24/12/2012
Celui qui nous manque est un général d’artillerie de vingt-quatre ans, avec le visage maigre et les yeux ardents du vainqueur d’Arcole
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« Celui qui nous manque est un général d’artillerie de vingt-quatre ans, avec le visage maigre et les yeux ardents du vainqueur d’Arcole. Nous le porterions à l’Elysée, les gardes nous y présenteraient les armes, et le soir même nous donnerions un grand bal, romantique et tendre : l’air fleurerait le lilas et l’oranger, les épaules nues des jeunes filles mettraient le sang à nos joues, le monde nous appartiendrait.
Si de Gaulle avait de la jeunesse, du cœur et du génie, il incarcérerait M. Roger Frey à Tulle, il donnerait deux étoiles au commandant de Saint-Marc, il congédierait ses courtisans et il s’entourerait des âmes fières qui brûlent du désir d’un destin qui soit à la mesure de leurs rêves adolescents.
Notre hostilité au gaullisme n’est pas celle des politiques.
Comme l’a écrit Barrès, "peu importe le fond des doctrines ! c’est l’élan que je goûte !" Que nos idées sur l’Europe et sur la force de frappe soient ou ne soient pas conformes à celles du général importe peu. Nos griefs sont ailleurs : ce que nous reprochons au gaullisme, c’est de n’avoir pas d’âme. L’horrible bourgeoisie d’argent, qui est ce qu’il y a de plus méprisable en France, ne s’y trompe pas, qui se reconnaît en de Gaulle et vote pour lui.
Nous sommes sous la Cinquième République comme Stendhal sous la Restauration : nous piaffons de dégoût, nous tournons nos regards vers l’étranger, nous vibrons pour des nostalgies impossibles, nous portons, comme l’écrit Maurice Bardèche dans son beau Stendhal romancier "l’uniforme noir des chevaleries vaincues". »
Gabriel Matzneff, Combat, 30 décembre 1963
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23/12/2012
Le malheur a été mon dieu
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« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l'ai trouvée amère. Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot. (...) »
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
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Goethe : Chant de Mai
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« Dans toute la nature
Quel éclat merveilleux !
Tout rit dans la verdure
À l’astre radieux !
Mille fleurs gracieuses
Sortent de leur bouton,
Et mille voix joyeuses
S’élancent des buissons.
La vigueur printanière
Se répand dans mon cœur !
Terre, ciel et lumière
Tout m’invite au bonheur.
Ta beauté m’est divine
Ô ravissant amour !
Comme est sur la colline
L’aurore d’un beau jour.
Ton souffle, qui féconde
La terre de nos champs,
Déjà remplit le monde
De parfums enivrants.
Ô tendre jeune fille,
Comme je t’aime ainsi !
Oh ! que ton regard brille !
Que tu m’aimes aussi !
Comme aime l’alouette
Dans les airs son refrain,
Comme aime la fleurette
Les vapeurs du matin,
Je t’aime avec ivresse,
Je t’aime avec ardeur !
Tu donnes la jeunesse,
Le courage à mon cœur
Pour les chants, les poèmes,
La danse et ses attraits.
Ange ! autant que tu m’aimes
Sois heureuse à jamais ! »
Johann Wolfgang von Goethe, Mailied
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22/12/2012
je ne partageais pas cette conception romantique qui admet la supériorité de la musique sur les mots
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« Au milieu des perplexités concernant ma vocation, vocation pas encore découverte, je ne partageais pas cette conception romantique commune qui admet la supériorité de la musique sur les mots. Parfois même, je croyais que la poésie pouvait aller plus loin ou tout aussi loin, dans son domaine propre. Au lieu que la musique, destinée à développer des inventions encore plus complexes (je le savais, ayant presque par hasard découvert la gamme des douze sons), me semblait avoir trouvé son aboutissement inconscient dans le silence, alors que le Verbe est le commencement de la création. Cependant, en tant que musicien de jazz, j'avais toujours trouvé que la voix humaine porte préjudice à tel enregistrement instrumental donné. Notre besoin de chanter, à ma femme et à moi, apportait à cela une contradiction de plus. Souvent, je considérais notre vie à deux comme une sorte de chant. »
Malcom Lowry, Écoute notre voix ô Seigneur
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21/12/2012
Mahmadou dans ses oeuvres...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Ah ! Il me faut vous raconter une de mes mésaventures récente sur mon lieu de travail.
Je rappelle aux retardataires que je suis un modeste prolétaire contrairement aux apparences. Magasinier pour une enseigne bien connue de distribution de biens culturels qui en l'état actuel des choses s'attelle à une prochaine métamorphose pour sauver son cul des méandres de la crise et pérenniser nos modestes emplois.
De Septembre à Décembre, c'est l'enfer. Nous connaissons de fortes amplitudes horaires, toujours au volontariat, mais que je ne refuse jamais et dés le mois d'octobre nous attaquons des semaines de 6 jours sur 7.
Pour vous donner une idée, dés le mardi soir je suis aussi fatigué que le vendredi soir en temps normal. Et plus le temps passe moins je suis fait pour ces lamentables conneries. Mais il faut bien bouffer et même si je m'approche de la cinquantaine, je fais contre mauvaise fortune bon coeur.
Notre service n'a pas de "mobylette monte charge" pour aller chercher des utilitaires lourds dont nous avons besoin pour effectuer notre travail (Bacs de stockage, Socles à roulettes... généralement entassés sur des palettes européennes dans l'attente d'être utilisées). Aussi lorsque j'arrive à m'emparer d'un plein chariot élévateur au sein d'un autre service durant 15 ou 20 minutes, j'en profite pour faire la provision de denrées de travail pour le jour en cours et le jour qui s'en vient.
En fin de journée, après avoir chargé la remorque de réassorts de livres, disques et DVD pour les magasins parisiens, il nous faut impérativement bloquer la marchandise en question (qui est servie sur des socles à roulettes) avec une charge lourde, afin que le camion dans son déplacement ne les fasse pas bouger, voire tomber. Nous utilisons pour cela des palettes de bacs gris pliés qui se chargent avec efficience de ce service.
Seulement lorsque on débarque sur son lieu de travail, au moment de la prise de poste et qu'on découvre que les palettes de bacs gris que l'on s'était mis de côté la veille ont disparues, on s'énerve une première fois en se disant, "bon, certains avaient semble-t-il besoin des palettes en questions et se sont servis... que Dieu leur pardonne !" Et on passe à autre chose. Par contre lorsque ça se reproduit une seconde fois, sachant que l'obtention d'un chariot téléporté pour aller dans le fin fond de l'entrepôt chercher les palettes de bacs gris en question équivaut à une Croisade, on commence à fulminer sérieusement, tel un taureau lâché dans le centre le l'arène et prêt à en découdre.
Aussi, et afin que la chose ne se reproduise plus, on s'arme d'un esprit ironique et sévère, laconique et acide, et on rédige une note digne de ce nom pour éloigner les malfaisants.
Cela fait 20 ans que je travaille dans l'entreprise qui est la mienne. Longtemps tout dévoué à une cause musicale, je n'ai jamais cherché à évoluer professionnellement, ne me servant de mon emploi que pour subvenir à mes besoins, consacrant la majeure partie de mon temps à un groupe de Rock... et ce durant un peu plus de 15 ans. Cependant j'ai une certaine réputation à mon travail : il ne faut pas me faire chier et les cadres comme les syndicats se tiennent plutôt en dehors de mon chemin, à l'exception des très rares personnes qui ont compris mon mode de fonctionnement et qui acceptent d'avoir une vie sociale avec moi. Les autres se contentant de tenir leur distance ou de me snober afin de bien me faire comprendre que, socialement, ils me dominent... tout en sachant intimement qu'ils ne pourront JAMAIS tenir tête à la personne que je suis sur le plan des idées, de la culture et... qui ne font que bomber le torse et sortir leurs pics en plastique afin de tenter, maladroitement, de m'impressionner. Mais passons... Là n'est pas le propos.
Je rédige donc un mot en faisant preuve de second degré et de beaucoup d'humour. Note que je m'empresse de coller sur les palettes de bacs que je me mets de côté quotidiennement, comme je vous l'ai expliqué... et j'attends les réactions...
"Aux petits malins qui n'ont pas assez d'huile de coude pour se retirer les pouces du cul et aller se chercher leurs bacs eux-mêmes, sachez que je vous ai à l'oeil. Si je vous attrape, je vous clouerai sur une planche et je vous regarderai sécher. Je me réjouis d'avance."
Et je signe de mon diminutif, Nebo, connu de tous.
Je colle les mots sur mes piles de bacs vers 13h00. Je commence mes horaires à midi.
Vers le milieu de l'après-midi, mon attente est comblée.
Ma responsable directe, appelons-la "MN", m'appelle sur mon téléphone de poste pour me demander de venir sur le lieu de l'outrage et du délit ! Je me précipite pour trouver deux noirs redoutablement remontés contre ma personne et singulièrement énervés. Le plus grand et le plus costaud prend aussitôt la parole, avec un accent à découper au couteau et s'ensuit un échange, entre lui et moi, sous le regard médusé de ma responsable et des siens que je vais tenter, au mot prêt de vous retranscrire ici le plus fidèlement possible. Appelons-le Mahmadou !
Mahmadou : C'est pas bien ce mot que t'as écrit !
Moi : Cher monsieur, il semblerait que vous n'ayez pas le sens de l'humour, ni celui de l'ironie, je vous demande cependant de bien avoir l'amabilité de me vouvoyer car nous n'avons élevé ni les poules ni les chèvres ensemble.
Mahmadou : Chacun son point de vue. Pour moi tes propos sont inadmissibles et je te dirais "tu" si j'en ai envie.
Moi : Et bien adonnons-nous à un inventaire détaillé : qu'est-ce qui vous a à ce point dérangé dans ma note cinglante ?
Mahmadou : Saint quoi ?
Moi : Cinglante.
Mahmadou : Est-ce que tu réalises que si nous étions dehors je te casserais la gueule ?
Moi : Je réalise surtout que devant les personnes de votre sorte je ne baisserai jamais les yeux. Jamais.
Mahmadou : Franchement, "huile de coude", "pouces dans le cul", ce ne sont pas des choses que l'on doit dire à l'endroit de ses collègues salariés !
Moi : Cher môssieur, sâchez que vous aurez beau chercher en Grandes Surfaces ou en Pharmacie vous ne trouverez nulle part de l'huile de coude en bouteille... quant aux pouces dans l'cul, c'est au sens figuré... non au sens propre. Connaissez-vous la différence entre sens figuré et sens propre ?
Mahmadou : ???? !!!! ????
Moi : C'est comme pour se faire enculer, au sens propre ça peut être très agréable, au sens figuré ça ne l'est jamais ! Et j'ai un anus qui est sensible... au sens propre comme au sens figuré !
Mahmadou : !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ???? !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
(Il me jette une boule de papier et commence à gronder ! Ma Responsable, MN, s'interpose entre lui et moi.)
Moi : Si vous ne vous sentez pas concerné par ma note cinglante, je ne vois pas pourquoi vous vous mettez dans un tel état ?!! A moins que ce soit vous qui m'ayez substitué mes piles de bacs ou alors que vous sachiez qui l'a fait.
(A ce moment l'autre noir regarde ses chaussures en se mordant les lèvres.)
Mahmadou : En tant que représentant du personnel je ne puis tolérer que l'on s'adresse ainsi à ses collègues de travail. Clouer sur une planche !!! C'est quand même fort de café !
Moi : "Représentant du personnel" ?!!! MAIS IL FALLAIT COMMENCER PAR Là !!! Le voilà-t-y pas qui s'sent investi d'une mission presque divine, une sainte croisade. De quoi justifier ses galons. Eh ! Môssieur, vous représentez qui vous voulez, mais pas moi... je n'ai pas voté pour vous et votre clique de staliniens mal baisés.
Mahmadou : Quoi ???!!!!
Moi : Si vous étiez un poivron ou un piment, je puis imaginer que je vous aurais volontier cloué sur une planche pour vous laisser sécher en plein soleil, mais comme vous êtres un homme, je ne puis m'imaginer vous le faire même en temps de guerre et même si l'envie ne me manquait pas de le faire. Ironie cher collègue... Ironie !
Mais à ce moment-là, MN me repousse et me dit d'aller voir gentiment ailleurs si j'y suis.
Fin du semblant de pugilat !
Il est une nouvelle race de "représentants du personnel"... qui nous promet de langoureux lendemains. J'attends les suites disciplinaires, éventuelles, de cette affaire rigolote à pleurer.
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20/12/2012
Le Centre
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Pour nous, disait un industriel japonais, le budô, le théâtre nô, le kabuki sont des nourritures ; le fond de notre âme est très ancien. C'est pourquoi nous pouvons être modernes ou ultramodernes sans perdre nos racines. Rien, au Japon, n'est séparé : le goût léger du saké (ou vin de riz), la saveur des poissons crus (sashimi), le respect que nous accordons à nos traditions et la vénération que nous apportons à notre empereur, tout cela ne fait qu'un tout. La différence entre nous et l'Occident, c'est qu'il nous reste un centre, ou ce que vous appelez une âme. Le centre, c'est aussi le noyau. Sans lui, le fruit dépérit et meurt. »
Michel Random, La Stratégie de l'invisible
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19/12/2012
Du bon côté de la barricade...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« -- J’espère simplement, poursuivait Gravereau, que vous n’avez été, au cours de cette période, ni un dénonciateur, ni un fanatique. Cela me serait aussi désagréable que si vous l’aviez été dans la période qui a suivi.
-- Vous pouvez être tranquille, je ne l’ai pas été ! Au moment où la vengeance et la haine auraient pu me retourner contre mes amis de la veille, les résistants au côté desquels je m’étais battu, au nom de l’avenir et de la liberté, ont assassiné mon père. Peu importent ses erreurs. Il était mon père. Sa mort me rangeait parmi les vaincus. Il n’est pas mathématiquement exact qu’une révolution signifie que la moitié du pays sorte de prison pour y enfermer l’autre moitié. Il y en a toujours qui vont les deux fois en prison. Il y en a aussi qui échappent les deux fois et se réveillent du bon côté de la barricade avec un toupet que favorise la confusion générale. »
Michel Déon, La corrida
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18/12/2012
Vingt-cinq ans suffisent à rendre lâche un peuple intrépide
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Peu d’auteurs ont écrit des choses aussi exaltantes sur le caractère français que les premières pages de La Chartreuse de Parme. Elles chantent le caractère français en 1796. Nous avons vu par les deux guerres de 1914 et de 1939 que vingt-cinq ans suffisent à rendre lâche un peuple intrépide. La société de Louis-Philippe, si remarquable à tant d’égards, était évidemment moins intéressante que la société de la Révolution, où tout était fait par des hommes jeunes et pauvres. On comprend que Stendhal, qui avait eu le bonheur d’être le témoin de "miracles de bravoure et de génie" méprisât les Bourbons, les Orléans, leurs banquiers et leur police. Les compagnons de Napoléon ont cru pendant quelques années que la France était l’avenir du monde. Avec une telle idée, le patriotisme est enivrant. Heureux ceux qui vivent ces époques où la nation couvre tous ses fils de sa gloire ! En 1815, les hommes qui depuis Valmy et Jemmapes accouchaient l’avenir devinrent des anciens combattants ; et le style Empire, ce style des temps nouveaux, devint du passé. »
Jean Dutourd, L'âme sensible
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17/12/2012
Playmobil...
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Le premier serviteur du peuple
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« Un roi n’est pour moi que le premier serviteur du peuple, le protecteur naturel du peuple contre les puissantes oligarchies – hier les féodaux, à présent les trusts – il est le droit du peuple incarné, le droit et l’honneur du peuple... A quoi peut bien servir un roi conservateur ? »
Georges Bernanos, cité par Paul Serant in Les dissidents de L’action Française
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...entre l’amertume et l’angoisse
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« D’une manière générale, vous serez bringuebalé entre l’amertume et l’angoisse. Dans les deux cas, l’alcool vous aidera. L’ essentiel est d’obtenir ces quelques moments de rémission qui permettront la réalisation de votre œuvre. Ils seront brefs ; efforcez vous de les saisir.
N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas. »
Michel Houellebecq, Rester vivant
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Le vrai héros s’amuse tout seul
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Mais le monde est fait de gens qui ne peuvent penser qu’en commun, en bandes. Il y a aussi des gens qui ne peuvent s’amuser qu’en troupe.
Le vrai héros s’amuse tout seul. »
Charles Baudelaire, Mon coeur mis à nu
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16/12/2012
Les contradictions juridiques du "mariage pour tous"
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
A regarder jusqu'au bout... bien entendu...
Aude Mirkovic : Les contradictions juridiques du "mariage pour tous" 1/4
Aude Mirkovic : Les contradictions juridiques du "mariage pour tous" 2/4
Aude Mirkovic : Les contradictions juridiques du "mariage pour tous" 3/4
Aude Mirkovic : Les contradictions juridiques du "mariage pour tous" 3/4
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15/12/2012
J'attends Dieu avec gourmandise
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité. Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux. Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé. »
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
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14/12/2012
Chaque époque, chaque culture, chaque tradition possède son ton
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Chaque époque, chaque culture, chaque tradition possède son ton. Elle a les douleurs et les atrocités, les beautés et les cruautés qui lui conviennent. Elle accepte certaines souffrances comme naturelles, s'accommode patiemment de certains maux. La vie humaine ne devient une vraie souffrance, un véritable enfer, que là où se chevauchent deux époques, deux cultures, deux religions. »
Hermann Hesse, Le loup des Steppes
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13/12/2012
Le refus de sacrifier la réalité de sa propre existence à la conscience aliénée d'autrui
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Il y a honnêteté quand l'homme accepte le fait que l'irréel est irréel et ne peut avoir de valeur. Que ni l'amour, ni la gloire, ni l'argent n'ont de valeur lorsqu'ils ont été acquis par imposture. Que tout tentative d'acquérir une valeur par tromperie revient à mettre ceux que l'on dupe au dessus de la réalité, à se laisser manœuvrer par leur aveuglement, asservir par leur refus de penser et leur démission et, partant, à faire de leur intelligence, leur rationalité et leur perception des ennemis à redouter et à fuir. Qu'il est exclu de vivre dans la dépendance, ou comme une dupe dont le fonds de commerce serait les dupes qu'il a réussi à duper. L'honnêteté n'est ni un devoir social ni un sacrifice, mais la plus profondément égoïste des vertus que l'homme puisse pratiquer : le refus de sacrifier la réalité de sa propre existence à la conscience aliénée d'autrui. »
Ayn Rand, La Grève
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12/12/2012
La tyrannie d'une hérédité
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Hérédité, milieu. Il existe sans doute peu d'alternatives aussi fécondes et lourdes de conséquences que celle-ci. Le débat est certes d'abord biologique. L'être vivant n'est en somme qu'une certaine formule héréditaire livrée durant toute son existance aux caresses et aux agressions des milieux qu'il traverse. (...)
La sagesse serait sans doute de désamorcer la polémique en posant par principe que l'homme se déduit à 100 % de son hérédité et à 100 % de son milieu. L'homme passse par l'homme, a écrit Pascal. Peut-être pourrait-on exprimer cette même idée par ces 200 % dont le paradoxe mesurerait la part de la liberté. (...)
Les parents fournissent à l'enfant aussi bien son hérédité que le milieu de ses premières années, exerçant ainsi sur lui une influence redoublée – pour le meilleur et pour le pire. Des parents anxieux lèguent à leurs enfants un naturel anxieux, mais en outre ils les font grandir dans l'atmosphère anxieuse qu'ils entretiennent dans la maison. Cette duplication du poids des parents sur les enfants, désastreuse dans le cas de l'alcoolisme par exemple, devient au contraire bénéfique dans celui d'une famille toute entière douée pour la musique. Mais pour une famille de musiciens, combien il y a-t-il d'alcooliques ? (...)
Il n'empêche que la sujétion de l'homme à son milieu paraît beaucoup moins pesante que la tyrannie d'une hérédité. On peut changer le milieu où l'on vit, on peut aussi changer de milieu, mais qui brisera jamais la courbure d'une hérédité, ce dessin tatoué au plus intime de la cellule vivante ? »
Michel Tournier, Le Vent Paraclet
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11/12/2012
Je ne collabore pas avec la police
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« -- Le 6 février 1993, j’avais été invité à Berlin par une association culturelle libérale de gauche intitulée « Kunst und Kultur », à participer à un débat sur l’immigration qui devait initialement se tenir dans les locaux de l’Université Humboldt. Ma communication s’intitulait : « Contre le racisme et la xénophobie, pour le respect de l’identité des peuples ». Avant même que le débat ne commence, j’ai été littéralement enlevé par une trentaine de jeunes « antifas » vêtus de noir, qui m’ont porté dans la rue et m’ont roué de coups quelques centaines de mètres plus loin. Lorsque mes agresseurs se furent dispersés, je suis rentré à pieds à mon hôtel, lunettes cassées et visage couvert de sang. A peine y étais-je arrivé qu’un groupe de policiers de la Kripo, alertés par les organisateurs, a fait irruption dans ma chambre, mitraillette à la main. J’ai été conduit au siège de la Staatsschutzpolizei de Berlin-Tempelhof où, jusqu’à cinq heures du matin, les policiers m’ont présenté des fichiers photographiques où pouvaient figurer certains de mes agresseurs. J’en ai en effet reconnu plusieurs, mais je n’ai évidemment rien dit.
-- Pourquoi donc ?
-- Je ne collabore pas avec la police. »
Alain de Benoist, Mémoire Vive, entretiens avec François Bousquet
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10/12/2012
Celui qui vaut moins ne peut que gagner à s'approcher de celui qui vaut plus
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« Les écrivains de l'orthodoxie démocratique ressentent de la honte lorsqu'ils lisent que Cervantès se désignait lui-même comme le serviteur du comte de Lemos. Avec le manque de sens historique qui leur est coutumier, ils croient ce terme humiliant pour leur confrérie. Il évoque pourtant une des institutions les plus belles et les plus nobles que les châteaux aient engendrées. Le mot serviteur est aujourd'hui incompréhensible. Qu'un homme soit au service d'un autre homme est considéré comme une situation inférieure, avilissante. C'est que règne une fable convenue, selon laquelle nous sommes tous égaux. Imaginons un instant le contraire. Imaginons que les hommes soient constitutivement inégaux, que les uns (la minorité), vaillent davantage. Tout change aussitôt. Il est aussitôt évident que celui qui vaut moins ne peut que gagner à s'approcher de celui qui vaut plus. C'est pourquoi, au Moyen Âge, se mettre au service d'un autre homme était le plus souvent s'élever et non s'abaisser. »
José Ortega y Gasset, La Castille et ses châteaux
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La stérilité et la mort
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« Le goût de la possession est à ce point insatiable qu’il peut survivre à l’amour même. Aimer alors, c’est stériliser l’aimé. La honteuse souffrance de l’amant, désormais solitaire, n’est point tant de ne plus être aimé, que de savoir que l’autre peut et doit aimer encore. A la limite, tout homme dévoré par le désir éperdu de durer et de posséder souhaite aux êtres qu’il a aimés la stérilité ou la mort. »
Albert Camus, L’homme révolté
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09/12/2012
Profondément conscient de lui-même, radicalement étranger aux autres, terrorisé par l’idée de la mort
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« Le but de la fête est de nous faire oublier que nous sommes solitaires, misérables et promis à la mort ; autrement dit, de nous transformer en animaux. C’est pourquoi le primitif a un sens de la fête très développé. Une bonne flambée de plantes hallucinogènes, trois tambourins et le tour est joué : un rien l’amuse. A l’opposé, l’Occidental moyen n’aboutit à une extase insuffisante qu’à l’issue de raves interminables dont il ressort sourd et drogué : il n’a pas du tout le sens de la fête. Profondément conscient de lui-même, radicalement étranger aux autres, terrorisé par l’idée de la mort, il est bien incapable d’accéder à une quelconque exaltation. Cependant, il s’obstine. La perte de sa condition animale l’attriste, il en conçoit honte et dépit ; il aimerait être un fêtard, ou du moins passer pour tel. Il est dans une sale situation. »
Michel Houellebecq, Rester vivant
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08/12/2012
Notre Dieu est venu au-devant
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« Madame, lui dis-je, si notre Dieu était celui des païens ou des philosophes (pour moi, c'est la même chose) il pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait. Mais vous savez que le nôtre est venu au-devant. Vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur un croix, qu'importe? Cela est déjà fait ma fille... »
Georges Bernanos, Le journal d'un curé de campagne
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07/12/2012
C’est ainsi que l’on écrit l’histoire selon la formule
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« Nous savions également pour en revenir au Chili, que depuis deux ou trois ans, ça n’allait pas économiquement, c’était la déroute : ménagères en révolte allant jusqu’à prier les soldats de renverser le gouvernement d’Allende, transporteurs et camionneurs en grève, paysans et une grande partie des ouvriers mécontents, etc. Tout cela est oublié. Ce n’est plus la faute de faillite économique, ce n’est plus le mécontentement général ou majoritaire de la population qui a provoqué, la chute du régime. On a oublié. Maintenant c’est la faute de la réaction et des Américains, nous dit-on. C’est ainsi que l’on écrit l’histoire selon la formule.
Le Figaro, Septembre 1973 »
Eugène Ionesco, Antidotes
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06/12/2012
Sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi...
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Neal Cassidy & Jack Kerouac
« Un gars de l’Ouest, de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j’aurais avec lui, j’allais entendre l’appel d’une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi pour copain, et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur le trottoir ou sur un lit d’hôpital, qu’est ce que cela pouvait me foutre ? J’étais un jeune écrivain et je me sentais des ailes.
Quelque part sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare. »
Jack Kerouac, Sur la route
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05/12/2012
Tout ça me plaisait dans une dimension inquiétante
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« Ce n’était plus la guerre fantomatique à quoi, depuis mon arrivée à Beyrouth, je m’étais habitué et qui ne venait pas ; ce n’était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l’ennui ; c’était l’essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j’y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre et que je mourais ou tuais avec une ivresse qui me laissait croire que j’étais la proie d’autre chose que de la fièvre du jeu.
Mais à Beyrouth, cette nuit-là, au premier étage du magasin que nous devions tenir, dans le bruit des armes, les éclats, l’odeur de poudre, d’huile et de métal chaud, je sentais les autres miliciens bien plus proches de moi que mes anciens compagnons de jeu.
Tout ça me plaisait dans une dimension inquiétante, voire terrifiante du plaisir : celle qu’on connaît dans les très grandes amours. »
Richard Millet, La confession négative
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