15/02/2009
Heureux Sisyphe
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Avoir de fortes convictions, c’est cette allégorie intérieure, complètement abstraite qui donne l’illusion d’avoir une forte identité. Ça permet au moins de roter, péter et chier en prenant des airs de moralisateur céleste. C’est beau. Mon fils en dérive scolaire. Ma fille renfermée qui ne m’a pas adressé la parole depuis des semaines. Renfermée dans sa peur en même temps que dans fierté. Déjà une femme. Qu’elle apprenne à gérer l’une et l’autre, à jouer sur un fil en tirant sur l’autre et elle pourra déployer une force qu’elle ne soupçonne même pas. Bien entendu, on est loin d’être aidé par la machine dévoreuse qui nous machouille dès notre naissance. Mais elle ne nous aura pas vivants. Nous allons remédier à tout ça. En pleurant. En riant aussi. C’est une sanglante mascarade.
Mensonge héroïque de ceux qui ne baissent jamais les bras et se relèvent envers et contre tout tentent le redressement. Heureux Sisyphe.
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14/02/2009
Pureté inexistante
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
L’idéalisme perdure. On aspire à une pureté inexistante. On refuse la part d’ombre qui exige sa mise en scène. Le moindre paradoxe inquiète. On vit de façon ouverte mais avec le cœur fermé. Il faut faire bonne route avec Epicure ou Qohelet et prendre au sérieux ce qui nous est donné sur cette terre. Le plaisir est une sinistre farce lorsqu’il est consumériste, sans conscience claire, pulsionnel, abrutissant. Etre sollicité par 1000 désirs en vient à tuer le désir. L’ivresse en est vulgaire et débordante de bêtise. La profusion des choses cache la rareté des idées et l’usure des croyances.
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13/02/2009
Poussières
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Qu’est-ce que le sens littéral d’un texte, religieux, poétique, qui plus est, a été écrit dans une langue étrangère, l’hébreu ancien ou l’araméen ou le grec ancien ?
Et qu’est-ce, en profondeur, dans les soubassements, lorsqu’on est face à la lettre, le sens spirituel d’une texte. Une lecture uniquement littérale n’en fera qu’un objet archéologique, historique, sociologique, juridique, vieux marbre se fissurant. Or, si on n’affronte pas, déjà, le sens littéral de la lettre on ne peut aucunement accéder à la spiritualité contenue dans le texte. Et Dieu n’est pas un objet. Précisément parce que l’écriture n’est pas, chez les juifs et les chrétiens, la parole même de Dieu dans le sens où elle serait, d’une certaine manière, incarnée dans les chapitres, sortie de sa bouche, mais l’écriture est inspirée même si elle contient, ici et là, des paroles que Dieu a prononcées telles quelles. Il y a donc un écart, une respiration, une approche, une séduction qui de la lecture va donner une interprétation qui doit, partant du sens littéral le transcender, le couronner, l’accomplir sans le détruire, la contextualiser sans la couper de sa racine.
En Islam, à part chez les soufis, cette pratique d’interprétation ne s’élève pas elle demeure essentiellement juridique et légifère sur la vertu, les manières d’accommoder la vie sociale aux différentes circonstances que les aléas de la vie mettent sur notre chemin, du comportement à adopter avec sa femme, ses femmes, ses esclaves et… sa vie cultuelle. Car le Coran c’est la parole même d’Allah, intouchable, terminale, définitive. On comprend, alors, pourquoi le monde musulman, dans sa vaste majorité, est arrêté dans sa posture médiévale, ses certitudes, ses superstitions, son niveau social abject, son fanatisme.
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L'amour sous ecstasy ne dure que trois ans... et encore, c'est un record...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
J’ai lu aussi, ces derniers jours, deux livres, plus légers, mais pas dépourvus d’intérêt, de Frédéric Beigbeder. Nouvelles sous ecstasy et L’amour dure trois ans. Houellebecq est le fin psychologue, caustique et désabusé, mais grave, de notre époque en mutation. Beigbeder est le clown dégoûté, le nonchalant branché mais qui a lu. Il y a beaucoup de petites facilités dans son écriture, ça et là. Il se débat avec la page blanche, c’est sensible, et trouve le moyen d’y jeter des fulgurances sur l’expansion du vide, la festivité fuyante, l’incertitude métaphysique de l’homme post-moderne. Si il arrêtait de faire le clown désinvolte à la télévision et s’enfermait dans une tour pour se retrouver face à lui-même il serait capable de pondre un grand livre.
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12/02/2009
Benoît XVI et les "intégristes"...
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Le pape Benoît XVI travaille à la réunification des chrétiens sous le même toit. Ne jugez pas trop rapidement. Mesurez plutôt la portée du geste. Et ce, quelle que soit votre opinion de la bouillabaisse.
Pris sur le site de KTO.
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11/02/2009
Le Salut par les Juifs/La France contre les Robots
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Terminé Le Salut par les Juifs de Bloy. Quelle claque ! Je vais y revenir car ce qui s’y trouve imprimé ne va pas cesser de m’obséder en une foudroyante rumination méditative. Le chapitre final n’est autre que le 37 ème chapitre d'Ezechiel, tout au moins les 14 premiers versets, tiré de l’ancien testament, que Bloy a mis en latin. Mais, bien entendu, n’étant pas le moins du monde latiniste je suis allé chercher le passage dans la première Bible qui s’est présentée à moi. Et là ? Apocalypse. Oui, dévoilement. C’est à l’amour de Dieu que le texte invite, à l’unité retrouvée entre l’ancienne et la nouvelle alliance, même si le texte a été écrit bien avant les évangiles, la théologie prophétique de Léon Bloy, celle qu’il a développée et expliquée tout au long du livre dans une langue de feu se trouve ici étayée par le texte saint lui-même d’où provient l’ancienne promesse que Jésus, pour Bloy, est venu confirmer en couronnant l’ancienne Loi.
Pour ne pas lâcher la prise, après Le Salut par les Juifs, j’enchaîne avec La France contre les robots de Bernanos. Résultat de 7 années de réflexion durant son exil au Brésil où il a activement mis son cerveau et la prolongation de celui-ci, sa plume, au service de la France libre sous la conduite du général De Gaulle, Bernanos nous livre ici son dernier testament politique. C’est tout l’honneur et toute la gloire de cet ancien camelot du Roy, membre de l’Action Française et catholique convaincu d’avoir su faire jouer sa raison au détriment des crispations idéologiques pour ne pas proclamer comme son ancien maître Maurras a l’arrivée de Pétain au pouvoir : « Quelle divine, surprise ! » A la différence de beaucoup de ses compagnons politiques, Bernanos n’a aimé ni Hitler, ni Mussolini, ni Franco. Il n’a pas succombé aux sirènes totalitaires de son temps. Ce qui prouve qu’il n’a pas partagé avec ses camarades politiques le même esprit. Personnage d’une intelligence vive tout comme Bloy, Bernanos se retranche de sa propre famille spirituelle tout seul en en portant les postulats jusqu’au bout, en s'en détachant avec une liberté de ton singulière. La lecture de son Journal d’un curé de campagne m’avait arraché des larmes. Le don de soi dans la fièvre de l’avancée coûte que coûte. Déjà dans ce livre, Bernanos indiquait une volonté fanatique de pousser le feu de l’évangile dans ses ultimes retranchements. Ici, dans les premières pages, c’est un homme qui semble être revenu de tout qui parle d’une voix solennelle et éloquente pour prévenir contre la mutation qui s’annonce et qui tendra à transformer l’homme en piège, en machine. C’est d’actualité, n’est-ce pas ?
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10/02/2009
Léon Bloy, "Le Salut par les Juifs" - III
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
J’avance dans ma lecture de Bloy. Je reviens en arrière pour relire à nouveau, des pages entières. Non que je ne comprenne pas ce qu’il avance, mais je veux, à chaque fois, resituer les mots dans le flux écarlate de sa redoutable rhétorique. Cet homme a compris le lien indéfectible que le peuple d’Israël a tissé avec Dieu sur l’injonction de celui-ci. Cette élection inclusive dont je parlais hier, nous saisi dans sa trame et nous devenons solidaires dans le bien comme dans le mal et toutes les attitudes que nous adoptons avec le peuple juif, bonnes ou mauvaises, sont inscrites génétiquement, générationnellement, de siècle en siècle, dans la trame vertigineuse de l’Histoire. La controverse sanglante qui anime l’humanité entière dans ses jeux de pouvoir, de valeurs, de cultes, de politique, se trouve déjà indiquée dans le texte saint que les premiers prophètes monothéistes nous ont légué. Car ce peuple a reçu la bénédiction et la malédiction, toutes deux génériques, pour le projet humain. L’homme total de la bénédiction, à cause de la chute, à cause de l’exil est devenu l’homme esclave et totalitaire, ce qui est la même chose, le dernier homme de la malédiction acquise par ses actes et le fruit juteux et exquis du péché toujours recommencé.
« Maint homme A peur de remonter jusqu’à la source. » écrit Hölderlin dans Souvenir, tiré de ses Hymnes.
En remontant à la source de l’être, par la foi, ou la lecture du symbole ou du mythe, lecteur démerde-toi, on atteint à la certitude redoutable qu’en dépit de tout ce qui a été tenté pour supprimer ce peuple juif, errant comme Caïn sous la face de Dieu, ou comme le fils prodigue des évangiles, ou comme le peuple entier sorti d’Egypte par le glaive tranchant de l’Esprit de Dieu dans le désert de son apprentissage, depuis l’expulsion de Judée et la destruction du temple vers 70 de notre ère, jusqu’à la raclure nommée Drumont trempant sa plume haineuse dans la merde de ses préjugés, ce peuple ne peut être et ne sera pas détruit. Drumont inspira les SS et ceux-ci inaugurèrent pour la première fois avec la saisissante horreur que l’on connut l’annihilation, la destruction, technique, méticuleusement programmée puis organisée et exécutée de tout un peuple qui portait en lui tout ce que nous étions devenus, dans le mal et dans le bien.
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09/02/2009
C'est écrit...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Lire consiste parfois à voir le livre qui est entre nos mains s’animer et prendre vie. Le monde qu’il porte devient une claire mise en scène de ce que nous sommes et que nous ne voyons pas.
Presque terminé Bloy. Difficile d’accès par le ton employé, par le registre utilisé, par le lieu d’où Bloy parle qui semble être d’un autre monde tellement la vivacité du verbe serait, de nos jours, sujet à polémique immédiate si un livre de cette teneur venait à sortir aujourd’hui. On peut, sans le moindre effort, faire passer Léon Bloy pour le pire antisémite qui soit, en sortant des paragraphes entiers, sans la moindre coupure, du contexte historique, social et pamphlétaire qu’indique le livre.
Mais Bloy, lumineux théologien amateur plein de surprises, ose inviter avec une certaine violence, les antisémites eux-mêmes à revenir aux textes pour saisir la portée vertigineuse, saisissante, abyssale du plan de Dieu qui choisit en le peuple juif le porteur non pas exclusif mais inclusif d’une bénédiction et… d’une malédiction. Du même peuple surgira le meurtrier du Christ mais, surtout, le sauveur lui-même et cette contradiction humaine trop humaine est inscrite dans le cours de l’histoire dès le meurtre d’Abel par Caïn. L’élection du peuple juif est inclusive car elle sert d’exemple à l’humanité entière, dans le bien, mais aussi dans le mal. Le livre étant consacré aux juifs, Bloy ne s’étend pas sur les catholiques, mais les passages, nombreux, où il aborde ses contemporains dans la foi sont d’une violence inouïe, d’un cynisme acide et d’un mépris total. Je me demande si de nos jours il n’aurait pas envie de sortir le lance-flamme, si ce n’est au sens propre du moins au figuré, par le feu du logos. Il aurait la force de cent réactionnaires à lui tout seul.
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08/02/2009
Deux...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Le mythe hermaphrodite est une fontaine platonicienne. De même que le mythe techniciste qui tend à nous faire croire que tout nous y ramène. Sélection génétique scientiste, clonage masturbatoire, l’éternité qui abolirait le temps en surgissant des éprouvettes et des écrans d’ordinateurs.
C’est le nombre impair de la savoureuse confrontation qui porte l’équilibre et autorise l’ouverture à la connaissance. Marie-Pierre me le prouve tous les jours, même quand elle fait des petites crises de paranoïa à cause du temps qui passe et de l’intérêt que peut me porter une jeune femme de moins de 30 ans. Elle a passé une partie de la soirée à taper mon journal, avec toute la patience dévouée d’une épouse aimante. Et elle le fait toute seule, sans que je n’aie quoi que ce soit à lui demander. Se dresse en ce point le jardin unique de toutes les évocations. Que ferai-je sans elle ?
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Fatigue
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Mes dimanches se ressemblent tous. Ce sont ceux de la fatigue et de la léthargie. Le corps ne veut rien faire. L’esprit s’y soumet. Et on attend la suite.
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07/02/2009
Neighborhood Bully
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Mon ancien complice, Eric James Guillemain, ex-chanteur de Venice, me fait parvenir from New York, cette chanson que je n'ai pas entendu depuis plus de 20 ans, depuis mes 18 ou mes 19 ans. Je la connaissais. Mais là, avec ce clip fabriqué maison, clip non officiel, le texte prend une dimension toute nouvelle par les temps qui courent... Savourez, les mécréants et les autres... Bob Dylan c'est la classe et la constance incarnées. Tenez-le vous pour dit. Définitivement.
Neighborhood Bully
Well, the neighborhood bully, he's just one man,
His enemies say he's on their land.
They got him outnumbered about a million to one,
He got no place to escape to, no place to run.
He's the neighborhood bully.
The neighborhood bully just lives to survive,
He's criticized and condemned for being alive.
He's not supposed to fight back, he's supposed to have thick skin,
He's supposed to lay down and die when his door is kicked in.
He's the neighborhood bully.
The neighborhood bully been driven out of every land,
He's wandered the earth an exiled man.
Seen his family scattered, his people hounded and torn,
He's always on trial for just being born.
He's the neighborhood bully.
Well, he knocked out a lynch mob, he was criticized,
Old women condemned him, said he should apologize.
Then he destroyed a bomb factory, nobody was glad.
The bombs were meant for him.
He was supposed to feel bad.
He's the neighborhood bully.
Well, the chances are against it and the odds are slim
That he'll live by the rules that the world makes for him,
'Cause there's a noose at his neck and a gun at his back
And a license to kill him is given out to every maniac.
He's the neighborhood bully.
He got no allies to really speak of.
What he gets he must pay for, he don't get it out of love.
He buys obsolete weapons and he won't be denied
But no one sends flesh and blood to fight by his side.
He's the neighborhood bully.
Well, he's surrounded by pacifists who all want peace,
They pray for it nightly that the bloodshed must cease.
Now, they wouldn't hurt a fly.
To hurt one they would weep.
They lay and they wait for this bully to fall asleep.
He's the neighborhood bully.
Every empire that's enslaved him is gone,
Egypt and Rome, even the great Babylon.
He's made a garden of paradise in the desert sand,
In bed with nobody, under no one's command.
He's the neighborhood bully.
Now his holiest books have been trampled upon,
No contract he signed was worth what it was written on.
He took the crumbs of the world and he turned it into wealth,
Took sickness and disease and he turned it into health.
He's the neighborhood bully.
What's anybody indebted to him for ?
Nothin', they say.
He just likes to cause war.
Pride and prejudice and superstition indeed,
They wait for this bully like a dog waits to feed.
He's the neighborhood bully.
What has he done to wear so many scars ?
Does he change the course of rivers ?
Does he pollute the moon and stars ?
Neighborhood bully, standing on the hill,
Running out the clock, time standing still,
Neighborhood bully.
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Flamme
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
De l’âtre intérieur la flamme se fraie un chemin et trouve toujours la fissure, la faiblesse pour surgir. La douleur une fois atténuée, viennent les mots pour la dire. Puis le grand silence de la purification. Et l’écriture, elle, laisse les phrases éparses annotées dans la liturgie des fièvres comme autant d’insectes qui dessinent un semblant d’âme. Un vrai écrivain doit avoir la force de regarder le phénomène de sa pleine présence au monde avec tout l’art du scrutement chirurgical. Observation scientifique, claire, précise et effroyable de la palpitation sombre qui nous fait vivre et nous dévore. Enfer et purgatoire, ici et maintenant, nous captent dans leurs rayonnements respectifs ! et le paradis ? me direz-vous. Il est là aussi, tout au bout des territoires intérieurs où quelques rares nomades aboutissent et trouvent les portails d’ivoire massifs de la cité oubliée qui cache le secret du labyrinthe et ouvre les fleuves de l’infini qui sortent de la source et y reviennent indéfiniment.
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06/02/2009
Le seul excès c’est d’être
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Ecoutons Jimi Hendrix en relâchant nos muscles et en souriant, seuls, à l’air ambiant. Et tout de suite après Purple Haze prenons la porte dérobée avec Frank Sinatra, I got you Under my skin. Classe ivre et nonchalante. Voilà. C’est ce qui me reste quand chacun a représenté sur la scène de la vie ses petites crispations et ses certitudes socio-politiques qui permettent de vivre. La musique me restera, face à l’adversité du monde, et le Blues surtout, même si je le joue mal, comme mes seules échappatoires sensuelles, vivantes, qui me mettent en situation face à la multitude somnambule. Bande de sots, de moutons, de nains, de satisfaits, nous allons tous mourir. Saisissez l’amorce et vivez. Soyez amoureux. Vivez avec la mort, elle vous le rendra si bien. Vous avez beau la cacher elle ne disparaîtra pas par nos ridicules simulacres. Lisez. Caressez. Jouissez. Le seul excès c’est d’être.
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05/02/2009
Léon Bloy, "Le Salut par les Juifs" - II
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Poursuite de ma lecture de Léon Bloy, Le Salut par les Juifs. Bloy a le sentiment que la crasse juive ou son autre versant, l’argent grossier, autant de vils préjugés qu’il épouse sans complexe, témoignent à la fois de la malédiction que ce peuple porte à cause de sa non reconnaissance du foudroyant feu incarné et messianique. Il prend le parti d’indiquer par une rhétorique enflammée qu’il n’est pas surprenant de voir jaillir du lieu même de la perdition la semence royale de notre salut à tous.
« Me trouvant à Hambourg, l’an passé, j’eus, à l’instar des voyageurs les plus ordinaires, la curiosité de voir le Marché des Juifs.
La surprenante abjection de cet emporium de détritus emphytéotiques est difficilement exprimable. Il me sembla que tout ce qui peut dégoûter de vivre était l’objet lucratif de ces mercantis impurs dont les hurlements obséquieux m’accrochaient, me cramponnaient, se collaient à moi physiquement, m’infligeant comme le malaise fantastique d’une espèce de flagellation gélatineuse. Et toutes ces faces de lucre et de servitude avaient la même estampille redoutable qui veut dire si clairement le Mépris, le Rassasiement divin, l’irrévocable Séparation d’avec les autres mortels, et qui les fait si profondément identiques en n’importe quel district du globe.
Car c’est une loi singulière que ce peuple d’anathèmes n’ait pu assumer la réprobation collective dont il s’honore qu’au prix fabuleux du protagonisme éventuel de l’individu. La Race rejetée n’a jamais pu produire aucune sorte de César.
C’est pour cela que je me défie de la tradition ingénieuse, mais peu connue, j’imagine, qui donne des Hébreux pour ancêtres au peuple romain et remplace les compagnon d’Enée par une colonie de Benjamites, — expliquant la Louve des deux Jumeaux fondateurs par l’inscrutable prédiction d’Israël mourant : « Benjamin Lupus rapax, mane comedet praedam et vespere dividet spolia. Benjamin, loup rapace, au matin mangera la proie et au vêpre divisera les dépouilles (Genèse, chap.49, v. 27.) »
Les immondes fripiers de Hambourg étaient bien, vraiment, de cette homogène famille de ménechmes avaricieux en condition chez tous les malpropres démons de l’identité judaïques, telle qu’on la voit grouiller le long du Danube, en Pologne, en Russie, en Allemagne, en Hollande, en France même, déjà, et dans toute l’Afrique septentrionale où les Arabes, quelquefois, enfont un odieux mastic bon à frotter les moutons galeux.
Mais où ma nausée, je l’avoue, dépassa toute conjecture et tout espoir, ce fut à l’apparition des Trois Vieillards !...
Je les nomme les Trois Vieillards, parce que je ne sais aucune autre manière de les désigner. Ils sont peut-être cinquante en cette ville privilégiée qui ne semble pas en être plus fière. Mais je n’en avais que trois devant les yeux et c’était assez pour que les dragons les plus insolites m’apparussent.
Tout ce qui portait une empreinte quelconque de modernité s’évanouit aussitôt pour moi et les youtres subalternes qui me coudoyaient en fourmillant comme des moucherons d’abattoirs s’interrompirent d’exister. Ils n’en avaient plus le droit, n’étant absolument rien auprès de ceux-ci.
Leur ignominie, que j’avais estimée complète, irréprochable et savoureuse autant que peut l’être un élixir de malédiction, n’avait plus la moindre sapidité et ressemblait à de la noblesse en comparaison de cet indévoilable cauchemar d’opprobre.
L’aspect de ces trois fantômes dégageait une si non-pareille qualité d’horreur que le blasphème seul pourrait être admis à l’interpréter symboliquement.
Qu’on se représente, s’il est possible, les Trois Patriarches sacrés : Abraham, Isaac et Jacob, dont les noms, obnubilés d’un impénétrable mystère, forment le Delta, le Triangle équilatéral où sommeille, dans les rideaux de la foudre, l’inaccessible Tétragramme !
Qu’on se les figure, — j’ose à peine l’écrire, — ces trois personnages beaucoup plus qu’humains, du flanc desquels tout le Peuple de Dieu et le Verbe de Dieu lui-même sont sortis ; qu’on veuille bien les supposer, une minute, vivants encore, ayant, par un très unique miracle, survécu à la plus centenaire progéniture des immolateurs de leur grand Enfant crucifié ; ayant pris sur eux, — Dieu sait en vue de quels irrévélables rémérés ! — la destitution parfaite, l’ordure sans nom, la turpitude infinie, l’intarissable trésor des exécrations du monde, les huées de toute la terre, la vilipendaison dans tous les abîmes, — et l’étonnement éternel des Séraphins ou des Trônes à les voir se traîner ainsi dans la boue des siècles !...
Ah ! certes, oui, dans l’esprit de cette vision qui paraîtra sans doute insensée, les trois êtres affreux réalisaient bien l’archétype et le phénomène primordial de la Race indélébile qui accomplit, depuis bientôt deux mille ans, le prodige sans égal de survivre, elle aussi, à ses exterminateurs et d’en appeler éternellement à tous les enfers de sa substantielle révocation. Mais, bon Dieu ! quels épouvantables ancêtres !
Ils étaient vraiment trop classiques pour ne pas se manifester aussi détestables que sublimes. Depuis Shakespeare jusqu’à Balzac, on a terriblement ressassé le vieil Hébreu sordide et crochu, dénichant l’or dans les immondices, dans les tumeurs de l’humanité, l’adorant enfin tel qu’un soleil de douleurs et un Paraclet d’amour, co-égal et co-éternel à son Jéhovah solitaire.
Ils réalisaient triplement ce monstre en leurs identiques personnes, ajoutant à l’horreur banale de cet ancien mythe littéraire les affres démesurées de leur véridique présence…
Abraham, Isaac, Jacob, descendus jusqu’à ces Limbes néfastes !... Car mon imagination, démâtée par l’épouvante, leur décernait instinctivement les Appellations divines.
Et, ma foi ! je renonce à les dépeindre, abandonnant ce treizième labeur d’Alcide aux documentaires de la charogne et aux cosmographes des fermentations vermineuses.
Je me souviendrai longtemps, néanmoins, de ces trois incomparables crapules que je vois encore dans leurs souquenilles putréfiées, penchées fronts contre fronts, sur l’orifice d’un sac fétide qui eût épouvanté les étoiles, où s’amoncelaient, pour l’exportation du typhus, les innommables objets de quelque négoce archisémitique.
Je leur dois cet hommage d’un souvenir presque affectueux, pour avoir évoqué dans mon esprit les images les plus grandioses qui puissent entrer dans l’habitacle sans magnificence d’un esprit mortel.
Je dirai cela tout à l’heure aussi clairement qu’il me sera donné de le dire.
En attendant, j’affirme, avec toutes les énergies de mon âme, qu’une synthèse de la question juive est l’absurdité même, en dehors de l’acceptation préalable du « Préjugé » d’un retranchement essentiel, d’une séquestration de Jacob dans la plus abjecte décrépitude, — sans aucun espoir d’accommodement ou de retour, aussi longtemps que son « Messie » tout brûlant de gloire ne sera pas tombé sur la terre. »
Le Salut par les Juifs, Léon Bloy
Et la redoutable conclusion par laquelle Bloy lie le sort du peuple de la Première Alliance à l’apparition visible, reconnue et acceptée du Messie que les Juifs ont manqué. Ils ne sont pas les seuls.
« En attendant, j’affirme, avec toutes les énergies de mon âme, qu’une synthèse de la question juive est l’absurdité même, en dehors de l’acceptation préalable du « Préjugé » d’un retranchement essentiel, d’une séquestration de Jacob dans la plus abjecte décrépitude, — sans aucun espoir d’accommodement ou de retour, aussi longtemps que son « Messie » tout brûlant de gloire ne sera pas tombé sur la terre. »
Heureusement, pour équilibrer, l’écriture dérangeante du vieux Bloy, je découvre au même moment grâce à Internet, le livre de Charles Péguy, Notre jeunesse datant de 1909/1910. Moins de 20 ans d’écart, 1892, avec la première publication du Salut par les Juifs par Bloy.
« Les Juifs sont plus malheureux que les autres. Loin que le monde moderne les favorise particulièrement, leur soit particulièrement avantageux, leur ait fait un siècle de repos, une résidence de quiétude et de privilège, contraire le monde moderne a ajouté sa dispersion propre moderne, sa dispersion intérieure, à leur dispersion séculaire, à leur dispersion ethnique, à leur antique dispersion. Le monde moderne a ajouté son trouble à leur trouble ; dans le monde moderne cumulent ; le monde moderne a ajouté sa misère à leur misère, sa détresse à leur antique détresse ; il a ajouté sa mortelle inquiétude, son inquiétude incurable à la mortelle, à l’inquiétude incurable de la race, à l’inquiétude propre, à l’antique, à l’éternelle inquiétude. Il a ajouté l’inquiétude universelle à l’inquiétude propre. Ainsi ils cumulent. Ils sont à l’intersection. Ils se recoupent sur eux-mêmes. Ils recoupent l’inquiétude juive, qui est leur, par l’inquiétude moderne, qui est nôtre et leur. Ils subissent, ils reçoivent ensemble, à cette intersection, l’inquiétude verticale et l’inquiétude horizontale ; l’inquiétude descendante verticale et l’inquiétude étale horizontale ; l’inquiétude verticale de la race, l’inquiétude horizontale de l’âge, du temps. Dans cette âpre, dans cette mortelle concurrence du monde moderne, dans cette compromission, dans cette compétition perpétuelle ils sont plus chargés que nous. Ils cumulent. Ils sont doublement chargés. Ils cumulent deux charges. La charge juive et la charge moderne. La charge de l’inquiétude juive et la charge de l’inquiétude moderne. Le mutuel appui qu’ils se prêtent, (et que l’on a beaucoup exagéré, car il y a aussi, naturellement, des inquiétudes intérieures, des haines, des rivalités, des compétitions, des ressentiments intérieurs ; et pour prendre tout de suite un exemple éclatant, l’exemple culminant la personne et la si grande philosophie de M. Bergson, qui demeurera dans l’histoire, qui sera comptée parmi les cinq ou six grandes philosophies, de tout le monde, ne sont point détestées, haïes, combattues par personne, dans le parti intellectuel, autant que par certains, par quelques professeurs juifs notamment de philosophie), le mutuel appui qu’ils se prêtent est amplement compensé, plus que compensé par cette effrayante, par cette croissante poussée de l’antisémitisme qu’ils reçoivent tous ensemble. Qu’ils ont constamment à repousser, à réfuter, à rétorquer tous ensemble. Combien n’ai-je point connu de carrières de Juifs, de pauvres gens, fonctionnaires, professeurs, qui ont brisées, qui sont encore brisées, pour toujours, par le double mécanisme suivant : pendant toute la poussée de l’antisémitisme victorieux et gouvernemental on a brisé leur carrière parce qu’ils étaient juifs ; (et les chrétiens parce qu’ils étaient dreyfusistes). Et aussi après pendant toute la poussée du dreyfusisme victorieux mais gouvernemental on a brisé leurs carrière parce qu’on était combiste et qu’avec nous ils étaient demeurés dreyfusistes purs. C’est ainsi, par ce doux mécanisme, qu’ils partagent avec nous, fraternellement, une misère double, une double infortune inexpiable. Dans cette course du monde moderne ils sont comme nous, plus que nous ils sont lourdement, doublement chargés. Les antisémites parlent des Juifs. Je préviens que je vais dire une énormité : Les antisémites ne connaissent point les Juifs. Ils en parlent, mais ils ne les connaissent point. Ils en souffrent, évidemment beaucoup, mais ils ne les connaissent point. Les antisémites riches connaissent peut-être les Juifs riches. Les antisémites capitalistes connaissent peut-être les capitalistes. Les antisémites d’affaires connaissent peut-être les Juifs d’affaires. Pour la même raison, je ne connais guère que des Juifs pauvres et des Juifs misérables. Il y en a. Il y en a tant que l’on n’en sait pas le nombre. J’en vois partout. Il ne sera pas dit qu’un chrétien n’aura pas porté témoignage pour eux. Il ne sera pas dit que je n’aurai pas témoigné pour eux. Comme il ne sera pas dit qu’un chrétien ne témoignera pas pour Bernard-Lazare. Depuis vingt ans je les ai éprouvés, nous nous sommes éprouvés mutuellement. Je les ai trouvés toujours solides au poste, autant que personne, affectueux, solides, d’une tendresse propre, autant que personne, d’un attachement, d’un dévouement, d’une piété inébranlable, d’une fidélité, à toute épreuve, d’une amitié réellement mystique, d’un attachement, d’une fidélité inébranlable à la mystique de l’amitié. L’argent est tout, domine tout dans le monde moderne à un tel point, si entièrement, si totalement que la séparation sociale horizontale des riches et des pauvres est devenue infiniment plus grave, plus coupante, plus absolue si je puis dire que la séparation, verticale de race des juifs et des chrétiens. La dureté du monde moderne sur les pauvres, contre les pauvres, est devenue si totale, si effrayante, si impie ensemble sur les uns et sur les autres, contre les uns et contre les autres. Dans le monde moderne les connaissances ne se font, ne se propagent que horizontalement, parmi les riches entre eux, ou parmi les pauvres entre eux. Par couches horizontales. Pauvre je porterai témoignage pour les Juifs pauvres. Dans la commune pauvreté, dans la misère, commune pendant vingt ans je les ai trouvés d’une sûreté, d’une fidélité, d’un dévouement, d’une solidité, d’un attachement, d’une mystique, d’une piété dans l’amitié inébranlable. Ils y ont d’autant plus de mérite, ils y ont d’autant plus de vertu qu’en même temps, en plus de nous, ils ont sans cesse à lutter contre les accusations, contre les inculpations, contre les calomnies de l’antisémitisme, qui sont précisément toutes les accusations du contraire. Que voyons-nous ? Car enfin il ne faut parler que de ce que nous voyons, il ne faut dire que ce que nous voyons ; que voyons-nous ? Dans cette galère du monde moderne je les vois qui rament à leur banc autant et plus que d’autres, autant et plus que nous. Autant et plus que nous subissant le sort commun. Dans cet enfer temporel du monde moderne je les vois comme nous, autant et plus que nous, trimant comme nous, éprouvés comme nous. Epuisés comme nous. Surmenés comme nous. Dans les maladies, dans les fatigues, dans la neurasthénie, dans tous les surmenages, dans cet enfer temporel j’en connais des centaines, j’en vois des milliers qui aussi difficilement plus difficilement, plus misérablement que nous gagnent péniblement leur misérable vie. Dans cet enfer commun. Des riches il y aurait beaucoup à dire. Je les connais beaucoup moins. Ce que je puis dire, c’est que depuis vingt ans j’ai passé par beaucoup de mains. Le seul de mes créanciers qui se soit conduit avec moi non pas seulement comme un usurier, mais ce qui est un peu plus, comme un créancier, comme un usurier de Balzac, le seul de mes créanciers qui m’ait traité avec une dureté balzacienne, avec la dureté, la cruauté d’un usurier de Balzac n’était point un Juif. C’était un Français, j’ai honte à le dire, on a honte à le dire, c’était hélas un « chrétien », trente fois millionnaire. Que n’aurait-on pas dit s’il avait été Juif. Jusqu’à quel point leurs riches les aident-ils ? Je soupçonne qu’ils les aident un peu plus que les nôtres ne nous aident. Mais enfin il ne faudrait peut-être pas le leur reprocher. C’est ce que je disais à un jeune antisémite, joyeux mais qui m’écoute ; sous une forme que je me permets de trouver saisissante. Je lui disais : Mais enfin, pensez-y, ’c’est pas facile d’être Juif'. Vous leur faites toujours des reproches contradictoires. Quand leurs riches ne les soutiennent pas, quand leurs riches sont durs vous dites : C’est pas étonnant, ils sont Juifs. Quand leurs riches les soutiennent, vous dites : C’est pas étonnant, ils sont Juifs. Ils se soutiennent entre eux. – Mais, mon ami, les riches chrétiens n’ont qu’à en faire autant. Nous n’empêchons pas les chrétiens riches de nous soutenir entre nous. C’est pas facile d’être Juif. Avec vous. Et même sans vous. Quand ils demeurent insensibles aux appels de leurs frères, aux cris des persécutés, aux plaintes, aux lamentations de leurs frères meurtris dans tout le monde vous dites : C’est des mauvais Juifs. Et s’ils ouvrent seulement l’oreille aux lamentations qui montent du Danube et du Dniepr vous dites : Ils nous trahissent. C’est des mauvais Français. Ainsi vous les poursuivez, vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Vous dites : Leur finance est juive, elle n’est pas française. – Et la finance française, mon ami, est-ce qu’elle est française. Est-ce qu’il y a une finance qui est française. Vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Au fond, ce que vous voudriez, c’est qu’ils n’existent pas. Mais cela, c’est une autre question. »
J’en viens cependant à me demander à la lecture, chez Bloy, de passages violents comme celui-là :
« La sympathie pour les Juifs est un signe de turpitude, c’est bien entendu. Il est impossible de mériter l’estime d’un chien quand on n’a pas le dégoût instinctif de la Synagogue. Cela s’énonce tranquillement comme un axiome de géométrie rectiligne, sans ironie et sans amertume. »
Du titre du livre, Le Salut par les Juifs à des jugements qui semblent définitifs, comme celui-ci :
« L’interprétation des Textes sacrés fut autrefois considérée comme le plus glorieux effort de l’esprit humain, puisqu’au témoignage de l’infaillible Salomon, la gloire de Dieu est de cacher sa parole (Proverbes, chap. 25, v. 2). »
« Israël est donc investi, par privilège, de la représentation et d’on ne sait quelle très occulte protection de ce Paraclet errant dont il fut l’habitacle et le recéleur. »
et celui-ci, ironique jusqu’au rire, comprenne qui peut :
« J’ai la douleur de ne pouvoir proposer à mes ambitieux contemporains un révélateur authentique. La conciergerie des Mystères n’est pas mon emploi et je n’ai pas reçu la consignation des choses futures. Les prophètes actuels sont, d’ailleurs, si complètement dénués de miracles qu’il paraît impossible de les discerner.
Mais s’il est vrai qu’on en demande, par une conséquence naturelle de ce point de foi qu’il doit en venir un jour, je voudrais savoir pourquoi on ne les demande jamais à l’unique peuple, d’où sont sortis tous les Secrétaires des Commandements de Dieu. »
J’aime beaucoup cet « unique peuple d’où sont sortis tous les Secrétaires des Commandements de Dieu ».
Oui, tous les Secrétaires des Commandements de Dieu, tous les prophètes, tous les rois bibliques, Jésus en personne, tous ses apôtres.
Mais, disais-je au tout début, j’en viens à me demander si le ton adopté par Bloy n’est pas du registre du persiflage cinglant et ironique.
Je suis conscient que Bloy écrit en catholique et qu’il souhaite de tout son cœur la conversion des juifs. Mais en dépit de sa verve, de sa violence dans les termes, je ne puis croire qu’il ne connaisse pas, au moment où il écrit ce livre, la parabole du Bon Samaritain.
« Mais le docteur de la Loi, voulant se justifier, dit à Jésus : "Et qui est mon prochain ?" Jésus reprit : "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort. Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre. Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre. Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant : "Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour." Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ?" Il dit : "Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui." Et Jésus lui dit : "Va, et toi aussi, fais de même". »
Luc : X : 29,37
Voilà, ici, le nœud du problème. Le Samaritain, considéré par les Juifs de l’époque de Jésus, comme impur, s’étant détaché du Judaïsme, le Samaritain crasseux et immoral, se comporte comme Jésus souhaite que nous nous comportions vis-à-vis de la malheureuse victime, en l’aimant. Et ceux qui connaissent Bloy savent combien il méprisait les catholiques de son temps. Aujourd’hui, probablement, les vomirait-il. Mais de ce peuple errant, en lequel le malheur a élu domicile, surgit le salut, le souvenir lointain et profond, le socle historique :
« Humble et grand Moyen Âge, époque la plus chère à tous ceux que les clameurs de la Désobéissance importunent et qui vivent retirés au fond de leurs propres âmes !
Les trois derniers siècles ont beaucoup fait pour le raturer ou le décrier, en altérant par tous les opiums les glorieuses facultés lyriques du vieil Occident. Il existe même un courant nouveau d’historiens critiques et documentaires, de qui cette besogne odieuse est le permanent souci. Mais je crois bien que les Mille ans de pleurs, de folies sanglantes et d’extases continueront de couler à travers les doigts des pédants, aussi longtemps que le cœur humain n’aura pas cessé d’exister ; et c’est une remarque étrange que les Juifs sont, en somme, les témoins les plus fidèles et les conservateurs les plus authentiques de ce candide Moyen Âge qui les détestait pour l’amour de Dieu et qui voulut tant de fois les exterminer. »
Et ceci :
« Car le Salut n’est pas une plaisanterie de sacristains polonais, et quand on dit qu’il a coûté le sang d’un Dieu incarné dans de la chair juive, cela veut dire qu’il a tout coûté depuis les temps et depuis les éternités. »
Sans oublier la théologie bloyenne si singulière :
« L’histoire de l’Enfant prodigue est une parabole si lumineuse de son éternelle Anxiété béatifique dans le fond des cieux, qu’elle en est devenue banale et que nul n’y comprend plus rien.
Allez donc dire aux catholiques modernes que le Père dont il est parlé dans le récit de saint Luc, lequel partage la SUBSTANCE entre ses deux fils, est Jéhovah lui-même, s’il est permis de le nommer par son Nom terrible ; que le fils aîné demeuré sage, et qui « est toujours avec lui », symbolise, à n’en pas douter, son Verbe Jésus, patient et fidèle ; enfin que le fils plus jeune, celui qui a voyagé dans une « région lointaine où il dévora sa substance avec des prostituées », jusqu’au point d’être réduit à garder les porcs et à « désirer d’emplir son ventre des siliques mangées par ces animaux », signifie, très assurément, l’Amour Créateur dont le souffle est vagabond et dont la fonction divine paraît être, en vérité, depuis six mille ans, de nourrir les cochons chrétiens après avoir pâturé les pourceaux de la Synagogue.
Ajoutez, si cela vous amuse, que le Veau gras « qu’on tue, qu’on mange et dont on se régale », pour fêter la résipiscence du libertin, est encore ce même Christ Jésus dont l’immolation chez les « mercenaires » est inséparable toujours de l’idée d’affranchissement et de pardon.
Essayez un peu de faire pénétrer ces similitudes grandioses, familières tout au plus à quelques lépreux, dans la pulpe onctueuse et cataplasmatique de nos dévots accoutumés dès l’enfance à ne voir dans l’Evangile qu’un édifiant traité de morale, — et vous entendrez de jolies clameurs ! »
Mais ma lecture n’est pas encore terminée.
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04/02/2009
Léon Bloy, "Le Salut par les Juifs"
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
Excusez-moi, mais il est une suite de jours qui donnent la conscience d’un rouleau compresseur que l’on est, par la grâce de Dieu, ou par la grâce de l’instant, à se sentir saisi d’une conscience si haute, d’une compréhension globale claire, dense, holoscopique qui en arrive à écraser toutes les postures idéologiques, toutes les crispations émotionnelles, tous les discours de gauche, de droite, réactionnaires ou conservateurs qui envahissent en une singulière guerre de tranchées le réseau virtuel de la toile du net. Amusement de pacotilles. Vient l’instant où l’on ouvre un livre. Retour au geste simple. Le Salut par les juifs, par exemple, de Léon Bloy. On se confronte alors, on se mesure au déséquilibre ! On cherche le chemin de la compréhension dans le déluge de mots, l’explosion de souffre, emplie de préjugés, mais des préjugés orientés par une volonté de savoir de connaître, de comprendre. D’être la dialectique enclenchée, le sens rhétorique promulgué par la plume acide, indique comme une issue hors le préjugé lui-même. Il y a de la justification, aussi, le désir de faire sens, de faire lien, entre l’ancienne opinion et la nouvelle clairvoyance. Construire une structure qui tienne debout de part en part. anéantir les contradictions. La description du juif sale, misérable tant spirituellement que physiquement, socialement, politiquement, devant de longues lignes qui indiquent l’aveuglement des idées toutes faites, les références aux œuvres précédentes, que Léon refuse de remettre en cause, n’indiquent que l’état d’un palier de la connaissance, de la réalisation d’une lecture. Saint-Paul, depuis, lui a ouvert les yeux.
« Salus ex judaeis est. Le Salut vient des juifs (Salux EX Judaeis, quia Salus A Judaeis. Réponse à un tout petit docteur qui contestait ma traduction).
J’ai perdu quelques heures précieuses de ma vie à lire, comme tant d’autres infortunés, les élucubrations antijuives de M. Drumont, et je ne me souviens pas qu’il ait cité cette parole simple et formidable de Notre Seigneur Jésus-Christ, rapportée par saint Jean au chapitre quatrième de son Evangile.
Si ce journaliste copieux daigna jamais s’enquérir des Textes sacrés et s’il est en mesure de démontrer, pour ma confusion, que ce précepte considérable est mentionné dans tel ou tel des volumineux pamphlets dont il assomme régulièrement les peuples chrétiens, — il faut dire alors que cet hommage au Livre saint est si merveilleusement aphone, pénombral, rapide et discret qu’il est presque impossible de l’apercevoir et tout à fait impossible d’en être frappé.
C’est quelque chose pourtant, ce témoignage du Fils de Dieu !
Je sais bien que saint Augustin en a terriblement affaibli la portée dans sa pauvre exégèse des « deux murailles », qu’il est loisible de consulter au quinzième traité du commentaire fameux de ce vénérable Docteur.
Mais on était alors au Ve siècle ; la Réprobation d’Israël avait commencé depuis l’exorbitante catastrophe de Jérusalem ; l’espèce humaine, à moitié conquise déjà par les successeurs de Pierre, avait irrémédiablement froncé son cœur et s’était endurcie pour toute la durée des temps contre la descendance exécrée des bourreaux du Christ.
L’effrayante brûlure des premières Persécutions se cicatrisait enfin et les grandes semailles du sang des Martyrs étaient accomplies.
La pédagogie du Surnaturel tombait aux théologiens, aux explicateurs, aux philosophes désabusés, et la gênante assertion de Celui qui fut appelé le Fils du Tonnerre pouvait être écartée respectueusement, sans aucun danger de scandale ou de simple étonnement pour une Eglise toute rouge qui vagissait encore dans son berceau.
Cette parole demeure cependant. Elle subsiste, malgré tout, en sa force mystérieuse, et ressemble à quelque gemme très sombre, d’un troublant éclat, rendue plus inestimable par l’inattention téméraire des économes ou des contrôleurs de la Foi.
Le Salut vient des Juifs ! Texte confondant qui nous met furieusement loin de M. Drumont ! A Dieu ne plaise que je lui déclare la guerre, à ce triomphant ! La lutte, vraiment, serait par trop inégale.
Le pamphlétaire de la France Juive peut se vanter d’avoir trouvé le bon coin et le bon endroit. Considérant ave une profonde sagesse et le sang-froid d’un chef subtil que le caillou philosophal de l’entregent consiste à donner précisément aux ventres humains la glandée dont ils raffolent, il inventa contre les Juifs la volcanique et pertinace revendication des pièces de cent sous. C’était l’infaillible secret de tout dompter, de tout enfoncer et de jucher son individu sur les crêtes les plus altissimes.
Dire au passant, fût-ce le plus minable récipiendaire au pourrissoir des désespérés : — Ces perfides Hébreux, qui t’éclaboussent, t’ont volé tout ton argent ; reprends-le donc, ô Egyptien ! crève-leur la peau, si tu as du cœur, et poursuis-les dans la mer Rouge.
Ah ! dire cela perpétuellement, dire cela partout, le beugler sans trêve dans des livres ou dans des journaux, se battre même quelquefois pour que cela retentisse plus noblement au delà des monts et des fleuves ! mais surtout, oh ! surtout, ne jamais parler d’autre chose, — voilà la recette et l’arcane le medium et le retentum de la balistique du grand succès. Qui donc, ô mon Dieu ! résisterait à cela ?
Ajoutons que ce grand homme revendiquait au nom du Catholicisme. Or, tout le monde connaît le désintéressement sublime des catholiques actuels leur mépris incassable pour les spéculations ou les manigances financières et le détachement céleste qu’ils arborent. J’ai fait des livres, moi-même, en vue d’exprimer l’admiration presque douloureuse dont me saturent ces écoliers de la charité divine et je sens bien qu’il m’eût été impossible de m’en empêcher.
Il est donc aisé de concevoir l’impétuosité de leur zèle, quand les tripotantes mains de l’Antisémite vinrent chatouiller en eux le pressentiment de la Justice. On peut même dire qu’en cette occasion, les écailles tombèrent d’un grand nombre d’yeux et le généreux Drumont apparut l’apôtre des tièdes qui ne savaient pas que la religion fût si profitable. »
Le Salut par les Juifs, Léon Bloy
On est face à l’écriture d’un homme qui voit poindre dès 1892 la haine générale qui vient encercler et nourrir l’infortune sanglante de l’éternel bouc émissaire qui tombe toujours à pic. Mais Dieu veille :
« L’Histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue barre un fleuve, pour en élever le niveau. Ils sont immobiles à jamais et tout ce qu’on peut faire c’est de les franchir en bondissant avec plus ou moins de fracas, sans aucun espoir de les démolir.
On l’a suffisamment essayé, n’est-ce pas ? et l’expérience d’une soixantaine de générations est irrécusable. Des maîtres à qui rien ne résistait entreprirent de les effacer. Des multitudes inconsolables de l’Affront du Dieu vivant se ruèrent à leur tuerie. La Vigne symbolique du Testament de Rédemption fut infatigablement sarclée de ces parasites vénéneux ; et ce peuple disséminé dans vingt peuples, sous la tutelle sans merci de plusieurs millions de princes chrétiens, accomplit, tout le long des temps, son destin de fer qui consistait simplement à ne pas mourir, à préserver toujours et partout, dans les rafales ou dans les cyclones, la poignée de boue merveilleuse dont il est parlé dans le saint Livre et qu’il croit être le Feu divin (Machabées, Livres II, ch. 1.)
Cette nuque de désobéissants et de perfides, que Moïse trouvait si dure, a fatigué la fureur des hommes comme une enclume d’un métal puissant qui userait tous les marteaux. L’épée de la Chevalerie s’y est ébréchée et le sabre finement trempé du chef musulman s’y est rompu aussi bien que le bâton de la populace.
Il est donc bien démontré que rien n’est à faire, et, considérant ce que Dieu supporte, il convient, assurément, à des âmes religieuses de se demander une bonne fois, sans présomption ni rage imbécile et face à face avec les Ténèbres, si quelque mystère infiniment adorable ne se cache pas, après tout, sous les espèces de l’ignominie sans rivale du Peuple Orphelin condamné dans toutes les assises de l’Espérance, mais qui, peut-être, au jour marqué, ne sera pas trouvé sans pourvoi. »
Le Salut par les Juifs, Léon Bloy
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03/02/2009
Inferno...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
La liturgie quotidienne est celle de la peur. Les bénédictions distribuées par la mécanique routinière sont des malédictions masquées par un voile sur lequel sont projetées les images du porc paré d’or aux reluisantes promesses. Il montre ses dents carnassières, sa bave putride, son œil rouge au regard vif sous ses pantelantes oreilles et son groin d’argent percé, l’anneau de la néfaste alliance. Nous avançons, démantibulés, déséquilibrés, lâches, éteints avant même de mourir. Lui nous dévore sans vaillance aucune, tellement la soumission s’impose en une trêve prolongée. Il a prit toutes ses aises. Il jouit de son vit pénétrant la blessure purulente de l’humanité prostrée et éjacule son écume maligne dans les flancs de la plaie dégoulinante. Pointe, camarade, trime, mange et chie. Produis ton propre malheur et le malheur d’autrui. Rêve de grands simulacres pour te donner le sentiment de n’être pas fou. Et meurs, si tu en as le temps. Insatiable, le porc enveloppé de fange et de parfums, sous les encensoirs néfastes, se repait de la chair blanche dont le jus fait reluire ses dents jaunes et grises, glaives tranchants pour son doux massacre. Et, en fait, ce n’est pas qu’un porc, c’est, aussi, une truie aux arrogantes mamelles gorgées de poison. Animal hermaphrodite en sinistre pâmoison.
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Dans le désert de mon jour...
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Je marche dans le désert de mon jour, dans la neige, mi fondante, mi verglas, comme dans le couloir d’un asile d’aliénés. Venez à moi, vous tous, déjà fantômes, que je scrute vos nerfs, que je m’abreuve de votre fange, vos éjaculations excrémentielles.
Seigneur Dieu, je ne sais pas même si tu existes, je palpe ton absence dans l’étoffe de la réalité comme une présence suprême. Est-ce toi qui m’a placé sur ce chemin infernal que je ne puis éviter ? Pourquoi m’acculer au blasphème ? J’ai tant besoin d’un vif amour. Et ma force est inexistante face à ton abîme céleste.
Ô torture.
Sauvé par le Duke Ellington orchestra, "The Hawk talks", puis Eric Clapton, "Layla", en version acoustique.
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Nuit excessive...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Dieu, toi-même, si tu es bon Père, considère, je te prie, la plaie qu’est le monde, le mensonge grouillant de vie pourrissante qui tournoie sous tes yeux attristés. Ne retarde plus ton imminence. Ta Haute Demeure aux murailles éblouissantes, aux lucarnes ruisselantes de lumière, qu’elle descende pour la proclamation ultime. Nous sommes tous fatigués de tout. Nous n’avons plus de mots pour évoquer et soigner nos maux. La nausée est générale. Une nuit excessive nous entoure. Dépôt de ténèbres, noir tanin, hordes d’ombres.
Christ prend pitié de nous.
Christ prend pitié de nous.
Christ prend pitié de nous.
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02/02/2009
Non-Ville...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
La neige s’est abattue sur la cité lui conférant un peu de féérie. Car ici, ce n’est rien d’autre qu’un socle de béton planté avec violence dans le sein de la terre pour y ériger la non-ville, la négation du lieu, le non-sens des petites certitudes, pour un petit peuple qui divague dans l’acceptation de sa soumission. A croire qu’il est prêt pour son futur statut de dhimmi.
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01/02/2009
The Rolling Stones : Wild Horses
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
5min06sec
"Childhood living is easy to do
The things you wanted I bought them for you
Graceless lady you know who I am
You know I cant let you slide through my hands
Wild horses couldnt drag me away
Wild, wild horses, couldnt drag me away
I watched you suffer a dull aching pain
Now you decided to show me the same
No sweeping exits or offstage lines
Could make me feel bitter or treat you unkind
Wild horses couldnt drag me away
Wild, wild horses, couldnt drag me away
I know I dreamed you a sin and a lie
I have my freedom but I dont have much time
Faith has been broken, tears must be cried
Lets do some living after we die
Wild horses couldnt drag me away
Wild, wild horses, well ride them some day
Wild horses couldnt drag me away
Wild, wild horses, well ride them some day"
(Jagger/Richards)
05:00 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
29/01/2009
Pharisaïsme antisémite...
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
« L'antisémitisme, chose toute moderne, est le soufflet le plus horrible que Notre-Seigneur ait reçu dans sa Passion qui dure toujours ; c'est le plus sanglant et le plus impardonnable, parce qu'il le reçoit sur la Face de sa Mère de la main des chrétiens ». Léon Bloy
Et pas de la main de n'importe quels chrétiens...
Pitoyable...
« L’antisémitisme est inacceptable puisque spirituellement nous sommes des Sémites. »
00:25 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
28/01/2009
BRIAN WILSON : « Still I dream of it » (original home demo, 1976)
=--=Publié dans la Catégorie "La Chanson du Jour, par The Reverend..."=--=
"Aujourd'hui,dans ma tête, il y a deux Brian.
D’abord l'anglais, l'ange blond, tout au fond de sa piscine.
Ensuite, l’autre, l’américain, surfeur en toc qui lui aussi a failli se noyer, dans l’alcool, les drogues, la mauvaise bouffe, ou même le bac à sable qu’il avait fait installer dans son salon.
Brian, le petit génie au visage de gamin mal dégrossi, le fan transi de Phil Spector copiant, égalant, et dépassant parfois son maître, peut-être pour oublier les coups de ceinturon que lui balançait son père. Un jour, beaucoup plus tard, au détour de deux réponses dociles à des questions convenues sur le pourquoi de sa musique, il imitera soudain le bruit de ces coups.
Image perturbante de ce quinquagénaire éructant d’horribles « tchak ! tchak ! » en se tordant la bouche devant la caméra. A vous glacer le sang.
Mais Brian va mieux : il vit, il a perdu le quintal de graisse qu’il avait accumulé en s’empiffrant de sucreries et d’anxiolytiques, et il a même échappé aux griffes de son analyste.
Beaucoup mieux que sur cette démo de 1976 : la voix empâtée, la tristesse en berne sous la camisole chimique, les accords de piano stridents, et la solitude, la solitude… La vie de Brian, quoi.
(« A little while ago / My mother told me / Jesus loved the world / And if that's true then / Why hasn't he helped me to find a girl / and find my world ? »)"
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance)
04:55 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (4) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
24/01/2009
Pascal, Talmudiste
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Le Talmud ne donne pas des missives juridiques définitives telle : "Talmud, Sanhedrin (59a) : Les Goïm qui chercheraient à découvrir les secrets de la Loi d’Israël, commettent un crime qui réclame la peine de mort." ou encore ce qui suit : "Talmud, Sanhedrin (57a) : un juif n’est pas obligé de payer le salaire redevable à un non-juif." Ou cela de même : "Talmud, Iore Dea 151, 11: Il est interdit de faire un présent à un Non-juif, cela encourage l’amitié." Ces phrases lues telles quelles peuvent choquer. En vérité le Talmud cherche à explorer et épuiser toutes les probabilités de réponses et de questionnements relatifs à la Torah. Il s’agit d’une exégèse herméneutique toujours réitérée. Avant le second siècle de notre ère elle était essentiellement orale, puis les commentateurs ont commencés à être mis par écrit. C’est une Compilation de controverses et de débats. Les antisémites ou antijudaïques ont abondamment puisé dans le Talmud, en tirant les phrases hors contexte (telles celles que j'ai citées en ouverture de ma note), pour faire dire à ces commentaires des choses qu’elles ne disent pas. On trouve dans le Talmud absolument tout… et son contraire, le but de l’étude talmudique étant bien la confrontation théologique constante afin de parvenir à en épuiser le sens. Chose, bien entendu, impossible. De brillants esprits comme Blaise Pascal ont étudié les écrits talmudiques avec une dévotion toute particulière. Il suffit de voir ce qu’il en dit dans ses “Pensées”. C’est très parlant et cela ferait fondre sur place les catholiques à babouches qui se réclament de Pascal… euh… notamment sur un certain site anti-naturiste.
« Les prophéties étaient équivoques : elles ne le sont plus » écrit Pascal dans ses Pensées sur la religion. Et le Sage Roi Salomon clame dans Qohelet : « Ce qui existe a déjà existé tout comme ce qui existera et Dieu ramène ce qui est passé. » (Écclésiaste 3 :15)
L’antisémitisme environnant s’est répandu partout, des comiques troupiers tels Dieudonné aux chrétiens traditionalistes, à présent sous couvert d’antisionisme bien sûr au milieu desquels il est inutile de tenter de parler sinon la meute aboie et seul finalement, le silence peut indiquer la réponse du mépris qui a des relents bienheureux en même temps qu’une vive tristesse de ne faire face qu’à des « nuques raides » qui se gaussent d’être touchées par la grâce divine. Culs coincés, bourses éteintes et odeurs de sépulcres et de bougies. Ainsi des chrétiens très sérieux vomissent, ce qu’ils appellent « le Judaïsme talmudique », le considérant comme corrompu car n'émanant pas des temps prophétiques. En même temps, eux ne se privent pas de faire l'éloge de grand Docteurs Chrétiens du moyen-âge. Il suffit d'aller lire les commentaires par ici, ou alors par là...
Ignares. Cœurs de pierre. Méchanceté abjecte. Or, voici ce que Blaise Pascal, dont ils se réclament aussi, malheureux, écrit dans ses Pensées sur la religion :
« Le péché originel enseigné
par les Juifs est la clef
de toute l’incompréhensibilité…
485 Du péché originel. Tradition ample du péché originel selon les Juifs.
Sur le mot de la Genèse, viii : La composition du cœur de l’homme est mauvaise dès son enfance.
R. Moïse Haddarschan : Ce mauvais levain est mis dans l’homme dès l’heure où il est formé.
Massechet Succa : Ce mauvais levain a sept noms dans l’Écriture ; il est appelé mal, prépuce, immonde, ennemi, scandale, cœur de pierre, aquilon ; tout cela signifie la malignité qui est cachée et empreinte dans le cœur de l’homme.
Misdrach Tilim dit la même chose, et que Dieu délivrera la bonne nature de l’homme de la mauvaise.
Cette malignité se renouvelle tous les jours contre l’homme, comme il est écrit Ps. XXXVII. « L’impie observe le juste, et cherche à le faire mourir, mais Dieu ne l’abandonnera point. » Cette malignité tente le cœur de l’homme en cette vie et l’accusera en l’autre. Tout cela se trouve dans le Talmud.
Misdrach Tilim sur le Ps. IV : « Frémissez, et vous ne pécherez point. » Frémissez, et épouvantez votre concupiscence, et elle ne vous induira point à pécher. Et sur le Ps. XXXVI : « L’impie a dit en son cœur : Que la crainte de Dieu ne soit point devant moi » ; c’est-à-dire, que la malignité naturelle à l’homme a dit cela à l’impie.
Misdrach el Kohelet : « Meilleur est l’enfant pauvre et sage que le roi vieux et fol qui ne sait pas prévoir l’avenir » L’enfant est la vertu, et le roi est la malignité de l’homme. Elle est appelée roi, parce que tous les membres lui obéissent, et vieux, parce qu’il est dans le cœur de l’homme depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse ; et fol, parce qu’il conduit l’homme dans la voie de [perdition] qu’il ne prévoit point.
La même chose est dans Misdrach Tilim.
Bereschit Rabba sur le Ps. XXXV : « Seigneur, tous mes os te béniront, parce que tu délivre le pauvre du tyran » ; et y a-t-il un plus grand tyran que le mauvais levain a faim, donnez-lui du pain de la sagesse, dont il est parlé Prov., IX ; et s’il a soif, donnez-lui l’eau dont il est parlé Is., LV.
Misdrach Tilim dit la même chose ; et que l’Écriture en cet endroit , en parlant de notre ennemi, entend le mauvais levain ; et qu’en lui [donnant] ce pain et cette eau, on lui assemblera des charbons sur la tête.
Misdrach el Kohelet, sur l’Eccl., IX : « Un grand roi a assiégé une petite ville. » Ce grand roi est le mauvais levain, les grandes machines dont il l’environne sont les tentations, et il a été trouvé un homme sage et pauvre qui l’a délivrée, c’est-à-dire la vertu.
Et sur le Ps. XLI : « Bienheureux qui a égard aux pauvres. »
Et sur le Ps. LXXVIII : « L’esprit s’en va et ne revient plus » ; d’où quelques-uns ont pris sujet d’errer contre l’immortalité de l’âme ; mais le sens est que cet esprit est le mauvais levain, qui s’en va avec l’homme jusqu’à la mort, et ne reviendra point en la résurrection.
Et sur le Ps. CIII, la même chose.
Et sir me Ps. XVI.
Principes des Rabbins : deux Messies.
486 Chronologie du Rabbinisme. (Les citations des pages sont du livre Pugio.)
Page 27, R. Hakadosch (an 200), auteur du Mischna ou loi vocale, ou seconde loi.
Commentaires du Mischna (an 340) : L’un Siphra
Barajetot
Talmud Hierosol
Tosiphtot
Bereschit Rabah, par R. Osaia Rabah, commentaire du Mischna.
Bereschit Rabah, Bar Nachoni, sont des discours subtils, agréables, historiques et théologiques. Ce même auteur a fait des livres appelés Rabot.
Cent ans après (440) le Talmud Hierosol, fut fait le Talmud babylonique, par R. Ase, par le consentement universel de tous les Juifs, qui sont nécessairement obligés d’observer tout ce qui y est contenu.
L’addition de R. Ase s’appelle Gemara, c’essst-à-dire le « commentaire » du Mischna.
Et le Talmud comprend ensemble le Mischna et le Gemara.
487 La nature a des perfections pour montrer qu’elle est l’image de Dieu, et des défauts pour montrer qu’elle n’en est que l’image.
488 La corruption de la raison paraît par tant de différentes et extravagantes mœurs. Il a fallu que la vérité soit venue, afin que l’homme ne véquît plus en soi-même.
489 Le péché originel est folie devant les hommes, mais on le donne pour tel. Vous ne me devez donc pas reprocher le défaut de raison en cette doctrine, puisque je la donne pour être sans raison. Mais cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes, sapientius est hominibus. Car, sans cela, que dira-t-on qu’est l’homme ? Tout son état dépend de ce point imperceptible. Et comment s’en fût-il aperçu par sa raison, puisque c’est une chose contre la raison, et que sa raison, bien loin de l’inventer par ses voies, s’en éloigne quand on le lui présente ?
490 Dira-t-on que pour avoir dit que la justice est partie de la terre, les ommes aient connu le péché originel ?
— Nemo ante obitum beatus — Est-ce à dire qu’ils aient connu qu’à la mort la béatitude éternelle et essentielle commençait ?
Plaise au ciel que la religion juive
et la chrétienne qui la complète
soient les vraies religions !
491 Pour montrer que les vrais Juifs et les vrais Chrétiens n’ont qu’une même religion.
La religion des Juifs semblaient consister essentiellement en la paternité d’Abraham en la circoncision, aux sacrifices, aux cérémonies, en l’arche , au temple, en Hiérusalem, et enfin en la loi et en l’alliance de Moïse.
Je dis :
Qu’elle ne consistait en aucune de ces choses ; mais seulement en l’amour de Dieu, et que Dieu réprouvait toutes les autres choses ;
Que Dieu n’acceptera point la postérité d’Abraham ;
Que les Juifs seront punis de Dieu, comme les étrangers, s’ils l’offensent. Deut., VIII, 19 : « Si vous oubliez Dieu, et que vous suiviez des dieux étrangers, je vous prédis que vous périrez en la même manière que les nations que Dieu a exterminées devant vous » ;
Que les étrangers seront reçus de Dieu comme les Juifs, s’ils l’aiment.
Is., LVI, 3 : « Que l’étranger ne dise point : « Le Seigneur ne me recevra pas. » Les étrangers qui s’attachent à Dieu seront pour le servir et l’aimer : je les mènerai en ma sainte montagne, et recevrai d’eux des sacrifices, car ma maison est la maison d’oraison » ;
Que les vrais Juifs ne considéraient leur mérite que de Dieu, et non d’Abraham.
Is., LXIII, 16 : « Vous êtes véritablement notre père, et Abraham ne nous a pas connus et Israël n’a pas eu de connaissance de nous ; mais c’est vous qui êtes notre père et notre rédempteur. »
Moïse même leur a dit que Dieu n’acceptera point les personnes.
Deut., X, 17 : « Dieu, dis-je, n’accepte point les personnes ni les sacrifices. »
Le sabbat n’était qu’un signe. Ex., XXXI, 13 ; et en mémoire de la sortie d’Égypte, Deut., V, 15. Donc il n’est plus nécessaire, puisqu’il faut oublier l’Égypte.
— La circoncision n’était qu’un signe, Gen., XVII, 2. Et de là vient qu’étant dans le désert ils ne furent point circoncis, parce qu’ils ne pouvaient se confondre avec les autres peuples ; et qu’après que Jésus-Christ est venu, elle n’est pus nécessaire ;
Que la circoncision du cœur est ordonnée. Deut., X., 16 ; Jér., IV, 4 : « Soyez circoncis de cœur ; retranchez les superfluités de votre cœur et ne vous endurcissez plus ; car votre Dieu est un Dieu grand, puissant et terrible, qui n’accepte point les personnes » ;
Que Dieu dit qu’il le ferait un jour. Deut., XXX, 6 : « Dieu te circoncira le cœur et à tes enfants afin que tu l’aimes de tout ton cœur » ;
Que les incirconcis de cœur seront jugés. Jér., IX, 26 : car Dieu jugera les peuples incirconcis et tout le peuple d’Israël, parce qu’il est « incirconcis de cœur » ;
Que l’extérieur ne sert rien sans l’intérieur. Joel., II, 13 : Scindite corda vestra, etc. Is., LVIII, 3, 4, etc. L’amour de Dieu est recommandé en tout le Deutéronome.
Deut., XXX, 19 : « Je prends à témoin le ciel et la terre que j’ai mis devant vus la mort et la vie, afin que vous choisissiez la vie, e que vous aimiez Dieu et que vous lui obéissiez, car c’est Dieu qui est votre vie » ;
Que les Juifs, manque de cet amour, seraient réprouvés pour leurs crimes, et les païens élus en leur place. Os., I, 10 ;
Deut., XXXII, 20 : « Je me cacherai d’eux, dans la vue de leurs derniers crimes ; car c’est une nation méchante et infidèle. Ils m’ont provoqué à courroux par les choses qui ne sont point des dieux, et je les provoquerai à jalousie par un peuple qui n’est point mon peuple, et par une nation sans science et sans intelligence. » Is., LXV, 1 ;
Que les biens temporels sont faux, et que le vrai bien est d’être uni à Dieu. Ps., CXLIII, 15 ;
Que leurs fêtes déplaisent à Dieu. Amos, V, 21 ;
Que les sacrifices des Juifs déplaisent à Dieu. Is., LXVI, 1-3 ; I, 2. Jér., VI, 20. David, Miserere. —
Même de la part des bons, Expectavi. Ps., XLIX, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14.
Qu’il ne les a établis pour leur dureté. Michée, admirablement, VI, 6-8 ; I. R., XV, 22 ; Os., VI, 6 ;
Que les sacrifices des païens seront reçus de Dieu, et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs. Malach., I, 2 ;
Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie, et que l’ancienne sera rejetée, Jér., XXXI, 31 ; Mandata non bona ; — Ezéch., XX, 25 ;
Que les anciennes choses seront oubliées. Is., XLIII, 18, 19 ; LXV, 17, 18 ;
Qu’on ne se souviendra plus de l’arche. Jér., III, 15, 16 ;
Que le temple serait rejeté. Jér., VII, 12, 13, 14 ;
Que les sacrifices seraient rejetés, et d’autres sacrifices purs établis. Malach., I, 2 ;
Que l’ordre de la sacrificature d’Aaron serait réprouvé, et celle de Melchisédech introduite par le Messie. Ps., Dixit Dominus ;
Que cette sacrificature serait éternelle. Ibid. ;
Que Jérusalem serait réprouvée, et Rome admise. Ps., Dixit Dominus ;
Que le nom des Juifs serait réprouvé, et un nouveau nom donné. Is., LXV, 15 ;
Que ce dernier nom serait meilleur que celui de Juif, et éternel. Is., LXII, 5.
Que les Juifs devaient être sans prophètes (Amos), sans roi, sans princes, sans sacrifices, sans idole ;
Que les Juifs subsisteraient néanmoins toujours en peuple. Jér., XXXI, 36.
492 Moïse (Deut. XXX) promet que Dieu circoncira leur cœur pour les rendre capables de l’aimer.
493 Perpétuité — Un mot de David ou de Moïse, comme « que Dieu circoncira leur cœur », fait juger de leur esprit. Que tous les autres discours soient équivoques, et douteux d’être philosophes et chrétiens, enfin un mot de cette nature détermine tous les autres, comme un mot d’Épictète détermine tout le reste au contraire. Jusque-là l’ambiguïté dure et non pas après.
494 Il faut que les Juifs ou les Chrétiens soient méchants.
495 Deux sortes d’hommes en chaque religion : parmi les païens, des adorateurs des bêtes, et les autres, adorateurs d’un seul Dieu dans la religion naturelle ; parmi les Juifs, les charnels, et les spirituels, qui étaient les Chrétiens de la loi ancienne ; parmi les Chrétiens, les grossiers qui sont les Juifs de la loi nouvelle. Des Juifs charnels attendent un Messie charnel ; les Chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d’aimer Dieu ; les brais Juifs et les vrais Chrétiens adorent un Messie qui les fait aimer Dieu.
496 C’est une chose si visible qu’il faut aimer un seul Dieu, qu’il ne faut pas de miracles pour le prouver.
497 Les Juifs charnels tiennent le milieu entre les Chrétiens et les païens. Les païens ne connaissent point Dieu, et n’aiment que la terre. Les Juifs connaissent le vrai Dieu, et n’aiment que la terre. Les Chrétiens connaissent le vrai Dieu, et n’aiment point la terre. Les Juifs et les païens aiment les mêmes biens. Les Juifs et les Chrétiens connaissent le même Dieu.
Les Juifs étaient de deux sortes : les uns n’avaient que les affections païennes, les autres avaient les affections chrétiennes.
498 Qui jugera de la religion des Juifs par les grossiers la connaîtra mal. Elle est visible dans les Saints Livres, et dans la tradition des prophètes, qui ont assez fait entendre qu’ils n’entendaient pas la loi à la lettre. Ainsi notre religion est divine dans l’Évangile, les apôtres et la tradition ; mais elle est ridicule, dans ceux qui la traitent mal.
Le Messie, selon les Juifs charnels, doit être un grand prince temporel. Jésus-Christ, selon les Chrétiens charnels, est venu nous dispenser d’aimer Dieu, et nous donner les sacrements qui opèrent tout sans nous. Ni l’un ni l’autre n’est la religion chrétienne, ni juive.
Les vrais Juifs et les vrais Chrétiens ont toujours attendu un Messie qui les ferait aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs ennemis.
499 De là je refuse toutes les autres religions.
Par là je trouve réponse à toutes les objections.
Il est juste qu’un Dieu si pur ne se découvre qu’à ceux dont le cœur est purifié.
De là cette religion m’est aimable et je la trouve déjà assez autorisée par une si divine morale ; mais j’y trouve de plus.
Je trouve d’effectif que depuis que la mémoire des hommes dure, voici un peuple qui subsiste plus ancien que tout autre peuple.
Il est annoncé constamment aux hommes qu’ils sont dans une corruption universelle, mais qu’il viendra un Réparateur.
Que ce n’est pas un homme qui le dit, mais une infinité d’hommes, et un peuple entier prophétisant et fait exprès durant quatre mille ans ; leurs livres dispersés durant quatre cents ans.
Plus je les examine, plus j’y trouve de vérités ; un peuple entier le prédit avant sa venue, un peuple entier l’adore après sa venue ; et ce qui a précédé et ce qui a suivi ; et cette synagogue qui l’a précédé ; enfin eux sans idoles, ni rois, misérables et sans prophètes, qui le suivent et qui, étant tous ennemis, sont d’admirables témoins pour nous de la vérité de ces prophéties, où leur misère et leur aveuglement est prédit.
Les ténèbres des Juifs effroyables et prédites.
Eris palpans in meridie.
Dabitur liber scienti litteras, et dicet : « Non possum légère. »
Le sceptre étant encore entre les mains du premier usurpateur étranger.
Le bruit de la venue de Jésus-Christ.
J’admire une première et auguste religion toute divine dans son autorité, dans sa durée, dans sa perpétuité, dans sa morale, dans sa conduite, dans ses effets, et…
Ainsi je tends les bras à mon Libérateur, qui, ayant été prédit durant quatre mille ans, est venu souffrir et mourir pour moi sur la terre dans les temps et dans toutes les circonstances qui en ont été prédites ; et, par sa grâce, j’attends la mort en paix, dans l’espérance de lui être éternellement uni ; et je vis cependant avec joie, soit dans les biens qu’il lui plaît de me donner, soit dans les maux qu’il m’envoie pour mon bien et qu’il m’a appris à souffrir par son exemple. »
Pensées - Pascal
Le « Sublime avorton du christianisme » comme l’appelait Nietzsche, en connaissait un rayon en matière de « Judaïsme talmudique », en tirant forte matière pour de vives et lumineuses réflexions, en tout cas il ne l'abhorrait guère. Et pourquoi « sublime avorton du christianisme » ? Il suffit de voir certains très mauvais fruits qu’il a donné.
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THE BEATLE-ETTES : Only seventeen (1964)
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"Moins sexe que les Ronettes, plus bêtes que les Rubettes !!!
Et pourtant je le sais, certains d’entre vous, petits pervers, ne manqueront pas de les préférer à leurs homologues et modèles masculins.
Outre le fait qu’elles nous auront bien fait rire le temps d’une chanson (qu’elles ont d'ailleurs le mérite d’interpréter complètement désaccordées), elles alimentent également une polémique de fondus depuis quelques 40 années.
Certains prétendent que les Beatle-Ettes étaient le premier groupe de Mary Weiss, la future chanteuse des mythiques Shangri-la’s. D’autres hurlent que non, c’est faux, et qu’il s’agissait d’un autre groupe, les beatleettes, sans trait d’union.
Toute cette jolie bande d’allumés continue à s’étriper sur le net à coups de photos jaunies et de reproductions de rondelles centrales de 45 tours. Le site le plus marrant est Russe (rédigé dans la langue de Dostoïevski, donc) avec des tas de photos hilarantes. C’est là : http://www.guitaristka.ru/zapad-like-a-beatles.shtml
Et c’est largement à la hauteur de la chanson que je vous fais subir aujourd’hui.
Enjoy !
PS: un jour, si vous êtes sages, je vous ferai partager des merveilles comme "We love the Beatles" par les Vernon Girls, "Ringo comes to town "par Chug & Doug, "I dreamed I was a Beatle" de la mystérieuse Murry Kellum.
Mieux encore, mais là on se lance dans le bizarre comme disait l'autre, des OVNI's comme "What's wrong with Ringo" des Bon-Bons, "I want to bite your hand" de Gene Moss", et evidemment, il en fallait un, "I hate the Beatles" de Allen Sherman !"
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance)
06:52 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
23/01/2009
Léo Ferré : Richard
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Vous êtes où ?
Mes fantômes, mes camarades, mes amis d’un soir ?
Mon père, mon frère, vous vous cachez là, au creux d’un accord mineur, le rendez-vous des petites gens.
Pas de honte, pas de gêne, c’est l’heure blafarde où l’on se dit tout sans un mot de travers.
Je vous revois tous, l’un après l’autre, en ordre dispersé, tranquillement.
C’est l’heure où il n’y a plus d’heures.
On ne compte plus.
C’est pour rien.
Comme ça.
En vain…
Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et aussi chez Margerin)
20:00 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook