26/02/2013
Cette Europe morte qui persiste...
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Je vais T'aider mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance
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« 4 août 1941 -
La source intérieure où je m’abreuve s’envase perpétuellement – et puis je pense trop. Mes idées flottent autour de moi comme un vêtement trop ample, où j’ai la place pour grandir… Je dois continuer à être à l’écoute de moi-même, à "écouter au-dedans de moi"... et bien manger et bien dormir pour préserver mon équilibre. »
« 20 octobre 1941 -
Je voudrais parfois me réfugier avec tout ce qui vit en moi dans quelques mots, trouver pour tout un gîte dans quelques mots. Mais je n’ai pas encore trouvé les mots qui voudront bien m’héberger. C’est bien cela. Je suis à la recherche d’un abri pour moi-même. »
« Prière du dimanche matin, 12 juillet 1942 -
Je vais T'aider mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparait de plus en plus claire : ce n'est pas Toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons T'aider - et ce faisant nous aider nous-mêmes. »
Etty Hillesum, Une vie bouleversée – Journal 1941-1943
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25/02/2013
Monsieur Cogito raconte la tentation de Spinoza
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« Baruch Spinoza d'Amsterdam
désirait atteindre Dieu
en taillant des lentilles
au grenier
tout à coup il perça le rideau
et se trouva face à face
il parla longuement
(lorsqu'il parlait ainsi
sa pensée et son âme
se dilataient)
il posa des questions
au sujet de la nature humaine
- distrait Dieu se frottait la barbe
- lui l'interrogea sur la cause première
- Dieu promenait son regard dans l'infini
- il l'interrogea sur la cause finale
- Dieu se tordait les doigts
s'éclaircit la voix
lorsque Spinoza se tut
Dieu dit
- tu parles bien Baruch
j'aime ton latin géométrique
et aussi la syntaxe limpide
la symétrie des conclusions
parlons cependant
des Choses Vraiment
Grandes
- regarde tes mains
estropiées et tremblantes
- tu abîmes tes yeux
dans les ténèbres
- tu te nourris mal
tu t'habilles comme un misérable
- achète une nouvelle maison
pardonne aux glaces de Venise
de répéter la surface
- pardonne les fleurs nouées dans les cheveux
- la chanson d'ivrogne
- occupe-toi de tes rentes
comme ton collègue Descartes
- sois rusé
comme Erasme
- dédie un traité
à Louis XIV
de toute façon il ne le lira pas
- calme
la furie rationnelle
elle fera tomber des trônes
et noircir les étoiles
- songe
à une femme
qui te donnera un enfant
- tu vois Baruch
nous parlons de Choses Grandes
- je veux être aimé
des incultes et des violents
ce sont les seuls
qui languissent vraiment après moi
c'est alors que le rideau retombe
Spinoza reste seul
il ne voit pas de nuage doré
pas de lumière dans les hauteurs
il voit l'obscurité
il entend le grincement des marches de l'escalier
les pas qui s'éloignent en bas »
Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito et autres poèmes
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24/02/2013
Monsieur Cogito médite sur la souffrance
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« Toutes les tentatives d'éloigner
le fameux calice d'amertume —
par la réflexion
l'action militante en faveur des chats sans logis
le travail sur le souffle
la religion - toutes
ont échoué
il faut s'y faire
baisser doucement la tête
ne pas se tordre les mains
user de la souffrance avec mesure et douceur
comme d'une prothèse
sans fausse honte
mais aussi sans orgueil inutile
ne pas brandir un moignon
par-dessus la tête des autres
ne pas frapper d'une canne blanche
à la fenêtre des repus
boire l'extrait d'herbes amères
mais point jusqu'au fond
laisser par précaution
quelques gorgées pour l'avenir
prendre
mais en même temps
distinguer en soi-même
et si cela est possible
changer la matière de la souffrance
en quelque chose ou en quelqu'un
jouer
avec elle
bien sûr
jouer
plaisanter avec elle
très prudemment
comme avec un enfant malade
pour lui arracher à la fin
par quelques trucs et pitreries
l'ombre
d'un sourire »
Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito et autres poèmes
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23/02/2013
Pourtant c’est en tant que catholique que j’étais allé un après-midi dans l’église de mon enfance
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« Les gens commencèrent à se baptiser beatniks, betas, jazzniks, bopniks, bugniks et finalement je fus appelé 'l’avatar' de tout cela.
Pourtant c’est en tant que catholique, et non à la demande insistante d’aucun de ces "niks" et certainement pas avec leur approbation non plus, que j’étais allé un après-midi dans l’église de mon enfance (l’une d’entre elles), Ste Jeanne d’Arc à Lowell, Massachussets, et, tout à coup, les larmes aux yeux j’avais eu une vision de ce que j’avais voulu dire par "Beat" quand j’entendis le silence sacré dans l’église (j’étais tout seul là-dedans, il était cinq heures de l’après-midi, des chiens aboyaient dehors, des enfants criaient, et les feuilles d’automne, les flammes des cierges qui dansaient pour moi seul), la vision du mot Beat voulant dire béatifique… Il y avait le prêtre qui prêchait le dimanche matin, tout à coup par une porte de côté entre tout un groupe de types de la Beat Generation dans des imperméables ceinturés comme des membres de l’IRA, venus en silence "adorer" la religion…. J’ai su alors. »
Jack Kerouac, Sur les origines d’une génération
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Hate
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J'ai tué Ben Laden...
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22/02/2013
Sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout
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« Plus les peuples avancent en civilisation, plus l’état vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude des livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l’on n’a plus d’illusions. L’imagination est riche, abondante et merveilleuse, l’existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite, avec un cœur plein, un monde vide, et, sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. »
François-René de Chateaubriand, Maximes et Pensées
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21/02/2013
Le valet de Judas...
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« Il faut que tout le sang, la honte, la méchanceté du monde soient avec moi, sur moi ; que toute la lie, l'écume du monde se retirent du monde avec moi et soient consumées avec moi. Je serai le réceptacle où le monde rejettera son ordure, c'est-à-dire sa souffrance. Le mal n'existe que par ma conscience. Ma conscience peut mourir dans le sein profané de cette fille. Ainsi s'établira la gloire de Dieu. Judas est nécessaire au monde. Mais est nécessaire aussi, beaucoup moins que Judas, quelque chose comme le valet de Judas. »
Paul Gadenner, Les Hauts-Quartiers
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Triste époque
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« Votre mot sur la vieillesse m'a plu. Nous vivons une triste époque où le vieux pourri semble encore plus vivant que la vie. Le monde est très malade et doit crever probablement tout doucement.
Révoltons-nous contre Dieu parce que nous devons mourir. Vous vous plaignez de vieillir, de devenir charogne, terre et vent. »
Bram Van Velde, Lettres
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20/02/2013
Personne n’a encore suggéré de solution concrète pour échapper à ce dilemme
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« Si quelqu’un laisse tomber une bombe sur votre mère, laissez tomber deux bombes sur la sienne. Il n’y a pas d’autre alternative : ou bien vous pulvérisez des maisons d’habitation, vous faites sauter les tripes des gens, vous brûlez des enfants – ou bien vous vous laissez réduire en esclavage par un adversaire qui est encore plus disposé que vous à commettre ce genre de choses. Jusqu’à présent, personne n’a encore suggéré de solution concrète pour échapper à ce dilemme. »
George Orwell, Œuvres complètes I
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Je n’ai pas choisi l’art, c’est l’art qui m’a choisi
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« PIER LUIGI TAZZI : Il n’y a pas de raison d’être artiste. Certes, il a existé dans la culture occidentale un rôle précis dévolu à la figure de l’artiste. Celle-ci a été, à un certain moment, encadrée par ce que l’on appelle le système de l’art. Maintenant les choses ont complètement changé, au moins à partir du début du troisième millénaire. Au départ pourquoi as-tu choisi d’être artiste ? Pourquoi le choix de l’art ?
ADEL ABDESSEMED : Je n’ai pas choisi l’art, c’est l’art qui m’a choisi. Un religieux dirait qu’il a été "élu".
Je suis né à Constantine, d’une mère musulmane, dans une maison juive, et avec des sœurs chrétiennes comme sages-gemmes. Ce jour-là je pense avoir rassemblé les dieux du monothéisme. Mon premier cri, je le vois comme le vers d’un poème universel, sans frontières, sans couleurs ni pays, mais qui tend vers l’avenir.
Les premières images très fortes étaient celles de corps nus dans le hammam. J’y ai vu ma mère nue mais jamais mon père.
PIER LUIGI TAZZI : Donc ton "élection" a eu lieu très tôt. Remonte-t-elle à ton enfance ?
ADEL ABDESSEMED : Oui, très tôt. Batna a été le chaudron de mon existence. C’est dans cette ville que j’ai connu et découvert les lumières, les couleurs et les sons. La lampe à pétrole, le bleu du ciel, les couleurs du métier à tisser de ma grand-mère, la boue dans laquelle je poussais la bouteille de gaz qui servait à préparer la galette de ma mère. Pour moi Batna c’était les youyous qui sont émis par les femmes dans les fêtes, le couscous collectif, les danses, les transes. Pier Luigi, j’aimerais te raconter une anecdote qui s’est passée à l’école des Beaux-Arts de Batna. J’ai eu droit au conseil de discipline, le directeur et les professeurs se sont réunis pour me donner un avertissement pour mon "rire bizarre". Rire satanique… J’ai aussi connu ma première censure à cause d’un nu. Je me suis construit dans la férocité : dans la dispute, je n’hésitais jamais à donner un coup de tête. Mais en même temps je rêvais déjà de sculpture, de pâte à modeler. Je mettais ensemble les capsules des bouteilles pour faire les roues d’une voiture. Avec deux bouts de bois découpés, j’imaginais un avion. Je découpais et je fabriquais des tas d’accessoires et de jouets pour les enfants de mon quartier.
PIER LUIGI TAZZI : Dans la tradition de la culture occidentale, l’art a souvent été considéré comme une fenêtre privilégiée pour regarder ou pour voir le monde. Cela a-t-il été ta perspective au début ?
ADEL ABDESSEMED : En Algérie, dans mon pays, il n’y avait pas de fenêtres, puisque la maison était le domaine des femmes et la rue celui des hommes. Donc la rue était ma petite morale. C’est peut-être pour ça que je n’ai pas hésité, par la suite, à utiliser la rue comme atelier, à être hors la loi. Dans la ville occidentale, on permet à l’artiste d’utiliser des terrains résiduels, on l’invite à décorer des espaces à redéfinir ou à intervenir dans des cités pour régler toutes sortes de problèmes, comme si cela suffisait. Mais lorsque l’artiste choisit d’installer son atelier dans l’espace public, il doit demander des autorisations, payer des droits à l’image. C’est ce que j’ai découvert avec "Zen", alors que j’utilisais pour la première fois un espace extérieur situé à côté de chez moi… Le fait d’avoir eu, au quotidien, cette expérience et cette culture de la rue en Algérie m’a autorisé, m’a permis de m’autoriser à l’utiliser avec facilité. J’ai continué à Berlin pour "Happiness in Mitte", "Pressoir", "Fais-le", à New York ensuite. Puis, à Paris, j’ai prolongé l’espace intérieur de mon atelier sur le trottoir de ma rue pour photographier des animaux, des fauves.
PIER LUIGI TAZZI : De quoi te souviens-tu de l’Algérie de ton enfance ?
ADEL ABDESSEMED : Je suis des Aurès, de la partie est, sèche mais pleine de cicatrices : la terre des Berbères numides.
Je me souviens des images silencieuses, des paysages rudes, de la roche.
J’ai vécu dans l’ignorance lors de ma petite et de ma grande enfance à Batna. A cette époque j’ai fait, sans le connaître, l’expérience du non-savoir. A l’école, on a fait venir des instituteurs d’Egypte pour nous apprendre l’arabe, une langue que j’ai perçue alros comme étrangère ; une langue d’envahisseurs. C’était l’écrasement par l’arabisation.
PIER LUIGI TAZZI : Au temps de ta petite enfance, nous avions une petite maison à Al-Hoceima sur la côte méditerranéenne du Maroc, où nous passions chaque année l’été et l’automne. Quand nous sommes arrivés au début des années 1970, on y parlait espagnol et chelha, la langue sans écriture des Berbères ; quand nous sommes partis en 1978, on y parlait français et arabe. J’ai eu une expérience directe de l’arabisation du Maghreb.
ADEL ABDESSEMED : J’ai grandi dans un système qui a renié la culture du pays pour la maîtriser à coups de fantasmes détachés de la réalité et de la vie quotidienne. L’expression dans mon pays était un bien rare, presque inexistant.
Mon enfance a été marquée par la terreur et la haine, terreur causée par la guerre et les religions. J’ai vécu la mise en place de ce qui allait devenir le fanatisme.
A cette époque, j’ai subi un premier choc, lorsque mon père a interdit à ma mère de parler leur propre langue. Le berbère était interdit partout, comme au temps de la colonisation où toute l’administration utilisait le français. Le berbère ne s’imposait que lors des fêtes, dans les chants, car là il prenait le statut d’un objet de folklore.
Puis le deuxième choc s’est produit après octobre 1989, alors que j’avais dix-huit ans. Mon frère a demandé à ma mère de quitter ses pantalons et ses jupes pour revêtir la djellaba, parce que ses amis se moquaient de lui. Elle l’a fait. Ma mère n’a pas pu s’exprimer ; c’est l’arabo-islamisme qui a abouti à la dégradation de la femme chez nous. La femme est persécutée. Une sorte d’apartheid.
PIER LUIGI TAZZI : Même chose à Al-Hoceima : en 1970 les filles en minijupe, en 1978 de plus en plus de tchadors.
ADEL ABDESSEMED : Vers 1971-1973, à Batna, où j’habitais avec ma famille, un illettré, héros de la guerre, a fait détruire une jolie petite église parce qu’elle représentait la chrétienté et le colonialisme. Dans ma famille, la religion musulmane était vécue avec tolérance. Le ramadan, l’Aïd, je ne renierai jamais cela. Je le tiens pour une part d’ombre en moi. Enfin je suis un Berbère — Amazigh — citoyen français.
PIER LUIGI TAZZI : Parfois, on trouve qu’un artiste devient un artiste parce qu’il dépasse une ligne, qu’il passe d’une voie à une autre, d’un parcours à un autre parcours. Ton parcours scolaire a-t-il été linéaire, sans déviation ?
ADEL ABDESSEMED : J’étais nul à l’école et c’est pour cela que j’ai réussi.
Heureusement pour moi je n’ai jamais adhéré au système scolaire. En clair, j’ai échappé à la domestication des cerveaux qui, à travers des manuels débiles, positionnait les sexes dans des fonctions préétablies : Zina dans la cuisine et Malik au marché.
Les professeurs-tortionnaires importés d’Egypte ne nous disaient jamais que l’on était beaux, mais seulement que l’on était des ânes.
Pour moi, l’art était la seule porte de sortie : un avenir.
Je m’appuyait sur mon instinct et l’expérience, qui étaient autres que ceux de l’école. Tu sais, déjà à cette époque, j’étais un homme d’images : quand je repense à ce moment de ma vie, ce sont des images qui me viennent à l’esprit, qui défilent devant moi. Et évidemment, cela ne peut qu’avoir eu un rôle dans mon évolution ultérieure.
En même temps, j’étais avide de lecture, avide de philosophie et de poésie. Je lisais Nietzsche, après le couvre-feu, son œuvre était alors interdite en Algérie, et elle a eu un effet très fort sur moi. Tu penses bien, quelqu’un qui disait que "Dieu est mort", cela ne pouvait pas plaire. Je lisais Victor Hugo, et aujourd’hui encore ses vers et ses phrases sont gravés dans ma mémoire. Comme une tempête sous un crâne. Aujourd’hui encore, dans mon travail la poésie, la coïncidence tiennent une place très importante. Ce que j’aime beaucoup chez Dvir, mon galeriste à Tel-Aviv, c’est que l’on parle souvent des auteurs que nous admirons tant : Paul Celan et Edouard Glissant, entre autres.
PIER LUIGI TAZZI : Y a-t-il eu des choses qui ont pu te choquer au point de changer ton parcours ?
ADEL ABDESSEMED : Alger a été pour moi la ville des apprentissages essentiels : l’âge des ivresses totales et des souffrances infinies. Côtoyer l’assassinat politique, celui du président Boudiaf par exemple, et vivre l’expression de la bêtise la plus abjecte : le meurtre d’Asselah, directeur et ami, qui empruntait les mêmes chemins que moi à l’école des Beaux-Arts. Sur le plan académique, j’ai découvert l’abstraction, mais la matière qui m’était la plus difficile et la plus importante, c’était l’alcool.
Dans un climat de psychose, étant menacé à toutes les minutes de mon existence, la seule manière de survivre était de quitter un pays où l’on pouvait perdre la vie à tout moment.
PIER LUIGI TAZZI : Ta vision de l’art a-t-elle beaucoup changé lorsque tu es passé de l’Algérie à Lyon ou considères-tu cette évolution comme la suite de ton parcours ?
ADEL ABDESSEMED : Une accélération !
PIER LUIGI TAZZI : Avais-tu perçu une différence entre toi en tant que personne et en tant qu’artiste, et ceux qui appartenaient totalement à la culture occidentale ?
ADEL ABDESSEMED : Je viens de la source profonde de l’Occident. L’Occident n’est-il pas né à Souk Ahras, en Numidie, avec Saint Augustin ?
J’ai toujours eu conscience que je disposais d’un savoir différent de celui des autres, et que les autres maîtrisaient un savoir différent du mien. Il y a une forme "canonisée" de savoir, mais il y a aussi ce royaume du concret et du vécu, du "non-savoir" — pour utiliser l’expression de Foucault — qui correspond à un savoir autre. L’objectif essentiel était, et est toujours, d’essayer de faire fusionner les deux formes de savoir. Mon but est d’abord de créer des oppositions, des paradoxes, pour mettre les choses en crise, y compris à l’intérieur de ma propre culture. L’étape suivante est de tout fondre pour arriver à une cristallisation. J’ai très vite commencé à penser ainsi, en rencontrant d’autres communautés, d’autres amitiés, d’autres histoires, d’autres cultures. Cette alchimie-là était parfaite. La différence, je ne l’ai pas ressentie, même si l’on dit que plus on est spécifique, plus on est universel.
PIER LUIGI TAZZI : Qu’étudiais-tu à l’école d’art de Batna, puis d’Alger, et enfin de Lyon ?
ADEL ABDESSEMED : A Batna, puis à Alger, c’était surtout la peinture, du figuratif ou du décoratif… Quand je suis arrivé à Lyon, encore de la peinture, décorative et déprimante. C’était sans issue.
Quel était mon regard sur le monde ? Rêver de le changer.
PIER LUIGI TAZZI : Et tu avais abandonné la peinture ?
ADEL ABDESSEMED : Mais je n’ai jamais vraiment abandonné la peinture, ni le dessin. Certaines de mes grandes références sont issues de l’histoire de la peinture : à peine arrivé en France, une de mes priorités a été d’aller voir la Crucifixion de Grünewald, à Colmar, un tableau qui m’a énormément marqué, et dont j’ai fait récemment une quadruple sculpture.
Mais mon moteur c’est la lutte… Je viens de faire une série de dessins représentant des animaux attachés à des explosifs. Tu vois, même avec le dessin, ce qui compte, c’est la lutte, c’est la possibilité d’une explosion.
Aux Beaux-Arts, on enseignait que la peinture devait être accrochée aux murs et la sculpture posée au sol.
J’ai été frappé par l’extraordinaire pavillon allemand investi par Hans Haacke à la Biennale de Venise, Germania (1993). La destruction du sol en marbre fait par les nazis. En pleine reconstruction de l’Allemagne après la chute du Mur, il prenait en compte l’histoire.
J’ai vu une seule fois de la lutte en peinture : c’était avec Gerhard Richter, dans son magnifique Octobre 18, 1977, une série de peintures de 1988 sur la mort des membres du groupe Baader-Meinhof dans la prison de Stammheim. Il y avait aussi à l’époque quelque chose de différent dans la peinture, quelque chose qui n’avait rien à voir avec ce sens de lutte, mais qui touchait à une substance profonde de l’être, au-delà de toute mondanité, de tous les drames du monde, politiques et sociaux, de toutes contradictions : l’art de Palermo, peintre remarquable, que j’aime énormément, "une fleur" selon Joseph Beuys, dernière manifestation en même temps que dépassement du concept romantique du sublime. La peinture, qui semble trouver sa fin dans le Carré noir de Malevitch, dans Palermo s’étend à la beauté insaisissable du monde, de la vie dans toute sa dimension matérielle, sensuelle et spirituelle. »
Roger Nimier, Entretien, avec Pier Luigi Tazzi
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19/02/2013
J'ai tué. Comme celui qui veut vivre.
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Mille millions d'individus m'ont consacré toute leur activité d'un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu'aujourd'hui j'ai le couteau à la main. L'eustache de Bonnot. "Vive l'humanité!" Je palpe une froide vérité sommée d'une lame tranchante. J'ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci, je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre. »
Blaise Cendrars, J'ai tué
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15/02/2013
L’idiotie caractéristique des Temps modernes
=--=Publié dans la Catégorie "Le Salut par les Juifs"=--=
« SALUS EX JUDÆIS EST. "Le Salut vient des Juifs !" J'ai perdu quelques heures précieuses de ma vie à lire, comme tant d'autres infortunés, les élucubrations antijuives de M. Drumont, et je ne me souviens pas qu'il ait cité cette parole simple et formidable de Notre-Seigneur Jésus-Christ, rapportée par saint Jean au chapitre quatrième de son Évangile. »
« Le Salut vient des Juifs ! Texte confondant qui nous met furieusement loin de M. Drumont ! À Dieu ne plaise que je lui déclare la guerre, à ce triomphant ! La lutte, vraiment, serait par trop inégale.
Le pamphlétaire de la France Juive peut se vanter d’avoir trouvé le bon coin et le bon endroit. Considérant avec une profonde sagesse et le sang-froid d’un chef subtil que le caillou philosophal de l’entregent consiste à donner précisément aux ventres humains la glandée dont ils raffolent, il inventa contre les Juifs la volcanique et pertinace revendication des pièces de cent sous.
C’était l’infaillible secret de tout dompter, de tout enfoncer et de jucher son individu sur les crêtes les plus altissimes.
Dire au passant, fût-ce le plus minable récipiendaire au pourrissoir des désespérés : — Ces perfides Hébreux, qui t’éclaboussent, t’ont volé tout ton argent ; reprends-le donc, ô Égyptien ! crève-leur la peau, si tu as du cœur, et poursuis-les dans la mer Rouge.
Ah ! dire cela perpétuellement, dire cela partout, le beugler sans trève dans des livres ou dans des journaux, se battre même quelquefois pour que cela retentisse plus noblement au-delà des monts et des fleuves ! mais surtout, oh ! surtout, ne jamais parler d’autre chose, — voilà la recette et l’arcane, le medium et le retentum de la balistique du grand succès. Qui donc, ô mon Dieu ! résisterait à cela ?
Ajoutons que ce grand homme revendiquait au nom du Catholicisme. Or, tout le monde connait le désintéressement sublime des catholiques actuels, leur mépris incassable pour les spéculations ou les manigances financières et le détachement céleste qu’ils arborent. J’ai fait des livres, moi-même, en vue d’exprimer l’admiration presque douloureuse dont me saturent ces écoliers de la charité divine et je sens bien qu’il m’eût été impossible de m’en empêcher.
Il est donc aisé de concevoir l’impétuosité de leur zèle, quand les tripotantes mains de l’Antisémite vinrent chatouiller en eux le pressentiment de la Justice. On peut même dire qu’en cette occasion, les écailles tombèrent d’un grand nombre d’yeux et le généreux Drumont apparut l’apôtre des tièdes qui ne savaient pas que la religion fût si profitable. »
Léon Bloy, Le salut par les juifs
« Ici, les riches, chrétiens ou non, sont atroces. Nos juifs eux-mêmes, nos puissants juifs n'ont pas compris que l'auteur du "Salut par les Juifs" avait poussé en faveur de leur nation le plus grand cri qu'on ait entendu depuis le commencement de l'ère chrétienne. »
Léon Bloy, Correspondance, 1900-1914, Léon Bloy Josef Florian, lettre du 2 décembre 1900
« Le Moyen Age avait le bon sens de les cantonner dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale qui permît à chacun de les éviter. Quand on avait absolument affaire à ces puants, on s’en cachait comme d’une infamie et on se purifiait ensuite comme on pouvait. La honte et le péril de leur contact était l’antidote chrétien de leur pestilence, puisque Dieu tenait à la perpétuité d’une telle vermine. Aujourd’hui que le christianisme a l’air de râler sous les talons de ses propres croyants et que l’Eglise a perdu tout crédit, on s’indigne bêtement de voir en eux les maîtres du monde, et les contradicteurs enragés de la Tradition apostolique sont les premiers à s’en étonner. On prohibe le désinfectant et on se plaint d’avoir des punaises. Telle est l’idiotie caractéristique des Temps modernes. »
Léon Bloy, Le Désespéré
«... écrivant un livre sur le Pauvre, comment aurais-je pu ne pas parler des Juifs ? Quel peuple est aussi pauvre que le peuple juif ? Ah ! je sais bien, il y a les spéculateurs, les banquiers. La légende, la tradition veulent que tous les juifs soient des usuriers. On refuse de croire autre chose et cette légende est un mensonge. Il s'agit là de la lie du monde juif. Ceux qui le connaissent et le regardent sans préjugés savent que ce peuple a d'autres aspects et que, portant la misère de tous les siècles, il souffre infiniment. Quelques-unes des plus nobles âmes que j'ai rencontrées étaient des âmes juives. »
Léon Bloy, Journal, t. III, à la date du 2 janvier 1910
Certains clowns devraient fermer leur gueule... quand ils citent Léon Bloy...
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Je ne saurais trop vous inciter à lire, également, le Chapitre 37 du Livre d'Ezéchiel dans l'Ancien Testament, chapitre par lequel Léon Bloy met un point final, si j'ose m'exprimer ainsi, à son livre, "Le salut par les juifs", car il le cite intégralement (en latin), et de tenter de saisir l'importance prophétique abyssale de ce texte que bien des cestodes ayant l'outrecuidance de proclamer qu'ils honorent le Logos sont incapables d'en mesurer la profondeur et l'importance dans le positionnement ontologique du furieux écrivain. Il est des petits sociologues frustrés qui ne savent que postillonner et vociférer leurs ressentiments dans une lourdeur intégrale...
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37:1
La main de l'Éternel fut sur moi, et l'Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements.
Qui est donc cet Ephraïm, fils de Joseph, qui se doit de s'unir à Juda selon la Parole des paroles ?
Du point de vue chrétien on le sait par la lecture de deux passages dont la nature prophétique semble échapper aux pseudos-intellectuels plus aptes à viser la face du Seigneur d'immondes crachats en s'en prenant au peuple de l'Alliance Première.
Jetons quelques clefs en pâture aux crétins théologiques...
En Génèse au Chapitre 48, Joseph amène ses deux fils à son père Israël, pour qu'il les bénisse. L'aîné Manassé et le jeune Ephraïm. Israël les bénit d'une bien curieuse façon :
48:8
Israël regarda les fils de Joseph, et dit : Qui sont ceux-ci ?
48:9
Joseph répondit à son père : Ce sont mes fils, que Dieu m'a donnés ici. Israël dit : Fais-les, je te prie, approcher de moi, pour que je les bénisse.
48:10
Les yeux d'Israël étaient appesantis par la vieillesse ; il ne pouvait plus voir. Joseph les fit approcher de lui ; et Israël leur donna un baiser, et les embrassa.
