14/08/2009
Au milieu du péril
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
A tous ces chrétiens haineux et donneurs de leçons.
« Le miracle de l’amour, c’est d’être debout dans la nuit, plein de silence dans le fracas de l’insignifiance, plein de louange au milieu de la haine. »
Christiane Singer, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
A la fenêtre du salon. Je fume et je regarde dans le vide. Grande légèreté intérieure malgré la vie qui me pèse. Des soucis de père, des inquiétudes de mari, des questions de fils.
Apprentissage. Jeté dans l’arène à tenir tête à un taureau au souffle brûlant aux yeux exorbités et à la bave fiévreuse.
Et le temps qui passe, menace et soumet.
Il faut affiner ses perceptions. Regarder et sentir le monde par tous les pores de la peau, capter le moindre frémissement susceptible de nous révéler quelque vérité insoupçonnée. La vie se doit d’être un changement perpétuel, mais avec une constance forte et affirmée. A la faveur des métamorphoses et mutations, les transformations apportent la purification, on élimine les tensions, les inhibitions, les raideurs pour gagner en souplesse, en fluidité afin que la liberté d’action devienne une obéissance joyeuse aux moindres sollicitations du devenir. Viennent alors les moments brûlants de la félicité, de la jubilation. Vient, alors, l’extase dans l’œil du cyclone. On se sent arraché à la mort, hors du temps, plongé dans une surabondance de vie où coule à flots un amour capable d’embraser le monde en l’embrassant. Un amour apte à tout comprendre.
Une jeune femme me reproche de n’être pas assez impliqué, trop détaché, flegmatique. La liberté, le refus de soumission dérange. Il est difficile de trouver quelqu’un qui ne fera que la chose essentielle : savourer l’instant, dans la bonne distance avec tout, et savourer, simplement, le miracle d’être. Pourtant je passe mon temps à la pousser à se délester des poids, considérables, qui l’empêchent de déployer ses ailes à leur juste mesure.
« Un jour, ce qu’il y a au monde de plus silencieux et de plus léger est venu à moi. »
Friedrich Nietzsche
Je songe à Bloy, encore, en tombant sur ce passage de Philippe Sollers, dans son livre Illuminations : « Le poète est un prophète en musique. Un prophète du beau et de la vérité. Plus il est grand, plus il est allé loin dans la vérité du langage, et plus il aura lutté pour le langage de la vérité. »
Et je songe encore à Bloy quand il cherche à équilibrer constamment sa lecture du Saint Livre en dévoilant l’éternelle confrontation entre Abel et Caïn qui se reproduit dans toute la textuelle de la Torah puis des Evangiles comme un programme mis en place depuis le commencement des commencements (certains kabbalistes affirment qu’avant même le premier jour, avant même la chute et l’exil dus au serpent, le côté droit et le côté gauche de Dieu se sont affronté en des prémisses an-historiques), je songe, à Bloy et à sa compréhension affectueuse du mystère d’Israël, dans la joute qu’il met en scène avec un verbe fulgurant entre le peuple juif perçu comme abomination et à la fois comme bénédiction, toutes deux inclusives du reste du genre humain, lorsque je lis ces vers de Friedrich Hölderlin :
« Tout proche
Et difficile à saisir, le dieu !
Mais au lieux du péril croît
Aussi ce qui sauve. »
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13/08/2009
Robert Plant : Calling to you
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Calling to you
Beyond the river - over the sea
Somewhere's last last farewell that ever will be
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
Out in the blue now, just waiting to be
A little breath of selflessness, adrift in all the greed
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
Look for the match - cover Adam and Eve
All the world when new was fire - it still was the scene
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
So you're gonna - it's for your honour - it's gonna be done
Where you gonna go? when you gonna stop?
Who stole the keys to the gates of the castle of love?
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
Who you gonna call? what you gonna say?
Standin' in the shadows as the world's just fadin' away
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
Who you gonna call? when you gonna stop?
Who stole the keys to the gates of the castle of love?
It's calling to you, calling to you, calling to you
It's calling to you, calling to you, calling to you
Who you gonna call? what you gonna say?
Standin' in the shadows as the world's just fadin' away
Just fadin' away, just fadin' away
A signaler la présence de Nigel Kennedy, au violon, sur le solo final déjanté...
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Dans la Nuit... buvant du Sang d'Ours...
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Huguenin, tricheur, brouilleur de pistes : « La seule chose qui rende ma douleur supportable, c’est sa beauté. Et alors ? Suis-je un esthète ? C’est tellement plus simple — si atrocement simple… » À la date du mercredi 5 mars 1958. Le lendemain il poursuit : « Se raconter est fat. Se justifier est lâche. Si je veux que vous me compreniez, je me garderai bien de vous parler de moi. »
Écran de fumée. Dans son journal, Huguenin nous parle essentiellement de lui et je le comprends comme un jeune frère. Curieux, n’est-ce pas ? Huguenin a 22 ans au moment où il s’essaye à ces masques qui ne me trompent pas et je viens d’en avoir 44. Il est amusant de lire, sous la plume de François Mauriac dans la préface à son journal, ces mots teintés d’ironie : « Si Jean-René Huguenin avait vécu, si le temps avait été donné à l’auteur de La Côte sauvage pour écrire l’œuvre que ce premier livre annonçait, et si, vers sa cinquantième année, il avait retrouvé ce manuscrit au fond d’un tiroir, il en eût été peut-être irrité ; il ne l’aurait pas publié sans ces commentaires dont nous accablons volontiers la jeunesse et que nous n’épargnons pas au jeune homme que nous fûmes. »
C’est, à mon humble avis, tout à fait exact. Mais François Mauriac poursuit : « Mais dans la lumière de sa mort, ces pages ont pris un aspect bien différent. Presque chaque parole en est devenue prémonitoire. »
D’où ma lecture admirative.
Cette connerie qui veut faire croire, sans les avoir ouverts, ou en les ayants mal ouverts, que les Evangiles sont une source de dolorismes divers, de souffrances et de retenues ascétiques de toutes sortes, m’épuise jusqu’à la nausée. Moi je vois un homme manifester librement l’amour et la vie et si je retiens l’effroi tragique de sa crucifixion, je suis surtout interpellé par la puissante charge symbolique de sa résurrection. C’est le Christ ressuscité qui m’intéresse, moins que le Christ en croix, même si les deux sont théologiquement liés et prophétisés en maints endroits de l’Ancien Testament.
Si la bêtise nous conduit vers le malheur, le bonheur, en ce cas, serait une forme d’intelligence ?
La source du bonheur serait-elle dans le fait d’écouter avec une vive attention sa conscience ?
Le bonheur n’est pas un état, mais c’est une quête.
Lorsque l’on s’arme, donc, d’intelligence, ce que l’on mène sa quête en écoutant attentivement sa conscience, on est en mesure d’affronter les zones d’ombres et leur pestilence existentielle en étant pleinement confiant.
La confiance c’est le début du bonheur.
Le véritable hédonisme consiste, simplement à prendre très au sérieux ce que nous donne comme trésors savoureux la vie, ici-bas, sur terre. Mais Qohelet, déjà, clamait qu’il fallait prendre ce qui nous était donné sous le soleil. C’est, déjà, une relation intime avec Dieu. Les orthodoxes diraient qu’en cette jouissance claire nous sommes divinisés.
La ceinture à clous que portait Blaise Pascal pour se punir de Dieu sait quoi, assombrit considérablement sa philosophie. « Pascal, ce sublime avorton du christianisme. » disait Nietzsche, très impressionné, néanmoins, par le penseur.
« Sublime avorton ». Certains y voient de l’ironie. Moi, j’y vois l’expression assumée d’une admiration critique.
Le message essentiel des Evangiles est dans ce don de liberté qui s’offre comme une possibilité de sortir du cercle de la faute, du péché, de la chute, de l’exil, hérités de génération en génération comme un lourd fardeau généalogique qui sclérose le libre arbitre. Nos péchés retombent sur nos enfants jusqu’à la septième génération dit Yahvé, juge sévère. Et comme nous commettons de nombreuses erreurs au cours de notre vie et que nos enfants en commettent de multiples à leur tour, et ce dès leur plus jeune âge, et bien on n’est pas rendu comme on dit en Bourgogne, le pays d'Irina. Le Christ vient briser ce cercle qui, lui, est doloriste, en y créant une brèche, pour le pèlerin en quête, armé d’intelligence et écoutant minutieusement leur conscience. Hors les murs.
Nietzsche est, malgré lui, chrétien en cela que sa négation de Dieu n’est possible que grâce à la critique qui justifie cette négation mais… justifie, aussi, Dieu.
Ce qui a accouché notre civilisation, c’est cet écartèlement, cette constante tension, chez l’occidental, entre la Lettre et l’Esprit, entre ce qui est dit et ce que le dire formule en de-ça. Beaucoup sont tombés dans le piège des concepts et ont construit leur perception du christianisme, qui est une parole de vie, sur une série de faux-sens et contre-sens en donnant une confiance aveugle aux mots de la théologie et en les fixant comme des racines indiscutables alors que les notions religieuses, travaillées, au corps par des docteurs fiévreux de pénétrer un peu plus le tabernacle, n’étaient que des bourgeons appelés à s’épanouir avant de mourir pour être remplacés par des bourgeons neufs. Cette confiance accordée au langage a créé une perception altérée de la réalité, un monde fictif qui s’oppose à la réalité en la travestissant ou, pire, en l’ignorant. Or, Nietzsche était philologue de formation et les textes, il savait les lire, et sans doute les a-t-il lus sans préjugés moraux.
« Chaque église est la pierre sur le tombeau d’un homme de Dieu : elle veut à tout prix qu’il ne ressuscite pas. (Nietzsche)
Qu’a nié le Christ ? tout ce qui aujourd’hui porte le nom de chrétien.(Nietzsche)
Le Christ sur la croix est le plus sublime des symboles — aujourd’hui encore.(Nietzsche)
Les sarcasmes et les invectives de Nietzsche contre le christianisme occultent le sérieux de sa méditation sur la personne du Christ. On oublie trop souvent que le Surhomme, s’il doit avoir la volonté d’action et l’attachement à la terre d’un « César romain » doit aussi posséder la spiritualité la plus haute, celle de « l’âme du Christ ». Nietzsche a toujours respecté et admiré ce qu’il croyait avoir saisi de la personne réelle du Christ, au-delà et contre la tradition des églises. Lorsque, sombrant dans la folie, le philosophe signe ses dernières lettres des noms mêlés de Dionysos et du Crucifié, il révèle que si on l’a compris, Dionysos est moins l’ennemi du Christ qu’il n’en est le doublet.
La méditation sur le type du Christ, comme celle sur Socrate, parcourt toute la pensée nietzschéenne. Ici plus que jamais, l’ennemi est l’ami vénéré, l’autre est le même, le plus différent est le plus proche. L’image que Nietzsche nous donne du Christ n’est en rien mesquine, même si, par ailleurs, elle ne fournit qu’une partie des qualités qui devront caractériser la Sur-humanité future. Dans sa richesse et sa complexité, elle donne à penser aussi bien au croyant, qui, par-delà le Bien et le Mal, recherche une foi affirmative, qu’à l’athée en quête d’un idéal humain débarrassé de tout « moraline » métaphysique. »
Sur la Christologie nietzschéenne
Nietzsche et les métamorphoses du divin – Emmanuel Diet
Il faut tenir. Mes lectures désespérées m’y invitent. Bernanos et Houellebecq, par exemple. Triste soumission que leur plume décortique. Les ténèbres sont percées par leur verbe. Les ténèbres et l’anomalie de la soumission, l’anomalie de la servitude. Même du centre de la mort il faut qu’un chant s’élève, le plus simple, le plus innocent.
« et ce fut silence et présence de nuit
et de nuit souveraine
et de règne de nuit aux rives de la mer
et ce fut nuit à l’absence des vents
et vents de nuits à l’écume des mers. »
« et tant de nuits au siècle de l’absence…
ton regard est la nuit
où règne le silence
ton corps est règne de vent
règne de vent ton corps
et nuit de vent au siècle de l’absence. »
Arielle Monney, dit Alderbaran (1957-1975) "La mort est ce jardin où je m’éveille"
Celle que j'avais déjà évoqué ici... écrit ces lignes en 1974. Elle a 16 ans. Elle tient tête. Sa mort est proche. Il faut tenir.
Car il faut tenir. Quoi qu’il en coûte. Histoire d’être un homme et de tenter, toujours, de connaître le prix des choses, de se déterminer soi-même dans le cours des choses en question. Ils ont bon dos ceux qui sont dans la certitude des certitudes, statufiés sur place, le cul hémorroïdaire car constipé, à lancer leurs malédictions faciles en lieu et place des bénédictions qui s’imposeraient si ils ouvraient les yeux. Nietzsche qui a postulé que « Dieu est mort » a plus de foi en lui lorsqu’il dit, de mémoire, d’hommes qui prient nous devons devenir des hommes qui bénissent. Je songe, du coup, à Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito et autres poèmes. Ce poème qui demande de tenir, de ne pas baisser sa garde, d’être confiant dans le mouvement.
« Monsieur Cogito. Envoi
Va-t’en où allèrent les autres vers l’issue obscure
chercher la toison d’or du néant ta dernière récompense
va redressé parmi ceux qui sont à genoux
qui tournent le dos ou sont réduits en poussière
tu as été épargné mais non pour que tu vives
tu as peu de temps il faut témoigner
que ta Colère impuissante soit comme l’océan
chaque fois que tu entends la voix des persécutés des battus
que ne t’abandonne jamais ton frère le Mépris
pour les mouchards les bourreaux les lâches — c’est eux qui gagneront
ils iront à tes funérailles et soulagés jetteront leur motte de terre
puis le ver à bois écrira ta biographie arrangée
et ne pardonne pas car en vérité je te le dis il n’est pas en ton pouvoir
de pardonner au nom de ceux que l’on a trahis à l’aube
garde-toi cependant de l’orgueil inutile
examine au miroir ton visage de bouffon
redis : j’ai été appelé — n’y en avait-il pas de meilleurs
garde-toi de l’aridité du cœur aime la source matinale
l’oiseau au nom inconnu le chêne en hiver
la lumière sur un mur la splendeur du ciel
n’ont que faire de ton haleine chaude
elles existent pour dire : personne ne te consolera
reste en éveil — quand le feu flambera sur la colline — lève-toi et va
aussi longtemps que le sang dans ton sein fait tourner ton étoile obscure
répète les anciennes conjurations les contes et légendes
car ainsi tu atteindras le bien qui t’échapera
répète les grandes paroles répète-les obstinément
comme ceux qui traversaient le désert et mouraient dans le sable
tu seras récompensé de ce qui leur tombe sous la main
par le fouet de la dérision par un meurtre sur la décharge publique
va car ainsi seulement tu seras admis au cercle des crânes froids
parmi tes ancêtres : Gilgamesh Hector Roland
défenseurs du royaume sans limite et de la cité des cendres
Sois fidèle Va »
Monsieur Cogito et autres poèmes, Zbigniew Herbert
Il est des fulgurances qui se plantent en nous comme des bouées de sauvetage, des béquilles ou des ailes qui nous permettent un équilibre dans ce monde qui se joue de nous sans lassitude.
« Il faudrait savoir plusieurs langues pour changer d’identité, disparaître.
Parce que la parole est difficile.
Parce que la vie est dans la parole. »
Claude Held, Le temps déchiré
Léon Bloy choque les chrétiens chétifs qui ne trouvent leur force que dans la lettre marbrée et poussiéreuse. Léon Bloy, avec sa théologie intuitive et sa flamme verbale, à croire qu’il a saisi un peu de ce feu qui brûle sans consumer le buisson ardent, Bloy tabernacle naturel, corpulence sévère.
Il ne se voulait que poète m'a dit une fois l’ami Restif. Et je tombe par un heureux hasard sur ce passage d’Armel Guerne dans L’Âme insurgée, écrits sur le Romantisme, au chapitre « Hölderlin ou le mystique malgré lui » :
« Le poète, je l’ai dit, n’est jamais qu’un prophète manqué ; — pour peu, du moins, qu’il ne soit plus l’un de ces ridicules amuseurs, profanateurs attitrés de la langue, auxquels le Satan anonyme du monde accorde avec délices ce noble nom de poète qu’il inonde de toutes ses gloires, récompensant ainsi ses serviteurs de leur culte fidèle, ô dérision ! Et plus le poète est grand, oui, plus il est entré loin, profond et haut dans la vérité du langage, plus il aura lutté pour le langage de la verte, plus les beautés seront venues, prodigieuses entre ses mains : plus aussi sera-t-il, par la vertu de ce même langage, un prophète manqué. D’autant plus proche, et d’autant plus loin ; d’autant plus haut, et d’autant plus « tombé », tout humble sous la loi des splendides beautés qui, véritablement, accablent son orgueil. — Le saurait-il ? Ce n’est pas sûr. Mais ce qu’il sait, c’est que chaque mot engage, chaque parole prononcée ou pensée, chaque image, non seulement dans son fait mais dans son mouvement même, l’engagent tout entier dans ce monde absolu de la vérité sous lequel, ici-bas, il répond par des responsabilités infinies ; et comme nos actes nous suivent terriblement, terriblement aussi ses parles le suivent… La vocation, c’est cela : répondre à un appel. Mais d’où vient-il ? On s’avance vers lui. Mais où va-t-on ? Sous tous les travestis de l’orgueil, sel pour n’être plus seul, on s’avance, on avance, on se risque ; mais est-on même sûr d’avoir seulement obéi ? Dès le premier mot, pourtant, alors qu’on croit n’apprendre encore que les rudiments de cet « art » où la jeunesse pétulante et fanfaronne ambitionne de s’illustrer, tout le sérieux de la chose est là. Et le dernier mot sera pour le reconnaître. Le reste, c’est la vie : le lieu panique et le tems de ce drame ; d’autant plus unique et d’autant plus grand ; d’autant plus invisible et d’autant plus constant. C’est autour de ce feu que s’élaborent et se disposent, se pressent et s’échafaudent les circonstances : autour de ce seul feu qui les éclaire et les dévore ; et l’homme vient et va parmi elles, se heurte et se déchire parce qu’il ne sait pas, et qu’il sait, aveugle dans sa hâte…
Ah ! que ne cesse-t-on enfin de vouloir expliquer par le pourtour apparent d’une vie son contenu réel ! Que ne renonce-t-on — comme si l’on craignait toujours de la voir se répandre ailleurs et surtout dans le cœur —, que ne renonce-t-on à cerner d’un trait dur la silhouette seule de l’existence, à dessiner son contour ; pour essayer de pénétrer la vie, de ne plus s’écarter de son mystère et de son unité, de sa chaleur ! »
Il n’y a pas de hasard. Tout s’agence comme il se doit pour peu que l’on sache être à l’écoute. En tout cas, cela va comme un gant à Bloy lui-même.
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12/08/2009
Robert Plant : Slow Dancer
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Slow dancer
Slow dancer - no answers
For you new moves to see
Fast talker in dark corners
For you new words to hear
Sly glances - half chances
For you the eye that sees
When the sun slips from the day and the coolness brings relief
There's no torment 'neath the stars in the stillness of the night
When the swirling has to cease behind the safety of the veil
In high places - darkened faces
So indifferent in days to be
Lost races - no losers
Only winners return to see
New order - can't be altered
When the eyes refuse to see
When the sun slips from the day [etc - repeated]
Soft spoken - never could be broken
Waiting the dawn light with me
Slow burning - school of learning
Don't hasten it down on me
Hearts leaping - hopes been reaching
To the heights, to the heights - these signs to see
Oh baby -- in the darkness, in the darkness --
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C'est la nuit, je suis en vacances...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Ce que j’ai aimé dans le Journal d’un tueur sentimental de Luis Sepúlveda :
« (…) Elle est rapidement devenue une femme, à force de servir ses hanches se sont épanouies, son regard est devenu coquin, elle a compris que le plaisir c’est l’exigence, elle s’est entichée de la soie sur son corps, des parfums exclusifs, des restaurants avec des garçons élégants comme des ambassadeurs et des bijoux de créateurs. Elle a franchi le grand pas qui sépare la minette de la chatte.
(…)
c’est que je t’envie parce que pour toi tout sera terminé au moment où je vais te plomber, en revanche moi, mon frère je devrai continuer à vivre.
(…)
Il semblait que ses péchés étaient de ceux qui comptent, et il avait l’air habile.
(…)
Bien sûr. Une métisse m’a pris cent mille pesetas et un demi-litre de sperme. C’est mieux que le valium, lui ai-je indiqué sans vouloir être pédagogue.
(…)
Il a eu l’air de comprendre parce qu’au lieu de me vanter un matador auquel les femmes jetaient leur soutien-gorge, il s’est mis à se plaindre des Arabes, des Noirs, des Gitans, des Latinos, et de toute l’humanité qui ne répondait pas à ses critères de petit gros Européen qui sent la frite. Une fois de plus j’ai regretté l’absence d’un 45 dans ma main droite.
(…)
Mais bon Dieu d’où sortent les taxis ? Celui qui m’a amené de l’hôtel au centre des congrès était un Turc avec des moustaches longues comme un guidon de bicyclette, et dès que j’ai posé mon cul sur le siège protégé par un plastique il m’a pris pour cible de son ardeur prosélyte. Il a maudit toutes les femmes en jupe courte qui se promenaient dans la rue, toutes les publicités de rhum Bacardi, de cigarettes et finalement, en me demandant de ne pas m’offenser, il s’en est pris aux étrangers qui amenaient des mœurs pernicieuses. Quand nous sommes arrivés au centre des congrès il chiait sur la mère de Kemal Atatürk. En le payant je me suis promis d’honorer les professionnelles de l’amour et de ne plus jamais traiter de fils de pute ceux qui ne le mériteraient pas. Fils d’Allah me semblait une insulte beaucoup plus forte.
(…)
Il avait cet aplomb subtil qui trahit le malin, le dragueur qui ne se retrouve jamais seul au lit.
(…)
L’image de ma belle Française apparaissait à de douloureux intervalles dans ma mémoire, comme une publicité pour quelque chose que je ne pourrais jamais acheter.
(…)
Au bar international, à l’abri des conneries islamiques des garçons, je me suis enfilé trois gins et j’ai ensuite appelé Paris.
(…)
Le taxi qui m’a amené de l’aéroport au centre de la ville était turc mais sa nationalité ne l’excluait pas de la tribu universelle des indiscrets.
— Comment vous avez trouvé Istanbul ? Une belle ville ! N’est-ce pas ? cracha-t-il sans pitié.
— Comment vous savez que c’est de là que j’arrive ?
— Parce que c’est le dernier vol international protégé. Vous savez de quoi je parle ? Un avion atterrit à Francfort toutes les trois minutes, mais les vols en provenance de Turquie arrivent sur une piste de haute sécurité. C’est à cause des Kurdes, vous savez ? C’est une bande de terroristes et les Allemands prennent des précautions.
— Ça n’a pas été bien pour moi Istanbul.
— Ça ne m’étonne pas. C’est ce qui arrive aux touristes qui ne veulent pas qu’on les conseille. A Istanbul on ne drague pas une femme même si on est Alain Delon, mais il y a les Suédoises et les Allemandes à Edirne. Elles se baignent toutes à poil et se rôtissent sur le sable. Maintenant si vous êtes plus exigeant, les rues de Galata sont pleines d’éphèbes de rêve. C’est comme à Cadaqués mais le mark allemand vous ouvre tous les cœurs et tous les petits culs. — Merci pour ces informations, mais je voulais baiser une femme velue. En plus le tchador m’excite comme une bête, ai-je affirmé au lointain fils d’Allah. »
J’ai relu ces passages que j’avais très vaguement en mémoire, ayant lu cette courte nouvelle le 4 mai 1998. Cette précision ne provient que de la note que j’ai apposée à la fin de mon exemplaire et où j’ai précisé : « Petit livre net, sec, vif et clair, comme un rapide coup de lame au travers de la gueule. » Une jolie petite histoire d’amour qui se termine en dérangeante « happy end ». Pas d’inquiétude, le « héros » de l’histoire s’en sort très bien :
« — Emmène-moi d’ici… a-t-elle gémi contre ma poitrine.
— Bien sûr, mon amour, lui ai-je murmuré à l’oreille avant de tirer sous son joli sein gauche, parce qu’il le fallait, parce que je l’aimais, mais je ne pouvais pas agir autrement pour mon dernier travail. J’était un tueur, et les professionnelles ne mélangent pas le travail et les sentiments.. »
Luis Sepúlveda, Journal d’un tueur sentimental
J’ai brulé tant de navires en pleine mer. Les reflets des flammes dans les eaux noires, de nuit, c’est quelque chose. Un beau spectacle plein de fièvres et de tragédies. Et je suis là aujourd’hui à tricher comme je peux pour, au travers de mes masques, parvenir à effleurer du bout des doigts, une parcelle de vérité sur l’âme humaine, à tracer ces lignes dans le train nocturne de ma désespérance, au milieu de mon îlot de livres.
- Le latin est mort, vive le latin ! de Wilfried Stroh
- La redécouverte de l’esprit de John R. Searle
- Georgiques de Virgile
- Les Métamorphoses d’Ovide
- La Perse antique de Philip Huyse
- Le Japon d’Edo de François et Mieko Macé
- Les Aztèques de Jacqueline de Durand-Forest
- Les Mayas de Claude-François Baudez
- Les Incas de César Itier
- Le faussaire et son double. Vie de Thomas Chatterton de Lucien d’Azay
- L’Humeur indocile de Judith Schlanger
- Les Grecs et la mer de Jean-Nicolas Corvisier
Autant me pendre tout de suite. Explorations solaires et kafkaïennes en perspectives. Si je trouve le temps de transformer mes butinages en lectures authentiques. Je fais ce que je peux, bordel ! Ma soif est insatiable mais elle a tendance à me submerger. Puis merde, ami lecteur, amie lectrice, je me saoule avec un mauvais vin serbe, coup de nostalgie oblige, alors ça ne m’aide pas à voir clair, ou peut-être que ça me fait tout voir avec une extrême clairvoyance. Allez savoir ! La réalité aussi me submerge, me voyant j’en viens à manquer de souffle, à manquer de mots. « Sang d’ours » est le nom du vin. MEDVEDA KRV.
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. »
Rimbaud, Une saison en enfer
Et Rainer Maria Rilke dans Tendres impôts à la France :
« Reste tranquille, si soudain
l’Ange à ta table se décide ;
efface doucement les quelques rides
que fait la nappe sous ton pain.
Tu offriras ta rude nourriture
pour qu’il en goûte à son tour,
et qu’il soulève à sa lèvre pure
un simple verre de tous les jours.
Ingénuement, en ouvrier céleste,
il prête à tout une calme attention ;
il mange bien en imitant ton geste,
pour bien bâtir à ta maison. »
Le vin du Sud, même mauvais, apporte des stances muettes, véritables symphonies intérieures, qui me font sourire à l’ombre de ma main malgré la menaçante ténèbre.
«Le Sud, école de guérison.» Nietzsche
Mais au bout du compte, Baudelaire aussi : « Connais donc les jouissances d’une vie âpre, et prie, prie sans cesse. »
Pourtant, dans ces instants privilégiés, mes instants, je suis comme Montaigne dans sa tour, à me confronter à mes doutes, à me disséquer sur la page en un équarrissage pointu et bien plus précis qu’il n’y paraît. Une relecture rapide des mes notes passées sur ce modeste Blog me le confirme : j’en dis beaucoup même quand je semble ne pas en dire beaucoup. Je vais sous l’épiderme. Privilège crâneur d’écrivain.
C’est la nuit. Je suis en vacances.
03:18 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (5) | |
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11/08/2009
Robert Plant : Watching You
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Watching You
In sleep I am drawn - I feel guilty at dawn
Come over the mountains, come over the sea
Should my darkness prevail - does your memory fail?
Oh love on the wing, carry my prayer
Cherish this moment in times of despair
Over the mountains, over the sea
Angel of love, come back home to me
Are your kisses so warm - can you carry my storm?
I look at the moon and you're gone
Love on the wing, carry my prayer
Cherish this moment in times of despair
Over the mountains, over the sea
Angel of love, please come on home to me
Come back home, come back home, come back home
I feel guilty, so guilty...
Love on the wing, carry my prayer
Cherish this moment in times of despair
Over the mountains, over the sea
Angel of love, bring it back home to me
Come back home to me
I see my disgrace - can I touch you right now?
From this beautiful place
I see my disgrace - can I touch you right now?
I'm tired of watching you
Oh, I'm tired of watching you
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La Bibliothèque
=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=
Nietzsche, cette pauvre idole crépusculaire selon certains, traînait avec lui une malle, lors de ces errances, avec quelques 1000 livres dedans.
De quoi en effet élaborer une philosophie de malade mental.
15:24 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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In Memoriam
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Ah ! Mon frère des mille et une guerre psychiques traversées ensemble, Bro' Vince, me fait remarquer, par un mail, qu'hier était le Milo's Day. Milo, frangin d'la night aurait dit Léo Ferré. Compagnon de nos dérives adolescentes. Nous aurions pu y rester, Bro' Vince et moi-même, c'est Milo qui y est resté pour nous. Comme s'il avait pris sur ses épaules ce que nous, pourtant loin d'être timides en matière d'autodestruction dans nos jeunes années, n'avions pas osé prendre.
A l'hôpital, où il se laissait aller face au HIV, ayant déposé les armes depuis longtemps, Milo a demandé à l'infirmière s'il pouvait avoir des pâtes. C'était la seule chose qu'il parvenait à manger depuis des années. Pâtes et laitue. Laitue et Pâtes. Elle est partie lui en chercher et à son retour il était sans vie avec un léger sourire de farceur sur le visage. Une sorte de moue qui disait :"C'est une blague, je t'ai bien eue avec mes pâtes."
Bro' Vince m'a signalé cette chanson de Mike Ness, de son album "Cheating At Solitaire"... cette douleur comme le souffle sanglant d'une aiguille... cette chanson qui va bien à Milo qui est mort il y a longtemps... et qui ne nous quitte pas. D'ailleurs, nous ne voulons pas qu'il nous quitte. Nos souvenirs sont nombreux, notre mémoire a encore un sens. Mais si Dieu existe, j'espère juste qu'il l'a mis, enfin, à l'abri de l'Enfer que fut sa vie.
Bro' Vince : "Une que j'ai oublié, c'était hier, 9 Août 1998, Milo's Day, j'étais aux ménhuires, ce jour là je lui écrivais une carte postale, je l'avais vu quelques semaines avant. Et j'ai appris son décès, à mon retour… No comment…
Dope Fiend Blues
In a police car I feel so very small
I see my lover's face and I watch her teardrops fall
And I try to figure out where I'd fallen off the track
I sold my soul to the devil and then I stole it back
And in the end, you know a dope fiend ain't got no friends
And a junkie is a junkie to the bitter end
Hope to die now, cuz you know I'm better off dead
Hey brother, won't you lend me a helpin' hand?
I tie myself off, shoot it in my veins
I feel like Marlon Brando and I've hid another day's pain
I'm goin' back where it's safe, goin' back to the womb
I find my mother's comfort, here in a needle and spoon
Chorus
And Christmas for a dope fiend ain't no fun
Waitin' for good times that seem to never come
Goin' out now, gonna get myself a gun
Please stop me, don't you know I'm on a run?
Aren't you tired of the detox and the places in the mind?
Aren't you tired of the misery, aren't you tired of doin' time?
And I try to figure out where I'd fallen off the track
You know I sold my soul to the devil and then I stole it back
Chorus
I'm a dope fiend, I'm a liar, a cheat and a thief
At my funeral, won't you bring me a red rose wreath?
Dress in black now, show everyone your grief
Well, I'm gone now, you can all feel relief!
En fait, arrive simplement un moment dans la vie où l'on devient quelqu'un connaissant le prix des choses.
Mike Ness
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10/08/2009
"Conjecturant une Venise nôtre parmi ces rares lumières"...
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
« Lequel de nos mérites passés
oublié bientôt
nous valait le don de Venise
de sa merveille ?
De quelle grande douleur
qui toujours nous attend
nous dédommageait d’avance
avec ce qu’elle était Venise ?
A ces questions ne répondent plus
le dieu des eaux le dieu de la nuit.
Ils sombrent avec les villes
sous notre horizon.
Avec le mal d’une question non posée
d’une réponse non parvenue on va
sur des eaux perpétuellement troublées :
sur des eaux noires qui s’éloignent, une nuit,
conjecturant une Venise nôtre parmi ces rares lumières. (…) »
A Venise avec Biasion, (Etoile Variable), Vittorio Sereni
C’est bien là l’histoire de VENICE. Un appel resté sans réponse. Une possibilité demeurée en suspend. Une torche brulante jetée dans un précipice sans fond en pâture aux forces de l’oubli.
Cellophane.mp3 (Paroles : Boris Bergman/Musique : Franck Schaack-Nebojsa CIRIC-Eric JAMES Guillemain)
De gauche à droite : Franck Schaack, Frédéric Laforêt, Eric James, Nebo
07:00 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (5) | |
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09/08/2009
Singularité quantique
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Dieu n'est pas un "être", personnel ou non. Nietzsche savait que cette notion, pervertie par deux mille ans de platonisme et de rationalisme, n'était plus qu'une vapeur, une volute d'homme moderne. Les juifs, les chrétiens grecs des premiers temps, et même les musulmans (si l'on considère Allah comme la contraction du mot d'origine sémitique signifiant Dieu, Elohim, et l'article al), ont toujours dit "le Dieu", ils ne s'adressaient pas à Dieu, comme à une sorte d'être singulier, mais au Dieu, comme figure intemporelle et aspatiale de l'Unique, de l'Irreprésentable.
Dieu, c'est l'être. En tant que force toujours active et constamment créatrice, et surtout autocréatrice. C'est donc l'être comme fonction ontologique du devenir, et surtout des surpassements atemporels, quand le Temps tout entier devient unité de conscience, quantum de l'Esprit ainsi éveillé à Sa Présence.
Autant dire qu'Il est partout, et nulle part, ce qui revient au même pour une "singularité quantique" qui a tenté de créer un processus cosmobiologique capable de faire émerger la conscience, au sens noble, c'est-à-dire cet être, précisément, je ne parle pas d'un "Être" suprême et suprêmement rationnel - Sa Royauté trône bien au-delà de toutes ces conceptions vulgaires -, mais cet être comme moment de singularité quantique, à la fois destructrice et créatrice, surpassant la conscience, au coeur de ce petit organe encore bien rudimentaire qui tient lieu à certains d'entre nous de cerveau. » Le théâtre des opérations II, Laboratoire de catastrophe générale, Maurice G. Dantec
"Sa Royauté trône bien au-delà de toutes ces conceptions vulgaires." J'ai aussitôt envie d'ajouter : "Par-delà Bien et Mal !"
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"Le premier de la classe disparu, ne restent que les cancres."
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Les pauvres illuminés de La Question se déchaînent contre Nietzsche avec leur suffisance sûre d'elle-même.
Il leur faut leur dose de haineuses lourdeurs déversées sur Fredo les bacantes (comme l'appelle l'ami Restif) histoire de laver l'affront que le penseur a fait à leur semblant de religion sombre, poussiéreuse et doloriste. Ils opposent Heidegger à Nietzsche. Ou défendent Wagner contre le moustachu qu'ils considèrent comme un nihiliste. Nietzsche, nihiliste. C'est l'hôpital qui se fout de la charité.
Wagner, passées ses très belles introductions : LOURDEUR, NEVROSES, HYSTERIES, BRUME GERMANIQUE GRATUITE, paganisme christianisé pour le bonheur des croyants de peu de FOI. Je sais, je suis méchant, mais je le pense. Vive Mozart et Bach, définitivement.
Rimbaud : « Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m'ont précédé ; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clef de l'amour. »
« Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité du monde. » Martin Heidegger, "Shelling" (Semestre d'été 1936)
Dans un texte daté de 1974, sur le tard donc, Heidegger posait la question essentielle : « Entendons-nous avec suffisante clarté, dans le Dit de la poésie d'Arthur Rimbaud, ce qu'il a tu ? Et voyons-nous là, déjà, l'horizon où il est arrivé ? »
Mais on peut s'amuser. Oui oui oui. Trois fois "oui" comme la Trinité :
-- Rimbaud : « Ô le plus violent Paradis »
--Hölderlin :
« C'est cela qu'il nous faut comprendre
Tout d'abord. Car les noms depuis le Christ sont pareils
Au souffle du matin. Ils se font rêves. Ils tombent comme l'erreur
Sur notre coeur et tuent, s'il n'est personne
Pour scruter leur nature et les comprendre. »
-- Nietzsche : « Il nous faut être nous-mêmes, comme l'est Dieu, justes, gracieux, solaires envers toutes choses et les créer toujours nouvelles telles que nous les avons créées. »
-- Heidegger, enfin : « Que Dieu et le divin nous manquent, c'est là une absence. » Et le souabe poursuit comme un Kabbaliste juif, je ne blague pas : « Seulement l'absence n'est pas rien, elle est la présence -- qu'il faut précisément s'approprier d'abord -- de la plénitude cachée de ce qui a été et qui, ainsi rassemblé, est : du divin chez les grecs, chez les prophètes juifs, dans la prédication de Jésus. Ce "ne plus..." est en lui-même un "ne... pas encore", celui de la venue voilée de son être inépuisable »
Sollers, espiègle : « Car enfin, Dieu est-Il mort ? A demi vivant ? A naître ?
Et si ces trois questions n'en formaient qu'une ? »
A nouveau, Heidegger en 1946, au lendemain de la guerre, l'Allemagne n'est que champs de ruines, l'Allemagne et l'Europe : « C'est seulement dans le cercle plus vaste de ce qui est sauf, que peut apparaître le sacré. Parce qu'ils appréhendent la perdition en tant que telle, les poètes du genre de ces plus risquants sont en chemin vers la trace du sacré. Leur chant au-dessus de la terre sauve ; leur chant consacre l'intact de la sphère de l'être. » Voilà qui, personnellement, m'illumine plus que toutes les formalités théologiques chez Zak, Radek & co. Heidegger poursuit : « La détresse en tant que détresse nous montre la trace du salut. Le salut évoque le sacré. Le sacré relie le divin. Le divin approche le Dieu. Ceux qui risquent le plus appréhendent, dans l'absence de salut, l'être sans abri. Ils apportent aux mortels la trace des dieux enfuis dans l'opacité de la nuit du monde. »
Il y a une telle charge de Vérité dans cela, que je le répète pour le plaisir des intelligents et le malheur des imbéciles : « Ceux qui risquent le plus appréhendent, dans l'absence de salut, l'être sans abri. Ils apportent aux mortels la trace des dieux enfuis dans l'opacité de la nuit du monde. » Et Nietzsche a risqué beaucoup, bien plus, même, que Heidegger.
Il est curieux que Claudel après sa découverte des "Illuminations" de Rimbaud, dira avoir découvert l'innocence enfantine de Dieu.
L'innocence enfantine de Dieu ? Ainsi Hallâj, le mystique arabe, condamné à mort, fouetté, mis en charpie, crucifié puis décapité par les barbus de son temps pour "hérésie" qui eut ses extases charnelles, spirituelles et sémantiques : « Celui qui me convie, et qui ne peut passer pour me léser, m'a fait boire à la coupe dont Il but tel l'hôte traitant son convive. Puis, la coupe ayant circulé, il a fait apporter le cuir du supplice et le glaive. Ainsi advient de qui boit le vin, avec le Lion, en plein été. »
Ou lorsque Hallâj se promène avec l'un de ses disciples le long d'un mur derrière lequel une musique surgit. Le disciple demande : « Qu'est ce que ceci, Maître ? » en extase d'entendre la flûte délicate dériver et le rejoindre dans sa dérive. Et Hallâj lui répond : « C'est Satan qui pleure sur la beauté du monde. »
C'est un curieux cénacle, parallèle, unique et toujours recommencé qui se créé par-delà les clivages raciaux et culturels, pour embraser et embrasser des âmes qui disent l'essentielle ardeur qui va par-delà les retenues de rigueur chez les grenouilles et les crapauds de bénitiers. Ô misère, je crois que si Dieu est, il trouve déjà bien des bontés chez tous ces dépravés de la quête qui ont tous posé le doigt sur quelque chose de primordial qui les dépasse et les pousse loin devant, loin au-dessus.
Heidegger : « Seulement à partir de la vérité de l'être se laisse penser le déploiement du sacré. Seulement à partir du déploiement du sacré peut se penser le déploiement de la divinité. Seulement dans l'illumination du déploiement de la divinité peut être pensé et dit ce que la parole "Dieu" doit nommer. »
Et je finirais par Jean Cocteau : « Mille neuf cent est l'année terrible. Nietzsche meurt. Le premier de la classe disparu, ne restent que les cancres. »
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Autre temps, même moeurs
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Le 24 août 1770, à Londres, se donnait la mort le poète Thomas Chatterton. Il avait 17 ans.
« Ô mon âme, exerce ton pouvoir, adore ;
Envole-toi sur les ailes de la dévotion
Pour célébrer la journée :
Le Dieu qui créa le ciel et la terre
Animera ma langue reconnaissante ;
Et grâce à lui j’attraperai le profane. »
Changeons les géographies internes, les topographies mentales et c’est la même histoire sans fin qui se répète : un cœur absolu veut s’embraser d’être simplement là où il est et célébrer humblement le jour qui commence comme un chant surgissant du lieu même où se jette impétueusement le fleuve dans l’océan. Le bonheur d’une singularité non entendu par la meute de la foule, ou pire, trop bien entendu.
07:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | |
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08/08/2009
John Rhys-Davies, un honnête homme.
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Un acteur de la trilogie du Seigneur des anneaux se lâche.
John Rhys-Davies : "There is a demographic catastrophe happening in Europe that nobody wants to talk about, that we daren’t bring up because we are so cagey about not offending people racially. And rightly we should be. But there is a cultural thing as well… By 2020, fifty percent of the children in the Netherlands under the age of 18 will be of Muslim descent… And don’t forget, coupled with this there is this collapse of numbers. Western Europeans are not having any babies. The population of Germany at the end of the century is going to be 56% of what it is now. The populations of France, 52% of what it is now. The population of Italy is going to be down 7 million people."
Il a précisé : "When I look at contemporary Islam, I see homophobia, forced conversion, genital mutilation, slavery, two million people being put to death in Sudan because of their religion".
"Fundamental Islamism is a particularly brutish and unpleasant form of fascism."
Voyez aussi ce lien en français : "J’enterre tellement ma carrière avec ces interviews que c’en est douloureux. Mais je pense qu’il y a certaines questions qui demandent des réponses sincères.
Je pense que ce que dit Tolkien, c’est que certaines générations seront confrontées à des défis. Et que si elles ne se redressent pas pour faire face à ces défis, elles perdront leur civilisation. C’est quelque chose qui a une réelle résonance en moi.
J’ai eu le passé idéal pour devenir acteur. J’ai toujours été un étranger. J’ai grandi en Afrique au temps des colonies. Et je me souviens qu’en 1955, quelque part entre la fin juillet, quand les vacances scolaires commençaient, et la mi-septembre, quand elles se terminaient, mon père m’a emmené sur les quais du port de Dar-Es-Salam. Il m’a montré du doigt un dhow (Petit bateau arabe à une voile) dans le port et m’a dit, « Tu vois ce dhow là ? Il vient d’Aden deux fois par an. Il fait escale ici puis poursuit vers le sud. En descendant la côte, il contient des machines et du fret. En remontant, il transporte deux ou trois gamins noirs. Vois-tu, ces enfants sont des esclaves. Et les Nations Unies ne me laissent rien faire à leur sujet. »
La conversation se poursuivit. « Vois, mon garçon. Il n’y aura pas de guerre mondiale entre la Russie et l’Ouest. La prochaine guerre mondiale se fera entre l’Islam et l’Occident. »
C’était en 1955 ! Je lui ai dit, « Papa, tu es fou ! Les croisades sont finies depuis des siècles ! »
Et il m’a répondu « Oui, je sais ; mais l’Islam militant se lève à nouveau. Et tu le verras durant ta vie. »
Ca fait maintenant quelques années qu’il est mort. Mais il n’y a pas un jour qui passe sans que je pense à lui et que je me dise, « Bon Dieu, je voudrais que tu sois encore là, juste pour pouvoir te dire que tu avais raison. »
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’un trop grand nombre de vos collègues journalistes ne comprennent pas à quel point la civilisation occidentale est précaire et à quel point elle est précieuse.
Comment sommes-nous parvenus à ce genre de vraie démocratie, comment avons-nous atteint ce niveau de tolérance qui fait que je peux dire quelque chose qui puisse être totalement à l’opposé de ce que vous pensez, vous qui êtes à cette table, mais que vous supporterez néanmoins, et examinerez, et auquel vous répondrez « non, vous avez tort parce que ci et ça » ; et qui fait que je vous écouterai et dirai, « et bien, en fait, peut-être que j’ai tort parce que ci et ça ».
[Il se tourne vers une journaliste et adopte une voix autoritaire, comme pour jouer le personnage d’un islamiste radical :] « Vous ne devriez pas être dans cette pièce, puisque votre mari ou votre père ne sont pas ici pour vous accompagner. Vous ne pouvez donc être dans cette pièce avec ces inconnus qu’à des fins immorales. »
Ce que je veux dire… L’abolition de l’esclavage est issue de la démocratie occidentale ; de cette vraie démocratie qui vient de notre expérience gréco-judéo-christiano-occidentale. Si nous perdons ces choses, c’est une catastrophe pour le monde."
16:53 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (10) | |
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Mort d'un dandy
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Willy Deville (27 août 1953-6 août 2009)
Mort d'un dandy...
Rest in Peace...
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04/08/2009
Devin Townsend
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Vous connaissez Devin Townsend ? Et bien c'est le moment de le découvrir. Non content d'avoir enregistré avec le grandiose Steve Vai, Devin mène en même temps, et de main de maître, à la fois un projet solo et un groupe, Strapping Young Lad...
Et un peu de brutalité pour terminer...
Et quand il tourne dans des petites salles intimistes, seul en acoustique, cela donne ça...
Et ne vous fiez pas à sa tronche de maniaco-dépressif bi-polaire et écoutez jusqu'au bout...
Cheers...
"Ce type, Devin Townsend, est un génie !" (Steve Vai)
Pour écouter l'album que Devin a enregistré avec Steve Vai...
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03/08/2009
Inédits de Mozart
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Deux partitions inédites de Mozart retrouvées 2 siècles après la mort du compositeur. Deux pièces que Mozart aurait composées alors qu'il avait 7 ou 8 ans.
Morceau de piano en sol (NMA n°50)
Mouvement de concerto en sol (NMA n°51)
22:24 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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02/08/2009
Coming out réac'
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
La question me revient souvent. "Quelle est ta plus grande influence réactionnaire, Nebo ?" Le temps est venu pour moi de faire mon coming out, car j'ai trop longtemps traîné ce lourd secret comme un boulet qui me torturait l'âme plus que de raison. Ma plus grande influence réactionnaire peut être attribuée à... (roulements de tambours)...
A présent me voilà soulagé. Ouf...
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25/07/2009
PHILIPPE MURAY. TOMBEAU POUR UNE TOURISTE INNOCENTE.
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Philippe Muray nous manque. Du moins il manque aux gens intelligents, à ceux qui l'ont lu et qui ont respiré un peu mieux après une saine confrontation avec son verbe aiguisé. Car Philippe Muray décortiquait la coquille creuse de notre époque comme personne.
J'ai chopé ça chez ILYS. Excellent !
3min44sec
Si vous ne connaissez pas Philippe Muray, jetez, au moins, un oeil sur sa page Wikipédia. Pour les plus endurcis, une lecture de cet article et de cet entretien sera la bienvenue.
Plein de textes de Philippe Muray chez "Le Nouveau Réactionnaire"
07:00 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (81) | |
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23/07/2009
Anouk
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Anouk est belle... et elle chante délicieusement bien.
If I Go
You've got it easy but you've got the nerve to make a face
Although I'm strugglin' you can't tell because I keep it caged
We are together but I feel you're pushing me aside
Lend me a hand sometime the thought won't even cross your mind
You need to take a good look at yourself
'cause I'm about to close up shop
If you need a servant go find someone else
It's time to step up
'Cause If I go
I'll be taking more with me than you would care to lose
Time is up step it up or you'll see me walk away
Just so you know
Nothing you can do could make me turn around again
Your time is up step it up or you'll see me walk away
If we're together why you're pushing me away
You're taking chances boy we're getting closer to the day
You need to take a good look at yourself
'cause I'm about to close up shop
If you need a servant go find someone else
It's time to step up
'Cause If I go
I'll be taking more with me than you would care to lose
Time is up step it up or you'll see me walk away
Just so you know
Nothing you can do could make me turn around again
Your time is up step it up or you'll see me walk away
'Cause If I go
I'll be taking more with me than you would care to lose
Time is up step it up or you'll see me walk away
Just so you know
Nothing you can do could make me turn around again
Your time is up step it up or you'll see me walk away
It's time to step up
I said it's time to step it up
Yeah time to step up
Time to step it up
I said it's time babe to step it up
Step it up
Jerusalem
Sir can you tell me how to get to Jerusalem
'Cause I have kinda lost my way
Sir will you help me get there as fast as I can
Tomorrow might be too late
'Cause things ain't what they used to be
My love for life is gone you see
Am I fighting things I cannot see
People always tellin' me how sweet
and simple life could be
They say you might as well live before you die
But one thing I know for sure
I am a danger to myself, how come
Yeah one thing I know for sure
I need some guidance, to get me out of this hellhole
Jerusalem, can you help me find my
way back to Jerusalem, yeah
It took me quite a while to get into Jerusalem
'Cause I had kinda lost my way
I want to save me from myself so here I am
I hope it's not too late
'Cause things ain't what they used to be
My love for life is gone you see
Am I fighting things I cannot see
I am so afraid to love
'Cause of the way I've been hurt before
I think by now it's time for me to leave
But one thing I know for sure
I am a danger to myself, how come
Yeah one thing I know for sure
I need some guidance, to get me out of this hellhole
Jerusalem, can you help me find my way back to Jerusalem
Jerusalem, can you help me find what I have lost
Things ain't what they used to be
My love for life is gone you see
Am I fighting things I cannot see
I don't wanna die this way
Wishing that I could turn back time
Wasted time, there is work to be done
But one thing I know for sure
I am a danger to myself, how come
Yeah one thing I know for sure
I need some guidance, to get me out of this hellhole
Jerusalem, can you help me find my way back to Jerusalem
Jerusalem, can you help me find
what I have lost, yeah yeah
Alright
20:37 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (1) | |
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22/07/2009
Saxon : The Eagle has landed
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Take a giant step for mankind
On a distant lunar sea
As you travel across the universe
Will you take a step,
take a step for me
Will you take a step for me
Voyage of an eagle
Blasting to the stars
You take the hopes and dreams of men
To find yourself, to find tranquillity
To find tranquillity
Traveled across the universe
And placed the lonely flag
Out there in isolation
At the final, the final frontier
At the final frontier
The world's in celebration
As we wait for your return
You took a giant leap for mankind
On another, on another world
On another world
Take it easy take it slow
Don't go fast don't let go
The eagle has landed
The eagle has landed
The eagle has landed
The eagle has landed
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20/07/2009
Le Saule Pleureur...
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
La parole est à ma douce Irina...
Dans l'esprit de la chronique de Simon Leys, sachez que le lundi 29 juin 2009, on mettait à mort le célèbre saule pleureur de l'Île de la Cité, à Paris. Tout a commencé semble-t-il avec une branche tombée dans la Seine, et en peu de temps il a été décidé (sous le prétexte que cet arbre était malade) de le supprimer.
Un ami et collègue qui chaque matin et chaque soir avait l'habitude de passer à proximité et qui aimait à le contempler arrive un matin totalement anéanti et en colère et m'annonce la nouvelle, je n'en croyais pas mes oreilles. Ce saule majestueux de l'île de la Cité vous le connaissez tous, pas besoin d'être parisien pour cela, on l'a tous vu sur une carte postale ou dans un reportage télé, ou lors d'une ballade en bateau-mouche avec ses branches qui venaient caresser la Seine, il semblait protéger Notre-Dame. A la manière des Indiens de la côte Pacifique ou des Maoris, beaucoup le respectaient.
Cet acte honteux s'est bien sûr fait dans la plus grande discrétion et si on avait demandé leur avis aux parisiens, soyez sûrs que le gardien de l'île serait encore là.
Les photos ont été prises par l'auteur de ce blog (Emmanuel Delarue)
08:50 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (18) | |
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19/07/2009
L’empire du laid, par Simon Leys
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Trouvé via un commentaire chez ILYS ce texte de Simon Leys qui ne manque pas de piquant...
Les Indiens de la côte du Pacifique étaient de hardis navigateurs. Ils taillaient leurs grandes pirogues de guerre dans le tronc d’un de ces cèdres géants dont les forêts couvraient tout le nord-ouest de l’Amérique. La construction commençait par une cérémonie rituelle au pied de l’arbre choisi, pour lui expliquer le besoin urgent qu’on avait de l’abattre, et lui en demander pardon. Chose remarquable, à l’autre côté du Pacifique, les Maoris de Nouvelle-Zélande creusaient des pirogues semblables dans le tronc des kauri ; et là aussi, l’abattage était précédé d’une cérémonie propitiatoire pour obtenir le pardon de l’arbre.
Des mœurs aussi exquisément civilisées devraient nous faire honte. Tel fut mon sentiment l’autre matin ; j’avais été réveillé par les hurlements d’une scie mécanique à l’œuvre dans le jardin de mon voisin, et, de ma fenêtre, je pus apercevoir ce dernier qui - apparemment sans avoir procédé à aucune cérémonie préalable - présidait à l’abattage d’un magnifique arbre qui ombrageait notre coin depuis un demi-siècle. Les grands oiseaux qui nichaient dans ses branches (une variété de corbeaux inconnue dans l’hémisphère Nord, et qui, loin de croasser, a un chant surnaturellement mélodieux), épouvantés par la destruction de leur habitat, tournoyaient en vols frénétiques, lançant de déchirants cris d’alarme. Mon voisin n’est pas un mauvais bougre, et nos relations sont parfaitement courtoises, mais j’aurais quand même bien voulu savoir la raison de son ahurissant vandalisme. Devinant sans doute ma curiosité, il m’annonça joyeusement que ses plates-bandes auraient désormais plus de soleil. Dans son Journal, Claudel rapporte une explication semblable fournie par un voisin de campagne qui venait d’abattre un orme séculaire auquel le poète était attaché : “Cet arbre donnait de l’ombre et il était infesté de rossignols.”
La beauté appelle la catastrophe aussi sûrement que les clochers attirent la foudre. Les services publics qui font passer une autoroute au milieu de Stonehenge, ou un chemin de fer à travers les ruines de Villers-la-Ville, le moine qui met le feu au Kinkakuji, la municipalité qui transforme l’abbatiale de Cluny en une carrière de pierres, l’énergumène qui lance un pot d’acrylique sur le dernier autoportrait de Rembrandt, ou celui qui attaque au marteau la madone de Michel-Ange, obéissent tous, sans le savoir, à une même pulsion.
Un jour, il y a longtemps, un minuscule incident m’en a donné l’intuition. J’étais en train d’écrire dans un café ; comme beaucoup de paresseux, j’aime sentir de l’animation autour de moi quand je suis sensé travailler - ça me donne une illusion d’activité. Aussi la rumeur des conversations ne me dérangeait pas, ni même la radio qui beuglait dans un coin - toute la matinée, elle avait déversé sans interruption des chansonnettes à la mode, les cours de la Bourse, de la “muzak”, des résultats sportifs, une causerie sur la fièvre aphteuse des bovins, encore des chansonnettes, et toute cette panade auditive coulait comme de l’eau tiédasse fuyant d’un robinet mal fermé. Et d’ailleurs, personne n’écoutait. Tout à coup - miracle ! - pour une raison inexplicable, cette vulgaire routine radiophonique fit place sans transition à une musique sublime : les premières mesures du quintette de Mozart prirent possession de notre petit espace avec une sereine autorité, transformant cette salle de café en une antichambre du Paradis.
Mais les autres consommateurs, occupés jusqu’alors à bavarder, à jouer aux cartes ou à lire les journaux, n’étaient pas sourds après tout : en entendant ces accents célestes, ils s’entre-regardèrent, interloqués. Leur désarroi ne dura que quelques secondes - au soulagement de tous, l’un d’entre eux se leva résolument, vint tourner le bouton de la radio et changea de station, rétablissant ainsi un flot de bruit plus familier et rassurant, qu’il fut à nouveau loisible à chacun de tranquillement ignorer.
A ce moment, je fus frappé d’une évidence qui ne m’a jamais quitté depuis : les vrais Philistins ne sont pas des gens incapables de reconnaître la beauté - ils ne la reconnaissent que trop bien, ils la détectent instantanément, et avec un flair aussi infaillible que celui de l’esthète le plus subtil, mais c’est pour pouvoir fondre immédiatement dessus de façon à l’étouffer avant qu’elle ait pu prendre pied dans leur universel empire de la laideur. Car l’ignorance, l’obscurantisme, le mauvais goût, ou la stupidité ne résultent pas de simples carences, ce sont autant de forces actives, qui s’affirment furieusement à chaque occasion, et ne tolèrent aucune dérogation à leur tyrannie. Le talent inspiré est toujours une insulte à la médiocrité. Et si cela est vrai dans l’ordre esthétique, ce l’est bien plus encore dans l’ordre moral. Plus que la beauté artistique, la beauté morale semble avoir le don d’exaspérer notre triste espèce. Le besoin de tout rabaisser à notre misérable niveau, de souiller, moquer, et dégrader tout ce qui nous domine de sa splendeur est probablement l’un des traits les plus désolants de la nature humaine.
23:21 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (9) | |
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18/07/2009
Islam : a vile culture
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
KISS bass player Gene Simmons has caused an uproar among Australia's Muslim community by launching an attack on Islamic culture while in Melbourne. The lizard-tongued rock god who is touring Australia with the world's most enduring glam rock band launched an attack on Muslim extremists during an interview on Melbourne's 3AW radio - including comments which were labelled inaccurate.
"Extremism believes that it's okay to strap bombs on to your children and send them to paradise and whatever else and to behead people," he said yesterday.
The Israeli-born US musician went on to say Islam was a "vile culture" that treated women worse than dogs.
Muslim women had to walk behind their men and were not allowed to be educated or own houses, he said.
"Your dog, however, can walk side by side, your dog is allowed to have its own dog house... you can send your dog to school to learn tricks, sit, beg, do all that stuff - none of the women have that advantage."
He went on to say the west was under threat.
"This is a vile culture and if you think for a second that it's going to just live in the sands of God's armpit you've got another thing coming," he said.
"They want to come and live right where you live and they think that you're evil."
Simmons said the United Nations approach did not work and the west had to "speak softly and carry a big stick".
Sacré Gene...
17:35 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (14) | |
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09/07/2009
Hommes-Femmes : Quelle identité?
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Débat entre Eric Zemmour et Chantal Delsol lors de l'émission, "Les mardis des bernardins", pour la chaîne KTO. Une fois de plus, je vous suggère de mettre en route la vidéo, puis d'appuyer sur pause dés qu'elle commence, ce afin de la laisser se charger complètement. Vaquez à vos occupations et revenez d'ici une ou deux petites heures. KTO met toujours un temps fou à charger ses émissions. Une fois la vidéo pleinement téléchargée vous pourrez être en mesure de la visionner de bout en bout sans interruption. Je dois dire que Chantal Delsol est un peu désemparée face au trublion guilleret qu'est Zemmour et qui fait mouche.
Voyez également cette ancienne note avec un lien vers un article dense du Grain de sable...
07:00 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (9) | |
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08/07/2009
I like to move it move it...
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Y'a pas que Michael Jackson qui savait danser... Les perroquets blancs aussi... et ils envoient grave, comme disent les djeuns.
20:08 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (5) | |
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