18/05/2013
La société noble n'a jamais admis la censure des passions pour condition de la valeur humaine
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« La société noble n'a jamais admis la censure des passions pour condition de la valeur humaine. C'est à peine si elle a pu concevoir ce que nous appelons la loi morale, cet impératif abstrait qui s'impose à nous du dehors. Le joug que la règle morale impose d'ordinaire aux désirs est la même que la société impose aux individus. Or c'est le caractère essentiel de la féodalité que le joug social se fasse faiblement sentir aux nobles. Le bien ne peut résider pour eux dans la privation, dans la contrainte pénible du devoir sur les appétits du moi. Toute vertu doit prendre appui au contraire sur leur personne. Leur seul devoir est d'être dignes d'eux-mêmes, de porter assez haut leurs visées, et de donner aux petits des exemples suffisamment édifiants de leur grandeur. Ils se doivent de dédaigner les ambitions réduites, de mépriser tout ce que le vulgaire peut atteindre comme eux. Ainsi l'orgueil double, juge, accrédite tous leurs appétits. Ce mécanisme moral, simple et puissant, où sans cesse s'exalte le moi, est si loin d'impliquer une condamnation véritable de la nature, il la flatte tellement au contraire, qu'on le voit constamment dénoncé, dès le moyen âge, par les moralistes chrétiens. L'Eglise, puissance disciplinaire universelle, remplit sa fonction en censurant les mouvements de l'orgueil noble ; la société laïque n'en continue pas moins à vivre et à penser selon sa propre impulsion.
Dans ce qui subsistait alors de la société féodale, les valeurs suprêmes étaient l'ambition, l'audace, le succès. Le poids de l'épée, la hardiesse des appétits et du verbe faisaient le mérite ; le mal résidait dans la faiblesse ou la timidité, dans le fait de désirer peu, d'oser petitement, de subir une blessure sans la rendre : on s'excluait par là du rang des maîtres pour rentrer dans le commun troupeau.
L'amour emphatique des grandeurs et le penchant à se célébrer soi-même marquent à peu près indistinctement tous les caractères de Corneille : à tous la "gloire" imprime le même air de famille.
Un mouvement constant porte l'homme noble du désir à l'orgueil, de l'orgueil qui contemple à l'orgueil qui se donne en spectacle, autrement dit la gloire. La gloire n'est que l'auréole du succès, l'éclaboussement qui accompagne la force, le cortège de respects que fait lever tout triomphe. Le succès se sent, se proclame surhumain ; il se chante et le chant impressionne la foule autant que le succès lui-même. L'assurance, l'affirmation de soi, le ton de la grandeur ne sont pas de simples ornements du pouvoir : ce sont, aux yeux du public, les marques d'un caractère fait pour l'exercer.
Au théâtre comme dans la société le grand ressort est l'admiration, mais cette admiration n'est pas inconditionnelle. Finalement, le public, ici et là, est juge de la valeur des héros parce qu'il est le premier intéressé à ce que les grands soient dignes de leur rang, à ce qu'ils sachent entraîner, protéger, éblouir. Le théâtre héroïque, et la société dont il est l'expression, supposent une certaine royauté de l'opinion : l'idée même de gloire en est inséparable. Les concours de valeurs entre les grands devant le tribunal du public sont l'institution morale la plus conforme à l'esprit de cette société, la plus utile à son fonctionnement et à sa conservation : c'est là que chacun se forme à ce qu'il doit être, selon son rang.
Ainsi ne nous étonnons pas de la place que tiennent rivalités et défis dans le système dramatique de Corneille. »
Paul Bénichou, Morales du Grand siècle
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Cent sous de plus, cent sous de moins
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Les ventres de nos femmes
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L'Etat
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« Il y a une école de penseurs qui enseigne que la coopération sociale entre les hommes peut être réalisée sans contrainte ni coercition. L'anarchisme croit à la possibilité d'établir un ordre social dans lequel tous les hommes reconnaîtraient les avantages découlant de la coopération et où tous seraient prêts à faire volontairement tout ce qu'exige le maintien de la société et à s'abstenir volontairement de ce qui est nuisible à la société. Mais les anarchistes oublient deux faits : Il y a des individus dont les capacités mentales sont si limitées qu'ils ne peuvent comprendre tous les avantages que la société leur apporte. Et il y a des individus dont la chair est si faible qu'ils ne peuvent résister à la tentation d'obtenir un avantage personnel par une action nuisible à la société. Une Société anarchiste serait à la merci de chaque individu. Nous pouvons admettre que tout adulte sain jouit de la faculté de réaliser l'utilité d'une coopération sociale et d'agir en conséquence. Cependant il est hors de doute qu'il y a des mineurs, des vieillards et des fous. Nous pouvons admettre que quiconque agit contre la société devrait être considéré comme malade mentalement et devant être soigné. Mais tant que tous ne sont pas guéris et tant qu'il y a des mineurs et des vieillards, des dispositions doivent être prises pour qu'ils ne détruisent pas la société.
Le libéralisme diffère radicalement de l'anarchie. Il n'a rien de commun avec les illusions absurdes des anarchistes. Nous devons donc souligner ce point parce que les étatistes essaient quelquefois de découvrir une similitude. Le libéralisme n'est pas assez fou pour vouloir la suppression de l'État. Les libéraux reconnaissent pleinement qu'aucune coopération sociale ni aucune civilisation ne peuvent exister sans un certain degré de contrainte et de coercition. C'est la tâche du gouvernement de protéger le système social contre les attaques de ceux dont les plans d'action sont nuisibles à sa conservation et à son fonctionnement.
La leçon essentielle du libéralisme est que la coopération sociale et la division du travail ne peuvent être réalisées que dans un système de propriété privée des moyens de production, c'est-à-dire dans une société de marché ou capitalisme. Tous les autres principes du libéralisme — démocratie, liberté individuelle, liberté de parole et de la presse, tolérance religieuse, paix entre les nations — sont des conséquences de ce postulat fondamental. Ils ne peuvent être appliqués que dans une société fondée sur la propriété privée.
Partant de ce point de vue, le libéralisme assigne à l'État la tâche de protéger la vie, la santé, la liberté ou la propriété de ses sujets contre toute agression violente ou perfide. »
Ludwig von Mises, Le gouvernement omnipotent : état totalitaire et guerre totale - 1944
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Les étoiles qui les guidaient étaient Schiller et Goethe, Herder et Kant, Mozart et Beethoven
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« Il y a cent ans, les Allemands étaient tout différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. A cette époque il n'était pas de leur ambition de surpasser les Huns et de dépasser Attila. Les étoiles qui les guidaient étaient Schiller et Goethe, Herder et Kant, Mozart et Beethoven. Leur leitmotiv était liberté, non conquête et oppression. Les étapes du processus qui a transformé la nation jadis dépeinte par les observateurs étrangers comme celles des poètes et des penseurs en celle des bandes sauvages des troupes d'assaut hitlériennes doivent être connues par quiconque veut se faire une opinion sur les affaires et problèmes politiques du monde actuel. Comprendre les ressorts et les tendances de l'agressivité nazie est de la plus haute importance pour la conduite politique et militaire de la guerre et pour façonner un ordre durable dans l'après-guerre. Beaucoup de fautes auraient pu être évitées et beaucoup de sacrifices épargnés grâce à une connaissance meilleure et plus approfondie de l'essence et des forces du nationalisme allemand.
Le but du présent livre est de décrire les grands traits des changements et événements qui ont entraîné la situation actuelle de l'Allemagne et de l'Europe. Il cherche à corriger beaucoup d'erreurs populaires nées de légendes défigurant gravement les faits historiques et de doctrines dénaturant l'évolution et les politiques économiques. Il traite aussi bien d'histoire que de questions fondamentales de sociologie et d'économie. Il essaie de ne négliger aucun point de vue dont l'éclaircissement est nécessaire pour une complète description du problème nazi mondial. »
Ludwig von Mises, Le gouvernement omnipotent : état totalitaire et guerre totale - 1944
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16/05/2013
Tu installes des émasculés à la tête de ton empire
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« Mais toi qui fais le dégoûté devant la puissance de la terre, devant la grossièreté de l'humus et de sa pourriture et de ses vers, tu demandes d'abord à l'homme de n'être pas et de ne point montrer d'odeur.
Tu blâmes en eux l'expression de leur force. Et tu installes des émasculés à la tête de ton empire. Et ils pourchassent le vice qui n'est que puissance sans emploi. C'est la puissance et la vie qu'ils pourchassent. Et à leur tour ils deviennent gardiens de musée et veillent un empire mort. »
Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle
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Chute
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« L'art suprême consistait en ceci: se laisser aller, consentir à sa propre chute. »
Hermann Hesse, Klein et Wagner
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La rencontre de deux aérolithes
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« Là-bas, l'amour est la rencontre de deux aérolithes au milieu de l'espace et non pas cette obstination de pierres se frottant pour s'arracher un baiser qui crépite. »
Octavio Paz, Papillon d'obsidienne
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15/05/2013
Dans la nuit
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« Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit
Mienne, belle, mienne
Nuit
Nuit de naissance
Qui m'emplit de mon cri
De mes épis.
Toi qui m'envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fume, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, nuit implacable.
Et sa fanfare, et sa plage
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie
sous lui
Sous lui, sous plus ténu qu'un fil
Sous la nuit
La Nuit. »
Henri Michaux, Dans la nuit in Plume
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Peu de sourires...
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« Dans cet univers, il y a peu de sourires.
Celui qui s'y meut fait une infinité de
rencontres qui le blessent ;
Cependant on n'y meurt pas.
Si l'on meurt, tout recommence. »
Henri Michaux, La nuit des embarras in Lointain Intérieur
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14/05/2013
Ces garçons des faubourgs et du Quartier Latin, défendant leurs fleurs de lys à deux contre quinze rouges
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« Il faut avoir connu de près ces garçons des faubourgs et du Quartier Latin, défendant leurs fleurs de lys à deux contre quinze rouges, risquant joyeusement la prison, l’hôpital, le cimetière, leur enthousiasme à la veille du 6 février, ces gamins qui, dans la nuit de la Concorde, sous les sifflements des balles, à trente pas des mousquetons, lançaient posément des cailloux sur les casques des gardes mobiles. »
Lucien Rebatet, Les Décombres
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Vies de merde (Trashcan Lives)
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« le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j’espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.
c’est quand on est à la rue
qu’on remarque que
tout
est propriété de quelqu’un
et qu’il y a des serrures sur
tout.
c’est comme ça qu’une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu’on peut,
on essaie de le garder
et d’ajouter d’autres biens
si possible.
c’est comme ça qu’une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détruit ses
rebuts.
nous on se contente d’oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial. »
Charles Bukowski, You Get So Alone At Times That It Just Makes Sense
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The Palestinian people does not exist
10:06 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Tu es contagieux à toi-même
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« Tu es contagieux à toi-même, souviens-t'en.
Ne laisse pas toi te gagner. »
« Retour à l’effacement
à l’indétermination
Plus d’objectif
plus de désignation
sans agir
sans choisir
revenir aux secondes... »
Henri Michaux, Poteaux d'angle
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13/05/2013
De la spoliation légale
18:30 Publié dans Brèves Libérales | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Cette ville où l'on a le plexus foutu...
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« Vous attendez de moi, qui ne sait rien, des nouvelles de Paris. Ils glissent tous à droite, non plus exactement et c’est pire, vers l’autorité. Même les Marx Brothers en leur dernier film sont devenus, me dit-on, tristes comme la pluie. Il semble que vous ayez eu rudement du flair en quittant cette ville où l’on a le plexus solaire foutu. »
Henri Michaux, Lettre à Claude Cahun - 1938
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Couronnes comme guirlandes ne sont qu'un poids imposé
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« Couronnes comme guirlandes
Ne sont qu'un poids imposé
Au front dans sa pureté.
Guirlande de roses,
Couronne de lauriers,
Dénaturent le front.
Puisse le vent plutôt
Jouer dans nos cheveux,
Rafraîchir notre front !
Puisse la tête nue
Glisser son front, sereine,
Là où vient le sommeil.
Chloé ! Je ne connais
Meilleure joie que ton
Doux front sans ornement. »
Fernando Pessoa, Odes inachevées et variantes
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12/05/2013
Esclaves...
18:26 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les femmes viennent du plus lointain de la vie des hommes
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« Les femmes viennent du plus lointain de la vie des hommes, elles sortent de l’enfance des hommes, on dit qu’elles gouvernent cette enfance mais ce n’est pas vrai, il suffit de regarder dans les jardins publics, les mères avec leurs enfants : elles ne gouvernent pas. Elles veillent. Elles veillent sur l’incendie naissant d’enfance, elles aident le feu de vie à prendre. Plus tard, beaucoup plus tard, elles regardent ceux qu’elles ont fait rois et qui ne savent plus leur parler. Les hommes, ce sont les devinettes qui les rassurent – devinettes du pouvoir, de la force. Devant les femmes ils disent : je ne devine rien, c’est un mystère. Ce qu’ils appellent mystère, c’est la simplicité des femmes et c’est leur solitude, cette force de solitude en elles, en chacune d’elles, cette manière qu’elles ont de tenir leurs enfants, leurs maris, leurs amants, le bleu du ciel et l’ordinaire des jours à bout de bras. Les femmes sont seules au début, au milieu et à la fin de leur vie. Elles reçoivent de cette solitude le sacre d’intelligence. »
Christian Bobin, Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas
16:19 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Une Race affligeante...
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« Depuis leur expulsion du Paradis, les créatures faites à l'image de Dieu sont une Race affligeante, pour leur Créateur comme pour elles-mêmes, car dans leur oeil, et peut-être seulement là, s'est conservé quelque chose de l'infaillibilité du regard divin. »
Hermann Broch, Théorie de la folie des masses
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11/05/2013
Tu sens le changement ?
18:25 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les jeunes... les jeunes... les jeunes...
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« Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les jeunes... les jeunes... les jeunes... On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans leurs vaisseaux spatiaux.Ce qui s'est passé entre 50 et 70 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous faire considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quize ans. »
Federico Fellini, Fellini par Fellini
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La Renaissance rencontre enfin ce qui jusqu’alors lui manqua : un grand prince qui l’aime et un grand peuple qui l’appuie
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« 1655 : l’hégémonie française commence ; 1661 : Mazarin meurt. Louis XIV gouverne, la Renaissance rencontre enfin ce qui jusqu’alors lui manqua : un grand prince qui l’aime et un grand peuple qui l’appuie. Louis XIV réussit ce "coup de majesté" que la France attendait de lui. Il supprime les oppositions, il règne. Heureux les Français qui entrent dans la vie ! Le jour le plus beau s’est levé pour leur race. Heureux les catholiques, heureux les libertins, les poètes, les savants, les constructeurs et les soldats ; heureux Vauban, il a trente ans. Mazarin lègue au jeune roi de la paix ; Louis XIV la veut active et magnifique. Il a choisi, et pour toujours, les deux hommes forts qui l’aideront : Louvois, Colbert. Il répartit entre eux les charges de son gouvernement ; la guerre à l’un, la paix à l’autre, les frontières à Louvois, les côtes, les provinces à Colbert. Il engage des travaux immenses. Une entreprise, dont l’Europe s’étonne, sera la gloire de cette paix : Louis XIV veut unir l’Atlantique et la Méditerranée par un canal qui franchira les Cévennes. »
Daniel Halévy, Vauban
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10/05/2013
Je dérange
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La statue est créée par le marbre qu'on supprime
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« Je décide que les choses, quand elles ont fait leur temps, doivent disparaître pour être remplacées. Le créateur, ou la nature, ne fait rien d'autre avec les hommes. Ce feu dans mon jardin m'interdit de protester.
Je m'attendais à de la mélancolie. Mais non : la sombre ivresse, en détruisant, de se dépouiller. Saisissant cette agréable porcelaine, je m'aperçois qu'elle est ébréchée et j'ai un mouvement de plaisir, car maintenant je suis fondé à la jeter. Ce plaisir est du même ordre que celui de l'athlète qui fait tomber sa graisse, de l'écrivain qui ramasse quinze lignes en cinq, de l'ascète qui renonce aux biens du monde. Mort à cette innombrable matière inutile : faux luxe, faux joli, faux confort, fausse utilité ! L'âme qui veut s'échapper bute contre elle, s'y empêtre, s'y remplit de poussière. Tout objet nous tient par une chaîne. Anéanti, c'est comme du lest qu'on jette : on est plus pur, plus léger, plus prêt à aller haut. Les deux tiers de ce que tu possèdes sont à donner, ou à détruire, ou à revendre. — "Mais avec quelle perte !" Non, pas de perte. C'est ta liberté que tu auras payée. Et elle ne l'est jamais trop cher.
Volupté du vide, dénuement de celui qui se tient toujours prêt à partir. Dans ce vide je mets l'avenir. En détruisant, je construis. La statue est créée par le marbre qu'on supprime. "je n'ai rien" : l'élan que donnent ces mots ! Il apparaît jusqu'à l'évidence que les philosophes et les ascètes faisaient précisément ce que font ceux qui se précipitent dans les fêtes : ils allaient vers ce qui était pour eux le bonheur. Quand on leur disait : "Votre vertu", ils auraient dû rectifier : "Mon goût".
Je ne veux autour de moi que des objets de première nécessité. Le foyer idéal, c'est celui dont, en voyage, si vous apprenez qu'il vient d'être pillé, incendié, qu'il n'en reste rien, vous rêvez un instant, vous vous dites "C'est dommage", puis vous pensez à autre chose. L'homme qui vit pour la poésie, pour le plaisir et pour la vie intérieure, c'est d'une cellule, ou d'une chambre nue comme il y en a dans certains hôpitaux, qu'il reçoit le maximum de contentement et d'excitation : les blancs jouent et gagnent. "Au comble de la puissance, le calife Omar dormait sur les marches de son palais parmi les vagabonds."
Ô mon calife, je te baise l'épaule ! »
Henry de Montherlant, Aux fontaines du désir
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