Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/03/2009

Pardonnez-leur Mozart car ils ne savent pas ce qu'ils font...

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

La Parole est à ma douce Irina...

------------------------------------------------------------

Vu, la semaine dernière, à l’Opéra de Massy, Cosi fan tutte , troisième et dernière collaboration entre Mozart et Lorenzo da Ponte (après Les noces de Figaro et Don Giovanni). Une interprétation irréprochable quoique assez différente et certainement moins pointue que celle que j’ai l’habitude d’écouter. Ceci dit, Cécile Perrin (Fiordiligi), Patricia Fernandez (Dorabella), Antonio Figueroa (Ferrando), Thomas Dolié (Guglielmo), Lydia Mayo (Despina), Luciano Di Pasquale (Don Alfonso) et les Choeurs lyriques de Saint-Etienne ainsi que le Chef de chœur Laurent Touche ont tous fait une excellente prestation.

 

Pourrais-je en dire autant de la mise en scène ?…

Luigi di Gangi et Ugo Giacomazzi signent une mise en scène qui veut transposer l’œuvre de Mozart dans les années 70 « se référant vaguement à cette période mythique, à ses idéaux, à ses grandes luttes sociales, où le rôle de la femme se transforme, où on affirme poursuivre la liberté des sentiments et où les concepts de couple, relation, mariage, jalousie, sont bouleversés. (…) Comme les alchimistes cherchaient à reproduire dans une éprouvette la chimie du comportement de la nature, nous, en tant que réalisateurs - alchimistes dans ce Così fan tutte, chercherons à pénétrer dans le lien entre microcosme et macrocosme, entre les plus petits soubresauts du quotidien et les mouvements qui règlent l’ordre universel, entre la chimie des sentiments et la métaphysique.»

Voici comment tout cela se concrétise :

Un personnage énigmatique, une espèce de clown triste, se mouvant étrangement, émettant des bruits bizarres, occupe la scène 4 bonnes minutes dans un silence pesant (on se demande si le public ne va pas siffler…) et « introduit » cette superbe ouverture que les fidèles de Mozart connaissent bien (on ne comprend pas bien à quoi ça rime, mais enfin). Ce personnage sera présent tout le long de l’opéra, faisant des apparitions que l’on ne remarque pas toujours immédiatement (di Gangi et Giacomazzi ont-il voulu représenter là un Mozart qui assisterait à une de ses représentations ? (petit rappel : Cosi avait été créé le 26 janvier 1790 et les représentations avaient été arrêtées brusquement en février 1790 après le décès de Joseph II : on ferma alors les théâtres en signe de deuil et quand les salles rouvrirent, Cosi était presque totalement oublié.)).

Et puis un écran géant sur scène projetant non-stop tantôt des images abstraites, tantôt des images érotiques rappelant le jeu de séduction/attraction/répulsion qui se joue durant ces deux actes.

Di Gangi et Giacomazzi habillent enfin la scène et les personnages de lumières de toutes sortes, un collier lumineux aux cous de ces dames (symbolisant l’amour et la fidélité intacts de leurs amants partis à la guerre), des enseignes de mots tels que « nuages » qui descendent du plafond, un objet étrange lumineux (très lumineux) symbolisant l’antidote « mesmérien » qui sauve les deux « étrangers » du poison qu’ils auraient avalé (Franz-Anton Mesmer, contemporain de Mozart, est fondateur de la théorie du magnétisme animal, aussi connue sous le nom de mesmérisme. En 1773 il entreprend son premier traitement sur la base des idées d'un fluide universel. Y aurait-il là une allusion à la franc-maçonnerie ? peut-être), et ainsi, toutes sortes de luminaires/décors habillent les deux actes de Cosi.

Il m’a fallu un peu de temps pour passer outre la mise en scène et ne me focaliser que sur l’interprétation et j’avoue que mon plaisir n’a pas été entier. Je ne comprends toujours pas « à quoi jouent » ces metteurs en scène, en quoi pensent-ils « enrichir » les œuvres de nos chers morts, nos chers génies, en quoi cette « touche personnelle » peut-elle mettre en valeur autre chose que leur propre ego ? Ne devraient-ils pas plutôt se mettre au service de Mozart, Molière ou Debussy (pour n’en citer que quelques uns) ? Ne devraient-ils pas être emplis d’humilité quand ils représentent ces chefs-d’œuvre ? Pourquoi ne peuvent-ils pas s’en empêcher ?! on pourrait y voir de la frustration.

À ce sujet, un excellent billet de Michel Onfray avait été mis en ligne sur son blog en février dernier et, comme disait Roland Barthes, « on échoue toujours à parler de ce qu’on aime » et là où j’échoue sans doute à parler de ce qui m’agace profondément, le sieur Onfray lui, y excelle (je dirais presque « comme d’habitude ! »).

Le voici (savourez) :

"DES NAINS JUCHES SUR DES GEANTS

Entre Caen et Argentan, alors que je rentre de mon cours à l’université populaire, j’écoute France Musique en voiture. Mes pensées divaguent dans la campagne normande. Un invité, dont je tairais le nom, (d’ailleurs le lendemain, jour d’écriture de cette chronique, je ne m’en souviens même plus après m’être promis pourtant de le mémoriser…), pontifie sur ses goûts. Peu importe d’ailleurs son patronyme sans importance, cet ego répandu dans la suffisance vaut comme symptôme de notre époque qui marche sur la tête.

Monsieur aime Don Giovanni de Mozart. D’ailleurs il l’a mis en scène et bientôt, rendez-vous compte, on pourra mesurer l’étendue de son génie à… Rouen. Péremptoire, Monsieur a fait sauter la dernière scène qui se présente comme un quintette vocal sublime parce qu’il n’aime pas les happy end et que la réconciliation des contraires du libertin désirée par le librettiste et le compositeur ne lui plaisent pas… Monsieur a remplacé le Commandeur, figure de la Loi, figure du Père, et, selon la volonté expresse de Mozart, fantôme du père de Dona Elvira tué par Don Juan lui même, par une femme nue… Monsieur a supprimé la damnation consubstantielle au drame lui-même et fait se suicider le héros par revolver, car il veut que Don Juan maîtrise son destin jusqu’au bout en décidant de sa mort…

Qui est ce Monsieur pour se permettre de corriger la copie de Mozart ? De tailler dans le vif du livret et de raturer la partition ? De mettre son goût et ses préférences en avant, au détriment d’un génie planétaire pris en otage par sa médiocrité ? Quelle est sa légitimité à traiter le grand librettiste et le sublime musicien comme des élèves d’une classe de primaire corrigés avec le crayon rouge de l’instituteur ? Qu’est-ce qui l’autorise à croire que sa volonté peut primer celle des gens qu’il est censé servir et dont il se sert comme un voyou ? Et que penser de ce mépris du public auquel on vend pour une œuvre de Mozart le sous-produit d’un minable ?

L’époque est désespérante à plus d’un titre. Mais elle est névrosée jusqu’à la moelle quand elle laisse libre cours à de quasi inconnus qui, non contents d’ignorer qu’ils n’égalent pas les génies qu’ils sont payés pour servir, affirment tout net qu’ils les dépassent en sabotant leur travail. La mise en scène semble souvent le refuge de médiocres qui, bouffis d’orgueil, remplis d’un ego surdimensionné, travaillés par le ressentiment de n’avoir pu être ni librettiste, ni compositeur, pensent qu’en massacrant le travail des autres, sous prétexte de propositions conceptuelles, ils surpassent ceux qu’ils ne parviendront jamais à égaler. Un nain juché sur les épaules d’un géant restera un nain. Mais notre époque vit de nains autoproclamés géants."

Et pour finir, je reprendrai ces mots de Onfray : époque en effet « désespérante et névrosée jusqu’à la moelle quand elle laisse libre cours à de quasi inconnus qui, non contents d’ignorer qu’ils n’égalent pas les génies qu’ils sont payés pour servir, affirment tout net qu’ils les dépassent en sabotant leur travail. »

Que cela ne vous dissuade surtout pas d’aller à l’opéra !

00:56 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (22) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/03/2009

Social Distortion, le 8 Juin 2009 au Bataclan à Paris

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

Spéciale Dédicace à mon frère des 1000 et 1 guerres... Bro' Vince.

 

Social Distortion

 

Untitled

I'm heading down a lonely highway
I'm running down a one-way street
I wanna know are you going my way
is there some place quiet where we can meet
and friends they come and friends they go
but you were always by my side
And where it all ends I don't know
Don't cry no more just hold on tight
there was a time when I was desperate
Living in a town without a name
And when things got so dark and desolate
You taught me how to hide my shame
And kings and queens and millionaires
May never know what I have known
And thank the stars I'm the lucky one,
Thanks for the lessons that I have been shown


I feel rich, I feel power, and security
and when I'm weak, you are strong
Once in a lifetime, twice in eternity
And guess what? Nothing else matters anyways

 

Des punks qui ont d'excellentes fréquentations...


...avec Bruce Springsteen...

16:54 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/03/2009

Diversité...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=


Ouh putain... une bonne purge rendrait les intestins de la République un peu plus salubres. En tant que médecin je prescrirais un bon lavement à la poire...

...ou au lance-flammes... mais j'exagère sûrement. Après tout... tout va très bien, Madame la Marquise... IL N'Y A PAS DE PROBLEMES ETHNIQUES EN FRANCE.

La Diversité avant tout... cette GRANDE CHANCE POUR LA FRANCE !

 



Au moins certains crétins trouvent un sens à leur vie minable et sans envergure.

Et le pire dans tout ça... c'est que tout le monde... ABSOLUMENT TOUT LE MONDE... prend le pli.

Pitoyable. Niveau pensée : zéro !

 

J'ai pris ça chez l'ami XP... 

23:33 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/03/2009

Enjoy the Fab Four...

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

22 minutes... C'est court... ok... mais le son est aussi correct que le son de leurs albums de l'époque... et ça joue terriblement bien. Ringo Starr est un excellent batteur... il va bien falloir que le monde le reconnaisse, hmm ? Bon, on est à Stockholm... le 24 octobre 1963... à la radio, pour l'émission "Pop '63". En tout cas, les suédoises ont l'air bien contentes... ha !

Téléchargez les mp3... c'est gratuit.

 

01-Introduction.mp3

02-I Saw Her Standing There.mp3

03-From me to You.mp3

04-Money

05-Roll Over Beethoven.mp3

06-You Really got a hold on me.mp3

07-She Loves You

08-Twist and Shout.mp3

09-Interview.mp3

21:48 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/03/2009

Alain Bashung, repose en paix... Putain de crabe !

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=


Alain Bashung, 1947-2009

 

 

Il reste qui ? Y'a quelqu'un là ?

20:10 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/03/2009

Vertueux

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Les vertueux ont la foi pure. Gigantesques dans leur dévotion moisie, ils sont vieux avant que de l’être. Courbés et anachroniques. Ils vont apporter la rédemption à l’humanité en enserrant les corps dans des catafalques noirs pour ceinturer les seins, les fesses et leurs croupes. Leurs queues et leurs vulves ont l’imagination courte. Mais ils ont assez d’imagination pour faire œuvre de civilisation, croient-ils, dans l’attente de la parousie sanctificatrice.

En attendant, connaissent-ils ces chairs qui se caressent, se malaxent, et s’extasient, ces palpitations cardiaques qui aèrent la cervelle jusqu’à la déglinguer ? le souffle hachuré, le tremblement merveilleux, le frisson entre deux corps comme un ras de marée que l’on ne prévient jamais et qui envahit tout ? on parvient, parfois, à calculer et mesurer le cours même de l’histoire, à évaluer des intelligences, à détourner le destin de sa voie toute tracée, mais l’amour et le désir ne peuvent s’apprivoiser. Aucun scalpel du questionnement humain ne parviendra jamais à en défaire l’épiderme, les muscles et les nerfs. La dissection en est impossible. Lorsque l’être aimé devient le centre gravitationnel autour duquel absolument tout se joue, se noue et se défait, on n’est plus au royaume de la raison, mais dans une nef des fous. Et les puritains n’ont pour ce phénomène que des condamnations diaboliques à vociférer.

 

07:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/03/2009

Acte

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

Ecrire c’est attendre tout de cet acte.

J’ai mis du temps à comprendre que ma douleur ne pouvait en aucun cas me servir de masque. Je suis comme je suis. Avec ma face, avec mes mains, avec mon corps entier, et mes regards où transparaissent mes hantises intimes. Du coup, j’aime être seul le plus souvent possible car j’ai une sainte horreur d’avoir à justifier ma ride sur le front née de mes inquiétudes, juste sous la cicatrice dont j’ai hérité d’une chute à quatre ans en ex-Yougoslavie. Marque de Caïn. C’est vrai. Ma douleur est bien moi. De bout en bout mais je tiens debout. Un cri jamais véritablement sorti de ma gueule qui a passé des années à errer dans les entrelas de ma chair et de mon réseaux nerveux avant que de se dissoudre avec le temps dans une sorte d’acceptation pleine de félicité. Je suis quelqu’un sans importance, voyez-vous, je vis et je meurs en silence dans mon désert aux murailles de vents et de silice. Je l’écris juste comme je peux. Peut-être pour porter témoignage de la banalité d’un parcours. Porter témoignage, c’est-à-dire, en grec, être martyre.

 

19:21 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Inattendu

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

Il y avait ici, un possible que la régression générale interdit de concevoir. Les utopies sont des farces qui ne laissent entrevoir en partie visible que de sordides mythifications kitchs et moisies de ce possible alors qu’elles cachent sous le calme apparent de la nappe aquatique les meurtres génocidaires muets, sourds et aveugles. Une graine en demeure en attente. Elle ressurgira au cœur même du fumier selon des voies inattendues. 


UTOPIA, Bernard Lavilliers

17:30 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Lecture Nocturne

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le Pen et ses séides auront fait plus de mal à la Civilisation européenne que les socialistes et les communistes tous ensemble réunis !

Ils ont condamné toute défense des valeurs occidentales à être immédiatement comparée aux bravades de ce Mussolini de Saint-Cloud, ils ont rabaissé la Geste des Croisés francs au niveau des gesticulations hystériques de quelques skinheads supporters du PSG, ils ont condamné la France à ne plus avoir aucune alternative.

Ils savaient probablement ce qu’ils faisaient. Ce qui les rend deux fois plus coupables.

Une des portées les plus décisives de l’élection présidentielle de 2002 et de ses résultats de république bananière, c’est de démontrer une fois pour toutes que le libéralisme et le socialisme, avec tous leurs avatars, ne représentent qu’une seule voie, que Le Pen et ses éructations antisionistes et antiaméricaines représentent la seconde, soit une variante "extrémiste" de la première, et que la Troisième Voie, par conséquent, et comme toujours en ce pays, reste parfaitement introuvable. »

American Black Box, Maurice G. Dantec

 

Rien à rajouter à ces lignes. Je tire sur ma cigarette. Avale mon thé vert à 2h41 du matin en écoutant le live de Robin Trower du 18 octobre 1977 enregistré à New Haven, dans le Connecticut, USA, pour une émission de radio, King Biscuit Flower Hour. Juste à côté du livre de Dantec le livre d’une jeune poétesse, Arielle Monney qui a signé quelques poèmes lumineux sous le nom d’Aldebaran, avant de mourir à 16 ans tout juste passés : « La mort est ce jardin où je m’éveille » 1957-1975. Une courte vie qui lui a permis tout de même d’écrire des choses comme celle-ci :

 

"Soleil

 

Je repose sans la voir

sur une métamorphose

perpétuelle.

au fond de mon âme se renouvellent

des phrases impossibles malgré moi

et le soir me semble

un soleil."

 

Ou celle-là :

 

"Recherche

 

les châteaux sont en démolition

je cherche un ligne réelle

verticale

                        puissante et agressive

une ligne qui m’aide à vivre

et à combattre

les châteaux les mers et les étoiles

sont en démolition

je veux une ligne

seule immense et noire.

 

            27 mai 1974."

 

Ou bien ça encore :

 

           tu sais le feu

                        qui est le vent

            tu sais le jour

                        qui est la nuit

            tu sais la nuit

                        qui est le vent

            tu sais le feu

                        qui est la mer

            tu sais la mer

                        qui est la nuit

            tu sais la nuit

                        qui est le jour

            tu sais le jour

                        qui est le vent

tu sais le silence qui est l’écume

tu sais l’écume qui est la mer

            tu sais la mer

                        qui est le jour

            tu sais le jour

                        qui est le vent

et le jour qui fut d’écume

            fut la nuit

                        qui est silence.

 

            1er novembre 1974.

 

(si je ne parle de mort

je l’écoute. elle tremble

en moi et elle viendra.)"

 

Paru aux éditions Collection Sud avec une préface de Jean Joubert. Je ne sais rien d’elle. Mais cette adolescente qui écrit comme une nécessité première m’émeut au plus profond et me soigne. Le vide du monde, elle le remplit avec son énergie qui traverse sa propre mort. Elle est plus vivante que tous les lepénistes ou anti-lepenistes qui marchent, sans le savoir, main dans la main. Face à toute la farce consensuelle ambiante, mondialiste, altermondialiste, européiste, nationaliste, politico-jeanfoutiste, reste le verbe, les mots qui ne sont nullement pour moi (comme ils le furent pour Sartre) l’enfer de l’absurde, mais une possibilité de sortie hors la nasse de la médiocrité socio-politique. Née le 6 décembre 1957 et morte le 25 février 1975 elle écrivait le 23 février 1975 son dernier poème :

 

la terre grise.

le jour pâle.

l’enfant aux yeux tristes

lentement regarde

le grand renoncement du jour

qui s’achève

parmi le si grand calme du paysage.

monotone.

la terre n’est qu’un espace

le jour si pâle n’a plus d’ombre.

            l’enfant aux yeux si graves

            lentement regarde

la mort de l’arbre

la mort d’un rêve

            ou d’un songe

parmi le si grand calme du paysage.

monotone.

            l’enfant triste et grave

            lentement regarde

            la fin des herbes folles

            et du grand voyage

            lentement regarde

            l’ombre de l’arbre qui s’achève

parmi le grand renoncement

            du jour

            et la fin

            d’un espace.

 

            23 février 1975.

 

            dernier poème.

 

Cette sublime pureté. Cette ligne simple. Ce souffle limpide. Cette eau calme et cristalline. Cette acceptation. Cette haute conscience de sa carne, de son espace et de ses phrases qui disent ce temps précis déjà hors le temps lui-même. Ce sentiment que j’ai qu’elle est sauvée par-delà sa mort. Elle me purifie de mes déchets, de mes doutes, de mes turpitudes. Cette enfant condamnée avec son écriture. Elle me rappelle que moi, comme nous tous, suis condamné aussi.

 

 

02:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (5) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/03/2009

Crossroad

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Que j’aimerais pouvoir à nouveau sculpter une belle suite d’accords, y peindre simplement une jolie mélodie, pouvoir à nouveau caresser des cœurs, toucher des âmes avec mes parfums d’essences florales ou de souffre et d’acide. Et dire avec mes mots le dédale de mes errances joyeuses ou suppliantes. Ma quête de clochard céleste.

 

« Quarante-quatre ans c’est l’âge de la vitesse de croisière. Vous devez avoir donné l’impulsion maximale pour vous désorbiter, et à la mi-quarantaine être en mesure de considérer la vieillesse, et la mort qui lui est corollaire, pente sur laquelle vous êtes désormais sur le point de basculer, si ce n’est déjà fait, comme la plus grande chose qui puisse vous arriver. »

Maurice G. Dantec, Le Théâtre des opérations 2002-2006. American Black Box

 

Je suis là, à bientôt 44 ans, à tourner sur moi-même devant le vide du ciel, ou son trop plein que je n’arrive pas à appréhender avec l’assurance nécessaire. Certains jours un Appel se fait entendre qui me tire vers le précipice de la Foi, là où il est probablement indispensable de la mettre en abime. Et je perds pieds au quotidien face au gouffre. Comprends-tu ami lecteur ? Dans le même livre de Maurice G. Dantec, American Black Box, l’auteur écrit :

 

« L’an dernier, ma slavophilie menaça de tout emporter dans une conversion à l’Orthodoxie russe.

Mais un certain nombre de lectures, dont les Pères de l’Église, et de nouveau Léon Bloy finirent par consolider une position éminemment centrale. Alors que je me rendais à Paris, ce printemps, le 18 mars, la veille de l’attaque américaine en Irak (comme en 1999, lorsque la sortie de Babylon Babies coïncida avec l’opération aérienne au Kosovo), je savais que ce séjour serait le déterminant actif, celui par qui la décision finale, sans doute, se jouerait.

Ce n’est pas de la superstition. C’était l’évidence.

À tel point que même devant les marchands du temple, vendeurs de saucisses et de T-shirts, entassés sur le parvis millénaire de Notre-Dame, je ne pus m’empêcher de pénétrer en la sainte cathédrale à la suite d’une horde de touristes à Caméscope, puis, cherchant un peu de solitude à l’abri d’un pilier de l’allée, je me mis à écouter la messe, à proximité d’une petite communauté de fidèles, absolument inattentifs au cirque touristico-digital-polaroïd qui me promenait un peu partout, en short ! (Il n’y a pas pire salissure, selon moi, qu’un touriste en short dans une église, à l’exception d’une bande de soudards enivrés, ou de sans-culottes instruits de haute philosophie.)

Mais, comme j’aurai l’occasion d’y revenir plus loin, si à mon retour la décision était prise, baptême catholique sans plus tarder et donc catéchuménat, je n’étais pas au bout de mes peines.

À ceux qui me lisent et qui sont déjà baptisés, qu’ils s’en foutent ou qu’ils croient, peu importe : en fait ils sont sauvés.

Mais moi, moi qui veux rejoindre l’Église, dans la terrible clarté d’un acte adulte, je la vois comme s’enfuir loin de moi. À chaque fois que je fais un pas dans sa direction, elle en fait deux dans celle opposée.

Le baptême, nécessité impérieuse, folle, inexpugnable, et parfois comme quasi impossible. »

 

La catholicité mise à part, moi étant plutôt tenté par l’église orthodoxe par pure serbité en premier lieu et par désaccord avec le « filioque » également, je suis dans une phase de ce type aussi, probablement à un degré moindre car au moment où Dantec écrit ces lignes il a prit des décisions de catéchisme et de volonté dévotionnelle à sa mesure, ce qui n’est pas mon cas encore.

 

07:14 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/03/2009

Radeau

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

Mille pensées différentes m’assaillent. Mon état physique. Ces vingt dernières années. Ma situation professionnelle et sociale. Ma vie que raconte, d’une certaine façon, mon écriture. Mon écriture qui prolonge ma vie, mais je ne parle pas, ici, dans le domaine du temps. Je parle du milieu même de l’écriture, de la redoutable synesthésie qu’elle opère en moi, aiguisant ma conscience, me donnant des armes. Je pense à tout ça, non sous forme de bilan, mais comme un défilé, une cohorte bariolée d’images ivres, joyeuses et douloureuses. Les frôlements du bonheur, parfois. La mort, déjà, présente et me clignant de l’œil. Salope ! O rivages d’aube ouverts. Règne supérieur. Tourbe, sel et sable. Vents. Pluies. Possibles qui se roulent à l’orée guettant la vive présence qui les fera advenir ou se dissoudre dans la poubelle de l’histoire. J’ai traversé ce lieu funeste et tenté de vivre en homme. 

 

 

Jeune je voulais marier l’insolence et la beauté. Convulsion post-surréaliste. Puis le temps a fait son œuvre. Et le temps ne triche pas. C’est nous qui tentons constamment le subterfuge, la dérobade, la tricherie. Le temps vient nous réclamer sans arrêt les examens de passage. L’expérience. Fais tes preuves le loustic. 

Je suis ce que je suis. Je tiens le rôle qui est le mien. Avec difficulté. Tentant d’en écrire, selon mes modestes moyens, quelques luxuriances, à défaut d’en écrire le scénario, pour faire référence à un débat constant que j’eus jadis avec un ami qui soutenait que la volonté n’existe pas contre mon avis nietzschéen. Le temps, donc, cœur central de l’art, (fixations dans la trame de sa géhenne d’instants qui transcendent notre condition d’épaves portées par son impétueux torrent) cœur central de la pensée depuis la chute, qui me fait prendre la mesure de mon âge, du chemin parcouru, de l’œuvre tentée et non réalisée et du sentiment d’échec qui est une tentation à combattre (ô démon de la pesanteur) pour tenir debout comme un homme, du socle qui est le mien, de ma fondation, de mon chantier. J’ai écrit quelques chansons, fait souffrir mes doigts sur des guitares qu’il me fallait dompter, joué de la plume trempée dans mon sang sur les pages vierges de mes viols de survie, me suis marié et fait des enfants. Et je me démerde chaque jour que Dieu fait avec cette route qui est la mienne. Si je suis la preuve que la volonté n’existe pas, j’aurai plutôt tendance à croire que je n’ai tout simplement pas la volonté en question en moi car noué par un fatras de nœuds que je n’ai pas réussi à dénouer ou eu le courage de trancher d’un coup d’épée décisif. Le corps cloué sur mon radeau, transfuge d’un long hiver qui n’en finit plus, au milieu de la dérive tectonique des continents, point insignifiant dans la multitude du monde. Je ne grandis plus mais je vieilli. Mais je tente l’évolution, la poursuite du chemin sans lacune. L’apprentissage. Aux pays des morts. 

17:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Couple...

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

« Je suis pour l’amour absolu avec tout ce qu’il a d’infâme ou de resplendissant. Et aussi pour ces bons petits coïts de compère à commère, à la va-vite entre deux portes ou bien à l’aise quand le besoin vous prend. Mais j’exècre les accords mondains, où le sentiment s’abaisse et la friction se hausse, ces accords de monnaie courante qui vivotent d’accommodements et d’omissions ; plutôt que de vivre une telle passion fade, je préférerais me nourrir de croutons frottés de bran à la lueur d’un puant godet de pétrole lampant à usage domestique. »

Louis Scutenaire, Mes inscriptions 1943-1944

 

La vie de couple est une fausse paix hypocrite. Ça a la couleur et le goût de l’amour, mais ce n’est pas de l’amour. Mais, comme disait Apollinaire, Dieu merci « J’ai dans ma maison, une épouse dotée de raison »

 

« Aucune amitié ne peut assumer ce que le mariage exige. » écrit Hannah Arendt dans son Journal de la pensée, décembre 1950, « L’amour, lui, le peut lorsque le mariage en tant qu’institution est réduit à néant en vertu de la libre décision de deux êtres. »

 

 

06:55 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

09/03/2009

Guerre

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

« Gardez-vous donc toujours prodigue. La création artistique […] est la guerre même. Et vous êtes guerrier. »

Saint-John Perse, à Igor Stravinski, Washington, 25 janvier 1962

 

Enfant que ce temps a pétri et au sein duquel je me débat, avec violence, dans l’atrocité de la tâche, il arrive que mon intériorité fusionne aux circonstances et conditions extérieures et alors, avant même que je ne me sois saisi d’un stylo pour me tailler un chemin praticable à travers la multitude… c’est la guerre.

 

« Autrement dit, la liberté ne peut se concevoir que comme le lieu d’un sacrifice particulier où l’homme doit se séparer de lui-même et de tous les autres pour pouvoir se trouver et engager le dialogue avec eux. »

Maurice Dantec, Le Théâtre des opérations 2000-2001. Laboratoire de catastrophe générale


Bâtir et faire habiter... mais le recours aux forêts, d'abord, s'impose...

17:55 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Polisseurs de l'Être

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Je suis touché au plus profond à l’évocation des petits métiers, des petites taches journalières, des artisans, des paysans, à l’évocation de tous ces polisseurs de verres au quotidien auxquels nous ne prêtons plus attention, j’assiste alors médusé, à une sorte de recension des fonctionnaires de l’être. Il doit bien exister quelque part un éboueur lecteur de Spinoza qui se transperce le cerveau de questions pointues, autant que j’existe , moi, magasinier à la Fnac, lecteur de Nietzsche, trainant mon incarnation dans la fournaise impitoyable de la banalité broyante. Un éboueur, aristocrate crasseux, qui nous lave de notre merde, nos déchets de bien portants et y trouve pâture à une méditation métaphysique. Un qui rejoindrait l’essence des choses et qui, par sa vie, chanterait l’être.

07:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/03/2009

Fièvre

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Ô Dames lascives, corps huilés,

effleurez-moi l’épiderme de vos colliers,

vos bagues d’or et vos boucles d’oreilles tressées.

L’encens brule dans les coupes.

Brûle aussi le vin

dans les verres scintillants

à la flamme des bougies.

Les percussions rythment

le flux et le reflux des déplacements

chaleur de l’air

senteurs de musc

pâleur écarlate

effluves de sueur

palpitation holoscopique

comme si tout était

dans le moindre souffle, Tout dans

le moindre brin de respiration

haletante et sainte dans son péché.

Douce décadence de l’extase,

violente extase en l’âtre blasphématoire

de ma carne désossée.

Cyclone de l’équateur.

 

J’ai monté les marches, ouvert la porte, estimé les lieux et me suis engouffré dans l’alcôve moite et chaude comme un cœur agonisant.

 

18:16 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La tension et l’écorchure

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Les qualités que la société exige avec insistance de nous pour en gravir les échelons illusoires et sanglants ne sont pas les qualités qui font les artistes, les guerriers chevaleresques, les moines, les chercheurs et les saints. Une morale sans transcendance. La fosse à purin. Prédateurs. Egocentriques. Névrosés. Puritains. Grenouilles de bénitier pontifical ou crapauds de barrique à pinard laïc. Je suis du côté des jésuites contre les jansénistes. Malgré la force d’un Pascal qui a, par ses pensées, balisé des aires de réflexion dont on ne peut faire l’économie. On peut s’amuser à éviter Pascal, mais sa manière de questionner l’angoisse qui l’étreint (et dont il tire son espérance) est difficilement destructible. La flamme de la foi qui vient de bruler est une extase, dans une certaine mesure, contaminante. Mais je ne suis pas un contempteur du corps, cette enveloppe charnelle qui porte la tension et l’écorchure que je suis sur le champ de bataille du monde.

 

15:09 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Privilège

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Quel privilège que de vivre cette vie éphémère !

 

07:01 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/03/2009

Comédie

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--= 

 

Au milieu de la comédie sociale avoir un sens aigu de sa propre contingence. Refuser la mythologie d’une rédemption politique. Quelle qu’elle soit. Après, avancer du mieux que l’ont peut, avec ses semblants de certitudes, évidente propension à s’adonner à des illusions pécheresses qui trompent l’âme en semblant, pour quelques fulgurants instants, arrêter le temps et le cours des âges. Face à tout ça, s’en remettre à Dieu, en espérant qu’il existe.

17:57 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Oui

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Tous mes échecs, mes rêves perdus, mes défaites au goût de sel. Toutes mes piètres souffrances face au trou noir du monde. Et mes délices, aussi, sous le dôme oculaire du ciel. Je suis prêt, oui, à les revivre, comme un nécessaire et joyeux redéploiement. Je suis prêt, oui, à dire « oui ». 

J’écris tout ça la sueur au front, moi même porté par l’oblat de mon acte qui me fait oublier que vivre est peut-être un malentendu. Suis-je moi, ou l’autre ? Celui qui parle tel un druide ? Celui qui s’anéanti entre ces quatre murs pour accéder à la part manquante ? Vivre, ne serait-ce plutôt — surement — une lumineuse nécessité ? Tenir tête au vertige et prendre place dans la spirale comme on prendrait place dans un manège de foire ? J’écris, certes, pour guérir. J’écris aussi pour les hommes… j’écris pour les femmes. Je veux dire pour la vision saisissante que m’envoie la Femme. Seigneur, je pourrais dire que j’écris ces lignes tortueuses comme des chemins de traverse, avec l’abîme au bout de la bouche, ou plutôt l’abîme m’enserrant le cœur, les entrailles dans sa main de fer noir. J’écris pour toutes les saintes, les salopes, les amantes, les mères, les sœurs, les douces les tendres amies, les dévergondées et les putains, toutes les suceuses de queues qui nous abreuvent de leurs sucs, leurs parfums de crèmes ou de sueurs, leurs purifications menstruelles ou leurs pertes blanches, leurs sèves saines ou nauséabondes, nous soulèvent dans les airs où nous piétinent, mais finissent toujours par bruler nos cervelles à la lueur de leurs bougies en nous enfonçant des aiguilles dans la moelle épinière comme dans des poupées en terre vaudou. On se retrouve alors vidés, livides, la bite pantelante, en descente sur l’Orénoque, ou alors grandis, jouisseurs et forts comme la mort et même plus. En partance pour les sentiers anciens, celle que raconte John Lee Hooker dans ses blues humides, la guitare désaccordée, le bourbon suintant  sa tourbe aux commissures de ses lèvres ; celle que raconte Jim Morrison dans Soul Kitchen ou The End, Wagner dans Tristan et Yseult… où le Seigneur Dieu lui-même dès les premières pages de la Genèse. C’est une histoire de damnation, de foyer perdu, d’enfance soudoyée, de crime et d’inceste, où l’amour et la haine, la paix et la violence sont les deux extrémités d’une même pièce qui se conjugue toujours en simultané !

 

 

 

11:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Gran Torino - II

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

Je songe à "Gran Torino", le dernier film de Clint Eastwood qui outre la grande maîtrise de son sujet est un hommage de grande classe à son maître John Ford et un film très catholique sur le sens du pardon, de l'ouverture à l'autre, et du sacrifice pour le bien de la communauté. Non content de le réaliser, Monsieur Clint Eastwood y campe un personnage en acier trempé dans le politiquement incorrect du début à la fin du film quand il a cette tirade testamentaire à propos de sa Gran Torino qu'il désire léguer à un jeune asiatique, véritable bras d'honneur, par-delà sa tombe à un monde sans repères moraux où la permissivité est telle qu'on en est arrivé à ne plus oser nommer les choses. Mais Monsieur Clint Eastwood les nomme, sans prendre de gants, en homme libre.

Durant tout le film on a l'impression d'être face à une sorte d'inspecteur Harry vieux et aigri, grossier, fumeur et buveur, irrespectueux vis-à-vis d'un prêtre dont il pourrait être le grand-père, qui chique et crache comme il respire. Le réac' libertarien dans toute sa splendeur. Sauf que le personnage qu'interprète monsieur Eastwood est un ancien ouvrier de chez Ford Motor Company (et je prends ça pour un clin d'oeil direct à John Ford) qui s'est customisé sa propre Gran Torino (une voiture bien américaine de bout en bout) dans son âge mur, en 1972 ! La Gran Torino, symbole du rêve américain, imaginé, inventé et réalisé par des américains n'est plus qu'une antiquité que tout le monde dans le film désire, comme la poussière d'une époque dorée où des valeurs communautaires, familiales prévalaient encore et faisaient tenir le monde. A présent les voitures sont japonaises, les voisins sont asiatiques, les jeunes blancs s'habillent comme les noirs et voudraient les considérer comme des frères tandis que ces derniers s'en fouttent - la scène relative à ces derniers propos que je viens d'écrire est très forte -, les gangs sont ethniques et toutes les maisons de ce qui fut jadis une résidence de la classe moyenne blanche sont occupées par des pauvres ou des étrangers et tombent en ruine. Kowalsky, c'est le nom du personnage qu'interprète Monsieur Clint, est raciste, sur ses gardes vis-à-vis de tout le monde mais il va très vite se rapprocher de ses voisins asiatiques, d'abord parce qu'il est seul (le film s'ouvre sur son épouse morte à l'église) mais surtout parce qu'il va réaliser que ces honnêtes asiatiques incarnent bien plus les valeurs traditionnelles auxquelles il croit que les membres de sa famille qui n'attendent qu'une seule chose : qu'il parte en maison de retraite pour crever afin qu'ils puissent hériter de sa maison... et de sa Gran Torino.

 

La maison de Kowalsky, seule maison potable du quartier, propre, rangée et arrangée comme il se doit, par les mains d'un ouvrier qui a fait la guerre de Corée, dont l'âme souffre de certaines choses qu'il y a commis, mais qui a travaillé honnêtement toute sa vie en tenant debout droit dans ses pompes, cette maison est la seule au milieu de la désolation à y arborer quotidiennement le drapeau américain. La bannière étoilée prend, ici, une signification de résistance face à la décrépitude et au laisser-aller général. Normalement, ça devrait en faire chier plus d'un dans notre joli pays où l'anti-américanisme le plus primaire s'est développé ces derniers temps, de la Gôche la plus crétine à la Drouâte la plus passéiste. Du coup les critiques bobos ont trouvé la parade pour encenser le film : c'est un hymne à la tolérance, bien-sûr, à l'ouverture à l'autre, évidemment. Ils se refusent à décrypter les agencements, les passerelles entre la culture de Kowalsky (américain d'origine polonaise) et celle de ses voisins (d'origine Hmong) et un universalisme qui transcende de loin leurs petites certitudes socio-politiques aux contours polis, sans relief ni aspérités. L'Amérique s'est construite sur l'immigration et jusqu'à présent ça lui a plutôt réussi. Je ne suis pas un spécialiste des projections géo-stratégiques futuristes et ne suis pas en mesure de préciser si ça le sera encore à l'avenir. Mais la mondialisation tend à y importer, aussi, son lot de difficultés et d'inadaptations que les Gôchistes voudraient taire pour s'assurer que leur rêve d'aplanissement général se poursuit selon leur code éthique, tandis que quelques Drouâtards bien arrêtés également dans leurs certitudes racialistes voudraient régler avec du muscle en guise de cerveau et sans état d'âme. Kowalsky, probablement, au début du film est de ces derniers : intransigeant, patriote et d'une sévérité sans mesure. Cependant, à la fin du film il est toujours intransigeant, patriote et sévère, ce que ne semblent pas avoir relevé nos criticailleurs qui se croient pertinents. Les Valeurs que respecte Kowalsky sont les mêmes du début à la fin, il a juste réalisé que la barrière raciale peut se trouver franchie par... des valeurs communes. Et c'est cette mesure qu'il n'avait pas au début qu'il a trouvé, me semble-t-il, à la fin.

La surprenante fin du film par-delà sa leçon très forte d'humanité et de sacrifice indique que si les valeurs qu'incarne la Gran Torino s'héritent, surtout et avant tout elles se méritent ! Et lorsqu'on en hérite on n'est pas sensé en faire n'importe quoi :

"Je voudrais léguer ma Gran Torino 1972 à mon ami Tao Van Lor à la condition que tu ne coupes pas le toit comme le font ces sales tacos, que tu ne peignes pas dessus des flammes débiles comme le font un tas de pecnos de tarés blancs et que tu ne mettes pas un aileron de pédé sur le coffre arrière comme on en voit sur toutes les voitures de bridés, c'est absolument horrible, si tu arrives à t'abstenir de ces conneries là elle est à toi."

 

01:19 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (12) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/03/2009

Hors la crypte...

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=


Est-ce que mon lecteur peut, après avoir quitté les mots qui sont les miens et s’être engouffré dans son quotidien pavé de repères bien connus, régurgiter quelques parcelles de ma cervelle dans ce qu’il peut penser et dire de la réalité qu’il appréhende ? Est-ce que le souffle qui est le mien, ou tout du moins ce souffle qui Me traverse et que je communique comme un flux qui m’emporte bien souvent par-delà moi-même, parvient à insuffler un peu d’air dans les terres en manque de fertilité, les sols en jachère, durcis par l’abandon, en proie aux intempéries, dans l’attente du socle de la charrue ? Mon expérience vive porte-t-elle des fruits pour autrui ?

"Aux Poètes

Tout comme un jour de fête, afin de voir son champ,
Le matin sort un paysan, quand de toute la nuit
Ardente les éclairs n’ont cessé de tomber, rafraîchissants,
Et que dans les lointains résonne encore le tonnerre,
Le fleuve de nouveau s’avance entre ses rives,
Le sol avec fraîcheur se fait tout verdoyant
Et la pluie bienfaisante du ciel
Ruisselle de la vigne ; étincelants, debout
Dans la paix du soleil sont les arbres de la futaie.

De même ainsi, debout sous un temps favorable
Sont ceux, formés non par un maître seul,
Mais par la merveilleuse, l’omniprésente en son très doux
Embrassement, la puissante, la divinement belle Nature.
Et c’est pourquoi, dans ce temps de l’année où elle semble
dormir
Au ciel ou dans les plantes ou les gens,
Alors s’endeuille aussi la face des poètes
Qui semblent être abandonnés ; pourtant toujours ils sont
Pressentiment, car elle aussi dans son repos n’est que
pressentiment

Or maintenant il fait jour ! J’ai patienté et je l’ai vu venir ;
Oh ! que cette voyance, ce sanctuaire soit mon verbe !
Celle en effet, celle-même qui est plus vieille que les
temps
Et par-delà les dieux du Soir et de l’Orient
Existe, la Nature, à présent, se réveille au froissement des
armes,
Et du haut de l’Éther au profond de l’abîme.
Selon la loi très immuable, comme autrefois, surgi hors du
Chaos sacré
L’enthousiasme flamboie et se sent neuf,
De toutes choses à nouveau, le créateur.

Et tel pour l’homme, un feu s’allume dans son œil
S’il entreprend quelque tâche sublime, tels de nouveau
Les signes, maintenant, et les actes du monde
Font s’allumer un feu dans l’âme des poètes.
Et tout ce qui s’était accompli jusque-là, pourtant à peine
ressenti,
Ne vient que maintenant à l’évidence,
Et celles, souriant, qui nous avaient travaillé notre champ
Ainsi que des servantes, elles sont révélées,
Les très vivantes, ces puissances des dieux !

T’inquiéterais-tu d’elles ? Leur esprit souffle dans ce chant
Que le soleil du jour et que la chaude terre
Ont libéré, et ces orages, qui habitent les airs, et ces
autres
Plus amplement mûris au creux profond du temps,
De pire augure et bien plus près de notre intelligence,
Qui vont errant entre le ciel et la terre, ou bien parmi les
peuples ;
De l’esprit unanime, ce sont les pensées
Qui viennent s’achever et trouvent le repos dans l’âme des
poètes.

Ah ! qu’elles soient promptes à la toucher, cette âme
depuis longtemps
En contact avec l’infini, et toute frémissante encore
Du souvenir, afin qu’incendiée par le rayon sacré
Elle accomplisse avec bonheur ce fruit né dans l’amour,
Œuvre des dieux et de l’homme : son hymne
Qui se fait leur témoin réciproque.
Ainsi tomba, les poètes l’ont dit, sur le palais de Sémélé
Cette foudre divine, après son vœu de contempler le dieu
Dans sa splendeur, lorsque cendre au sein de la mort, elle
enfanta,
Fruit de l’orage, Bacchus le sacré.

Au feu du ciel, dès lors, ils peuvent s’abreuver
Maintenant sans péril, les enfants de la terre.
Mais c’est à nous, pourtant, sous les orages de Dieu,
O poètes ! à nous qu’il appartient de se dresser et tête nue,
C’est à nous de saisir de notre propre main
Jusqu’au rayon du Père et de le tendre ainsi,
Recélé dans le Chant, ce don du ciel, de l’offrir aux
nations ;
Car c’est nous, entre tous, qui sommes de cœur pur
Ainsi que des enfants, et nos mains ne sont qu’innocence.

Venu du Père, et pur, l’éclair ne le brûlera point,
Bien qu’ébranlé profondément, souffrant en compassion
Les souffrances d’un dieu, ce cœur en son éternité
Qui pourtant reste inébranlable.


HölderlinHymnes, élégies et autres poèmes

« Je dis d’emblée que je ne suis pas maîtresse des mots qui vont suivre : ils coulent de source. Plutôt, une lymphe couleur d’encre suinte de la paroi en peau qui limite le gouffre que je suis pour ma solitude. Cela, parce que je ne puis rien dire que je n’aie éprouvé. Eprouvé il y a du temps. Du temps a coulé en moi, il est devenu mon temps — que j’exsude, et qui goutte en mots.
Si les mots coulent de source, ma pensée, elle, tâtonne. Je vois (physiquement, ai-je envie de dire) ma pensée tâtonner en avant des mots entrainés par le tâtonnement ; c’est paradoxal. C’est que le sentiment de solitude est paradoxal.
Et contradictoire.
Si je le suis à la trace, mes propos aussi auront l’air contradictoire. Il se pourrait qu’ils ne soient pas tout à fait conformes à ce que j’aimerais qu’ils soient. Or, je dois suivre ma pente, laquelle commande la nature et l’allure des mots. Ainsi je me hasarde dans une forêt presque hercynienne, en rêvant d’une clairière sacrée (d’un nemeton) au bout du tracé consciencieux.
Parce que l’entreprise m’affole, j’ai besoin d’imaginer un lecteur, et je lui interdis de sauter une ligne… Enfin, non… Qui m’aime me suive, comme on dit. »

Claire FourierAu clair de la solitude

 

Il y a une entre-zone, un no man’s land, d’où me provient l’appel, l’obligation. Lieu de toutes les pertes. M’y aventurer est une profonde angoisse. Et pourtant, y échapper est la première des lâcheté, celle qui engendre toutes les autres lâchetés dont nous sommes coutumiers, à commencer par celle qui consiste à ne pas se sentir concerné, à tempérer sans entendement la gravité de la purulente plaie et s’endormir sevré de distraction et le cœur humaniste. « Où sont mes anges ? Je suis une âme nue. » La résurrection est une espérance. Mais ici et maintenant nous sommes confrontés à une descente quotidienne, accompagnés par notre psychopompe, vers les cercles concentriques de l’enfer. Mais ressusciter ici et maintenant ? Dans l’immédiateté de l’instant.

 

"Another holiday from all the vampires

and all the sycophants caught on the highwire

so sexy, sexy babe you know i need some

to pass the time away to get relief from

all this life that's filled with wanton tragedy

 

just like a runaway with no escape zone

you'd think i'd find a way you'd think i'd fake one

but all my life's been filled with wanton tragedy

 

where's my angels i'm a naked soul

where's my angels i'm a naked soul

 

so just for heaven's sake i'll try to face this

it's just a chance you take to get a last kiss

so sexy, sexy babe you know i need some

to pass the time away to get relief from

all this life that's filled with wanton tragedy

 

where's my angels i'm a naked soul

where's my angels i'm a naked soul

now don't you hide from me

don't you hide from me

don't you hide from me

 

all my life's been filled with wanton tragedies

 

where's my angels i'm a naked soul

where's my angels i'm a naked soul

now don't you hide from me

don't you hide from me

don't you hide from me

don't you hide from me

please don't"

Tea PartyAngels

 

 

 

"You wanted this

So sad to see

The sweet decay

Of ecstasy

 

And you want it all

 

And you want it all

 

A frozen sun,

Would guide you there

As shadows hide

The deep despair

 

And you want it all

 

I'll give you something more

And you'll fade away

One last kiss before

You fade away.

 

So sleep tonight,

In idle dreams

The pain will drown,

Your silent screams

 

And you want it all

 

And you want it all

 

I'll give you something more

And you'll fade away

One last kiss before

You fade away

Lives you once adored

will fade away

Lies you can't ignore

You soon repay

As you fade away

 

As you fade away

As you fade away

As you fade away

 

And you'll fade away"

 

Tea PartyPsychopomp 

 

 

À chaque fois on a le sentiment d’émerger d’un long rêve ou d’un effroyable cauchemar. C’est selon. Lorsque hors la crypte on sort au haut soleil, guidé par la trame de l’écriture. Immense courroie de transmission. Langue de feu de ce lieu d’entre-deux où la violence tente de me posséder avec langueur, cette même langueur qui fait que depuis la nuit des temps l’espèce dont je suis se perpétue en perpétuant, aussi, sa souffrance.

 

04:37 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/03/2009

Point Fixe d'une Vérité

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

L’inspiration est verticale, les influences, quant à elles, sont horizontales. Il y a une continuité entre la chose, le fait et la lecture du phénomène. Pour toucher au but mon esprit doit être tendu et porté par les sensations dans lesquelles je dérive mais qui l’éclairent et le soutiennent sans la moindre défaillance. Je ne suis alors aucunement la marionnette des dieux. Il faut se saisir du bon masque et prendre part sans hésitation à l’élaboration du simulacre. Le devenir est un possible mais un néant aussi, un non-être, une espérance illusoire et désespérée, un trouble angoissant que l’esprit ne parvient pas à saisir dans le cercle de la pensée rationnelle. Car, en même temps, tout autour de nous, la course du temps indique le changement permanent, la vibration damnée de l’histoire des hommes. L’infini néant, face à la vie infinie, menace de sa mâchoire béante chaque pas de chaque carne. L’écriture se pose là quelque part, dans cette imperceptible humeur et cherche à faire surgir le point fixe d’une vérité.

 

21:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ce jour...

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

J’ai le sentiment bien souvent de ne faire qu’une seule et unique chose : mobiliser toutes mes forces pour une ultime, brève et vaine résistance. Et puis tout se projette à nouveau en avant dans le cours des faits et des choses.

J’en suis parfois à me demander face au grand ronflement de la bêtise ambiante si nous ne sommes pas nos propres bourreaux, prenant un indiscutable plaisir à nous exécuter pour répondre aux imprécations d’un jugement rendu en vitesse, une épuration en profondeur, passionnée et sans usage de la raison. Cette citation de Bertrand de Jouvenel :

« Nous finissons par où les sauvages commencent. Nous avons redécouvert l’art perdu d’affamer les non-combattants, de brûler les huttes et d’emmener les vaincus en esclavage. Qu’avons-nous besoin d’invasions barbares ? Nous sommes nos propres huns. »

Il n’y aurait pas l’islamisation en cours, la désintégration progressive de tout ce qui fait notre civilisation, de tout ce qui fait le surgissement de l’être dans le flux temporel de notre historicité, nous trouverions autre chose pour nous auto-enculer avec allégresse. Le masochisme est vraiment général et le sadisme nous enserre de ses griffes, hélas, trop réelles.

Sur la frontière le sacre devient évidence, là où se côtoient la mort et la vie, là où l’écriture prend toute sa dimension, dans la lumière claire de l’équilibre retrouvé. Je suis, alors, là, face à l’esprit des foules, cet « éternel non » dont parla Goethe.

Dansez, dansez, pauvres fous, Obama est président tout est à nouveau possible, croyez-vous, bande de nains. Vous vous étoufferez un jour, votre cœur cessera de battre. La vie est belle, vos postures l’affirment avec une prestance ridicule mais sévère. Vous êtes convaincants, surtout pour vous-mêmes. Pauvres chiens malades.

Alexandra David-Neel, dans ses Textes tibétains inédits cite Lobzang Rigdzu Tsang Yang Gyatso, sixième Dalaï-Lama, poète et libertin :
« Si l’on a pas présente à l’esprit l’idée de l’instabilité et de la mort bien que l’on soit, d’autre part, intelligent, l’on est pareil à un idiot. »

Le profil de l’écriture est difficile à cerner. J’ouvre juste le cahier et j’écris. Le processus en cours n’est pas de mon ressort. Le personnage est coincé dans une vie compliquée, une histoire de groupe rock sur fond chaotique. Ici, dans son environnement immédiat la cité dortoir dans laquelle il vit et encore telle dans les années de son adolescence se transforme sous ses yeux en nécropole bariolée aux odeurs d’épices fortes mises en musique par NTM. Là-bas, en sa terre natale coule le sang d’une guerre qu’il ne ressent pas comme la sienne et qui le fait vomir car elle lui arrache ce qui lui restait de son enfance. Certains soirs il boit de la Slivovitz en écoutant les vieilles chansons folkloriques de Muharem Serbezovski et il pleure en compagnie de fantômes. Il lit des passages de « La déclaration islamique » d’Alija Izetbegovic et il ressent son impuissance face à l’appel des armes.

Là-bas... les salauds tuent même les chiens.


Muharem Serbezovski

04:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Gran Torino

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

"Je voudrais léguer ma Gran Torino 1972 à mon ami Tao Van Lor à la condition que tu ne coupes pas le toit comme le font ces sales tacos, que tu ne peignes pas dessus des flammes débiles comme le font un tas de pecnos de tarés blancs et que tu ne mettes pas un aileron de pédé sur le coffre arrière comme on en voit sur toutes les voitures de bridés, c'est absolument horrible, si tu arrives à t'abstenir de ces conneries là elle est à toi."

 

Un très Grand Film de Monsieur Clint Eastwood, qui rend ici un hommage appuyé à son Maître John Ford.

00:03 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (5) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/03/2009

Starting-Block

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

A la maison. Repos.

Rêves et désirs en une voluptueuse spirale, gigantesque et sans fin, surgissent et me saisissent et m’emportent. Je passe l’après-midi, les yeux rivés sur l’ordinateur à écrire, à copier et coller des bouts de textes, des phrases voluptueuses, des mots de chair ou de marbre qui s’en viennent me dire et me conter sur l’écran argenté de pixels où ma conscience s’éveille au trône de la pensée.

Parfois, on étouffe d’aimer avec passion et violence et d’être aimé en retour.

J’ai changé du jour où j’ai retrouvé mon père. Comme une lointaine plaie qui s’est refermée mais reste douloureuse. Parfois, encore, j’en caresse les contours, le relief sacadé, comme pour me rassurer de la présence de la cicatrice. Cette décoration de guerre est ma seule médaille. Avoir grandi dans la certitude d’une absence et m’être construit malgré tout. Ô vie mémorielle, sereine abondance. Mon roman enfoui, ma palme d’allégresse.

Cette pièce d’où j’écris n’est pas le monde. Le flux du temps conduit à travers l’espace bien au-delà de toutes les espérances.

 

De la noirceur de mon âme bouillonne la lumière d’un livre à écrire qui fait apparaître les premiers vestiges, les récifs enfouis qui refont surface. Surtout, béni soit le Verbe, ne pas lâcher le fil. Conserver chaque jour intacte la pureté de cette clameur qui monte.

Laura, fruit de mes reins, souffle de mon souffle, part en vrille. Elle veut arrêter, déjà, ses études. Puis elle ne veut pas les arrêter. Elle ne sait pas sur quel pied danser. A croire qu’elle vit sa crise d’adolescence à retardement. Ça lui tombe sur le coin de la gueule alors qu’elle vient d'avoir ses 19 ans en décembre dernier. Si Laura avait 14/16 ans, je couperais court à ses états d’âme, comme je l’ai déjà fait de par le passé pour certaines de ses fréquentations. Mais là, vu son âge, je ne puis que la mettre au pied du mur, tout en l’assurant de mon amour et de ma présence, et lui signifier que c’est à elle de faire ses choix de vie : une vie de jeune pétasse médiocre qui finira, comme nous tous, par vieillir et par être rattrapée par ses échecs ; ou une vie brillante avec un avenir ouvert si elle, et elle seule, décide de s’en donner les moyens.

Parents, nous avons le système entier contre nous.

L’aiguille, dans ma fesse gauche, de retour, comme enfoncée par des coups de marteau, qui communique à toute ma jambe la douleur, la lourdeur, mon destin de mortel. Mon nerf sciatique, décidément, m’en veut. Physiquement et moralement épuisé.

Immense joie, néanmoins, des deux pages écrites, dans la virginité pure de l’œuvre naissante. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est vital en même temps que jouissif que d’écrire. Sans pression. Juste parce que ça veut sortir à l’air libre par les mots. Juste deux pages. Deux simples pages dans un cahier d’écolier. Sarajevo sous la neige maculée de sang. L’air vif, saturé par l’odeur de la poudre. Le bruit lointain de la mitraille. L’explosion, proche, d’une roquette. Et un habitant pas rasé qui fume une cigarette "Drina" en buvant son café turc, devant la télévision éteinte par manque d’électricité. Serbe ? Croate ? Musulman ? Aucune importance. C’est un européen. L’ex-Yougoslavie de Tito fut sa matrice. Il survit juste en attendant la fin du monde.

 

15:34 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook