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25/09/2014

Tout ce qui existe, tout, est comme un chant endormi

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« Pénétrez-vous de cette idée : la littérature n'est pas un domaine clos. Elle est la vie même, sous sa forme la plus pure, la plus attirante, la plus voisine du chant, qui est sur les lèvres avant le mot.
Emplissez-vous de cette certitude : tout ce qui existe, tout, est comme un chant endormi et n'attend que le passage d'un regard assez pur pour se ranimer. La vie serait un enchantement perpétuel si nous savions ne lui rien ajouter et la rendre à elle-même et trouve en elle, ainsi, la nudité de leur âme. La beauté ne s'ajoute pas aux choses, elle veille dans leur ombre. La couleur que vous voyez est l'âme de votre regard, le parfum que vous respirez vous respire.
Ne soyez jamais triste : le soleil que vous voyez briller a pris ses rayons en vous. C'est la vie qui est belle et non pas ce que nous en faisons, et ce que la poésie vous apprendra, c'est l'art de la prendre à sa source, de la reconnaître, à sa saveur, avant qu'elle ne vous ait reconnue. Il faut bien du temps pour apprendre cela, mais quelquefois la grâce nous est faite de le sentir très jeunes. Les poètes vous aideront. »

Joë Bousquet, Lettres à une jeune fille

 

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Depuis Robespierre, les adolescents et les intellectuels adorent remplacer les problèmes par les salauds...

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« Notre génération est condamnée à l’autosuspicion permanente. Sommes-nous voués à répéter l’histoire sous forme de farce ? J’ai eu cette impression en Mai 68, quand nous hurlions "CRS-SS". Je l’éprouve à nouveau en pensant à cet antifascisme complètement délirant qui domine la scène publique française. Mais nous vivons les retombées de l’accident déplorable et dérisoire qu’a été le score de Le Pen. Pour un certain nombre de gens de gauche, en France, cet accident a été perçu comme un événement providentiel. La France intellectuelle et médiatique regorge de chercheurs de fascisme qui se sentent revivre dès qu’ils voient pointer le museau de leur ennemi. Pourquoi sinon parce que le fascisme permet de fuir dans la dénonciation d’une volonté mauvaise une réalité déconcertante et difficile ? Depuis Robespierre, les adolescents et les intellectuels adorent remplacer les problèmes par les salauds. C’est une nouvelle crise de puberté politique que nous traversons. »

Alain Finkielkraut, Journal Le Soir. 07/12/2002

 

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Faites-vous, de temps en temps, légère et irréelle

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« Écoutez-moi bien : je sais que le bonheur, ce que les autres nomment de ce nom, n'est qu'une scorie de cette vie où nous passons. Et je sais qu'une jeune fille comme vous est une image de cette vie. L'image de cette vie, qui n'a que des images pour nous toucher. Pensez, pensez avec votre coeur d'enfant à tout ce qui est contenu dans la chance que ces mots résument... Je ne dis pas que vous êtes encore une enfant. C'est parce que je vous vois une jeune fille fine, jolie, élégante, que je vous confie, un instant, à celle que vous n'êtes plus depuis si peu de temps.
Au lieu de vous ouvrir, de temps en temps, sans discontinuer, à l'avenir, faites-vous, de temps en temps, légère et irréelle comme lui, en portant votre vie présente à travers les pensées où vous l'attendiez encore. C'est un peu jouer en imagination à la poupée avec celle que vous êtes devenue. Vous verrez alors tout l'avenir se réunir à vous pour vous faire plus légère et enchanter comme dans une légende les faits de chaque jour qu'un regard positif suspendait bêtement à un emploi du temps. »

Joë Bousquet, Lettres à une jeune fille

 

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24/09/2014

Une nécessité de purification, vers laquelle on doit tendre à travers une conscience exacte et objective

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« Dans les textes, revient souvent le récit de la vie que menait le prince Siddharta, avant le parfait réveil. A lui aussi, "avant le parfait réveil, en tant qu'éveillé imparfait, aspirant seulement à l'éveil", était venue cette pensée : "On ne peut conquérir le plaisir avec le plaisir ; avec la douleur, on peut conquérir le plaisir". C'est ainsi que, ayant abandonné sa maison contre la volonté des siens, encore "resplendissant sous ses cheveux noirs, en la beauté de sa jeunesse heureuse, dans la fleur de sa virilité", insatisfait des vérités que les maîtres d'ascétisme lui avaient d'abord enseignées (il semble qu'il s'agissait de sectateurs du Sâmkhya), il s'adonne aux formes extrêmes d'une douloureuse mortification. Après avoir ployé de mille manières sa propre volonté, "tel un homme fort, empoignant un autre plus faible par la tête ou par les épaules, le force et, l'abat", il s'en prend alors à son propre corps, pratique la suspension de la respiration jusqu'aux limites de l'asphyxie. Mesurant qu'une telle voie demeurait sans issue, il se met à pratiquer le jeûne, et en devient tellement maigre que ses bras et ses jambes semblent devenues deux roseaux secs ; son épine dorsale, un chapelet, avec sa suite de vertèbres saillantes et rentrantes ; ses cheveux et ses poils sont tombés, ses yeux enfoncés ne sont plus que deux pupilles évanescentes, "semblables à des reflets dans l'eau d'un puits profond". Et le prince Siddharta en arriva à cette pensée : "Ce qu'ascètes ou prêtres ont jamais éprouvé dans le passé, ou qu'ils éprouvent dans le présent, ou qu'ils pourront éprouver dans le futur, en fait de sensations douloureuses, brûlantes et amères : cela est le maximum, au-delà de quoi on ne peut aller. Et même avec cette amère ascèse de douleur, je n'arrive pas à rejoindre la sainte et hyperterrestre richesse du savoir". Alors jaillit en lui l'évidence : il doit certes exister une autre voie pour atteindre l'éveil. Et c'est un simple souvenir qui lui permet de la découvrir : le souvenir d'une journée, alors que, se trouvant sur les terres de sa race, il s'était assis, à l'ombre fraîche d'un oranger, il se sentit dans un état de calme, de clarté, d'équilibre, de paix, loin, des désirs, loin des choses troublantes. Alors jaillit en lui la conscience conforme au savoir : "Ceci est la voie".



Ceci est particulièrement significatif en ce qui concerne le style de l'ascèse bouddhiste : pour elle, se trouvent confirmées les caractéristiques d'une ascèse claire, équilibrée, libre des complexes du "péché" et de la "mauvaise conscience", libre des auto-sadismes spiritualisés. A ce propos, on peut enfin relever qu'une maxime du Bouddhisme dit ainsi : celui qui, étant sans péché, ne reconnaît pas comme étant conforme à la vérité : "En moi, il n'y a point de péché", est pire que celui qui sait au contraire : "En moi, il n'y a pas de péché". Et l'on ajoute cette comparaison : un plat de bronze luisant et poli, qui ne serait pas utilisé ou nettoyé, au bout d'un certain temps apparaîtrait sale et taché ; de même, qui n'a pas conscience de sa propre droiture est bien plus exposé qu'un autre à des confusions et à des déviations de tous genres. Il ne s'agit nullement, ici, d'orgueil ou de présomption : il s'agit d'une nécessité de purification, vers laquelle on doit tendre à travers une conscience exacte et objective. En partant d'une telle conscience, on dit ce qu'ils méritent à ceux qui, pour être ermites, pénitents, pauvres, vêtus de chiffons ou pour observer les formes les plus extérieures de la moralité, s'exaltent et s'arrogent le droit de déprécier les autres. L'ascèse ariya est aussi bien dépourvue de vanité et de sot orgueil (lequel, en tant qu'uddhacca, est même considéré comme un lien puissant), que toute imprégnée de dignité et de calme connaissance de soi.



Toutefois, cela ne veut pas dire que l'on doive se faire des illusions, en croyant que, dans cette doctrine, ne sont pas nécessaires des énergies intérieures particulièrement exceptionnelles, voire la plus sévère des disciplines vis-à-vis de soi-même. Celui qui reconnut que la voie de l'ascèse douloureuse n'était pas la voie juste, celui-là n'en demeure pas moins celui qui sut démontrer à lui-même la capacité de suivre une telle voie jusqu'aux formes les plus extrêmes. Ainsi donc, au moment où la vocation est définie et lorsque l'on ressent en soi la sensation de l'éveil de l'élément pañña, il importe que l'on ait la force d'une résolution absolue et inflexible. Une fois, dans la forêt Gosingam, pendant une claire nuit de lune, alors que les arbres étaient en fleurs et que des parfums célestes semblaient voltiger autour d'eux, les disciples du Bouddha se demandèrent quel type d'ascète était capable de donner une splendeur supplémentaire à toute cette forêt : et ils se mirent à indiquer telle ou telle discipline que l'on avait suivie, et tel ou tel pouvoir que l'on avait atteint. Interrogé par eux, le Bouddha répondit : "Voici. Après son repas, un ascète s'assied avec les jambes croisées, le corps bien droit. Il formule la pensée : Je ne veux point me lever d'ici, tant que mon esprit ne sera pas, sans attachement, libre de toutes manies. Voilà le moine qui peut conférer une splendeur à la forêt Gosingam". Dans les textes canoniques, on fait souvent mention de quelque chose qui ressemble à un "vœu", et que l'on exprime en ces termes : "Dans le disciple confiant, qui s'exerce avec zèle dans l'Ordre du maître, jaillit cette cognition : 'Que dans mon corps restent seulement la peau, les tendons et les os, et que la chair et le sang se dessèchent : mais, tant que je n'aurai pas obtenu ce que l'on peut obtenir avec vigueur humaine, avec force humaine, avec valeur humaine, mon effort persistera' ". Dans un autre texte encore, il est question de la force désespérée avec laquelle un homme lutte contre un courant, en sachant qu'autrement ce courant l'emportera vers des eaux pleines de tourbillons et de créatures dévorantes. Lutte, effort, action absolue, détermination acharnée, sont donc prises en considération. Mais selon un "style" spécial. Redisons-le encore une fois : il s'agit du style de celui qui se maintient conscient, de celui qui greffe les forces où elles doivent être greffées, avec claire connaissance de cause et d'effet, en paralysant les mouvements irrationnels de l'âme, les craintes et les espérances, en ne perdant jamais le sens calme et composé de sa noblesse et de sa supériorité. C'est donc en ces termes que se présente et se recommande la doctrine de l'éveil à tous ceux qui "tiennent encore bon". »

Julius Evola, La doctrine de l'éveil : essai sur l'ascèse bouddhique

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21/09/2014

Les innocents...

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« Le monde est rempli d'innocents ; c'est à se demander qui commet tous ces crimes. »

Maurice G. Dantec, Le Théâtre des opérations 1 : journal métaphysique et polémique -- Manuel de survie en territoire zéro

 

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Devant la guillotine...

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« Je tiens à ce que cela soit dit : Le Diable est un démocrate, il est profondément attaché à l’égalité de tous et de toutes devant la guillotine. »

Maurice G. Dantec, Artefact

 

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Le Diable...

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« Le Diable est froid ‑- a dit fort justement l’un de vos plus grands poètes. Il est bien pire que ça en fait, il est ultra-froid : son point de vitalité minimal se situe au niveau du zéro absolu, là où commence son véritable biotope. »

Maurice G. Dantec, Artefact

 

 

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19/09/2014

La vie nous paraît claire comme un ruisseau aussitôt que la grâce nous est faite d'oublier que nous avons vécu

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« Si je croyais être grand, je ne saurais plus écrire, la vie nous paraît claire comme un ruisseau aussitôt que la grâce nous est faite d'oublier que nous avons vécu. Les années passent, nous rident, nous scalpent, nous ne sommes pas, heureusement, dans celui que l'on voit, ni ailleurs, du reste, nous sommes inquiétude, c'est-à-dire espoir, un espoir dont la fin n'est visible qu'aux autres quand nous avons su à peu près bien l'exprimer. Nous "sommes" si peu que rien ne nous apparaît sans nous cacher ce que nous sommes ; un écrivain vrai n'est jamais que l'ombre de son propre regard ; et sa plus grande joie est de mériter l'amitié d'êtres qui sont, comme vous, les charmants émissaires de l'avenir. »

Joë Bousquet, Lettres à une jeune fille

 

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Le sacré

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« Le propre du sacré est qu'on ne le discute pas. Le sacré est là pour empêcher la pensée. »

Philippe Muray, Désaccord parfait

 

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Plus rien...

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« Plus rien ne marche, et plus rien n'est cru. »

Guy Debord, Cette mauvaise réputation...

 

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Si les hommes étaient tous gens de bien...

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« Si les hommes étaient tous gens de bien, mon précepte serait condamnable ; mais comme ce sont tous de tristes sires et qu'ils n'observeraient pas leurs propres promesses, tu n'as pas non plus à observer les tiennes. »

Nicolas Machiavel, Le Prince

 

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Le désordre...

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« Le désordre, Docteur, c'est un Jules César par village !... et vingt Brutus par canton ! »

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre

 

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Un corps exempt de douleur, un esprit heureux

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« Comment ne pas entendre le cri de la nature, qui ne réclame rien d'autre qu'un corps exempt de douleur, un esprit heureux, libre d'inquiétude et de crainte ? »

Lucrèce, De la nature

 

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La bonté...

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« La bonté n'a pas de démarche plus sûre que d'aller droit au fait, surtout s'il est terrible et paraît exécrable. »

André Suarès, C'est la guerre

 

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Une ancienne espérance

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« Je porte au fond de moi une ancienne espérance
Comme ces vieillards noirs, princes dans leur pays
Qui balaient le métro avec indifférence
Comme moi ils sont seuls, comme moi ils sourient. »

Michel Houellebecq, Poésies

 

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Notre patrie, c'est le lieu d'où nous sommes venus, et notre père est là-bas

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« 8. - De quelle façon pourra-t-il donc voir ? Par quel moyen ? Comment aura-t-on la vision de cette "beauté immense" qui, en quelque sorte, demeure à l'intérieur des temples sacrés sans se risquer à l'extérieur pour que nul profane ne la voie ?


   - Oui, et qu'il s'en retourne et cherche à s'associer à sa propre intimité, celui qui le peut, abandonnant la vue exté­rieure par les yeux et ne s'intéressant plus à la splen­deur précédemment envisagée dans les corps. Les voyant, en effet, ces beautés corporelles, il ne faut pas courir vers elles, mais, sachant qu'elles ne sont que des images, des traces et des ombres, il faut fuir vers ce dont elles sont les images. Car si quelqu'un se précipite vers elles en voulant les saisir parce qu'il pense qu'il s'agit de l'être véritable, il serait comme l'homme qui, ayant voulu saisir son beau reflet porté sur l'eau, comme le raconte quelque part un mythe en s'exprimant par énigmes, je pense, disparut tout au fond de l'eau. De la même manière, celui qui est épris des beaux corps et ne s'en détourne pas, ce n'est pas par son corps, mais par son âme, qu'il tombera dans l'obs­curité, vers des profondeurs funestes à l'intellect où, aveugle, il séjournera dans l'Hadès associé en permanence à des ombres. Le conseil le plus juste que l'on puisse donner est donc : "Fuyons vers notre chère patrie".

     - Quelle est cette fuite, et comment remonterons-nous ?

     - Prenons le large, comme le fit Ulysse, nous dit Homère - et il me semble alors parler par énigmes -, en quittant la magicienne Circé et Calypso parce qu'il ne se plaisait pas à demeurer chez elles, malgré tous les agréments dont sa vue jouissait et la fréquentation d'une abondante beauté sensible. Notre patrie, c'est le lieu d'où nous sommes venus, et notre père est là-bas.

     - Quel est donc ce voyage et quelle est cette fuite ?

     - Ce n'est pas à pied qu'il te faut cheminer, parce que les pieds transportent toujours d'une région de la terre à une autre. Ne va pas non plus préparer un attelage ou un quelconque navire, mais laisse tout cela et une fois que tu auras fermé les yeux, échange cette manière de voir pour une autre et réveille cette vision que tout le monde possède, mais dont peu font usage.

9.   - Mais que voit cette vision intérieure ?

      - Dès qu'elle est réveillée, elle n'est pas du tout capable de voir les objets éclatants. Il faut donc commencer par habituer l'âme elle-même à voir les "belles occupa­tions", puis les beaux travaux, non pas ceux des tech­niques, mais ceux des hommes de bien comme on les appelle. Alors, elle pourra voir l'âme de ceux qui accom­plissent ces "beaux travaux".

       - Comment donc pourras-tu voir la sorte de beauté que possède l'âme bonne ?

Retourne en toi-même et vois. Et si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le fabriquant qui doit rendre une statue belle : il enlève ceci, efface cela, polit et nettoie jusqu'à ce qu'une belle apparence se dégage de la statue ; de même pour toi, enlève le superflu, redresse ce qui est tordu et, purifiant tout ce qui est ténébreux, tra­vaille à être resplendissant. Ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la splendeur divine de la vertu et que tu voies la tempérance qui siège sur son "auguste trône". Si tu es devenu cela et que tu te vois dans une telle disposition, alors tu es devenu pur et il n'y a plus aucun obstacle qui s'opposerait à devenir ainsi un ; tu n'as plus dans ton rapport à toi-même un autre élé­ment qui se mélange à toi, mais tu seras devenu alors entièrement une unique et authentique lumière ; elle n'est pas mesurée par une grandeur ou un contour qui en limiterait l'éclat en l'amoindrissant ou, au contraire, par son illimitation, en pourrait augmenter l'ampleur : elle est absolument sans mesure, comme peut l'être ce qui est plus grand que toute mesure et supérieur à toute quantité. Si tu deviens cela, tu pourras te voir. Étant devenu une vision, aie confiance en toi car, même ici-bas, tu es dès à pré­sent parvenu à monter et tu n'as plus besoin qu'on te montre le chemin ; le regard tendu, vois! C'est lui, en effet, ce regard, le seul œil qui puisse voir la grandeur du beau. Et si cet œil arrive jusqu'à cette contemplation alors qu'il est chassieux à cause des vices, impur ou faible, n'étant pas du tout capable, à cause de sa lâcheté, de voir les splendeurs, il ne verra rien, pas même si un autre lui montre ce qui est là et qui peut être vu. Celui qui voit, en effet, doit s'être rendu apparenté et semblable à ce qui est vu, pour parvenir à la contemplation. Assurément, jamais l' œil ne verrait le soleil sans être devenu de la même nature que le soleil, et l'âme ne pourrait voir le beau, sans être devenue belle.
Qu'il soit d'abord totalement divin et totalement beau, celui qui doit contempler le dieu et la beauté. En s'élevant, en effet, il arrivera d'abord à l'Intellect où toutes les Formes seront belles et il dira alors que c'est cela le beau : les Idées. Toutes les choses sont belles grâce à elles, elles qui sont les rejetons de l'Intellect. Ce qui est au-delà du beau, nous disons que c'est le bien qui place au-devant de lui le beau. Dès lors, si l'on se tient à une formule générale, le bien est la première beauté. Mais, si l'on distingue les intelligibles, on dira que le beau intelligible est le lieu des Idées et que le bien est au-delà et qu'il est "la source et le principe" du beau. Sinon, on placera au même niveau le bien et le beau ; ce qui est sûr, c'est que le beau est là-bas. »

Plotin, Traité 1 (I, 6) "Sur le beau" 8 et 9

 

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18/09/2014

Devant la vertu, les dieux ont placé la sueur...

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« La méchanceté, il est facile d'y accéder en nombre

Le chemin qui y mène est sans obstacles,

Et elle loge tout près,

Mais devant la vertu, les dieux ont placé la sueur,

Et il s'agit d'un chemin long, plein d'embûches et escarpé. »

Hésiode, Les Travaux et les Jours

 

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L'Idéal est la seule Réalité et la seule Vérité au milieu d'un monde changeant et fugitif

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« Mais en attendant, que faire en cette fin de siècle, qui ressemble à la descente dans un gouffre, par un crépuscule menaçant, alors que son début avait paru la montée vers les libres sommets sous une brillante aurore ? - La foi, a dit un jour un grand docteur, est le courage de l'esprit qui s'élance en avant, sûr de trouver la vérité. Cette fois-là n'est pas l'ennemi de la raison, mais son flambeau ; c'est celle de Christophe colomb et de Galilée, qui veut la preuve et la contre-épreuve, provando et riprovando, et c'est la seule possible aujourd'hui.



 Pour ceux qui l'ont irrévocablement perdue, et ils sont nombreux - car l'exemple est venu de haut, la route est facile et toute tracée : - suivre le courant du jour, subir son siècle au lieu de lutter contre lui, se résigner au doute ou à la négation, se consoler de toutes les misères humaines et des prochains cataclysmes par un sourire de dédain, et recouvrir le profond néant des choses - auquel on croit - d'un voile brillant qu'on décore du beau nom d'idéal - tout en pensant que ce n'est que chimère utile.

Quant à nous pauvres enfants perdus, qui croyons que l'Idéal est la seule Réalité et la seule Vérité au milieu d'un monde changeant et fugitif, qui croyons à la sanction et à l'accomplissement des ses promesses, dans l'histoire de l'humanité comme dans la vie future, qui savons que cette sanction est nécessaire, qu'elle est la récompense de la fraternité humaine, comme la raison de l'univers et la logique de Dieu ; - pour nous, qui avons cette conviction, il n'y a qu'un seul parti à prendre : affirmons cette Vérité sans crainte et le plus haut possible ; jetons-nous pour elle et avec elle dans l'arène de l'action, et par-dessus cette mêlée confuse, essayons de pénétrer par la méditation et l'initiation individuelle dans le Temple des Idées immuables, pour nous armer là des principes infrangibles.»

Edouard Schuré, Les Grands Initiés

 

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La haine qui brûle

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« Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les cœurs abjects. »

Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre

 

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Ceux qui sont atteints de la "maladie de la contrainte"

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« Le bouddhisme prend position contre toute forme d'ascèse douloureuse. Ayant considéré les "modes multiples de fervente et douloureuse ascèse du corps", il soutient même que celui qui les applique "avec la dissolution du corps, s'en va, après la mort, le long de mauvais chemins, avec sa perdition et son malheur", en sorte que cette voie ascétique est "un mode de vivre qui comporte un mal présent et un mal futur". Les formes d'une "tourmenteuse pénitence", selon la doctrine du Bouddha, sont inutiles, non seulement pour arriver à "l'extinction", mais aussi à l'égard de celui qui aspire à atteindre une forme quelconque d'existence "céleste". Sont ensuite décrits, avec un grand caractère pittoresque, divers types de pénitents et de religieux que l'on rencontre souvent dans l'ascétisme et le monachisme occidental : "amaigris, desséchés, abrutis, livides, émaciés, semblant ne pas même mériter le regard de quelqu'un". Voilà ceux qui sont atteints de la "maladie de la contrainte", vu que la vie qu'ils mènent, ils la vivent au fond contre leur volonté, à la suite d'une fausse vocation, sans la base d'une conscience supérieure. Ce ne sont pas les jeûnes, ni les mortifications, ni les sacrifices, ni les prières ou les oblations qui purifient un mortel, lequel n'a point surmonté le doute et n'a pas vaincu le désir. Ceux qui entendent se détacher du monde doivent éviter deux extrêmes : "le plaisir du désir, bas, vulgaire, indigne de la nature ariya, ruineux ; la mortification de soi-même, douloureuse, indigne de la nature ariya, ruineuse. En évitant ces deux extrêmes, l'Accompli a découvert la Voie moyenne, qui fait les voyants, qui fait les savants, qui conduit au calme, à la connaissance, surnaturelle, à l'illumination, à l'extinction". En distinguant, parmi les divers cas possibles, ce qui est louable, de ce qui est blâmable, même dans le cas où l'on est parvenu à la sainte connaissance, le fait d'y être parvenu à travers le tourment, de soi-même est déclaré blâmable. »

Julius Evola, La doctrine de l'éveil : essai sur l'ascèse bouddhique

 

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17/09/2014

Dans les années cinquante, on pouvait comparer le niveau de développement du Congo belge avec celui des régions les plus pauvres de l’Italie méridionale

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« En Afrique, la production alimentaire a diminué d’environ 20 % depuis la décolonisation. Avant 1960, l’Afrique exportait de l’huile de palme ; aujourd’hui, elle en importe. Avant 1960, l’Afrique détenait 73 % du commerce mondial des oléagineux ; en 1985, sa part est tombée à 27 %. La production bananière elle-même a été touchée puisque l’Afrique est aujourd’hui quasiment éliminée du marché mondial. Dans chacun de ces exemples, le tournant paraît s’amorcer à partir de 1962-1964. En 1984, l’aide alimentaire fournie à l’Afrique a totalisé 3,6 millions de tonnes de céréales ! L’Afrique est la seule partie du monde où la production alimentaire croît plus lentement que la population. Quoi d’étonnant, dans ces conditions, à ce qu’en 1986, sur les trente-six pays les plus pauvres du monde, vingt-neuf aient été africains ? Dans les années cinquante, on pouvait comparer le niveau de développement du Congo belge (aujourd’hui Zaïre) avec celui des régions les plus pauvres de l’Italie méridionale, et celui du Sénégal avec celui de la Corée du Sud. Actuellement, de telles comparaisons n’ont plus de sens. L’Asie a laissé l’Afrique loin derrière elle, et l’Amérique latine elle-même, en dépit de ses énormes problèmes, est plus développée que le continent noir. »

Bernard Lugan, Afrique, l’histoire à l’endroit

 

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La force commune instituée

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« Quant à nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité. »

Frédéric Bastiat, La Loi

 

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C’est la fatigue qui est ma nage dans les nénuphars

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« Ce sont les vertiges qui sont mes rivières vives. C’est la fatigue qui est ma nage dans les nénuphars. La vigie qui apparait si haut, c’est mon mal, et le navire que je vois ne saignerait point par ses écubiers, si je ne perdais mes forces moi-même. »

Henri Michaux, La vie dans les plis

 

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La Force contre le Droit...

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« Et, sincèrement, peut-on demander autre chose à la Loi ? La Loi, ayant pour sanction nécessaire la Force, peut-elle être raisonnablement employée à autre chose qu’à maintenir chacun dans son Droit ? Je défie qu’on la fasse sortir de ce cercle, sans la tourner, et, par conséquent, sans tourner la Force contre le Droit. La loi c’est la Justice organisée. »

Frédéric Bastiat, La Loi

 

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La lit­téra­ture est un cer­cle fermé, un cer­cle malade

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« La sex­u­al­ité forme la total­ité du monde fan­tas­tique épico-lyrique des Ital­iens. Un écrivain orig­i­nal est un écrivain qui parvient à trou­ver une nou­velle solu­tion à un prob­lème psy­chologique dont les ter­mes ne changent jamais : l’amour, la pas­sion, l’adultère. La gamme des tonal­ités peut s’écraser dans la plus plate des pornogra­phies ou bien attein­dre le plus mièvre des clairs de lune sen­ti­men­taux. Voici les héros : le jeune gen­til­homme déca­dent, élégam­ment vicieux, la cocotte spir­ituelle, la jeune fille qui se débat entre les mœurs tra­di­tion­nelles et l’émancipation, l’épouse qui n’éprouve pas de sat­is­fac­tions suff­isantes dans le rap­port con­ju­gal et ainsi de suite. Si les Ital­iens ne veu­lent pas ennuyer leurs lecteurs, ils doivent racon­ter des his­toires de femmes, de cheva­liers et d’amours (les armes sont inter­dites et réservés aux envoyés spéciaux).

La lit­téra­ture est un cer­cle fermé, un cer­cle malade.

A lire ces livres, on a l’impression que l’Italie est un immense sérail plein de gorilles en chaleur qui font les sen­ti­men­taux, parce que le sen­ti­men­tal­isme est la voie la plus sûre pour attein­dre le but con­voité. Il sem­ble qu’à l’exception de l’activité amoureuse il n’y ait aucune autre activ­ité dans la vie, ou du moins que pour l’Arcadie artis­tique qui a fixé un mod­èle extérieur de per­fec­tion, toutes les autres activ­ités soient inférieures. Il sem­ble que la vie mod­erne dans son ensem­ble, tra­ver­sée par la fièvre du tra­vail, riche des drames spir­ituels provo­qués par la lutte des classes, par le choc des intérêts antag­o­nistes, ne puisse devenir un con­tenu artis­tique à l’exception de quelques rares cas, offerts par les pirates des porte­feuilles, mais surtout par les pirates des alcôves. Il y a un déséquili­bre dans l’activité lit­téraire qui est le résultat de la vie super­fi­cielle de la réal­ité et qui reverse sur elle une quan­tité de marchan­dise frap­pée de super­fi­cial­ité, de légèreté, de vide rhé­torique. »

Anto­nio Gram­sci, Pourquoi je hais l’indifférence

 

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