Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/11/2014

On se sent tellement en avance sur l'immense majorité des mammifères !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« L'état de singe intellectuel a ceci de particulier qu'on s'y connaît de mieux en mieux comme singe. Cet état n'est pas si méprisable. On se sent tellement en avance sur l'immense majorité des mammifères ! Tellement grandi par la sincérité ! »

« La pensée de la violence, quand elle s'ajoute à l'image de la beauté, est celle qui peut le plus bouleverser un adolescent. »

Raymond Abellio, Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/11/2014

Pour l’anarchie ou pour l’aristocratie

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Nous autres, ne pouvons avoir le choix qu’entre deux attitudes, nous déclarer pour l’anarchie ou pour l’aristocratie. Elles abhorrent l’une et l’autre la fiente égalitaire. Je professerais volontiers que le régime le plus propice à l’épanouissent de notre espèce à nous et à l’accomplissement de son oeuvre, seuls buts qui nous importent, serait celui d’un despotisme vigoureux et éclairé. Je suis d’ailleurs convaincu qu’il est purement utopique de l’espérer d’ici longtemps, et ce n’est pas mon affaire d’y travailler. Régis, lui, arrive à être catholique et démocrate. Car ses penchants pour l’Action Française ne me leurrent point. J’ai aperçu les individus de sa secte : la démocratie est leur raison d’être, ils y collent comme la sangsue, ils en promènent sur eux les relents nauséabonds. Il suffit d’ailleurs de dire catholique pour dire : démocratie. Qui a trempé dans la fange du fraternitarisme évangélique et n’a pas éprouvé le besoin de s’en laver à grands seaux dès l’âge de raison, celui-là se fait citoyen de l’universelle démocrasouille : entendons par là, le gigantesque parti des intestins, des boy-scouts, de Lourdes, de Wilson-les-couilles-gelées, des séminaristes à bérets, des quakeresses du Kansas. La démocratie, c’est la barbarie, au sens romain du mot. »

Lucien Rebatet, Les Deux Étendards

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Où donc est leur Dieu ?

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Repoussez donc sans crainte ces nations qui ne respirent que la guerre, taillez en pièces ceux qui jettent la terreur parmi nous, massacrez loin des murs de la cité du Seigneur, tous ces hommes qui commettent l’iniquité et qui brûlent du désir de s’emparer des inestimables trésors du peuple chrétien qui reposent dans les murs de Jérusalem, de profaner nos saints mystères et de se rendre maîtres du sanctuaire de Dieu. Que la doublé épée des chrétiens soit tirée sur la tête de nos ennemis, pour détruire tout ce qui s’élève contre la science de Dieu, c’est-à-dire contre la foi des chrétiens, afin que les infidèles ne puissent dire un jour : Où donc est leur Dieu ? »

Bernard de Clairvaux, Éloge de la nouvelle chevalerie

 

14:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Des raffinés...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le monde est plein de gens qui se disent des raffinés et puis qui ne sont pas, je l’affirme, raffinés pour un sou. Moi, votre serviteur, je crois bien que moi, je suis raffiné ! Authentiquement raffiné. Jusqu’à ces derniers temps j’avais peine à l’admettre... Je résistais... Et puis un jour je me rendis... Tant pis !... Je suis tout de même un peu gêné par mon raffinement… Que va-t-on dire ? Prétendre ?... Insinuer ?...
Un raffiné valable, raffiné de droit, de coutume, officiel, d’habitude doit écrire au moins comme M. Gide, M. Vanderem, M. Benda, M. Duhamel, Mme Colette, Mme Fémina, Mme Valéry, les "Théâtres Français"... pâmer sur la nuance... Mallarmé, Bergson, Alain… troufignoliser l’adjectif... goncourtiser... merde ! enculagailler la moumouche, frénétiser l’Insignifiance, babiller ténu dans la pompe, plastroniser, cocoriquer dans les micros... Révéler mes "disques favoris"... mes projets de conférences...
Je pourrais, je pourrais bien devenir aussi moi, un styliste véritable, un académique "pertinent". C’est une affaire de travail, une application de mois... peut-être d’années...
On arrive à tout... comme dit le proverbe espagnol : "Beaucoup de vaseline, encore plus de patience, Éléphant encugule fourmi." »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre

 

12:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les inconvénients de la chair

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Aussi longtemps que nous vivons ici-bas, nous sommes liés au genre humain par l'identité de notre corps ; c'est par l'esprit que nous nous en différencions. C'est pourquoi nous partageons avec tous les hommes les inconvénients de la chair, jusqu'à ce que "cet être corporel revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité" (1 Co 15,53). Lorsqu'une cité est envahie par l'ennemi, sa captivité touche tous ses habitants sans aucune distinction. Et quand le ciel serein élimine tout espoir de pluie, la sécheresse nous menace tous indifféremment. Quand enfin les rochers enserrent un navire de toutes parts, le naufrage devient le lot commun à tous les passagers, sans exception. Ainsi en est-il de toute douleur, qu'elle affecte nos yeux, nos membres, ou notre corps en général : elle est notre lot à tous, aussi longtemps que nous partageons la même chair en ce monde ! »

