01/07/2008
Peter Night Soul Delivrance... suite...
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Trois articles sur Peter Night Soul Delivrance... dont je vous avais déjà parlé dans un article précédent...
Cliquez sur les photos pour que ça s'ouvre en plus grand...
Et puis découvrez Peter Night Soul Delivrance par la bouche de Bips (le créateur du label musical High Jab Records et ex manager de Venice)... et surtout de Pierre "Peter Night" Chevalier (Guitariste/Chanteur et leader du groupe), en interview avec extraits de morceaux... pour l'émission "Focus" sur Radio Graf'hit......
en fichier mp3... ICI : émission "Peter Night Soul Delivrance sur Radio Graf'hit"(.mp3)
Comment ? Vous n'avez pas encore acheté leur disque ? Vous me fatiguez... Allez, putain... on se retire les doigts du cul... on prend son chéquier... ... vous faites un chèque de 10€... c'est bien modeste... à l'ordre de l'Association "Groovy-Times" ! Et vous l'envoyez à l'adresse suivante :
Association "Groovy-Times!"
155 rue des Larris
60650 Le Mont St Adrien
Sans oublier de préciser votre adresse pour recevoir la galette. Ok ? Et arrêtez de vous plaindre à propos de votre pouvoir d'achat...
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29/06/2008
Attaque Radicale...
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22/06/2008
Daniel Darc : Psaume 23
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Découvrez Daniel Darc!
"1 Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
2 Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
3 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.
4 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
5 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
6 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours."
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Pour Scheiro... Neil Young...
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17/06/2008
Tout va très bien Madame la marquise...
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Pour faire écho à la note d'XP, je reprends son texte et y adjoins un film...
Voici ce qu’on pouvait lire dans le « Testament » d'Adolf Hitler, rapporté par Martin Bormann lui même au quartier général du Fürher, du 4 février au 2 avril 1945, préfacé par François Genoud :
« Tout l'Islam vibrait à l'annonce de nos victoires. Les Égyptiens, les Irakiens et le Proche-Orient tout entier étaient prêts à se soulever. Que pouvions-nous faire pour les aider […], comme c'eût été notre intérêt et notre devoir. La présence à nos côtés des Italiens […] créait un malaise chez nos amis de l'Islam [elle nous] a donc empêché de jouer l'une de nos meilleures cartes: soulever les pays opprimés par les Britanniques. Cette politique aurait suscité l'enthousiasme dans tout l'Islam. C'est en effet une particularité du monde musulman que ce qui touche les uns, en bien ou en mal, y est ressenti par tous les autres, des rives de l'Atlantique à celles du Pacifique. […] les peuples régis par l'Islam seront toujours plus proches de nous que la France, en dépit de la parenté du sang. […]. La France et l'Italie [ont empêché] l'Europe de faire une audacieuse politique d'amitié à l'égard de l'Islam. »
Adolf Hitler (cité parMartin Bormann)
Tout va très bien Madame la marquise...
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14/06/2008
Une chance pour la France
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Franchement, je crois que c'est une jeunesse vraiment désoeuvrée et qu'il faut la comprendre et lui tendre
20:25 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (22) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/06/2008
Mai 1968... Mai 2008... Tout un programme...
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Pris sur le site Royaliste, Les épées...
Le programme en quelques siècles
On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,?
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme?
Au nom de la Raison,?
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l’Amour?
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot?
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots
On supprimera le Sublime?
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint?
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit,?
Au nom de la Matière,?
Puis on supprimera la matière.
Au nom de rien on supprimera l’homme;
On supprimera le nom de l’homme ;
Il n’y aura plus de nom ;
Nous y sommes.
Armand Robin - Les Poèmes indésirables, 1945
Et puis histoire d'en rire pour ne pas devenir dingue...
Pris, également, sur le site Royaliste, Les épées...
20:45 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (4) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Cohorte
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=
Parfois, comme ce jour, me reviennent ces lointains souvenirs, telle une cohorte bariolée et sanglante, un défilé de fantômes, mes frères passés d’un instant perdu dans les limbes de la destruction, avec lesquels j’ai partagé des dérives creuses, des naufrages plein des rêves éteints, des espoirs futiles. Stéphane M., Guy D., Kiki (guitariste prometteur), Gauge, Gros Bob, Tifton, Titi (batteur de métal redoutable), Pupuce, Mingo, Milo, David B., Jean-Michel D. (guitariste avec moi au sein d’un groupe de hard rock pendant six mois), et tous ceux que j’ai oubliés qui m’apparaissent, parfois, subreptissement, malgré moi, sans que je saches pourquoi, et, enfin, tous ceux dont j’ai oublié le nom mais dont les visages sont restés gravés sur le celluloïde de ma mémoire. Une bande de pirates nocturnes, d’agités du bocal, de « dingues et de paumés », de déglingués de la vie. Toujours dans des piaules sordides, sombres et sales, humides, puantes et enfumées. Fournaise de joints et aiguilles semeuses d’éclairs. Pilules et buvards. Acides de toutes sortes. Alcools qui rendent fou. Et même tout en même temps. Tous sont morts. Overdose, Sida. La déchéance spectaculaire projetée sur nos écrans argentés étalée dans nos médias vampires ne présente au grand public que la partie visible de l’iceberg de la souffrance. Comment ai-je fait pour survivre à cette longue chute de deux longues années ? 1983-1985. Est-ce ma bonne étoile ? Dieu existe-t-il ? Ai-je été touché par une grâce céleste ? Couché sur des matelas aux tâches douteuses, de sang, de foutre, de sueur et d’urine, tandis que mes compagnons d’infortune refaisaient le monde guère mieux que des piliers de comptoirs, c’est-à-dire capables de s’enterrer dans les plus sordides certitudes avant de briller quelques instants en se surprenant eux-mêmes, moi, de corps présent mais d’âme absente et alors que mes yeux les fixant leur signifiaient mon accord de principe, mon regard, en vérité, basculait progressivement vers les territoires intérieurs où, en secret silence, je radiographiais mes cellules, mes neurones, mon système lymphatique et musculaire, équarrissais mon âme que je suspendais aux crocs de ma boucherie interne. Géographe de mes viscères, de mon foie, de mon cœur, de mes poumons, de ma bite accrochée à mes bijoux de famille. Cartographe de ma colonne. Explorateur de ma moelle. Curieusement je n’ai pas désintégré mon esprit. Mon âme vivante. Je n’ai pas anesthésié mes énergies dans cette longue et éblouissante liturgie personnelle. Hallucinante théologie. Cosmogonie écarlate. Quel outrage que cette comète qui fut la mienne. Six heures du matin, quatorze heures : sommeil profond. Après-midi entières passées à la bibliothèque à lire comme un pèlerin possédé par le Verbe. En début de soirée un unique repas de la journée : des pâtes et des œufs au plat. Ma mère me faisant la guerre ne faisait plus aucune course. Les meubles de la cuisine étaient désespérément vides mais je me débrouillais. Il y a prescription. À partir de 20h, la nuit une fois installée, je m’enfonçais dans la jungle des fièvres futuristes et antiques avec mes frères de défonce. À la maison vers 2 ou 3h du matin, j’écrivais jusqu’à ce que l’exorcisme et la catharsis réduisent mes forces à néant. Alors je sombrai comme un cadavre au fond de mes abysses. Mais au réveil je trouvais sur la table de ma chambre les feuilles et les cahiers dans lesquels gisaient des quartiers de viandes : mes mots concrets que je pouvais sentir, toucher, sucer, mâcher et même vomir jusqu’aux larmes. Bah ! Que les souvenirs demeurent mais que la chasse se poursuive.
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12/06/2008
Homme précaire
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=
« Combien d’œuvres avons-nous choisies, ou par combien d’œuvres avons-nous été choisis ? »
André Malraux, L’Homme précaire et la littérature
« L’Homme précaire » s’adonne, entre autres choses, à la littérature. Elle donne à chaque plume l’orientation adéquate correspondant à chaque caractère par une sorte de distanciation avec la Réalité afin de saisir le Réel. On se doit de s’emparer de cet Ordre qui est innommable, tel le saint tétragramme.
Ecrivant, je ne souhaite être le guide de personne, perdu que je suis sur mon propre chemin. Mais si mon lecteur pouvait user de ma modeste contribution en guise de boussole et de carte, j’en serai ravi. Car quel chemin prendre ? Je ne sais. Par contre, savoir les divergences, les contradictions des chemins ainsi que leurs nœuds aux carrefours et tendre à les résoudre est la seule manière pour demeurer sur et dans LA Voie. Correspondances. Ainsi, où que l’on aille, on sort de la brume de la noire forêt et on s’avance, éclairé par les éclairs de l’orage, vers le soleil du Grand Midi.
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11/06/2008
The Violet Burning... Is Jesus a Punk Rocker ?
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
"...As a young punk rock, drug addict I challenged God one day to prove to me that He was real. You see, for me, I cannot believe in something that is not real. And so I asked Him from the depths of my heart to prove Himself to me, to forgive me of my sins, and to change my heart. And in that moment I could feel a flood well up within me [and] I remember falling to my knees and weeping for days...."
Michael Pritzl, guitariste, chanteur et leader du groupe The Violet Burning.
Cliquez et écoutez l'album "This is the moment"... c'est pas compliqué...
Puis... achetez l'album : Là, par exemple...
The Violet Burning : Le Site officiel
The Violet Burning : Sur MySpace
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Réel
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=
Lorsque le Réel se donne à voir, il est explosif et transfigurant.
Souffrance, si je te murmure, c’est comme pour te mettre sous une roche, mais tôt ou tard tu te manifestes à nouveau et me délabres, me dévastes, comme une demeure offerte à un ouragan. Cyclone de l’Equateur, la jungle à même la mer, océan de l’inconscient scrutateur. Etuve de ma mémoire blessée, bordel de mes déraisons nocturnes. Trois heures du matin devant ma page qui exige sa pitance. Irina dort d’un sommeil profond. Les dalles de béton qui nous portent sont celles d’un caveau paisible. Une barre HLM parmi tant d’autres, perdues à l’horizontal dans leurs verticalités orgueilleuses. Le ciel tourne au-dessus de nous comme un malheur et une espérance. Nous sommes vivants.
« Le milieu physique où nous vivons nous tous ceux du Soleil, est le pus qui convient aux bactéries que nous sommes. »
Louis Scutenaire, Mes inscriptions. 1943-1944
Me frayer au milieu de tout ça par l’écriture, comme par un repli sur soi en même temps qu’une ouverture qui est intrusion. Le sens de LA Présence je le trouve en un Exil Absolu et l’encre de mes spasmes est un acide corrosif. Une fois l’impossibilité d’exister digérée on peut tout prendre et le mettre en abîme, c’est-à-dire chercher à voir ce qui tient la route et ce qui glisse et s’échappe comme des couleuvres. Je sais jouir dans la négativité, ma jeunesse en est la preuve, mes jours actuels aussi dans une certaine mesure c’est que je ne me dérobe pas à ce que décrit Louis Scutenaire.
03:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
10/06/2008
Caravane
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« L’état de ce monde me révulse, m’indigne, me déchire, et c’est mieux que l’indifférence, mais rien ne sera changé si je n’entre pas dans la compassion. »
Christiane Singer, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Mais nous aurons nos querelles, nos massacres, nos envolées festoyantes, nos râles ravalés jusqu’à la nausée ultime, jusqu’à ce que la terre transformée par nos soins en désert nous prenions la décision de former une caravane pour le traverser et partir à la recherche de LA Présence qui est, pourtant, à portée de main.
17:50 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Issues secrêtes
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Notre époque est paradoxale. Elle est lourde et rapide. Et elle est d’autant plus lourde et rapide qu’elle est violente dans l’abjection la plus totale. Les issues secrètes, dont je parlais hier, sont des expériences musicales intérieures. Notre époque est wagnérienne, pathologique, bruyante. L’issue secrète est mozartienne, un feu qui brûle mais ne consume pas, purifie.
10:51 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (4) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
09/06/2008
La Glèbe en nous...
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L’Homme ne serait-il réduit qu’à n’être qu’une statistique, un chiffre binaire codé dans la Matrice qui l’a chié ?
« Les droits de l’homme ne nous feront pas bénir le capitalisme. Et il faut beaucoup d’innocence, ou de rouerie, à une philosophie de la communication qui prétend restaurer la société des amis ou même des sages en formant une opinion universelle comme « consensus » capable de moraliser les nations, les États et le marché. Les droits de l’homme ne disent rien sur les modes d’existence immanents de l’homme pourvu de droits. Et la honte d’être un homme, nous ne l’éprouvons pas seulement dans les situations extrêmes décrites par Primo Levi, mais dans des conditions insignifiantes, devant la bassesse et la vulgarité d’existence qui hantent les démocraties, devant la propagation de ces modes d’existence et de pensée-pour-le-marché, devant les valeurs, les idéaux et les opinions de notre époque. L’ignominie des possibilités de vie qui nous sont offertes apparaît du dedans. Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer avec elles des compromis honteux. Ce sentiment de honte est un des plus puissants motifs de la philosophie. Nous ne sommes pas responsables des victimes, mais devant les victimes. Et il n’y a pas d’autre moyen que de faire l’animal (grogner, fouir, ricaner, se convulser) pour échapper à l’ignoble : la pensée même est parfois plus proche d’un animal qui meurt que d’un homme vivant, même démocrate. »
G. Deleuze, F. Guatari, Qu’est-ce que la philosophie ?
C’est l’enfer sur terre. « Tout ce qui est en haut est en bas. Tout ce qui est en bas est en haut. » dit la sapience des alchimistes. Et l’Enfer, ici-bas, est bien implanté : Ignorance revendiquée, répétition programmée, lourdeur inconsciente, esclavagisme du corps soumis au puritanisme ou à la jouissance orgiaque (ce qui est la même chose), mensonge généralisé, absence de sortie (« s’il y avait une sortie, je l’aurais trouvée » disait espièglement Emile Michel Cioran). Quelques issues secrètes ici et là, données aux pèlerins seuls, issues pleines de promesses paradisiaques. Car c’est un voyage que peu assument. Un souffle intérieur qui vient gonfler la voile et même immobile, le monde dans son intégralité vient tourner autour de nous, yeux clos et souriants, regard pur et attentif. Pleinement Homme, l’espace d’un brin d’éternité. Printemps ensoleillé dont nous voudrions faire passer la lumière à travers les murs de la Citadelle grise et sanglante de ces hommes binaires qui ont oublié leur glèbe en eux.
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04/06/2008
Bo Diddley
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Ellas Otha Bates McDaniel dit "Bo Diddley"... 30 Décembre 1928 - 2 Juin 2008
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Clergé
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=
Je ne saurai dire avec précision, pris de court, pour quelle raison précise j’écris toutes ces lignes. Je pourrais, bien sûr, en me penchant sur la question élaborer une suite de réponses diverses fusionnées en une sorte de réponse générale unique et étayer mes propos par des allusions à la purge, à l’angoisse existentielle et métaphysique, à la volonté de poser des questions et de tenter des percées par des réponses créatrices, progressivement, de valeurs nouvelles au fil des ans et des pages tracées dans la fièvre et la brume. Mais je sais que j’écris pour survivre et avoir suffisamment de forces pour m’aménager des instants de pure vie bienheureuse. J’écris, surtout, pour les bienheureux, la vérité est là. Les bienheureux inquiets. Ceux dont le front se plisse devant le précipice du cosmos, mais qui dansent de joyeuses prières face à lui. Poètes qui s’assument ou s’ignorent, musiciens sachant jouer et même, mieux, composer sur le clavier de l’Être, sur la guitare du Réel, sur la harpe de la Création qu’ils transcendent de leurs notes. J’écris, donc, pour les insoumis légers, les rebelles propices à la valse.
Les incultes pénétrés d’eux-mêmes, les sinistres mondains « people », les certains de leur merde, les assurés sentant la naphtaline, les pétitionnaires ambitieux, les politicards rayonnants, les éditeurs véreux, les journaleux à l’âme propre, les universitaires bilieux, les révolutionnaires bobos, les médiatiques cancéreux, les moralistes immoraux, les affairistes littéraires, les religieux sclérosés, les apocalyptiques de la haine de soi, les pétainistes masqués, les fascistoïdes populistes, les démocrassouillards humanitaristes, les rancuniers vengeurs, les sacraliseurs de la chair, les contempteurs du corps, les peine-à-jouir, les employés grisâtres, les déprimés contaminants, les militants de gôche et les militants de drouâte, les féministes couillues et les tapettes castrées, bref… tous les membres du clergé nihiliste : passez votre chemin. À moins que vous ayez pris la décision du risque de la métamorphose radicale, vous ne trouverez dans mes mots que vos propres marécages plutôt que mon haut soleil. Car c’est trop vous demander que d’apprendre à lire. Lire, à vos yeux, est une perte de temps. Lire, vous vous en passez à merveille. C’est votre force. Vous ne vous consacrez qu’à vos réseaux, votre domination ou votre soumission. Votre contrôle. Votre Golem abstrait, votre Big Brother virtuel tellement présent, comme le Diable. Vous aimez que ça fourmille, que ça s’agite, que ça sautille, dans la fureur, la violence ou la paix calculée, qui n’est pas moins violente. Un géant de fer et d’acier et de câbles de communication aux pieds d’argile, avec entre les jambes un petit pénis ridicule mais, juste en dessous, une chatte béante, puante et pondeuse de clones, pondeuses de bruit, pondeuse de mauvais livres, de pitoyables films, de tableaux insignifiants, de pensées obtuses, d’artifices sans culture, de mort. De mort vers laquelle nous devrions l’encourager à aller se dissoudre, ô Matrice purulente.
La solitude de l’écrivain, la solitude de l’artiste, est récupérée par la jolie société qui est la nôtre sur le mode de la sacralisation de sa souffrance. Mais peu sont ceux qui parviennent à en lire la profondeur, à en éprouver l’ardeur, à en mesurer le poids. Un poids qui est celui d’une croix. Les crucifixions emmerdent notre époque qui se rêve propre et bien portante (grand bien lui fasse), puritaine elle abhorre les purs. L’antisémitisme supposé d’un film magnifique comme La Passion de Mel Gibson n’a été mis en avant que pour masquer le vrai problème : le dégoût que la croix, en tant que telle, inspire : instrument de supplice et de rédemption non assumé.
Méfiance. Le nihilisme qui consiste aussi à nier l’instinct violent, l’agressivité dans la sphère clinique du politiquement correct qui nous sculpte et nous domine finira par entrainer une violence et une agressivité supérieures à tout ce qu’a vécu le Christ, ont écrit Sade, Bataille ou Artaud. Le clergé aime à organiser et entretenir avec une constance volontaire l’abandon de ses ouailles à la servilité ambiante, à l’angoisse et à la dépression, à l’incapacité de regarder la mort en face.
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03/06/2008
Le déplacement immobile du point
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« La première éjaculation d’un môme est le premier signe de la mort. »
Léo Ferré – Benoît Misère
Je cherche encore le sens profond de ce lien intime entre Eros et Thanatos. Quand on jouis on meurt un peu, mais quand on meurt est-ce qu’on jouis ? Je cherche à voir ce qui m’inclut afin d’inclure ce qui m’inclut. Expérience Dantesque. Voir tout et me voir tel que je suis vu, avec cet éloignement, dans le tout. Le déplacement immobile du point. Je marche pieds nus le long du rebord de mes phrases.
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Etuve...
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Tenir le cap, garder l’œil sur l’étoile, au milieu de ces métamorphoses. S’il faut mentir : mentir adroitement. Je me suis rasé la barbe et ayant vu le visage qui a émergé dans le miroir j’ai eu du mal à lui conférer un sens. Systématiquement, de me regarder dans les yeux convoque mes ombres, mes fantômes, mes illusions. Si je m’élève par la pensée dessus la ville, j’en vois les lumières pâles, à travers son nuage de pollution, qui transpercent les flancs de l’air et fument. Un tas doré d’ordures en fermentation avancée. S’il faut mentir : mentir adroitement, pour mettre à jour la vérité. Tenir le cap, garder l’œil sur l’étoile, au milieu du chuintement des vagues qui rend fou. Fixer les impressions qui viennent de loin avant qu’elles ne s’évanouissent dans l’âtre que je tisonne. Écrire. La valse des ombres tourbillonne comme des sheitans masqués en derviches tourneurs malsains, sans pivot, sans autre but que la noirceur. Je croupis dans mon étuve, emplis de dards empoisonnés. Plus de 42 années d’ampoules et de cornes aux pieds.
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02/06/2008
Rien II
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Peu, si peu. Si peu de forces. Si peu d’argent. Si peu de rêves. On croit faire sa vie mais c’est la Vie qui nous fait. Parfois mangeant je m’aperçois que c’est la nourriture qui me mange. Vaste sphère, le monde est devant moi. C’est ce qu’on croit. Mais c’est moi qui suis en le monde. La lumière vient se casser contre les murs. Naufrage. Que m’offre donc la vie ? Je ne sais. C’est, en vérité, à moi de lui faire des offres. Le ciel pèse sur tout, sur les arbres, sur les hommes, sur les chiens. Comment parvenir à faire basculer le jour en ma faveur ? D’y songer en cette aube de désastres, me donne la fièvre. Quand je perds pieds dans mes instants de désordres intenses, je m’aménage ma solitude en faisant grincer ma mémoire. La continuité cohérente des reliefs continentaux se trouve brisée lorsque on est face à l’océan. Et ma mémoire est un océan. À s’y noyer.
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01/06/2008
Rien
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Le monde est un lieu funeste dont s’est emparé un esprit de vertige, d’ivresse et de violence. Sodome, Gomorrhe, Babel fusionnés sur toute la face de cette misérable planète.
Début Juin dans cette opacité, cette brume. Ce ciel d’acier, bas, oppressant. Dans le cercle quotidien à l’incertaine pâleur. Reflets d’ardoise sur des murs de craie et d’aluminium. Thé et whisky. Tabac. Lectures possédées. Conjuration du temps contre ma carne. Je retournerai à la poussière dont cette farce fut tirée. Que restera-t-il des mots tracés par les hommes pour défaire la conjuration en question ? Que signifie la pensée humaine de l’autre côté des étoiles des Pléiades ? Même les massacres, les orgies, les génocides, les cathédrales, les pleurs d’enfants, les gémissements solitaires, les odes de Novalis, les Nations, les Empires, la syphilis de Nietzsche, la main gauche de Ravel, la jambe de Rimbaud. Ce souffle qui fouille la chair, la tend la taille, la coupe, la cisaille en tous sens pour s’emparer de l’âme secrète qu’elle renferme et lui donner le don d’avaler toutes les couleuvres de la condition humaine, toutes les angoisses de la terre et les porter à l’incandescence expiatrice dans l’Athanor intérieur des supplices existentiels. Gangrène. Putréfaction. Fumier propice à l’émergence des fleurs les plus délicates.
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22/05/2008
Ce qui est rare est précieux... Je sais de quoi j'parle.
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Peter Night Soul Deliverance : Seven
« Dans le lointain, pareille à une perle parfaite, on peut apercevoir la cité de Dieu. C’est si merveilleux qu’il semble qu’un enfant y pourrait parvenir en un jour d’été. » Oscar Wilde, De Profundis
« La musique n’est rien d’autre que la haie vive de notre jardin intérieur. » Philippe Lacoche
Ce qui est rare est précieux.
Imaginons un diamant, gros comme un poing, ciselé avec savoir-faire, en son centre transparent le miracle d’une émeraude et, sur chacune de ses faces une pointe d’or pur. L’objet placé devant une lumière, rideaux tirés, nous aurions un concert de reflets vifs et chatoyants qui se répercuteraient du sol au plafond, projetant sur les murs les oraisons déraisonnables d’un artifice singulier. Certes, il est aussi des objets plus communs qui parviennent à nous émouvoir jusque dans leur banalité, mais je suis de cette race éprouvant le besoin de la constance tragique dans la quête d’une sensation toujours fraiche, neuve mais creusée par un principe répondant à une filiation.
Voilà quelles pensées me sont venues à l’écoute du disque de Peter Night Soul Deliverance. Depuis que mon ex-Manager, Bips, m'a fait parvenir la galette, le disque m'entraîne à chaque écoute vers de voluptueuses errances intérieures auxquelles je m'abandonne avec délectation et que je renouvelle sans lassitude. Dès les premiers accords de guitare plaqués avec une assurance détachée sur une assise rythmique soudée, on se surprend à prendre des pauses de dandy blasé qui, ô miracle, trouve soudain un sujet pour réanimer son étonnement éteint.
« I Feel all right,
I lick the blood on your razor blade,
All night, All day ».
Gangue du pantalon clean à proximité de l’épiderme, et grand col de chemise relevé couronnant les épaules ceintes par une veste, la cravate noue la pomme d’Adam et indique l’endroit où le couperet se doit d’exercer son office. Les rêveurs d’outre-tombe ont de l’allure.
Peter Night Soul Deliverance
7 gemmes urbaines tombées du ciel ouvrent une porte qui vient dénouer les nerfs en offrant un large espace ouvert sur des possibles éthériques qui s’incarnent par les notes cisaillées. Même les cernes deviennent souriants et la fournaise de l’alcool devient eau baptismale. Ceci est la réalité, non un rêve. L’attaque sonore est furieuse mais les angles sont arrondis avec grâce et avec style, les ponctuations sont des souffles rétractés avant l’espoir sauvage inspiré. Car la musique de Peter Night Soul Deliverance est élégante, vous l’aviez deviné. Elégante et intègre. Le rock and roll est à l’agonie mais il conserve jusqu’au bout l’allure de la distinction quand bien même il soupçonne sa fin annoncée par les vertueux depuis sa naissance.
Pierre "Peter Night" Chevallier : guitar/lead vocals
Paul Morand écrivait dans son dernier livre, « L’allure de Chanel » évoquant la grâce volontariste de Coco : « L’abrupt du caractère de Chanel, le précis de son tour de main ou de ses phrases, le sommaire de ses aphorismes tombés d’un cœur de silex, débités par le torrent d’une bouche d’Euménide, sa façon de donner et de reprendre, d’offrir des cadeaux comme des gifles… » Voilà qui sied à merveille à Peter Night Soul Deliverance, car ce qui est rare est précieux.
Il y a dans le son de ce groupe comme un cynisme salutaire et joyeux. Lisez-moi bien. Je ne parle pas de ce cynisme post-moderne qui n’accorde plus la moindre importance aux faits et aux choses composant la trame sanglante du monde, au point de rire des charniers comme des blagues du dernier comique troupier en date avec la même ferveur. Je parle de ce cynisme qui autorise encore, face à la crise générale qui secoue la planète de soubresauts néfastes, de sourire en dansant. Un cynisme, donc, salvateur, à la Pete Townshend, un sens du détail à la Bowie première époque (« Perfect Beauty»), un condensé mélodique qui flirte agréablement avec les frères Davis ou Paul Weller (« Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault »), une énergie digne d’Elvis Costello et Joe Jackson à leurs débuts (« Lonely Birthday »), voire même Bob Mould ou son groupe Sugar (« Real Life »). De quoi nous mettre immédiatement dans ce flux de moins en moins présent dans le paysage musical pop & rock actuel, tellement la Ténèbre envahit tout et, aussi, tellement chacun aime à se faire envahir par elle pour en jouir sordidement. J’ai songé aussi aux Byrds mais ayant abandonné leurs guitares acoustiques à la maison pour se saisir de quelques Fender et amplis Vox boostés par une testostérone sous contrôle. J’ai pensé également à la luminosité New Yorkaise du Paul Collins' Beat.
Emmanuel « The Golden Fleece » Gyr : Drums
King Size, groupe ou évoluait précédemment le bassiste Philippe « The Rev’ » Nicole, laissait un goût plus désabusé dans leur musique et ce malgré une énergie pleine de positivité. C’est que plus de 20 ans de routes, de bars enfumés, de cachets misérables, ça vous forge les nerfs selon une tendance qui peut vite rendre aigri. Et je sais de quoi je parle. Mais The Rev’ n’est pas devenu aigri, sa basse, ronde et légère, se click parfaitement avec la batterie percussive de Emmanuel « The Golden Fleece » Gyr, revenant vers un jeu plus soyeux, proche de ses origines, avec un tissage doré. Le trio, puisqu’il s’agit d’un trio, mené par Pierre « Peter Night » Chevallier à la guitare et au chant, donne l’impression d’être solide et confiant. Le parti pris de chanter en anglais ne souffre pas d’un mauvais accent, chose fondamentale à mes oreilles en pays de franchouillardise et signe de maîtrise certaine ainsi que preuve de bon goût. Seule critique négative que je veux émettre, non pas pour casser ce groupe majestueux, mais pour les pousser vers le haut : l’accent sonne tellement bien que par moment, si on se concentre sur le sens des mots, on a l’impression que ça chante en « yahourt ». Il faudrait articuler les mots, Peter, car ceux-ci ont leur importance et il est plaisant, pour qui pratique un peu la langue de Shakespeare, de comprendre ce qui est raconté. Si le bassiste fut un ancien King Size et le batteur un ex-Curfew, groupe que je n'ai pas eu la chance de connaître sur la Picardie, le chanteur/guitariste a déjà tiré quelques cartouches conséquentes au sein des Jekylls, formation rock garage qui vint, au bon vieux temps d'Ithaque (nom du studio de répétition et d'enregistrement de Venice) enregistrer chez nous quelques titres et s'empresser en dignes réactionnaires de presser un vinyle 45 tours en lieu et place d'un CD. Stratégiquement, en pleine décennie 1990, c'était un suicide... mais quelle classe quand j'y repense. « L'orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir. » disait Rivarol. Et j'aime cet « orgueil de fous » qu'a si bien dépeint Jean-Paul Bourre.
« Burn all the matches
That might ever fire her skin
Mister Lucky
I'd like to smash your head in».
Ecouter Peter Night Soul Deliverance c’est comme se retrouver dans l’œil du cyclone. Partout ça s’égorge et ça se tasse, ça s’amoindrie et ça s’enchaîne. Et là, au centre de la roue apocalyptique, les fastes d’une vraie fête se déploient : on peut rire et danser comme un funambule fou sorti du Zarathoustra de Nietzsche ou du livre de Jean Genet. On a encore un peu de temps pour sourire et s’aimer avant la reprise des grands vents destructeurs. « Dehors, c’est le bruit discordant, c’est le désordre ; dedans, c’est la certitude généalogique qui vient des millénaires, la sécurité de se savoir lié dans une sorte d’usine où se forgent les jeux précis qui servent l’exposition solennelle de vous-mêmes, qui préparent la Fête. Vous ne vivez que pour la Fête. » Jean Genet, Le Funambule.
Curieux comme des mélodies aussi sucrées parviennent à toucher leur cible. Ici, moi en l’occurrence. Elles rééquilibrent véritablement et donnent envie de tendre vers un ciel solaire, dessus un océan calme, la sérénité acquise pour un court moment. Bien entendu, après ces 7 chansons enfilées comme autant de perles distinguées autour d’un fil d’argent on a qu’une seule envie : rappuyer sur « play » pour prolonger le bonheur éphémère. Et au bout de trois ou quatre écoutes on en vient à espérer un album avec le double de chansons, en format court, à l’ancienne, une quarantaine de minutes, pas plus, car ce condensé de temps serait une belle porte dérobée, rosée matinale plus que nocturne, la musique de Peter Night Soul Deliverance évoquant plus l’aurore que le crépuscule. Un album, donc, messieurs, au plus vite, avec uniquement des chansons nouvelles, histoire que les gens de goût puissent se pâmer en tirant des bouffées sur leur fume-cigarette et en réajustant leur bouton de manchette avec la désinvolture qui s’impose. Une désinvolture digne de George Brummel ou de celui que Lamartine nommait "l'archange du Dandysme", Alfred Comte d'Orsay. Ceux qui considèrent que le Rock ne peut être adulte devraient tenter de comprendre que cette forme de musique populaire peut également donner naissance à des singularités majeures et qu'à l'écoute de leurs oeuvres on se retrouve soudain en charmante compagnie, Syd Barrett et Liszt, Barbey d'Aurevilly et Scott Weiland, Jimi Hendrix en veste de hussard et chemise à jabot et Baudelaire en costard élimé tentant d'en cacher l'usure. Cénacle. Car l'élégance est menacée tant dans l'allure de ces curieux "saints" que j'évoque rapidement que dans l'Art de plus en plus écrasé. Et donc dans la musique.
« Went to the store
For a half of champagne
They only had beer
So i’ll drink up my pain ».
Du vécu vous dis-je.
Philippe « The Rev’ » Nicole : bass & backing vocals
A propos du MC5, l'écrivain Norman Mailer avait eu ces mots : « Des montagnes explosent sous un holocauste de décibels, des cœurs éclatent, c’est le son de la mort par implosion. »
Prenez la même puissance salutaire, mais avec une maîtrise que n’avaient pas les cinglés du Michigan (se retrouvant bien souvent, du coup, au bord de la déroute bordélique, la bérézina sonore), la même énergie insufflée de mélodies beatlesques et sculptée dans un format « pop » dépassant rarement les 3 minutes, bordée de guitares saturées mais florales, grinçante mais joyeuses (même sur les morceaux nostalgiques, « I Am The Snowman ») et vous êtes en face d’un petit bijou annonciateur, je l’espère, d’une œuvre à venir qui nous ravira nos feuilles de choux (bonjour Gainsbourg). Rien de moins. Et je suis réputé difficile. J’ai des goûts d’initié. J’ai l’jugement sévère. J’suis un aminche des hautes sphères. Si j’étais millionnaire, de temps à autres pour me détendre les nerfs, j’achèterais des caddies remplis de disques mauvais sur lesquels se paluchent nos chers « critiquailleurs » bobos de la presse dite spécialisée, et je les exploserais au fusil en plein vol en écoutant non pas les MC5, ça ferait « cliché », mais bel et bien Peter Night Soul Deliverance, en sirotant non pas une bière au goulot mais en dégustant une flute de champagne bien frappé. « Avant de la quitter, il faut user la vie. Le moment d'être sage est voisin du tombeau. » écrivait André Chénier dans ses Élégies.
Du coup, pour Peter Night Soul Deliverance la citation de Norman Mailer pourrait devenir : « Des montagnes naissent sous une pluie de lilas et de roses, des cœurs chantent, c’est le son de la vie par jaillissements et explosions. »
Disque court, donc. Sept « instantanés » arides sans niaiserie. Violence du son contenue par la maturité des loustics. Et les loustics s’amusent et amusent la galerie avec une grâce rarement croisée sur nos scènes françêêêêzeuh ! En plus, les mecs s’habillent avec style. Et ça, moi, je respecte. Je commence à en avoir marre de ces toquards qui montent sur scène en chemises à carreaux, débraillés et avec la gueule dans l’cul, qui ne ressemblent à rien en essayant de ressembler à n’importe qui et qui n’atteignent même pas les mollets d’un Neil Young ou d’un Rory Gallagher qui, eux, pouvaient se permettre l’humilité de la tenue parce que sur scène ou sur disques ils mettaient le feu, simplement, sans artifice ni posture. Et à propos de Rory Gallagher, et bien que la musique de Peter Night Soul Deliverance n’ait rien à voir avec le bluesman irlandais (paix à son âme), il y a dans les tirés de cordes des solos de Peter Night quelque chose de rugueux et visqueux qui nous rappelle que le gus a écouté ses classiques et que le blues a dû bercer quelques uns de ses voyages initiatiques. Ultra simples et concis, les solos ne raviront pas les masturbateurs de manches qui doivent d’ailleurs sûrement faire l’amour comme des lapins, mais ils tomberont dans les oreilles des connaisseurs comme des évidences lascives ainsi que des clins d’œil à des « licks » de guitare que tout auditeur ayant écouté quelque guitariste digne de ce nom retrouvera avec un plaisir évident. Forte filiation, même dans ces solos déjà entendus, mais joués ici avec la fraicheur de l’innocence, ce qui montre que les gars (loin d’être des jeunots nés de la dernière pluie) sont encore en possession d’une insolence juvénile évidente que les années de route et de galère n’ont pas altéré. Et je sais encore de quoi je parle. Forte filiation dans les solos, mais forte filiation sur toute la ligne. C’est un choix. Et c’est un choix « classieux » (rebonjour Gainsbourg). Sens du standing. Hiérarchie secrète. Comme Maurice G. Dantec l’a dit, il n’y a rien de plus conservateur que le rock. Les édentés pourront bien s’agiter autant qu’ils le veulent dessus leurs stupides certitudes festives de progressistes sociaux et même accoucher de rôts et de pets avant-gardistes en guise de thèmes musicaux, depuis les Beatles, en matière mélodique, il ne s’est rien passé de très neuf dans la musique populaire. Et je préfère de loin me réécouter un bon vieux « Rubber Soul » datant de 1965 qu’un album de Daft Punk qui nous prépare les méninges pour une robotisation doucereuse de nos neu-neu-rô-rônes.
Le disque démarre avec « Beautiful Inexpensive smiles » et on est propulsé dans une cave humide et enfumée du Swinging London mais avec les Hoodoo Gurus qui seraient passés dire bonjour. Sublime façon qu'a Peter Night Soul Deliverance d'en venir presque à citer les dissonances de Sonic Youth à la 26ème seconde du morceau pendant 5 secondes avant de retomber chez les Fab Four : basse arpégée et accords en suspension lumineuse et effet psychédélique de "phasing" sur la voix. L'art et la manière. Quant à la batterie elle se lâche avec des roulements qu'aurait pu jouer Keith Moon en personne. Le tout sous contrôle mais respirant et transpirant l'urgence. Justement, à ce sujet Pierre "Peter Night" Chevalier s'est confié humblement :
«En ce qui concerne l'enregistrement ainsi que les arrangements, je vais essayer d'éclairer ta lanterne. Les basics (guitare, basse et batterie) ont été réalisés à L'OUVRE-BOÎTE de Beauvais, sur la scène, le tout live, en une journée, puis les voix et les backing vocals le lendemain le tout sous l'égide d'Olivier, ingé son du LABO. Ensuite une ou deux semaines après nous avons prémixé les pistes afin de préparer les overdubs. Les overdubs (guitares, secondes voix, percu, piano et flûte) ont été effectués au studio de répétition puis le tout a été mixé par Manu (batteur) et moi sur une période d'environ un mois (car je revenais sans cesse sur certains détails).»
Amusant à quel point les grands groupes savent remettre en cause la croyance que nous inculquent à longueur de temps les Majors comme quoi l'enregistrement d'un album se doit de coûter cher. Mensonges pour conserver leur redoutable pouvoir et saigner les artistes jusqu'à la moelle, les garder sous leur coupe. Le premier album de Led Zeppelin fut enregistré en 36 heures sur un magnéto 8 pistes et 40 ans après il fait encore rêver les mômes et inspire les apprentis musiciens aux quatre coins du globe. Peter Night Soul Deliverance sont capables de se rendre sur la même ligne de front sans moufter, un sourire couronnant leurs faces d'anges survivants. Car Peter Night Soul Deliverance est déjà un grand groupe.
« Nobody's Fault » nous fait poursuivre la découverte avec une surprise de bon goût : une voix féminine, Martine Croiset, vient adoucir de sa présence sensuelle un morceau à la détermination nerveuse et aux roulements de fûts à nouveau Keith Mooniens...
Tantôt gouailleuse, tantôt angélique, la voix, simple et plaisante, équilibre la chanson. Chatte rampante mais indomptable. Les guitares demeurent dans la pure tradition rock and roll. Toujours ces riffs suspendus, inventés dés 1965 par un Pete Townshend qui rêvait de lâcher des fauves furieux sur la City. Une manière de claquer deux accords à la suite en faisant un doigt d'honneur au système dans lequel tout le monde se complaît... sauf les veilleurs de la dernière heure.
Avec « I am the Snowman » on est face à un morceau qui aurait pu figurer sans rougir sur l'album de Paul Weller, « Heavy Soul ». Ce que je viens de dire devrait suffire à situer le morceau, mais ça n'est pas le cas, c'est juste une indication. Car on peu y rajouter toutes ces petites tessitures que les guitares rajoutent de ci de là : larsens, notes saupoudrées et lick hendrixien sur un break inattendu avec montée finale interprétée avec un sens de la nuance.
« (Tales of a) Perfect Beauty » et ses sons à l'envers en intro fait semblant d'annoncer une n-ème redite psychédélique mais le morceau propose aussitôt une lancinante obsession mémorielle. De quoi tromper son monde. « My head's turning and pictures are whirling » chante Peter, presque en souffrant. Un second "guest" vient se joindre à cette bande de dandys sur cette chanson avec une flûte qui ne fera geindre que les "mécontents" du rock. Olivier Desplanque remplit à merveille son office. Le même Olivier Desplanque qui avait déjà exercé son talent chez les regrettés King Size sur l'avant dernier album du groupe, « Another Melody... Another Cigarette » sur l'excellent morceau "Nobody Told Me" (.mp3).
« Lonely Birthday » avec son rythme qui évoque aussi bien The Clash que The Jam entame avec le morceau suivant, « Real Life » (Guitare acoustique énervée et entrée en matière électrique comme un clou qu'on enfonce d'un seul coup de marteau) ce qui pourrait ressembler à un final des festivités, notamment à l'écoute du final de « Real Life » avec son solo disparaissant dans une coda qui laisse deviner que la scène doit leur offrir un tremplin avec cette chanson pour mettre le feu au planches comme en une fournaise définitive. Mais ce n'est pas le cas. Grande surprise et de taille, vraiment, le morceau qui vient clore le disque s'avère être un court instrumental, « The Hangman », où à nouveau, la flûte délicate d'Olivier Desplanque fait mouche sur une ambiance Jazzy-Riviera, comme si au matin, après la fête, on se rentrait à la maison sur scooter, les vapeurs d'alcools encore lancinantes, le long de la côte, sous un soleil méditerranéen inondant un ciel bleu sans nuages et brunissant les jambes et les épaules des filles, les jolies comme les laides.
Pierre "Peter Night" Chevalier : « Pour l'anecdote, le son si particulier de la Flûte provient du fait qu'elle a été jouée sur un ampli vibro champ de 1972 avec le vibrato à fond (je voulais un effet mellotron, tu sais comme sur "Strawberry Fields Forever". Voila, je garde les autres astuces et secrets pour mon recueil de mémoires sur ma carrière de producer. »
Filiation forte donc, oui… mais une telle plénitude harmonique doublée d’une agréable candeur mériterait un destin moins funeste que celui du succès régional pour initiés de la déglingue et dandys sur le retour. Car ce qui est rare est précieux... et puisse cette préciosité rock 'n' rollesque se répandre comme un délicieux poison.
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Afin de découvrir un peu plus le groupe, je vous conseille de faire un petit tour sur leur page MySpace, où vous pourrez entendre « Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault », « Lonely Birthday » et « Perfect Beauty ».
Histoire de ne pas en rester là, un tour sur la page MySpace de leur label "High Jab Records", monté par Bips ancien manager du groupe Venice au sein duquel j'ai officié comme guitariste durant quelques 16 années. Vous pourez y entendre en plus de « Beautiful Inexpensive Smiles », « Nobody's Fault » déjà en écoute sur la page de Petre Night le morceau explosif « Real Life ».
Pour savoir ce que pense Le Courrier Picard du disque de Peter Night Soul Deliverance cliquez sur la tronche de " Rev' " une première fois...
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Pour savoir ce qu'en pense Rock & Folk cliquez sur le disque
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Pour savoir ce qu'en pensent Les Inrockuptibles cliquez sur la tronche de " Rev' " à nouveau...
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Pour savoir ce qu'en pense MuzzArt cliquez encore sur le " Rev' "...
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Pour savoir ce qu'en pense La Mine cliquez une dernière fois sur le " Rev' "...
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Pour savoir ce qu'en pense CrossRoads cliquez sur la gentille dame...
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"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé" affirmait Voltaire qu'appréciait Nietzsche.
Enfin... histoire de connaître un peu mieux le label High Jab Records" cliquez sur leur Logo
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A présent, ami lecteur, amie lectrice, read my fucking lips : si mon compte rendu t'a touché, tu te lèves, tu te retires les doigts du cul... tu t'empares de ton chéquier et tu fais un chèque de 10€ à l'ordre de "Groovy Times", là, tout de suite, maintenant. Here and Now. Tu n'attends pas. Tu ne te donnes pas de fausses raisons. Tu ne repousses pas ta décision aux calendes grecques ni à la Saint Glinglin... tu agis. Ok ? 10€ c'est pas la ruine. Port Compris. Tu m'as bien lu. Et tu l'expédies en n'oubliant pas de signaler tes coordonnées précises afin de recevoir le joyaux. Et tu envoies ça fissa à l'adresse suivante :
Association "Groovy-Times!"
155 rue des Larris
60650 Le Mont St Adrien
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Quelques articles consacrés au Groupe
"Pierre de jais
C'était au milieu des années quatre-vingt, à Beauvais (Oise). A cette époque, il ne s'appelait pas encore Peter Night mais Pierre, tout simplement. J'étais journaliste dans un quotidien régional et ne jurais que par le vrai rock'n'roll, refusant, méprisant plutôt, le rock aseptisé mi variétoche, mi soupe FM que distillaient les eighties.
Dans l'Oise, je jubilais et ne quittais pas d'un pouce les King Size, les Sentinels, les Curfew et autres combos qui du haut de leurs riffs cinglants et réactionnaires, faisaient de la résistance contre la fade bienséance musicale. Pierre gravitait aussi dans ces milieux, jeune loup brun et ténébreux qui, d'une main habile, dérouillait les six cordes d'une guitare improbable.
Je me souviens des soirées alcoolisées et rock'n'rolliennes où les riffs hargneux coulaient autant que la San Miguel dans nos gosiers assoiffés.
Et puis la vie nous a séparés. Nous nous sommes revus, Pierre et moi, il y a peu, à La Lune des Pirates, à Amiens. Lui sur scène, toujours rock'n'roller ; moi parmi le public, toujours journaliste. Il s'était transformé en Peter Night. J'avais aimé son concert, et l'écrivis.
Le voici à nouveau avec un CD sept titres du meilleur cru. J'y retrouve l'ambiance du set de la Lune. C'est net, coupant comme du groisil ; des accords vifs, nerveux comme la prose de Morand dans « Tendres Stocks ». La voix de Pierre en impose ; elle a mûri. La vie est passée par là. Belle patine. La production met en relief les qualités de ces compositions qui oscillent entre Kinks, Beat de Paul Collins et les titres les plus hargneux des Fab Four. (Alors que j'écris ces lignes, il y a 27 ans que John Lennon se faisait assassiner par un déséquilibré.)
Parmi les sept morceaux, j'aime particulièrement « Lonely Birthday » avec son intro-leitmotiv butée et essentielle. Un tube en puissance. L'alchimie fonctionne. Trois minutes et six secondes de bonheur. Rien que ça. Pierre de Nuit ; pierre de jais. Pierre précieuse. « Rock est la nuit », eût pu écrire Francis Scott Fitzgerald."
Philippe Lacoche
Journaliste et romancier
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Entretien avec Peter Night, leader du groupe Peter Night Soul Deliverance
High-Jab : Peter Night Soul Deliverance, ce n'est pas commun comme nom de groupe.
Pierre Chevallier : Peter Night, c'est mon nom anglicisé, sauf que pour brouiller les pistes, j'ai enlevé le K (Knight) : j'ai ajouté Soul Deliverance car je ne trouvais pas le sommeil et que ma compagne était enceinte. J'ai trouvé que délivrance c'était bien. Une période de délivrance, délivrance de l'âme, l'importance de la soul…Des moments de vie qui se télescopent …
High-Jab : Quelles sont tes influences musicales ?
Pierre Chevallier : Le premier souvenir musical (pop entendons-nous) est celui d'une k7 que mon père passait dans sa voiture alors qu'il venait me chercher au collège. The Wings Greatest Hits. Puis évidemment les Beatles en déferlante (la compil bleue et curieusement la rouge après).
Et ensuite, les premiers émois sur les groupes anglais (Jam, Clash, Stranglers, Damned, Buzzcocks) puis les groupes australiens (Saints, Radio Birdman, Hoodoo Gurus), l'Amérique (les Nerves, les Plimsouls, Blondie). Viennent ensuite les rencontres avec des personnes qui te font découvrir des perles cachées. Et puis l'effervescence des sixties : les Who, Hendrix, Love, Byrds, Beach boys, Kinks, Zombies, l'intégrale des Beatles, les Small Faces, Traffic, quelques merveilles des Stones : Ruby Tuesday, Mother's Little Helper et Paint in Black, la culture yéyé (elle n'est pas si méprisable), Led Zep, la soul, la blue eyed soul, le psychédélisme.
Pour compléter, Il y a aussi les influences littéraires et cinématographiques.
Au hasard : Claude Sautet, pour savoir filmer des histoires simples et terriblement compliquées, comme la vie, la magie qu'il a de saisir l'ambiance enfumée d'une brasserie à 11 heures du soir et les regards emplis de désir et de désespoir. Maupassant pour ses contes, Prévert pour mon père, Eluard pour l'orange et Rimbaud…
High-Jab : Tu sors un sept titres intitulé « Seven » peux-tu nous expliquer les processus qui t'ont amené à l'écriture des chansons qui le composent ?
Pierre Chevallier : Au démarrage, la motivation repose sur un paradoxe : donner du plaisir aux gens qui vont écouter mes morceaux, alors que les éléments qui me poussent à écrire des chansons reposent sur des chocs, qu'ils soient sentimentaux ou liés à des faits de société.
J'adore écrire sous la pression, en état d'urgence, les chansons écrites dans l'urgence sont parfois les meilleures, ce qui n'implique pas qu'on s'abstienne de revenir dessus par la suite, pour les améliorer, encore et encore.
Pour finir, je crois qu'on n'arrive jamais à écrire la chanson parfaite et c'est grâce à cette éternelle insatisfaction qu'on peut continuer à avancer.
Pour « Seven » les processus qui m'ont amené à son écriture reposent tous sur ces principes, avec plus particulièrement, en ce qui le concerne, des sujets qui relèvent de la rupture affective.
High-Jab : Peux-tu nous dire quelques mots sur le groupe Peter Night Soul Deliverance ?
Pierre Chevallier : C'est un trio, guitare-basse-batterie, minimaliste, nerveux, punchy. Il y a Philippe (ex Kingsize) à la basse, et Manu à la batterie, un ami d'enfance avec qui je jouais dans « Curfew ».
L'alchimie du groupe se construit, au-delà de la technique musicale, sur l'échange, la discussion, le partage et l'investissement. Je suis le leader du groupe puisque j'en écris les chansons mais les échanges constructifs avec Philippe et Manu m'amènent souvent à appréhender des pistes que je n'envisageais pas et ce, dans l'intérêt des morceaux.
Je crois que nous nous situons véritablement dans une démarche de groupe, avec une forte identité.
Pour revenir sur ces deux musiciens, Philippe le bassiste, apporte un plus indéniable aux morceaux et au groupe grâce à son expérience de musicien professionnel et son jeu sobre, mais aussi par sa culture musicale et littéraire.
Manu, le batteur amène sa combativité, son énergie, sa puissance, c'est pour ça que je pense que la locomotive du groupe n'est pas forcément toujours la même, il arrive souvent qu'en concert, lors d'une session d'enregistrement, ou d'une séance de composition, le leader ne soit pas toujours celui que l'on croit.
Propos recueillis le 15 décembre 2007 par Vladimir Arsenic de High-Jab Records
La bio de Peter Night
Nov. 82/juin 85 Curfew Guitarist/lead vocal/song writing
Jan. 84/juillet 85 The Frocourt Gyrs' Hallucinations Guitarist (feat. Jean de Therdonne on vocals)
Sept. 85/Juin 87 The Cybermen Guitarist/backing vocals (feat. Charly on vocals)
Avril 87/Août 90 Kingsize Guitarist/backing vocals
Fév. 91/Juillet 99 The Jekylls Lead Vocal/guitarist/song writing
Janv.99/Juillet 99 Cab & Friends Guitarist/song writing
Janv. 00/juin 01 Peter Night Lead Vocal/guitarist/song writing
Juillet 01/juin 02 No Name Guitarist/song writing (feat. Dieval on vocals)
Sept. 02/sept. 04 Peter Night Soul Deliverance (1rst line up) (lead vocal/guitarist/song writing)
2007 / 2008 Peter Night Soul Deliverance (lead vocal/guitarist/song writing)
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"Peter Night, Sept plages de souvenirs présents….
1- Dans mes oreilles, un sourire comme un son d'il y a quarante ans, Paul et John, quelques échos de guitare, un car dans les plaines froides de l'Oise, le bruit du moteur, ça glissait un peu, on allait retrouver notre pote, il venait de s'acheter le dernier disque.
2- Partir loin, repartir, partir te chercher, partir pour ne plus revenir, partir au devant de toi, partir loin d'ici, partir encore, partir de bon matin, d'un bon pas, partir pour te rejoindre, partir pour toujours, partir pour s'oublier un peu sur cette plage.
3- Guitare tendue, la voix porte, ils s'étaient égarés sur la petite place d'un village de quelques maisons, même pas un vrai manège, des balançoires en bois, solides, qui grinçaient un peu, public perdu, déçu, ils ont pourtant sorti un accordéon, mais point de musette et trop de musique. Qui te donnait la main ?
4- Ma préférée, je m'y étends, voluptueusement, la plainte continue. Le sable de la plage, j'en ai profité tard, la plainte continue des vagues. Affolé de sentir les grains de sable sur mon corps rougis, inexpérimenté. Plus tard, mes enfants m'ont appris à faire des châteaux de sable. Il n'est jamais trop tard pour vénérer l'enfance.
5- Je suis trop sourd à l'anglais, j'attends toujours que Lenoir répète titre et nom de groupe dans l'espoir de fixer quelque chose. Souvent j'invente, peter night me donne cette envie. D'un coup je pense à un bonbon, un berlingot, emballé et délicieusement acide là où on ne l'attendait pas.
6- Fred s'est fait la malle. Rapide, en pleine tournée. Je ne sais pourquoi d'un coup la guitare a réveillé sa moustache. Alors on descendait vers Cogolin, dans une 104 blanche, pour la poésie, quelques images et des rencontres, ce n'était pas un tube mais un oléoduc.
7- Plus de voix, la possibilité de toutes les paroles. Pourtant la voix demeure. Juste. Ça me prend, « dis tu es là ? dis sors du vide que t'as laissé ! dis, je n'ai même pas eu le temps de me retourner. Dis parle moi encore, encore. ». Un soir de printemps, qui n'était pas le printemps, il était au quatrième étage d'un vieil immeuble de brique, fenêtre ouverte, le vide dans la cuisine, derrière lui."
Denis Dormoy
Ecrivain
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20/05/2008
Irish Blood, English heart
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
J'ai déjà eu l'occasion de parler de cette superbe chanson Ici, dans "In Memoriam... Fred Chichin et digressions diverses..." Et bien j'ai trouvé cette excellente version, interprétée en condition LIVE, pour une émission de télévision quelconque. Je vous la balance ici en ligne afin de voir le dandy Morrissey en action nonchalante. Et le texte qui va avec... :
"Irish blood, English heart, this I'm made of
There is no-one on earth I'm afraid of
And no regime can buy or sell me
I've been dreaming of a time when
To be English is not to be baneful
To be standing by the flag not feeling
Shameful, racist or partial
Irish blood, English heart, this I'm made of
There is no-one on earth I'm afraid of
And I will die with both my hands untied
I've been dreaming of a time when
The English are sick to death of Labour
And Tories, and spit upon the name of Oliver Cromwell
And denounce this royal line that still salute him
And will salute him forever"
""Also, with the issue of immigration, it's very difficult because, although I don't have anything against people from other countries, the higher the influx into England the more the British identity disappears. So the price is enormous. If you travel to Germany, it's still absolutely Germany. If you travel to Sweden, it still has a Swedish identity. But travel to England and you have no idea where you are. It matters because the British identity is very attractive. I grew up into it, and I find it quaint and very amusing. But England is a memory now. Other countries have held on to their basic identity, yet it seems to me that England was thrown away. (...)The change in England is so rapid compared to the change in any other country. If you walk through Knightsbridge on any bland day of the week you won't hear an English accent. You'll hear every accent under the sun apart from the British accent. (...)My favourite actor is an Israeli, Lior Ashkenazi, and my favourite singer was born in Iraq and now lives in Egypt. So I'm not a part of Little Britain. And by that, I don't mean the show, obviously. The gates are flooded. And anybody can have access to England and join in. Millions of people leave the country every year because they don't recognise the place, so I'm not saying anything unusual. If you travelled to Croatia tomorrow for instance, and walked around Zagreb hearing nothing but Dublin accents, you'd find it shocking. Whatever England is now, it's not what it was and it's lamentable that we've lost so much." Morrissey
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19/05/2008
In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Radicale analyse de Guy Debord dans ce palindrome qui fait table rase.
C'est à voir, bien entendu.
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In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni, Part 1, 1978
data="http://ubu.artmob.ca/video/flash/flvplayer.swf?file=Debord-Guy_In-Girum-Imus-Nocte-Et-Consumimur-Igni_1978_Part-2.flv&autostart=false">
In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni, Part 2, 1978
Film disponible en ligne pour vous grâce à UbuWeb... Là
« Et qui devient Seigneur d’une cité accoutumée à vivre libre et ne la détruit point, qu’il s’attende d’être détruit par elle, parce qu’elle a toujours pour refuge en ses rébellions le nom de la liberté et ses vieilles coutumes, lesquelles ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait ne s’oublieront jamais. Et pour chose qu’on y fasse ou qu’on y pourvoie, si ce n’est d’en chasser ou d’en disperser les habitants, ils n’oublieront point ce nom ni ces coutumes...» Machiavel (Le Prince)... cité par Guy Debord in La Société du Spectacle.
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12/05/2008
LÉON BLOY OU LES PARADOXES D’UN IMPRÉCATEUR
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
J'ai tenu entre mes mains, au travail, à la FNAC donc, ce livre collectif qui fait tant jaser, Le Livre noir de la révolution française (Editions du Cerf). Je l'ai longuement parcouru et suis même parvenu à lire certains chapitres en entier par l'art et la manière de transformer les pauses officielles en jardin de lecture.
Les doux crétins qui peuplent notre République se refusent de concevoir à quel point cet événement a été décisif sur l'avenir du monde en négatif aussi, ne désirant en retenir que le mythe du soulèvement libérateur et progressiste. Non contents d'aborder uniquement les faits historiques sanglants (il s'agit d'un livre Noir, je le répète), la guillotine, les "mariages républicains", le génocide vendéen... les auteurs de ce pavé (nous sommes en présence d'un ouvrage collectif) s'attachent également à analyser les penseurs, les écrivains qui sortis de la révolution n'ont plus été en mesure de penser leurs postulats de la même manière une fois leurs plume trempée dans le sang des victimes des enragés. Après la lecture du chapitre consacré à Baudelaire par exemple, les bobos gauchistes devront bien admettre que les quelques six mois durant lesquels le poète se sera proclamé "révolutionnaire" ne lui auront servi qu'à liquider cette triste illusion avant de se tourner vers l'essentiel : le Verbe au service du Beau et de l'Ordre.
Baudelaire, donc, Huysmans, Nietzsche, Balzac, Comte... et, bien entendu, Léon Bloy dont ma douce Irina a pris le temps de retranscrire ici l'article qui lui est consacré dans l'ouvrage en question sous la plume de l'historien Jean-François Galinier-Pallerola et que je vous livre avec une pensée spéciale pour mon ami Jean-Jacques L., admirateur de l'écrivain, une dédicace certaine pour Restif, Bloyen de la Toile qui vient si souvent en ces lieux déployer sa sympathique érudition. Sans oublier XP qui voue une admiration à Bloy bien plus censée que celle d'un Marc-Edouard Nabe.
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Il faut entendre, aussi, l'excellente émission, en fichier mp3, consacrée au Livre noir de la révolution française sur le site de Canal Académie que vous pouvez télécharger ICI
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"LÉON BLOY OU LES PARADOXES D’UN IMPRÉCATEUR
Le rapport de Léon Bloy à l’histoire, et donc à la Révolution française, se place sur le plan du prophétisme dont l’essence, dit Jean Guitton, est « la révolte contre l’abus au nom de la pureté meurtrie, au nom de l’esprit défiguré par la lettre, au nom du principe déformé par l’usage.(1) » Le prophète encourt la colère des puissants, crie dans le désert, choisit sa cible, quel scandale dénoncer dans l’amoncellement d’injustices qu’il perçoit ; mais n’étant ni roi ni prêtre, il ne doit se soucier ni de réalisme, ni de responsabilité, ni des conséquences de ses paroles de feu sur un autre que lui-même, ni en définitive d’être bien compris dans l’excès de ses vaticinations : il suffit que sa voix ne se taise pas, ne fût-elle jamais écoutée. Dans ses condamnations ou ses dénonciations, Léon Bloy n’a cure de respecter le principe de non-contradiction. Il se laisse guider par la mission qu’il croit avoir reçue de Dieu. Au lieu d’enquêter patiemment sur des détails avec érudition et souci d’exactitude, comme le font aujourd’hui les historiens, il recherche, avec saint Augustin ou Bossuet, une vision globale de l’histoire universelle, en tant que lieu où Dieu se révèle en gouvernant le monde par sa Providence et lieu où se découvre son dessein sur l’homme, de la création la fin des temps.
Léon Bloy naît en 1846 dans une famille de petits-bourgeois de province. Son père, employé de bureau, est proche de la franc-maçonnerie. À quinze ans, il perd la foi, n’éprouve que détestation et révolte contre Jésus, l’Église, l’argent et les puissants. Il se sent proche des anarchistes révolutionnaires qui lancent des bombes et préparent le Grand Soir. Ayant quitté une médiocre place de gratte-papier, déclassé, il mène à Paris une vie de bohème littéraire. Il envoie un article à La Rue, revue de Jules Vallès, se proclame sous le Second Empire « républicain et parfait socialiste », rencontre et lit l’anarchiste russe Alexandre Herzen, « patriarche des nihilistes (2) », qui meurt à Paris en 1870. Bloy y trouve l’écho de sa propre colère et l’annonce des massacres auxquels il aspire pour étancher sa soif de justice : « Les exécutions seront nombreuses, écrit Herzen […] Il suffira que l’incendie de la fureur, de la vengeance, détruise le monde […] et ce sera superbe. vive le chaos et la destruction ! Vive la mort ! Place à l’Avenir.(3) »Les accents de l’Internationale, composée en 1871, s’avèrent moins sanglants pour chanter : « Du passé faisons table rase… »
La conversation au catholicisme, en 1868, le sauve du nihilisme sans exorciser sa violence ni son intransigeance. La poussée anarchiste constitue, selon lui, une réaction à la médiocrité de l’idéologie bourgeoise matérialiste ; il évoque « la merveilleuse fructification de semailles de l’hypocrisie bourgeoise et de l’athéisme philosophique, depuis une demi-douzaine de lustres.(4) » Même devenu chrétien, il ne considère pas sans une réelle sympathie les attentats anarchistes : « La dynamite pastichait une fois de plus la Vraie Colère », écrit-il en 1892 ; « Les anarchistes informés de l’inexistence de Dieu, ont heureusement trouvé l’expédient sortable qu’il fallait pour envisager à notre époque, avec moins d’effroi, la nécessité de mourir. […] Le catholicisme ou la pétard ! Choisissez donc une bonne fois, si vous n’êtes pas des morts. (5) » En 1902, Rachilde, habituellement favorable à Bloy, s’attire les reproches de l’écrivain en le déclarant anarchiste, « beaucoup plus près de Ravachol que de Jésus », dans une critique de l’Exégèse des lieux communs. (6)
Jacques Maritain, un des filleuls de Léon Bloy avec sa femme Raïssa, rend compte de l’engagement social de Bloy : « Partout où il voit quelqu’un souffrir d’injustice, il s’élance vers lui : Christophe Colomb, Marie-Antoinette, Louis XVII, la très noble Mélanie, les Juifs […] ; le Pauvre enfin, le Pauvre et la Pauvreté qu’il chérit tous deux à cause du Pauvre par excellence ; et infiniment au-dessus de tout, Notre Dame, la reine du monde, qui pleure et qu’on n’écoute pas, tous ont reçu son témoignage.(7) » La conception bloisienne du « pauvre » ne correspond donc pas à une catégorie sociale, le prolétariat, mais à une position de victime à laquelle il s’identifie, en tant qu’artiste maudit et petit-bourgeois déclassé, et où sa mystique lui fait reconnaître, avec le Poverello d’Assise, un ambassadeur du Christ.
