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30/01/2015

Tous les Français sont monarchistes

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« La sensibilité française, en 1789, était déjà formée depuis longtemps, et cent cinquante ans d’apparente réaction contre le passé ne suffisent pas à modifier profondément nos réactions morales, notre conception particulière du devoir, de l’amour, de l’honneur. De sorte que le rythme profond de notre vie intérieure n’est en rien différent de celui d’un contemporain de Louis XVI. En ce sens on peut dire que tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir. Moi, je le sais. »

Georges Bernanos, Nous autres Français

 

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Chacun parlait ici selon l'éducation qu'il avait reçue

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« Je prends plaisir à rappeler ici une anecdote concernant l'un des favoris de Xerxès, grand roi de Perse, et deux Spartiates. Lorsque Xerxès faisait ses préparatifs de guerre pour conquérir la Grèce entière, il envoya ses ambassadeurs dans plusieurs villes de ce pays pour demander de l'eau et de la terre - c'était la manière qu'avaient les Perses de sommer les villes de se rendre. Il se garda bien d'en envoyer à Sparte ni à Athènes parce que les Spartiates et les Athéniens, auxquels son père Darius en avait envoyés auparavant, les avaient jetés, les uns dans les fossés, les autres dans les puits en leur disant : "Allez-y, prenez là de l'eau et de la terre, et portez-les à votre prince." Ces gens ne pouvaient souffrir que, même par la moindre parole, on attentât à leur liberté. Les Spartiates reconnurent qu'en agissant de la sorte, ils avaient offensé les dieux, et surtout Talthybie, le dieu des héraults. Ils résolurent donc, pour les apaiser d'envoyer à Xerxès deux de leurs concitoyens afin que, disposant d'eux à son gré, il pût se venger sur eux du meurtre des ambassadeurs de son père.

Deux Spartiates, l'un nommé Sperthiès et l'autre Bulis, s'offrirent comme victimes volontaires. Ils partirent. Arrivés au palais d'un Perse nommé Hydarnes, lieutenant du roi pour toutes les villes d'Asie qui étaient sur les côtes de la mer, celui-ci les accueillit fort honorablement, leur fit grande chère et, de fil en aiguille, leur demanda pourquoi ils rejetaient si fort l'amitié du roi. "Spartiates, dit-il, voyez par mon exemple comment le Roi sait honorer ceux qui le méritent. Croyez que si vous étiez à son service et qu'il vous eût connus, vous seriez tous les deux gouverneurs de quelque ville grecque." Les Lacédémoniens répondirent : "En ceci, Hydarnes, tu ne pourrais nous donner un bon conseil ; car si tu as essayé le bonheur que tu nous promets, tu ignores entièrement celui dont NOUS jouissons. Tu as éprouvé la faveur du roi, mais tu ne sais pas quel goût délicieux a la liberté. Or si tu en avais seulement goûté, tu nous conseillerais de la défendre, non seulement avec la lance et le bouclier, mais avec les dents et avec les ongles".

Seuls les Spartiates disaient vrai, mais chacun parlait ici selon l'éducation qu'il avait reçue. Car il était aussi impossible au Persan de regretter la liberté dont il n'avait jamais joui qu'aux Lacédémoniens, qui l'avaient savourée, d'endurer l'esclavage. »

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire

 

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Le monde nous quitte bien avant qu’on s’en aille pour de bon

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« Au fond, j’étais devenu de plus en plus comme Baryton, je m’en foutais. Tout ça qu’il me racontait Robinson de son aventure à Toulouse n’était plus pour moi du danger bien vivant, j’avais beau essayer de m’exciter sur son cas, ça sentait le renfermé son cas. On a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu’on s’en aille pour de bon.
Les choses auxquelles on tenait le plus, vous vous décidez un beau jour à en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s’y mettre. On en a bien marre de s’écouter causer... On abrège... On renonce... Ça dure depuis trente ans qu’on cause... On ne tient plus à avoir raison. L’envie vous lâche de garder même une petite place qu’on s’était réservée parmi les plaisirs… On se dégoûte… Il suffit désormais de bouffer un peu, de se faire un peu de chaleur et de dormir le plus qu’on peut sur le chemin de rien du tout. Il faudrait pour reprendre de l’intérêt trouver de nouvelle grimaces à exécuter devant les autres… Mais on n’a plus la force de changer son répertoire. On bredouille. On se cherche bien encore des trucs et des excuses pour rester là avec eux les copains, mais la mort est là aussi elle, puante, à côté de vous, tout le temps à présent et moins mystérieuse qu’une belote. Vous demeurent seulement précieux les menus chagrins, celui de n’avoir pas trouvé le temps pendant qu’il vivait encore d’aller voir le vieil oncle à Bois-Colombes, dont la petite chanson s’est éteinte à jamais un soir de février. C’est tout ce qu’on a conservé de la vie, ce petit regret bien bien atroce, le reste on l’a plus ou moins bien vomi au cours de la route, avec bien des efforts et de la peine. On n’est plus qu’un vieux réverbère à souvenirs au coin d’une rue où il ne passe déjà presque plus personne. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

 

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Ils organisent méthodiquement l’Enfer, où nous nous consumons

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« Nos maîtres furent de tout temps nos ennemis et maintenant plus que jamais, plus que jamais nos maîtres sont faillibles, car si nous sommes innombrables, c’est leur faute, voilà des siècles et des millénaires qu’ils veulent que les subalternes multiplient, afin de les embesogner et de les mener à la mort.

Aujourd’hui même que le monde éclate et que la terre manque aux hommes, leur rêve est de construire des maisons ayant cinquante étages et d’industrialiser l’oecumène, sous le prétexte de fournir aux besoins de ces milliards qui naissent, car il leur faut toujours plus de vivants, toujours, malgré ce qu’ils affirment. Ils organisent méthodiquement l’Enfer, où nous nous consumons, et pour nous empêcher de réfléchir, ils nous proposent des spectacles imbéciles, où notre sensibilité se barbarise et notre entendement achèvera par se dissoudre, ils iront consacrer ces jeux en présidant à leur manie avec toute la pompe convenable.

Nous revenons au cirque de Byzance et nous en oublions nos vrais problèmes, mais sans que ces problèmes nous oublient, nous les retrouverons demain et nous savons déjà que lorsqu’ils seront insolubles, nous irons à la guerre. »

Albert Caraco, Bréviaire du chaos

 

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Tant d’hommes et femmes qui se ratent

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« Il y a tant d’hommes et femmes qui se ratent ! Qu’est-ce qu’ils deviennent ? De quoi vivent-ils ? C’est terriblement injuste. Il me semble que si je ne t’avais pas connu, j’aurais passé ma vie à te haïr. »

Romain Gary, Clair de femme

 

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Un terrible dépaysement

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« Au fond, ce qui me donne le plus de mal dans le Tour de France, ce n’est pas le papier à faire, c’est le papier à fleurs, celui de nos chambres d’hôtel, sur les murs contre lesquels nous poussons nos tables pour écrire et qui change constamment, nous plongeant au préalable dans un terrible dépaysement. »

« Assis sur le bord du trottoir, perdus dans leurs méditations individuelles, avec une gravité lointaine qui rejoint la mastication du casse-croûte, les hippies font chanvre à part. »

« J’espère avoir écrit un livre assez mauvais pour qu’on n’en dise pas du mal. »

Antoine Blondin, Un malin plaisir

 

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29/01/2015

Le fou

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« C’est le fou en nous qui nous oblige à l’aventure ; qu’il nous abandonne, et nous sommes perdus : tout dépend de lui, même notre vie végétative ; c’est lui qui nous invite à respirer, qui nous y contraint, et c’est encore lui qui force notre sang à se promener dans nos veines. Qu’il se retire, et nous voilà seuls ! On ne peut être normal et vivant à la fois. »

Emil Cioran, La tentation d’exister

 

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Qui héritera de mon or ?

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« Aristocrates et paysans acceptaient que leurs fils allassent à la mort. Le bourgeois, lui, "planque" ses enfants car le courage ou l’obéissance héroïque ne sont pas son lot. Pour l’aristocrate : "Si mon fils est un lâche, mon nom est souillé". Et pour le paysan : "Si je ne défends pas ma terre, l’ennemi l’annexera". Pour le bourgeois : "Si mon fils est tué, qui héritera de mon or et qui prendra la succession de mon commerce ?" »

Jean Cau, Les écuries de l’Occident

 

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Frelatés et dérisoires

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« Puisque, par le temps qui court, il n’existe plus de substance saine, puisque le vin qu’on boit et que la liberté qu’on proclame, sont frelatés et dérisoires, puisqu’il faut enfin une singulière dose de bonne volonté pour croire que les classes dirigeantes sont respectables et que les classes domestiquées sont dignes d’être soulagées ou plaintes, il ne me semble, conclut des Esseintes, ni plus ridicule ni plus fou, de demander à mon prochain une somme d’illusion à peine équivalente à celle qu’il dépense dans des buts imbéciles chaque jour. »

Joris-Karl Huysmans, À rebours

 

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L’humiliation

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« La honte n’a pas pour fondement une faute que nous aurions commise, mais l’humiliation que nous éprouvons à être ce que nous sommes sans l’avoir choisi, et la sensation insupportable que cette humiliation est visible de partout. »

Milan Kundera, L’immortalité

 

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Peuple

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« Quand chaque fraction du peuple peut se poser comme peuple, aucune d’entre elles ne dispose du vrai. »

Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La raison dans l’histoire

 

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Mettez-vous en grève...

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Ayn Rand

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28/01/2015

Trop las

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« Quand on se connaît bien, si on ne se méprise pas tota­lement, c’est parce qu’on est trop las pour se livrer à des sentiments extrêmes. »

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né

 

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Un superflu travail de vérification

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« Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d’un long, d’un superflu travail de vérifi­cation. »

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né

 

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J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle

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« Comment les faisceaux musculaires, habituellement si lourds, si obscurs, si immuablement statiques, connaissaient-ils l'instant où l'action s'anime d'une passion chauffée à blanc ? J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle, quelle qu'en fût l'espèce. Je ne pouvais plus croire que ce fut purement en raison d'une mienne vertu intellectuelle que le cuivre de la surexcitation reçut la doublure argentée de la connaissance. C'est cela qui faisait de la passion ce qu'elle était. Car je commençais à croire que c'étaient les muscles – puissants, statiquement si bien ordonnés et silencieux – qui étaient la vraie source de clarté de ma conscience. La douleur musculaire ressentie à l'occasion d'un coup qui passait à côté du bouclier suscitait aussitôt une conscience encore plus résolue qui supprimait la douleur, sentir que l'haleine allait manquer engendrait une fureur qui la dominait. Ainsi, de temps à autre, j'apercevais un autre soleil tout différent de celui qui, si longtemps, m'avait dispensé ses bénédictions, un soleil rempli des flammes sombres et cruelles de la conscience sensible, soleil de mort qui jamais ne brûlerait la peau, bien qu'il rougeoyât de rayons plus étranges encore.
Ce deuxième soleil était dans son essence bien plus dangereux pour l'intellect que n'avait jamais été le premier. Plus que toute autre chose, c'était ce danger où je trouvais mon enchantement. »

Yukio Mishima, Le Soleil et l'Acier

 

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27/01/2015

Il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être

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« Problème des "faux biens". – Il n’y a pas, comme nous l’enseigne un christianisme superficiel, des vrais biens qui appartiennent au ciel, et des faux biens qui appartiennent à la terre : il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être. Mais il y a un usage faux dans l’usage de ces vrais biens. Et ce faux usage des vrais dons de Dieu, dicté par l’égoïsme, l’impatience ou l’orgueil, n’est pas limité aux biens temporels : il affecte au moins autant les biens éternels. Y a t’il beaucoup moins de dévots frelatés que d’amants égoïstes ? Et quel est le plus vain et le plus menteur des hommes, de celui qui prostitue la chair dans ses baisers ou de celui qui prostitue Dieu dans ses prières ? Où sont les censeurs des joies d’ici-bas qui ne méritent pas de s’entendre dire : avant de nous reprocher le faux usage de ce qui passe, montrez nous par votre exemple l’usage vrai de ce qui demeure. Vous condamnez notre idolâtrie de la vie. Mais quelle idole plus creuse et plus sournoise n’adorez-vous pas sous le nom d’esprit !  »

Gustave Thibon, L’échelle de Jacob

 

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Les gens qui lisent et les autres

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« Il y a les gens qui lisent, et il y a les autres. On s'aperçoit rapidement si quelqu'un est un lecteur ou non. Il n'est pas de plus grande différence entre les gens que celle-là. »

Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne

 

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Une série de caractères nouveaux

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« L'ensemble des caractères communs imposés par le milieu et l'hérédité à tous les individus d'un peuple constitue l'âme de ce peuple. Ces caractères étant d'origine ancestrale, sont très stables. Mais lorsque, sous des influences diverses, un certain nombre d'hommes se trouvent momentanément rassemblés, l'observation démontre qu'à leurs caractères ancestraux s'ajoutent une série de caractères nouveaux fort différents parfois de ceux de la race.



Leur ensemble constitue une âme collective puissante mais momentanée. Leurs foules ont toujours joué dans l'histoire un rôle important, jamais cependant aussi considérable qu'aujourd'hui. L'action inconsciente des foules, substituée a l'activité consciente des individus, représente une des caractéristiques de l’âge actuel. »

Gustave Le Bon, Psychologie des foules

 

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26/01/2015

Il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur

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« Quand on parcourut l’intérieur de l’Amérique septentrionale, on trouva dans l’état de nature, parmi les diverses nations sauvages, les différentes formes de gouvernement connues des peuples civilisés. L’Iroquois appartenait à une race qui semblait destinée à conquérir les races indiennes, si des étrangers n’étaient venus épuiser ses veines et arrêter son génie. Cet homme intrépide ne fut point étonné des armes à feu, lorsque pour la première fois on en usa contre lui ; il tint ferme au sifflement des balles et au bruit du canon, comme s’il les eût entendus toute sa vie ; il n’eut pas l’air d’y faire plus d’attention qu’à un orage. Aussitôt qu’il se put procurer un mousquet, il s’en servit mieux qu’un Européen. Il n’abandonna pas pour cela le casse-tête, le couteau de scalp, l’arc et la flèche ; mais il y ajouta la carabine, le pistolet, le poignard et la hache : il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur. Doublement paré des instruments meurtriers de l’Europe et de l’Amérique, la tête ornée de panaches, les oreilles découpées, le visage bariolé de diverses couleurs, les bras tatoués et teints de sang, ce champion du Nouveau-Monde devint aussi redoutable à voir qu’à combattre, sur le rivage qu’il défendit pied à pied contre les envahisseurs. »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

 

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Les prêtres et les dévots subalternes

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« L'Histoire nous enseigne que les vrais spirituels furent l'objet de persécutions fomentées souvent par les prêtres ou par les dévots subalternes : on voulait qu'ils se conformassent à la sottise générale, qu'ils rétractassent leurs vertus et qu'ils désavouassent leurs idées, on ne leur pardonnait leur richesse invisible ni leur félicité qu'on jugeait offensantes, leur personne était un reproche, leur état un défi, leur solitude une menace et si je ne craignais d'outrer ce que j'asserte, leur innocence était un crime. »

Albert Caraco, Écrits sur la religion

 

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Pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet

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« On a toujours raison de juger ce qu'on connaît ; et l'on y est bon juge. Mais pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet ; et pour bien juger d'une manière générale, il faut être instruit sur l'ensemble des choses. Voilà pourquoi la jeunesse est peu propre à faire une sérieuse étude de la politique ; elle n'a pas l'expérience des choses de la vie, et c'est précisément de ces choses que la politique s'occupe et qu'elle tire des théories. Il faut ajouter que la jeunesse qui n'écoute que ses passions, entendrait de telles leçons bien vainement et sans aucun profit, puisque le but que poursuit la science politique n'est pas de la simple connaissance des choses, et que ce but est pratique avant tout.
Quand je dis jeunesse, je veux dire tout aussi bien la jeunesse de l'esprit que la jeunesse de l'âge ; il n'y a point sous ce rapport de différence ; car le défaut que je signale ne tient pas au temps qu'on a vécu ; il tient uniquement à ce qu'on vit sous l'empire de la passion, et à ce qu'on ne se laisse jamais guider que par elle dans la poursuite de ses désirs. Pour les esprits de ce genre, la connaissance des choses est tout à fait inféconde, absolument comme elle l'est pour les gens qui perdent la maîtrise d'eux-mêmes. Au contraire, ceux qui règlent leurs désirs et leurs actes par la seule raison peuvent profiter beaucoup à l'étude de la politique. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, I-I, 18

 

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Ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante

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« Mais l’homme ne voulait pas se taire. Le prêtre se rappela une source de pétrole que des prospecteurs avaient découverte un jour près de Concepción : le terrain n’était pas assez riche pour justifier de plus grands travaux, mais pendant quarante-huit heures, un jet noir, perçant le sol stérile et marécageux, avait jailli vers le ciel, pour l’écouler ensuite et s’infiltrer dans la terre, à raison de deux cent mille litres par heure. Tel est chez l’homme le sentiment religieux, qui s’élance brusquement vers le ciel, en une colonne noire de fumée et de scories, puis se perd à jamais.
"Voulez-vous que je vous dise ce que j’ai fait ? C’est votre métier de m’écouter. J’ai pris de l’argent aux femmes, en échange de... vous savez quoi, et j’ai donné cet argent à de jeunes garçons...
-Je ne veux rien entendre.
-C’est votre métier.
-Vous vous trompez.
-Oh ! Mais non. Vous n’arriverez pas à me donner le change. Ecoutez. J’ai entretenu de petits jeunes gens... vous savez ce que je veux dire. Et j’ai mangé de la viande le vendredi."
Un horrible mélange du trivial et du grotesque coulait entre les crocs jaunes, et la main qui serrait la cheville du prêtre ne cessait de trembler de fièvre.
"J’ai menti. Je n’ai pas jeûné pendant le carême depuis je ne sais combien d’années. Il m’est arrivé de posséder deux femmes à la fois... Je vais vous raconter comment j’ai fait..."
Il avait un sentiment démesuré de sa propre importance : il était incapable d’imaginer ce monde dont il n’était qu’un détail banal, ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante. Combien de fois le prêtre avait-il entendu cette même confession ? Les hommes sont si limités : ils n’ont même pas l’habileté d’inventer un vice nouveau : les animaux en savent autant qu’eux. Et c’est pour ce monde que le Christ est mort ; plus l’on voit de corruption autour de soi, plus la gloire qui entoure sa mort resplendit. C’est trop facile de mourir pour ce qui est bon ou beau, son foyer, ses enfants ou la civilisation... il fallait un Dieu pour mourir afin de sauver des hommes lâches et corrompus. »

Graham Greene, La Puissance et la Gloire

 

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25/01/2015

Ma vraie famille, c’était les écrivains

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« "On dirait que tu t’ennuie, que tu es ailleurs."
Elle ne croyait pas si bien dire. Comme ce monde si proche me paraissait lointain. Mes amis, étrangers. Ma vraie famille, c’était les écrivains que j’aimais, dont la pensée m’aidait à m’évader du trébuchet familial. Ailleurs, oui : je creusais sous la surface de cette vie morne et conventionnelle ; je forais un puits pour atteindre je ne sais quelle vérité souterraine aussi claire, vivifiante et ombreuse que la nappe phréatique. Ou alors je regardais vers le ciel fuir les nuages, les merveilleux nuages. Je sais. Nous avons tous enfoui dans notre cœur un rêve inassouvi, un amour de jeunesse dont la pensée lancinante ne nous laisse pas en repos, un métier dans lequel on rêvait de s’accomplir. Mais s’agissant de moi, l’affaire est plus grave. J’ai été dépossédé de ma vraie vie. »

Jean-Marie Rouart, La guerre amoureuse

 

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Rien n’est blanc ou noir

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« Il m’a expliqué en souriant que rien n’est blanc ou noir et que le blanc, c’est souvent le noir qui se cache et le noir, c’est parfois le blanc qui s’est fait avoir. »

Romain Gary, La vie devant soi

 

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Avec une femme intelligente

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« Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l’on veut. »

Paul Valéry, Mauvaises pensée et autres

 

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