25/09/2013
Un art, une culture, un savoir-faire, une connaissance, une sagesse, une esthétique des choses de l’amour
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« Le Kâma-sûtra agit en exacte antithèse à La Cité de Dieu. Vâtsyâyana, pour ce que l’on en sait, autrement dit pour les informations livrées dans le corps de son ouvrage, est un brahmane qui enseigne l’excellence de l’hindouisme et appelle à respecter les règles de sa religion. Le livre se présente comme une synthèse d’ouvrages anciens consacrés au même sujet, à savoir "l’art du sexe". Dès l’ouverture du livre, le philosophe donne le nom des auteurs, le titre de leurs ouvrages, les grandes lignes des contenus et annonce qu’il résumera l’ensemble.
En prolégomènes, Vâtsyâyana pose clairement la dimension philosophique de son projet : si les animaux se contentent de la sexualité brute, de la copulation mécanique indexée sur l’unique exigence de la nature, les hommes, eux, pour autant qu’ils aient envie de mériter leur humanité, doivent faire un art, une culture, un savoir-faire, une connaissance, une sagesse, une esthétique des choses de l’amour, grâce à des techniques susceptibles d’être enseignées, transmises par un individu qui sait à un autre qui ignore. Et, chose essentielle : l’ignorant qualifie tout aussi bien l’homme que la femme. La culture sexuelle s’offre donc indistinctement aux deux sexes, ce qui, de fait, définit chez le penseur indien une égalité essentielle et existentielle dès le départ entre les deux sexes. On est loin des fables chrétiennes sur Adam abusé par une Ève vicieuse et pécheresse - et encore plus loin de la haine chrétienne des corps. »
Michel Onfray, Le souci des plaisirs
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Au désert...
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« Adolescents, nous vivons en partie par procuration, à travers les auteurs que nous aimons et auxquels nous nous identifions. Adultes, nous avons parfois l’impression que les livres qui jadis ne quittaient pas notre table de chevet ne nous sont plus nécessaires ; que nous devons les oublier et voler de nos propres ailes ; imiter ce moine qui, après avoir passé vingt ans à s’adonner nuit et jour à la lecture, se leva un matin, distribua tous les livres qu’il possédait, et s’enfuit au désert. »
Gabriel Matzneff, Maîtres et complices
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Une façon de se masturber en faisant croire à son prochain que c'est lui qu'on caresse
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« Je n'ai donc plus tellement soif de mes semblables et me demande même - avec prudence - si l'humanisme n'est pas un réflexe de défense corporatiste, une sorte de syndicalisme biologique destiné à protéger l'espèce à laquelle on appartient, à défendre ses prérogatives. Nul doute qu'on pratiquerait le léopardisme si on était léopard et l'éléphantisme si on était éléphant. L'amour porté à l'Homme par lui-même (et ses avatars finalistes, anthropocentristes, monothéistes...) ne serait que l'adoration de soi-même dans le miroir de l'autre. Une façon de se masturber en faisant croire à son prochain que c'est lui qu'on caresse. Les humanistes aiment, lorsqu'ils contemplent les yeux de leur prochain, y découvrir que c'est eux qu'on regarde.
Ma réticence tient également au vocabulaire. J'ai le sentiment désagréable que le discours humaniste confond la grandeur de quelques personnages avec la valeur proclamée de l'Homme. Sous le prétexte que, dans la nuit de l'histoire, brillent de rares hommes d'exception (les figures de proue de René Grousset), des torchères plantées sur les récifs pour nous guider dans la traversée des âges, le discours conclut que rien sur la terre ne se situe au-dessus de l'Homme. C'est la même confusion qui entraîne à décrire comme aurifère une rivière de boue dans laquelle roulent quelques pépites, comme si charrier à dose infime une poignée de paillettes suffisait à sauver un flot de limon sale. »
Sylvain Tesson, Petit traité de l’immensité du monde
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24/09/2013
Les pères tendent à devenir des "mères comme les autres"
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« "La société a adopté, sans la moindre limite et sans le moindre contre pouvoir, l’intégralité des valeurs féminines", estimait récemment le pédiatre Aldo Naouri. De cette féminisation témoignent déjà le primat de l’économie sur la politique, le primat de la consommation sur la production, le primat de la discussion sur la décision, le déclin de l’autorité au profit du "dialogue", mais aussi l’obsession de la protection de l’enfant (et la survalorisation de la parole de l’enfant), la mise sur la place publique de l’intimité et les confessions intimes de la "télé réalité", la vogue de l’ "humanitaire" et de la charité médiatique, l’accent mis constamment sur les problèmes de sexualité, de procréation et de santé, l’obsession du paraître, du vouloir plaire et du soin de soi, (mais aussi l’assimilation de la séduction masculine à la manipulation et au "harcèlement"), la féminisation de certaines professions (école, magistratures, psychologues, travailleurs sociaux), l’importance des métiers de la communication et des services, la diffusion des formes rondes dans l’industrie, la sacralisation du mariage d’amour (un oxymore), la vogue de l’idéologie victimaire, la multiplication des "cellules de soutien psychologique", le développement du marché de l’émotionnel et de l’apitoiement, la nouvelle conception de la justice qui fait d’elle un moyen, non plus de juger en toute équité, mais de faire droit à la douleur des victimes (pour leur permettre de "faire leur deuil" et de "se reconstruire"), la vogue de l’écologie et des médecines douces, la généralisation des valeurs du marché, la déification du couple, et des problèmes de couple, le goût de la "transparence" et de la "mixité", sans oublier le téléphone portable comme substitut du cordon ombilical , la disparition progressive du mode impératif dans le langage courant, et enfin la globalisation elle-même, qui tend à instaurer un monde de flux et de reflux, sans frontières ni repères stables, un monde liquide et amniotique (la logique de la Mer est aussi celle de la Mère).
(…) Or, le père symbolise la Loi, référent objectif qui s’élève au-dessus des subjectivités familiales. Alors que la mère exprime avant tout le monde des affects et des besoins, le père a pour rôle de couper le lien fusionnel entre l’enfant et sa mère. Instance tierce qui fait sortir l’enfant de la toute puissance infantile et narcissique, il permet la rencontre de celui-ci avec son contexte social-historique, et lui permet de s’inscrire dans un monde et une durée. Il assure la "transmission de l’origine, du nom, de l’identité, de l’héritage culturel et de la tâche à poursuivre" (Philippe Forget). Faisant le pont entre la sphère familiale privée et la sphère publique, limitant le désir par la Loi, il s’avère par là indispensable à la construction de soi. Mais de nos jours, les pères tendent à devenir des "mères comme les autres". "Ils veulent eux aussi être porteurs de l’Amour et non plus seulement de la Loi" (Eric Zemmour). Or, l’enfant sans père a le plus grand mal à accéder au monde symbolique. En quête d’un bien être immédiat qui n’a pas à affronter la Loi, l’addiction à la marchandise devient tout naturellement son mode d’être. »
Alain de Benoist, "La société sans pères ou le règne de Narcisse", in "Eléments 2006"
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Le Bon Dieu
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« Sans doute, quand un peuple va à sa perte, quand il sent sa foi en l’avenir, son espoir de liberté, s’évanouir sans retour ; quand la soumission apparaît à sa conscience comme le premier impératif, et les vertus de l’homme soumis comme des conditions de survie, alors, il faut aussi que son Dieu change. Il devient couard, pusillanime, modeste, il conseille maintenant la paix de l’âme, la fin-de-la-haine, l’indulgence, l’amour même envers amis et ennemis. Il moralise constamment, il va se nicher au creux de toute vertu personnelle, il devient le Dieu-pour-tous, il se fait simple particulier, cosmopolite... Autrefois, il représentait un peuple, la force d’un peuple, tout ce qu’il y avait d’agressif et d’avide de puissance dans l’âme d’un peuple : maintenant, il n’est plus que le Bon Dieu... En vérité, il n’y a pour les Dieux pas d’autre choix : soit ils sont la volonté de puissance - et dans ce cas, ils seront des Dieux nationaux, - soit ils sont l’impuissance de la volonté - et alors ils deviennent nécessairement bons... »
Friedrich Nietzsche, L'Antéchrist
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Si l'on veut progresser vers la vérité, il faut renoncer à la certitude
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« Si l'on veut progresser vers la vérité, il faut renoncer à la certitude. Il faut poser en thèse que toute vérité scientifique peut être remise en cause, par des faits, par des raisonnements, par des paradigmes nouveaux qui ouvriront à l'esprit humain des perspectives qu'il ne pouvait même pas imaginer à l'étape précédente, dans un processus aux infinis rebondissements, processus que l'on peut considérer comme l'équivalent épistémologique de l'épectase théologique de saint Grégoire de Nysse.
