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04/12/2014

Les lucioles

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« Au début des années soixante, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (les fleuves d’azur et les canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’un souvenir déchirant du passé : un homme âgé qui a un tel souvenir ne peut pas retrouver sa propre jeunesse dans les jeunes d’aujourd’hui, et ne peut donc même plus éprouver les beaux regrets de ce qui était autrefois.) »

Pier_Paolo_Pasolini, Ecrits Corsaires

 

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03/12/2014

On ne peut dire qu’une chose : Je suis seul

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« Je suis allé dans les rues comme un exilé, moi l’homme ordinaire, moi qui ressemble tant, moi qui ressemble trop, à tous. J’ai parcouru les rues, j’ai traversé les places, les yeux fixés sur ce qui m’échappe. J’ai l’air de marcher ; mais il semble que je tombe, de rêve en rêve, de désir en désir... Une porte entr’ouverte, une fenêtre ouverte, d’autres qui s’orangent doucement sur les façades bleuies par le soir, m’angoissent... Une passante me frôle : une femme qui ne me dit rien de ce qu’elle aurait à me dire... C’est à la tragédie d’elle et de moi que je songe. Elle est entrée dans une maison ; elle a disparu ; elle est morte. »

« On ne meurt pas… Chaque être est seul au monde. Cela paraît absurde, contradictoire, d’énoncer une phrase pareille. Et pourtant, il en est ainsi... Mais il y a plusieurs êtres comme moi... Non, on ne peut pas dire cela. Pour dire cela, on se place à côté de la vérité en une sorte d’abstraction. On ne peut dire qu’une chose : Je suis seul. Et c’est pour cela qu’on ne meurt pas. »

Henri Barbusse, L'Enfer

 

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Une angoisse, une blessure commençante m’étreint les entrailles...

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« Je ne peux pas sortir de ma pensée. Je n’ai pas le droit de le faire sans faute et sans mensonge. Je ne peux pas. J’ai beau essayer de me débattre comme pour m’envoler de moi. Je ne peux pas accorder au monde d’autre réalité que celle de mon imagination. Je crois en moi et je suis seul, puisque je ne peux pas sortir de moi. Comment imaginer sans folie que je puisse sortir de moi-même ? Comment imaginer sans folie que je ne sois pas seul ? »

« Une angoisse, une blessure commençante m’étreint les entrailles... Puis voici qu’un cri monte en moi, un cri lucide, conscient et inoubliable comme un accord sublime de toute la musique : "Non !" »

« Je me suis levé, ce matin, rompu de lassitude. Je suis inquiet ; j’ai une douleur sourde à la face ; mes yeux, alors que je me considérais à la glace, me sont apparus sanguinolents, comme si je regardais à travers du sang. Je marche et je me meus difficilement, à demi paralysé. Je commence à être puni dans ma chair des longues heures où je reste étendu le long de ce mur, la face au trou. Et cela grandit. »

Henri Barbusse, L'Enfer

 

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Les mignons du Roi Misère

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« Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C’est pas une vie... »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

 

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La civilisation moderne

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« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas ! la liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! »

Georges Bernanos, La France contre les robots

 

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02/12/2014

Il ne se laissait pas prendre par le courant...

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« Je pense à Camus : j'ai à peine connu Camus. Je lui ai parlé une fois, deux fois. Pourtant, sa mort laisse en moi un vide énorme. Nous avions tellement besoin de ce juste. Il était, tout naturellement, dans la vérité. Il ne se laissait pas prendre par le courant ; il n'était pas une girouette ; il pouvait être un point de repère. »

Eugène Ionesco, Notes et Contre-Notes

 

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01/12/2014

Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon cœur à ce moment précis

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« Sans échanger un mot on est arrivé à Pacific Palissades, ou les falaises surplombent le mer de très haut. Le vent froid nous faisait dévier, la guimbarde en chancelait. D’en bas montait la fureur de la mer. Au large on voyait des bancs de brouillard ramper lentement vers le littoral comme une armée de fantômes. En dessous de nous les brisants cognaient à poings blancs contre le rivage. Ensuite ils battaient en retraite et revenaient cogner. A chaque retrait la plage se fendait d’un sourire de plus en plus large. On a descendu la route en spirale ; on l’a descendu en seconde. On aurait dit que la chaussée noire transpirait, avec toutes ces langues de brouillard qui la léchaient. L’air était si propre. On respirait ça à pleins poumons et cela faisait rudement du bien. »

« Il était trois heures du matin à peu près. Un matin incomparable : Le bleu et le blanc des étoiles et du ciel étaient comme les couleurs du désert et je me suis arrêté pour les regarder tellement elles étaient douces et émouvantes ; à se demander comment s’était possible, pareille beauté. Pas une seule fronde ne bougeait dans les palmiers sales. On n’entendait pas un bruit.
Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon cœur à ce moment précis. Tout ce que j’avais jamais espéré de l’existence et de son sens profond, obscur. C’était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert a qui n’attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J’étais soudain investit d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire partie. »

John Fante, Demande à la poussière

 

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Mourir, c’était la tâche suprême

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« Tout ce qui en moi était bon s’est mis à vibrer dans mon coeur à ce moment précis, tout ce que j’avais jamais espéré de l’existence et de son sens profond, obscur. C’était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert qui n’attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J’étais soudain investi d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations, s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire partie. Tout le mal de par le monde n’était donc pas mauvais en soi, mais inévitable et bénéfique ; il faisait partie de cette lutte éternelle pour contenir le désert. [...] et ce soir dans cette cité de fenêtres éteintes il s’en trouvait des millions comme lui et comme moi, aussi impossibles à différencier que des brin d’herbe mourante. C’était déjà assez dur comme ça de vivre, mais mourir, c’était la tâche suprême. »

John Fante, Demande à la poussière

 

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Le premier poème et la première peinture

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« De même, voulez-vous savoir quels ont été le premier poème et la première peinture ? Il est facile de le dire. Ce furent le premier lever du soleil au sortir du chaos, le premier murmure de la mer en s’informant de ses rivages, le premier frémissement des forêts au toucher de la lumière immaculée ; ce fut aussi l’écho de la parole encore vibrante de la création. Voilà la première poésie, le premier tableau dans lesquels a été peint l’Éternel. Nul peuple n’était encore dans le monde, l’idée d’art était déjà complète. »

Edgar Quinet, Génie dans l’Art

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J’ai vu, dans le fond de mon âme, le désespoir naître et croître et déborder

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« Partout, j’ai vu, dans le fond de mon âme, le désespoir naître et croître et déborder jusqu’à enfermer le limon de mes jours et l’algue de mes rives de sa rive infinie. Où es-tu donc, roi des morts ? Pour te chercher, j’use la plante de mes pieds ; j’ai fouillé, comme le vautour, dans la cendre des villes et sous le manteau des morts. La mer ressemble au bleu de ta tunique ; je t’ai cherché dans le creux de la mer. Rome, qui sue le sang, ressemble, avec ses murs, à ta couronne d’épines ; je t’ai cherché dans Rome. Le désert qui blanchit ressemble à ton suaire ; je t’ai cherché dans le désert. J’ai demandé aux femmes qui filent leurs quenouilles, aux enfants qui mangeaient leur pain d’orge sur la porte, aux gardeurs de cavales qui cordaient leur chanvre dans les bois : "l’avez-vous vu passer ?" où es-tu donc, roi des morts ? »

Edgar Quinet, Ahasvérus

 

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La soif infinie qui me dévore

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« J’aurais besoin de quelque chose de plus réel. Un vague désolant m’entoure ; je suis devenu l’écho de toutes les mélancolies des lieux où je passe. L’herbe fauve, le vent d’hiver, la feuille tombée, tout retentit, tout crie avec désespoir dans mon cœur.
(...) Laissez là, de grâce, ces mots vides. Pour me rendre le repos, c’est une religion nouvelle qu’il me faudrait, où personne n’aurait encore puisé. C’est elle que je cherche. C’est là seulement que je pourrai abreuver la soif infinie qui me dévore. »

Edgar Quinet, Ahasvérus

 

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30/11/2014

Il me faut réagir, me donner des preuves de mon existence

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« J’ai dix-huit ans, j’ai tout souhaité, tout prévu, tout imaginé, tout attendu, le divin comme l’humain, le suprême beau moral dans l’ensemble de toutes les vanités. Mon programme d’enfant était la grande sainteté cloîtrée, mais après l’abandon d’un luxe royal. Personne n’aura fait de ses ambitions fantastiques une machine d’un fonctionnement aussi régulier, aussi calme, aussi quotidien, aussi entêté. (…) Il me faut réagir, me donner des preuves de mon existence. Je m’endors dans une vie qui n’est pas la mienne. J’aurai beau faire, je ne pourrai plus être heureuse comme une autre. Les objets matériels me charment toujours - je parle du luxe de ma toilette - mais ils me dégoûtent quand ils m’ont pris une heure de ma vie intellectuelle et morale. »

Marie Lenéru, Journal 1893-1918, Je me sens devenir inexorable

 

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Toutes ces fausses idées suscitées par le pouvoir d’illusion

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« Ceux dont nous venons de parler sont ceux que l’on peut qualifier proprement de "traditionalistes", c’est-à-dire ceux qui ont seulement une sorte de tendance ou d’aspiration vers la tradition, sans aucune connaissance réelle de celle-ci ; on peut mesurer par là toute la distance qui sépare l’esprit "traditionaliste" du véritable esprit traditionnel, qui implique au contraire essentiellement une telle connaissance, et qui ne fait en quelque sorte qu’un avec cette connaissance même. En somme, le "traditionaliste" n’est et ne peut être qu’un simple "chercheur", et c’est bien pourquoi il est toujours en danger de s’égarer, n’étant pas en possession des principes qui seuls lui donneraient une direction infaillible ; et ce danger sera naturellement d’autant plus grand qu’il trouvera sur son chemin, comme autant d’embûches, toutes ces fausses idées suscitées par le pouvoir d’illusion qui a un intérêt capital à l’empêcher de parvenir au véritable terme de sa recherche. Il est évident, en effet, que ce pouvoir ne peut se maintenir et continuer à exercer son action qu’à la condition que toute restauration de l’idée traditionnelle soit rendue impossible, et cela plus que jamais au moment où il s’apprête à aller plus loin dans le sens de la subversion, ce qui constitue, comme nous l’avons expliqué, la seconde phase de cette action. Il est donc tout aussi important pour lui de faire dévier les recherches tendant vers la connaissance traditionnelle que, d’autre part, celles qui, portant sur les origines et les causes réelles de la déviation moderne, seraient susceptibles de dévoiler quelque chose de sa propre nature et de ses moyens d’influence ; il y a là, pour lui, deux nécessités en quelque sorte complémentaires l’une de l’autre, et qu’on pourrait même regarder, au fond, comme les deux aspects positif et négatif d’une même exigence fondamentale de sa domination.

Tous les emplois abusifs du mot "tradition" peuvent, à un degré ou à un autre, servir à cette fin, à commencer par le plus vulgaire de tous, celui qui le fait synonyme de "coutume" ou d' "usage", amenant par là une confusion de la tradition avec les choses les plus bassement humaines et les plus complètement dépourvues de tout sens profond.

[...]

Lorsque certains, s’étant aperçus du désordre moderne en constatant le degré trop visible où il en est actuellement (surtout depuis que le point correspondant au maximum de "solidification" a été dépassé), veulent "réagir" d’une façon ou d’une autre, le meilleur moyen de rendre inefficace ce besoin de "réaction" n’est-il pas de l’orienter vers quelqu’un des stades antérieurs et moins "avancés" de la même déviation, où ce désordre n’était pas encore devenu aussi apparent et se présentait, si l’on peut dire, sous des dehors plus acceptables pour qui n’a pas été complètement aveuglé par certaines suggestions ? Tout "traditionaliste" d’intention doit normalement s’affirmer "antimoderne", mais il peut n’en être pas moins affecté lui-même, sans s’en douter, par les idées modernes sous quelque forme plus ou moins atténuée, et par là même plus difficilement discernable, mais correspondant pourtant toujours en fait à l’une ou à l’autre des étapes que ces idées ont parcourues au cours de leur développement ; aucune concession, même involontaire ou inconsciente, n’est possible ici, car, de leur point de départ à leur aboutissement actuel, et même encore au delà de celui-ci, tout se tient et s’enchaîne inexorablement. »

René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps

 

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29/11/2014

La négation de toute faculté d’ordre supra-individuel

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« Ceci nous amène à redire une fois de plus, car c’est là un point tout à fait essentiel et sur lequel il est indispensable de ne laisser subsister aucune équivoque, que l’intuition intellectuelle, par laquelle seule s’obtient la vraie connaissance métaphysique, n’a absolument rien de commun avec cette autre intuition dont parlent certains philosophes contemporains : celle-ci est de l’ordre sensible, elle est proprement infra-rationnelle, tandis que l’autre, qui est l’intelligence pure, est au contraire supra-rationnelle. Mais les modernes, qui ne connaissent rien de supérieur à la raison dans l’ordre de l’intelligence, ne conçoivent même pas ce que peut être l’intuition intellectuelle, alors que les doctrines de l’antiquité et du moyen âge, même quand elles n’avaient qu’un caractère simplement philosophique et, par conséquent, ne pouvaient pas faire effectivement appel à cette intuition, n’en reconnaissaient pas moins expressément son existence et sa suprématie sur toutes les autres facultés. C’est pourquoi il n’y eut pas de ”rationalisme” avant Descartes ; c’est là encore une chose spécifiquement moderne, et qui est d’ailleurs étroitement solidaire de l‘“individualisme”, puisqu’elle n’est rien d’autre que la négation de toute faculté d’ordre supra-individuel. Tant que les Occidentaux s’obstineront à méconnaître ou à nier l’intuition intellectuelle, ils ne pourront avoir aucune tradition au vrai sens de ce mot, et ils ne pourront non plus s’entendre avec les authentiques représentants des civilisations orientales, dans lesquelles tout est comme suspendu à cette intuition, immuable et infaillible en soi, et unique point de départ de tout développement conforme aux normes traditionnelles. »

René Guénon, La crise du Monde Moderne

 

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Il n’y a plus, dans l’état actuel, aucune stabilité

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« En tout cas, on éprouve très généralement l’impression qu’il n’y a plus, dans l’état actuel, aucune stabilité ; mais, tandis que quelques-uns sentent le danger et essaient de réagir, la plupart de nos contemporains se complaisent dans ce désordre où ils voient comme une image extériorisée de leur propre mentalité. Il y a, en effet, une exacte correspondance entre un monde où tout semble être en pur “devenir”, où il n’y a plus aucune place pour l’immuable et le permanent, et l’état d’esprit des hommes qui font consister toute réalité dans ce même “devenir”, ce qui implique la négation de la véritable connaissance, aussi bien que de l’objet même de cette connaissance, nous voulons dire des principes transcendants et universels. On peut même aller plus loin : c’est la négation de toute connaissance réelle, dans quelque ordre que ce soit, même dans le relatif, puisque, comme nous l’indiquions plus haut, le relatif est inintelligible et impossible sans l’absolu, le contingent sans le nécessaire, le changement sans l’immuable, la multiplicité sans l’unité ; le “relativisme” enferme une contradiction en lui-même, et, quand on veut tout réduire au changement, on devrait en arriver logiquement à nier l’existence même du changement ; au fond, les arguments fameux de Zénon d’Élée n’avaient pas d’autre sens. »

René Guénon, La crise du Monde Moderne

 

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Trop de rêveries inconsistantes se donnent libre cours actuellement

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« Nous pensons d’ailleurs qu’une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme extérieure religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne, car, d’une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et, d’autre part, c’est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le Catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d’esprit traditionnel qui survivent encore. Toute tentative “traditionaliste” qui ne tient pas compte de ce fait est inévitablement vouée à l’insuccès, parce qu’elle manque de base ; il est trop évident qu’on ne peut s’appuyer que sur ce qui existe d’une façon effective, et que, là où la continuité fait défaut, il ne peut y avoir que des reconstitutions artificielles et qui ne sauraient être viables ; si l’on objecte que le Christianisme même, à notre époque, n’est plus guère compris vraiment et dans son sens profond, nous répondrons qu’il a du moins gardé, dans sa forme même, tout ce qui est nécessaire pour fournir la base dont il s’agit. La tentative la moins chimérique, la seule même qui ne se heurte pas à des impossibilités immédiates, serait donc celle qui viserait à restaurer quelque chose de comparable à ce qui exista au moyen âge, avec les différences requises par la modification des circonstances ; et, pour tout ce qui est entièrement perdu en Occident, il conviendrait de faire appel aux traditions qui se sont conservées intégralement, comme nous l’indiquions tout à l’heure, et d’accomplir ensuite un travail d’adaptation qui ne pourrait être que l’œuvre d’une élite intellectuelle fortement constituée. Tout cela, nous l’avons déjà dit ; mais il est bon d’y insister encore, parce que trop de rêveries inconsistantes se donnent libre cours actuellement, et aussi parce qu’il faut bien comprendre que, si les traditions orientales, dans leurs formes propres, peuvent assurément être assimilées par une élite qui, par définition en quelque sorte, doit être au-delà de toutes les formes, elles ne pourront sans doute jamais l’être, à moins de transformations imprévues, par la généralité des Occidentaux, pour qui elles n’ont point été faites. Si une élite occidentale arrive à se former, la connaissance vraie des doctrines orientales, pour la raison que nous venons d’indiquer, lui sera indispensable pour remplir sa fonction ; mais ceux qui n’auront qu’à recueillir le bénéfice de son travail, et qui seront le plus grand nombre pourront fort bien n’avoir aucune conscience de ces choses, et l’influence qu’ils en recevront, pour ainsi dire sans s’en douter et en tout cas par des moyens qui leur échapperont entièrement, n’en sera pas pour cela moins réelle ni moins efficace. Nous n’avons jamais dit autre chose ; mais nous avons cru devoir le répéter ici aussi nettement que possible, parce que, si nous devons nous attendre à ne pas être toujours entièrement compris par tous, nous tenons du moins à ce qu’on ne nous attribue pas des intentions qui ne sont aucunement les nôtres. »

René Guénon, La crise du Monde Moderne

 

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Le "traditionalisme"

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« Malheureusement, le "traditionalisme" n’est point la même chose que le véritable esprit traditionnel ; il peut n’être, et il n’est bien souvent en fait, qu’une simple tendance, une aspiration plus ou moins vague, qui ne suppose aucune connaissance réelle ; et, dans le désarroi mental de notre temps, cette aspiration provoque surtout, il faut bien le dire, des conceptions fantaisistes et chimériques, dépourvues de tout fondement sérieux. Ne trouvant aucune tradition authentique sur laquelle on puisse s’appuyer, on va jusqu’à imaginer des pseudo-traditions qui n’ont jamais existé, et qui manquent tout autant de principes que ce à quoi on voudrait les substituer ; tout le désordre moderne se reflète dans ces constructions, et, quelles que puissent être les intentions de leurs auteurs, le seul résultat qu’ils obtiennent est d’apporter une contribution nouvelle au déséquilibre général. Nous ne mentionnerons que pour mémoire, en ce genre, la prétendue "tradition occidentale" fabriquée par certains occultistes à l’aide des éléments les plus disparates, et surtout destinée à faire concurrence à une "tradition orientale" non moins imaginaire, celle des théosophistes ; nous avons suffisamment parlé de ces choses ailleurs, et nous préférons en venir tout de suite à l’examen de quelques autres théories qui peuvent sembler plus dignes d’attention, parce qu’on y trouve tout au moins le désir de faire appel à des traditions qui ont eu une existence effective. »

René Guénon, La crise du Monde Moderne

 

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C’est la pensée magique qui est de retour, avec l’ère hyperfestive

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« Quand il ne fait pas de ski à travers Paris, Homo Festivus va se promener en moyenne montagne avec ses raquettes ; et déclenche une coulée de neige qui, dans un bruit de cauchemar, dégringole pour l’engloutir. Ou bien il participe, dans un petit port de pêche quelconque, à une Fête de la mer qui se termine en naufrage. Lorsque ce n’est pas son camping qui se retrouve noyé sous un torrent de boue. 

Toutes ces horreurs n’ont rien de drôle. Mais ce qui est singulier, c’est l’air de stupéfaction infinie, c’est l’expression de douloureuse surprise d’Homo festivus chaque fois que la Nature lui joue un de ses tours. La montagne serait méchante ? L’océan dangereux ? Les rivières peuvent grossir jusqu’à devenir des fleuves mortels ? Même la recherche systématique des responsabilités, les mises en examen, la traque des coupables, ne consoleront jamais Homo festivus de ce genre de trahison. Il n’y a qu’à voir, chaque hiver, lors de l’habituelle "vague de froid", qui se débrouille en général pour coïncider avec les vacances de février, tous ces gens bloqués sur les autoroutes, naufragés, coincés dans les trains arrêtés, et stigmatisant la négligence des autorités, pour comprendre qu’en fait, derrière toutes ces accusations, c’est la pensée magique qui est de retour, avec l’ère hyperfestive, même si les termes dans lesquels elle s’exprime ont un peu changé. On ne danse plus pour faire tomber la pluie ou la convaincre de cesser, mais on cherche les responsables s’il y a du verglas ; et on les lyncherait volontiers si on les avait sous la main. 

Depuis que le concret n’existe plus, les décors naturels, devenus terrains de jeux, se sont rapprochés vertigineusement des Idées platoniciennes. On exige d’eux, en plus, la même transparence que des affaires de l’état et de la vie privée des vedettes en vue. Homo festivus croit dur comme fer que la montagne ou l’océan sont synonymes du mot bonheur ; qu’ils n’ont été inventés que pour servir d’écrin à la perfection de son divertissement. Le moindre accident, dans ces conditions, devient un scandale ; et un coup de canif dans le contrat festif. Que la montagne ou la mer rappellent, de temps en temps, leur existence indépendante de la vision hyperfestive est une sorte de crime. Comme tous les enfants, Homo festivus prend son désir pour une réalité qui n’existe plus. Il ne veut pas envisager que la Nature puisse être tortueuse, vicieuse, compliquée. Sa puérile religion est censée l’assurer contre le hasard et les accidents, ces résurgences d’Ancien Régime, ces spectres d’un temps où l’on n’avait pas encore inventé le risque zéro. »

Philippe Muray, Après l’histoire

 

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28/11/2014

Une dévotion servile

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« Selon Kreizler, nous autres Américains, n’avons jamais cessé de courir. Quand personne ne nous regarde, que nous sommes seuls face à nous-mêmes, nous courons, toujours aussi rapides et peureux que naguère, pour fuir les ténèbres que nous savons cachées derrières la porte de tant de foyers apparemment sans histoire, pour fuir les hantises greffées dans la cervelle de nos enfants par ceux-là même que la nature leur dit de croire et d’aimer, nous courons, plus pressés et plus nombreux encore, vers le mirage de ces potions, de ces médications, de ces prêtres, de ces philosophies, qui nous promettent de terrasser nos frayeurs et nos cauchemars et qui nous réclament, en échange, une dévotion servile. »

Caleb Carr, L’aliéniste

 

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Je ne suis personne, personne

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« Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas,
le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit.
Je ne suis personne, personne.
Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire,
et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été,
parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever. »

Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité

 

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Un scepticisme de masse débilitant

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« Le système fonctionnait parce que les petits criminels et contrevenants plaidaient coupables la majeure partie du temps et ne déposaient pas, par simple routine, des recours en appel devenus une vraie plaie. Le système fonctionnait parce que les séjours à l’ombre d’avant la cassure étaient acceptables. C’étaient des criminels d’avant la psy. Ils acceptaient l’autorité. Ils savaient qu’ils étaient de la fange et de la raclure parce qu’ils le voyaient à la télé et le lisaient dans les journaux. Ils étaient verrouillés, prisonniers d’un jeu truqué. L’autorité gagnait habituellement. Ils prenaient plaisir à des triomphes mesquins et se délectaient des machinations de la partie qui se jouaient. Et la partie qui se jouait se résumait à être au parfum. Etre au parfum et fataliste, c’était cool. Si on parvenait à ne pas aller jusqu’à la chambre à gaz, le pire qu’on pouvait attendre était un séjour au pénitencier. Un séjour à l’ombre d’avant la cassure, c’était acceptable. On pouvait y siffler de la gnôle maison, y baiser les fiottes dans le cul. Le système fonctionnait parce que l’Amérique n’avait pas encore eu à se confronter aux émeutes raciales, assassinats, conneries écologistes, confusion des sexes, prolifération des drogues, maniaques des armes, psychoses religieuses, le tout lié à une implosion des médias et à l’émergence d’un culte de la victime – une traversée de vingt-cinq années de poisse semeuse de discorde, qui avait eu pour résultat un scepticisme de masse débilitant. »

James Ellroy, Ma part d’ombre

 

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Ce n'est qu'au cimetière que les hommes trouvent une égalité absolue

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« La foi surprenante, naïve et inhumaine de tous les socialistes dans la vertu de l'éducation a transformé nos années scolaires en supplice et couvert le pays de camps de concentration. Chez nous, on éduque tout le monde, du plus petit jusqu'au plus grand, et tous doivent s'éduquer mutuellement. D'où les réunions, les meetings, les discussions, l'information politique, la surveillance, les contrôles, les activités organisées, les “samedis communistes” et les “émulations socialistes”. Et, pour les plus difficiles à élever : les travaux physiques les plus pénibles dans les camps, ceux auxquels aspirait le cher Tolstoï. Mais comment construire autrement le socialisme ? Tout cela était très clair pour le gamin de quinze ans que j'étais. Mais, demandez maintenant encore à un socialiste de l'Occident : que faut-il faire, en régime socialiste, des gens qui sont inaptes ? Les éduquer ! répondra-t-il. »

« Ce n'est qu'au cimetière que les hommes trouvent une égalité absolue et, si vous voulez transformer votre pays en un gigantesque cimetière, alors oui, enrôlez-vous chez les socialistes ! »

Vladimir Boukovsky, ... et le vent reprend ses tours – Ma vie de dissident

 

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Tout travail comporte quelque chose qui ne peut se payer et donne une satisfaction qui se suffit à elle même

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« Ce matin en forêt, pour abattre du bois. Je m’y suis pris trop tard dans l’année : les bouleaux saignaient abondamment. Travail fatiguant. Je me suis dit : "Au fond, tu aurais pu envoyer quelqu’un d’autre, en le payant. Pendant ce temps, tu aurais pu gagner chez toi, et confortablement, plusieurs fois ce que tu perdais ainsi."

Réplique : "Oui, mais tu ne te serais pas mis en sueur."

Bien – car dans notre monde, il n’est rien de plus inadmissible que de comparer deux activités en prenant l’argent pour critère. Nous tombons alors au niveau du "times is money", cette devise qui est aux antipodes de la dignité humaine. Au contraire il y a de la vérité dans la réflexion de Théophraste : "Le temps est une dépense précieuse."

Tout travail comporte quelque chose qui ne peut se payer et donne une satisfaction qui se suffit à elle même. C’est sur ce principe que se fonde l’économie véritable du monde, l’équilibre en profondeur du gain et de la dépense, le bénéfice assuré.

S’il en était autrement, le paysan devrait se mettre sous la dépendance du cours de la Bourse, et non de la terre, du soleil et du vent.
L’auteur devrait étudier l’humeur changeante des masses et adapter son œuvre aux lieux communs reçus. Les fleurs disparaîtraient des jardins, et le superflu de la vie. Il n’y aurait plus ni haies, ni bosquets d’agrément, ni ruisseaux serpentants, ni espace vide entre deux champs.

Le travail devient sacré par ce qui, en lui, ne peut être payé. Nés de cette part divine, bonheur et santé se déversent sur les hommes. On pourrait aussi dire que la valeur du travail se mesure à la part d’amour qui s’y dissimule. En ce sens, le travail devient semblable au loisir : au plus haut niveau, l’un et l’autre se confondent. J’ai vu un laboureur derrière ses chevaux ; devant lui, la glèbe se retournait aux rayons du matin et semblait se revêtir d’or. La récolte n’est qu’un revenu tiré de cette opulence. »

Ernst Jünger, La cabane dans la vigne, Journal de guerre, 1939-1948

 

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27/11/2014

Retournement d’un malheur en manifestation de la beauté pure

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« J’admire ce retournement d’un malheur en manifestation de la beauté pure. C’est un trait constant du meilleur de l’âme européenne qui transpose par exemple de grandes défaites en sagas, les Thermopyles ou Roncevaux, Waterloo ou Dien Bien Phu. Mais cette disposition d’esprit ne se cantonne pas aux épopées militaires. Notre littérature, de l’Antigone de Sophocle à La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, magnifie des destins tragiques et courageux. »

Dominique Venner, Un samouraï d'Occident, Le Bréviaire des insoumis

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La société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos

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« Comme l’a souligné Marcel Conche, la société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos, sans inquiétude. Sur cette permanence se fonde le sentiment de sécurité. Au contraire, les nouveautés, le “progrès” apporteront le trouble. À partir du moment où l’on rêve de cité idéale et de lendemains meilleurs, se trouve tué en chacun le contentement. Dès lors, domine le mécontentement de soi et du monde. Ce qui est figuré sur le bouclier d’Achille est au contraire une société heureuse, tout à la joie de vivre comme elle a toujours vécu. Les noces sont joyeuses, l’équité règne, l’amitié civique est générale. Quand la guerre survient, la cité attaquée fait front, tout le peuple se porte sur les remparts, l’ennemi n’a pas d’allié dans la place. »

Dominique Venner, Un samouraï d'Occident, Le Bréviaire des insoumis

 

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