05/02/2012
Toutes les civilisations ne se valent pas, paraît-il...
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Claude Guéant a, encore, fait son cinéma. Il est rigolo. Il est rigolo mais pas tant que le camp d'en face qui est ridicule jusqu'au comique et jusqu'à la nausée. Qu'a-t-il proféré, Claude Guéant, cette fois-ci comme postulat hautement philosophique politique ? Que toutes les civilisations ne se valent pas. Bien ! Levées de boucliers en face, chez les socialistes en particulier.
Comme chacun le sait, la civilisation des papous vaut (de loin) la brillante Civilisation Perse, et la Civilisation des pygmées écrase de tout son poids celle de l'Occident. N'oublions pas la Civilisation brillante de L'Empire du Grand Zimbabwe, aussi appelé Monomotapa qui rend insignifiante la Civilisation chinoise que la Dynastie des Han consolida dés l'Antiquité. Je tiens à avoir une pensée toute particulière pour la Civilisation Aborigène d'Australie qui efface d'un revers de la main celle de la Mésopotamie à l'ère d'Uruk qui fit se développer l'écriture.
Je sais, je suis cynique... mais c'est tout ce qu'il me reste.
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Un enregistrement de Sheila ou Dalida
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« Qu’entre les riches et les pauvres la seule différence soit désormais l’argent entraîne, parmi plusieurs autres conséquences inattendues, une précarité sociale considérablement accrue des classes privilégiées elles-mêmes qui, de ce fait, n’ont plus le temps d’être des classes, justement, ni, partant, de remplir leur rôle social et culturel. Jadis, une famille qui avait appartenu un certain temps à la classe privilégiée pouvait maintenir ce statut sur plusieurs générations même après l’effondrement de son niveau économique. La ruine, au temps de la noblesse, mais encore à l’époque bourgeoise, c’est-à-dire jusqu’au dernier tiers du siècle dernier, n’entraînait pas le déclassement social, ou seulement très lentement, parce que l’appartenance de classe n’était pas uniquement déterminée par le niveau de revenus mais aussi par le niveau culturel et la maîtrise plus ou moins grande de certains codes portant sur l’attitude, le vêtement et, au premier chef, sur le langage. En société déculturée, en revanche, ou post culturelle, ou néo culturelle –si l’on peut désigner par cette expression une société ou le mot "culture" a totalement changé de sens et ne désigne plus que les habitudes des uns et des autres, et tout spécialement les habitudes liées au loisir et au divertissement- , en société néo culturelle, donc, l’effondrement économique d’une famille entraîne ipso facto son effondrement social immédiat, ou du moins d’une génération à l’autre. Le rejeton d’une famille "distinguée" et cultivée peut très bien, s’il ne s’est pas intéressé à ses études, s’il n’était pas doué pour elles et s’il n’y a pas réussi, envisager très sérieusement, et même avec impatience et envie, d’être vendeur dans un magasin de chaussures ou chef de rang dans un restaurant ; et réclamer, s’il vient à mourir, qu’à son enterrement on fasse entendre un enregistrement de Sheila ou Dalida. »
Renaud Camus, La grande déculturation
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04/02/2012
Dans un coin près du comptoir il y avait une silhouette de femme pétrie dans un bleu de Prusse qui vous saturait le sang
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« Ce qui lui plaisait dans ce bistrot, c'étaient les couleurs. Il y avait un bon peintre qui avait vécu par ici et qui avait laissé une trace heureuse. Ce peintre était fou de bleu et Constant aussi. Sans doute ce peintre avait-il touché ces murs au début de la guerre quand Paris était soudain devenu tout bleu, d'un bleu secret et délicat de solitude qui se complait doucement et chaudement en elle-même et qui nie avec un entêtement rusé et délicieusement absurde les traînées de froid et de rigueur qui s'approchent de tous les lointains. Ce peintre aimait sans doute le bleu auparavant, mais la circonstance lui avait enjoint de se repaître de sa préférence. Peut-être maintenant, s'il n'était pas mort, aimait-il une autre couleur ? Mais Constant qui n'était pas peintre aimerait toujours le bleu. Il haïssait le verre et mépriser le violet. Avec quelque complaisance pour le jaune, il appréciait le rouge dans la mesure où il se mariait, divorcée et se remarier avec le bleu. Il y avait aussi des terres de Sienne, des cobalts qui le nourrissait bien. Il était goinfre et aimait à se gaver. Il était amoureux des choses. Quelquefois il se disait qu'il aurait pu se passer des gens ; il savait pourtant que les choses ne vivent que par les gens et que jouer des choses est le dernier moyen de communiquer avec les gens : à travers les choses on échange des messages. Et c'est ainsi que lui, Constant, venait causer dans ce bistrot avec un type qui lui disait des paroles bleues comme on en entend pas de bouche à oreille.
Dans un coin près du comptoir il y avait une silhouette de femme pétrie dans un bleu de Prusse qui vous saturait le sang. La ligne ajoutait aux bienfaits de la couleur un autre bienfait. Cela faisait deux bienfaits en même temps : on n'avait pas se plaindre, on avait de quoi se réjouir profondément dans les entrailles de son ventre et de son imagination. Tout cela ne tombe pas du ciel, mais c'était doucement sué par la terre qui était sous ce quartier de bitume et de plâtras et sous ce bistrot de marchandage et de bavardage. Constant rigolait doucement en songeant au bon tour que la terre, la couleur bleue et un copain inconnu jouaient à tous ces idiots crasseux et gentils qui ne savaient pas qu'ils nageaient dans le bleu, dans le suc que le plus raffiné. Pourtant, de temps en temps l'un d'eux semblait une seconde se méfier, s'inquiéter et, interrompant une phrase, suspendant son verre, demeurait bouche bée devant une tâche, une éclaboussure de magie et de fascination. Constant connaissait bien la terre. Bien qu'il fût de Paris, il connaissait la terre. Il ne l'avait jamais ignorée ; il l'avait toujours soupçonné, devinée, décelée sous les quartiers. Il n'avait aimé rien tant que les travaux de voirie qui, tout d'un coup, fendaient le bitumes et l'asphalte, cassaient le ciment et autour des tuyaux faisaient resurgir la chair vive, non pas seulement cette matière rapportée et sableuse qui est tout de suite sous le pavé, mais plus en dessous, le terreau même. »
Pierre Drieu la Rochelle, Les Chiens de paille
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03/02/2012
Il conclut au conditionnel désespoir des millénaires
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« Le Christianisme lui donnait sa parole d’honneur de l’Éternité bienheureuse, mais à quel prix ! Il la comprenait, maintenant, cette fringale de supplices de toute son enfance ! C’était le pressentiment de la Face épouvantable de son Christ !... Face de crucifié et face de juge sur l’impassible fronton du Tétragramme !...
Les misérables se tordent et meurent depuis deux mille ans devant cette inexorable énigme de la Promesse d’un Règne de Dieu qu’il faut toujours demander et qui jamais n’arrive. "Quand telles choses commenceront, est-il dit, sachez que votre Rédemption approche". Et combien de centaines de millions d’êtres humains ont enduré la vie et la mort sans avoir rien vu commencer !
Marchenoir considérait cette levée d’innombrables bras perpétuellement inexaucés et il comprit que c’était là le plus énorme de tous les miracles. - Voilà dix-neuf siècles, pensa-t-il, que cela dure, cette demande sans réponse d’un Père qui règne in terra et qui délivre. Il faut que le genre humain soit terriblement constant pour ne s’être pas encore lassé et pour ne s’être pas assis dans la caverne de l’absolu désespoir !
Il conclut au conditionnel désespoir des millénaires. »
Léon Bloy, Le désespéré
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02/02/2012
THE GABBA HEYS : "Loosing control" (2012)
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"Vous avez entendu ce bruit, juste avant que la terre tremble ?" demande le professeur Carlson à un de ses collègues, au début de l'inénarrable "Attaque des crabes géants" de Roger Corman (1957).
"De quel bruit parlez vous ?" lui rétorque son confrère.
"Des grondements, ça venait des profondeurs..."
C'est exactement ce que je me suis dit juste après avoir posé le bras de la platine sur le sillon de la face A du premier 45 tours des Gabba Heys. "Loosing control" que ça s'appelle, et en effet, on imagine bien qu'ils ont été jusqu'à égarer les potards de volume, bloqués à 11, comme ils se doit.
Les Gabba Heys sont de sympathiques primates limougeauds, fidèlement croqués sur la pochette par le talentueux dessinateur néanderthalien Jean-Marie Arnon.
Pour le reste, après une entrée en matière quasi tribale lancée par Gabba Thierry (basse) et Gabba Didz (tambours), on pensera d'abord aux Fleshtones sur le thème d'harmo soufflé par Gabba Alain, puis aux Damned sur le couplet poussé au cul par la guitare de Gabba Pierre, et enfin aux Bishops (l'équivalent anglais de Little Bob Story en 1977...) sur le refrain fédérateur .
"Même en reculant, on avance" me souffle l'Agent Secret, mais on le savait déjà depuis l'invention de la chambre d'écho et de la guitare à 5 cordes. C'est amplement satisfaisant pour nos cerveaux reptiliens, et l'on se dit que ces gars là auraient aussi bien pu s'appeler les Morlocks.
J'ajoute que le disque contient 3 autres hymnes (dont un furieux "CBGB"), que son tirage est limité à 518 exemplaires, les pochettes étant toutes sérigraphiées et les vinyles noirs comme la jungle.
Quand à la qualité du pressage, je laisse conclure le professeur Carlson: " Quoique ça puisse être, ça a coupé le courant!"
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et ex-bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...
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Vivre une existence double !
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« Vivre une existence double ! Etre et paraître ! Les grands aventuriers affirment qu’ils y trouvent une intensité de plaisir nerveux qui triple la joie de vivre (…). Combien il doit être vif, le frisson de ces aventureux qui, tout en s’accommodant de leur milieu ordinaire, goûtent et réalisent les voluptés de deux ou trois vies morales différentes et contradictoires. »
Maurice Barrès, Du sang, de la volupté et de la mort
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01/02/2012
Le mépris de soi ne nous sauvera pas du bain de sang. L’habitude de la capitulation fera le reste.
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« (…) Voila pourquoi je pense que l’islamisation, totale ou partielle, est la réponse la plus probable à la question : "Que va-t-il se passer ?". Il va se passer que des pans entiers et sans cesse s’élargissant de la France et de l’Europe vont ressembler de moins en moins à la France et à l’Europe que nous avons connues (mais que de moins en moins d’individus auront connues, et que la déculturation générale leur permettra d’oublier, de méconnaître et de calomnier). En revanche des pans entiers et sans cesse s’élargissant de la France et de l’Europe ressembleront de plus en plus et ressemblent déjà à ce qui s’observe dans les contrées où l’Islam est traditionnellement implanté ; et tout particulièrement bien sûr, s’agissant de la France, dans celles de ces contrées, à prédominance arabe ou berbère, d’où sont originaires la plupart des populations transplantées. On peut le conclure très clairement de l’observation des zones où l’influence ou la présence "arabo-musulmane" (pour le dire très vite et bien sûr imparfaitement) sont déjà majoritaires : ce n’est pas le sol ni le "droit du sol" qui détermineront le type de société qui aura cours : c’est le type de population. »
« (…) Des villes comme Alger ou Gaza, des pays comme l’Algérie, la Tunisie, la Palestine, des scènes de rues comme celles qui s’observent à Ramallah ou La Mecque, des systèmes économiques et d’économie parallèle, des taux de chômage, , des répartitions de l’aide publique tels qu’en connaissent le Maroc ou la Jordanie, des modes de gouvernement comme ceux de la Syrie, de l’Egypte ou encore une fois de l’Algérie, peuvent sans doute nous donner une idée beaucoup plus juste de ce qui va advenir en France que l’étude attentive et docte du "modèle Danois" ou du "paradigme Blairien". »
« (…) Toutefois, au moins dans un premier temps, c’est sans doute au Liban que la situation ressemblera le plus, les politiques menées en France depuis trente ans et davantage paraissant avoir tendu scrupuleusement à la reconstitution assez scrupuleuse du type libanais de société (avec quelques éléments empruntés aussi à l’Irlande du nord et à l’ex Yougoslavie, ou évoquant l’Irak le plus contemporain). »
« (…) Y aura-t-il ou non une guerre civile ? S’il faut absolument répondre à la question, je dirais que je pencherais plutôt, très légèrement, pour la négative. L’effondrement moral, culturel, intellectuel, grammatical, spirituel, "religieux", que dis-je "hormonal", d’une des parties au conflit éventuel l’empêchera sans doute de se lancer dans une résolution aussi extrême que le conflit armé ; et l’engagera très fort à le fuir, même, quel que soit le prix à payer pour ce désistement. La déculturation systématique dont a fait l’objet cette partie là de la population (la plus anciennement sur place) lui enlèvera toute conscience d’avoir quelque chose à défendre. Et de fait il ne lui restera pour ainsi dire rien, sinon une liberté dont elle se dégoûtera volontiers, sachant trop bien lui devoir ce qu’elle est devenue et que non sans raison elle déteste, même si ses raisons de se détester elle-même ne sont pas les bonnes. Le mépris de soi ne nous sauvera pas du bain de sang. L’habitude de la capitulation fera le reste. »
Renaud Camus, Le communisme du XXIième siècle
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31/01/2012
Espèce protégée...
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Derrière l'horizon...
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« Quand il eut ainsi apaisé la tendresse de sa dernière heure, lui qui n'avait pas sur son glaive le signe du martyre divin qui ordonne même aux héros de se résigner et de souffrir, il saisit près de lui sa compagne, son espingole, chaude encore de tant de morts qu'elle avait données le matin même, et, toujours silencieux et sans qu'un mot ou un soupir vînt faire trembler ses lèvres, bronzées par la poudre de la cartouche, il appuya l'arme contre son mâle visage et poussa du pied la détente. Le coup partit. La forêt de Cérisy en répéta la détonation par éclats qui se succédèrent et rebondirent dans ses échos mugissants. Le soleil venait de disparaître. Ils étaient tombés tous deux à la même heure, l'un derrière la vie, l'autre derrière l'horizon. »
Jules Barbey d’Aurevilly, L'ensorcelée
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30/01/2012
Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ?
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On sait d'où il vient...
La compagnie qu'il regrette de n'avoir pas eue...
15:36 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le disque éclatant du soleil qui montait, explosa derrière ses paupières
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« Isao aspira profondément et ferma les yeux en se caressant doucement l'estomac de la main gauche. Saisissant le couteau de la droite, il en appuya la pointe contre son corps et la guida vers le bon endroit du bout des doigts de l'autre main. Puis, d'un coup puissant du bras, il se plongea le couteau dans l'estomac. À l'instant où la lame tranchait dans les chairs, le disque éclatant du soleil qui montait, explosa derrière ses paupières. »
Yukio Mishima, Chevaux échappés
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29/01/2012
Ces habitants de l’irréel, les juifs imaginaires
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« Ce qu’il y a de juif en eux ce n’est pas, comme ils voudraient le croire, la sagesse de l’errance et la tristesse de la persécution, mais l’impotence d’un gros bébé couvé, pomponné, choyé, talqué jusqu’à son plus vieil âge. Signe particulier : maman. Ils se prennent, ces petits poussahs joufflus et surnourris, pour Isrolik, le petit poucet du ghetto, le môme de la débrouille. Ils cachent leur mollesse native sous le courage du réprouvé. Mais c’est une bravoure postiche : l’histoire juive est la berceuse de ces enfants maternés, la chanson qui peuple leur sommeil de rêves héroïques et qui leur permet de vivre par procuration l’expérience de l’horreur. Trouillards dans la vie, martyrisés en songe - ils aiment se tromper d’époque et confondre le monde ouaté où ils évoluent avec le cataclysme qu’ont subi leurs parents. Parmi les Juifs, ils constituent une catégorie étrange mais répandue, et qui n’a pas encore reçu de nom. Ils ne sont pas religieux, du moins pour la plupart : ils ont beau chérir la culture juive, ils n’en possèdent que de pauvres reliques ; ils n’ont pas fait dans le regard de l’Autre l’apprentissage de leur judéité. Ni la définition ethnique, ni la définition confessionnelle, ni le schéma sartrien ne sauraient leur convenir. Ce sont des Juifs indéfectibles, mais ce sont des Juifs pour du beurre puisque, après la Catastrophe, le judaïsme ne peut pas recevoir pour eux d’autre contenu qu’un contenu de souffrance, et qu’eux-mêmes ils ne souffrent pas. Pour nier cette contradiction, ils ont choisi de séjourner dans un espace romanesque plein de bruit et de fureur et qui leur fait la part belle. Tels des fanatiques de l’imprimé qui fuient, par la lecture, l’ennui provincial où ils languissent ; tels des spectateurs qui précipitent leurs rêves, leurs désirs, leurs frustrations dans une intrigue haletante qu’ils ne vivront jamais -, ces jeunes gens hypnotisés procèdent par identification : ils ont pris pension dans la fable ; le judaïsme dont ils se réclament les ravit à eux-mêmes et les transporte magiquement sur une scène qui les élève et qui les sanctifie. Ces habitants de l’irréel, plus nombreux qu’on ne le pense, je propose de les nommer Juifs imaginaires. »
Alain Finkielkraut, Le Juif imaginaire
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Rémi Brague : « Le principal danger pour comprendre et dialoguer avec l’Islam est la paresse intellectuelle »
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N’essayez pas de coller une étiquette à Rémi Brague, l’humour pince-sans-rire de ce grand connaisseur de C.S. Lewis s’empresserait de vous renvoyer dans vos cordes. Intellectuel ? « Je ne suis pas assez photogénique pour être intellectuel : trop de poil sur la poitrine et pas assez sur la tête. » Philosophe catholique ? « Se demande-t-on s’il existe des plombiers catholiques ? » avait-il répondu à un journaliste du Figaro il y a quelques années.
Rémi Brague est donc professeur de philosophie médiévale et arabe à la Sorbonne et à Munich. C’est à ce titre que nous avons souhaité nous entretenir avec lui sur les conditions intellectuelles d’un dialogue entre christianisme et islam. Conditions malheureusement rarement remplies, de part et d’autre...
Le Temps d’y Penser : L’une des difficultés du dialogue avec l’islam, ou du dialogue entre responsables religieux islamo-chrétiens, est qu’il semble tourner en rond : on en vient rapidement à se dire qu’on ne croit pas la même chose, qu’on s’aime bien quand même, mais qu’il est difficile de parler théologie puisque le statut même du Coran ne prête pas à discussion : c’est la parole de Dieu, pourquoi irait-on la discuter ?
Rémi Brague : Se dire qu’on ne pense pas la même chose mais qu’on s’aime bien quand même n’est déjà pas si mal, non ? Pas seulement parce qu’on s’aime bien, mais également parce qu’on prend conscience du fait qu’on ne pense pas la même chose, ce qui ne va pas de soi. C’est précisément à partir du moment qu’on a pris la mesure de la différence qu’on peut ressentir la nécessité de vivre ensemble et recevoir les moyens de le faire. Le danger serait de penser qu’au fond, nous croyons tous à la même chose et que nos religions sont des variétés finalement insignifiantes. Ce n’est pas vrai, même si on entend assez souvent un tel discours : « Nous avons le même Dieu »…
Peut-on se limiter à dire que dans tous les cas, c’est le Dieu d’Abraham, c’est un Dieu qui a donné un livre ? J’ai au contraire essayé de montrer dans mon livre Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres, que, même si dans les trois religions monothéistes – et il en existe d’autres – il n’y a bien sûr qu’un seul Dieu, un seul Dieu ne veut pas dire la même chose dans les trois cas.
Le Temps d’y Penser : Un seul Dieu mais lequel ?
Rémi Brague : Et surtout de quelle manière est-il un ? Cette question soulève deux difficultés.
D’abord, elle pose un problème aux chrétiens, et un problème intellectuel avant tout, parce qu’il n’y a pas de catégorie chrétienne pour ranger l’islam. L’événement fondateur du christianisme est antérieur de sept siècles à l’islam et il s’est cristallisé en dogmes trois bons siècles avant lui. Alors dans quelle « case » mettre les Musulmans ? Ce ne sont pas des Juifs. Ni des chrétiens. Des païens ? Mais des païens qui croient en un seul Dieu, qui croient en Abraham, qui ont un rapport avec certains personnages de la Bible… Ce sont donc des païens un peu particuliers ! Ainsi l’islam n’entre dans aucune des cases que le christianisme a pu définir à ses débuts…
De l’autre côté, la théologie islamique s’est constituée dans un contexte d’antichristianisme, mais surtout de post christianisme : il s’agissait pour les conquérants arabes de se distinguer le plus possible de leurs sujets chrétiens. Ils prétendaient soit corriger le christianisme soit le ramener à une pureté primitive qu’il aurait perdu, à la suite d’on ne sait quelle cause – il y a plusieurs théories à ce sujet. En ce sens, le dialogue avec l’Islam est plus difficile qu’avec le bouddhisme, même si en apparence on n’a rien de commun avec le bouddhisme : il n’y a pas de dieu, ou alors il tient un rôle de pur auxiliaire dans le processus du salut, et en tout cas ses dieux ne sont pas l’objet d’une foi. Cet éloignement même permet de se placer plus facilement sur le terrain de l’identité commune : essayer de voir quelles expériences mystiques on peut essayer de comparer, etc. Pour l’islam c’est plus difficile à cause même de la proximité. Vous vous souvenez de la fameuse plaisanterie de Churchill disant que les Anglais et les Américains étaient divisés par une langue commune. On a un peu appliqué la même plaisanterie au christianisme par rapport à l’islam : nous sommes divisés par des références communes : référence à un seul dieu, référence à un livre sacré (qui n’est d’ailleurs pas le même pour les trois) et référence à un certain nombre de personnages, dont le nom apparaît dans les trois textes sacrés, mais qui ne sont peut-être pas les mêmes personnages – mis à part peut-être Abraham, qui n’est qu’un cas particulier de ce problème, mais le portrait de Jésus dans le Coran ne ressemble pas beaucoup à celui des Evangiles !
Le Temps d’y Penser : Il existe un groupe anonyme d’Allemands qui essaient de proposer une lecture du Coran en mettant des points voyelles araméens, où cela en est-il ?
Rémi Brague : Il existe effectivement, en Allemagne, tout un groupe appelé Inâra, qui veut dire « éclaircissement ». C’est la façon dont on traduit habituellement Les Lumières en arabe. Ces recherches portent sur l’islam primitif, la naissance du Coran, bref, les deux premiers siècles. Y travaillent également des Français (Claude Gilliot, professeur émérite d’arabe à l’Université d’Aix et dominicain ou Geneviève Gobillot, qui enseigne l’arabe à Lyon). Ils proposent des thèses révisionnistes, au bon sens du mot, bien entendu (on peut au passage regretter que cet adjectif ait été monopolisé par ceux qui nient la Shoah, parce que le mouvement même de l’histoire consiste à réviser les prétendus acquis de l’histoire précédente !).
Ces chercheurs proposent donc des thèses dans lesquelles il y a certes à boire et à manger, mais toutes fascinantes par leur nouveauté, voire leur caractère révolutionnaire. Par exemple, il n’y aurait pas eu de conquête arabe, mais une dévolution du pouvoir au Moyen-Orient de la part des autorités centrales byzantines à leurs auxiliaires arabes. N’étant pas historien, je me garderai bien de juger !
Concernant votre question, il s’agit précisément des recherches de Christoph Luxenberg. Il essaie de montrer pourquoi le Coran abonde en passages obscurs – des raisonnements bizarres, des phrases sans sens par rapport aux précédentes… Selon lui, les premiers Arabes auraient inventé des histoires destinées à justifier, expliquer certains dires du Prophète. Ils auraient été obligés d’imaginer des histoires que le texte ne raconterait qu’en partie.
Dans un livre retentissant paru il y a environ dix ans, Luxenberg a proposé une thèse originale : le Coran est écrit dans une langue qui est un mélange entre le dialecte arabe qu’on parlait dans la région de la Mecque et la langue de culture religieuse à l’époque qui était le syriaque. Le Coran ne serait donc pas du mauvais arabe mais du bon syriaque mal compris par des gens qui ne savaient plus le syriaque et ont essayé de trouver un sens en mettant des points diacritiques (un même ductus peut exprimer jusqu’à cinq sons différents !). Ces points diacritiques ne sont pas dans les manuscrits les plus anciens, pas plus que les voyelles.
La thèse est bien entendu controversée, parce que cela remet en cause le gagne-pain de certains – et peut-être tout n’est-il pas juste dans ce qu’il dit. Mais certaines choses sont intéressantes et, au prix d’une correction assez minime, permettent de donner un sens à des textes impénétrables autrement. C’est le cas pour le récit de la naissance de Jésus. La traduction usuelle dit qu’à ce moment, une source s’est mise à couler, ce qui est incompréhensible. En corrigeant selon la méthode de Luxenberg, on arrive à une idée plus claire : « Dieu a rendu ton accouchement légitime. »
Ce qu’il y a de plus sensationnel, c’est qu’il montre, en tous cas prétend montrer, que les fameuses houris qui attendent les guerriers d’Allah sont en réalité des grains de raisin blanc. C’est très vraisemblable par le contexte… même si moins efficace pour motiver des mâles ! Il est d’ailleurs amusant que cette raison-là se retrouve chez Avicenne : pour lui, le paradis chrétien est très bien pour des philosophes, mais la vision de Dieu n’est pas très motivante pour des guerriers ! Pour des raisons politiques il vaut mieux un paradis sensuel. Le sens actuel aurait donc été donné plus tard.
Un autre groupe à Berlin, beaucoup plus prudent, académique si je puis dire, essaie de replacer le Coran dans son milieu d’origine qui serait l’Antiquité tardive. C’est le groupe autour d’Angelica Neuwirth. Quand on regarde le Coran de façon honnête et attentive, on se rend compte de certaines choses bizarres et inattendues.
Ainsi Geneviève Gobillot a constaté qu’il y a une histoire qui se retrouve dans deux endroits et dans deux seulement : le Coran et un livre de Lactance. C’est l’histoire de marins qui, surpris en pleine mer par une tempête, invoquent le dieu unique et qui, une fois rentrés au port sains et saufs, retournent à leurs dieux particuliers.
On voit donc que dans le Coran on trouve un peu de tout, des éléments viennent de Perse, d’autres du manichéisme… Bref, le tout repose sur un fond syncrétique extrêmement compliqué…
On a surtout l’impression que le Coran contient des polémiques plutôt contre les chrétiens que contre les païens. Par exemple, l’expression « les associateurs » viserait ainsi davantage les chrétiens avec leur trinité que les polythéistes : les témoignages qu’on a sur des cultes polythéistes en Arabie concernent une période et une région bien antérieures ; en gros le Yémen des II-IIIe siècles mais pas le Hedjaz du VIIe siècle. Il y a d’autres bizarreries comme ça.
Ou encore, Patricia Crone, une danoise qui enseigne à Princeton, a fait cette remarque toute simple qu’il est question que les adversaires qu’attaquent Mahomet cultivent l’olivier. Or il n’y a pas d’olivier dans le Hedjaz… Ce serait donc la Palestine ou l’extrême nord de la Syrie.
Autre allusion, à Sodome et Gomorrhe (pas directement nommées dans le passage « Vous passez devant ces ruines matin et soir »). Or les ruines de Sodome et Gomorrhe sont des concrétions volcaniques qui ressemblent à des ruines de ville – qui n’ont jamais été une ville – et se situent… au sud de la Mer morte.
Pour toutes ces raisons, certains renoncent carrément au cadre traditionnel de la vie du Prophète telle qu’il a été canonisé dans sa biographie, la Sirah, dont la version que nous possédons a été écrite deux siècles après les événements, à Bagdad, dans des conditions sociales, économiques, culturelles tout à fait différentes.
Une bonne partie de cette biographie traditionnelle fut établie pour des raisons théologiques. Par exemple l’idée selon laquelle Mahomet était illettré vient toute entière de l’usage d’un adjectif qui veut dire : le prophète des nations, le prophète païen, le prophète non juif. Or le mot « nation » a la même racine que le mot « mère », ce qui donnerait donc « Tel qu’il est sorti de sa mère », et donc illettré. L’interprétation est un peu tirée par les cheveux mais a une raison théologique : il faut pouvoir interdire l’hypothèse selon laquelle le Prophète aurait pu lire des livres antérieurs. Comme s’il était également sourd, mais passons…
On est donc amené à fortement relativiser les éléments qui composent cette biographie. L’ennui est que toutes les biographies du Prophète, toutes les études menées se fondent sur cette source… Ainsi le livre de Maxime Rodinson, pourtant critique – Rodinson était marxiste, il donne une explication purement matérialiste de la naissance de l’Islam – reprend pour l’essentiel les faits qui n’ont peut-être jamais existé !
L’idée à retenir est donc qu’une bonne partie de la biographie traditionnelle du Prophète est une construction destinée à justifier des dogmes antérieurs.
Le Temps d’y Penser : Ces initiatives exégétiques sont exclusivement occidentales ?
Rémi Brague : Quasiment. Dans ces groupes, il y a deux anciens Musulmans. L’un signe sous le pseudonyme Ibn Al-Warraq, tiré du fameux conte du fils du marchand de feuilles qui dit ce que tout le monde pense tout bas (« Le roi est nu »). Il y a un Tunisien qui s’appelle Mondher Sfar. Eux ne sont plus musulmans du tout. Y a-t-il des Musulmans qui essaient de s’approprier ces méthodes ? Ils sont peu nombreux. On les comprend : l’un d’eux enseignait en territoire palestinien, et avait suggéré que certains récits du Coran pouvaient être des légendes, des paraboles et ne pas avoir prétention d’historicité… Ses étudiants l’ont défénestré et il n’a pas survécu très longtemps à ses blessures. Une certaine prudence est donc de mise quand on ne vit pas en Occident…
Le Temps d’y Penser : Ces initiatives sont le fait de Musulmans qui ont perdu la foi. Pensez-vous que l’Islam est prêt à vivre ses propres Lumières, et puisse y survivre comme le christianisme, bien que malmené, a pu survivre aux siennes ?
Rémi Brague : Il faut se méfier de ces parallèles parce que les deux religions étaient, dès le départ, extraordinairement différentes. Vous le savez, le christianisme ne considère pas que la Bible a été écrite par Dieu. Il s’agit d’un livre inspiré, ou d’un ensemble de livres inspirés. Leurs auteurs ont été garantis d’erreurs en matière de foi et de mœurs, mais l’inspiration ne les a pas rendus omniscients en matière d’histoire et de cosmologie… La clé de voûte de l’Islam, en revanche, c’est que le Coran a été dicté. Son auteur est Dieu, au sens où Milton est l’auteur du Paradis perdu et pas ses filles, à qui il dictait le poème après être devenu aveugle. De même Mahomet a retranscrit fidèlement les paroles divines. C’est sans doute ce qui explique dans la biographie traditionnelle le surnom d’al-Amin qui lui est donné. Amin, c’est celui qui restitue un dépôt qu’on lui a fait sans rien ajouter ni surtout sans rien y retrancher.
Le Temps d’y Penser : Pensez-vous que l’Islam peut évoluer, subir une mutation – au sein de nos sociétés ou ailleurs ?
Rémi Brague : Qui peut le prédire ? La question est surtout de savoir s’il resterait suffisamment des données islamiques pour que cela mérite encore le nom d’Islam – et que tout le monde s’y accorde. Il n’y a pas de magistère en Islam, c’est un avantage d’une certaine façon, mais c’est aussi un gros inconvénient : en ce sens personne n’est autorisé pour dire ceci est l’Islam et cela non. Aussi quand des musulmans, ouverts, tolérants et vivant en Occident vous disent que les Islamistes sont de mauvais Musulmans, ils n’en ont tout simplement pas le droit. C’est leur opinion strictement personnelle.
Le Temps d’y Penser : Et réciproquement…
Rémi Brague : Exactement ! Ils se renvoient l’un l’autre toutes sortes de noms d’oiseaux, les islamistes considèrent que les autres sont des musulmans tièdes, et il n’y a pas d’autorité capable de trancher et désigner la vérité. La présence d’un magistère dans l’Eglise catholique a peut-être eu des conséquences désagréables, mais au moins sait-on ce qui est catholique et ce qui ne l’est pas. Nous avons un catéchisme, il n’y a pas de catéchisme musulman.
Le Temps d’y Penser : Ce que reconnaissent certains Musulmans quand on aborde des éléments clés comme la divinité de Jésus : « Mais nous, nous n’avons pas de catéchisme ».
Rémi Brague : C’est un problème : beaucoup de Musulmans ne savent pas précisément en quoi ils croient. Lorsqu’un musulman dit : « Ca c’est dans le Coran », il faut vérifier. Parfois ça n’y est pas. De fait, les Musulmans lisent peu le Coran. Déjà ils ne peuvent guère le comprendre, car c’est dans une langue qui ne correspond plus du tout à l’arabe parlé maintenant, ni même celui de chaînes de TV.
Le Temps d’y Penser : Il n’y a pas de traduction ?
Rémi Brague : Si. Il y en a eu même assez tôt, en turc et en persan, pour les populations non-arabes. Déjà, ça ne s’appelle pas traduction, car le Coran est intraduisible. J’ai un exemplaire ici intitulé « Essai d’interprétation du Coran inimitable ». Ils évoquent aussi la traduction du sens, et non traduction des mots. Les traductions du Coran sont plutôt à l’usage des non-musulmans.
Le Temps d’y Penser : N’est-il pas dès lors plus facile, si on se place dans une perspective d’annonce du message chrétien, de dialoguer avec les Musulmans qui ne connaissent pas réellement le Coran ?
Rémi Brague : Pas forcément, je connais au contraire le cas de Musulmans qui ont abandonné l’Islam après avoir lu le Coran ! L’ignorance n’est jamais souhaitable.
Pour beaucoup de Musulmans, être un « bon » Musulman c’est être avant tout quelqu’un de bien, respectueux, bien élevé. Le contenu du Coran n’est à la rigueur pas leur problème.
Ainsi, leur demander de cesser d’être musulman serait un peu comme leur demander de cesser d’être honnête, de bien se comporter… Il y a un mélange entre la religion et une sorte de morale naturelle tout à fait respectable par ailleurs ! Le sens de l’hospitalité, le respect de la parole donnée existent en Islam, aussi bien que dans toute société préindustrielle d’ailleurs.
Une bonne partie des récits sur Mahomet est basée sur la sagesse populaire qui traînait dans le Moyen-Orient à l’époque. Du coup, on a un certain raisonnement inversé du genre : « Si c’est vrai, c’est que le prophète l’a dit ». On y trouve des enseignements de parfait bon sens, de parfaite humanité. L’ennui, c’est qu’on y trouve également des choses un peu plus désagréables.
Mon passage préféré est celui où Mahomet torture quelqu’un pour savoir où il a caché l’argent. Ce qui n’étonnerait pas chez Al Capone surprend un peu chez un prophète, non ? Le problème est que pour un juriste, si le prophète a fait quelque chose, c’est que c’est juste. C’est pour cela que, lorsque le parlement iranien a essayé de remonter l’âge légal du mariage à 12 ans, le conseil des religieux a rappelé que Mahomet avait consommé son mariage avec Aïcha alors que la petite avait 9 ans. S’il l’a fait, c’est donc que ça ne peut être mal. Et l’âge légal du mariage est resté à 9 ans. C’est un petit peu embêtant, non ?
Ce que Mahomet a dit et fait a valeur de loi. Tout ce qu’il a fait n’est certes pas obligatoire, mais est permis, (exception faite du nombre d’épouses, mais je ne crois pas qu’il y ait d’autres exceptions).
Le Temps d’y Penser : On soulignait l’ignorance du Musulman moyen…
Rémi Brague : … elle vaut celle du chrétien moyen, notez bien : nous sommes de ce point de vue logés à la même enseigne !
Le Temps d’y Penser : Justement ! Nombre de rencontres entre chrétiens et musulmans ont lieu dans un tel esprit d’ouverture que les chrétiens ne sont plus dans une posture d’annonciation. Comme s’il fallait convertir les athées, les agnostiques, mais qu’au fond, la religion musulmane était bien assez suffisante pour eux, peut-être pas la vraie, mais au fond pas si éloignée de la foi chrétienne…
Rémi Brague : Il faut ici se méfier de ce qu’on entend par religion. En Occident, même l’athée le plus recuit croit savoir ce qu’est une religion et pense que c’est une sorte de christianisme. Mais c’est plus compliqué que ça. Regardez le bouddhisme : une sagesse, une philosophie ? Pour l’Islam, il faut également prendre garde. Une doctrine qui vous dit tout ce que vous pouvez et devez faire, ce n’est plus une religion, c’est une loi. Au Moyen Âge, les médiévaux appelaient l’Islam – ainsi que les deux autres religions – lex, la loi. Ca me semble plus juste. C’est une manière de vivre plus que de croire. En ce sens, nous avons plus affaire à une orthopraxie qu’une orthodoxie.
Le Temps d’y Penser : On peut être un bon musulman sans être croyant, alors ?
Rémi Brague : Non, aucun Musulman ne vous dirait ça. Il est très difficile qu’un Musulman soit athée. Même non pratiquant, s’il est en terre d’Islam, il fera le ramadan, et pas seulement par hypocrisie ou peur, mais aussi par solidarité. De ce point de vue, c’est vraiment différent et comprendre l’Islam réclame une véritable ascèse intellectuelle : essayer de comprendre une autre religion comme elle se comprend elle-même.
Le Temps d’y Penser : On comprend l’extrême difficulté du dialogue interreligieux, même de bonne foi, même entre bons spécialistes.
Rémi Brague : Le principal danger est la paresse intellectuelle : « Au fond, ils disent Allah, ça doit être Dieu, Issa c’est Jésus, Ibrahim pour Abraham, Iman c’est la foi, etc. »
Il faut extrêmement prudent et regarder ce qu’il y a derrière les mots. Quand ils disent « Dieu est miséricordieux, » parle-t-on de la même miséricorde que celle du Dieu des chrétiens ? Allah n’est miséricordieux qu’envers ceux qui croient en lui et hait les incrédules (Coran, XL, 10) : il y a une différence, non ?
Propos recueillis par Louis Charles et Henry le Barde
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La vie telle qu'elle se présente
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Qu'importe mon livre ? [Voyage au bout de la nuit] Ce n'est pas de la littérature. Alors ? C'est de la vie, la vie telle qu'elle se présente. La misère humaine me bouleverse, qu'elle soit physique ou morale. Elle a toujours existé, d'accord ; mais dans le temps on l'offrait à un dieu, n'importe lequel. Aujourd'hui, dans le monde, il y a des millions de miséreux, et leur détresse ne va plus nulle part. Notre époque, d'ailleurs, est une époque de misère sans art, c'est pitoyable. L'homme est nu, dépouillé de tout, même de sa foi en lui. C'est ça, mon livre. [...] J'ai écrit comme je parle. Cette langue est mon instrument. Vous n'empêcheriez pas un grand musicien de jouer du cornet à piston. Eh bien ! je joue du cornet à piston. Et puis je suis du peuple, du vrai... »
Louis-Ferdinand Céline, Interview avec Pierre-Jean Launay, Paris-Soir, 10 novembre 1932
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28/01/2012
Venice : Ask the Angels (Patti Smith Cover)
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Moooooove !
Ask the angels who they're calling,
Go ask the angels if they're calling to thee
Ask the angels while they're falling
Who that person could possibly be
And I know you got the feeling,
You know, I feel it crawl across the floor
And I know it got you reelin'
And honey honey the call is for war
And it's wild wild wild wild.
Everybody got the feelin'
You know the feeling and it's stronger each day
Everybody wants to be reelin'
And baby baby I'll show you the way
And I know it's hard sometimes,
You got a piece and hit across the sky
And I know it's hard sometimes
And world war is the battle cry
And it's wild wild wild wild
Across the country through the fields
You know I see it written 'cross the sky
People rising from the highway
And war war is the battle cry
And it's wild wild wild wild.
Armageddon, it's gotten
No savior jailer can take it from me
World ending, it's just beginning
And rock and roll is what I'm born to be
And it's wild wild wild wild
Wild wild wild wild
Ask the angels if they're startin' to move
Comin' in droves in from L.A.
Ask the angels if they're starting to groove
Lightning as armor and it's today
It's wild wild wild wild
Wild wild wild wild
-----------------
* Eric James GUILLEMAIN : Vocals
* Mourad BAALI : Bass
* Franck SCHAACK : Drums
* Nebojsa CIRIC @lias Nebo : Guitar
-----------------
Enregistré en Janvier 2000 au Studio Ithaque, Senlis, France, par Francis Ruet, en conditions Live durant une répétition.
23:51 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Il rappelait aussi que toutes les cultures ne se valent pas, et que l'art est une hiérarchie, une vibrante échelle, un faisceau de dures vérités et de merveilles
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« La littérature suppose une hiérarchie de l'inactuel : une échelle de valeurs, la verticalité, une puissance critique - tout le contraire de l'horizontalité d'un Occident mosaïfié par les minorités et rongé par le refus de toute forme d'autorité vécue comme oppressive tout en en appelant à la dictature d'un consensus universel.
Lorsque Saul Bellow demandait qu'on lui montrât le Proust des Papous et le Tolstoï des Zoulous, cette boutade était aussi une façon d'en revenir à la verticalité, à l'héritage commun de la civilisation universelle dans laquelle les Papous n'ont joué aucun rôle, sinon pour rappeler la différence entre état de nature et haute civilisation ; il rappelait aussi que toutes les cultures ne se valent pas, et que l'art est une hiérarchie, une vibrante échelle, un faisceau de dures vérités et de merveilles. »
Richard Millet, Désenchantement de la littérature
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... à l'Ombre...
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Entrant dans une sorte de déréliction que nul discours politique ne pouvait apaiser
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Je me rappelle que le moment où j'ai compris que la France était morte (ou appelée à devenir tout autre chose que ce qu'on m'avait appris qu'elle était depuis des siècles) eut lieu lorsque, enseignant et évoquant tel épisode de l'histoire de France, j'ai cessé de pouvoir dire "nous", sans rien trouver qui remplaçât ce signe d'appartenance heureuse, et dès lors entrant dans une sorte de déréliction que nul discours politique ne pouvait apaiser. »
Richard Millet, L'opprobre, Essai de démonologie
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27/01/2012
Par les cheveux...
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Jean-Paul Bourre, suspendu d'antenne par le CSA !
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Mon pote Jean-Paul Bourre vient d'être suspendu d'antenne, sur Radio Ici et Maintenant, par les Goebbels du CSA sous prétexte que son émission du 27 Octobre dernier serait "raciste" ! Sur le site de la Confédération Nationale des Radios Associatives on peut lire :
« Assemblée plénière du 20 décembre 2011
Le CSA a constaté que la station Ici et Maintenant avait diffusé, le 27 octobre 2011, des propos à caractère injurieux, insultant et raciste au cours de l’émission consacrée à la disparition de la civilisation européenne dans laquelle la parole était donnée à M. Jean-Paul Bourre.
Il a considéré que ces propos méconnaissaient les stipulations de l’article 2-4 de la convention de la station qui lui prescrivent "de ne pas encourager des comportements discriminatoires à l’égard des personnes en raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée (…)"
Le Conseil a mis en demeure l’éditeur de respecter ces stipulations. »
Nous assistons une fois de plus à un glissement sémantique du terme "racisme", meilleure manière d'évacuer le débat et de ne pas aborder les sujets qui fâchent. Il n'y a selon moi aucun "racisme" dans cette émission, juste des vérités. Vous pouvez vous faire votre propre idée, par vous-même, en écoutant l'émission dont je mets le lien ici.
L'émission se trouve encore sur le blog d'Archives de Radio Ici et Maintenant... pour l'instant.
Et à présent, répétez, avec ferveur, après moi : Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde ! Csa ? Zieg Halde !
10:40 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les flammes, semblables à des serpents de feu se réveillaient aussitôt et rien ne parvenait à arrêter la morsure de cette lèpre ardente
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les bombes au phosphore avaient mis le feu à des quartiers entiers de cette ville, faisant un grand nombre de victimes. Jusque là, rien d’extraordinaire, même les Allemands sont mortels. Mais des milliers et des milliers de malheureux, ruisselant de phosphore ardent, dans l’espoir d’éteindre le feu qui les dévorait, s’étaient jetés dans les canaux qui traversent Hambourg en tous sens, dans le port, le fleuve, les étangs, dans les bassins des jardins publics ou s’étaient faits recouvrir de terre dans les tranchées creusées ça et là sur les places et dans les rues pour servir d’abri aux passants en cas de bombardement. Agrippés à la rive et aux barques, plongés dans l’eau jusqu’à la bouche, ou ensevelis dans la terre jusqu’au cou, ils attendaient que les autorités trouvassent un remède quelconque contre ce feu perfide. Car le phosphore est tel qu’il se colle à la peau tel une lèpre gluante, et ne brûle qu’au contact de l’air. Dès que ces malheureux sortaient un bras de la terre ou de l’eau, le bras s’enflammait comme une torche. Pour échapper au fléau, ces malheureux étaient contraints de rester immergés dans l’eau ou ensevelis dans la terre comme les damnés de Dante. Des équipes d’infirmiers allaient d’un damné à l’autre, distribuant boisson et nourriture, attachant avec des cordes les plus faibles au rivage, afin qu’ils ne s’abandonnent pas vaincus par la fatigue, et se noient ; ils essayaient tantôt un onguent, tantôt un autre, mais en vain, car tandis qu’ils enduisaient un bras, une jambe ou une épaule, tirés un instant hors de l’eau ou de la terre, les flammes, semblables à des serpents de feu se réveillaient aussitôt et rien ne parvenait à arrêter la morsure de cette lèpre ardente. »
Curzio Malaparte, La peau
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
26/01/2012
Restent un homme mort et un homme libre
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
La conscience de son temps, Jean-Sol Partre, a écrit des enculades de l'ordre de celle qui suit. Après on se demande pourquoi le petit blanc occidental, sans culture et dépourvu de la moindre jugeotte se hait tant !
« Abattre un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé ; restent un homme mort et un homme libre. »
Jean-Paul Sartre, Préface aux "Damnés de la Terre" de Franz Fanon
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22:36 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Selon le discours en vogue, la France aurait toujours été un creuset de populations. Du point de vue historique, cette assertion est fausse.
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Selon le discours en vogue, la France aurait toujours été un creuset de populations. Du point de vue historique, cette assertion est fausse. Du VIe au XIXe siècle, le fond du peuple français est demeuré le même. Au XIXe siècle apparaît une immigration saisonnière, les travailleurs retournant dans leur pays après leur labeur. La première grande vague migratoire a lieu après la Première Guerre mondiale. Elle est constituée d’ Italiens, d’Espagnols, de Polonais et de ressortissants d’autres nations de l’Est. Ceux-ci s’assimilent peu à peu, par le biais de l’école, du service militaire et de la guerre -certaines institutions exerçant une force intégratrice : l’Église catholique, les syndicats, et même le Parti communiste. A partir de 1946, la seconde vague migratoire vient d’Algérie. Sous la IVe République, contrairement à ce qui se répète, ce n’est pas le patronat qui fait venir cette main-d’œuvre : ce sont les pouvoirs publics, afin de trouver une issue à l’explosion démographique de la population musulmane d’outre-Méditerranée. Après 1962, l’Algérie indépendante, le flux migratoire reprend en vertu de la libre circulation stipulée par les accords d’Evian. Si l’immigration est officiellement interrompue en 1974, le regroupement familial, autorisé en 1975, accroît dans les faits le nombre d’arrivants. D’autres courants migratoires apparaissent, issus d’Afrique noire ou d’Asie. Et en vertu de la loi, tout enfant né en France de parents étrangers peut, à sa majorité, accéder à la nationalité française. »
Jean Sévilla, Le terrorisme intellectuel
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25/01/2012
Impétueuse jeunesse
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Il n'est dans la vie qu'une jeunesse, et l'on passe le reste de ses jours à regretter, et rien au monde n'est plus merveilleux et plus émouvant. Parfois, les hommes nient le regret, nient la merveille et l'émotion. Et peut-être même sont-ils sincères, ont-ils fini par oublier. Ils n'empêcheront pas la merveille d'avoir été, d'avoir contenu tout ce qu'un corps humain peut supporter de plus exaltant sans se rompre. Ils n'empêcheront pas qu'aucune satisfaction du plaisir, de l'ambition, de la réussite, de l'amour ou de la vérité, vaille jamais dans notre souvenir quelques instants fragiles et naïfs. Si nous étions francs envers nous-mêmes, que de fois nous nous laisserions aller, nous mordrions notre paume ou notre poignet, les yeux fermés sur un soir d'été au bord de la mer brune, sur un couple qui danse dans les collines, une ville forte dans la montagne, sur une cour de lyçée, un jardin d'école, un toit, une rue brusque et surgissante, minutes magiques ensevelies. Si la trentième année est l'âge des erreurs parfois graves, c'est qu'on s'imagine pouvoir y prolonger encore ces minutes, c'est qu'on croit n'avoir pas encore changé, c'est qu'on les retient dans ses mains comme un sable, comme une eau, c'est que l'apparence physique, les circonstances, la proximité trop grande de la jeunesse nous dupent, et que nous croyons qu'il est encore temps. Alors que d'autres joies peuvent être les nôtres, mais plus celles-là. »
Robert Brasillach, Les sept couleurs
23:42 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Connexion Internet...
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Bon, finalement je me suis connecté à la WiFi d'une voisine, copine de notre fille, qui a accepté de nous filer son code. Merci Nadia. En attendant de recevoir le package "Free" et quitter "Orange" dont le comportement est bien noir de crasseuse connerie.
19:21 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook