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18/05/2011

La passion orgiaque n’est que le revers de l’ennui quotidien. Elle ne le dépasse pas, mais le perpétue et le justifie...

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Jan Patočka

« Dans ses Essais hérétiques, le phénoménologue tchèque Patočka (mort torturé par la police communiste en 1977) écrit :

"L’une des conséquences [de la société industrielle moderne], c’est l’ennui qui s’annonce d’abord imperceptiblement, puis de façon de plus en plus pressante. L’ennui n’est pas une quantité négligeable, une simple humeur, une disposition privée, mais le statut ontologique de l’humanité qui a entièrement subordonné sa vie au quotidien et à son impersonnalité." (Essais hérétiques, p. 145).

Commentaire : Cet ennui aux "proportions gigantesque" (ibid., p. 147) ne signifie rien d’autre que l’effet nihiliste de l’infiltration de la technique au cœur de la vie quotidienne, le devenir routinier de l’existence. C’est l’humeur nihiliste par excellence, l’humeur désabusée du désintérêt pour le monde. Or, cet ennui ne se présente pas seulement "sous les formes raffinées de l’esthétique et des protestations romantiques", comme c’était encore le cas au XIXè siècle où, sous l’aspect du spleen, il exprimait le désarroi de l’aristocratie littéraire jetée dans le monde vil de la marchandise bourgeoise, mais "aussi sous les espèces de la société de consommation", c'est-à-dire pour tout un chacun en tant qu’il est devenu membre de la société industrielle du travail aliénant et du "divertissement obligatoire" (ibid., p. 145). L’ennui, c’est le fond gris de l’existence, la tonalité affective fondamentale du monde industrialisé.

Mais la société industrielle ne se contente pas de réduire la vie quotidienne à un désert mécanique, elle produit aussi son alternative factice. Avec une fureur sans pareil, elle investit également le domaine de l’orgiaque. Contre l’ennui, se dresse le délire :

"La chute sous la coupe des choses, de la préoccupation quotidienne et de l’enchainement à la vie, entraîne comme pendant nécessaire une nouvelle vague de la crue orgiaque" (ibid., p. 130).

La encore, la première action de la civilisation industrielle consiste à imposer ses règles : rationalisation et développement technique. L’orgiaque moderne n’a certainement plus grand-chose de commun avec la fête démonique des sociétés traditionnelles, avec le ravissement sacré et la perte de soi, il est passé entièrement sous le contrôle de la technique et de sa mobilisation totale de l’étant. [...] la civilisation technique fabrique son faux complément intense et extraordinaire. Elle siphonne la quotidienneté de toute vitalité pour ensuite la fétichiser dans les images orgiaques du déchainement techno-industriel. Le vécu aliéné se donne en spectacle dans les (fausses) bacchanales modernes. Faute de vivre sa vie, l’homme ordinaire la brûle intensément dans les extases momentanées. Il répond à l’aliénation subie de sa vie quotidienne par l’aliénation voulue dans le tout autre. L’ennui et le délire deviennent les deux seules expériences que l’homme contemporain peut encore éprouver. [...]

Cela n’est pas très étonnant si l’on tient compte du fait que, comme le dit Patočka, "la quotidienneté et l’orgiasme sont organisées par une seule et même main" (ibid., p. 146). A l’âge moderne, l’ennui quotidien et le défoulement démonique vont de pair ; ce sont les deux faces d’une même pièce : la domination technique. Le système qui produit l’ennui mondial est le même que celui qui fabrique les pseudo-événements orgiaques censés le surpasser. Rien d’autre n’existe désormais. Le démonique met ainsi fin à la monotonie quotidienne en reproduisant ses conditions de production. Autant dire qu’il poursuit la même mécanisation de la vie en donnant l’impression de rendre à cette dernière sa spontanéité sauvage. Car s’il transcende l’existence médiocre dans l’expérience extatique d’affects déchainés, c’est avec les moyens mêmes de son appauvrissement quotidien.

La passion orgiaque n’est que le revers de l’ennui quotidien. Elle ne le dépasse pas, mais le perpétue et le justifie. »

Bruce Bégout commentant Jan Patočka, dans Surcivilisation et nihilisme - Le philosophe et son ombre


Bruce Bégout

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17/05/2011

Un Européen d'Honneur

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Ernst Jünger, blessé 14 fois lors de la première guerre mondiale, décoré de la Croix pour le Mérite

« Jean-Louis Foncine –Vous avez abondamment évoqué dans vos Journaux Parisiens les amitiés que vous avez pu nouer avec de nombreux écrivains et artistes à Paris durant la guerre. Pouvez-vous nous fournir quelques précisions sur cette époque ?

Ernst Jünger – On a bien sur parlé de mes rencontres, soit individuelles, soit aux fameux « Jeudi » de Florence Gould, avenue Malakoff, avec Sacha Guitry, Drieu La Rochelle, Montherlant, Cocteau, Léautaud, Paul Morand. J’ai visité dans leur atelier Braque et Picasso. J’aimais aller voir Georges Poupet, chez Plon, rue Garancière, dans cette vieille maison d’édition si belle et si riche en souvenirs. Ma plus grande sympathie allait à Marcel Jouhandeau et à Elise. Nous portions la même attention aux animaux, aux insectes et aux hommes. Avec Drieu, qui avait été volontaire en 1914, comme moi-même, nous avons découvert non sans stupéfaction que nous avions entendu le même son de cloche de la même église sonner pour la veillée de Noel. Nous étions dans des secteurs de front opposés, bien entendu, et nous entendions le même appel de cloche »

Entretien avec Ernst Jünger. 17 mars 1985, La Nouvelle Revue de Paris, Paris, vol. 3, p. 14

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16/05/2011

La chute de DSK : la fin des 30 calamiteuses ?

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Cette affaire new-yorkaise de DSK annonce la fin d’un cycle qui a démarré avec l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981, qui a fait pénétrer la France entière dans la pensée Magique, selon le mot de Jack Lang qui affirmait, très sérieux, solennel même, que notre pays était passé des ténèbres à la lumière, une pensée qui a passé son temps à dénier la réalité, à cacher les faits divers (comme dans les dictatures… car le fait divers est toujours révélateur de l’état d’un pays, surtout quand il se répète sans cesse), et qui prend fin au moment où les droites dites populaires, nationales ou extrêmes ont le vent en poupe et grimpent à tout va vers les sommets pour le plus grand malheur de nos chers bobos qui voudraient conserver leurs petits privilèges en dépit des soucis du peuple, le peuple, ce beauf viticole, que la Gôche a toujours méprisé, de Robespierre à Strauss-Kahn, au nom de la vertu et du progressisme. Ce beauf qui préfère voter FN que PS ou PC, parce qu’il n’est peut-être pas cultivé, le beauf en question, mais il sait réagir épidermiquement aux circonstances qui sont les siennes, il voit sa civilisation changer de gueule, alors doté de son simple bon sens populaire, ce même bon sens qui horrifie le bobo de base, il tente de mettre un coup de frein à tout ce cirque. La Gôche a toujours la tête dans le cul et mille leçons à donner, parée de sa vertu, exactement comme Robespierre en son temps qui nous les brisait avec ses longs discours fleuve de quatre plombes de long où il faisait l’éloge de la déesse de la Raison et de la Vertu Révolutionnaire, la Gôche disais-je est estomaquée, elle n’arrive pas à s’en remettre. DSK en pervers sexuel, chopé par les couilles à New York par la police qui ne rigole pas avec les affaires de viols présumés ou authentiques. Menottes et photos pour la presse, films pour les médias télévisés, images pour la postérité. DSK, Dominique the SEX KILLER, comme dirait mon épouse en se marrant, avec une gueule de possédé effaré par ce qui lui arrive. Il est beau le héros, le sauveur des masses progressistes, le social-démocrate couché devant la machine à billet, l’aplatisseur de peuples qui demande à chacun d’entre eux de se plier à la banque centrale, d’abandonner son essence aux oublis de l’Histoire et de marcher vers la gouvernance mondiale le cœur plein d’espérance. Fausse religion des lendemains qui chantent, nouvelle Internationale toujours recommencée pour la joie des doux dingues rêveurs qui mangent bio, font les brocantes et soutiennent les sans-papiers pour se faire bonne conscience.

Mon épouse, qui bosse dans l’édition, est au courant des frasques de DSK, via un ponte du domaine en question, depuis des lustres, quelqu'un qui comme DSK et son épouse, Anne Sinclair, était un habitué des milieux échangistes où il les croisait l’un et l’autre, toujours ensemble et qui y est allé de quelques "condifences" de manière espiègle il y a plus de 10 ans de cela devant des collaborateurs dont Irina qui en fut amusée. D’où la complaisance d’Anne Sinclair à propos des extravagances de la bite de Dominique-nique-nique, puisqu’elle partage certains de ses vices. Et pas seulement mon épouse, mais le tout Paris informé était au courant.

Berlusconi, de droite, en comparaison, il paye des putes… bon il s’est fait couillonner sur l’âge de certaines, c’est là un autre problème, mais à quelques mois prêt il passait au travers. Berlusconi, il a du pognon et il aime le montrer jusque dans les affaires de la chair, c’est un rital méditerranéen décomplexé du porte-monnaie et décomplexé de la quéquette, certes il est vulgaire, mais au moins il est rigolo avec ses cheveux teints, sa peau bronzée et ses dents refaites. C’est pas un socialiste, Berlu, vous me suivez ? Il cache pas sa réussite sociale. Sa réussite intérieure c’est une autre affaire, ça le regarde, il s’en expliquera avec le Seigneur un jour, on verra s’il assumera complètement.

DSK c’est autre chose, ce qui le fait bander c’est le truc illégal, en dehors des lois, la soumission de la femme. Vous suivez ? Lui qui passe son temps à vouloir faire marcher droit la terre entière… enfin, quand ça l’arrange, hein ?, parce que Sarcelles c’est pas non plus une totale réussite. Mais là, en fait, y’a plusieurs choses… toute la classe politique le défend, à mon avis, pour une seule raison : tout le monde savait. Une vidéo avec Ardisson tourne sur la toile depuis hier, un peu partout, grâce à YouTube, reprenant un extrait d’une émission qu’Ardisson tenait sur la chaine Paris Première, qui montre bien que tout le Paris branché, câblé et informé savait, c’est tellement évident, et les gens ont honte parce que s’ils ne le défendaient pas (putain ! même Boutin la Catho coincée le défend !!!) cela mettrait méchamment en doute leur propre morale, parce que tôt ou tard, vous allez voir, ça va se savoir et le fait que la classe entière le défendait ça paraitra, au moins, logique : nous savions alors c’est normal, nous sommes un peu coupables aussi, veuillez nous pardonner. Alors que si la classe politique ne le défendait pas ça ferait une autre musique : nous savions, mais comme nous sommes aussi pourris que lui, mais c’est bien fait pour sa gueule, que voulez-vous ? c’est ça la politique. Faut qu'ils assurent, qu'ils gardent quelques portes de sorties, qu'ils s'assurent un peu de pitié.

Dans la vidéo avec Ardisson, une jeune journaliste écrivain, Tristane Banon, témoigne des assauts de DSK à son encontre, alors qu’il l’avait carrément fait tomber dans un piège. L’émission date d’il y a plusieurs années déjà, le nom de DSK est « beepé » et ce qu’elle a subi depuis est proprement ahurissant : pressions diverses, complots à son égard, mise à l’écart, alors que la pauvre fille qui était toute jeune à l’époque des faits, n’avait pas porté plainte contre la crapule sur recommandation de sa mère, une grosse huile du PS, qui s’en mord les doigts à présent et qui apparaît un peu partout sur les chaines d’information télévisées pour vider son sac qui lui pèse parce que trop lourd. Ce qui est révélateur, de même, d’un certain état mental qui règne chez les socialistes. Et ce silence qui a régné sur cette affaire durant tant d’années apparaît soudain comme proprement assourdissant.

Résumons-nous : DSK est, me dit-on, économiquement talentueux, politiquement exemplaire. Certes. Il n’a jamais été ma tasse de thé, mais mettons que ceux qui disent ça aient raison. Par contre, il a un sérieux problème avec sa bite. C’est tout. Tristane Banon en 2002, la hongroise économiste du FMI en 2008, Ardisson qui dit, dans la vidéo, qu’il a 14 copines qui affirment qu’il aurait essayé sur elles (bon, 14 c’est peut-être une façon de parler, mais même si elles ne sont que 5 ou 7, ça fait beaucoup), Tristane Banon qui précise qu’aucune jeune nana à l’assemblée ne veut bosser avec lui (le mec a une réputation de droit de cuissage), mon épouse qui n’est rien du tout et qui a appris de la bouche d’un décisionnaire à son taf (en même temps que plein d’autres gens, elle n’était pas seule) lors d’une réunion de travail que DSK et Anne Sinclair fréquentaient les mêmes boites échangistes que lui sans se cacher, et y’a plus de 10 ans, hein, ça révèle tout de même une certaine tendance… et à présent cette histoire new-yorkaise. Moi je pense que ça fait vraiment beaucoup. Y’a quelques mois, tout de même, DSK a été obligé de s’excuser devant le FMI et ses employés pour garder sa place… depuis tout semblait rentré dans l’ordre… jusqu’à ce que ses instincts le rattrapent ! Bien entendu qu’il pouvait se taper des « professionnelles », mais c’est pas excitant des « professionnelles » pour un obsédé compulsif comme lui, ce qui le fait bander c’est franchir la limite, aller contre la légalité, sauter sur la première gonzesse physiquement bien achalandée qui passe pour qu’elle se soumette.

Un court instant un flash me traverse l’esprit : la première rencontre entre DSK et Anne Sinclair, un viol réussi des deux côtés car consenti par Anne, cette coquine avec ses airs de sainte nitouche et de bourgeoise pleine de fausse retenue qui faisait fantasmer tout le monde dans les années 80. Un destin scellé sur le bon coup de bite et la soumission adéquate.

Reste le coup monté… c’est pas con et, dans la politique, c’est logique. Depuis une éternité on se poignarde dans le dos. Rien de plus normal sous le soleil. Ou sous la lune. Les salauds aiment les rencontres nocturnes, discrètes.

Sarkozy ? Si c’est lui, coup de génie stratégique : je te l’envoie au FMI et j’ai rien d’autre à faire, il sera rattrapé par ses démons et il fera un pas de travers, j’ai mes bons informateurs, le type est sympathique en apparence mais c’est un vrai pervers, il a noyé le poisson dans l’eau bien des fois et aux USA ça rigole pas. S’il fait un pas de travers là-bas, c’est tout bénef pour moi. Le simple fait de faire un clin d’œil à une femme, aux USA, c’est le tribunal assuré si la femme porte plainte. Parce que c’est la LOI, c’est comme ça. Je trouve ça petit, moi,  je suis un slave orthodoxe qui a hérité, par mon éducation française, d’un tempérament libertin latin… mais aux USA, c’est la Loi. La Loi aux USA, ça rigole jamais. Je me remémore une anecdote que m’avait raconté Eric James Guillemain, mon ex-chanteur au sein de Venice, à propos d’une paire de bottes en croco qu’il avait ramenée du Mexique, en repassant la frontière en direction des USA il se les était fait confisquées : le flic aux douanes, gros et transpirant, avec ses lunettes noires en train de le fixer et de lui dire simplement : « This is the law ! » Parce que les bottes en croco c’était interdit : espèce protégée. Donc on ne rigole pas : on envoie un signal et on t’emmerde. 

Monsieur DSK, les USA sont un grand pays souverain et libre... et « This is the law ! »

Si Sarkozy, en concertation avec les ennemis de DSK au PS, a fait en sorte qu’une belle black, femme de chambre, originaire du Ghana, divorcée et mère d’une enfant (donc qui a besoin de fric pour les études de sa môme), vienne juste agiter son cul devant le pervers au bon moment, ça ne serait pas étonnant. Le mec est tombé dans le piège et la seule chose qu’a eu à faire la femme de chambre en question c’est de hurler au viol, qu’effectivement le mec a tenté par pulsion plus forte que lui et que les autres témoignages français viennent peut-être pas confirmer… mais sérieusement conforter.

Si Sarko est derrière ce coup… c’est du machiavélisme d’orfèvre… de la stratégie digne de Sun Tzu et de L’Art de la Guerre : j’agis pas… je place les pions… et par le « non agir » je laisse les choses se faire. Il a compris tout Clausewitz, là, le Sarko… Mitterrand est battu à plates coutures !

Parce que comprenez bien, ici ça n’est pas une question d’intelligence, il paraît que DSK est intelligent, mais les mecs les plus intelligents ont un point faible et DSK, son point faible, c’est le cul. Voilà. Mais ça, je vous dis, moi ça fait un moment que je le sais, au point où depuis qu’on sait ça, ma femme et moi, à chaque fois qu’on le voyait à la télévision on y allait de notre petit commentaire rabelaisien en rigolant. Mais jusqu’à présent ça restait dans le domaine privé, donc l’usage de sa bite et du cul d’Anne Sinclair, ça les regardait, moi je m’en fous, mais dès que ça passe dans le harcèlement sexuel évident ou la tentative de viol avérée… ça commence à me hérisser. La Prima Nocte c’est terminé messieurs les Seigneurs de la Haute Finance.

Bon, ce sont des mots en l’air… parce qu’il y a présomption d’innocence, mais avouez que c’est tragi-comique et que les faits ne causent pas en sa faveur. Et Sinclair qui partage certaines de ses pratiques sexuelles ne peut que le défendre. C’est son mari, je ne doute pas qu’ils s’aiment, mais là c’est très limite.

Il faut avouer, de plus, que le FMI ne fait pas grand chose pour le défendre, et ce malgré la déclaration de ses hommes de mains au FMI qui avouaient qu’ils l’auraient bien gardé avec eux tellement ils aimaient son efficacité, que ça leur brisait le cœur qu’il veuille présenter sa candidature à la Présidence de la République, le FMI ne le défend pas, simplement parce qu’une fois ça va… deux fois c’est déjà trop… et voilà les dégâts.

Ivan Rioufol, le 9 mai dernier sur son Blog avait commis un texte qui accompagne à merveille tout ce qui arrive à la Gôche depuis quelques temps et dont l’affaire DSK est la pierre d’achoppement finale, « Les trente calamiteuses » que ça s’appelle et c’est juste et précis :

« Après les Trente glorieuses (Les années cinquante, soixante, soixante-dix), voici les Trente calamiteuses. Elles débutent le 10 mai 1981 et s'achèvent actuellement, sous les yeux de Français irrités par ce qu'ils endurent, avec l'effondrement de la pensée magique. Instauré avec l'élection de François Mitterrand avant d'être repris par la droite mimétique, l'irréalisme politique est, en effet, le premier responsable de la somme des désastres qui s'accumulent et qui font grossir les rangs des déçus de la gauche et de la droite. Trente ans d'utopies, de dénis des faits, de mépris des gens et de méthodes Coué ont renforcé la méfiance des électeurs vis-à-vis de leurs représentants. Une époque s'achève, avec le trentième anniversaire de l'arrivée des socialistes au pouvoir. Cependant, le PS se réclame encore de cette période, qui ne vaut que pour la nostalgie qu'elle peut éventuellement inspirer.

Cet immobilisme du PS, incapable de briser les liens avec un mitterrandisme momifié, pourrait bien être la cause de son échec en 2012. Face aux faillites des idéologies, le bon sens commande de s'en séparer au profit de politiques pragmatiques et efficaces. Or la gauche ne semble pas prête à cette révolution des esprits, quand elle défend encore la retraite à soixante ans, les emplois aidés, le mondialisme et autres sujets qui mériteraient d'en finir avec les réponses toutes faites que propose son vieux logiciel. Même si la droite au pouvoir n'est guère vaillante, elle est en train de s'émanciper de cette glaciation intellectuelle qui donne à la gauche son côté Hibernatus. Une nouvelle manière de faire de la politique doit être imaginée, sur les champs de ruines laissé par les discours automatiques. Et, sur ce terrain, je crois Nicolas Sarkozy plus libéré et inventif que DSK ou François Hollande. »

(Ivan Rioufol) 9 mai 2011 sur son Blog

Et puis ce texte du peintre chaman Ibara, qui ne mâche pas ses mots et qui l’a appelé « Les 30 calamiteuses » également :

« Giscard au tapis, l’orgueil meurtrit, s’en est allé, contrit. La gauche accédait au pouvoir. Le juif errant était enfin arrivé. La terre était fertile, l’herbe grasse et le troupeau, docilement baba cool, ressentait l’impatience d’un désir frénétique de jouissance transgressive. Une aubaine pour la clique « humaniste » aux dents longues. La vengeance en plat froid allait rassasier plus que de raison une fringale de pouvoir si longtemps contenue. Le peuple en liesse se réjouissait dans l’espérance. Les loups entraient dans la bergerie. L’histoire allait être réécrite à la gloire des sodomites et du Dieu biblique. La France se retrouvait captive d’une pensée mortelle. La mère en NTM, le racisme en SOS, la musique en exécrables concerts, le tag en art majeur, la vulgarité en idole adulée, la féminisation en accélération, la famille en décomposition, le métissage en engrenage, la culpabilité en devoir de mémoire, la décadence en ordonnance, le sang en contamination et toutes les transgressions dansaient sans circonvolution au panthéon des inversions. 10 mai 1981, date fatidique marquée du chiffre 16. La lame de la « maison Dieu » du tarot de Marseille. Destruction, calamité, misère. Trente ans plus tard, la terre est stérile, l’herbe rare et le troupeau désespéré. Le fermier est un fou dégénéré entouré de démons hallucinés, ils ne sont que l’une des conséquences désastreuses d’une espérance trahie...»

Ibara

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La terre nous résiste

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« La terre nous en apprend plus long sur nous que les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. Mais, pour l’atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot, ou une charrue. Le paysan, dans son labour, arrache peu à peu quelques secrets à la nature, et la vérité qu’il dégage est universelle. De même l’avion, l’outil des lignes aériennes, mêle l’homme à tous les vieux problèmes.

J’ai toujours, devant les yeux, l’image de ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine.

Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d’une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet autre, peut-être, on cherchait à sonder l’espace, on s’usait en calculs sur la nébuleuse d’Andromède. Là on aimait. De loin en loin luisaient ces feux dans la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu’aux plus discrets, celui du poète, de l’instituteur, du charpentier. Mais parmi ces étoiles vivantes, combien de fenêtres fermées, combien d’étoiles éteintes, combien d’hommes endormis...

Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec quelques-uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne. »

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

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15/05/2011

DSK : DOMINIQUE the SEX KILLER

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

DSK inculpé «d'agression sexuelle» à New York

Mon épouse qui bosse dans l'édition est au courant depuis des lustres à propos des frasques de DSK via quelqu'un d'important dans l'Edition dont je tairais le nom... quelqu'un qui comme DSK et Sinclair est habitué des milieux échangistes, où il croisait l'un et l'autre, toujours ensemble. D'où la complaisance d'Anne à propos des extravagances de la bite de Dominique-nique-nique...

Et pas seulement mon épouse, mais tout PARIS était au courant.

Tant que le Prince baise entre ses quatre murs avec des personnes consentantes, c'est son affaire... seulement lorsqu'il a un problème avec sa bite qui lui dicte jusqu'à son attitude... là, ça commence à devenir tragi-comique.

 

Une vidéo à voir... Tout Paris était au courant vous dis-je... C'était un secret de Polichinelle...

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Les bénéfices d’un hold-up

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

« Notre projet doit être la destruction du travail, projet dont l’aspect essentiel est la créativité poussée au maximum. Qu’est-ce que nous ferons avec l’argent de toutes les banques que nous pourrons dévaliser si ensuite la seule chose que nous sachions faire est de nous acheter une grosse voiture, avoir une belle maison, aller en boîte de nuit, nous remplir de besoins inutiles et nous ennuyer à mort jusqu’au prochain hold-up. Ce sont des choses que font de façon systématique beaucoup de bandits que j’ai connus en prison. Si tous les copains qui n’ont jamais eu d’argent dans leur vie pensent que c’est là la voie pour satisfaire leurs caprices, qu’ils le fassent ; ils trouveront les mêmes désillusions que dans n’importe quel autre travail, peut-être moins rentable à court terme, mais certainement moins dangereux à long terme.

Considérer le refus du travail comme l’acceptation apathique de la non-activité est une conséquence de l’idée erronée que tous les esclaves du travail se font de ceux qui n’ont jamais travaillé dans leur vie. Ces derniers, c’est-à-dire les soi-disant privilégiés de naissance, les héritiers des grands patrimoines, sont presque toujours des travailleurs acharnés qui engagent leurs forces et leur talent pour exploiter les autres et accumuler encore plus de richesses et plus de prestige. Même si l’on se limitait aux nombreux exemples de dissipateurs de patrimoines dont la presse de boulevard ne fait pas défaut, nous devrions quand même admettre que cette méprisable engeance entretient des relations sociales ennuyeuses et alimente sa peur d’être victime d’agressions et d’enlèvements. Là aussi il s’agit d’un vrai travail réalisé selon des règles imposées, où l’exploiteur de ces exploiteurs est chaque fois sa propre libido et sa propre peur.

Mais je ne crois pas qu’il y en ait beaucoup qui considèrent le refus du travail comme l’acceptation de l’ennui mortel, de la non-activité, qui sont en permanence sur la défensive pour éviter les pièges de ceux qui pourraient les solliciter à faire quelque chose même si ce n’est pas par nécessité, mais au nom de l’idéal, de l’amour, de l’amitié ou de toute autre diablerie capable de nuire à cet état de satisfaction totale. Une situation de ce genre n’a aucun sens.

Au contraire, je pense que le refus du travail peut être identifié avant tout au désir de faire ce que l’on aime le plus, transformer de façon qualitative l’activité imposée en activité libre, en action. Mais la condition d’activité libre n’est pas réalisée une fois pour toutes. Elle ne peut jamais être liée à une situation externe, comme l’annonce d’un grand héritage ou les bénéfices d’un hold-up. Ces faits peuvent être l’occasion, l’accident plus ou moins recherché, plus ou moins voulu, qui peuvent aider ou perfectionner un projet en cours, et non pas la condition déterminante pour son achèvement. »

Alfredo M. Bonanno, "Distruggiamo il lavoro", insert du n.73, mai 1994, de "Anarchismo"

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14/05/2011

Wafa Sultan - Le Problème c'est l'islam

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Une femme outrageusement courageuse... Wafa Sultan...

 

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Un sens

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« Le fait que les Hébreux vivaient pour adorer Dieu, et que nous, nous vivons pour augmenter le produit national, ça ne découle ni de la nature, ni de l’économie, ni de la sexualité… Ce sont des positions imaginaires premières, fondamentales, qui donnent un sens à la vie. »

Cornélius Castoriadis, Une société à la dérive

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12/05/2011

Un Corps de Chair

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Je propose aujourd'hui un long extrait du dernier livre de Jean-Claude Guillebaud dans lequel l'auteur donne d'autres pistes concernant le Corps tel qu'il est perçu par le Christianisme et qui pousse à croire que ça n'est pas Dieu qui a un problème avec la chair, mais bien plutôt l'église au terme de multiples influences qui ne puisent pas leurs origine dans le Message du Christ.

C'est moi qui souligne certains passages pour en indiquer la force.

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Le Christianisme oublieux de lui-même

(…) Nous sommes tellement accoutumés à l’insistante pudibonderie catholique dans le domaine sexuel que nous ne comprenons plus ce qu’elle a de paradoxal, eu égard à une partie notable de la tradition. Depuis la Contre-Réforme du XVIIe siècle, mais surtout depuis le XIXe siècle, le discours catholique procède de ce que l’évêque de Poitiers, Albert Rouet, appelle lui-même (pour le condamner) le « jansénisme moral ». Le même évêque, avec une belle insolence, ironise sur la frilosité puritaine qui a poussé l’institution à « corriger » la traduction d’un vers du Te Deum, dont l’origine remontait au Ve siècle. Dans sa littérarité, le texte latin disait « Tu n’as pas eu horreur de l’utérus d’une vierge » (Non horruisti Virginis uterum). Au fil des siècles, la traduction pudique est devenue : « Tu n’a pas dédaigné le sein d’une Vierge 1. » À lui seul, l’aménagement du texte est significatif.
Faisant écho à ces remarques navrées, le théologien Robert Scholtus parle quant à lui du « pas lourd » du catholicisme. De fait, depuis plusieurs siècles, le dogme catholique n’en finit pas de condamner les « débordements de la chair », et in fine le corps lui-même. Dans son Histoire de la sexualité, Michel Foucault a montré qu’en durcissant son « jansénisme moral » au XIXe siècle, le catholicisme se ralliait pour une bonne part à « l’esprit bourgeois », et à une pruderie d’inspiration scientiste. Ce fut le cas au sujet de la masturbation, que les médecins athées comme le docteur Tissot (grand ami de Voltaire) diabolisèrent délibérément en y voyant une pathologie à soigner énergiquement.
Depuis lors, le moralisme ecclésial — effrayant dans les années 1950 — se retrouve dans une proximité (délétère) avec la gnose dualiste dont on a vu qu’elle réapparaissait aujourd’hui sous d’autres habits chez les « nouveaux pudibonds » du cyberespace. Ce dualisme désincarné, certains Pères de l’Église des premiers siècles l’avaient pourtant ardemment combattu. Que s’est-il passé au fil des siècles pour que finissent par prévaloir une vision aussi étroite, un discours de mortification, un parfum aigre de sacristie dont plusieurs générations eurent à subir la pesanteur ? Pourquoi l’Église n’a-t-elle pas compris qu’en cédant à un jansénisme aussi outré, en se faisant « scrutatrice des consciences, voire investigatrice, soupçonneuse, sourcilleuse2 », elle détournait de la foi des générations entières et contribuait ainsi à la sécularisation qu’elle déplore aujourd’hui ?
Le discours abusivement rigoriste de l’Église en matière sexuelle s’inscrit en réalité dans une longue histoire qui, depuis l’origine, a divisé le christianisme dans son entier. La Gnose n’est pas seule en cause. Le courant ascétique fut très actif durant les premiers siècles, à l’intérieur même du christianisme canonique, et s’est perpétué par la suite, en s’appuyant notamment sur une interprétation contestable des Épîtres de Paul, puis des textes d’Augustin, pour aboutir au jansénisme de Port-Royal, puis à la pruderie cléricale du XXe siècle. Ce courant, désigné sous le nom d’encratisme (du grec enkrateia, « continence »), réunissait en lui plusieurs influences dont celle de la secte juive des Esséniens, mais aussi un dualisme venu de Platon et du stoïcisme grec. Plusieurs auteurs chrétiens des premiers siècles, comme Justin ou Tatien, en furent les ardents — et ténébreux — défenseurs.
En revanche, un autre courant, plus accommodant et plus riant, se manifesta dès les deux premiers siècles de notre ère. Il était surtout représenté par la patristique grecque. Clément d’Alexandrie (vers 140-vers 220), auteur des Stromates, en fut le meilleur exemple. Très sévère à l’endroit des encratites, Clément faisait l’éloge de l’union entre homme et femme, et assurait même — contre le rigorisme essénien — que la vie sexuelle n’impliquait aucune espèce d’impureté. Ce courant est resté présent au sein du christianisme. Les jésuites, pour ne citer qu’eux, en furent les lointains héritiers. Cela signifie que le balancement entre les deux sensibilités n’a jamais cessé depuis deux mille ans.
Certaines périodes chrétiennes furent d’ailleurs moins rigoristes qu’on ne l’imagine. Sur des questions comme l’homosexualité ou le « plaisir solitaire », il est arrivé que l’institution catholique se montre paradoxalement plus indulgente que les pouvoirs temporels. Le péché dit de « mollesse » (l’onanisme) n’était que modérément puni dans les « pénitentiels » de l’époque médiévale, ces guides pratiques censés guider les prêtres dans la confession de leurs fidèles3. Quant à l’homosexualité, un historien gay américain de l’université de Yale, John Boswell, mort du sida en 1994, avait montré qu’elle fut moins systématiquement condamnée par l’Église qu’on ne le croit, et cela jusqu’à l’époque médiévale. Dans sa magistrale étude, il citait même le cas d’un pape prenant la défense d’un « inverti » persécuté par le pouvoir temporel. « On peut difficilement soutenir, écrivait-il, que l’attitude relativement indulgente adoptée par d’éminents hommes d’Église du haut Moyen Âge envers l’homosexualité soit due à l’ignorance. En effet, l’homosexualité n’est pas ignorée : elle est traitée comme une faute mineure4. »
Il n’en alla pas toujours ainsi, on le sait bien, dans l’histoire de l’Église, et c’est tout le problème. Bien qu’il fût condamné, depuis la fin du IVe siècle, par plusieurs décrets de l’empereur (chrétien) Théodose Ier, le courant encratite demeura influent pendant de longs siècles. À certaines époques il reprit indirectement le dessus. Ce va-et-vient incessant entre ascétisme et bienveillance tisse toute l’histoire du christianisme. Il permet de comprendre la subite convergence, à partir de la fin du XVIIIe siècle, entre le rigorisme très laïc de l’ « esprit bourgeois » et le discours officiel du catholicisme. La pudibonderie, revendiquée alors par une classe bourgeoise ascendante, soucieuse d’afficher sa « vertu » contre la « dépravation » de l’aristocratie, se trouva en harmonie avec l’un des deux versants du catholicisme, le plus abrupt évidemment. L’Église apporta ainsi à l’esprit bourgeois le renfort solennel de son moralisme, de sa liturgie et de ses encycliques. Une singulière « alliance puribonde » se perpétua aux XIXe et XXe siècles. Elle fut encore renforcée par l’effroi démographique engendré par la défaite de Sedan en 1870. (« Les Allemands font plus d’enfants que nous ! ») Cette panique démographique incita les Français (républicains et catholiques confondus) à privilégier la procréation plutôt que le « plaisir ». C’est contre ce moralisme civique et religieux que les jeunesses européennes se révoltèrent soudainement en 1968.
Pareille hostilité à la chair du discours ecclésial revenait à désavouer tout un pan de la tradition évangélique. On le comprend mieux maintenant. Le christianisme est la seule religion monothéiste à placer au cœur de son message le thème de l’incarnation, c’est-à-dire une glorification de la chair, voire une mystique de la chair. En choisissant, au moment de sa conversion — au tournant des XIIe et XIIIe siècles — de prêcher un matin, sans le moindre vêtement, dans la chaire de la cathédrale d’Assise, François entendait rappeler à tous son souci de « suivre nu, le Christ nu ». À ses yeux, le corps ne pouvait être négativement perçu.
On peut comprendre les réflexions acerbes d’Emmanuel Mounier (dont il sera question plus loin) au sujet des condamnations antichrétiennes de Nietzsche, lequel reprochait au christianisme d’avoir toujours « diffamé » le corps. Mounier assurait que si Nietzsche avait consacré la même énergie à étudier les premiers siècles chrétiens que celle qu’il réserva à l’Antiquité païenne, il eût raisonné différemment. L’héritage que s’employa à combattre l’auteur de L’Antéchrist n’était pas le christianisme, mais sa dénaturation cléricale. Remarquons que les auteurs contemporains qui se réclament de Nietzsche sont redevables du même reproche. La « moraline » chrétienne qu’ils combattent n’est jamais qu’une régression cléricale. Pour le reste, hormis le souci de la procréation qui est lié à l’histoire, l’éthique évangélique en matière de sexe n’est pas si différente de celle de Michel Onfray. Dans les Évangiles, Jésus ne condamne pas la femme adultère mais la sauve de la lapidation. L’interdit majeur de la morale chrétienne, la « limite » absolue du désir physique, c’est le non-désir de l’autre. Le « non » de l’autre ne peut en aucun cas être contourné, ignoré, violenté ou manipulé. En d’autres termes, le respect de l’autre vient nécessairement borner mon hédonisme.
Or, dans sa Théorie du corps amoureux, Onfray plaide pour une « érotique solaire », et même un « solipsisme du plaisir ». Reprenant Nietzsche, il fulmine évidemment contre la « névrose » biblique. Cela étant, il refuse d’être barbare ou tortionnaire façon Sade. Pas question, écrit-il, de « succomber à la violence ». Il réintroduit donc in fine le principe d’un « contrat hédoniste » entre les partenaires sexuels, et légitime du même coup l’obligation de respecter l’autre. Cette obligation procède, selon lui, d’une « éthique de la douceur » et du « respect de la parole5 ». Au-delà des proclamations antireligieuses, dans les faits, la distance n’est pas si grande entre cette « éthique de la douceur » et une éthique chrétienne éclairée. Michel Onfray s’en rend-il compte ? Une chose est sûre : si l’on peut accepter sa condamnation de la pudiponderie cléricale, il est difficile d’admettre que le christianisme tout entier soit impliqué dans ce réquisitoire. On va voir pourquoi.
À propos de crispation cléricale, on note aujourd’hui quelques évolutions dans le discours officiel de l’institution. L’encyclique Deus caritas est de 2006 reconnaissait la place éminente de l’eros. Le pape Benoît XVI lui-même, dans un livre d’entretiens publié à l’automne 2010, condamnait explicitement — et pour la première fois — le « jansénisme » sexuel. Faisant cela, il ne « rompait » pas, comme on l’a dit, avec la tradition chrétienne, il opérait un rééquilibrage en faveur d’un courant qui n’a jamais cessé d’être présent. Reste que cet infléchissement arrive bien tard et qu’il faudra beaucoup de temps avant que la nouvelle approche soit mise en pratique par la hiérarchie catholique. Même condamné par le pape, le « jansénisme » sexuel y reste solidement implanté.

Contre un « christianisme fade »

Voilà plusieurs décennies, en tout cas, que d’innombrables chrétiens avouent leur désarroi, voire leur « sainte colère » à ce sujet. Les protestations de certains d’entre eux contre la pudibonderie catholique ne le cèdent en rien à celles de Nietzsche ou de ses héritiers comme Michel Onfray, même si leur perspective n’est pas la même. On trouve parfois sous leur plume des réquisitoires plus sévères encore que ceux des nietzschéens patentés. Cela peut paraître étrange mais c’est ainsi.
Charles Péguy accordait une grande importance à l’incarnation de Jésus « fait homme », incarnation acceptée jusqu’à la crucifixion, et qui faisait entrer le Christ dans « les conditions organiques de la mémoire des hommes » ; faute de cela, ajoute-t-il, « l’incarnation n’eût pas été intégrale et loyale6 ». Georges Bernanos ironisait sans indulgence sur les « républicains cléricaux » du XIXe siècle, « que l’on voyait ruminer, entre des mandibules flétries, leurs vieux rêves d’une république sacristaine, administrée par les prêtres, qui mettait au service de la seule humanité — bien pensante — une gendarmerie céleste et supplémentaire, les dispensant ici-bas de tout souci national, en leur assurant la gloire et les projets de l’autre monde7 ».
Quantité d’intellectuels ou de romanciers chrétiens ont partagé la déception et la colère de Bernanos face aux frilosités moralisatrices de l’Église. On pense à l’auteur rare et subtil que fut Pierre Boudot, chrétien passionné par l’histoire de l’abbaye de Cluny, qui, après huit siècles de rayonnement, fut vandalisée puis détruite entre 1798 et 1823. Dans cette lente « évaporation » de l’édifice, il voyait un fort symbole des errements de l’Église. « Quand l’être physique est identifié au mal, au graveleux, au salace, à l’anormal (comparé à ce qui est "normé" pour le péché) aucun discours n’est plus possible. L’Église crée ainsi le vide dont la chute du plus ancien de ses monuments sera le symbole8. »
Mais c’est sûrement Emmanuel Mounier (1905-1950) qui, dans L’Affrontement chrétien, pamphlet publié en 1945 (il y a soixante-quinze ans !), a été le plus fougueux sur ce sujet. Il stigmatisait le « contresens » qui aboutit à faire du christianisme l’adversaire de « l’instinct », c’est-à-dire de la chair. Ce contresens donna naissance à ce qu’il appelait un « christianisme fade » : « Si la chair du corps était radicalement viciée dans la filiation humaine, écrit-il, comment oserait-il appeler la chair du Christ une chair sainte, notre corps le temple du Saint-Esprit ? » Contre les « petits bourgeois chrétiens […] très petits, très arrondis, très ennuyeux », il en appelle à un « christianisme de grand air ». Seul celui-ci, ajoute-t-il, serait capable de retrouver la vitalité joyeuse du christianisme médiéval.
Dans un superbe passage, il exprime sa nostalgie pour la chrétienté médiévale, et célèbre « ces siècles drus où la gauloiserie grimpait aux chapiteaux des églises pour grimacer par-dessus les prières, où le seigneur usait sous lui son cheval à la chasse ou à la guerre, avant d’aller l’abattre avec son orgueil au pied d’un ermitage, où le moine maniait le timon dans la tempête et la hache dans la forêt, où les hommes savaient, quand ils péchaient, pécher fortement, et quand ils aimaient, aimer totalement9 ».

L’âpre saveur de la vie

L’hommage rendu par Mounier à cette longue période de l’histoire européenne que le XIXe siècle a injustement diabolisée en la baptisant « Moyen Âge » mérite qu’on s’y arrête. Au sujet du rapport à la chair et à la vie vivante, on a tort de minimiser la verdeur des fabliaux érotiques, l’ambivalence très sensuelle du Roman de la Rose (XIIIe siècle) ou la paillardise roborative d’un ancien moine — mais « bon chrétien » — comme Rabelais (1483-1553). Pétri d’évangélisme, le héros rabelaisien entend « réhabiliter le chrétien dans sa liberté » et partage avec ses contemporains Érasme (1467-1536) et Montaigne (1533-1592) le goût d’un humanisme à la fois gourmand, sensuel et optimiste. En cela, il est plus en accord avec la postérité de Clément d’Alexandrie qu’avec celle des encratites.
Avec le recul, la culture médiévale nous apparaît comme riche d’enseignements de toute nature. L’intelligence de la période médiévale consista à « gérer » la contradiction qui, depuis l’origine, habite le discours catholique. Les deux sensibilités décrites ci-dessus s’y trouvèrent non point exclues l’une par l’autre, mais habilement conjuguées. L’historien Jacques Le Goff, spécialiste du Moyen Âge, décrit parfaitement ce qu’on pourrait appeler le subtil « usage » médiéval du message évangélique, une subtilité très « humaine » dont Mounier déplorait qu’elle fût oubliée au tournant de la Contre-Réforme puis des Lumières.
L’esprit médiéval parvenait de la sorte à rendre habitable la tension qui écartèle, en profondeur, le discours chrétien au sujet du corps. D’un côté, ce dernier est « l’abominable vêtement de l’âme », comme le disait le pape Grégoire le Grand (540-604), et ses débordements sont endigués par l’idéologie plutôt anticorporelle de l’institution. D’un autre côté, la magnificence de la chair est glorifiée et le corps est désigné comme le « tabernacle du Saint-Esprit ». Le clergé, note Le Goff, est ainsi conduit à réprimer les pratiques corporelles, tout en les glorifiant. On n’est plus dans l’ambivalence mais dans la contradiction. Elle sera prise en compte et habilement intégrée à la culture populaire grâce à la complémentarité facétieuse entre Carême et Carnaval. « D’un côté le maigre, de l’autre le gras. D’un côté jeûne et abstinence, de l’autre ripaille et gourmandise. Ce balancement tient sans doute à la place centrale que le corps occupe dans l’imaginaire et la réalité du Moyen Âge10. » La mitoyenneté bondissante entre Carême et Carnaval a été immortalisée par le peintre Pieter Bruegel dans son prodigieux tableau de 1559, Le Combat de Carnaval et de Carême.
En conciliant les deux, en ritualisant la confrontation pacifique entre Carême et Carnaval afin qu’ils deviennent constitutifs, à part égale, de l’habitus populaire, la chrétienté médiévale témoignait d’une compréhension intuitive de la condition humaine. La subtilité de cette transaction, quotidiennement vécue et assumée, permettait de sauvegarder « l’âpre saveur de la vie ». J’emprunte cette expression à l’auteur d’un des meilleurs livres — peut-être le meilleur — jamais écrits sur la vie médiévale, l’historien néerlandais Johan Huizinga. Il publia en 1919 son maître livre, L’Automne du Moyen Âge11. Traduit dans le monde entier, constamment réédité depuis près d’un siècle, cet épais volume n’est pas seulement une somme érudite, il emmène son lecteur dans un voyage très charnel au cœur de la quotidienneté médiévale.
Au fil des pages, on y découvre un univers où la plus extrême brutalité cohabite avec un goût marqué pour les plaisirs du corps et une émotivité qui s’affiche sans retenue. Nous la jugerions contradictoire et puérile. À l’époque, elle donne aux rapports que l’on entretiens avec la mort une étrange vérité. Huizinga cite la décapitation à la hache, en 1411, pendant la terreur bourguignonne, d’un Armagnac, messire Mansart du Bois. Avant de mourir, celui-ci avait pris soin d’absoudre par avance, et même d’embrasser, son bourreau qui l’implorait de le faire. Au vu du spectacle, note un chroniqueur, « foison de peuple y avait, qui quasi tous pleurait à chaudes larmes ». Dans d’autres cas, les supplices infligés à certains auteurs de crimes atroces — écartèlement, banc de torture, bûchers — suscitaient dans l’assistance une joie barbare. Ainsi en 1488, à Mons, où le peuple avait « acheté » un brigand afin d’être sûr qu’il fût écartelé. La chose étant accomplie, « le peuple fust plus joyeulx que si un nouveau sainct estoit ressuscité12 ».
L’historien néerlandais évoque les mille façons dont la société médiévale très chrétienne s’emploie à conjuguer la « violence débordante de la passion » et le raffinement toujours plus exigeant des idéaux courtois. Cette harmonisation n’est jamais achevée, toujours imparfaite. L’idéal chevaleresque dédaigne sciemment le calcul en termes d’utilité militaire, car il est hors de question de sacrifier les droits de l’esthétique à ceux de la stratégie. Il en fut ainsi, au prix de quelques désastres, au moment des croisades. « Les expéditions, qui auraient nécessité surtout des calculs précis et de patients préparatifs, étaient au contraire projetés au milieu d’une excitation d’esprit qui ornait de couleur romanesque un projet vain ou fatal13. »
Qu’il s’agisse du combat ou de l’amour physique, la violence qui habite le corps exige d’être reconnue et stylisée. Cela veut dire que les normes doivent parfois céder le pas à leur propre transgression. La culture courtoise dont se réclamait l’aristocratie avait ainsi intériorisé ses limites, et savait mettre ce « jeu » (au sens mécanique du terme) à profit. « Dans la réalité, écrit Huinzinga, la vie sexuelle des hautes classes demeurait d’une rudesse étonnante. »

Le « scandale » de l’incarnation

À ce stade de l’analyse, rappelons que le « commerce » entretenu par les humains avec leur corps ne se réduit pas à la sexualité. La « mystique de la chair » évoquée plus haut n’a rien à voir avec la permissivité érotique,  telle que nous l’entendons maintenant. L’incarnation, au sens propre du terme, n’équivaut pas à la licence amoureuse. Sa portée est plus ample, plus subversive, plus radicale. Elle consiste en une acceptation apaisée de la chair qui nous constitue en tant qu’humain. Ce consentement charnel interdit toute dévalorisation ou chosification du corps. Elle refuse tout dualisme, qui ferait du corps une simple enveloppe, une mécanique ou une prison de l’esprit. En cela, elle s’accorde avec la tradition phénoménologique d’un Edmund Husserl (1859-1938) ou d’un Merleau-Ponty. Nous n’avons pas un corps, nous sommes notre corps.
Michel Henry, déjà cité dans ces pages, illustrait une « rencontre » nouvelle, à propos de l’incarnation, entre la phénoménologie et la tradition chrétienne. La convergence suscita d’ailleurs d’âpres débats. Plusieurs philosophes — dont le regretté Dominique Janicaud — firent reproche à Michel Henry d’avoir « christianisé la phénoménologie ». Ce dernier, loin de s’en émouvoir, s’expliqua longuement et brillamment sur cet aspect de sa réflexion.
Aujourd’hui, devant la montée en puissance d’une pudibonderie d’un autre ordre, celle des technoprophètes, la thématique de l’incarnation retrouve tout son sens et son utilité. Les choses se passent en effet comme si, au bout du compte, la perspective s’inversait. Hier encore accusé de dédaigner le corps, le discours chrétien pourrait en devenir demain le meilleur défenseur. Face à une technoscience fascinée par l’immatériel et irrésistiblement conduite à rejeter le corps, il redeviendrait l’avocat de la vie vivante. Il est armé pour cela. Il faudrait simplement qu’il renoue de manière claire et déterminée avec une part de l’héritage évangélique trop longtemps négligé ou répudié de facto par l’institution.
Durant les dernières décennies, plusieurs auteurs plus ou moins marqués par la culture chrétienne ont écrit qu’ils formaient des vœux pour qu’un tel renversement advînt, et fût compris. Un proche ami d’André Gorz, le juif converti et ancien jésuite Ivan Illich fut du nombre. Dans son dernier livre (posthume), il regrettait que l’Église catholique n’eût pas été capable de reformuler, en le réactualisant, le thème de l’incarnation. Il est vrai qu’Illich — durement critiqué par le Vatican — ne mâchait pas ses mots à l’adresse du cléricalisme en général. Sur le terrain politique, par exemple, il accusait l’institution catholique de légitimer un système capitaliste et productiviste impitoyable aux pauvres. Il haussait même le ton : « Recourir aux Évangiles pour conforter un système social ou politique est un blasphème. »
Au sujet de la chair, il avait très tôt pressenti, comme son ami André Gorz, l’horreur que représentait « l’éviction du corps » par la pensée cybernétique. « De son point de vue chrétien fondé sur l’Incarnation, écrit son biographe, c’est en tant que corps que nous voyons la vérité venir à notre rencontre, et c’est seulement à travers notre corps que nous pouvons la connaître14. »
Afin de mesurer la portée universelle de l’incarnation, il faut comprendre ce qu’elle eut de révolutionnaire dans le contexte des premiers siècles, largement dominés par la pensée grecque. L’affirmation contenue dans l’Évangile de Jean — « le Verbe s’est fait chair » — était considérée comme insensée par les philosophes grecs. Elle ne signifiait pas, comme on le croit parfois, que Dieu avait provisoirement emprunté les attributs corporels d’un humain — si tel était le cas, il n’y aurait eu ni rupture ni subversion. Les dieux de la mythologie grecque, y compris Zeus lui-même, revêtent souvent un corps d’emprunt, avant de l’abandonner pour retourner sur l’Olympe. Le « scandale » chrétien porté par le message johannique signifiait bien autre chose : le Dieu biblique ne s’incarne pas afin d’effectuer un petit tout sur terre ; le corps qu’il revêt n’est pas destiné à servir de truchement, de passerelle ontologique entre le divin et l’humain. L’expression le Verbe s’est fait chair signifie que la chair humaine change de statut. Elle donne lieu à l’existence. Elle est le moyen d’une émergence bouleversante, qui est celle de la vie avec sa profusion et sa capacité de s’éprouver elle-même dans son « auto-affection ».
Michel Henry évoque à juste titre le caractère abyssal de l’affirmation de Jean, qui introduit d’ailleurs un distinguo entre la chair et le corps. Par elle, s’énonce en effet une définition de l’homme entièrement nouvelle, définition qui fondera pour une bonne part la culture occidentale. « Car notre chair, écrit-il, n’est rien d’autre que cela qui, s’éprouvant, se subissant et se supportant soi-même et ainsi jouissant de soi selon des impressions toujours renaissantes, se trouve, pour cette raison, susceptible de sentir le corps qui lui est extérieur, de le toucher aussi bien que d’être touché par lui. » La parole johannique s’approche ainsi au plus près de la vie vivante qui, dans la chair, s’autorévèle en nous. C’est parce qu’il est chair lui-même que l’homme est en mesure de rencontrer la chair du monde et d’en jouir. « Il perçoit chacune de ses qualités, il voit les couleurs, entend les sons, respire une odeur, mesure du pied la dureté d’un sol, de la main la douceur d’une étoffe15. » En ce sens, l’incarnation rompt scandaleusement, en effet, autant avec la pensée grecque qu’avec le judaïsme. Elle est bien folie pour les païens et scandale pour les juifs. À ce titre, elle est fondatrice.
Dans la Grèce antique, la chair définissait l’animalité. C’est précisément parce qu’il est Logos, avant d’être chair, que l’homme se distinguait de l’animal. Pour Alcibiade (450-404 av. J.-C.), compagnon de Socrate, « l’homme n’est rien en dehors de son âme ». Se faire chair, c’est-à-dire devenir en soi-même chair (Michel Henry) revenait donc, pour les Grecs, à détruire la condition humaine et à régresser vers la pure animalité, ce qui est « folie ». On comprend mieux la scène décrite dans les Actes des Apôtres. Lorsque Paul évoque l’incarnation et la résurrection des corps devant les philosophes réunis sur l’Aréopage d’Athènes, ces derniers éclatent de rire et le congédient aussitôt : « Là-dessus, nous t’entendrons une autre fois. » (Actes 17,32.)
Pour la pensée juive, l’incarnation relève du blasphème. Qu’un simple humain, de chair et de sang comme Jésus, puisse prétendre incarner Dieu, avant de subir, comme un esclave, le supplice d’une crucifixion ignominieuse, voilà qui dépasse l’entendement. Pareil blasphème mérite la mort. Le refus horrifié des prêtres du Temple et des pharisiens est donc aussi absolu que celui des philosophes grecs, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. Les dernières paroles du Christ — « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! » — expriment pourtant une incarnation acceptée jusqu’au bout, jusqu’à la souffrance du corps et à la morsure spécifiquement humaine du sentiment d’abandon.
Le corps, ainsi glorifié par le « scandale » de l’incarnation, est le lieu où tout se noue. Il n’est pas un simple amas de cellules ou de gènes, ni une « illusion » dont il faudrait se déprendre, il est une réalité à la fois souffrante et heureuse, hors de laquelle rien n’advient. L’humain est inscrit dans un corps de chair, au cœur du monde, et de cette chair sourd du désir, s’expriment du manque et un appel à l’altérité. Un professeur de théologie à l’université de Lausanne exprime bien cette centralité admirable du corps. « La chair dit, à sa manière, une vérité hors du monde ; elle a partie liée très concrètement avec ce qui, dans le monde et les corps vibre d’un ailleurs16. » On doit comprendre cet « ailleurs » non point comme une vague désignation du divin ou de la vie éternelle, mais comme une description précise de la vie elle-même, dans son immanence et sa surabondance. La Vie, ainsi comprise et nantie d’une majuscule, est une émergence profuse, une réalité océanique. Elle est la mystérieuse nappe phréatique où s’abreuvent « nos » vies.
De façon troublante, une féministe comme Judith Butler rejoint sans s’en rendre compte cette désignation heureuse de la vie vivante quand elle décrit cette dernière comme un « processus calme ». « Les vies déterminées, ajoute-t-elle, viennent à l’être et disparaissent mais la "Vie" semble être le nom du mouvement infini qui confère la forme et la dissout en général. Aucune vie déterminées n’épuise la Vie16. »
On ne saurait mieux dire. De cette vie vivante, en revanche, la science contemporaine n’a pas grand-chose à dire, et la technoscience encore moins. Ce n’est point parce qu’elle manque d’intelligence ou de cohérence, mais, tout simplement, parce que ce n’est pas son objet. Le grand biologiste qu’est le Prix Nobel François Jacob avait eu la modestie — et le courage — de le reconnaître dans un livre, La Logique du vivant, publié en 1972 : « On n’interroge plus la vie aujourd’hui dans les laboratoires. »
L’incarnation, qui n’appartient pas aux seuls chrétiens, redevient donc plus « scandaleuse » que jamais, au sens combatif du terme.

Jean-Claude Guillebaud, La vie vivante, contre les nouveaux moribonds.
Les Arênes, 2011

Chapitre 8 : La chair du monde

 

Notes

1. Albert Rouet, J’aimerais vous dire. Entretien avec Dennis Gira, Bayard, 2009, p. 107.
2. J’ai longuement développé ce débat théologique dans La Tyrannie du plaisir, op. cit.
3. John Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité. Les homosexuels en Europe occidentale des débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle, Gallimard
4. Michel Onfray, Théorie du corps amoureux. Pour une érotique solaire, Grasset, 2000 ; rééd. Le Livre de Poche, 2001.
5. Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes, in Œuvres en prose complètes, III, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1987, p. 1400.
6. Georges Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants, Le Livre de Poche, 1998 [préface de Bernard Frank], p. 96.
7. Pierre Boudot, Au commencement était le Verbe, Grasset, 1980, p. 85.
8. Emmanuel Mounier, L’Affrontement chrétien, op.cit., p. 57.
9. Jacques Le Goff et Nicolas Truong, Une histoire du corps au Moyen Âge, Liana Lévi, 2006, p. 40.
10. Johan Huizinga, L’Automne du Moyen Âge [Harlem, 1919], trad. du hollandais par J. Bastin, © 1989, Éditions Payot, © 2002, Éditions Payot & Rivages, « Petite bibliothèque Payot », 2006.
11. Ibid., p. 49.
12. Ibid., p. 151.
13. David Cayley, « Présentation » in Ivan Illich et David Cayley, La Corruption du meilleur engendre le pire, Actes Sud, 2007, p. 75.
14. Michel Henry, Incarnation, Seuil, 2000, p. 8-9.
15. Pierre Gisel (dir.), Le Corps, lieu de ce qui nous arrive. Approches anthropologiques, philosophiques, théologiques, Labor et Fidès, 2008, p. 10.
16. Judith Butler, « Le corps de Hegel est-il en forme : quelle forme ? », in Judith Butler et Catherine Malabou, Sois mon corps, op. cit., p. 70.
 

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11/05/2011

John Ogdon & Brenda Lucas play Arensky Valse Op. 15

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John Ogdon & Brenda Lucas play Arensky Valse Op. 15

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Joli mois de Mai

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« Le rappel de Mai 68 fait remonter à ma mémoire d'autres mois de mai.

Mai 40. Mon père s'évanouit en apprenant les nouvelles terribles de l'avancée allemande. Les premiers réfugiés arrivent. La valse des voitures officielles commence. Le gouvernement se replie sur Bordeaux. C'est l'affolement. Le monde de nos parents s'effondre. Tout ce qui paraissait établi, solide, solennel, respectueux, implose en quelques semaines. Nous avons dix-huit ans et nous apprenons que le pouvoir est mortel et que les puissants sont fragiles !

Mai 45. Dans une baraque d'un camp de concentration, j'agonise parmi les cadavres. Une villageoise allemande entre, puis recule devant le spectacle du charnier. Des insultes l'accueillent. Elle me regarde avec pitié et peut-être une forme d'amour. Je sombre dans le coma. Trois semaines plus tard, je suis autorisé à sortir de l'hôpital pour la première fois. La ville de Magdebourg est défoncée par les bombardements. Cauchemar, étonnement… Sur notre convoi de mille déportés, nous sommes une poignée de rescapés. Où sont les mois de mai de notre enfance, insouciants et gorgés de sève ? Nous avons vingt ans et nous portons déjà trop de morts.

Mai 54. Avec mes camarades, nous suivons avec douleur et colère la chute de Diên Biên Phu. Derrière chaque article, nous voyons un visage, un ami, des souvenirs de parachutage ou d'embuscades à la frontière de la Chine. Je reviens au Tonkin. L'avion atterrit à Hanoï, le temps d'une escale. Je dois prendre le commandement de ce qui reste du 1er BEP. Je marche une soirée et une nuit dans cette ville tant aimée, suspendue entre deux mondes, plus belle encore que dans mon souvenir. C'est la nuit du Vietnam, envoûtante, bruissante, faite de frôlements et de chants murmurés. Une part de nous-mêmes restera là, toujours, je le sais.

Mai 58. Dans le palais du gouverneur à Alger mis à sac par les insurgés, je vois mon patron, le général Massu tenter de contenir la foule. La passion est palpable. La IVe République est à bout de souffle. L'armée est prise dans un terrible engrenage. Je suis inquiet. Le 16 mai, encouragée par les militaires, une manifestation de musulmans s'avance vers le Forum. Des pieds-noirs les attendent. Lorsque les deux cortèges se rencontrent, des clameurs s'élèvent, des accolades sont rendues. Les martinets volent haut dans le ciel pur d'Alger. Je pleure de bonheur. La Résistance, la déportation, trois séjours en Indochine, l'Algérie, Suez… Les épreuves de notre génération semblent soudain justifiées.

Mai 61. Dans une cellule de la prison de la Santé, je prépare mon procès. Lors du putsch d'Alger, j'ai suivi le général Challe et je suis devenu un officier rebelle. Dans les jours suivants, je peux être fusillé ou lourdement condamné. Je ne cesse de faire et refaire l'engrenage des événements, des rencontres et des engagements imbriqués qui m'ont conduit entre ces murs. Alors j'écris, je lis, je fixe des heures durant le mur lépreux, je pense à ces hommes que j'ai entraînés dans la révolte. C'est un mois de mai lourd et sombre. La beauté et le ciel appartiennent à d'autres.

Mai 68. Responsable du personnel de plusieurs usines dans la région lyonnaise, je porte un costume civil après cinq ans et demi de détention criminelle. L'usine est en grève. Comme à Alger dix ans plus tôt, l'esprit de révolution souffle sur les hommes. J'en connais les dangers et les illusions. Mais je comprends en partie cette jeunesse qui porte l'espérance d'un monde meilleur. Les mois de mai se confondent désormais dans ma mémoire. Comme tous ceux qui ont eu vingt ans, il y a si longtemps, je vois chaque année à cette époque renaître les souvenirs entremêlés. Des ombres nous accompagnent : espérances fracassées, camarades oubliés, engagements incompris, souffrance du corps usé. Mais le chant du monde est là, étranger à la lâcheté et à la cruauté des hommes. La beauté est fragile et mystérieuse. Des enfants passent dans la rue, courent dans le jardin. Tout leur est offert. Qu'en restera-t-il ? Tout nous a été donné. Qu'en reste-t-il ? Peut-être simplement le besoin de la contemplation. C'est l'éblouissement et l'espérance des derniers mois de mai. »

Hélie de Saint-Marc, Le Figaro (Mai 2008)

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10/05/2011

Giovanni Maria Trabaci : Consonanze stravaganti

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Giovanni Maria Trabaci (1575-1647)

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Les "französichs"

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« Puisqu'il faut que quelqu'un se dévoue... quitte à me faire quelques nouveaux amis... je vais me répéter : il n'y a pas eu dans toute l'Europe occupée, de citoyens plus enclins au "balançage" que les französichs. Délateurs, anonymographes, faisant la queue dès potron-minet aux guichets des Kommandantur, dénonçant les tapeurs de faux tiquets, les fraudeurs d'étoiles jaunes ou tout simplement le voisin de palier qui venait de recevoir du jambon d'Auvergne, ou la petite blonde d'en face qui "ne voulait rien savoir". Il paraît qu'à la fin, les fritz ne décachetaient même plus les enveloppes. Les services étaient saturés.

Tout ça n'est pas bien grave. Des remarques, c'est tout. Je ne règle pas de comptes. J'en veux à personne. Je pardonne tout. Pour que tout soit bien net, j'ajouterais même ceci : je préfère les lâches aux héros. Les premiers sont fragiles, friables, inquiêts, en final assez démunis. Les seconds me font franchement peur. Ils ont presque toujours un pistolet chargé dans la tête, un meurtre qui mijote au bain-marie quelque part dans leur cerveau plein de rêves d'exploits.

Le héros d'alors était ce genre de type qui vous flinguait un soldat allemand dans le métro. Bravo, bravo ! Mais le lendemain une affiche rouge informait la population que cinquante hotages avaient été fusillés contre le mur de la Santé. Vous auriez pu être un de ces otages. Pensez-y avant d'applaudir. On peut échapper aux mouchards, beaucoup plus rarement aux héros. Personnellement, je me souviens d'avoir toujours fait très gaffe aux uns comme aux autres. Pas causant. Au bistrot, par exemple, ou dans la queue devant l'épicier, lorsqu'un de mes bouillants compatriotes exhaltait les succès militaires de la Wermarcht, je ne me serais jamais avisé de le contredire, approuvant au contraire quitte à « en remettre ». Les lieux publics étaient pleins, comme ça, de provocateurs qui passaient par là, vous glissaient un petit mot, guettaient la réponse et vous envoyaient au poteau. Beaucoup sont morts, des gens bien innocents d'avoir répondu étourdiment à leur concierge. La Résistance aurait-elle fait plus de mal que de bien ? Question à ne pas poser même trente-cinq ans après. Mais j'ai toujours eu un sens inné de ce qu'il ne faut pas écrire. Ca dérange les "paranoïaques".

Des années plus tard, on peut toujours raconter qu'on a abrité des parachutistes anglais, zigouillé des feldwebel, niqué des "souris grises", rendu Himler maboul à force de malice. Mais lorsqu'on est dans la mouise, il y va un peu différemment. Et nous y étions ! Pour subsister, nous autres (je parle des enfants du quartier) n'ayant pas le privilège d'opérer dans le marché noir, d'exporter des métaux non ferreux, ni de construire le mur de l'Atlantique, ni de diner chez les Abetz, on volait des vélos. Combien ? J'ai oublié. Des cycles pas toujours pimpants qu'on échangeait chez les commerçants "honnêtes" contre de la margarine, quelques litres de pinard trafiqué, ou mieux encore, de ces boissons bizarres, qui s'appelaient des trucs comme "Kina roc", des elixirs qui vous dégringolaient tout droit dans les godasses, parfois aussi contre des Gauloises piquées par des types qui travaillaient à la Régie. Tout le monde volait un petit peu. Fallait bien. »

Michel Audiard, Paris-Match n° 1525, 18 août 1975

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Ou ça se terminera très mal par un étripage général et des effondrements de gratte-ciel

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« Cousteau - L’Amérique a mis le doigt dans un drôle d’engrenage. La voilà lancée à plein dans la Weltpolitik… Impossible de savoir comment cette entreprise se terminera. Ça se terminera peut-être très bien, par l’établissement sur cette planète d’une sorte de pax americana, à base de Coca-Cola, de bulletins de vote et de télévision. Ou ça se terminera très mal par un étripage général et des effondrements de gratte-ciel. Je n’en sais rien. Et je ne me risque plus à faire aucune prévision. Les chances sont pourtant pour le grand bordel, parce que l’URSS ne cédera pas aux bonnes paroles et que tant que l’URSS existera, l’hégémonie américaine ne sera pas complète… »

Pierre-Antoine Cousteau et Lucien Rebatet, Dialogue de vaincus (1950)

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09/05/2011

Gustav Mahler : Piano quartet in a minor

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Gustav Mahler (1860-1911)

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Il pouvait y avoir du bonheur

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« Bruno par contre, il le savait, dissipait son âge mûr à la poursuite d'incertaines Lolitas aux seins gonflés, aux fesses rondes, à la bouche accueillante ; Dieu merci il avait un statut de fonctionnaire. Mais il ne vivait pas dans un monde absurde : il vivait dans un monde mélodramatique peuplé de canons et de boudins, de mecs top et de blaireaux ; c'était le monde dans lequel vivait Bruno. De son côté Michel vivait dans un monde précis, historiquement faible mais cependant rythmé par certaines cérémonies commerciales - le tournoi de Roland Garros, Noel, le 31 décembre, le rendez-vous bisannuel des catalogues 3 suisses. Homosexuel, il aurait pu prendre part au Sidathon ou à la Gay pride. Libertin, il se serait enthousiasmé pour le salon de l'érotisme. Plus sportif, il vivrait à cette même minute une étape pyrénnéene du tour de France. Consommateur sans caractéristiques, il accueillait cependant avec joie le retour des quinzaines italiennes dans son Monoprix de quartier. Tout cela était bien organisé, organisé de manière humaine ; dans tout cela, il pouvait y avoir du bonheur ; aurait-il voulu faire mieux, qu'il n'aurait su comment s'y prendre. »

Michel Houellebecq, Les particules élémentaires

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08/05/2011

Arcangelo Corelli : Sarabande, Giga and Badinerie

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Arcangelo Corelli (1653-1713)

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L'identité des peuples

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« (...) Les partis politiques spécialisés dans la dénonciation anti-immigrés ne sont rien d'autre que des partis démagogiques petits-bourgeois, qui essaient de capitaliser sur les peurs et les misères du monde actuel en pratiquant la politique du bouc émissaire. L'expérience historique nous a montré vers quoi conduisent de pareils joueurs de flûte ! Il faut ici distinguer l'immigration et les immigrés. L'immigration est un phénomène négatif, puisqu'elle est elle-même le fruit de la misère et de la nécessité, et les sérieux problèmes qu'elle pose sont bien connus. Il est donc nécessaire de chercher, sinon à la supprimer, du moins à lui enlever le caractère trop rapide et trop massif qui la caractérise actuellement. Il est bien évident qu'on ne résoudra pas les problèmes du Tiers-monde en conviant ses populations à venir en masse s'installer dans les pays occidentaux ! En même temps, il faut avoir une vue plus globale des problèmes. Croire que c'est l'immigration qui porte principalement atteinte à l'identité collective des pays d'accueil est une erreur. Ce qui porte atteinte aux identités collectives, c'est d'abord la forme d'existence qui prévaut aujourd'hui dans les pays occidentaux et qui menace de s'étendre progressivement au monde entier. Ce n'est pas la faute des immigrés si les Européens ne sont plus capables de donner au monde l'exemple d'un mode de vie qui leur soit propre ! L'immigration, de ce point de vue, est une conséquence avant d'être une cause : elle constitue un problème parce que, face à des immigrés qui ont souvent su conserver leurs traditions, les Occidentaux ont déjà choisi de renoncer aux leurs. L'américanisation du monde, l'homogénéité des modes de production et de consommation, le règne de la marchandise, l'extension du marché planétaire, l'érosion systématique des cultures sous l'effet de la mondialisation entament l'identité des peuples beaucoup plus encore que l'immigration. (...) »

Alain de Benoist, C'est-à-dire


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Des Réfugiés payés par Berlusconi pour détourner l'attention ?

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Une rumeur sur laquelle je ne suis tombé qu'aujourd'hui... si quelqu'un a une info, elle est la bienvenue...

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"Regardez bien cette photo qui circule en Tunisie. Il s'agit de réfugiés tunisiens arrivant à Lampedusa avec l'idée d'aboutir en Europe en passant par l'Italie. Vous verrez qu'ils ont presque tous les mêmes baskets. Bizarre quand même. Est-ce un hasard ? Il est peu probable que ce soit un don des passeurs habituels, qui au contraire font payer très cher le passage. Est-ce un cadeau du gouvernement tunisien ? Très peu propable. On ne voit pas pourquoi il donnerait des baskets à des clandestins. Alors ? Faites vos hypothèses.
Comme on ne trouve pas cela très "normal", on pense que ces réfugiés ne sont pas si clandestins que cela. Et les rumeurs vont bon train. On dit que ce seraient les Italiens qui auraient fourni les dites chaussures, et même que les individus en question seraient payés pour faire le trajet et faire peur ainsi au peuple italien, histoire de détourner l'attention trop polarisée par l'affaire Berlusconi. Aberrant ? Qui croire ? Que font donc les journalistes qui ne peuvent pas nous donner une interprétation d'un tel phénomène ? Faute de révélations, on en est réduit à des rumeurs et ce n'est bon pour personne, et surtout pas pour les réfugiés, s'ils sont de vrais réfugiés."


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Source

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Les tunisiens squattent un Gymnase

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« Plusieurs dizaines de migrants tunisiens occupaient samedi, un gymnase du XIe arrondissement de Paris. Ils protestaient contre leur situation précaire et exigeaient de bonnes conditions d'accueil.

Jeunes pour la plupart, les migrants se sont installés dans le gymnase de la Fontaine au Roi (situé au 100, rue de la Fontaine au Roi) peu après 16 heures, a indiqué sur place un porte-parole du "Collectif des Tunisiens de Lampedusa", sous couvert d'anonymat. »

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Source : Flash Europe 1

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Délirium ! Les mecs traversent la Méditerranée en balançant, au passage, quelques dizaines de femmes par dessus bord histoire de pas couler. Ils débarquent en Italie illégalement. Mis en rétention ils saccagent le centre où ils se trouvent, ils y mettent le feu. Puis d'Italie, où ils avaient le choix pour rentrer au Bled ou avoir un titre de séjour provisoire de deux mois, ils viennent en France. Et une fois en France ils squattent un Gymnase illégalement pour se plaindre d'être mal accueillis.

C'est magnifique !

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07/05/2011

Heaven and Hell : Heaven and Hell

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Chanson au texte mystérieux, à la symbolique alchimique dans laquelle Ronnie James Dio excellait, et dont le sujet, il me semble, est la destinée humaine. Ici Ronnie James Dio a 65 ans et il chante avec une redoutable énergie, une puissance vocale sans pareille... de quoi donner le vertige à bien des chanteurs 40 ans plus jeunes que lui. Quant au groupe Heaven & Hell, il ne s'agit que de la Formation Black Sabbath qui officia à deux reprises entre 1980/82 et 1990/93, pour en savoir plus cliquez sur les liens. Puisse Dieu pardonner à Ronnie, qui nous a quitté l'année dernière, son goût prononcé pour l'Occultisme, l'Esotérisme et toutes les formes d'initiations occidentales sorties des grimoires du Moyen-Âge. C'est lui qui a également popularisé dans le milieu du Heavy Metal le fameux (et fumeux) "signe des Cornes" que tout adolescent pré ou post-pubère aborde en secouant la tête et en rigolant bêtement. Au moins pouvons nous en rire.

Sing me a song, you're a singer
Do me a wrong, you're a bringer of evil
The Devil is never a maker
The less that you give, you're a taker
So it's on and on and on, it's
Heaven and Hell, oh well

The lover of life's not a sinner
The ending is just a beginner
The closer you get to the meaning
the sooner you'll know that you're dreaming
So it goes on and on and on, oh it goes on and on and on
It goes on and on and on, Heaven and Hell
I can tell !

Well if it seems to be real, it's illusion
For every moment of truth, there's confusion in life
Love can be seen as the answer,
But nobody bleeds for the dancer
And it's on and on, on and on and on...

There's a Little White Sheep look down on me
He said : "i know where you oughta be : it's Heaven"
He said : "Come with me, i know just what to do"
I said : "Go away i'm gonna burn in hell with you... you... you..."

Then a Big Black Sheep Look down on me
He said : "i know where you oughta be"
He said : "Come with me and i'll give you Desire,
But first you gotta burn... burn... burn in Fire"

They say that life's a carousel
Spinning fast, you've got to ride it well
The world is full of Kings and Queens
Who blind your eyes and steal your dreams
It's Heaven and Hell, oh well

And they'll tell you black is really white
The moon is just the sun at night
And when you walk in golden halls
You got to keep the gold that falls
It's Heaven and Hell

Fool, fool!
You've got to bleed for the dancer !
Fool, fool!
Look for the answer !
Fool, fool, fool !

It's Heaven and Hell

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ANTON STEPANOVITCH ARENSKY : Op.36 No.15

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ANTON STEPANOVITCH ARENSKY (1861 - 1906)

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Nous paierons cela...

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« Des dizaines de revues colorées et au papier riche, accrochées aux pinces de kiosque ou étalées à l'éventaire, et bourrées de photos pornographiques. Du poil, du vagin, de l'étreinte homo ou hétérosexuelle en veux-tu en voilà. Des jambes écartées découvrant lèvres et clitoris. De la viande laquée ,bronzée, colorée, vendue pour que le regard impuisant s'en repaisse. Et l'ignoble jouissance feinte, yeux mi-clos, bouche ouverte, lèvres humides de ces steaks aux pamoisons photograhiées. Comment ne pas comprendre le barbare si un jour il prend ça au sérieux, dans sa simple cervelle et s'il viole tout ça sauvagement et à la chaîne ? Cris des donzelles dont la viande en papier deviendra chair à torture! L'Occident lui offre ce spectacle. C'est lui l'homo aux yeux mi-clos, fardé, le muscle gonflé au "body-building" et que l'on sodomise. (Dans certaines revues, le sodomisateur est très souvent un énorme noir...). C'est lui, la fille aux cuisses ouvertes et dont le sexe bée en appelant la pénétration, la fille à quatre pattes et qui propose son arrière train. C'est lui qui se masturbe, qui partouze, qui étale sa nudité sure le divan ou l'écartèle sur la fourure. C'est lui, l'Occident vautré dans le luxe, éclairé avec force sophistication d'une chambre ou d'un paysage et qui gémit sa soumission. Cette viande défaite et bonne à être écrasée, elle est la nôtre. Nous paierons cela. »

Jean CauContre-attaques

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06/05/2011

Gov't Mule : In the Presence of the Lord

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Le fabuleux groupe Gov't Mule reprend la magnifique chanson signée par Eric Clapton que le guitariste avait créé avec le groupe Blind Faith en 1969. Magnifique. Hallelujah !

I have finally found a place to live
Just like I never did before.
And I know I don't have much to give,
But I can open any door.

Everybody knows the secret,
Everybody knows the score.
I have finally found a way to live
In the presence of the Lord.

I have finally found a way to live
In the color of the Lord
I know that I don't have much to give,
But I can open any door.

Everybody knows the secret,
Everybody knows the score.
Yes I've found... yes i've found me a place to live
In the presence of the Lord.
In the presence of the Lord.

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La Grande Illusion

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Jean Renoir, parle de son film

 

« (...) Bien des gens se sont interrogés sur la signification du titre : la Grande Illusion que Renoir n'a donné à son film qu'après l'avoir tourné et pourtant il suffit de bien écouter les dernières phrases du dialogue, lorsque Maréchal (Jean Gabin) et Rosenthal (Marcel Dalio) vont se séparer dans la neige à la frontière suisse :
Maréchal : Il faut bien qu'on la finisse cette putain de guerre... en espérant que c'est la dernière.
Rosenthal : Ah, tu te fais des illusions !
La Grande Illusion c'est donc l'idée que cette guerre est la dernière mais c'est aussi l'illusion de la vie, l'illusion que chacun se fait du rôle qu'il joue dans l'existence et je crois bien que La Grande Illusion aurait pu s'appeler La Règle du Jeu (et inversement), tant il est vrai que ces deux films, et bien d'autres de Jean Renoir, se réfèrent implicitement à cette phrase de Pascal qu'il aime à citer : "Ce qui intéresse le plus l'homme, c'est l'homme".
Si la carrière de Jean Renoir n'a pas toujours été facile, c'est que son travail a toujours privilégié les personnages par rapport aux situations dramatiques. Or, La Grande Illusion déroulant son action dans deux camps de prisonniers, la situation forte, toujours souhaitée par le public, était créée automatiquement : tout peut arriver dans un camp de prisonniers où même les menues actions de la vie quotidienne prennent l'intensité de péripéties exceptionnelles. Pour les mêmes raisons le public a accepté et apprécié dans La Grande Illusion bien des composantes du style de Jean Renoir qu'il avait refusées ou boudées dans des films précédents les changements de ton, le goût des généralités dans le dialogue, les paradoxes et surtout un sens très fort des aspects baroques de la vie quotidienne, ce que Jean Renoir appelle la "féérie de la réalité".
La cohabitation forcée qui est la base de la vie militaire et plus encore de la vie de prison, permet de faire ressortir les différences de classe, de race, de pensées et d'habitudes et, naturellement, Jean Renoir évolue dans ce décor comme un poisson dans l'eau. L'idée qu'il a si souvent exprimée que le monde se divise horizontalement et non verticalement, c'est-à-dire par affinités plutôt que par nationalités, fait son apparition dès le début du film lorsque Eric Von Stroheim dit à son prisonnier Pierre Fresnay : " J'ai connu un de Boeldieu, un comte de Boeldieu " et que Fresnay répond : " C'était mon cousin ". A partir de là, une complicité s'établit, on peut même dire une relation exceptionnelle qui nous permet d'affirmer que si le personnage de la paysanne allemande (interprétée par Dita Parlo), qui vivra une brève aventure avec Jean Gabin réfugié dans sa ferme, n'existait pas, il y aurait quand même une histoire d'amour dans la Grande Illusion. Tout au long du film, Stroheim, vieux combattant qui ressent sa condition de commandant de la citadelle comme aussi humiliante que celle de gardien de square, est plein d'amertume et de mépris pour le groupe de prisonniers français, sauf de Boeldieu. C'est à lui qu'il demande, un moment, de donner sa parole qu'il n'y a rien de caché dans la chambre. Fresnay donne sa parole, alors qu'il vient de dissimuler une corde mais à l'extérieur de la chambrée, le long de la gouttière. Puis il dit à Rauffenstein (Stroheim) : "Mais pourquoi ma parole plutôt que celle des autres ?" Rauffenstein répond : "Hum ! La parole d'un Maréchal, d'un Rosenthal ? - Elle vaut la nôtre. - Peut-être !"
C'est probablement à cause de cette relation qui s'est établie en fonction de leur origine noble que Fresnay refusera de s'évader avec ses camarades, leur disant qu'ils ont davantage de chances à deux, mais cependant il les aidera dans leur tentative en créant une diversion à l'heure H. Au cours de cette scène où il est admirable et que Jean Cocteau a si bien décrite : "Vous verrez Fresnay incarnant le fils de famille, le pète-sec à l'âme haute, jouant de la flûte, en gants blancs, sous les projecteurs d'une forteresse allemande, comme un berger fantôme d'Antoine Watteau, afin de permettre de fuir à ses camarades". C'est dans cette même scène qu'on verra Stroheim, bouleversé, s'adresser à Fresnay en anglais afin de n'être compris que de lui seul et le supplier de se rendre avant que lui, Stroheim, ne soit contraint de lui tirer dessus. Puis, lorsque Fresnay, atteint mortellement par le coup de revolver de Stroheim, cessera de vivre, nous verrons Stroheim couper avec des ciseaux la fleur de géranium sur le rebord de sa fenêtre, l'unique fleur de la forteresse. Voilà l'histoire d'amour qui court tout au long de La Grande Illusion, en pointillé, parallèlement à la chronique des relations entre Jean Gabin, Marcel Dalio et Carette qui représentent respectivement trois types de français : l'ingénieur venu du peuple, le juif de grande famille et l'acteur parigot. Tous ces personnages échappent, malgré ma description simplifiée, aux stéréotypes et sont filmés avec une grande réalité comme le souhaitait Jean Renoir : "Dans La Grande Illusion, j'étais encore très préoccupé de réalisme. Je suis allé jusqu'à demander à Gabin de porter ma propre tunique d'aviateur que j'avais gardée après avoir été démobilisé". Mais, partant à la recherche de la vérité, Renoir saura tourner le dos à tous les poncifs des films de guerre. »

François Truffaut, 1974, à propos de Jean Renoir et son film La Grande Illusion


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