Cette idée est née, croyons-nous, sur un terreau chrétien. Elle parcourt les grands débats européens sur la tolérance qui ont eu lieu au Moyen-Âge (Abélard, Nicolas de Cuse...), au temps de l'humanisme (Pic de la Mirandole, Montaigne, Bodin...) et aux XVIIe-XVIIIe siècles (Grotius, Milton, Locke, Bayle...). Chaque fois, dans ces débats, on note que l'intolérance vient de la prétention à l'infaillibilité, et l'on souligne le caractère incomplet de toute connaissance humaine. On s'appuie sur l'opposition paulinienne entre l'esprit et la lettre. Dire que la lettre "tue" revient à affirmer la thèse de l'inadéquation de toute forme à la vérité substantielle, laquelle, donc, ne peut être qu'approchée. On cite la Bible qui dit que Dieu seul "sonde les coeurs et les reins", ce qui revient à dire qu'il y a toujours d'autres vérités au-delà de celles sur lesquelles l'homme peut mettre la main, et même lorsqu'il s'agit de sa propre existence. C'est en vertu de l'idée que la vérité, pour le chrétien, est insaisissable, que l'on combat les positions chrétiennes par trop dogmatiques. Avant qu'il puisse voir Dieu au Ciel, l'homme est dans l'obscurité. Si donc il prétend avoir une vision si complète du dogme chrétien qu'il soit certain qu'autrui est dans l'erreur et, à ce titre, puisse lui faire violence, il se gonfle d'un orgueil coupable.
Certes, pendant que les sages discutent ainsi de l'incertitude des choses, des milliers de chrétiens s'entretuent dans les guerres de Religion. Mais lesquels sont les plus chrétiens ? Les foules persécutrices de la Saint-Barthélémy qui ressemblent à toutes les foules persécutrices de tous les temps- toutes religions confondues- ou les Erasme, les Mélanchton, les Montaigne, et les Pascal ?
Le texte de Pascal sur les Deux infinis met en évidence que cette situation ontologiquement et épistémologiquement instable de l'homme fait sa fécondité intellectuelle. Le "roseau" qu'est l'homme est "pensant". Et c'est dans ce contexte que Pascal se risque, d'un même élan, aux hypothèses les plus novatrices en matière scientifique et au "pari" de la foi. »
Philippe Nemo, La belle mort de l'athéisme moderne
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On s'aperçoit que personne ne sait rien
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« Quand on lit un roman, on a l'impression de tout connaître d'avance, tout paraît si compréhensible, mais dès que l'on tombe amoureux soi-même, on s'aperçoit que personne ne sait rien et que chacun doit décider pour soi, tout seul... »
Anton Tchekhov, Oncle Vania
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23/09/2013
Les hommes se sont papaïsés
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« Fatiguée après une mauvaise nuit, Chantal sortit de l'hôtel. En route vers le bord de mer, elle croisa des touristes de week-end. Leurs groupes reproduisaient tous le même schéma : l'homme poussait une poussette avec un bébé, la femme marchait à côté de lui ; le visage de l'homme était bonasse, attentif, souriant, un peu embarrassé et toujours prêt à s'incliner vers l'enfant, à le moucher, à calmer ses cris; le visage de la femme était blasé, distant, suffisant, parfois même (inexplicablement) méchant. Ce schéma, Chantal le vit se reproduire en diverses variantes : l'homme à côté d'une femme poussait la poussette et portait en même temps, dans un sac spécial, un bébé sur le dos; l'homme à côté d'une femme poussait la poussette, portait un bébé sur les épaules et un autre dans un sac sur le ventre ; l'homme à côté d'une femme, sans poussette, tenait un enfant par la main et en portait trois autres sur le dos, sur le ventre, et sur les épaules. Enfin, sans homme, une femme poussait la poussette ; elle le faisait avec une vigueur inconnue des hommes, si bien que Chantal qui marchait sur le même trottoir dut au dernier moment faire un saut de côté.
Chantal se dit : les hommes se sont papaïsés. Ils ne sont pas pères mais juste papas, ce qui signifie : pères sans autorité de père. Elle s'imagine flirter avec un papa qui pousse la poussette avec un bébé et en porte encore deux autres, sur le dos et sur le ventre ; profitant d'un moment où l'épouse se serait arrêtée devant une vitrine, elle chuchoterait un rendez-vous au mari. Que ferait-il ? L'homme transformé en arbre d'enfants pourrait-il encore se retourner sur une inconnue ? Les bébés suspendus sur son dos et sur son ventre ne se mettraient-ils pas à hurler contre le mouvement dérangeant de leur porteur ? Cette idée lui paraît drôle et la met de bonne humeur. Elle se dit : je vis dans un monde où les hommes ne se retourneront plus jamais sur moi. »
Milan Kundera, L'Identité
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La fiction du travail...
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« J'ai lu un jour un livre écrit par un dissident soviétique. Il affirmait qu'en URSS, ce n'est pas le travail qui justifiait la construction de bureaux, mais les bureaux proliférants qui alimentaient la fiction du travail. Vous me direz : On ne peut pas comparer les situations. Et pourtant, il me semble que nous n'en sommes pas loin. Je vois d'ici tout ce qu'on pourrait m'opposer si je parlais de "fiction de travail" dans le monde qui nous entoure - si je disais que la "réalité", l' "urgence", l' "efficacité", les "défis de la complexité", ce sont des histoires que l'on fait tenir debout à grand renfort d'angoisse. Je ne suis pas sociologue, je ne suis pas philosophe, et j'aurais peut-être du mal à défendre ma position. Mais je vous assure : pour moi, le noeud du problème est bien là. Chacun raconte aux autres une histoire de travail qui n'a même pas le panache d'un beau mensonge, et tout ça rassemblé fait une rumeur qu'on vient respirer à grandes bouffées. »
Pierre Mari, Résolution
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Le Travail
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« Nous pensions alors, nous pensons toujours, mais il y a quinze ans tout le monde pensait comme nous, pensait avec nous, ou affectait de penser avec nous, il n’y avait sur ce point, sur ce principe même pas l’ombre d’une hésitation, pas l’ombre d’un débat. Il est de toute évidence que ce sont les bourgeois et les capitalistes qui ont commencé. Je veux dire que les bourgeois et les capitalistes ont cessé de faire leur office, social, avant les ouvriers le leur, et longtemps avant. Il ne fait aucun doute que le sabotage d’en haut est de beaucoup antérieur au sabotage d’en bas, que le sabotage bourgeois et capitaliste est antérieur, et de beaucoup, au sabotage ouvrier ; que les bourgeois et les capitalistes ont cessé d’aimer le travail bourgeois et capitaliste longtemps avant que les ouvriers eussent cessé d’aimer le travail ouvrier. C’est exactement dans cet ordre, en commençant par les bourgeois et les capitalistes, que s’est produite cette désaffection générale du travail qui est la tare la plus profonde, la tare centrale du monde moderne. Telle étant la situation générale du monde moderne, il ne s’agissait point, comme nos politiciens syndicalistes l’ont inventé, d’inventer, d’ajouter un désordre ouvrier au désordre bourgeois, un sabotage ouvrier au sabotage bourgeois et capitaliste. Il s’agissait au contraire, notre socialisme était essentiellement et en outre officiellement une théorie, générale, une doctrine, une méthode générale, une philosophie de l’organisation et de la réorganisation du travail, de la restauration du travail. »
Charles Péguy, Notre Jeunesse
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Leurs faciles, leurs superficielles polémiques
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« Et parce que nous avons mis non pas comme ces ouvriers des semaines et des mois mais quinze années de misère au service de la République, pour nous récompenser les politiques, les politiciens républicains nous interdiraient volontiers d’être chrétiens. Ainsi la République serait le régime de la liberté de conscience pour tout le monde, excepté précisément pour nous, précisément pour nous récompenser de ce que nous l’avons quinze ans défendue, de ce que nous la défendons, de ce que nous la défendrons encore. Pour nous récompenser d’avoir mis quinze ans de misère au service de la République, d’avoir défendu, d’avoir sauvé un régime qui est le régime de la liberté de conscience, on accorderait la liberté de conscience à tout le monde, excepté seulement à nous. Nous nous passerons de la permission de ces messieurs. Nous ne vivons pas, nous ne nous mouvons pas sur le même plan qu’eux. Leurs débats ne sont pas les nôtres. Les douloureux débats que nous avons, que nous soutenons parfois n’ont rien de commun avec leurs faciles, avec leurs superficielles polémiques. »
Charles Péguy, Notre Jeunesse
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22/09/2013
Comme Satan, "Allah aime ceux qui vont jusqu’à tuer pour sa cause."
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« En théologie chrétienne, ce n'est pas Dieu qui est cause du mal (Sagesse 11.24 ; Marc 3.24 ; Romains 5.12), mais Lucifer (Sagesse 2.24 ; voir Ephésiens-5), qui, de bon que Dieu l'avait créé, s'est lui-même rendu mauvais, "car il est menteur et le père du mensonge" (Jean 8.44). Comme Satan, "Allah aime ceux qui vont jusqu’à tuer pour sa cause." ( Coran 61.4) et exige : "Quand vous rencontrerez les infidèles, tuez-les jusqu'à en faire un grand carnage" (Coran 47.4) ; "Combattez-les. Dieu, par vos mains, les châtiera et les couvrira d'ignominie." (Coran 9.14). Allah assume la responsabilité des tueries faites en son nom (Coran 8.17). En islam, la violence est constitutive de la révélation d'Allah, la violence est divine ! Elle s'incarne en quelque sorte dans les "croyants" afin de manifester la colère d'Allah, sa puissance et sa volonté. Il n'y a donc pas à s'étonner que le Coran fasse mention d'Alexandre le Grand (appelé Dhul-Qarnayn, 18:83,86,94) : ses célèbres victoires militaires témoignent qu'il était un homme d'Allah ! Puisque c'est Allah qui crée le mal, un bon musulman pourrait-il faire autrement que faire lui-aussi le mal ? Que tous ceux qui, pour plaire à Allah, s'imaginent devoir faire le mal, se posent cette question : que feraient-ils de différent s'ils voulaient plaire à Satan ?" »
Guy Pagès, Interroger l'Islam
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Nomadisme
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« Les internautes naviguent dans les corridors virtuels du cyberworld, des hordes en rollers transhument dans les couloirs de bus. Des millions de têtes sont traversées par les particules ondulatoires des SMS. Des tribus de vacanciers pareils aux gnous d’Afrique migrent sur les autoroutes vers le soleil, le nouveau dieu !
C’est en vogue : on court, on vaque, on se mondialise. On se troue de piercing pour avoir l’air tribal. Un touriste s’envoie dans l’espace pour vingt millions de dollars. "Bougez-vous !" hurle la pub. "A fond la forme !". On se connecte, on est joignable en permanence. On s’appelle pour faire un jogging. L’Etat étend le réseau de routes : la pieuvre de goudron gagne. Le ciel devient petit : il y a des collision d’avions. Pendant que les TGV fusent, les paysans disparaissent. "Tout fout le camp", disent les vieux qui ne comprennent rien. En fait, rien ne fout le camp, ce sont les gens qui ne tiennent plus en place. Mais ce nomadisme-là n’est qu’une danse de Saint-Guy. »
Sylvain Tesson, Petit traité de l’immensité du monde
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21/09/2013
Be yourself
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C'est que l'ordre est une bonne chose et nous en avons beaucoup manqué
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« On parle beaucoup d'ordre, en ce moment. C'est que l'ordre est une bonne chose et nous en avons beaucoup manqué. A vrai dire, les hommes de notre génération ne l'ont jamais connu et ils en ont une sorte de nostalgie qui leur ferait faire beaucoup d'imprudences s'ils n'avaient pas en même temps la certitude que l'ordre doit se confon-dre avec la vérité. Cela les rend un peu méfiants, et délicats, sur les échantillons d'ordre qu'on leur propose.
Car l'ordre est aussi une notion obscure. Il en est de plusieurs sortes. Il y a celui qui continue de régner à Varsovie, il y a celui qui cache le désordre et celui, cher à Goethe, qui s'oppose à la justice. Il y a encore cet ordre supérieur des cœurs et des consciences qui s'appelle l'amour et cet ordre sanglant, où l'homme se nie lui-même, et qui prend ses pouvoirs dans la haine. Nous voudrions bien dans tout cela distinguer le bon ordre.
De toute évidence, celui dont on parle aujourd'hui est l'ordre so-cial. Mais l'ordre social, est-ce seulement la tranquillité des rues ? Cela n'est pas sûr. Car enfin, nous avons tous eu l'impression, pendant ces déchirantes journées d'août, que l'ordre commençait justement avec les premiers coups de feu de l'insurrection. Sous leur visage désordonné, les révolutions portent avec elles un principe d'ordre. Ce principe régnera si la révolution est totale. Mais lorsqu'elles avortent, ou s'arrêtent en chemin, c'est un grand désordre monotone qui s'ins-taure pour beaucoup d'années.
L'ordre, est-ce du moins l'unité du gouvernement ? Il est certain qu'on ne saurait s'en passer. Mais le Reich allemand avait réalisé cette unité dont nous ne pouvons pas dire pourtant qu'elle ait donné à l'Al-lemagne son ordre véritable.
Peut-être la simple considération de la conduite individuelle nous aiderait-elle. Quand dit-on qu'un homme a mis sa vie en ordre ? Il faut pour cela qu'il se soit mis d'accord avec elle et qu'il ait conformé sa conduite à ce qu'il croit vrai. L'insurgé qui, dans le désordre de la pas-sion, meurt pour une idée qu'il a faite sienne, est en réalité un homme d'ordre parce qu'il a ordonné toute sa conduite à un principe qui lui parait évident. Mais on ne pourra jamais nous faire considérer comme un homme d'ordre ce privilégié qui fait ses trois repas par jour pendant toute une vie, qui a sa fortune en valeurs sûres, mais qui rentre chez lui quand il y a du bruit dans la rue. Il est seulement un homme de peur et d'épargne. Et si l'ordre français devait être celui de la prudence et de la sécheresse de cœur, nous serions tentés d'y voir le pire désordre, puisque, par indifférence, il autoriserait toutes les injustices.
De tout cela, nous pouvons tirer qu'il n'y a pas d'ordre sans équilibre et sans accord. Pour l'ordre social, ce sera un équilibre entre le gouvernement et ses gouvernés. Et cet accord doit se faire au nom d'un principe supérieur. Ce principe, pour nous, est la justice. Il n'y a pas d'ordre sans justice et l'ordre idéal des peuples réside dans leur bonheur.
Le résultat, c'est qu’on ne peut invoquer la nécessité de l'ordre pour imposer des volontés. Car on prend ainsi le problème à l'envers. Il ne faut pas seulement exiger l'ordre pour bien gouverner, il faut bien gouverner pour réaliser le seul ordre qui ait du sens. Ce n'est pas l'or-dre qui renforce la justice, c’est la justice qui donne sa certitude à l'ordre.
Personne autant que nous ne peut désirer cet ordre supérieur où, dans une nation en paix avec elle-même et avec son destin, chacun aura sa part de travail et de loisirs, où l'ouvrier pourra œuvrer sans amertume et sans envie, où l'artiste pourra créer sans être tourmenté par le malheur de l'homme, où chaque être enfin pourra réfléchir, dans le silence du cœur, à sa propre condition.
Nous n'avons aucun goût pervers pour ce monde de violence et de bruit, où le meilleur de nous-mêmes s'épuise dans une lutte désespérée. Mais puisque la partie est engagée, nous croyons qu'il faut la mener à son terme. Nous croyons ainsi qu'il est un ordre dont nous ne voulons pas parce qu'il consacrerait notre démission et la fin de l'espoir humain. C'est pourquoi, si profondément décidés que nous soyons à aider à la fondation d'un ordre enfin juste, il faut savoir aussi que nous sommes déterminés à rejeter pour toujours la célèbre phrase d'un faux grand homme et à déclarer que nous préférerons éternellement le désordre à l'injustice. »
Albert Camus, (Combat, 12 octobre 1944), repris dans "Morale et Politique III", in "Actuelles I - Ecrits Politiques (Chroniques 1944/1948)"
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Il n'y aura plus de temps...
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« Dans ces instants rapides comme l’éclair, le sentiment de la vie et la conscience se décuplaient pour ainsi dire en lui. Son esprit et son cœur s’illuminaient d’une clarté intense ; toutes ses émotions, tous ses doutes, toutes ses inquiétudes se calmaient à la fois pour se convertir en une souveraine sérénité, faite de joie lumineuse, d’harmonie et d’espérance, à la faveur de laquelle sa raison se haussait jusqu’à la compréhension des causes finales...
Ces instants, pour les définir d’un mot, se caractérisaient par une fulguration de la conscience, et par une suprême exaltation de l’émotion subjective.
À cette seconde – avait-il déclaré un jour à Rogojine quand ils se voyaient à Moscou – j’ai entrevu le sens de cette singulière expression : il n’y aura plus de temps. »
Fiodor Dostoïevski, L'Idiot
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La relation au monde sera privatisée
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« La relation au monde sera privatisée, l’homme numérique gagnera sur les programmes : il verra ce qu’il veut, il fera ce qu’il veut de ce qu’il voit. Et puis, au train où va l’intelligence, la critique des médias ravira au sens commun le statut de chose au monde la mieux partagée : aucun événement n’échappant au soupçon, aucune nouvelle imprévue ne viendra plus déranger personne. Trop médiologue pour se laisser avoir, trop clairvoyant pour en croire ses yeux, le cybernaute incrédule ne reconnaîtra que les faits qui conviennent à sa croyance. La pensée sera à l’abri du donné, et alors même que tous les parcours seront possibles et toutes les options autorisées dans l’univers fluide de l’image et du texte électroniques, toutes les idées découleront de prémisses irréfutables. Chacun aura sa lubie ou son hobby, les individus se regrouperont par marottes, et, superbe paradoxe médiologique, c’est à l’époque de la communication planétaire que l’entrecroisement de logiques rigoureusement étanches remplacera le dialogue entre les hommes. »
Alain Finkielkraut, Une Voix vient de l’autre rive
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20/09/2013
Les propagandistes de la nouvelle foi
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« La chasse est ouverte. Pour les scouts de la bonne pensée, pour le petit peuple des commentateurs, biographes, universitaires, journalistes d’investigation et fabricants de thèses, c’est devenu une occupation à temps complet. Ces gens désapprouvent la chasse réelle, mais ils raffolent du gibier symbolique. Tout homme illustre, entre leurs mains, peut devenir une bête aux abois. Le nouveau monde vertueux des louveteaux de la Vigilance a en horreur les écarts de conduite des individus d’exception. Ils les dénoncent en chaire. Ils les stigmatisent. Ce sont les propagandistes de la nouvelle foi. Mouchardage et cafardage sont leurs deux mamelles. »
Philippe Muray, Exorcismes spirituels I
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Et pendant cinq à dix minutes, chaque dimanche, je croyais en Dieu...
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« Je me revois surtout, bien des dimanches, assister à la messe, et cela pendant longtemps, dix ans, vingt ans peut-être, dans tous les domiciles parisiens où le hasard m’a conduit. Au milieu des assistances BCBG, voire carrément nobles du VIIe arrondissement ; au milieu des assistances presque exclusivement africaines du XXe ; avec tous ces gens, j’ai échangé un signe de paix au moment, prévu à cet effet, de la célébration. Et j’ai prié, enfin prié ? à quoi ou à qui pouvais-je penser je ne sais pas, mais j’ai essayé de me comporter de manière appropriée "au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise". Comme j’ai aimé, profondément aimé, ce magnifique rituel, perfectionné pendant des siècles, de la messe ! "Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri." Oh oui, ces paroles entraient en moi, je les recevais directement, en plein cœur. Et pendant cinq à dix minutes, chaque dimanche, je croyais en Dieu ; et puis je ressortais de l’église, et tout s’évanouissait, très vite, en quelques minutes de marche dans les rues parisiennes. »
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Tout ce qui nous est parvenu des fêtes de Phébus et de Pan se retrouve dans les fêtes de l’Église chrétienne
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« Il y a une seule chose dans le monde moderne qui se soit trouvée face à face avec le paganisme, il y a une seule chose dans le monde moderne qui ait, en ce sens, du paganisme une connaissance directe, c’est le christianisme. Ce fait est le point faible de tout ce néo-paganisme hédoniste dont j’ai parlé. Tout ce qui nous reste authentiquement des anciens hymnes ou des anciennes danses de l’Europe, tout ce qui nous est parvenu honnêtement des fêtes de Phébus et de Pan se retrouve dans les fêtes de l’Église chrétienne. Quiconque veut tenir l’extrémité de la chaîne qui remonte réellement aux mystères païens doit saisir une guirlande de fleurs à Pâques ou un chapelet de saucisses à Noël. Pour le reste, tout dans le monde moderne est d’origine chrétienne, tout, même ce qui nous paraît le plus antichrétien. La Révolution française est d’origine chrétienne. Le journal est d’origine chrétienne. Les anarchistes sont d’origine chrétienne. La science physique est d’origine chrétienne. Les attaques contre le christianisme sont d’origine chrétienne. Il y a une seule chose, une seule existant de nos jours, dont on puisse dire en toute vérité qu’elle est d’origine païenne, et c’est le christianisme. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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Un monde sans contours, un monde sans relief
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« (La famille)c’est un roman parce que c’est un coup de dés. C’est un roman parce qu’il mérite toutes les critiques de ses détracteurs. C’est un roman parce qu’il est arbitraire. C’est un roman parce qu’il existe bel et bien. Tant que vous avez des hommes choisis rationnellement, vous avez une atmosphère spéciale ou sectaire. C’est quand vous avez des hommes choisis irrationnellement que vous avec des hommes (...) Etre né sur terre, c’est être né dans un milieu peu agréable. Etre né sur terre, c’est être né dans un milieu peu agréable, et dés lors être né dans un roman. De toutes ces grandes limitations et de tous ces cadres qui façonnent et créent la poésie et la variété de la vie, la famille est la plus définie et la plus importante. C’est pourquoi elle est incomprise des modernes qui s’imaginent que le roman toucherait à sa perfection dans un état absolu de ce qu’ils appellent liberté. Ils croient que si un homme faisait un geste, ce serait un geste inouï et romanesque que le soleil tombe du ciel. Mais ce qui est inouï et romanesque au sujet du soleil c’est qu’il ne tombe pas du ciel. Ils cherchent sous toutes les formes un monde où il n’y aurait pas de limitation, c’est-à-dire un monde sans contours, un monde sans relief. Il n’y a rien de plus abjecte que cette infinité. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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19/09/2013
Notre voisin...
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« Nous nous faisons des amis ; nous nous faisons des ennemis ; mais c’est Dieu qui nous fait un voisin. Ainsi celui-ci nous arrive-t-il revêtu de toutes les terreurs impassibles de la nature ; il est aussi étrange que les étoiles, aussi indolent et indifférent que la pluie. Il est l’Homme, la plus terrible des bêtes. C’est pourquoi les anciennes religions, et l’ancien langage de l’Ecriture faisaient preuve d’une sagesse si clairvoyante quand ils parlaient, non pas de notre devoir envers l’humanité, mais de notre devoir envers notre prochain. Le devoir envers l’humanité peut souvent prendre la forme d’un choix personnel ou même agréable. Ce devoir peut être un passe-temps, et même une distraction (…) Nous pouvons lutter pour la paix internationale parce que nous sommes des fanatiques de la lutte. Le martyre le plus monstrueux, l’expérience la plus repoussante peuvent résulter d’un choix ou d’une espèce de goût (…) Nous pouvons aimer les nègres parce qu’ils sont noirs ou les socialistes allemands parce qu’ils sont pédants. Mais nous devons aimer notre voisin parce qu’il est là. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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L’individu typiquement moderne
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« Si nous étions demain matin bloqués par la neige dans la rue où nous habitons, nous accèderions soudain à un monde beaucoup plus vaste et beaucoup plus extravagant que celui que nous avons jamais connu. Tout l’effort de l’individu typiquement moderne consiste à s’échapper de la rue dans laquelle il vit. D’abord, il invente l’hygiène moderne et se rend à Margate. Ensuite, il invente la culture moderne et se rend à Florence. Puis il invente l’impérialisme moderne et part à Tombouctou. Il va jusqu’aux confins fantastiques de la terre. Il prétend chasser le tigre. Pour un peu, il se déplacerait à dos de chameau. Mais dans l’ensemble, il ne fait que fuir la rue où il est né, et il est toujours prêt à justifier cette fuite à sa manière. Il dit qu’il fuit sa rue parce qu’elle est triste : il ment. En réalité, il la fuit parce qu’elle est beaucoup trop passionnante. Elle est passionnante parce qu’elle est astreignante, et elle est astreignante parce qu’elle vit. Il peut visiter Venise parce que pour lui les Vénitiens ne sont que des Vénitiens, alors que les habitants de sa propre rue sont des hommes. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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Mettre un homme à l’aise, c’est le rendre le contraire de sociable
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« Quand Londres était plus petit et que ses quartiers étaient plus indépendants et attachés à une paroisse, le club était ce qu’il est encore dans les villages, le contraire de ce qu’il est devenu dans les grande villes. On appréciait alors le club comme un endroit où l’homme pouvait faire preuve de socialité. A mesure que notre civilisation s’étend et devient complexe, le club cesse d’être un endroit où un homme peut avoir une discussion bruyante, pour se transformer de plus en plus en un endroit où un homme peut, comme on le dit s’une manière assez extraordinaire, "manger un morceau en toute tranquillité". Son but est de mettre un homme à l’aise, et mettre un homme à l’aise, c’est le rendre le contraire de sociable. La sociabilité, comme le reste des bonnes choses, est pleine de désagréments, de dangers, et de sacrifices. Le club est propice à la plus décadente des combinaisons : l’anachorète voluptueux, l’homme chez qui se mêlent le sybaritisme de Lucullus et la solitude démente de Saint Siméon Stylite. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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18/09/2013
Leur étroitesse d’esprit est l’étroitesse d’une cohérence et d’une satisfaction spirituelle, comme il en existe en enfer
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« Dans toutes les sociétés humaines étendues et hautement civilisées se créent des groupes fondés sur ce qu’on appelle la sympathie, qui excluent plus brusquement le monde réel que les grilles d’un monastère. Il n’y a rien de véritablement étroit dans le clan ; ce qui est vraiment étroit c’est la clique. Les hommes d’un même clan vivent ensemble parce qu’ils portent le même kilt ou descendent de la même vache sacrée ; mais dans leurs âmes, en vertu du hasard divin des choses, il y aura toujours plus de couleurs que dans n’importe quel tissu écossais. Alors que les hommes d’une même clique vivent ensemble parce qu’ils ont le même genre d’âme, et leur étroitesse d’esprit est l’étroitesse d’une cohérence et d’une satisfaction spirituelle, comme il en existe en enfer. Une grande société existe afin de former des cliques. Une grande société est une société où l’on favorise l’étroitesse. C’est un mécanisme dont le but est de prémunir l’individu solitaire et sensible contre l’expérience des transactions amères et fortifiantes de l’humanité. C’est, au sens le plus littéral, une société pour la prévention de la connaissance chrétienne de l’humanité. »
Gilbert Keith Chesterton, Hérétiques
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