Léon Bloy se définit lui-même en 1905 comme « un communard de la veille », un communard d’avant la Commune, un « communard converti au catholicisme (8) ». En 1869, son père lui reproche : « Mon pauvre Léon […] Tu fais de la religion comme tu faisais naguère des sentiments sociaux. De babouviste, tu es devenu dominiquain (sic) de l’école de Torquemada. Je ne peux te suivre dans ces excès, dans tes frénésies. Tu vantes les douceurs de l’Église et tu anathémises (sic).(9) »
La relation de Léon Bloy à l’égard de la Révolution française reste marquée par le radicalisme de son rejet de la société contemporaine. Loin de l’horrifier, la Terreur le fascine au même titre que les attentats terroristes de la fin du XIXe siècle. Il n’est pas du côté de 1789 et des bourgeois, mais de 1793 et des sans-culottes et anticipe les exterminations de masse de la dékoulakisation et des Khmers rouges : « Les trois cent mille têtes du citoyen Marat ne m’auraient pas suffi, confie-t-il dans une lettre de 1882. L’égalité démocratique prise du plus bas possible devait, selon mes vues, réaliser un niveau social tel qu’il ne restât plus sous le soleil que le Bourbeux et le Croupissant […] Toute supériorité, tout relief humain devait tomber, s’engouffrer et périr dans le cloaque d’une promiscuité définitive. (10) »
Dans Le Désespéré, Bloy retrouve les mêmes accents terroristes pour annoncer le châtiment des nantis. Pour lui, les attentats anarchistes ne font qu’anticiper sur la vengeance de Dieu. Mais l’enfer de Bloy annonce plus la révolution culturelle maoïste qu’il ne ressemble aux exécutions des otages par les communards de 1871 : « Ils [les riches] se tordront de terreur, les Richards-cœur-de-porcs et leurs impitoyables femelles, ils beugleront en ouvrant des gueules où le sang des misérables apparaîtra en caillots pourris ! Ils oublieront d’un inexprimable oubli la tenue décente et les airs charmants des salons, quand on les déshabillera de leurs chairs et qu’on leur brûlera la tête avec des charbons ardents — et il n’y aura plus l’ombre d’un chroniqueur nauséeux pour en informer un public bourgeois en capilotade ! Car il faut indispensablement que cela finisse, toute cette ordure de l’avarice et de l’égoïsme humains ! Les dynamiteurs allemands ne sont que les prédécesseurs ou, si l’on veut, des sous-assesseurs de la Tragédie sans pareille où le plus pauvre et, par conséquent, le plus Criminel des hommes que la férocité des lâches ait jamais châtiés, s’en viendra juger toute la terre dans le Feu des cieux. (11)»
L’influence de Barbey d’Aurevilly et de Blanc de Saint-Bonnet (12), puis la défaite de la France devant la Prusse, en 1870, font opérer à Bloy une mutation spirituelle et politique radicale : le jeune révolutionnaire, devenu catholique en 1868, se met au service de la restauration monarchique.
En 1867, Léon Bloy rencontre Barbey d’Aurevilly à Paris et entre dans le cercle des admirateurs de l’écrivain. Celui-ci entreprend la formation intellectuelle du jeune Périgourdin, qui a quitté les bancs du lycée en troisième. Il lui fait lire notamment les auteurs latins classiques, les Pères de l’Église, Joseph de Maistre, Bonald, Carlyle, Donoso Cortés et les autres maîtres de la pensée contre-révolutionnaire. L’admiration de Léon Bloy envers Barbey d’Aurevilly ne se démentira jamais.
Le nouveau converti professe un catholicisme de combat antimoderne vibrant d’énergie. Ce goût de l’action et de l’héroïsme le pousse à s’engager dans une milice de volontaires de Dordogne intégrée au corps de volontaires vendéens de Cathelineau, pendant la guerre de 1870, pour défendre « Rome et la France au nom du Sacré Cœur », comme on le chante alors dans les églises. Il rejoint ensuite un corps de volontaires contre la Commune, mais n’aura pas à combattre avec les Versaillais contre les Communards (13). En 1870, il écrit dans une lettre à un prêtre : « Quand on me parle de patriotisme, je ne sais pas ce qu’on veut dire. Ma patrie à moi, c’est avant tout l’Église romaine et j’entends être un soldat du Christ.(14) » Catholique et patriote, il est simultanément contre la Prusse luthérienne, contre « la République des vaincus » et contre la Commune héritière de 1789. Désormais, Léon Bloy ne se voue plus à la révolution. Se proclamant anti-républicain et anti-démocrate, il met, provisoirement, son talent et son ambition littéraire à la disposition de la cause catholique et royaliste.
LÉON BLOY, LES BOURBONS ET NAPOLÉON
D’emblée il y a maldonne : Bloy n’est pas devenu royaliste mais théocrate ; la question du régime politique est secondaire et ne l’intéresse guère : « Et d’abord, écrit-il dans une lettre, nous sommes catholiques. Nous le sommes jusqu’aux dents, partout, en tout, devant tous et malgré tout.(15) » Il tire les conséquences de ces prémisses dans un texte de 1897 : « I) Je suis pour la Théocratie absolue, telle qu’elle est affirmée dans la bulle Unam Sanctam de Boniface VIII. II) Je pense que l’Église doit tenir en main les deux glaives, le Spirituel et le Temporel, que tout lui appartient, les âmes et les corps, et qu’en dehors d’elle il ne peut y avoir de salut, ni pour les individus, ni pour les sociétés.(16) » Bloy développe ce programme en quatre points dans un article de décembre 1892 : « 1) Solennelle translation de la pourriture de Renan par une équipe de vidangeurs dans le dépotoir national le plus lointain. 2) Érection au sommet de la tour Eiffel d’une colossale croix en or massif, du poids de plusieurs dizaines de millions de francs, aux frais de la Ville de Paris. 3) Obligation pour tous les Français d’entendre la messe tous les dimanches et de communier au moins quatre fois par an sous peine de mort. 4) Abolition du suffrage universel, etc. (17) »
Sa période historique de référence est un Moyen Âge imaginaire qu’il se représente comme une époque héroïque de chrétienté et d’adéquation entre un catholicisme sans compromis et une société parfaitement croyante : ce fut, écrit-il, « après les Temps Apostoliques la plus belle époque du monde. Une épopée où on croyait, où on aimait jusqu’à mourir, où on était fidèle jusque dans les supplices, où on se sacrifiait complètement où le Corps et le Sang du Christ passaient avant toute chose.(18) » Dès lors, Bloy ne peut que juger sévèrement les périodes suivantes, en particulier l’Ancien Régime et l’absolutisme dont il réprouve le gallicanisme.
La tentative d’intégration de Léon Bloy dans le camp catholique et monarchiste tourne donc court très rapidement. Il est engagé comme secrétaire dans les comités catholiques de Louis Pagès, qui préparent la victoire électorale des royalistes, en 1873, et le rétablissement de la monarchie au profit du comte de Chambord. Comme il est renvoyé de ce poste au bout de quinze jours pour manque de zèle et d’exactitude, la recommandation de Blanc de Saint-Bonnet lui permet d’entrer en 1874 à L’Univers, le journal catholique intransigeant et ultramontain de Louis Veuillot, où il ne place que cinq articles de critique littéraire avant d’en être congédié. Il devient ensuite, un mois, secrétaire de Georges Cadoudal, fondateur de la revue La Restauration. Les Assomptionnistes lui ouvrent brièvement les portes du Pèlerin, en 1879-1880 surtout, mais le tiennent à l’écart du lancement de La Croix, ce que Bloy ne leur pardonne jamais. Ces échecs font douter Bloy de son avenir littéraire. Une retraite à la Trappe, une autre à la Grande-Chartreuse suffisent à l’éloigner de la vie monastique. Il mène à Paris une existence précaire de miséreux et de tapeur, place des articles là où il peut, se lie un temps avec Coppée, Huysmans et Villiers de l’Isle-Adam. Il parvient néanmoins à acquérir une notoriété et un succès d’estime ; ses livres, ignorés ou mal accueillis par la critique, ont un public fidèle, hélas ! trop peu nombreux pour mettre l’écrivain et sa famille à l’abri des besoins. Bloy se montre hostile au nationalisme de Barrès et ignore superbement Maurras, dont il réussit à ne jamais écrire le nom dans son Journal de 1892 à 1917. Quant aux Daudet père et fils, il les éreinte joyeusement avec la clique des plumitifs de l’époque qui sont ses cibles de prédilection.
Pourquoi le « parti catholique » ne parvient-il pas à utiliser les talents de polémiste et d’apologète de Bloy ? Dans sa biographie, Maurice Bardèche, qui ne l’aime guère, met en avant ses défauts : orgueil démesuré, paresse, lenteur d’écriture, sensualité, excès d’imagination, individualisme exacerbé, mais surtout irréalisme impénitent et irresponsabilité. Bloy est trop accaparé par le surnaturel pour accorder de l’importance à l’évènementiel, à l’opportunité historique de rétablir la monarchie en France en profitant de la majorité royaliste de la Chambre, de l’élection de Mac Mahon et de l’unification provisoire du camp royaliste (19). Pierre Gaudes évoque plutôt un esprit trop indépendant pour les politiques, trop religieux pour les littéraires et trop artiste pour les religieux (20). Comme P. Gaudes, Michel Arveiller estime que la raison principale de la mise à l’écart de Bloy par ceux qui auraient dû l’accueillir, le soutenir et mettre son style au service de leur cause réside dans le fait qu’ « il n’est pas partie de la famille ». Même converti, l’ancien anarchiste reste inassimilable par les notables conservateurs. Léon Bloy juge d’ailleurs trop sévèrement le milieu où il prétendait s’intégrer pour que cela puisse se réaliser : « Du reste, si une chose me donne de l’horreur et du dégoût, c’est bien le journalisme catholique tel que je le vois pratiqué ici [à L’Univers]. Le Saint Père et l’Église sont la propriété de MM. Veuillot et Cie. […] Du talent, il n’en est pas question, c’et une affaire de monopole et de boutique. Je trouve cela simplement immonde et je le dirai en temps et lieu. (21) »
Les catholiques intégraux et les monarchistes s’accordent avec Léon Bloy sur sa critique du xviiie siècle conforme à la pensée traditionaliste. Il vitupère contre les privilèges de l’argent héréditaire substitués à ceux de la noblesse héréditaire et dissimulés sous le déguisement de la méritocratie républicaine. L’égalité inscrite dans la devise de la République lui semble aussi fausse qu’hypocrite : « Assurément, écrit-il en 1874, s’il y a quelque chose de perdu aujourd’hui, c’est la notion d’aristocratie. Le préjugé veut que tous les hommes soient égaux. La raison et l’expérience disent le contraire. N’importe. Tous les hommes mangent et boivent, donc tous les hommes sont égaux. On en est là. L’abjecte incrédulité du dernier siècle a tellement affaibli les intelligences et perverti les cœurs que cette misère hante même les têtes bien faites. (22) »
Il décrit le siècle des Lumières comme le ferait un peintre : « Les hommes de ce temps grandissent dans une espèce de lumière lavée et trouble à travers laquelle ils aperçoivent le ciel comme un frontispice turquin d’un poème encyclopédique, et la nature comme une idylle à la Deshoulières ou à la Florian, pleine de petits moutons blancs et de petits arbres bleus, découpés sur de petites aurores fleur-de-pêcher et se prolongeant ainsi indéfiniment sous les horizons. » Le décor une fois posé, la scène de bergerie s’anime : « Le singe est la bête d’élection et d’affection du xviiie siècle […]. Ce singe remplace Notre Seigneur Jésus Christ et grimpe sur tous les autels. Il est sous le nom de Voltaire l’avant –dernière incarnation du Moloch et son dernier avatar avant d’arriver à Robespierre qui réalisera la définitive splendeur de son intégrale résurrection. En attendant qu’il boive le sang, il dévore les âmes et travaille son appétit de démon. » Le jugement tombe : « Ce fut une époque superficielle où il semble que tout le monde naissait avec le don de ne rien entendre aux choses supérieures. » Vient ensuite le commentaire doctrinal : « Substitution cartésienne du moi à Dieu dans tous les ordres de faits politiques ou scientifiques, substitution du papier à la loi d’obéissance, refonte générale des constitutions, découverte inespérée des droits de l’homme, système de la nature, système de crédit, système de l’athéisme et de la banqueroute, abdication des privilèges de la noblesse et inauguration des privilèges de la Canaille…(23) »
Mais les positions de Bloy à l’égard de la monarchie ont de quoi choquer les royalistes. Le règne des Bourbons « était, à vrai dire, une pente effroyable qui descendait de Louis XIV et s’en allait, à travers trois règnes de boue, droit au panier de la guillotine (24) ». Sauf Henri IV « dont la vaillance proverbiale avait été un peu soudarde et beaucoup gasconne, on peut dire que l’avènement de ces princes fut l’adieu définitif aux sublimes emportements chevaleresques du Moyen Âge (25) ». Il traite cette dynastie de « race immonde des Bourbon (26) », ses princes sont « si odieux que je n’hésite pas à justifier Napoléon du meurtre du duc d’Enghien, traître à son roi et fomenteur avec son père et l’ignoble comte de Provence, de l’exaspération populaire qui coûta la vie à Louis XVI. Une justice supérieure a déterminé Napoléon. (27) »
Malgré les victoires militaires et la révocation de l’édit de Nantes, qui convient à l’intolérance de Bloy, Louis XIV lui déplaît : « Le protocolaire Louis XIV, chef suprême du bureau des monarchies est l’un des plus médiocres bellâtres qu’on ait jamais vus. » Louis XV ne saurait évidemment trouver grâce à ses yeux : « Le bourbeux Louis XV, très digne de son ascendant, aussitôt après sa mort, ô Juvénal, dut être précipitamment mis en bière par l’effroyable moyen d’une pompe à vidanger et c’est le trait le plus caractéristique de son règne.(28)»
Louis XVI aurait pu trouver grâce à ses yeux, en roi martyr, pitoyable vaincu, comme l’exilé de Sainte-Hélène. Loin s’en faut : « Appuyé sur le nuage des plus vaines espérances qui aient jamais habité a pulpe molle d’un cerveau philanthropique, il put entendre sans indignation les insolentes menaces des parlements et les protestations funambulesques des deux assemblées, assister en roi pacifique à l’égorgement de ses plus fidèles serviteurs, présider entre Talleyrand et Lafayette à la transcendante bouffonnerie de la Fédération […], se coiffer du bonnet rouge et ne jamais désespérer du cœur des Français. La guillotine lui paraît bien inconcevable et bien amère au lendemain d’une si fougueuse rhétorique de fraternité. « Je n’aurais jamais cru », disent les niais. Louis XVI n’a jamais cru et, par conséquent, jamais douté.(29) » Pour Bloy, tout Louis XVI se résume dans l’assentiment à la révolution bourgeoise de 1789-1790. Sa faiblesse est l’antithèse de la grandeur héroïque qui sied à un souverain : « Tout était dans la main de cet homme ; les quatre cent mille Allemands fidèles de Bouillé ; la noblesse terrienne non corrompue qui se fût levée de toutes les provinces à l’appel de son suzerain menacé ; à la frontière, une Europe sympathique et d’ailleurs intéressée au salut de ce trône, et, à défaut de tout cela, la fuite. La fuite dont les timides animaux trouvent l’énergie et dont il fut incapable ! Il ne sut même pas fuir, l’ayant entrepris, et se fit arrêter au dernier moment, comme un malfaiteur évadé, par une poignée de goujats.(30) »
La Restauration au profit des frères de Louis XVI est illégitime puisque Bloy croit fermement que Naundorf est Louis XVII, le roi légitime évadé de la prison du Temple que ses oncles et sa sœur privent du trône de France (31) : « Et quand Napoléon a cessé de barrer l’espace qui est sous le ciel, cela continue ignoblement avec le sac d’excrément qui s’est appelé Louis XVIII et son imbécile puîné Charles X, tous deux fratricides et supplanteurs dégoûtants de leur neveu, l’infortuné Louis XVII, aussi peu capables l’un et l’autre d’un éclair d’intelligence que d’un mouvement de courage ou de bonté magnanime. On ne finirait pas de prostituer l’imagination s’il fallait parler de Louis-Philippe, du capitulard de Sedan, des présidents de notre salope de République… (32)» En réalité Bloy se projette dans cette figure de proscrit, victime d’une immense conspiration d’injustice : « Quand j’écrivais Le Fils de Louis XVI, j’ignorais encore que Louis XVII, c’était moi-même, simplement. […] Comment de telles tribulations auraient-elles pu convenir à un autre personnage et quel autre que le fils de tous les rois aurait-il pu les supporter ?(33) ».
Quant au comte de Chambord, dont Bloy servit la cause sans y croire en 1873, il écrit en 1908 : « Les derrières cuisaient encore de la botte allemande. On ne parlait que de retourner à Dieu […]. On se cramponnait éperdument au comte de Chambord, supposé le Grand Monarque annoncé par des prophéties et dont la bedaine illégitime devait tout sauver.(34)»
En revanche, Bloy aime Napoléon parce qu’il le voit en génie victorieux et en vaincu héroïque. Incapable d’analyser rationnellement le bilan désastreux des Cent-Jours, il ne perçoit qu’un geste grandiose, l’Aigle volant miraculeusement de clocher en clocher. Le destin romantique de Bonaparte, élevé au sommet et précipité dans l’abîme, ne peut résulter, selon lui, que d’une intervention divine : « J’ose conclure au symbolisme prophétique dans l’épopée napoléonienne. […] C’est sa destinée qui s’est dénouée. C’est le projectile de Dieu qui avait fini sa parabole et qui, naturellement, retombait. […] Et cette grandiose chevauchée de victoires, apparue entre les putritudes roses du xviiie siècle et les abjections bourgeoises du xixe, ressemble aujourd’hui à un impossible songe.(35) » Sans être vraiment bonapartiste, Bloy éprouve la nostalgie de la grandeur impériale sans voir la contradiction entre cette admiration pour Bonaparte et ses proclamations de la supériorité du pape, ni son exécration pour le Concordat pourtant signé par le Premier consul : « Énorme sacrilège que la substitution du Salvam fac republicam au Salvum fac regem du texte sacré. Rien n’est plus semblable au reniement de Pierre que le Concordat.(36) » Il lit et relit le récit des campagnes napoléoniennes : « Tout livre se référant à ce prodigieux me fait pantelant, haletant, presque sanglotant, comme si Dieu passait.(37) » À la mort du prince impérial, il est « saturé d’une mélancolie presque surhumaine » ; la France ne peut plus rien attendre « puisque les Bourbons actuels ne comptent pas plus que des fantômes […] à moins pourtant que l’excès de son opprobre n’eût été précisément calculé pour la souterraine germination de quelque Sauveur inconnu dont l’avènement ne serait possible qu’en l’absence absolue de compétition(38) ».
LÉON BLOY ET LA RÉPUBLIQUE
Léon Bloy parle rarement de la Ire République. En 1874, on trouve des échos sans originalité des lectures de Joseph de Maistre auquel il se réfère : Révolution satanique, valeur expiatoire de la Terreur(39). Hésitant sur la gloire des soldats de la Révolution, il lui arrive de mentionner « l’enthousiasme de 92 (40) » et de le mettre ailleurs au rang des « fortes blagues dont le lyrisme révolutionnaire nous a saturés (41) ». Bizarrement il aborde avec réserve les persécutions antireligieuses de la Révolution. À propos d’une brochure sur « Les six cent prêtres martyrs des îles de la Charente », il reproche à l’auteur d’avoir utilisé « la qualification de martyre si facilement prodiguée par la sentimentalité moderne. Sans doute, il dut y avoir parmi ces malheureux prêtres de saintes âmes résignées à l’acceptation ; mais combien d’autres expièrent d’étranges infidélités sacerdotales !(42) » La mort de Marie-Antoinette l’émeut davantage, parce qu’il y voit une de ces victimes de l’injustice dont il se sent spontanément solidaire : « Jusqu’au 16 octobre 1793, on avait vu des reines décapiter des reines, on n’avait pas vu de reine guillotinée juridiquement par la Canaille, cette goujate majesté des temps actuels. Un tel arrêt ne devait pas manquer à la jurisprudence des abolisseurs de Dieu.(43) »
En réalité, la IIIe République intéresse plus Bloy que la Ire République. Née de la défaite, la République sous laquelle il souffre est l’objet de toute sa détestation : « La décrépitude originelle de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir. Jézabel de lupanar, fardée d’immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s’est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu’on aurait peinte sur la muraille d’un hypogée. (44)» L’interprétation de l’histoire par Bloy suit une méthode transposée de l’exégèse symbolique que lui a enseignée l’abbé Tardif de Moidrey, vers 1880. Son herméneutique s’inspire aussi de révélations personnelles qu’il croit avoir reçues. Il cherche « la main de Dieu dans les ténèbres de l’histoire.(45) » Le monde, selon lui, suit la loi d’airain d’une déchéance implacable, jusqu’à ce que vienne, à la fin des temps, le Consolateur des pauvres, le règne de l’Esprit-Saint qui rendra justice aux opprimés. « La France, écrit-il en 1908, ne veut plus de roi, ni de reine, ni de Dieu, ni d’Eucharistie, ni de pénitence, ni de pardon, ni de paix, ni de guerre, ni de gloire, ni de beauté, ni de quoi que ce soit qui donne la vie ou la mort. (46)» Adoptant une posture millénariste, Bloy déclare attendre « les cosaques et le Saint-Esprit (47)» dans un avenir très proche. Le dernier régime politique que la France connaît ne peut donc être que le pire, la République.
Le 14 juillet, devenu fête nationale en 1880, est qualifiée de « fête nationale du goujatisme (48) ». Le suffrage universel attire inexorablement ses sarcasmes : « Le suffrage universel est un mal sans remède et, pour mon compte, je le crois un mal absolu. C’est un monstre et une antinomie dans le goût d’une pyramide qui reposerait sur la pointe. (49) » Une bombe explosant à la Chambre et blessant une cinquantaine de personnes le laisse indifférent (50). Le pessimisme désespéré de Bloy le porte à penser que « tout est rejeté parce que nous touchons à une époque mystérieuse où Dieu veut agir tout seul, comme il lui plaira (51) ».
Le ralliement de Léon XIII à la République et, plus tard, les tentatives de paix de Benoît XV pendant la Première Guerre mondiale lui semblent des trahisons qui mettent à l’épreuve sa fidélité affichée au souverain pontife. Lorsqu’il apprend la mort de Léon XIII, il note dans son journal : « Il y a plus de vingt ans que j’attends son successeur. (52) » Il n’épargne pas plus les catholiques qui cherchent un compromis avec leur siècle que ses anciens amis royalistes. Fidèle au catholicisme intégral de L’Univers, il attaque avec prédilection ceux que nous appellerions les catholiques de progrès : « Les catholiques modernes, monstrueusement engendrés de Manrèze (sic) et de Port-Royal, sont devenus en France, un groupe si fétide que, par comparaison, la mofette maçonnique ou anticléricale donne presque la sensation d’une paradisiaque buée de parfums… (53)» Mais plus loin, d’autres diatribes visent l’ensemble de ses coreligionnaires, encore qu’il évite alors d’employer la première personne du pluriel afin de montrer qu’il n’appartient pas au troupeau ainsi vilipendé : « Les catholiques déshonorent leur Dieu, comme jamais les juifs et les plus fanatiques antichrétiens ne furent capables de le déshonorer. […] C’est l’enfantillage volontaire d’accuser ces pleutres de scélératesse. La surpassante horreur, c’est qu’ils sont médiocres. (54) »
LA POSTÉRITÉ DE LÉON BLOY
Après la Première Guerre mondiale, Léon Bloy, mort en 1917, jouit d’une reconnaissance posthume de la part de la nouvelle génération. Si les contradictoires et flamboyantes imprécations de Léon Bloy le tiennent à l’écart des manuels scolaires de littérature, elles permettent à des courants intellectuels opposés de le revendiquer dans leur patrimoine. Parmi les lecteurs de Bloy, il faudrait citer des personnalités aussi diverses que le peintre Georges Rouault ou, hors de France, le philosophe Nicolas Berdiaev, Thomas Merton, Maurice Maeterlinck et Franz Kafka pour Le Salut par les juifs (55).
Jean Guitton évoque dans un discours « un ordre de prophètes, ordre laïc, qui s’est constitué en France : je songe à la lignée qui de Joseph de Maistre va jusqu’à Léon Bloy, Péguy, Mounier, Bernanos et tant d’autres (56)». La première descendance de Bloy, dans cette filiation, ce sont les écrivains de la droite catholique des années 1930, Bernanos surtout (57), mais aussi Claudel et même Daniel-Rops et Mauriac, féroce contempteur du monde bourgeois catholique, et bien sûr, Jacques et Raïssa Maritain.
Les revues littéraires de la droite catholique de l’entre-deux-guerres citent souvent Léon Bloy avec Hello, Péguy et Bernanos. Les hommes de cette mouvance se veulent spiritualistes, révolutionnaires, anti-capitalistes, ennemis du « désordre établi » et font leurs les féroces critiques de Bloy contre la IIIe République et la bourgeoisie. Jean-Louis Loubet del Bayle cite La Jeune Droite autour de Jean Maxence, fondateur des Cahiers (1928-1931) ; la revue Réaction (1920-1932) fondée par des jeunes proches de l’Association des Étudiants d’Action française ; La Revue du Siècle (1933-1934) fondée par Gérard de Catalogne à laquelle collabore Jean de Fabrègue (58).
Léon Daudet fait figurer Léon Bloy, en 1895, sous le nom de Robert Scipion dans Les Kamchatka, « livre où je suis traîné sur quelques fumiers », note Bloy dans Le Mendiant ingrat (59). Mais en 1930, quand Bloy a atteint la notoriété, il lui consacre un article dans La Revue universelle. L. Daudet se garde d’y aborder les opinions politiques et les jugements de Bloy sur l’histoire de la France contemporaine, mais souligne son exécration du xixe siècle et la conspiration du silence dont il fut victime, sans signaler que les journaux royalistes y eurent leur part (60).
L’influence de Bloy s’exerce aussi dans le courant chrétien démocrate, notamment avec la revue Esprit d’Emmanuel Mounier, qui évolue vers une gauche catholique fort éloignée des positions de Léon Bloy. Michel Winock mentionne la présence à Esprit de Michel Moré « disciple de Bloy, grand lecteur de Huysmans (61)». Mais au début des années 1930, Esprit exprime un désir de rupture entre « l’ordre chrétien et le désordre établi », un rejet du monde bourgeois qui le rapprochent de Léon Bloy, comme cette conclusion de Mounier qui évoque l’attente eschatologique de Bloy : « Il est grand temps que le scandale arrive.(62) » Une figure majeure du catholicisme social, Stanislas Fumet, publie, en 1935, Mission de Léon Bloy (63) ; il dirige, en 1937, Temps présent, puis, pendant l’Occupation, fonde dans la clandestinité des Cahiers du Témoignage chrétien auxquels collabore un autre admirateur de Bloy, Pierre Emmanuel.
Les écrivains d’une droite extrême, comme Lucien Rebatet, relisent Bloy pour son intolérance, la violence de son langage, ses tirades contre l’ordre bourgeois, la ploutocratie, le suffrage universel, le clergé rallié à la République, pour lesquelles ils placent Bloy dans leur lignée de pamphlétaires. Son nom se trouve souvent dans les pages web des groupes de cette mouvance qui lisent Bloy en l’amputant de sa fidélité indéfectible, quoique critique, au catholicisme et au pape.
Le 3 mai 1925, quand les amis de Bloy inaugurent une grande croix de granit sur sa tombe à Bourg-la-Reine, ils trouvent une gerbe de roses rouges barrée d’un ruban noir où se lit l’inscription : « Le groupe anarchiste de Bourg-la-Reine à Léon Bloy, le défenseur des pauvres.(64)» Bloy anarchiste ? Autre lecture possible qui ne retient que sa révolte et fait abstraction de sa foi chrétienne, de son mysticisme, de sa soumission perpétuelle à la divine Providence et de son secret : « Une extraordinaire dilection pour les âmes, un amour qu’auraient pu comprendre les tendres hommes du Moyen Âge, qui étaient doux, comme il est doux, et qui aimaient les larmes comme il les aime.(65) »
LE GÉNIE
CONCLUSION
L’incohérence politique de Léon Bloy et son indifférence à cet égard montrent qu’il ne faut pas juger ses déclarations successives comme des engagements dans le champ politique empirique, mais comme une éthique et une esthétique : Bloy est un émigré de l’intérieur ne trouvant jamais durablement sa place dans un parti, une revue ou un domicile. Son passé révolutionnaire et son incapacité à s’incorporer au camp traditionaliste indiquent qu’il ne résiste pas à la Révolution, comme les conservateurs ou les réactionnaires, mais qu’il construit un bastion inexpugnable contre l’esprit bourgeois qu’il assimile à la philosophie des Lumières et à la Révolution. Ainsi s’inscrit-il dans la lignée des écrivains antimodernes dessinée par Alain Compagnon en transformant « une marginalité politique et un handicap idéologique en un atout esthétique (66) »."
Jean-François Galinier-Pallerola, historien
(1)Réponse de M. Jean Guitton au discours de M. Pierre-Henri Simon, Discours prononcé dans la séance publique, le jeudi 9 novembre 1967, Paris, Palais de l’Institut.
(2)Léon Bloy, Le Désespéré, 1886, Paris, La Table ronde, 1997, p.26.
(3)Ibid. Maurice Bardèche, Léon Bloy, Paris, La Table ronde, 1989, p.36, donne cette citation et renvoie aux Textes philosophiques d’Herzen, t. II, édition de Moscou.
(4)« L’Archiconfrérie de la Bonne Mort, 5 décembre 1892 », dans Le Mendiant ingrat (1892-1895), Journal, t. I, Paris, Robert Laffont, 1999, p. 47. Bloy date donc du Second Empire l’essor simultané de la mentalité bourgeoise et de l’anarchisme.
(5)Ibid., p.46-49. C’est Bloy qui utilise les lettres capitales pour la phrase de conclusion. Il indique que « l’Archiconfrérie dont il est parlé n’est autre que l’Anarchie explosive et militante ».
(6)« 1er septembre 1902, à Rachilde en réponse à son article sur l’Exégèse des lieux communs », dans Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne (1900-1904), Journal, t. I, p.429.
(7) Jacques Maritain, « Le secret de Léon Bloy », cité dans Léon Bloy, Le Pèlerin de l’absolu (1910-1912), Journal, t. II, p.306.
(8) Michèle Fontana, Léon Bloy. Journalisme et subversion 1874-1917, Paris, Honoré Champion, 1998, p. 241. L’auteur renvoie l’introduction aux Propos d’un entrepreneur en démolition, paru en 1905. Elle note que Bloy garde des liens avec Marc Sangnier, dont il réprouve pourtant le républicanisme, parce que le fondateur du Sillon va vers les pauvres (p. 256).
(9) Michel Arveiller, « Le Harki du saint troupeau, Léon Bloy et le parti catholique », dans M. Arveiller et Pierre Gaudes, Léon Bloy, Cahier de l’Herne, 1988, p. 266.
(10) Lettre citée dans M. Bardèche, Léon Bloy, p. 26-27.
(11)Le Désespéré, p. 256-257. C’est Bloy qui souligne.
(12)Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880), philosophe catholique conservateur et royaliste dans le courant du catholicisme social du comte Albert de Mun. Son livre, De la douleur (1849), exerce une forte influence sur Léon Bloy.
(13)M. Bardèche, Léon Bloy, p. 53-55
(14)Lettre citée dans M. Fontana, Léon Bloy. Journalisme et subversion 1874-1917, p. 45.
(15)Lettre datée probablement de 1870 citée dans M. Fontana, Léon Bloy. Journalisme et subversion 1874-1917, p. 45.
(16)« 19 mai 1897 », Mon journal (1896-1900), Journal, t.I, p. 201
(17)« L’Archiconfrérie de la Bonne Mort, 5 décembre 1892 », Le Mendiant ingrat, Journal, t. I, p. 47.
(18)« 16 juillet 1897 », Mon journal (1896-1899), Journal, t. I, p. 207.
(19)L’intransigeance du comte de Chambord sur le drapeau blanc, symbole d’une monarchie de droit divin et non octroyée par un parlement, fait échouer le projet.
(20)Voir Introduction générale, Journal, t. I.
(21)Lettre de Léon Bloy à Blanc de Saint-Bonnet en 1873 citée dans M. Arveiller, « Le Harki du saint troupeau, Léon Bloy et le parti catholique », p. 270.
(22)« La légitimité par M. Blanc de Saint-Bonnet l’auteur de La Restauration française », article inédit, janvier 1874, dans Œuvres, t. V, Paris, Mercure de France, 1974, p. 26.
(23)La Chevalière de la mort, 1891, dans Œuvres, t. V, Paris, Mercure de France, 1966, p. 29-30.
(24)Ibid., p. 30.
(25)Le Fils de Louis XVI, 1900, dans Œuvres, t. V, p. 155.
(26)« Dédicace au Fils de Louis XVI, 28 mars 1914 », Au seuil de l’Apocalypse (1913-1915), Journal, t. II, p. 382.
(27)« 16 avril 1900 », Le Vieux de la montagne, Journal (1907-1910), t. II, p. 80.
(28)L’âme de Napoléon, 1912, dans Œuvres, t. V, p. 55
(29)La Chevalière de la mort, p. 38.
(30)Ibid., p. 41.
(31)Voir Le Fils de Louis XVI.
(32)L’Âme de Napoléon, p. 55.
(33)« Dédicace au Fils de Louis XVI, 8 novembre 1910 », Le Pèlerin de l’absolu (1910-1912), Journal, t. II, p. 193.
(34)Celle qui pleure (Notre-Dame de La Salette), 1908, dans Œuvres, t. X, Paris, Robert Laffont, 1970, p. 118.
(35)« Le mancenillier du 20 mars », Le Pal, n°3, 23 mars 1885, dans Œuvres, t. IV, Paris, Robert Laffont, 1955, p. 77.
(36)« Septembre 1894 », Le Mendiant ingrat, Journal, t. I, p. 105
(37)« 4 décembre 1897 », Mon Journal, Journal, t. I, p. 31.
(38)La Chevalière de la mort, p. 76. C’est Bloy qui utilise les lettres capitales.
(39)Erreurs et mensonge historiques par Charles Barthélemy, Etudes historiques pour la défense de l’Eglise par Léon Gauthier, dans Œuvres inédites, p. 46.
(40)Le Pal, n°5, 1885, dans Œuvres, t. IV, p. 71.
(41)Un démolisseur de plus, dans Œuvres inédites, p. 207.
(42)« 1er août 1893 », Au seuil de l’Apocalypse (1913-1915), p. 357.
(43)La Chevalière de la mort, p. 24.
(44)« La république des vaincus », Le Pal, n°3, 23 mars 1885, dans Œuvres, t. IV, p. 68.
(45)Histoire de France contée à Véronique et Madeleine (Introduction inachevée), Journal, t. II, p. 644.
(46)Celle qui pleure, dans Œuvres, t. X, p. 190. Cette reine rejetée est la Vierge Marie.
(47)Au seuil de l’Apocalypse, Journal, t. II, p. 497.
(48)« 14 juillet 1892 », Le Mendiant ingrat, Journal, t. I. p. 31. Mais Bloy regardera le feu d’artifice de son appartement avec des amis en 1888. Voir « Lettre 130 de Léon Bloy à Maurice Fleury, 13 juillet 1888 », Lettres, correspondance à trois, Léon Bloy, J.-K. Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, Vanves, Thot, 1980.
(49)« Les cadets du suffrage universel » (avril 1884), dans Œuvres inédites, p. 106.
(50)« 10 décembre 1893 », L’Archiconfrérie de la mort, Journal, t. I, p. 46-49.
(51) « Mars 1897, Lettre à Henri Provins », Mon Journal, Journal, t. I, p. 197.
(52)« 21 juillet 1903 », Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Journal, t. I, p. 493.
(53)Le Désespéré, p. 136.
(54)Ibid., p. 138-139. Le soulignement, indiqué par les majuscules, est de Bloy. M. Bardèche, Léon Bloy, p. 178, cite ce texte en renvoyant au Pal, n°4, dans Œuvres, t. IV, p. 82. Bloy réutilise souvent certains textes d’une publication à l’autre.
(55) L’encyclopédie de l’Agora cite aussi d’autres écrivains et journalistes : // agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Leon_Bloy. Léon Bloy publie Le Salut par les Juifs en 1882 en réponse au livre d’Edouard Drumont, La France juive, 1886.
(56) Jean Guitton, Réponse de M. Jean Guitton au discours de M. Pierre-Henri Simon.
(57)Voir Georges Bernanos, « Dans l’amitié de Léon Bloy », Essais et écrits de combat, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1968, p. 1233.
(58)Voir Jean-Louis Loubet del Bayle, Les Non-Conformistes des années trente, Paris, ed. du Seuil, 2001.
(59)Le Mendiant ingrat, Journal, t. I, p. 150.
(60)Voir Léon Daudet, « Léon Bloy », La Revue universelle, n°20, 1930.
(61)Michel Winock, Esprit, des intellectuels dans la cité, 1930-1950, Paris, Ed. du Seuil, 1996.
(62)Emmanuel Mounier, Esprit, n°6, mai 1933, cité dans J.-L. Loubet del Bayle, p. 265.
(63)Stanislas Fumet, Mission de Léon Bloy, Paris Desclée de Brouwer, 1935.
(64) Joseph Bollery, Léon Bloy, sa maturité, sa mort, du « Mendiant ingrat » à « La porte des humbles » 1895-1917, Paris, Albin Michel, 1954, p. 407.
(65) J. Maritain, « Le secret de Léon Bloy », cité dans Léon Bloy, Le Pèlerin de l’Absolu, Journal, t. II, p. 306. Maritain se réfère à l’énergie déployée par Léon Bloy pour assurer les saluts des âmes en s’efforçant de convertir ses connaissances au catholicisme et à une vie sacramentelle intense.
(66)Antoine Compagnon, Les Antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes, Paris, Gallimard, 2005, p. 447.
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11/05/2008
Sommeil...
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Cet hémisphère quotidien qui est le mien durant mes fins de semaines prolétariennes est celui du sommeil profond qui vient me prendre, à peine levé aux alentours de midi et quelques fruits secs avalés en compagnie d’un thé vert brûlant, sur les coups des deux heurs de l’après-midi je sombre à nouveau, parfois pour quatre ou cinq heures d’affilée, dans une nuit diurne qui m’emporte profondément vers mes abysses sereins. Bercé par les bruits de la maison, la télévision et les ronronnements de Minette qui vient se blottir contre moi. Lorsque je me réveille je m’en veux. Mais que puis-je faire contre une fatigue physique et morale à laquelle ma profession me condamne inexorablement ? De l’intérieur, cependant, ma rétine exulte à la vue des paysages que mon royaume compose selon l’humeur de mon verbe. Au-dedans de mes muscles, de mes nerfs et par-delà. Je songe à la masse prolétaire au jour où elle travaillait 12h00 par jour, 6 jours sur 7.
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