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07/03/2024

Tiens donc !

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Polémique

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La vie d'Château...

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Quand un Chihuahua sous Cocaïne veut s'en prendre à un Ours...

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Aussi l'hitlérisation de l'adversaire devient-elle une sorte de réflexe...

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« J’ai longtemps été naïf. Je m’imaginais que les Justes Causes faisaient partie de ce qui va de soi. Et que tout ce dont il est intéressant de discuter commençait là où s’arrête ce qui va de soi. Je me trompais évidemment. Ce n’est pas parce qu’on est tous bien d’accord, que l’on condamne tous la mort, l’apartheid, le cancer, les incendies de forêt, ce n’est pas parce que l’on préfère tous la tolérance, le cosmopolitisme, les échanges entre peuples et cultures, qu’on souffre tous pour les Éthiopiens, pour les nouveaux pauvres, pour les affamés du Sahel, que ce sont des raisons valables pour ne pas le redire mille fois par jour. Encore doit-on trouver la manière. Il ne suffit pas d’être bénisseur jusqu’à l’os, il faut d’abord avoir l’air, à chaque instant, de découvrir la Lune des Bienfaits. Penser "juste" est une sorte de science. Penser "juste", c’est penser bien, mais avec assez de virulence apparente pour que l’auditeur ou le lecteur ait l’impression que vous pensez seul, et surtout très périlleusement, contre de terribles ennemis, avec un courage inégalable.

C’est toujours amusant, les effets de manches, c’est toujours drôle les effets de muscles de ceux qui font semblant d’avoir voué leur vie à la Bienfaisance. Ça doit être assez agréable, de n’arbitrer que des parties jouées, des batailles où on connaît les vaincus avant de les avoir engagées. C’est rassurant, de revivre des affaires qui ont déjà été réglées. C’est une sinécure, dans un sens, de lancer des recherches contre des morts. Plus le monde devient complexe, inextricable dans ses trucages, perdu dans ses propres trompe-l’œil, et plus on se cramponne aux époques où il y avait encore un Mal et un Bien. Du vrai blanc et du vrai noir. De la vraie lumière et de la vraie nuit.

Fouiller dans les poubelles de l’Histoire ne vous réserve que les surprises que vous attendiez. La téléfatwa décrétée contre Heidegger, il y a quelques années, a été l’occasion d’une démonstration intéressante. Heidegger nazi. Voilà un scoop ! C’était glorieux de ramener au port cette carcasse de poisson allemand aux chairs toutes dévorées déjà par les mille requins du temps qui passe ! C’était un exploit de révéler ce secret philosophique de polichinelle. C’était une entreprise héroïque. Autant que de se faire peur, ici, chez nous, bien au chaud, avec Saddam, avec Ceausescu, avec Pol Pot, avec d’autres. Aux généreux distillateurs de la bonne pensée garantie, il faut des méchants de même métal que leur propre vertu de pacotille. Si les plus authentiques criminels deviennent des fictions dans nos écrans, c’est que le terrorisme du Bien, inséparable de la civilisation des masses (auxquelles il n’est plus question depuis longtemps de faire comprendre autre chose que le langage binaire : oui-non, gentil-méchant, blanc-noir), ne se nourrit lui-même que d’ennemis simples et sur mesure, que de repoussoirs bien définis, bien cadrés en tant que repoussoirs, et grâce auxquels sa domination exemplaire sera d’autant mieux assurée.

Aussi l’hitlérisation de l’adversaire devient-elle une sorte de réflexe. En vrac, dans la période récente, Khomeiny, Brejnev, Kadhafi, Jaruzelski, quelques autres, se sont retrouvés élus Hitler de l’année à la majorité des suffrages, et au risque d’effacer dans les mémoires la spécificité définitive de l’abomination hitlérienne. La "quatrième armée du monde" irakienne a été gonflée démesurément, comme la Securitate roumaine un an plus tôt [ Les effectifs de la police politique roumaine, rapportés à la population totale du pays, étaient les plus élevés de l’ensemble des pays communistes (N. d. É.). ]. Il faut sans cesse nous réinjecter la foi dans la réalité réelle de la néo-réalité. »

Philippe Muray, "Trémolo Business" in L'Empire du Bien

 

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Différences...

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06/03/2024

Le faux Bien a besoin d'épouvantails...

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« L’éclipse du principe maléfique, de la "part maudite", du "négatif", est la grande énigme du temps. Que se passe-t-il sous cette couche de laque, sous ces glacis de pureté, de litotes sucrées, sous ce glaçage d’innocence au sirop ? Sous ces lessivages sans phosphates ? Il n’est pas facile de répondre. Le Bien remplace très avantageusement le Mal, mais à l’unique condition que l’on continue à dire, et à faire dire, que le Mal n’a jamais été aussi menaçant, aussi épouvantable, paralysant ; et que ce soit filmé, prouvé, refilmé, télévisé et encore retélévisé. La "croyance" de tous à la réalité du Mal est la condition de survie de notre civilisation de mises en scène caritatives. La Bienfaisance est une manière de parler, la Charité est un effet de style. Tout ce qu’on vous demande c’est d’y croire. D’avoir la foi qui sauvera le Spectacle (tant que celui-ci n’aura pas disparu, je ne vois aucun motif pour renoncer à cette notion debordienne). Et puis surtout de le dire bien haut. Et de répéter chaque fois qu’il faut que vous adorez ce qu’il faut adorer, que vous condamnez ce qu’il faut condamner, le racisme un peu partout, les régionalismes terroristes, les intégrismes islamiques, les populismes, les poujadismes, le trafic d’ivoire ou de fourrure, la sponsorisation du Paris-Dakar et la renaissance des nationalismes dans les pays de l’Est délivrés. "Dilige et quod vis fac", écrivait saint Augustin : "Aime et fais ce que tu veux"… De nos jours, ce serait plutôt : dis que tu aimes, et fais du business.

Le Bien a toujours eu besoin du Mal, mais aujourd’hui plus que jamais. Le faux Bien a besoin d’épouvantails ; moins pour les liquider, d’ailleurs, que pour anéantir, à travers eux ou au-delà d’eux, ce qu’il pourrait rester encore, de par le monde, d’irrégularités inquiétantes, d’exceptions, de bizarreries insupportables, enfin les vrais dangers qui le menacent, quoique l’on n’en parle jamais.

Qu’importe, n’est-ce pas, et pour ne prendre qu’un exemple, la mise en fiches de tous les citoyens, si c’est le léger prix à payer de la victoire contre le sida ? Bernanos, à la fin de sa vie, se souvenait d’une époque où l’excellente innovation policière de relever les empreintes digitales commençait tout juste à passer dans les mœurs. Cela indignait les honnêtes gens. On leur répondait que "ce préjugé contre la Science risquait de mettre obstacle à une admirable réforme des méthodes d’identification"… Et aussi "que l’on ne pouvait sacrifier le Progrès à la crainte ridicule de se salir les doigts"… En 1947 encore, il se rappelait, Bernanos, qu’au temps de sa jeunesse "la formalité du passeport semblait abolie à jamais" ; qu’on pouvait faire le tour du monde avec une simple carte de visite en poche… Et puis ensuite, doucement d’abord, puis de plus en plus rapidement, les étaux se sont resserrés… Ce qu’il a vu se fabriquer, après 45, à toute allure, en série, c’était "une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse"…
"Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l’appelez déjà des désordres, des fantaisies", s’épouvantait-il.

Il dirait quoi aujourd’hui ? »

Philippe Muray, "Trémolo Business" in L'Empire du Bien

 

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Homère

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05/03/2024

Persécution

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L’ère du Verseau a mauvaise mine

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« Nous vivons l’âge du sucre sans sucre, des guerres sans guerre, du thé sans thé, des débats où tout le monde est d’accord pour que demain soit mieux qu’hier, et des procès où il faut réveiller les morts, de vrais coupables jugés depuis longtemps, pour avoir une chance de ne pas se tromper. Si l’époque se révèle difficile à saisir, c’est à cause de tout ce qu’elle a éliminé de réel, sans arrêter de vouloir nous faire croire à la survie de sa réalité en simili. Il ne va plus rester grandchose, si ça continue à ce train-là. Tout est certifié hypocalorique, la vie, la mort, les supposées idées, les livres, les conflits "propres" dans le Golfe, l’art, les pseudo-passions, la prétendue information, les émissions.
On décrète des "journées sans tabac". Pourquoi pas des années sans femmes ? Des femmes garanties sans cholestérol ? Des idéologies sans matières grasses ?

Avec quoi pourrions-nous assouvir le besoin de négatif, en nous, depuis que le négatif a été décrété hors-la-loi, si ce n’est avec les dangers du passé ? Nous sommes bien trop fragiles, désormais, bien trop privés d’immunités pour nous offrir d’autres ennemis qu’à titre vraiment très posthume. Voilà le revers de notre bien-être. Nous ne pouvons plus nous affronter qu’à des événements archivés, peignés de multiples commentaires, rediffusés cinq fois par an, mieux pétrifiés que les voies piétonnes de nos centres-villes tétanisés. Plus de surprises autres qu’organisées. Même nos haines solidement justifiées donnent l’impression d’avoir été trouvées dans des réserves naturelles pour faune et flore en grand péril. L’Imprévisible ne viendra plus, nous pourrions en tomber malades. Le spontané arrive sous vide. Il n’y a pas que les cigarettes qui soient "mild", la bière "light" et les charcuteries "extra-maigres". Toute virulence est effacée. L’Histoire ne s’accélère pas, comme on le prétend, elle galope de plus en plus vite dans le déjà-vu le plus domestiqué, le déjà-pensé le plus somnambule. Nous sommes si fragiles qu’on nous ménage. On nous épargne les vrais dangers. Un fait brut, tombant du ciel réellement, nous laisserait sur le carreau. Les moindres événements sont si bien téléphonés, des années parfois à l’avance, qu’ils ont l’air de leur propre commémoration quand ils osent enfin se présenter. Par la grâce anticipante des sondages, une élection présidentielle n’est plus qu’un gag minable réchauffé, une histoire drôle éculée. Le Bicentenaire, en 89, avait l’air de sa rediffusion. Les intolérables illuminations de Noël commencent trois mois plus tôt chaque année. La galette des Rois s’étale sur les œufs de Pâques. Les collections d’hiver bavent jusqu’aux soldes de l’année suivante. Ce principe d’anticipation gagne même les plagieurs professionnels, ils ne peuvent plus attendre qu’un livre soit sorti pour en pomper toute la moelle, en livrer une version réchauffée. L’an 2000 se décompose déjà. L’ère du Verseau a mauvaise mine. Tout fane avant d’éclore, fripe, s’étiole. Les périls du "premier degré" s’effacent sous les félicités du marché définitivement planifié. Le Bien est la vieillesse du monde, l’interminable troisième âge de la planète. »

Philippe Muray, "Trémolo Business" in L'Empire du Bien

 

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Chimères Nouvelles...

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04/03/2024

Le Diable prend des masques

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« Faire son deuil du Mal est un travail, il s’agit de ne pas le rater. D’autant plus que le diable prend des masques, qu’il se cache sous des litotes. Où est-il encore passé, celui-là ? Dans quel trou noir plus noir que lui ?… On pourrait se croire dans une grande lutte bizarre, sans adversaires véritables ; dans une grande affirmation à répéter, à rabâcher, à consolider sans cesse, et avec d’autant plus d’acharnement qu’elle n’a pas de contraire bien évident… Mais raison de plus ! Allons-y ! Nous avons besoin d’émotions fortes. Où les trouverions-nous sinon à travers nos souvenirs en simili, en rétrospectives, en rappels ? Fantômes de coupables à faire sortir ! Encore un effort ! Du cran ! Vous n’avez pas trop peur, j’espère ? Rendez-vous alors au portillon. Grimpons dans ce wagon rouge pivoine. Pieds calés, mains cramponnées, c’est le départ du convoi infernal. On va vous en faire voir de toutes les couleurs. La volupté de l’horreur à l’état pur, avec l’estomac en bouillie, le cœur à cent quarante, le grand saut dans le vide, tout là-haut, sur des loops de trois cent soixante degrés au milieu des cris de panique…

Cela dit, n’allez pas me faire sous-entendre ce que je n’écrirai jamais. La formule magique aujourd’hui, si on veut espérer avoir la paix, consiste à déclarer d’emblée qu’on n’a rien contre personne, et d’abord contre ceux qu’on attaque. C’est un Sésame indispensable. "L’auteur tient à préciser que personnages, lieux, événements, n’ont aucun rapport avec la réalité…" Il va donc sans dire que je suis pour, définitivement pour toutes les bonnes causes ; et contre les mauvaises à fond. Et puis voilà. Et puis c’est tout. Et ça va bien mieux en le disant. Pas d’histoires ridicules : l’évidence. Je suis pour tout ce qui peut advenir de bon et contre tout ce qui existe de mauvais. Pour la transparence contre l’opacité. Pour la vérité contre l’erreur. Pour l’authentique contre le mensonge. Pour la réalité contre les leurres. Pour la morale contre l’immoralité. Pour que tout le monde mange à sa faim, pour qu’il n’y ait plus d’exclus nulle part, pour que triomphe la diététique.
Ne me faites pas prétendre des choses.

C’est le destin du Mal, seulement, sur lequel il me paraît instructif, au milieu de ce déluge de bienfaits qui nous comble de toutes parts, de se pencher quelques instants, ainsi que nous allons tenter de le faire. C’est son devenir, c’est son avenir… Où a-t-il bien pu glisser ? Dans quelle trappe ? Qui en soutient les postulats ? Qui souffle l’haleine du scandale ? Où crépitent les plaisirs de l’enfer ? Qui aboie encore de vraies horreurs ? Je ne vois plus partout que politesses, discrétions d’approches, flatteries, minauderies et camouflages… Grandes aspersions à l’eau bénite… Pour ne plus tomber dans les travers, des philosophes, en Italie, ont même essayé d’inventer une nouvelle idéologie sans danger, un nouveau schmilblic conceptuel fait de bouts de Nietzsche ou Heidegger minimalisés jusqu’à la corde : la "pensée faible" ça s’appelle. Le Faiblisme. C’est touchant. Enfin une vision du monde sans colorants ! Pas une idée qui dépasse l’autre ! En France même, l’actuel Président [ François Mitterrand], pour se hisser là où on le voit, a dû se faire limer les dents ; personne n’en voulait tant qu’il arborait ses canines vampiréennes.

Tous les antagonismes vidés de substance sont rhabillés pour les parades. Les certificats de bonnes vie et mœurs font comme les chaussettes, ils ne se cachent plus. Même les racistes, aujourd’hui, se veulent antiracistes comme tout le monde ; ils n’arrêtent pas de renvoyer aux autres leurs propres obsessions dégoûtantes. "C’est vous ! – Non, c’est vous ! – Pas du tout ! » On ne sait plus qui joue quel rôle. Le public est là, il attend, il espère des coups, des cris, il voudrait des événements. L’ennui guette, envahit tout, les dépressions se multiplient, la qualité du spectacle baisse, le taux de suicides grimpe en flèche, l’hygiène niaise dégouline partout, c’est l’Invasion des Mièvreries, c’est le grand Gala du Show du Cœur."

Bernard de Mandeville, qui s’attira pas mal d’ennuis pour avoir tenté de montrer que ce sont souvent les pires canailles qui contribuent au bien commun, constatait déjà, au XVIIIe siècle, dans sa Fable des abeilles :
"Une des principales raisons qui font que si peu de gens se comprennent eux-mêmes, c’est que la plupart des écrivains passent leur temps à expliquer aux hommes ce qu’ils devraient être, et ne se donnent presque jamais le mal de leur dire ce qu’ils sont." On les comprend. S’ils faisaient le contraire, les malheureux, ils ne sortiraient plus de prison.

Philippe Muray, "Les dieux sont tombés sur la terre" in L'Empire du Bien

 

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L'individualité...

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03/03/2024

Et ce n’est que le début du grand ménage

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« Bien sûr, quelques vieilles ruines nous encombrent, de vagues souvenirs des guerres passées, il va falloir les déblayer, c’est une question de jours, de semaines. Déjà la psychanalyse, le marxisme, se sont retrouvés aux oubliettes, virés à la poubelle, liquidés comme de vulgaires aérosols troueurs d’ozone dès qu’on s’est aperçu que ces disciplines ne servaient ni à guérir les myopathes ni même à sauver la banquise.

Et ce n’est que le début du grand ménage. Plus de nostalgies mortifères ! Vive la Fête ! L’oubli dans la joie ! Cette époque affiche complet, mais ce serait très ingrat de s’en plaindre. Particules que nous sommes ! Fragments ! Nous devons tout à notre multitude. Ce qui est, ne l’est qu’à condition de se diffuser au plus grand nombre ; au maximum d’exemplaires ; à la plus propice heure d’écoute. Tout, vraiment, nous, vous, les choses. Le prime time a tétanisé le temps, supplanté les heures et les saisons. Plus question de faire bande à part. Survivre seulement, et c’est bien beau. Subsister et puis raconter.

Les scènes de l’Histoire engloutie ne sont plus promenées sur les tréteaux que pour que l’on se réconforte, à coups de débats, entre soi, en se demandant comment de telles barbaries furent possibles. Et en avant les musiques ! Secouez-vous ! Et bim ! Et boum ! Et zim ! Et reboum ! Comme dans Voyage, vers la fin… "Bim et Boum ! Et Boum encore ! Et que je te tourne ! Et que je t’emporte ! Et que je te chahute ! Et nous voilà tous dans la mêlée, avec des lumières, du boucan, et de tout ! Et en avant pour l’adresse et l’audace et la rigolade ! Zim !"

Tenez, montez dans le train western, il est juste sur le départ. A moins que vous ne préfériez le grand frisson ? La quincaillerie des Montagnes Russes ? Le Grand Huit aux vertiges rutilants ? Trois kilomètres, en descentes et montées, à plus de cent kilomètres à l’heure. Remuez-vous un peu, nom d’un chien ! Découvrez votre troisième souffle ! De grandes aventures nous attendent !

On nous a affranchis. Ça y est. Plus de soucis du tout. Nulle part. La démocratie pluraliste et l’économie de marché se chargent de nous. Le reste, c’est de l’histoire ancienne. Mettezvous à l’écoute de votre corps ! Courez vous muscler ! Vous tonifier ! Tous les plaisirs des îles sous le vent sont à portée de votre main. Découvrez la gymaquatique. Devenez baroudeurs sous les bambous. Attaquez le temple inca en carton-pâte. Escaladez le Volcan à Bulles. Traquez les méchants qui s’y cachent. Débusquez-y nos vrais ennemis, les derniers hideux tyrans, là, bien visibles, cadrés pleine page, précieux vestiges des causes perdues, ultimes persécuteurs atroces.

Ah ! le Système fait bien les choses ! Il y en aura pour tous les goûts. Le Bien, tout entier, contre tout le Mal ! À fond ! Voilà l’épopée. Tout ce qui a définitivement raison contre tout ce qui a tort à jamais. La Nouvelle Bonté a le vent en poupe contre le sexisme, contre le racisme, contre les discriminations sous toutes leurs formes, contre les mauvais traitements aux animaux, contre le trafic d’ivoire et de fourrure, contre les responsables des pluies acides, la xénophobie, la pollution, le massacre des paysages, le tabagisme, l’Antarctique, les dangers du cholestérol, le sida, le cancer et ainsi de suite. Contre ceux qui menaceraient la patrie, l’avenir de l’Entreprise, la rage de vaincre, la famille, la démocratie. »

Philippe Muray, "Les dieux sont tombés sur la terre" in L'Empire du Bien

 

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Tordu

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02/03/2024

Le doute est devenu une maladie

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« Nous voilà donc atteints d’un Bien incurable. Ce millénaire finit dans le miel. Le genre humain est en vacances. C’est comme un vaste parc de loisirs que je voudrais essayer de peindre notre village planétaire. Un parc aux dimensions du territoire. De la France. De l’Europe. Du globe bientôt. Une grande foire spontanée, permanente, avec ses quartiers, ses longues avenues, ses attractions particulières, ses sketches, ses jeux, ses défilés, ses séances organisées, ses crises d’amour, d’indignation…

Pour expliquer notre fin de siècle, il faut d’abord la visiter, se laisser porter par les courants, ne pas avoir peur des cohues, applaudir avec les loups, se mettre à l’unisson des euphories. C’est en flânant le long de ses stands qu’on peut espérer la comprendre. N’hésitons plus ! N’ayons pas peur ! Entrons ensemble dans la danse ! Tous les jeux nous sont offerts ! C’est l’évasion ! La vie de pacha ! Floride ! Wonderland ! Californie ! Le monde est une usine à plaisirs ! Et en fanfare ! En pleine gaieté ! Et en avant la fantaisie !

"Qu’il est glorieux d’ouvrir une nouvelle carrière, et de paraître tout à coup dans le monde savant, un livre de découvertes à la main, comme une comète inattendue étincelle dans l’espace !"
Ainsi s’exclame Xavier de Maistre aux premières pages de son "Voyage autour de ma chambre". Une comète inattendue… Mais il ne s’agit pas, ici, de proposer des découvertes. Une promenade seulement, une simple randonnée à travers ce que nous vivons chaque jour, ce que nous croyons vivre, ce que nous aimons ou redoutons, nous en apprendra mille fois plus. Oui, c’est comme un grand parc d’attractions qu’il faut visiter l’esprit du temps. Avec ses étalages et ses reflets, ses vedettes de quelques jours, ses fausses rues de fausses villes de partout, ses châteaux reconstitués, ses excitations, ses pièces montées, ses décors en résine synthétique, ses acteurs anonymes qui s’affairent, sous les costumes appropriés, à simuler leurs tâches coutumières… Il n’y a plus d’énigmes, plus de mystères. Plus la peine de se fatiguer. Le Bien est la réponse anticipée à toutes les questions qu’on ne se pose plus. Des bénédictions pleuvent de partout. Les dieux sont tombés sur la Terre. Toutes les causes sont entendues, il n’existe plus d’alternatives présentables à la démocratie, au couple, aux droits de l’homme, à la famille, à la tendresse, à la communication, aux prélèvements obligatoires, à la patrie, à la solidarité, à la paix. Les dernières visions du monde ont été décrochées des murs. Le doute est devenu une maladie. Les incrédules préfèrent se taire. L’ironie se fait toute petite. La négativité se recroqueville. La mort elle-même n’en mène pas large, elle sait qu’elle n’en a plus pour longtemps sous l’impitoyable soleil de l’Espérance de Vie triomphante. »

Philippe Muray, "Les dieux sont tombés sur la terre" in L'Empire du Bien

 

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Les cons !

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Salon des "Beuveries"...

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01/03/2024

Dans les nuages

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Cité par Philippe Muray en exergue de "L'Empire du Bien"...

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Une Vie, une œuvre : Philippe Muray (1945-2006)

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Salon de l'agriculture...

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29/02/2024

Nos aujourd'hui qui meuglent et tonitruent...

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« Les lendemains qui chantent des anciennes rébellions n’étaient que mièvres promesses jamais tenues auprès de nos aujourd’hui qui meuglent et tonitruent. Depuis qu’il n’y a plus de travail, ou que les travailleurs ne sont plus aussi véritablement nécessaires que jadis à la bonne marche de la planète, l’éminente dignité qui découlait du travail a été remplacée par l’éminente dérision de l’homme festif. Dépouillée de toute signification, de tout autre but que d’affirmer sa stupide "pride", voilà donc la meute telle qu’en elle-même enfin les décibels la changent. Que veut-elle ? Rien d’autre que d’être plus "nombreuse", donc plus "fière" toujours, plus auto-satisfaite, plus contente d’elle-même comme de l’univers. Notre monde est le premier à avoir inventé des instruments de persécution ou de destruction sonores assez puissants pour qu’il ne soit même plus nécessaire d’aller physiquement fracasser les vitres ou les portes des maisons dans lesquelles se terrent ceux qui cherchent à s’exclure de lui, et sont donc ses ennemis. À ce propos, je dois avouer mon étonnement de n’avoir nulle part songé, en 1991, à outrager comme il se devait le plus galonné des festivocrates, je veux parler de Jack Lang ; lequel ne se contente plus d’avoir autrefois imposé ce viol protégé et moralisé qu’on appelle Fête de la Musique, mais entend s’illustrer encore par de nouveaux forfaits, à commencer par la greffe dans Paris de la Love Parade de Berlin. Je suis véritablement chagriné de n’avoir pas alors fait la moindre allusion à ce dindon suréminent de la farce festive, cette ganache dissertante pour Corso fleuri, ce Jocrisse du potlatch, cette combinaison parfaite et tartuffière de l’escroquerie du Bien et des méfaits de la Fête. L’oubli est réparé.

C’est sans doute la plus grande originalité de cet ouvrage qu’il ne suggère aucune solution à tout ce qui, sous l’aspect d’un désastre sans cesse accéléré, a fini par se substituer à la société. On prendra plaisir, j’en suis persuadé, à remarquer que je ne voyais déjà, en 1991, nulle issue à cette situation. On pourra aussi observer, toujours avec plaisir, que je ne me préoccupais guère de convaincre ceux qui ne l’auraient déjà été par eux-mêmes surabondamment de la pertinence d’une telle vision. On se félicitera de constater que je n’envisage pas la plus minime lueur d’espoir dans cette nuit électronique où tous les charlatans sont gris et où les marchands d’illusions voient la vie en rose sur le web.

C’est une grande infortune que de vivre en des temps si abominables. Mais c’est un malheur encore pire que de ne pas tenter, au moins une fois, pour la beauté du geste, de les prendre à la gorge. Avant de passer du discours à l’action, ou de la pensée à l’examen des êtres concrets, c’est-à-dire de l’essai au roman, donc à l’auscultation de ce qui pourrait subsister d’existence autonome dans les conditions de survie de cette cité planétaire que j’avais baptisée Cordicopolis mais qu’il faut désormais nommer Carnavalgrad : ici finit "L’Empire" ; ici débute "On ferme".

-- Août 1998. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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Si vous savez raisonner...

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28/02/2024

African American...

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Anarchismes dorés sur tranche

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« Le Bien a trimé. Il a bien bossé. D’avance, il stérilise toutes les velléités d’objections, toutes les subversions, toutes les contestations qui pourraient s’élever. Ou plutôt il les enrôle. Il les recrute. Et les met au service de la Fête perpétuelle ; dont il serait impie désormais, et même dangereux (que l’on songe seulement à l’escalade de bouffée délirante autant que terrorisante qui vient de scander chaque épisode de la Coupe du monde), de nier les vertus éducatrices, dresseuses, écraseuses, polisseuses, civilisatrices.

Le Bien a couru, il a cavalé, il s’est précipité. Il a touché son but, atteint son désir. Et il est en passe de réaliser ce qu’aucune institution, aucun pouvoir, aucun terrorisme du passé, aucune police, aucune armée n’étaient jamais parvenus à obtenir : l’adhésion spontanée de presque tous à l’intérêt général, c’est-à- dire l’oubli enthousiaste par chacun de ses intérêts particuliers, et même le sacrifice de ceux-ci. Rien dans l’Histoire passée, excepté peut-être (et encore) la mobilisation furibonde des Allemands et des Français, leur levée en masse lors de la déclaration de guerre de 1914, et corrélativement le mutisme brusque de ceux qui (anarchistes, pacifistes, sociaux-démocrates) auraient dû s’opposer à la démence générale, ne pourra donner la moindre idée d’une si formidable approbation. Dans le Bien devenu Fête, il ne reste plus que le Bien, il ne reste plus que la Fête ; et tous les autres contenus de nos existences ont à peu près fondu au contact de ce feu. L’Empire dit désormais, paraphrasant Hegel : "Tout ce qui est réel est festif, tout ce qui est festif est réel."

Il était logique qu’une société où la transgression et la rébellion sont devenues des routines, où le non-conformisme est salarié et où les anarchismes sont dorés sur tranche, reconnaisse dans les masses festives, liées de toute éternité à la transgression et à la violation rituelle des normes de la vie courante, l’apothéose justificatrice de son existence. Sauf qu’il n’y a plus de normes, ni de vie courante ; et qu’en s’étendant à toute l’existence la Fête, qui était jusque-là désordre éphémère et renversement des interdits, en est devenue la norme, et aussi la police. Mais ce problème n’en serait un, pour les ronds-de-cuir comme pour les argousins de la nouvelle société hyperfestive, que si tout moyen de comparaison avec le passé n’avait pas disparu par la même occasion. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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