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19/12/2011

Moïse arrête tes conneries

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Arte : Stig Dagerman, 1946 - un automne allemand

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Si vous ne l'avez pas vu sur ARTE, à regarder... bien entendu. Les questions qui dérangent...

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Lire ou relire...

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Václav Havel

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Venice en 1993 : de gauche à droite, Eric James Guillemain (Chant), Franck Schaack (Batterie), Jean-Marc Geoffroy (Basse), Nebojsa Ciric (Guitares)

Au retour d'une excursion familiale, écrire, vite fait, une bafouille sur Václav Havel dont j'ai appris la mort, à 3h00/4h00 du matin peut sembler étrange... mais laissez-moi vous narrer rapidement la raison de mon choix, cette surprenante nécessité, cette urgence.

C'était à la fin de l'hiver 1993, au tout début du printemps. Entre le 18 mars de cette année et le 27 Mars, le groupe VENICE était en tournée en République Tchèque. En consultant les dates de concert du groupe...

18/03/93 Teplice (République Tchèque), Rock Club Knak
19/03/93 Prague(République Tchèque), Rock Club U Zovfalcu
20/03/93 Plzen (République Tchèque), Rock Club Divadlo Pod Lampou (enregistrement du concert en 16 pistes et mixage dans les jours qui suivent)
25/03/93 Koprivnick (République Tchèque), Rock club Nora
26/03/93 Zlin (République Tchèque), Rock Club Spusa
27/03/93 Jihlava (République Tchèque), Avangarda music club

...j'ai pu me remémorer un épisode marrant et difficile à croire de notre tournée, pourtant totalement authentique.


Entre le concert du 20 mars et celui du 25, nous avions eu 1 journée d'obligation artistico-professionnelle et 3 jours de libres. La journée d'obligation avait consisté à mixer le concert du 20 Mars. Concert redoutable, un des meilleurs que Venice ait jamais donné, dans une petite salle pleine à craquer, en ébullition, avec un public hystérique et des jolies filles cent fois plus "rock and roll" que toutes les rockeuses blasées franchouillardes réunies. Ce concert n'a jamais vu le jour officiellement à cause de la voix d'Eric qui était, simplement, 36 niveaux en dessous de tout. Le froid tchèque lui avait entamé les cordes vocales et malgré le fait qu'il ait donné, lui aussi, un de ses meilleurs concerts, nous avions pris la décision de ne pas sortir cet enregistrement afin de ne pas véhiculer une mauvaise image du groupe. Cela étant dit, nous avons toujours soupçonné le tourneur qui nous avait organisé cette série de concerts de l'avoir sorti dans notre dos et sans notre consentement. Si ça se trouve, il doit exister sur le marché "underground" tchèque un concert de VENICE qui fait son petit bonhomme de chemin et qui nous la met profond dans l'cul. Ce qui, personnellement, m'amuse beaucoup car j'ai une âme de pirate.
Les autres jours, nous les avions passés à nous balader dans Prague, en quête du Golem de Gustav Meyrink. Eric et moi-même, tout particulièrement, étions presque en lévitation et savourions chaque instant de notre présence au sein de cette Mittel Europa marquée par l'Histoire. Une charmante "road manageuse", nommée Abigail, nous accompagnait dans notre douce errance et nous servait de guide et de traductrice. Un soir, alors que nous étions en quête de quelque ripaille pour notre modeste bourse, nous atterrîmes dans une sorte de taverne enfumée, dans le vieux Prague, loin du centre ville. Une grande table accueillit notre dérive nocturne et c'est avec satisfaction que nous nous apprêtions à boire et manger. Je décidais d'aller aux toilettes pour me laver les mains et grande fut ma surprise de me retrouver face à un mastard de plus de deux mètres, taillé comme une armoire à glace, avec une oreillette et un costard de chez Smalto, planté devant les chiottes à faire la sentinelle. Il m'arrêta, me considéra dans les yeux, baragouina un truc en tchèque dans sa manche et me laissa passer. J'étais fatigué et je ne désirais pas en savoir d'avantage. J'allais pisser et me laver les mains (Dieu merci l'endroit était propre) et je retournais m'asseoir auprès de mes frères d'armes. Je ne désirais pas inquiéter la tablée et ne parlais pas de cette curieuse aventure. Une sorte de vigile devant les toilettes d'une taverne populaire de Prague, ma foi... pourquoi pas ?
Nous passâmes notre commande et conversions de choses et d'autres lorsque le maître de maison approcha et s'entretint avec notre chère guide, Abigail, qui aussitôt nous fit une traduction de ce qu'il avait dit : le Président de la République Tchèque, 
Václav Havel, était dans une pièce du fond, juste à côté des chiottes ! Il allait sortir d'ici à quelques instants et il nous fallait demeurer calmes et ne pas faire de mouvement brusques ou hausser la voix le temps de la dizaine de mètres qu'il allait parcourir pour sortir dehors car ses gardes du corps étaient un peu nerveux. Ceci expliquait le grand baraqué planté devant les WC. Durant la tyrannie communiste, cette taverne était un haut lieu de la résistance à la racaille rouge au pouvoir et Vaclav Havel avait pour habitude d'y venir souvent lorsque, dissident, il tentait de mettre au point diverses stratégies pour tenir tête aux dirigeants qui suçaient Moscou qui enculait les peuples des pays satellites. Le communisme étant mort, et bien que Václav Havel soit devenu président, il n'avait pas perdu l'habitude de venir consulter ses amis intellectuels restés dans l'ombre, éminences grises avec lesquelles il levait encore la coupe, probablement pour se détendre, aussi, les nerfs du stress qu'engendrait la fonction qui était la sienne.
Au bout de trois, quatre minutes, en effet, 
Václav Havel, sorti de derrière un rideau, encadré par ses gardes du corps qui parlaient tous aux manches de leurs vestes. Il s'avança, souriant, nous salua de la main et nous répondîmes aussi de la tête ou de la main, discrètement, tandis que les habitués des lieux se comportaient comme si de rien n'était. Dehors, une voiture de 10 mètres aux vitres teintées s'arrêta, et en deux temps trois mouvements, tout ce beau monde s'engouffra à l'intérieur et disparu de notre champ de vision.

Non encore remis de cet épisode surprenant, Abigail en rajouta une couche en nous décrivant le Président Václav Havel, une bière à la main, vêtu d'un long pull de hippie, en train de danser au milieu d'une foule hétéroclite dans la boîte de nuit Rock "Le Bunker", encadré par quatre gardes du corps en costard cravate en train de danser aussi, mais avec la main sur le calibre et avec l'oeil en alerte !

Le lendemain nous visitâmes la Palais présidentiel et je laissais une lettre adressée au Président, écrite en serbe (afin de lui afficher ma solidarité slave en même temps que française) pour lui dire combien l'épisode de la taverne nous avait surpris puis amusés et que nous étions prêts à venir jouer gratuitement, à sa demande, à Prague si il fallait, un jour, défendre cette jeune démocratie sortie des griffes communistes. Nous y joignions une cassette du groupe, ainsi qu'un press-book et n'y pensions plus.

Quelques semaines plus tard, de retour en France, nous recevions une réponse du secrétaire de Václav Havel,  réponse adressée à mon nom, dans laquelle nous apprenions que le président avait écouté notre musique et qu'il l'avait apprécié et qu'il nous remerciait pour notre geste et notre soutien.

Je ne suis pas naïf, bien entendu, je me doute bien qu'il peut s'agir d'une réponse type et que probablement Václav Havel n'avait pas eu ni le temps ni l'envie d'écouter notre musique... mais... je veux rêver un peu, pour mon bon plaisir, et me dire que peut-être, allez savoir, parfois, pour se détendre, Václav Havel se mettait la cassette de ce groupe français qui était venu jouer dans son pays où, quatre années plus tôt, il eut été impossible de le faire pour raison de sûreté d'état !

Pour le reste, sa politique, son positionnement sur l'échiquier mondial, je n'y connais rien et m'en tamponne un peu, partant du principe qu'un dissident politique tenant tête aux communistes, faisant cinq années de prison pour cette raison, se faisant censurer pour son travail littéraire par les chiens de gardes stalino-brejneviens et se réclamant pour sa lutte de Jan Patočka et de Martin Heidegger, admirant le grand Frank Zappa (au point de lui confier des missions culturelles une fois au pouvoir) ne peut qu'avoir ma sympathie une fois pour toute... qu'on se le dise !



 

Songeant à Václav Havel...

podcast

Sur cette version de "Psalm of the Sower" : Eric James Guillemain (Chant), Mourad Baali (bruitages avec Basse), Nebojsa Ciric (Guitare acoustique)

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17/12/2011

Contrastes culturels

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Novlangue

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« Quelques-uns des mots B avaient de fines subtilités de sens à peine intelligibles à ceux qui n’étaient pas familiarisés avec l’ensemble de la langue. Considérons, par exemple, cette phrase typique d’un article de fond du Times : Ancipenseur nesentventre Angsoc. La traduction la plus courte que l’on puisse donner de cette phrase en ancilangue est : "Ceux dont les idées furent formées avant la Révolution ne peuvent avoir une compréhension pleinement sentie des principes du Socialisme anglais."

Mais cela n’est pas une traduction exacte. Pour commencer, pour saisir dans son entier le sens de la phrase novlangue citée plus haut, il fallait avoir une idée claire de ce que signifiait angsoc. De plus, seule une personne possédant à fond l’angsoc pouvait apprécier toute la force du mot : sentventre (sentir par les entrailles) qui impliquait une acceptation aveugle, enthousiaste, difficile à imaginer aujourd’hui ; ou du mot ancipensée (pensée ancienne), qui était inextricablement mêlé à l’idée de perversité et de décadence.

Mais la fonction spéciale de certains mots novlangue comme ancipensée, n’était pas tellement d’exprimer des idées que d’en détruire. On avait étendu le sens de ces mots, nécessairement peu nombreux, jusqu’à ce qu’ils embrassent des séries entières de mots qui, leur sens étant suffisamment rendu par un seul terme compréhensible, pouvaient alors être effacés et oubliés. La plus grande difficulté à laquelle eurent à faire face les compilateurs du dictionnaire novlangue, ne fut pas d’inventer des mots nouveaux mais, les ayant inventés, de bien s’assurer de leur sens, c’est-à-dire de chercher quelles séries de mots ils supprimaient par leur existence.

Comme nous l’avons vu pour le mot libre, des mots qui avaient un sens hérétique étaient parfois conservés pour la commodité qu’ils présentaient, mais ils étaient épurés de toute signification indésirable.

D’innombrables mots comme : honneur, justice, moralité, internationalisme, démocratie, science, religion, avaient simplement cessé d’exister. Quelques mots-couvertures les englobaient et, en les englobant, les supprimaient.

Ainsi tous les mots groupés autour des concepts de liberté et d’égalité étaient contenus dans le seul mot penséecrime, tandis que tous les mots groupés autour des concepts d’objectivité et de rationalisme étaient contenus dans le seul mot ancipensée. Une plus grande précision était dangereuse. Ce qu’on demandait aux membres du Parti, c’était une vue analogue à celle des anciens Hébreux qui savaient – et ne savaient pas grand-chose d’autre – que toutes les nations autres que la leur adoraient de "faux dieux". Ils n’avaient pas besoin de savoir que ces dieux s’appelaient Baal, Osiris, Moloch, Ashtaroh et ainsi de suite... Moins ils les connaissaient, mieux cela valait pour leur orthodoxie. Ils connaissaient Jéhovah et les commandements de Jéhovah. Ils savaient, par conséquent, que tous les dieux qui avaient d’autres noms et d’autres attributs étaient de faux dieux.

En quelque sorte de la même façon, les membres du Parti savaient ce qui constituait une bonne conduite et, en des termes excessivement vagues et généraux, ils savaient quelles sortes d’écarts étaient possibles. Leur vie sexuelle, par exemple, était minutieusement réglée par les deux mots novlangue : crimesex (immoralité sexuelle) et biensex (chasteté).

Il n’y avait pas de mot, dans le vocabulaire B, qui fût idéologiquement neutre. Un grand nombre d’entre eux étaient des euphémismes. Des mots comme, par exemple : joiecamp (camp de travaux forcés) ou minipax (ministère de la Paix, c’est-à-dire ministère de la Guerre) signifiaient exactement le contraire de ce qu’ils paraissaient vouloir dire.

Il était rarement possible en novlangue de suivre une pensée non orthodoxe plus loin que la perception qu’elle était non orthodoxe. Au-delà de ce point, les mots n’existaient pas.

Le fait que le choix des mots fût très restreint y aidait aussi. Comparé au nôtre, le vocabulaire novlangue était minuscule. On imaginait constamment de nouveaux moyens de le réduire. Il différait, en vérité, de presque tous les autres en ceci qu’il s’appauvrissait chaque année au lieu de s’enrichir. Chaque réduction était un gain puisque, moins le choix est étendu, moindre est la tentation de réfléchir.

Prenons comme exemple un passage bien connu de la Déclaration de l’Indépendance :

"Nous tenons pour naturellement évidentes les vérités suivantes : Tous les hommes naissent égaux. Ils reçoivent du Créateur certains droits inaliénables, parmi lesquels sont le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la recherche du bonheur. Pour préserver ces droits, des gouvernements sont constitués qui tiennent leur pouvoir du consentement des gouvernés. Lorsqu’une forme de gouvernement s’oppose à ces fins, le peuple a le droit de changer ce gouvernement ou de l’abolir et d’en instituer un nouveau."

Il aurait été absolument impossible de rendre ce passage en novlangue tout en conservant le sens originel. Pour arriver aussi près que possible de ce sens, il faudrait embrasser tout le passage d’un seul mot : crimepensée. »

George Orwell, Appendice à 1984, Les principes du  Novlangue

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16/12/2011

SMS people

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Je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes

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« Quand Fillmore revint avec sa négresse, elle avait les yeux de braise. Je compris à la façon dont Fillmore la regardait qu’elle avait dû en mettre un sacré coup, et je commençais à me sentir en appétit moi aussi. Fillmore dût se rendre compte de mes sentiments, et quelle épreuve ce devait être pour un homme de rester la, rien qu’à regarder tout le temps, car brusquement il tira un billet de cent francs de sa poche et, le faisant claquer sur la table, il dit : « Ecoute, vieux, tu as probablement plus besoin de tirer un coup que nous tous. Prends ça et choisis celle que tu veux ! » Je ne sais pourquoi ce geste me le rendit plus cher que tout ce qu’il avait jamais pu faire pour moi, et il avait fait beaucoup ! J’acceptais l’argent dans l’esprit ou il m’était donné, et je fis promptement signe à la négresse de se préparer pour une autre passe. Cela mit la princesse encore plus en rage que n’importe quoi, sembla-t-il. Elle voulait savoir s’il n’y avait personne dans ce bordel d’assez bon pour nous, hormis la négresse ! Je lui répondis brutalement : « Non » Et c’était vrai –la négresse était la reine du harem. Il suffisait de la regarder pour se mettre à bander. Ses yeux semblaient nager dans le sperme. Elle était saoule de toutes les demandes qu’on lui faisait. Elle ne pouvait plus se tenir droite, du moins me le semblait-il. En montant l’étroit petit escalier tournant derrière elle, je ne pus résister à la tentation de lui glisser ma main entre les jambes : et ainsi, nous continuâmes à monter, elle se retournant pour me regarder avec un sourire joyeux, et tortillant un peu le cul lorsque cela la chatouillait trop fort. »

Henry Miller, Tropique du Cancer

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15/12/2011

Printemps arabe, hiver islamiste

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Au combat la bête se fait jour

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« Au combat, qui dépouille l’homme de toute convention comme des loques rapiécées d’un mendiant, la bête se fait jour, monstre mystérieux resurgi des tréfonds de l’âme. Elle jaillit en dévorant geyser de flamme, irrésistible griserie qui enivre les masses, divinité trônant au dessus des armées. Lorsque toute pensée, lorsque tout acte se ramènent à une formule, il faut que les sentiments eux-mêmes régressent et se confondent, se conforment à l’effrayante simplicité du but : anéantir l’adversaire. Il n’en sera pas autrement tant qu’il y aura des hommes.

Les formes extérieures n’entrent pas en ligne de compte. Qu’à l’instant de s’affronter on déploie les griffes et montre les dents, qu’on brandisse des haches grossièrement taillées, qu’on bande des arcs de bois, ou qu’une technique subtile élève la destruction à la hauteur d’un art suprême, toujours arrive l’instant où l’on voit flamboyer, au blanc des yeux de l’adversaire, la rouge ivresse du sang. Toujours la charge haletante, l’approche ultime et désespérée suscite la même somme d’émotions, que le poing brandisse la massue taillée dans le bois où la grenade chargée d’explosif. Et toujours, dans l’arène où l’humanité porte sa cause afin de trancher dans le sang, qu’elle soit étroit défilé entre deux petits peuples montagnards, qu’elle soit le vaste front incurvé des batailles modernes, toute l’atrocité, tous les raffinements accumulés d’épouvante ne peuvent égaler l’horreur dont l’homme est submergé par l’apparition, l’espace de quelques secondes, de sa propre image surgie devant lui, tous les feux de la préhistoire sur son visage grimaçant. Car toute technique n’est que machine, que hasard, le projectile est aveugle et sans volonté ; l’homme, lui, c’est la volonté de tuer qui le pousse à travers les orages d’explosifs, de fer et d’acier, et lorsque deux hommes s’écrasent l’un sur l’autre dans le vertige de la lutte, c’est la collision de deux êtres dont un seul restera debout.

Car ces deux êtres se sont placés l’un l’autre dans une relation première, celle de la lutte pour l’existence dans toute sa nudité. Dans cette lutte, le plus faible va mordre la poussière, tandis que le vainqueur, l’arme raffermie dans ses poings, passe sur le corps qu’il vient d’abattre pour foncer plus avant dans la vie, plus avant dans la lutte. Et la clameur qu’un tel choc mêle à celle de l’ennemi est cri arraché à des cœurs qui voient luire devant eux les confins de l’éternité ; un cri depuis bien longtemps oublié dans le cours paisible de la culture, un cri fait de réminiscence, d’épouvante et de soif de sang. »

Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure

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14/12/2011

This home does'nt call 911

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De nouveaux Munich

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« Les générations actuelles sont les plus médiocres que la France ait jamais connues. On ne saurait les justifier qu'aux dépens de la France. Je préfère justifier la France à leurs dépens.

(...)

Il m'est indifférent de ne pas me trouver d'accord avec ces générations. Je crains plutôt d'elles de nouveaux Munich, elles ont Munich dans le sang. »

Georges Bernanos, Français, si vous saviez


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13/12/2011

Hypnotisme & bourrage de crâne

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Photo outrageusement volée chez Fromage +

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Pouvons-nous donner un nom aux animaux ? par Robert R. Reilly

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Pour rentrer en résonance avec l'article d'Irina d'hier, voici un article publié sur le site de La France Catholique, lui-même traduction d'un article du site The Catholic Thing.

Merci au commentateur Serge de me l'avoir fait découvrir.

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Le second des forums catholique-musulman dus à l’initiative de Benoît XVI en 2008 pour encourager le dialogue entre les deux plus grandes religions mondiales s’est tenu en Jordanie le mois dernier. Il a réuni 24 responsables, chercheurs et universitaires de chaque côté. Il est difficile de tirer un bilan de telles rencontres. Comme le très astucieux père Samir Khalil Samir l’a dit : « Le dialogue est préférable à l’indifférence et au silence réciproque ».

Le sujet du forum était « Raison, Foi et Humanité ». Le roi Abdallah a accueilli les participants en affirmant que « ce forum était le fruit d’initiatives destinées à développer les concepts qui sont communs aux musulmans et aux chrétiens ». Les deux ont certainement des choses en commun, principalement en matière de morale, mais les sources de la morale sont différentes en vertu de l’autorité dont elles découlent.

Chrétiens et musulmans ont travaillé de conserve lors de la conférence des Nations Unies sur la Population au Caire en 1995. Aux États-Unis et au Moyen-Orient, dès lors que les musulmans voient que vous êtes motivés par des préoccupations morales qu’ils partagent, le mur de séparation tombe rapidement.

Si vous essayez de pousser plus loin, vous rencontrez des problèmes théologiques. A ses frères dominicains, Thomas d’Aquin donnait ce conseil pour aborder les Musulmans : vous ne pouvez pas vous réclamer de votre Révélation, car ils ne la reconnaissent pas ; vous ne pouvez pas vous réclamer de leur Révélation, car vous ne la reconnaissez pas ; vous devez donc traiter avec eux comme des hommes de nature.

Ce qui veut dire appeler à leur raison. La difficulté vient du fait que les musulmans doivent aussi vous considérer comme des hommes de nature. Or pour un musulman, tout homme est par nature un musulman. En ce sens, vous ne vous convertissez pas à l’islam, vous y retournez.

La question centrale est celle de la raison. Pouvons-nous raisonner ensemble ? C’était la question posée par Benoît XVI dans sa conférence de Ratisbonne. Il y répondait par l’affirmative dans la mesure où eux et nous sommes hellénisés, donc si nous reconnaissons que la raison nous rend capables d’appréhender la réalité.

Un participant turc au forum jordanien, le philosophe Ibrahim Kalin, en est d’accord. « Le Coran, a-t-il déclaré selon The Tablet, enseigne un droit naturel familier aux thomistes. Les accusations d’irrationalité persistent toutefois parce que l’islam a conservé un équilibre entre raison et foi qui a été rompu en Europe par les Lumières au profit de la raison et de la science ».

Kalin omet cependant de préciser que la seule école théologique dans l’islam qui se rapproche de ce modèle, les Mu’tazilites, au début du neuvième siècle de notre ère, a été réprimée irrémédiablement à partir du calife Al-Mutawikkil. C’est à cette période de dé-hellénisation que le Pape se référait.

La notion de droit naturel a ainsi disparu de l’islam, Dieu, omnipotent, ne pouvant être contraint par rien, pas même la raison. Dieu étant cause première et unique de toutes choses, toute autre approche naturelle, toute relation de cause à effet, devenaient anathèmes.

Certes le Coran contient certaines suggestions en faveur d’une théologie de la nature, mais il contient aussi bien d‘autres choses moins avenantes. Ainsi du récit de la Création. Dans la Genèse, c’est Adam qui nomme les animaux. Dans le Coran c’est Dieu lui-même. Ce détail est symptomatique de la différence entre les deux visions de l’homme. Le pouvoir de nommer est le pouvoir de connaître. « La réalité devient intelligible à travers les mots. L’homme nomme les choses et par là rend le réel intelligible. » (Joseph Pieper) Si vous ne nommez pas une chose, comment pouvez-vous la connaître ?

Cela va même plus loin dans le Coran puisque les Anges s’étant plaints, Dieu leur demande de donner eux-mêmes des noms aux animaux, ce qu’il sait pertinemment qu’ils ne peuvent pas faire. Ils répondent à Dieu : Toi seul sait tout. Tu sais que nous ne savons rien d‘autre que ce que tu nous as enseigné.

Nous en tirons la conclusion d’une incapacité épistémologique de l’islam à appréhender la réalité et à connaître autre chose que ce que Dieu lui-même a révélé. L’islam a ainsi perdu l’accès rationnel à la réalité à travers une théologie biaisée qui a elle-même produit une culture dysfonctionnelle. Aussi longtemps que l’on n’aura pas traité ces questions (encore perceptibles lors des récentes élections dans les pays arabes), il sera très difficile de raisonner ensemble.

Qu’ils commencent donc par le droit de donner un nom aux animaux.


-- Robert R. Reilly --

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Lisez également, si vous pratiquez l'anglais, cet entretien de Robert R. Reilly à propos de l'abandon de l'usage de la Raison par le monde musulman.

 

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12/12/2011

Le Virgin Megastore du Qatar “recommande” Mein Kampf

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Quand j'use mon temps à tenter de démontrer qu'il y a une proximité mentale évidente entre Communisme, Nazisme et Islam et que l'on me répond par des haussement d'épaules...

Au Qatar, pays du Golfe qui s'occupe de notre football comme d'investir dans nos banlieues, le Virgin Megastore local propose comme livre... Mein Kampf d'Adolf Hitler. Pas moins. On savait déjà que ce livre était un Best-Seller dans le monde arabe, mais c'est de plus en plus affiché de manière décomplexée.

Article du site Actu-Chretienne.Net

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On savait déjà que Mein Kampf est un best-seller en Turquie. Charles Gendelman de passage au Qatar a diffusé sur son twitter une photo d’une tête de gondole au Virgin Megastore, confirmant l’attrait des islamistes pour le nazisme, sentiment décomplexé déjà confirmé par Youssef Al-Qaradawi, chef du Conseil mondial des Oulémas et directeur du Centre européen de la fatwa et de la recherche, organe juridique de référence pour l’UOIF (association contrôlant les mosquées de Poitiers, Nantes, Bordeaux, Mulhouse, Lille, Caen…)

Qaradawi le 28 janvier 2009 sur Al-Jazeera TV: “Tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux [Juifs] des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. Avec tout ce qu’il leur a fait – et bien qu’ils [les Juifs] aient exagéré les faits -, il a réussi à les remettre à leur place. C’était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans.”

Tariq Ramadan dans Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, Aziz Zemouri, l’Archipel, 2005, page 135, étale tout son respect pour le “savant” pro-nazi, sans qu’aucun journaliste français ne lui reproche :

« Toute personne, musulmane ou non, qui a étudié les sciences et le droit islamiques contemporains, sait quelle est la contribution de Yussuf Al-Qaradawi au débat et combien certaines de ses propositions juridiques sont novatrices. J’éprouve un profond respect pour l’homme et le savant et serait le dernier à m’en cacher »

Ce qui n’empêche pas Claude Guéant et ses proches prédécesseurs de délivrer des visas courts séjours pour tous les conférenciers étrangers invités par l’UOIF, dont Qaradawi et Ramadan et des dizaines d’autres appelant à conquérir Rome ou a exterminer les Juifs. Il faut dire que nombreux sont les députés et maires UMP à financer sur fonds public les mosquées islamistes, ou a leur mettre à disposition des terrains public, comme je l’ai prouvé dans mon enquête Ces maires qui courtisent l’islamisme (éditions Tatamis, 2010).

Alors que les Juifs sont de plus en plus maltraités par des musulmans dans toute l’ Europe, (de la Suède à la Belgique, les Juifs fuyant aujourd’hui Anvers) on ne peut que être révolté par l’attitude de “responsables” politiques entrant dans une véritable collaboration matérielle pour quelques voix. Avec l’UMP, la liste s’allonge de jours en jours. Alain Juppé est assurément le meilleur d’entre eux.

-- Joachim Véliocas --

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De chouettes années en perspective...

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Air-Infidèle

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Douce schizophrénie arabe

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Elle est revenue de Beyrouth, au Liban, où elle a passé 4 jours pour raisons professionnelles liées au monde de l'édition. La parole est à ma douce Irina...

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Comme l’an passé, c’est à l’occasion de rencontres entre éditeurs que je me suis rendue au Liban cette année. Rencontres franco-arabes organisées à l’Institut Français de Beyrouth (locaux situé à l’Ambassade) — nous essayons toujours d’organiser ce type de rencontres au moment d’un salon du livre, ce qui était le cas l’an passé à Moscou.

Liban.
Beyrouth.
Des mots qu’on voit dans les journaux, qu’on entend au 20h et qui prennent tout à coup une toute autre dimension dès qu’un séjour là-bas se planifie. De l’excitation mêlée à un peu d’appréhension, voilà ce que j’ai d’abord ressenti, et puis de l’impatience.

Arrivée en milieu d’après-midi à l’aéroport de Beyrouth, les pistes à quelques mètres de la mer, les palmiers, un ciel parfaitement bleu, une luminosité très particulière, je réalise que je suis « ailleurs ».
Je récupère mes bagages et prends un taxi. Beyrouth est tout près et j’ y suis en quelques minutes.

Drôle d’impression, une disparité incroyable des bâtiments ; se côtoient des ruines et des buildings tout neufs. Les restes de guerres d’un côté et un « mini Dubaï » de l’autre... Des impacts de balles sur les façades témoignent de ce que cette ville a subi ;

il semble que certaines de ces bâtisses soient habitées : pas de fenêtre mais des bouts de tissus en guise de rideaux.

Et puis, juste à côté, une maison de deux, trois ou quatre étages qui a miraculeusement échappé aux attaques, intacte, magnifique.

Et puis, un peu plus loin, un building, presque indécent tellement il est luxueux.

Une ville schizophrène, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit en arpentant ses rues.

Pas d’infrastructure à Beyrouth. Des routes et des trottoirs déglingués, pas de gare, pas de métro, pas de bus, seules quelques lignes privées assurent le transport dans Beyrouth et la banlieue, mais ils sont rares. Quatre ou cinq coupures électriques par jour (au début, ça surprend, après on s’habitue).
Les pays du Golfe investissent dans la reconstruction et les buildings poussent comme des champignons, des grues à tous les coins de rues, les chantiers marchent nuit et jour.

La Place des Martyrs, telle que je l’ai vue il y a quelques jours :

Et voici cette même place telle qu’elle sera en 2020 :

Si la ville est hétéroclite dans son architecture, elle ne l’est pas moins par les gens qui l’habitent. Se côtoient au quotidien musulmans (sunnite et chiites) et chrétiens (catholiques, maronites, coptes, et puis des orthodoxes et des protestants). Dès 4H45 l’appel du muezzin me sort du sommeil et le dimanche matin, les cloches des églises carillonnent ; cette cohabitation semble paisible et me plonge dans la réflexion. Je ne peux m’empêcher de penser que je suis dans un des pays que la Bible mentionne, le Christ y a laissé des empreintes et je suis au cœur de mes racines spirituelles finalement, c’est très troublant.

Chacune de ces communautés a son quartier mais la Corniche (sorte de promenade des anglais) est le lieu où tout le monde se retrouve pour une ballade. On y croise de jeunes femmes « hyper lookées » en train de faire leur jogging (c’est tout juste si on ne se croirait pas sur un bord de mer de L.A.), des femmes voilées (peu de burqas), des familles (chrétiennes, d’après leur apparence), des couples issus de milieux sociaux élevés (homme en costume, femme très élégante) et puis des vendeurs de pains.
Un bord de mer bétonné et un accès à la mer quasi impossible, pas de plage (un peu frustrant) mais une vue magnifique de la ville encastrée entre la Méditerranée et les montagnes.

Quant aux restaurants et cafés, ce sont des lieux extrêmement conviviaux où la shisha est de rigueur. La table libanaise est opulente, on ne sait pas quand les plats vont finir d’arriver sur la table ! Tout est très frais et vraiment excellent. Je vous conseille un endroit incontournable à Beyrouth, un café traditionnel libanais : Al Falamanki. Ce n’est pas tant pour ce qu’on y mange (rien de sophistiqué) mais plutôt pour l’ambiance car c’est un endroit où l’on se retrouve pour jouer aux cartes, au backgammon, boire, manger et fumer la shisha entre amis. Nous avons découvert cet endroit un soir et nous avons tenu à y retourner le soir précédant notre départ en compagnie d’éditeurs arabes avec qui nous avions sympathisé. Sans aucun doute, si un jour vous allez à Beyrouth, ne repartez pas sans y avoir passé une soirée.

Les rencontres avec les éditeurs arabes ont été particulièrement riches et émouvantes. L’an passé, les Russes ne m’avaient pas laissée indifférente mais ce que j’ai entendu à Beyrouth m’a profondément attristée et m’a aussi donnée beaucoup d’énergie.

A l'occasion de conférences et débats organisés le premier jour, les éditeurs arabes nous parlent sans langue de bois de l’analphabétisme (parfois plus de 50% de la population d’un pays, et surtout des femmes), de l’absence totale de législation concernant la propriété intellectuelle, rien ne protège ni les auteurs, ni les traducteurs ; aucune infrastructure concernant la distribution, ce qui fait qu’un éditeur doit avoir plusieurs casquettes, il est aussi libraire et distributeur.
Et puis bien sûr, la censure, en tout genre, qu’elle soit politique, religieuse, sexuelle ou géographique.

Quelques exemples :

Un éditeur algérien qui veut que son livre soit présent au Maroc doit transiter par le Liban ! La censure marocaine veille. Il faut savoir que le Liban et l’Egypte font circuler leurs livres vers le reste du monde arabe, l’inverse est quasi inexistant. D’ailleurs, Beyrouth et le Caire sont les deux places principales pour l’édition, les plus libres. Les Syriens par exemple font publier leurs ouvrages à Beyrouth.

Censure du contenu : une éditrice me racontait qu’elle venait de sortir un ouvrage sur Alzheimer, à 3 ou 4000 exemplaires (ce qui est pas mal là-bas) et elle attendait qu’il passe la censure et elle m’a avouée qu’elle avait bien peur que son ouvrage soit rejeté. Pourquoi ? eh bien parce que son premier chapitre traite de l’alcool, du lien qu’il peut y avoir avec le développement de la maladie d’Alzheimer et surtout que les musulmans, quand ils boivent, boivent en grosse quantité et tout le temps. Bref, elle est quasi certaine que ce chapitre risque de planter tout son tirage mais elle n’a pas voulu se courber.

Une autre, qui publie des livres pour enfants, me racontait qu’elle avait sorti un livre sur les conquêtes (Marco Polo, etc.) et sur la couverture, on pouvait apercevoir une petite croix sur un bout de tissu : il a fallu qu’elle sabote tout son tirage pour faire disparaître cette croix trop gênante de sa couverture...

Un autre fléau, enfin, deux autres : le « photocopiage » comme ils l’appellent (autrement dit le « photoco-pillage) et le piratage numérique. C’est également un moyen là-bas de pouvoir se procurer des livres « interdits » tel que par exemple le « Da Vinci Code ».
Ils sont confrontés également au problème de la formation des élites : elle est inexistante, tout comme la production scientifique.
On nous brosse un bilan des plus catastrophique concernant la situation intellectuelle du monde arabe.
On revisite les traditions pour aller vers les nouvelles sciences mais c’est le serpent qui se mord la queue car il n’y a aucune perspective de renouveler la pensée car seuls les textes de la tradition comptent et prédominent et les étudiants n’ont pas été éduqués pour sortir de ce schéma. D’ailleurs, même s’ils le souhaitaient ils ne sauraient pas comment s’y prendre, on ne leur a pas donné les outils pour ça. Il faut que l’éducation change et évolue dès la primaire car on n’apprend pas aux jeunes enfants, ni aux étudiants une ouverture d’esprit. Ils ne comprennent pas qu’aller vers de nouveaux savoirs n’est pas incompatible avec une fidélité aux textes traditionnels. Ce qui les emprisonne est cette compréhension et application totalement littérale de ceux-ci. Impossible pour eux de prendre de la distance, de décortiquer, d'interoger, de douter, de se remettre en question, de comparer. Immobilisme intellectuel qui fiche plutôt la chair de poule quand on y pense et on se demande bien comment ils pourront surmonter cela avec les événements en cours qui ont transformé le "Printemps Arabe" en "Hiver Islamiste".

En conclusion de toutes ces interventions, j’ai constaté que les éditeurs actifs sont ceux du Machrek.

Du fait du manque total d’études des sciences humaines et de la prédominance de Dieu et des grands textes de la tradition arabe dans ces pays, pour tous ces éditeurs, la traduction ne pourra que renouveler la perspective et libérer la pensée arabe ; ils sont en réelle demande de textes occidentaux, surtout en provenance de France et des pays anglo-saxons.
Les intellectuels arabes ont donc besoin d’apporter un souffle nouveau, d’avoir accès à d’autres cultures et d’autres modes de pensées par le biais de la traduction.
Ils ne veulent plus d’une seule école de pensée et ils attendent que nous soyons flexibles dans le marché des droits (leurs moyens sont faibles et les freins sont nombreux).

Malgré toutes ces difficultés et le bilan peu optimiste de leur situation, des contrats sont déjà en cours pour traduire certains de nos ouvrages.

Leur colère, leur franchise et leur volonté tenace à faire évoluer leur situation me rend, moi, confiante et j’espère que mes homologues français les aideront en ce sens (j’ai bon espoir, ces rencontres nous ont tous touchés et je pense que les maisons d’édition françaises poseront des pierres à l’édifice).

A suivre...

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Lisez ou relisez "Les arabes selon Ibn Khaldoun" et l'article assassin du Dr Saleem Farrukh sur l'état culturel et intellectuel du monde musulman...

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11/12/2011

On essaie d’en sourire ; on fait le philosophe. On en reste accablé.

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« L’effort de l’homme, l’objet où il met son point d’honneur, c’est d’agir à l’encontre de la nature ou de la raison. Le mâle est fait pour les amours courtes et multiples : on lui impose, dans le mariage, un amour unique et constant. L’enfant, naturellement, méprise ses parents et se désintéresse d’eux ; on lui impose de les respecter, de les aimer, de les nourrir, de se sacrifier pour eux s’il le faut, un demi-siècle durant. L’adolescent, dès l’âge de douze ans, ressent l’appel du plaisir ; on ne lui permet aucun moyen d’y répondre avant, mettons, dix-huit ans. La jeune fille doit être devenue femme à un certain âge : si elle y pourvoit sans la mairie, on la montre du doigt. L’homosexualité est la nature même : on la fait passer pour vice ou maladie ; elle mène à la prison, au bûcher.
Ce ne sont là que quelques exemples. Ajoutez les religions, toutes fondées sur la contre-nature et la contre-raison. Ajoutez les idéologies politiques et sociales, deux fois sur trois insanes, toujours grosses de catastrophes, le bon sens se vengeant d’avoir été outragé trop longtemps. Quoi d’étonnant si, dans ces conditions, l’humanité ne cesse de souffrir ? On naît sous cette cloche de superstitions et d’idées fausses, on y grandit, on y continue ; on se dit qu’on y mourra, que, pas un seul jour de sa vie, on n’aura vécu autrement que gouverné par des idées d’imbéciles et des mœurs de sauvages, enfreintes ou seulement dénoncées non sans risques. On y jette ses enfants, sans défenses, ou avec des défenses aussi dangereuses pour eux que le mal même. On se dit que cela a toujours été ainsi, que cela sera toujours ainsi, sur toute la surface de la terre. On essaie d’en sourire ; on fait le philosophe. On en reste accablé. »

Henry de Montherlant, Carnets. 1930-1944. 1957

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10/12/2011

Jean-Louis Murat : "Ça me plaît assez qu'on ne m'aime pas !"

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Lisez, et savourez, cette interview de Jean-Louis Murat pour le journal Le Point. Il taille en pièces nos chers gauchiasses avec une joie pleine et entière...

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Alors que sort son nouvel album "Grand Lièvre", le plus individualiste des chanteurs s'est confié au Point.fr. Interview au lance-flammes.


Jean-Louis Murat sur le plateau de Frédéric Taddéi en septembre dernier. © Lejeune / PhotoPQR/Le Parisien

-- Propos recueillis par MICHEL REVOL --

Jean-Louis Murat travaille comme les paysans dont il célèbre l'existence. D'abord il compose, retiré dans les monts d'Auvergne, puis il enregistre, puis il joue, puis il se terre à nouveau pour reprendre le cycle de sa vie d'artiste. C'est méticuleux, régulier, et toujours talentueux, comme il le prouve avec son dernier album, un petit bijou d'écriture et de mélodie baptisé Grand Lièvre (1). Jean-Louis Murat, un homme rare, mais disert.

Le Point.fr : Vous vous tenez en marge du système. Pourquoi refuser de participer aux opérations caritatives, comme Les Enfoirés ?

Jean-Louis Murat : Je trouve ce système dégoûtant. Les jolis coeurs, les plus-généreux-que-moi-tu-meurs, je n'y crois pas du tout. Tous ces artistes sont des monstres d'égoïsme. La vraie générosité, elle est silencieuse. Tu fais, mais tu fermes ta gueule. Ça ne doit pas devenir un élément de promotion.

Les artistes qui y participent n'ont aucune volonté d'aider une cause, selon vous ?

Non, ils font de la promo. N'importe quelle maison de disque te dira que la meilleure émission de variétés, c'est "Les Enfoirés", et qu'il serait bien d'y être. Tout est dit.

Même pas un soupçon d'altruisme ?...

Moi, toutes ces qualités-là, l'altruisme, le machin, je m'en bats les c... Ces hommes de gauche patentés, je connais leur mode de fonctionnement. Le plus grand des jolis coeurs, Renaud, je l'ai vu faire un truc qui te conduit normalement en prison. Il est devenu mon ennemi de base, même si on ne tire pas sur une ambulance. J'ai vu aussi des hérauts de la gauche jouer au poker une petite nana perdue, une nana de 16 ou 17 ans. "Elle est pour toi ou elle est pour moi ?" Je les ai vus faire ça, ces mecs qui hurlent à la mocheté du monde dès qu'un chien se fait écraser. Dans le business, c'est pire. C'est un milieu où il faut se taire. Ils ne peuvent pas me supporter, je le leur rends bien. Je n'ai pas d'amis là-dedans.

C'est pourquoi vous avez choisi de vivre et travailler en Auvergne ?

Oui. Je ne suis jamais arrivé à me faire à ce milieu. Au début, j'avais un appartement à Paris, parfois je me mélangeais un peu, mais c'était une catastrophe. Je me souviens d'une fois où j'ai mangé avec le patron d'une maison de disque et sa grande vedette. Je n'ai pas passé l'entrée. Je leur ai dit : "Je n'ai rien à voir avec vous, je vous emmerde, au revoir, je me casse."

Vous dénoncez aussi l'engagement politique des artistes.

C'est le triomphe de l'hypocrisie. Les chanteurs se mettent toujours du côté du manche. La vie d'artiste est beaucoup plus confortable si tu es vaguement contre. Ils essaient de se placer sous une sorte de lumière marxiste. Ils disent : Je suis un rebelle, je suis socialiste. Tous les cons font ça.

Tous ne sont pas de gauche !

Non. Tu peux aussi faire une carrière de lèche-cul à la Souchon. C'est le plus grand stratège de la chanson française. Il est passé de Pompidou à Sarkozy sans broncher. C'est un centriste, si on veut. Souchon, c'est le Lecanuet de la chanson, ou alors, pour être plus moderne, c'est le Bayrou de la chanson. Un exemple à suivre si on veut vendre des disques.

Vous ne vous reconnaissez dans aucun parti ?

Je n'ai jamais été de gauche une seule minute dans ma vie, mais je n'ai jamais été de droite non plus. L'engagement, c'est différent, c'est le pont plus loin. Si tu t'engages, tu dois faire abstraction du fait de savoir si tu es de droite ou de gauche. Ou alors il faut faire de la politique comme Flaubert, c'est-à-dire déceler la connerie, sortir le détecteur. C'est un spectacle tellement ridicule qu'il faut jeter un regard neuf dessus. On aurait besoin de Blake Edwards pour mettre en scène la clownerie de l'accord passé ces derniers jours entre les Verts et le PS, par exemple !

L'artiste n'a rien à dire politiquement ?

Mais quelle est la valeur de l'artiste dans la société ? Qu'est-ce que c'est que ces petits chanteurs de variétés qui font des trucs à la con de trois minutes avant de disparaître, et qui d'un seul coup ont des consciences de Prix Nobel de la paix ? Ça n'est pas sérieux.

Vous faites malgré tout des choix politiques, comme tout le monde...

Idéologiquement, j'aime beaucoup Léon Bloy, Bernanos. Ils ont une façon de penser dans laquelle je me retrouve. Ce sont des pré-communistes, des pro-chrétiens. Si je doute de quelque chose, il suffit de quelques pages de Bernanos, ça me remet à cheval ! Mais ce n'est pas tellement de la politique, c'est plutôt une façon d'envisager la vie et l'individu.

Donc, vous ne vous engagerez pas pour une cause ?

Jamais. L'idéologie chez les artistes, c'est une funeste blague. Ce qu'ils portent vraiment, c'est dans leurs chansons et leur comportement.

Et vous, pourquoi faites-vous des chansons ?

Pour moi. Si elles rencontrent des gens, très bien. Mais je n'ai jamais pensé à quelqu'un d'autre que moi en écrivant une chanson. Même dans la chanson populaire, même Bruant, même Pierre Perret, ils pensent d'abord à leur gueule.

C'est de l'égocentrisme !

Non, c'est la nature des choses. Je ne pense pas qu'un artiste puisse amener quoi que ce soit. Je pense que les enjeux sont ailleurs. Ils sont à l'extrême intérieur, dans le saint des saints de chacun. La seule idée que j'aimerais faire passer, c'est que chacun a en soi une énergie quasi infinie.

C'est ce que vous démontrez sur scène, où vous semblez comme possédé ?

Sur scène, je vais dans une sorte de château-fort intérieur. S'il y a quelque chose qui peut être exemplaire chez l'artiste, c'est ce chemin sportif qui mène vers ce "Fort-Boyard" dans lequel je me mets sur scène. Ce chemin a du sens. Un concert, c'est un meeting d'athlétisme. Je ne l'envisage que comme ça. Je fais un disque tous les ans parce que je défends une idée quasi héroïque de l'énergie. Je peux regarder quinze fois un sprint d'Usain Bolt, et ça me sert pour écrire mes chansons. Je suis dans quelque chose de primitif, d'où vient l'énergie, le feu sacré.

En revanche, vous ne parlez pas pendant un concert. Les spectateurs ont l'impression que vous les méprisez...

Je ne dis plus rien parce que tout le monde filme. Cinq minutes après, tu te retrouves sur Internet. Pourtant, j'ai eu des moments très spectaculaires. Le lundi qui suit la défaite de Jospin en avril 2002, par exemple, je suis en concert à la Cigale. J'attaque par une blague où je dis : 80 ans de communisme, 80 millions de morts, on est bien débarrassé ! Silence de cathédrale dans la salle. Le public ne supporte pas ce genre de truc ! En fait, j'aime beaucoup déclencher le rire jaune, j'aime bien aller à la limite. Il faut être créatif.

Qui sont vos héros personnels ?

Les sportifs, comme Usain Bolt ; peu d'artistes, ou alors des morts. J'aime Proust, par exemple. En musique, j'en ai très peu. J'aime bien les gagnants, mais aussi les losers. Je trouve qu'il y a une abnégation incroyable chez Van Morrison, chez Tony Joe White, chez JJ Cale. Ils ne sont jamais arrivés en haut mais ils s'en foutent, ils rament !

Ils ont cette fameuse énergie, ce feu sacré ?

Voilà ! J'aime aussi les gens qui, comme Bernanos, vont vers le surnaturel ou le mysticisme. Hector, Achille, Léon Bloy, Bahamontès et Usain Bolt, c'est un mélange de tout ça. Mais j'aime pas les lopettes, ce qui semble être la particularité du monde politique : fabricant de lopettes. Même Proust pouvait provoquer quelqu'un en duel et aller au coin du bois. Dans le monde politique d'aujourd'hui, pas un seul serait capable de le faire !

L'une de vos chansons, sur votre dernier album, proclame ceci : "Dans ce monde moderne je ne suis pas chez moi". Vous êtes misanthrope ?

Je dis ensuite : "Merci pour tant de peine, mais je ne t'aime pas." C'est ce que je pense vraiment. C'est même vicieux, puisque ça me plaît assez qu'on ne m'aime pas. Être une vedette dans ce monde pourri, je n'apprécierais pas tellement ! C'est plutôt un honneur d'être détesté. Mais je ne suis pas suicidaire. Je suis un mec simple. Je garde les valeurs paysannes : se lever tôt, travailler. Et ce que les autres en pensent, à vrai dire, on s'en fout.

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(1) Grand Lièvre, Jean-Louis Murat, V2 Music/Polydor

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Il ne peut rien omettre

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« [le poète] connaît seulement des phénomènes qui surgissent devant lui et dont il souffre tout en tirant son bonheur de cette souffrance. Il voit et sent. Sa perception du réel a l’accent du sentiment, son sentiment a la clairvoyance de la perception du réel. Il ne peut rien omettre. A aucun être, aucune chose, aucun fantôme, aucun spectre enfanté par l’esprit humain, il ne doit fermer les yeux. On dirait que ses yeux n’ont pas de paupières. Aucune pensée qui l’assiège, il ne doit la chasser comme si elle appartenait à l’ordre des choses. Car, dans son ordre des choses, toute chose doit s’ajuster. En lui tout doit et veut se réunir. C’est lui qui noue en lui les éléments du temps. C’est en lui qu’est le présent, ou il n’est nulle part. »

Hugo von Hofmannsthal, Le poète et l’époque présente

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09/12/2011

Zeuro

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Des formulations qui nous aident à mourir et lèguent cependant quelque chose aux vivants

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« Il faut craindre que les formules trempées dans le solvant de la littérature ne retrouveront plus jamais leur densité ni leur réalisme. Il faudrait tendre vers des formulations qui englobent totalement le vécu (c’est-à-dire la catastrophe) ; des formulations qui nous aident à mourir et lèguent cependant quelque chose aux vivants. Si la littérature est en mesure de produire de telles formules, je veux bien, mais je considère de plus en plus que seul le témoignage en est capable, ou éventuellement une vie muette et informulée comme formulation. »

Imre Kertész, Le drapeau anglais

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08/12/2011

La tendance à s’élever devant se manifester comme caractère principal

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« De même que l’esprit chrétien se retire dans l’intérieur de la conscience, de même l’église est l’enceinte fermée de toutes parts où les fidèles se réunissent et viennent se recueillir intérieurement. C’est le lieu du recueillement de l’âme en elle-même, qui s’enferme aussi matériellement dans l’espace. Mais si, dans la méditation intérieure, l’âme chrétienne se retire en elle-même, elle s’élève, elle s’élève, en même temps, au dessus du fini ; et ceci détermine également le caractère de la maison de Dieu. L’architecture prend, dès lors, pour sa signification, indépendante de la conformité au but, l’élévation vers l’infini, caractère qu’elle tend à exprimer par les proportions de ses formes architectoniques. L’impression que l’art doit par conséquent chercher à produire est en opposition à l’aspect ouvert et serein du temple grec ; d’abord celle du calme de l’âme qui, détachée de la nature extérieure et du monde, se recueille en elle-même, ensuite, celle d’une majesté sublime qui s’élève, qui s’élance au delà des limites des sens. Si donc les édifices de l’architecture classique en général, s’étendent horizontalement, le caractère opposé des églises chrétiennes consiste à s’élever du sol et à s’élancer dans les airs.

Cet oubli du monde extérieur, des agitations et des intérêts de la vie, il doit être produit aussi par cet édifice fermé de toutes part. Adieu donc les portiques ouverts, les galeries qui mettent en communication avec le monde et la vie extérieure. Une place leur est réservée, mais avec une toute autre signification, dans l’intérieur même de l’édifice. De même la lumière du soleil est interceptée, ou ses rayons ne pénètrent qu’obscurcis par les peintures des vitraux nécessaires pour compléter le parfait isolement du dehors. Ce dont l’homme a besoin, ce n’est pas de ce qui lui est donné par la nature extérieure, mais d’un monde fait par lui et pour lui seul, approprié à sa méditation intérieure, à l’entretien de l’âme avec Dieu et avec elle-même.

Mais le caractère le plus général et le plus frappant que présente la maison de Dieu dans son ensemble et ses parties, c’est le libre esssor, l’élancement en pointes, formées, soit par des arcs brisés, soit par des lignes droites. Ce libre élancement qui domine tout et le rapprochement au sommet constituent ici le caractère essentiel d’où naissent, d’un côté, le triangle aigu, avec une base plus ou moins large ou étroite, d’autre part, l’ogive, qui fournissent les traits les plus frappants de l’architecture gothique...

L’ogive, dont les arcs semblent d’abord s’élever des pilliers en ligne droite, puis se courbent lentement et insensiblement, pour se réunir en se rapprochant du poids de la voûte placée au dessus, offre l’aspect d’une continuation véritable des pilliers eux-mêmes se recourbant en arcades. Les piliers et la voûte paraissent, par opposition avec les colonnes, former une seule et même chose, quoique les arcades s’appuient aussi sur les chapiteaux d’où elles s’élèvent.

La tendance à s’élever devant se manifester comme caractère principal, la hauteur des pilliers dépasse la largeur de leur base dans une mesure que l’oeil ne peut plus calculer. Les pilliers amincis deviennent sveltes, minces, élancés, et montent, à une hauteur telle que l’oeil ne peut saisir la dimension totale. Il erre ça et là, et s’élance lui-même en haut, jusqu’à ce qu’il atteigne la courbure doucement oblique des arcs qui finissent par se rejoindre, et là se repose; de même que l’âme, dans sa méditation, d’abord inquiète et troublée, s’élève graduellement de la terre vers le ciel, et ne trouve son repos que dans Dieu. »

Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Esthétique, 3ème partie

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07/12/2011

Le pur plaisir d'exister

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« Les dieux existent donc, bien qu’ils n’aient aucune action sur le monde, ou plutôt parce qu’ils n’ont aucune action sur le monde, car c’est la condition même de leur perfection.

"Ce qui est bienheureux et immortel n’a pas lui-même de tracas et n’en cause à personne d’autre, en sorte qu’il n’est sujet ni aux colères ni à la bienveillance : car tout ce qui est de ce genre ne se trouve que dans ce qui est faible."

C’est là l’une des grandes intuitions d’Épicure : il ne se représente pas la divinité comme un pouvoir de créer, de dominer, d’imposer, sa volonté à des inférieurs, mais comme la perfection de l’être suprême : bonheur, indestructibilité, beauté, plaisir, tranquillité. Le philosophe trouve dans la représentation des dieux à la fois le plaisir émerveillé que l’on peut éprouver en admirant la beauté, et le réconfort que peut procurer la vision du modèle de la sagesse. Dans cette perspective, les dieux d’Épicure sont la projection et l’incarnation de l’idéal de vie épicurien. La vie des dieux consiste à jouir de leur propre perfection, du pur plaisir d’exister, sans besoin, sans trouble, dans la plus douce des sociétés. Leur beauté physique n’est autre que la beauté de la figure humaine. On pourrait penser avec quelque raison que ces dieux idéaux ne sont que des représentations imaginées par les hommes, et qu’ils ne doivent leur existence qu’aux hommes. Pourtant, Épicure semble bien les concevoir comme des réalités indépendantes, qui se maintiennent éternellement dans l’être parce qu’elles savent écarter ce qui pourrait les détruire et ce qui leur est étranger. Les dieux sont les amis des sages et les sages sont les amis des dieux. Pour les sages, le bien le plus haut, c’est de contempler la splendeur des dieux. Ils n’ont rien à leur demander, et pourtant ils les prient, d’une prière de louange : c’est à la perfection des dieux que leurs hommages s’adressent. On a pu parler à ce sujet de "pur amour", d’un amour qui n’exige rien en retour. »

Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique ? (1995)

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06/12/2011

Maurice Dantec répond aux mensonges d'Alain Soral

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Le Soral est un étrange animal qui à part voir des sionistes partout et, pour l'occasion, en profiter pour vomir sa haine des juifs (probablement responsables de ses propres échecs), aime mentir et diffamer pour tenter de se hisser difficilement à la hauteur des grands polémistes français qu'il ne fait qu'effleurer de très loin. La taille de sa bite (qui compte beaucoup pour lui) s'en trouve amoindrie, car triste est son désir. Il aime attaquer Maurice G. Dantec et défendre l'Islam. Mais Dantec lui répond...



 

A faire tourner...

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L'horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie

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« Une bonne part de ce que nous appelons plaisir n'est rien d'autre qu'un effort pour détruire la conscience. Si l'on commençait par se demander : qu'est-ce que l'homme ? Quels sont ses besoins ? Comment peut-il le mieux s'exprimer ? On s'apercevrait que le fait de pouvoir éviter le travail et vivre toute sa vie à la lumière électrique et au son de la musique en boîte n'est pas une raison suffisante pour le faire. L'homme a besoin de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité ; il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux. S'il en prenait conscience, il pourrait utiliser avec discernement les produits de la science et de l'industrie, en leur appliquant à tous le même critère : cela me rend-il plus humain ou moins humain ? Il comprendrait alors que le bonheur suprême ne réside pas dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l'amour. Et l'horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie ne serait pas considérée comme un simple archaïsme sentimental, mais comme une réaction pleinement justifiée. Car l'homme ne reste humain qu'en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes –notamment le cinéma, la radio et l'avion- tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l'animalité. »

George Orwell, Tribune - 1946

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