avec des gestes de revendeurs louches, tous les jésus-christ de Bonnat. Allons, la Bourgeoisie peut dormir tranquille ; elle aura encore de beaux jours... »
Georges Darien, Le Voleur
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17/08/2012
Comment pourrais-je t’aimer si tu n’étais pas toujours le plus fort ?
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« Tu n’avais rien pour me plaire. Tu es un brave garçon. Mais je n’aime pas les braves garçons. Si j’étais ta maîtresse et que tu apprenais soudain que je t’ai trompé, imagine cela, Frédéric ! Tu serais fou, tu te pendrais à un arbre ou bien tu guetterais ton rival dans la nuit. Une minute, je serais heureuse de ta colère, puis je te mépriserais. Comment pourrais-je t’aimer si tu n’étais pas toujours le plus fort ? C’est impossible. Il faut que mon amant soit cruel et fort et indomptable. A peine jeté par terre, il faut qu’il se relève et qu’il morde. Si je l’ai trompé, il doit me rire au nez et me vendre à son rival pour s’amuser. »
Roger Nimier, Le Hussard Bleu
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16/08/2012
Faire payer un loyer aux Propriétaires... Aaaah ! ça qu'ça en est une idée socialope !
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Vous êtes propriétaire et vous avez votez à Gôche ? Vous avez bien fait, bande de crétins naïfs !
Hollande voudrait faire payer les gens qui sont propriétaires de leur logement et qui ne payent plus de crédit dessus, sous prétexte que ne payant pas de loyer ce serait un "revenu fictif". Donc, résumons-nous un instant : l'ouvrier a fait l'acquisition d'une maison entre 25 et 35 ans. Il a payé son crédit toute sa vie en se saignant, dans l'espoir, la plupart du temps, de parvenir à transmettre quelque chose à ses enfants. Et à l'approche de la retraite (si on considère un crédit d'une durée de 20 à 30 ans) l'état SOCIALOPE va lui imposer un "loyer" pour la maison qui est la sienne !!!
Vous croyez que je blague, que je fais de l'anti-socialisme primaire ? Ca n'est qu'une proposition pour l'instant mais même si cela n'en dépasse pas le stade, cela montre à quel degré mental se situent les tenants de la "pensée" (pouvons-nous appeler cela comme ça ? Je me le demande !) de gauche.
Le socialisme c'est la lie de l'Humanité... des salopes dans toute leur splendeur maladive ! Incroyable de putasserie !
Source : Libération du 12 Août 2012...
Voir en fin d'article les propositions des têtes penseuses de la racaille sociale-triste ! Si vous ne voulez pas tout lire et que vous faites confiance à votre serviteur, ça dit :
« Parmi les 100 mesures, sept ramèneraient de nouvelles recettes suffisantes au financement de l’ensemble des autres. L’abolition d’un quotient conjugal dans le calcul des impôts permettrait notamment de dégager chaque année 24 milliards d’euros, sans rien changer à l’assiette et aux taux de l’impôt sur le revenu. D’autres relèvent du simple bon sens, comme la suppression des Maisons de l’emploi (40 millions), qui doublonnent avec le guichet unique qu’est devenu Pôle Emploi. Plus audacieuse, l’idée de soumettre à l’impôt sur le revenu les "revenus fictifs", que constitue l’absence de loyer pour les millions de propriétaires ayant remboursé leur emprunt, rapporterait 5,5 milliards par an. "Si toutes ces mesures étaient mises en place, l’Etat serait largement bénéficiaire au final, conclut Agathe Cagé. Cela montre qu’il existe bien des marges de manœuvre sans que cela se traduise par une ponction supplémentaire sur l’économie." »
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Déclaration de Bruxelles 9 juillet 2012 par l'International Civil Liberties Alliance (ICLA)
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Deux vidéos à regarder jusqu'au bout. Des hommes et des femmes de bonne volonté s'organisent et résistent au sein de l'ICLA.
Alain Wagner présente l'International Civil Liberties Alliance (ICLA) dans une entrevue avec Pascal Hilout de "Riposte Laïque"...
17:05 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bière Delirium Tremens...
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La "Delirium Tremens"...
J'avais déjà évoqué la "Delirium Nocturnum", la "Delirium Tremens" est issue de la même Brasserie Familiale Huygne, en activité depuis trois siècles et demi à Gand en Belgique flamande. On peut imaginer le savoir-faire.
La "Delirium Tremens" est brassée depuis 1989 avec l'utilisation de 3 levures belges différentes. Le nom de la bière de manque pas d'humour : c'est le délire fiévreux que ressentent les alcooliques en manque d'alcool accompagné d'hallucinations redoutables.
Blonde et dorée, abricot, avec une mousse blanche qui subsiste un certain temps mais non persistante, l'alcool s'impose et fait fi des arômes fruités aux relents d'épices que l'on éprouve cependant : girofle poivrée. Demeure une acidité de vin en fin de dégustation. Acreté forte au bribes de malt profond et capiteux. Elle demeure longtemps en bouche.
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Mea culpa. C’est ma faute, c’est notre faute. Notre grande faute.
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« Mea culpa. C’est ma faute, c’est notre faute. Notre grande faute. Un puissant sentiment de culpabilité a été instillé dans l’esprit des peuples européens. C’est une arme incapacitante dont les effets sont dévastateurs. Et qui peut en partie expliquer, mais non excuser, la paralysie des autorités face à cette forme d’agression que constitue l’immigration illégale.
L’argument moral est clair et massif : le moins que nous puissions faire est d’ouvrir nos portes à ces malheureux, puisque nous sommes responsables de la misère qui les a jetés sur les routes de l’exil. En effet, nous, pays du Nord, n’avons cessé de piller les richesses naturelles des pays du Sud. Cette appropriation indue de richesses naturelles est la vraie source du désordre, la raison d’être du colonialisme et du néocolonialisme.
Il y a toutefois une légère faille dans ce raisonnement. C’est que les richesses naturelles n’existent pas. Et que la pauvreté des uns ne peut pas s’expliquer par la richesse des autres pour la bonne et simple raison que la pauvreté ne s’explique pas : c’est l’état naturel, premier et originel de l’humanité. Ce qui a besoin d’une explication, par contre, ce sont les mécanismes qui permettent le développement et la création de richesse.
Lorsque les Bédouins creusaient un puits dans le désert pour trouver de l’eau et qu’ils tombaient sur de l’huile de roche, c’était pour eux une catastrophe. Ils auraient pu dormir mille ans dans leurs tentes au-dessus de gisements de pétrole qui ne représentaient pour eux aucune richesse. C’est le travail et la peine des chimistes européens du XIXè siècle qui passaient leur vie dans leurs laboratoires, ce sont ces travailleurs acharnés qui avaient nom Gottlieb, Daimler, Marcel Bouton, Louis Renault qui ont conféré le statut de richesse à ce qui n’en était pas. Et cela vaut pour toutes les richesses abusivement qualifiées de naturelles. Les habitants du Katanga auraient pu danser pendant des siècles au-dessus de gisements de manganèse et d’uranium qui ne constituaient pour eux aucune richesse. »
Luc Gaffié, Le sanspapiérisme. Anatomie d’une manipulation
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15/08/2012
Ça suffit comme boulot pour une vie tout entière
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« La grande défaite, en tout, c’est d’oublier, et surtout ce qui vous a fait crever, et de crever sans comprendre jamais jusqu’à quel point les hommes sont des vaches. Quand on sera au bord du trou faudra pas faire les malins nous autres, mais faudra pas oublier non plus, faudra raconter tout sans changer un mot, de ce qu’on a vu de plus vicieux chez les hommes et puis poser sa chique et puis descendre. Ça suffit comme boulot pour une vie tout entière. »
Louis Ferdinand Céline, Le voyage au bout de la nuit
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14/08/2012
Bière La Chouffe
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La "Chouffe"... elle chauffe ! Après avoir causé de la bière flamande, voici de la wallonne, faut pas déconner ! Bière belge blonde des Ardennes à triple fermentation, elle est produite en grande partie dans la brasserie d'Achouffe en Wallonie. L'identité de la marque est un lutin, car on raconte que lutins et farfadets sont présents dans les Ardennes, et l'atelier attenant à la brasserie s'appelle "L'auberge des lutins". Je ne doute pas qu'après quelques verres de "Chouffe" on puisse être en mesure de voir et des farfadets et des lutins. Produite depuis tout juste 30 ans, elle a reçu plusieurs prix à travers le monde. Lorsqu’on sait qu'une bière est issue d'une "triple fermentation", cela veut dire que cette bière a été faite selon le principe suivant :
- Fermentation primaire (autour de 20°C pendant 7 jours pour les ales)
- Fermentation secondaire (diminution de la température vers 12°C pendant 1 à 3 semaines)
- Re-fermentation en bouteille, aidée parfois par un ajout de sucre, et/ou de levure avant tajoutée en bouteille
Cette "triple fermentation" informe que le brasseur ne néglige pas la fermentation secondaire (ce qui est, malheureusement, le cas pour les bières industrielles qui ne sont pas en mesure d'être aimées avec le même amour) et que la bière est re-fermentée en bouteille, étape essentielle pour dégager autant d'alcool (on monte ici à 8%). Le brassage fait vieillir les bouteilles durant 1 à 3 mois pour que la re-fermentation en bouteille puisse apporter gaz et complexité. Beaux rôts en perspective. Lorsque l'on parle de "triple fermentation", on pourrait presque dire que la bière a été "faite dans les règles de l’art".
Bière blonde dorée, couleur d'abricot. Elle se distingue par sa fraîcheur et son bouquet fruité. Sa sœur, la Bière brune, la "Mc CHOUFFE", que je n'ai pas encore goûtée, mérite l'appellation de "Scotch de l'Ardenne" car sa robe foncée et sa saveur ne sont pas sans rappeler ses cousines écossaises. Il y a aussi la "Nice Chouffe", ambrée et délicate, que je n'ai pas encore savourée non plus. Mais je suis un homme patient.
Mais revenons à notre blonde qui a des relents de pomme acide et de zestes d'agrumes. C'est une blonde qui a quelque chose d'une brune en elle. Elle est donc trompeuse... comme certaines garces peuvent l'être. Misère ! La mousse est épaisse et persistante. Un bonheur pour les amateurs. Au nez, elle est épicée et même fumée par moment. Son amertume n'est pas exagérée. Une fois hors de la bouteille, servie dans son verre, la température baisse rapidement. N'étant pas un expert, je ne sais pas à quoi c'est dû.
Bon, passons... elle botte le cul c'te bière !
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Il n'y a pas d'amour sans cette violence-là...
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« Voir, pour vous, c'est toujours faire l'offrande du regard à une seule. C'est aller loin dans le songe et lui ramener des fleurs de vos provinces lointaines. Il n'y a pas d'amour sans cette violence-là, qui dissout le monde et n'en retient qu'un seul corps caressé par tous les noms, dans toutes les langues. Il n'y a pas d'amour sans cette croyance folle, sans cette erreur vraie. »
Christian Bobin, La part manquante
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13/08/2012
L'état adulte
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« On dit que l'enfance est un état de passage, une chose temporelle, [...] mais moi je crois que c'est l'état adulte qui est éphémère.[...] Rien n'est plus périssable que l'état adulte. Rien n'est plus facilement décomposable et très vite mourant. »
Christian Bobin, La grâce de solitude
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12/08/2012
Bière Tripel Karmeliet
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La "Tripel Karmeliet"...
L'histoire, dit la légende, commence en 1679 dans un monastère tenu par des moines carmélites, en terre flamande à Termonde, en Belgique actuelle. Les moines en question, sacrés filous, élaborent une recette à partir de trois céréales (Triple Carmélite) : l'orge, le froment et l'avoine. Et la soumettent à une fermentation haute. La fermentation est une des étapes de la fabrication de la bière. Cette étape consiste à ensemencer le moût de céréales avec une certaine quantité de levures afin que celles-ci transforment les sucres présents en alcool.
La levure "haute" couramment utilisée est la Saccharomyces cerevisiae. La fermentation a lieu durant 3 à 8 jours à une température de 15 à 25 degrés Celsius. La levure "haute", en fin de fermentation, remonte à la surface de la bière, d'où l'appellation de fermentation haute. Au contraire de la levure "basse" qui, elle, en fin de fermentation descend au fond de la cuve et dont la fermentation a lieu dans une température comprise entre 5 °C et 14 °C.
Si la bière de fermentation basse peut se conserver plus longtemps, celle de fermentation basse doit se boire vite. Hips ! A la vôtre. Et son taux d'alcool est, également, plus prononcé.
La recette est redécouverte en 1996 par la brasserie Bosteels.
La Tripel Karmeliet est de couleur blonde dorée, tirant vers le orangé. Sa mousse est très épaisse, onctueuse et persistante. Elle finit par disparaître progressivement en laissant des bribes éparpillées dans le breuvage qui fait songer à des bouts de levure. Le goût évoque, à mon palais, des zestes de citron et d'orange et son amertume s'en trouve réduite. Un fond de malte surgit par instant, probablement dû à son taux alcoolisé.
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Apprécier le silence, la seule réalité, l'unique forme d'expression...
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« En arriver à ne plus apprécier que le silence, c'est réaliser l'expression essentielle du fait de vivre en marge de la vie. Chez les grands solitaires et les fondateurs de religions, l'éloge du silence a des racines plus profondes qu'on ne l'imagine. Il faut pour cela que la présence des hommes vous ait exaspéré, que la complexité des problèmes vous ait dégoûté au point que vous ne vous intéressiez plus qu'au silence et à ses cris.
La lassitude porte à un amour illimité du silence, car elle prive les mots de leur signification pour en faire des sonorités vides ; les concepts se diluent, la puissance des expressions s'atténue, toute parole dite ou entendue repousse, stérile. Tout ce qui part vers l'extérieur, ou qui en vient, reste un murmure monocorde et lointain, incapable d'éveiller l'intérêt ou la curiosité. Il vous semble alors inutile de donner votre avis, de prendre position ou d'impressionner quiconque ; les bruits auxquels vous avez renoncé s'ajoutent au tourment de votre âme. Au moment de la solution suprême, après avoir déployé une énergie folle à résoudre tous les problèmes, et affronté le vertige des cimes, vous trouvez dans le silence la seule réalité, l'unique forme d'expression. »
E.M. Cioran, Sur les cimes du désespoir
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Il est évident que la vérité existe
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« Il est évident que la vérité existe, car celui qui nie que la vérité existe concède par le fait même qu’elle existe; car si la vérité n’existe pas, ceci du moins est vrai : que la vérité n’existe pas. Or, si quelque chose est vrai, la vérité existe. Or Dieu est la vérité même, selon ce que dit Jésus en Jean (14, 6) : "Je suis la voie, la vérité et la vie." Donc l’existence de Dieu est évidente. »
Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Prima Pars, question 2, point 3
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11/08/2012
Et je méditais sur ma condition, perdu dans le désert et menacé
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« Mais le plus merveilleux était qu'il y eût là, debout sur le dos rond de la planète, entre ce linge aimanté et ces étoiles, une conscience d'homme dans laquelle cette pluie pût se réfléchir comme dans un miroir. Sur une assise de minéraux un songe est un miracle. Et je me souviens d'un songe...
Echoué ainsi une autre fois dans une région de sable épais, j'attendais l'aube. Les collines d'or offraient à la lune leur versant lumineux, et des versants d'ombre montaient jusqu'aux lignes de partage de la lumière. Sur ce chantier désert d'ombre et de lune, régnait une paix de travail suspendu, et aussi un silence de piège, au coeur duquel je m'endormis.
Quand je me réveillai, je ne vis rien que le bassin du ciel nocturne, car j'étais allongé sur une crête, les bras en croix et face à ce vivier d'étoiles. N'ayant pas compris encore quelles étaient ces profondeurs, je fus pris de vertige, faute d'une racine à quoi me retenir, faute d'un toit, d’une branche d’arbre entre ces profondeurs et moi, déjà délié, livré à la chute comme un plongeur.
Mais je ne tombai point. De la nuque aux talons, je me découvrais noué à la terre. J’éprouvais une sorte d’apaisement à lui abandonner mon poids. La gravitation m’apparaissait souveraine comme l’amour.
Je sentais la terre étayer mes reins, me soutenir, me soulever, me transporter dans l’espace nocturne. Je me découvrais appliqué à l’astre, par une pesée semblable à cette pesée des virages qui vous appliquent au char, je goûtais cet épaulement admirable, cette solidité, cette sécurité, et je devinais, sous mon corps, ce pont courbe de mon navire.
J’avais si bien conscience d’être emporté, que j’eusse entendu sans surprise monter du fond des terres, la plainte des matériaux qui se réajustent dans l’effort, ce gémissement des vieux voiliers qui prennent leur gîte, ce long cri aigre que font les péniches contrariées. Mais le silence durait dans l’épaisseur des terres. Mais cette pesée se révélait, dans mes épaules, harmonieuse, soutenue, égale pour l’éternité. J’habitais bien cette patrie, comme les corps des galériens morts, lestés de plomb, le fond des mers.
Et je méditais sur ma condition, perdu dans le désert et menacé, nu entre le sable et les étoiles, éloigné des pôles de ma vie par trop de silence. Car je savais que j’userais, à les rejoindre, des jours, des semaines, des mois, si nul avion ne me retrouvait, si les Maures, demain, ne me massacraient pas. Ici, je ne possédais plus rien au monde. Je n’étais rien qu’un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer...
Et cependant, je me découvris plein de songes.
Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d’abord, la douceur qui m’envahissait. Il n’y eut point de voix, ni d’images, mais le sentiment d’une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et m’abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire.
Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j’aimais. Peu importait qu’elle fût éloignée ou proche, qu’elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m’abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu’elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n’étais plus ce corps échoué sur une grève, je m’orientais, j’étais l’enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l’avaient animée. Et jusqu’au chant des grenouilles dans les mares qui venait ici me rejoindre. J’avais besoin de ces mille repères, pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences était fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles même se taisaient. Non, je ne logeais, plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu’un message froid. Et ce goût même d’éternité que j’avais cru tenir de lui, j’en découvrais maintenant l’origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s’entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige. Elle s’entrouvraient sur des provisions glacées de neige. La vieille gouvernante trottait comme un rat de l’une à l’autre, toujours vérifiant, dépliant, repliant, recomptant le linge blanchi, s’écriant : "Ah ! mon Dieu, quel malheur", à chaque signe d’usure qui menaçait l’éternité de la maison, aussitôt courant se brûler les yeux sous quelque lampe, à réparer la trame de ces nappes d’autel, à ravauder ces voiles de trois-mâts, à servir je ne sais quoi de plus grand qu’elle, un Dieu ou un navire. »
Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes
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10/08/2012
Le temporel est toujours le lit de camp du spirituel
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« On finit par se laisser prendre à un orgueil aussi naturel ; aussi simplement exprimé, et pourtant avec une pareille audace ! Les anciens qui parlaient des actes de Dieu accomplis par le moyen des Francs auraient trouvé belle, sans doute, cette manière de s’exprimer. Et comme nous sommes loin, ici, de l’abstraction ! Il arrive, en effet, que les clercs qui parlent de la mission de la France, du rôle de la France, finissent par confondre la France avec on ne sait quelles idées pâles et vagues. Ici, le contact n’est jamais perdu avec la réalité charnelle. Non que l’on puisse, à mon avis, reprocher sérieusement à Péguy de tomber dans le péché inverse. Il n’oublie pas les hautes régions de l’universalité. Il ne dit pas que les cathédrale ou la croisade sont belles uniquement parce qu’elles sont françaises. Il dit que la France est belle et grande, entre autres choses, d’avoir incarné une civilisation universelle, d’avoir pu parler à tous les hommes, ce que personne ne niera. Mais en le disant, il ne perd jamais de vue que cette universalité a les couleurs de la pierre française, du fer français, des armes françaises, l’odeur des blés français. Ainsi reste-t-il fidèle à sa grande pensée, si profondément chrétienne et occidentale, que le temporel est toujours le lit de camp du spirituel, et que la cité terrestre est le corps et l’image de la cité de Dieu. Ainsi reste-t-il fidèle au mystère le plus éminent du catholicisme, qui est au centre même de son œuvre, le mystère de l’Incarnation. »
Robert Brasillach, Les quatre jeudis
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09/08/2012
Vie urbaine