48:11
Israël dit à Joseph : Je ne pensais pas revoir ton visage, et voici que Dieu me fait voir même ta postérité.
48:12
Joseph les retira des genoux de son père, et il se prosterna en terre devant lui.
48:13
Puis Joseph les prit tous deux, Éphraïm de sa main droite à la gauche d'Israël, et Manassé de sa main gauche à la droite d'Israël, et il les fit approcher de lui.
48:14
Israël étendit sa main droite et la posa sur la tête d'Éphraïm qui était le plus jeune, et il posa sa main gauche sur la tête de Manassé : ce fut avec intention qu'il posa ses mains ainsi, car Manassé était le premier-né.
48:15
Il bénit Joseph, et dit : Que le Dieu en présence duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, que le Dieu qui m'a conduit depuis que j'existe jusqu'à ce jour,
48:16
que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces enfants ! Qu'ils soient appelés de mon nom et du nom de mes pères, Abraham et Isaac, et qu'ils multiplient en abondance au milieu du pays !
48:17
Joseph vit avec déplaisir que son père posait sa main droite sur la tête d'Éphraïm ; il saisit la main de son père, pour la détourner de dessus la tête d'Éphraïm, et la diriger sur celle de Manassé.
48:18
Et Joseph dit à son père : Pas ainsi, mon père, car celui-ci est le premier-né ; pose ta main droite sur sa tête.
48:19
Son père refusa, et dit : Je le sais, mon fils, je le sais ; lui aussi deviendra un peuple, lui aussi sera grand ; mais son frère cadet sera plus grand que lui, et sa postérité deviendra une multitude de nations.
Notez cela : "son frère cadet sera plus grand que lui, et sa postérité deviendra une multitude de nations."
Ephraïm sera plus grand que Manassé et sa descendance formera, dans le texte en hébreu ancien, MELO HAGOYIM qui veut dire littéralement : "LA TOTALITE DES NATIONS"!
Et que dit l'Apôtre Paul dans l'Epître aux Romains dans laquelle il s'adonne à toute une exégèse afin de montrer que le texte Prophétique lie de façon inéluctable le sort des Nations païennes au sort d'Israël ?
11:12
Or, si leur chute a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, combien plus en sera-t-il ainsi quand ils se convertiront tous.
11:13
Je vous le dis à vous, païens : en tant que je suis apôtre des païens, je glorifie mon ministère, 11:14 afin, s'il est possible, d'exciter la jalousie de ceux de ma race, et d'en sauver quelques-uns.
11:15
Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon une vie d'entre les morts ?
11:16
Or, si les prémices sont saintes, la masse l'est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.
11:17
Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui était un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier,
11:18
ne te glorifie pas aux dépens de ces branches. Si tu te glorifies, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte.
11:19
Tu diras donc : Les branches ont été retranchées, afin que moi je fusse enté.
11:20
Cela est vrai ; elles ont été retranchées pour cause d'incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi. Ne t'abandonne pas à l'orgueil, mais crains ;
11:21
car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, il ne t'épargnera pas non plus.
11:22
Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu demeures ferme dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché.
11:23
Eux de même, s'ils ne persistent pas dans l'incrédulité, ils seront entés ; car Dieu est puissant pour les enter de nouveau.
11:24
Si toi, tu as été coupé de l'olivier naturellement sauvage, et enté contrairement à ta nature sur l'olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils entés selon leur nature sur leur propre olivier.
11:25
Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages, c'est qu'une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des nations soit entrée.
11:26
Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : Le libérateur viendra de Sion, Et il détournera de Jacob les impiétés ;
11:27
Et ce sera mon alliance avec eux, Lorsque j'ôterai leurs péchés.
11:28
En ce qui concerne l'Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont aimés à cause de leurs pères.
11:29
Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel.
11:30
De même que vous avez autrefois désobéi à Dieu et que par leur désobéissance vous avez maintenant obtenu miséricorde,
11:31
de même ils ont maintenant désobéi, afin que, par la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde.
11:32
Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous.
11:33
O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car
11:34
Qui a connu la pensée du Seigneur, Ou qui a été son conseiller ?
11:35
Qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour ?
11:36
C'est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !
Prenez note ici encore, "une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des nations soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé."
L'Apôtre Paul fait bien référence, ici, à la Prophétie qui est formulée en Génèse 48 : "MELO HAGOYIM", "LA TOTALITE DES NATIONS" !
C'est à nouveau à cette Prophétie que Léon Bloy fait référence en citant Ezéchiel 37 liant le sort d'Ephraïm (Le christianisme, "LA TOTALITE DES NATIONS" ) à celle de Juda, le peuple juif...
Pour ce qui est de notre clown antisémite du moment, je le renvoie à l'Apôtre Paul, encore : "Ne te glorifie pas aux dépens de ces branches. Si tu te glorifies, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte."
23:58 Publié dans Le Salut par les Juifs | Lien permanent | Commentaires (10) | |
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Un livre authentique n’est jamais impatient
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« La rencontre avec le livre, comme avec l’homme ou la femme, qui va changer notre vie, souvent dans un instant de reconnaissance qui s’ignore, peut être pur hasard. Le texte qui nous convertira à une foi, nous ralliera à une idéologie, donnera à notre existence une fin et un critère, pouvait nous attendre au rayon des occasions, des livres défraîchis ou des soldes. Il peut se trouver, poussiéreux et oublié, sur un rayon juste à côté du volume que nous cherchons. L’étrange sonorité du mot imprimé sur la couverture usée peut arrêter notre œil : Zarathoustra, West-Ostlicher Divan, Moby Dick, Horcynus Orca. Tant qu’un texte survit, quelque part sur cette terre, fût-ce dans un silence que rien ne vient briser, il est toujours susceptible de ressusciter. Walter Benjamin l’enseignait, Borges en a fait la mythologie : un livre authentique n’est jamais impatient. Il peut attendre des siècles pour réveiller un écho vivifiant. Il peut être en vente à moitié prix dans une gare, comme l’était le premier Celan que je découvris par hasard et ouvris. Depuis ce moment fortuit, ma vie en a été transformée, et j’ai taché d’apprendre "une langue au nord du futur". »
George Steiner, Ceux qui brûlent des livres
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14/02/2013
Le mutlculturalisme est une inculture
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« Dimanche 9 novembre 2008 10h10, le soir
J’en suis arrivé à la conclusion que le multiculturalisme impliquait la grande déculturation, soit qu’il l’entraîne, soit qu’il ne puisse fleurir que sur elle. Il l’exige et il l’impose. La culture c’est d’abord ne serait-ce que chronologiquement la voix des ancêtres. Or, le multiculturalisme ne veut pas d’ancêtres, et le nivellement social non plus : les ancêtres sont un privilège, les ancêtres sont une vanité, les ancêtres ont un instrument de ségrégagation sociale, les ancêtres en société pluriethnique et multiculturelle, sont une perpétuelle source de conflits possibles. Le mutlculturalisme est une inculture. Il l’est nécessairement, car il rabat tout sur le présent, tandis que la culture est le relief du temps, un jeu, une distance, une ironie à l’endroit de ce qui survient, le sourire aristocratique des morts. »
Renaud Camus, Au nom de Vancouver, Journal 2008
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13/02/2013
Honoré d'Estienne d'Orves, un héros français
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« Dans l’autocar, le silence règne. Les condamnés, assis sur les cercueils, sont encadrés par des soldats de la Wehrmacht, désignés pour former le peloton d’exécution : dix militaires allemands, originaires de Sarre et de Thuringe, assis, eux sur les banquettes. L’intérieur du car est éclairé, pour prévenir toute tentative d’évasion, jetant sur la scène une lumière lugubre. A l’avant du véhicule, un magistrat en uniforme d’officier allemand, l’Oberleutnant Keyser ; il présidait il y a trois mois le tribunal militaire qui a envoyé ces hommes au peloton. A ces côtés, un prêtre, soutane noire et brassard de la Croix-Rouge : l’abbé Franz Stock.
Quelques heures plus tôt, vers 4h30, l’aumônier est venu dans la cellule des trois hommes pour célébrer la messe. En ce jour décollation de Saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ. Pour la circonstance, l’église catholique revêt des ornements liturgiques rouges, du sang de ses martyrs. D’Estienne d’Orves en a fait la remarque à ses amis : cette coïncidence est pour eux une grâce extraordinaire, un signe de promesses. La messe, servie par Doornik, a été suivie avec ferveur par ses compagnons. Tous trois ont communié. Puis les prisonniers ont retenu l’abbé Stock pour que celui-ci prenne le petit déjeuner avec eux. Ils lui doivent tant de sollicitude, de services, de prières. N’a-t-il pas maintes fois passé outre le règlement, communiquant du courrier hors de la prison, le soustrayant au contrôle des autorités militaires ? Jusqu’à ce petit manuel du soldat chrétien réédité par ses soins, qui les a soutenus en captivité au point que les condamnés ont demandé à pouvoir l’emporter jusqu’au poteau d’exécution.
Le convoi traverse Paris, désert à cette heure matinale. Pas de témoins aux fenêtres, c’est encore le couvre-feu. On croise des monuments, des bâtiments publics, dans la pâleur de l’aurore : Saint-Pierre de Montrouge, Montparnasse, les invalides, le Grand Palais, l’étoile. Honoré d’Estienne d’Orves rompt le silence pour faire à ses deux camarades un exposé sur chacun des édifices aperçus. Mais l’heure n’est plus au tourisme. Ensemble, ils récitent la prière des agonisant: Adjutorium nostrum in nomine Domini, "Notre secours est dans le nom du Seigneur". Puis ils se mettent à chanter. Le trajet dure une heure. Pour ces hommes qui vont mourir, c’est court. Pour les soldats chargés de leur exécution, c’est interminable. Voici Suresnes et sa colline, et la forteresse qui, jusqu’à la guerre, abritait le 8e régiment du génie. L’endroit offre le double avantage d’être près de Paris et à l’écart. Sur le mont Valérien, il faut suivre un sentier raide, entre les arbres, qui conduit à une petite chapelle désaffectée. Jusqu’au milieu du XIX ème siècle, l’endroit était une des résidences de l’évêque de Nancy. Derrière les remparts de la forteresse s’élève l’élégante demeure du prélat, Mgr Forbin-Janson, dont les fenêtres sont surmontées d’un blason représentant ses armoiries: une croix de lorraine. Les condamnés ont-ils perçu ce détail, clin d’œil insolite du hasard à leur cause ? Ils n’en ont pas le temps. Déjà ils sont conduits par un chemin sous les arbres jusqu’à une clairière encaissée, en contrebas. Dans le fond, un talus contre lequel se dressent des poteaux. Non loin, un tunnel de pierre où se range le convoi et où l’on dispose les cercueils. Les trois condamnés descendent de l’autocar.
D’Estienne d’Orves prend la paroles et demande une faveur pour lui et ses camarades : ne pas avoir les yeux bandés, ni les poignets entravés. Requête acceptée. Chacun d’entre eux s’agenouille et reçoit de l’abbé Stock une dernière bénédiction. Leur air apaisé frappe les présents. Ils semblent ne plus appartenir à ce monde.
Honoré d’Estienne d’Orves s’approche du président Keyser et lui déclare : "Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser."
Et, devant les soldats interdits, les deux hommes se donnent l’accolade. Enfin les condamnés font face au peloton, l’ordre claque, puis les coups de feu. L’on entend distinctement "Vive la France" et les trois hommes s’écroulent. Yan Doornik a encore la force de tracer en l’air un signe de croix, en témoignage de pardon. Il est 7 heures, le 29 août 1941. »
Étienne de Montety, Honoré d'Estienne d'Orves, un héros français
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L’impression écrasante, définitive, qu’un homme est noyé dans l’humanité
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« Au bout de quelques jours de marches et de contremarches, sous la pluie ou le soleil caniculaire, aux alentours des Ardennes, j’entrevis nettement un soir que la guerre n’était pas ce que pouvait croire un étudiant naïf et comblé de fictions littéraires : c’était très ennuyeux, il ne m’advenait rien ou quand au dessus de moi quelque chose se composait, tout se passait pour moi comme s’il ne se passait rien nulle part ; les camarades et les chefs étaient aussi sordides et mornes que dans la paix. J’eus vraiment, ce soir-là, dans le village des Ardennes, le sens précis de quatre années monotones de corvées, de veilles, de maladies, de blessures, coupées de si brefs instants de grande épouvante et de grande fierté. D’autre part, au cours de ces interminables queues que nous faisions par millions le long des routes menant aux trop vastes champs de bataille, j’avais reçu, pour la première fois de ma vie, l’impression écrasante, définitive, qu’un homme est noyé dans l’humanité. »
Pierre Drieu La Rochelle, Récit secret
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12/02/2013
Je m’étais composé
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« Entendons-nous bien. Certes, il y avait eu un moment avant la charge où, vautré contre la terre, j’avais été plus bas que terre ; je m’étais surpris à souhaiter d’être ailleurs, dans le giron de ma mère ou dans une petite maison bien tranquille dans le midi – dormant douze heures et mangeant de bons biftecks et étant, par exemple, garde-barrière. Mais quel que soit mon penchant pour le self-dénigrement, voire le masochisme, je ne puis assimiler ce moment-là, tout à fait élémentaire, avec le moment où nous sommes. Ce moment élémentaire ne pouvait durer ; et, en effet, il n’avait pas duré. Il ne pouvait durer ; car à quoi ça sert de sauver sa peau ? A quoi sert de vivre, si on ne se sert pas de sa vie pour la choquer contre la mort, comme un briquet ? Guerre – ou révolution, c’est-à-dire guerre encore – il n’y a pas à sortir de là. Si la mort n’est pas au cœur de la vie comme un dur noyau – la vie, quel fruit mou ou bientôt blet ? Donc, ce moment n’avait pas duré. Il y avait eu la charge, depuis : je savais ce que je pouvais, je m’étais composé. La charge m’avait définitivement sorti de ma torpeur du matin ; je ne pouvais plus y rentrer ; je n’y rentrerais jamais. J’étais né à ma valeur. »
Pierre Drieu La Rochelle, La Comédie de Charleroi
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Iran : quand les intellectuels français encensaient les fous d'Allah
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Il y a 34 ans, ils prenaient fait et cause pour la révolution iranienne sans voir les dangers. Daniel Salvatore Schiffer n'a pas oublié leur fourvoiement...
Jean-Paul Sartre avait accompagné, lors de son voyage à Téhéran, sa compagne Simone de Beauvoir, qui allait soutenir publiquement l'ayatollah Khomeyni.
Par DANIEL SALVATORE SCHIFFER
C'était le 11 février 1979. Ce jour-là, il y a donc aujourd'hui trente-quatre ans très exactement, l'ayatollah Khomeiny prenait officiellement le pouvoir, dans la toute nouvelle République islamique d'Iran, pour y instaurer, aidé en cela par une foule en délire et une armée non moins fanatisée, l'une des pires dictatures qui soient : une théocratie chiite, basée sur ce qu'une prétendue loi coranique appelle la "charia".
Soit ! Je ne redirai pas ici, pour la énième fois, tout le mal que je pense, à l'instar de tout authentique démocrate, à propos de ce qui apparaît manifestement là, au vu des tortures et autres crimes qui y sont quotidiennement perpétrés à l'encontre des opposants, comme l'un des plus sanguinaires et obscurantistes régimes existant sur cette terre. La pauvre Sakineh Mohammadi-Ashtiani, cette jeune femme iranienne menacée d'être lapidée pour adultère, en sait, hélas, quelque chose : seule l'énorme et quasi planétaire mobilisation de quelques intellectuels (dont ma modeste personne) lui auront alors évité, en été 2010, un châtiment aussi cruel et barbare.
Des dérives politico-idéologiques
Au nombre de ces bonnes âmes s'étant alors battues pour sauver Sakineh figuraient du reste, au sein de l'appel international que j'avais alors lancé dans les principaux médias européens, quelques-uns des plus beaux noms de l'intelligentsia française, dont Luc Ferry, Viviane Forrester, Caroline Fourest, Max Gallo, Marek Halter, Alexandre Jardin, Julia Kristeva, Edgar Morin, Gilles Perrault, Michelle Perrot, Élisabeth Roudinesco, Michel Serres, Alain Touraine, Michel Wieviorka... Et, certes, n'oubliera-t-on pas là, fort de son propre courage et nanti de sa propre pétition, Bernard-Henri Lévy, auquel se joignirent notamment André Glucksmann et Pascal Bruckner.
Mais voilà : les intellectuels, à propos desquels Julien Benda écrivit naguère une très éclairante Trahison des clercs (1927) et Raymond Aron un non moins lucide Opium des intellectuels (1955), ne se comportèrent pas toujours, à propos de cet Iran de Khomeiny, de manière aussi exemplaire. Ainsi, à titre de triste mais édifiant exemple, un esprit pourtant aussi délié que Michel Foucault, lequel, bien qu'il inventât certes cette très précieuse figure de l'"intellectuel spécifique", ne se priva cependant pas, en ces années-là, de se fourvoyer dans la plus lamentable, sinon coupable, des dérives politico-idéologiques.
Les écrits douteux de Michel Foucault
Qu'il suffise, pour s'en convaincre, de lire ce que, le 26 novembre 1978, il osa écrire dans le grand quotidien italien Corriere della Sera (article par ailleurs repris en français dans le deuxième tome de ses Dits et écrits) au sujet de ce même ayatollah Khomeiny qui s'apprêtait à devenir alors effectivement, après avoir renversé le shah d'Iran (Mohammad Reza Pahlavi), l'autoproclamé et terrible "guide spirituel" de cette effroyable "révolution islamique" : "C'est l'insurrection d'hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l'ordre du monde entier. C'est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle." Démente, cette stratégie de l'aveuglement, lorsqu'on songe, notamment, à cette horrible burqa, sorte de prison ambulante, dans laquelle les mollahs et autres talibans prétendent enfermer, de sinistre et médiévale mémoire, leurs femmes, occultant ainsi là jusqu'à ce beau et noble "visage" que magnifie, par exemple, un penseur tel qu'Emmanuel Levinas en ce chef-d'oeuvre philosophique qu'est Totalité et infini (1961).
Michel Foucault, pourtant mémorable auteur de livres aussi importants, dans l'histoire des idées et des sciences humaines en général, que Les mots et les choses (1966) ou L'archéologie du savoir (1969), ne s'arrêta cependant pas en si bon chemin quant à ce genre d'outrances, pour le moins incompréhensibles sur le plan rationnel, puisque, dissertant toujours là sur Khomeiny, il alla même jusqu'à l'appeler alors très hyperboliquement, dans cette même tribune, "le saint homme exilé à Paris". Et pour cause : celui qui allait bientôt devenir l'un des pires tyrans du monde vivait alors, protégé par le président Valéry Giscard d'Estaing en personne, à Neauphle-le-Château, bourgade située dans la grande mais luxueuse banlieue parisienne !
Le voyage à Canossa (Téhéran) de Jean-Paul Sartre
Cette théocratie, matrice pseudo-religieuse du plus abominable des totalitarismes, où toute personne arbitrairement considérée comme "hérétique" risque la peine de mort (par lapidation ou pendaison), Michel Foucault ne fut toutefois pas, en ce temps-là, le seul des intellectuels français, loin de là, si on ajoute les très zélés maoïstes (tel Maurice Clavel, père idéologique des "nouveaux philosophes") et autres soixante-huitards (style Daniel Cohn-Bendit), à la cautionner du haut de son incomparable prestige.
Ainsi, il n'est pas jusqu'à Jean-Paul Sartre lui-même qui ne fît carrément là, accompagné pour l'occasion de Simone de Beauvoir en personne, le voyage de Téhéran afin d'y aller soutenir publiquement, à grand renfort de publicité, ce barbu enturbanné au regard halluciné. Pour le moins paradoxal, au vu du bien peu enviable statut des femmes au sein de la République islamique d'Iran, de la part de l'historique auteur de ce véritable manifeste de l'émancipation féminine que fut, pour l'époque, le très avant-gardiste Deuxième sexe (1949) !
Si bien que, face à l'énormité de pareilles errances, Sartre, qui n'en était pas à une contradiction près, avait parfaitement raison de se demander, en son Plaidoyer pour les intellectuels, si "les intellectuels sont [...] coupables". Car, de la première à la Seconde Guerre mondiale, de l'avènement du communisme à la chute du mur de Berlin et de l'émergence du national-socialisme à l'hypothétique mort des idéologies selon Francis Fukuyama, ce n'est effectivement, à de très rares exceptions près, que d'une longue suite d'erreurs, les unes plus tragiques que les autres sur le plan humain, que les annales de l'intelligentsia française, toutes tendances philosophiques confondues et par-delà tout clivage politique, se voient, malheureusement, parcourues. Ce fut là, pour reprendre la très juste et adéquate formule de Max Weber dans son essai intitulé "Le savant et le politique" (1959), la dangereuse victoire de la seule "éthique de conviction" au détriment de la nécessaire "éthique de responsabilité" !
Raymond Aron avait vu juste
Ainsi sera-t-il particulièrement édifiant de relire, de ce point de vue-là, ce qu'en disait déjà dans les années cinquante, en son indépassable et encore très actuel Opium des intellectuels, cet esprit aussi libre qu'éclairé, en plus d'être d'une rare honnêteté intellectuelle, que fut l'immense Raymond Aron : "Cherchant à expliquer l'attitude des intellectuels, impitoyables aux défaillances des démocraties, indulgents aux plus grands crimes, pourvu qu'ils soient commis au nom des bonnes doctrines, je rencontrai d'abord les mots sacrés : gauche, révolution, prolétariat. La critique de ces mythes m'amena à réfléchir sur le culte de l'Histoire, puis à m'interroger sur une catégorie sociale à laquelle les sociologues n'ont pas encore accordé l'attention qu'elle mérite : l'intelligentsia."
Car force est de constater que ces lignes du très visionnaire Aron n'ont pas pris, hélas, une ride. Au contraire, si l'on considère la manière dont bon nombre de nos intellectuels en chambre, mais souvent les plus médiatisés au sein de l'Hexagone, ont pris fait et cause, sans discernement philosophique ni nuances conceptuelles, pour ce que l'air du temps baptisa un peu trop vite, de Tunis (Tunisie) à Tripoli (Libye), en passant par Le Caire (Égypte), du beau nom de "Printemps arabe" : sinistre prélude, en réalité, du plus rude des hivers islamistes... À l'instar, précisément, de ce qui se passa, à l'occasion de la Révolution islamique d'Iran, avec la très redoutable mainmise de ces épouvantables fous d'Allah, l'ayatollah Khomeiny en tête, sur cette grande civilisation que fut pourtant jadis la Perse, puis, de là, sur cette bande de terroristes et intégristes en tout genre que constituent à présent, au Liban, le Hezbollah et, en Palestine, le Hamas.
Car cette gigantesque menace d'ordre politico-idéologico-religieux, c'est l'Iran de Khomeiny qui en donna en effet là, avec la très paradoxale caution d'intellectuels aussi prestigieux que Sartre et Foucault, véritables monstres sacrés de l'intelligentsia française, la première et terrifiante impulsion : celle-là même qui, par cette monstruosité d'un autre âge, ne craint pas de mettre aujourd'hui notre monde moderne, sinon nos démocraties européennes, en péril !
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SOURCE : LE POINT (Publié le 12/02/2013 à 09:16 - Modifié le 12/02/2013 à 17:51)
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Une "fausse" égalité reçue en cadeau
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« Le Pouvoir a décidé que nous sommes tous égaux. La fièvre de la consommation est une fièvre d’obéissance à un ordre non énoncé. Chacun, en Italie, ressent l’anxiété, dégradante, d’être comme les autres dans l’acte de consommer, d’être heureux, d’être libre, parce que tel est l’ordre que chacun a inconsciemment reçu et auquel il doit "obéir" s’il se sent différent. Jamais la différence n’a été une faute aussi effrayante qu’en cette période de tolérance. L’égalité n’a, en effet, pas été conquise, mais est, au contraire, une "fausse" égalité reçue en cadeau. »
Pier Paolo Pasolini, Ecrits corsaires
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11/02/2013
"L’Europe se fédèrera, ou elle se dévorera, ou elle sera dévorée"...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« La construction politique se fait à partir de la base, non à partir du haut. Il y a à mon sens une très forte cohérence logique entre le fédéralisme, le principe de subsidiarité, le localisme, la défense des régionalismes et des autonomismes, les perspectives d’économie autocentrée et relocalisée, et aussi la démocratie participative (ou démocratie de base) comme meilleure façon de suppléer aux défauts de la démocratie représentative parlementaire. Drieu La Rochelle disait en 1922, dans "Mesure de la France", que "l’Europe se fédèrera, ou elle se dévorera, ou elle sera dévorée." C’est également mon avis. »
Alain de Benoist, Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet
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08/02/2013
Le masque social...
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« Le masque social représente le visage que nous montrons aux autres. Il les aide à nous identifier et nous permet de vivre en société. Malheureusement, de nombreuses personnes laissent leur masque prendre le pouvoir sur leur personnalité réelle. Elles ne sont plus alors que des coquilles vides et perdent sans s'en rendre compte leur liberté de décision. Elles sont à la merci des modes, des mots d'ordre et des normes dictées par leur milieu. Leur seul souci est de garder intact le portrait qu'elles offrent aux autres. Elles établissent avec autrui des relations qui sont basées sur le statut ou sur la hiérarchie, plutôt que des échanges de personne à personne.
La persona représente donc notre masque social, le visage que nous montrons aux autres, celui qui nous permet d'entrer en communication avec eux et qui les aide à nous identifier. Mais le plus souvent, nous ne nous rendons pas vraiment compte que nous portons ce masque. Ce qui fait dire à Jung que " la persona est ce que quelqu'un n'est pas en réalité, mais ce que lui-même et les autres pensent qu'il est ".
La persona comporte un aspect utile et positif. Il est souvent dangereux de se mettre complètement à nu devant autrui, chacun a besoin de conserver un jardin secret qui soit à l'abri des demandes, des jugements et des pressions sociales. Le masque nous aide à préserver la part la plus intime de nous-mêmes tout en établissant des relations avec les autres de manière à pouvoir vivre en société. Il s'agit en quelque sorte d'un intermédiaire entre l'extérieur et notre intérieur le plus confidentiel, un médiateur qui nous permet d'entrer dans le réseau des interactions sociales et de remplir notre rôle dans la communauté humaine. Mais de graves problèmes surgissent si l'on ne se rend pas compte que ce masque existe, le risque est alors très grand de ne plus faire la différence entre notre rôle social et notre véritable personnalité. C'est ce qui arrive à la plupart des gens, ils s'identifient totalement avec leur masque, oubliant que celui-ci n'est qu'un outil qui devrait être à leur service. La persona prend alors le pouvoir et c'est elle qui dicte ses volontés. Les individus prisonniers de ce tyran intérieur ne sont plus que des coquilles vides, leur unique souci est de se conformer à l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes. Sans qu'ils s'en aperçoivent, leur personnalité profonde est dévorée par le masque et ils deviennent incapables de prendre librement leurs décisions. Toutes leurs actions répondent au même objectif : garder intact le portrait qu'ils offrent aux autres, ne pas remettre en question la vision qu'ils ont d'eux-mêmes. »
Daniel Cordonier, Le pouvoir du miroir
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06/02/2013
Fin de course...
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« Il faut avoir tué de sa main pour comprendre la vie. La seule vie dont les hommes sont capables, je vous le redis, c’est l’effusion du sang : meurtres et coïts. Tout le reste n’est que fin de course, décadence. »
Pierre Drieu La Rochelle, Le jeune Européen
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04/02/2013
Une longue blessure
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George Sand à Pierre-François Touzé dit Bocage, le 23 février 1845...
« La vie est une longue blessure qui s'endort rarement et ne guérit jamais. »
George Sand, Correspondance, Tome VI
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