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« D’après un rapport publié par l’Organisation des Nations Unies, c’est en 2008 que, pour la première fois dans l’histoire, la population mondiale est devenue majoritairement urbaine. Sans même considérer le simple fait qu’un tel constat soit possible – c'est-à-dire que l’humanité puisse à la fois se quantifier et se localiser, qu’elle soit ainsi intégralement soumise à la statistique – un tel événement n’est guère comparable qu’au passage du nomadisme à la sédentarité qui définit la rupture entre paléolithique et néolithique. Encore ce dernier s’est-il accomplit très lentement […] alors que l’urbanisation de l’humanité s’est traduite par un véritable exode (dit rural) qui en deux siècles à peine a déplacé des centaines de millions d’hommes et changé la face de la terre. La condition urbaine définit donc aujourd’hui la condition de l’homme, le site en lequel il se tient est urbain, et cette première exigence d’une pensée qui se veut lucide est d’éclaircir cette situation nouvelle. Or le trait caractéristique d’un tel site est d’être construit, bâti, édifier : constater que l’homme vit en site urbain, c’est constater qu’il évolue dans un milieu intégralement artificiel. L’espace dans lequel il se déplace, la vitesse de ses déplacements, le rythme de ses activités, les images et les sons qui s’imposent à lui, les messages et informations qu’il reçoit continûment, les matières qu’il touche, la nourriture qu’il consomme, jusqu’à l’air (conditionné ou pollué) qu’il respire, tout est résultat d’une production artificielle ; son rapport à autrui est médiatisé par le système de télécommunication, et ses humeurs elles-mêmes sont maitrisables à volonté par les molécules de synthèse de l’industrie pharmaceutique. Le constat s’impose, selon lequel l’homme ne vit plus au sein de la nature mais dans un système d’objets produits pour une utilisation préalablement déterminée : la nature a disparu, circonscrite aux « espaces verts », aux « ressources naturelles » et à « l’environnement », c'est-à-dire réduite à la fonction qui lui est assigné par cet espace urbain. La distinction entre le naturel et l’artificiel fut pour la première fois formulé dans la pensée grecque, qui opposait « ce qui est par nature » (phusis) et ce qui est par technique (techne) : le basculement de l’humanité de la vie rurale à la condition urbaine, qui l’arrache à un environnement naturel pour la plonger dans un environnement artificiel, peut se définir comme l’avènement du règne de la technique.
Nous sommes en cela les contemporains de la plus profonde mutation qu’ait connue l’humanité depuis le néolithique […]. Cet évènement, d’une rapidité foudroyante, a en effet bouleversé de fond en comble l’existence humaine, à tel point qu’il est difficile d’identifier ce qui demeure de l’histoire ancienne : à une époque où l’Eglise catholique soumet les plus saintes de ses reliques à des tests de datation au carbone 14 et des analyses palynologiques, la religion elle-même subit la domination de la technique, et se trouve ébranlée par elle. La vie d’un homme aujourd’hui n’a plus qu’un lointain rapport avec ce qu’était la vie de ses aïeux deux siècles plus tôt, et ce jusque dans l’intimité de ses croyances. »
Jean VIOULAC, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique
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08/08/2012
Pourri
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Je me sens pourri de l'intérieur au point où mon âme elle-même sentirait mauvais.
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Sous le règne de la pensée unique
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Formons même une hypothèse franchement scandaleuse : ce qui, depuis 1984 est officiellement diabolisé par les médias sous le nom de populisme (en étant, pour les besoins de la cause, cyniquement amalgamé à deux ou trois thèmes d’origine authentiquement fasciste), c’est, pour l’essentiel, l’ensemble des idées et des principes qui, en 1968 et dans les années suivantes, avaient guidé les classes populaires dans leurs différents combats pour refuser, par avance, les effets qu’elles savaient (ou pressentaient) destructeurs, de la modernisation capitaliste de leur vie. Idées qui, pour cette raison, étaient bien trop radicales pour être –sous quelque forme que ce soit- intégrées au paradigme libéral-libertaire des nouvelles élites de la mondialisation.
Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre "Volem viure al païs", qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde.
Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits. C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange.
Ce sera, on le sait, la célèbre lutte contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion, lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation d’un "Front National" dans le nouveau paysage politique.
C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »
Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance
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