Cyprien de Carthage, Sur la mort,8

 

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Cette humanité ostentatoire et programmatique du littérateur

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« L’amour ! L’humanité ! Je les connais, cet amour rhétorique, cet humanitarisme doctrinaire, que l’on exprime les dents serrées, pour marquer du dégoût à l’égard de son propre peuple. Je le connais, le cri des littérateurs d’aujourd’hui. Je connais aussi les œuvres d’art où il s’exhale, des œuvres où l’ "humanité" est une exigence intellectuelle, une doctrine littéraire, quelque chose de conscient, de voulu, de didactique et où, en même temps, elle fait défaut, et qui vivotent uniquement de ce que public et critique confondent l’ "humanité" avec une exigence rhétorique et politique de l’humanité. Cette humanité ostentatoire et programmatique du littérateur, qui se sert d’elle pour attaquer et humilier, qui est fier d’elle comme un paon et qui semble perpétuellement crier : "Voyez comme je suis humain, et vous, qu’êtes-vous, sinon d’infâmes esthètes !" - oh ! grand merci pour ce genre d’ "humanité" publicitaire !
Oui, la guerre est atroce ! Mais si, pendant cette guerre, le littérateur politique bombe le torse et déclare que dans sa poitrine passe le souffle d’amour du grand Tout, c’est l’abomination des abominations, – un spectacle intolérable. "En vérité, dit la démence servile, c’est non seulement un grand artiste, mais avant tout un homme admirable..."
N’a-t-il pas honte ? Car il n’est pas admirable et il le sait. Un acharnement mesquin joint à la sentimentalité, un endurcissement doctrinaire, une présomption, une intolérance froide et rigide, l’emphase pharisienne, prête à l’immolation des autres, du "tant pis si vous périssez, moi je demeure dans la lumière", tout cela ne fait pas une humanité admirable. [...]
Tourgueniev a dit une fois du rousseauiste Léon Tolstoï que son suprême et plus terrible secret, c’était de ne pouvoir aimer personne hormis lui-même. C’est le secret de tous ceux qui suivent Rousseau, qui toujours, d’une manière ou d’une autre, fourrent leurs rejetons à l’hospice des enfants trouvés et écrivent des romans éducatifs. [...] L’action publique de quelqu’un qui s’entend très bien à dire "j’aime Dieu" peut être importante ; mais si cependant il hait son frère, alors, selon l’Evangile de Saint-Jean, son amour pour Dieu n’est rien que belle littérature, et une fumée de sacrifice qui ne s’élève point. »

Thomas Mann, Considérations d’un apolitique

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

23/11/2014

Ce n’est pas contradictoire avec la modernité

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Je défends comme vous cet Occident scientifique, ce nouvel empire romain. Mon affaire n’est pas la politique. Je ne me bats pas précisément pour une forme de société. Quoique j’aie une préférence pour la libérale, mais c’est secondaire. Je me bats pour cette civilisation. Je crois qu’elle sera gagnante sur les deux tableaux : le pouvoir et l’esprit… Je m’intéresse à la vie spirituelle. Les gens ne comprennent pas qu’on puisse être spiritualiste et croire en ce monde. La vieille dualité chrétienne les égare… Mais qu’est-ce que la vie spirituelle ? L’ensemble des conduites héroïques et poétiques de l’âme… Ce n’est pas contradictoire avec la modernité. Je peux très bien chercher l’ “état d’éveil”, comme disent les mystiques, et diriger une usine. Je peux être Socrate dans le métro, Héraclite au mont Palomar, ou Marc-Aurèle en fusée… Nous sommes dans la première grande civilisation surhumaniste. Nous reprenons et nous portons plus haut les volontés de Prométhée, de Dédale, de Faust… Comment vous dire ?… Eh bien, mon cher Joseph, je me sens de moins en moins chrétien. Je crois même que je deviens antichrétien. »

Louis Pauwels, Blumroch l’admirable

 

23:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/11/2014

Aimer le paysage c’est comme aimer la langue...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Mardi 30 juillet 2013, midi

Heureusement il nous reste la lumière — la lumière et l’amour (mais certaines philosophies soutiennent que c’est la même chose, je crois).

La vieille consolation lamartinienne par le truchement de la nature ("Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime"), celle de toute la poésie lyrique au moins jusqu’au siècle dernier, n’est plus si agissante, loin de là. La nature n’est plus là, ou bien rarement, et dans quel état ! Elle est partout humiliée, blessée, salie, souillée, aménagée, viabilisée, rentabilisée, touristisée, tôllifiée, parpaingnifiée, industrialisée, banlieucalisée, artificialisée, peaudechagrinée, traquée. Il n’y a que les gens qui ne l’aiment pas vraiment pour ne pas voir ses atroces souffrances et pour jouir sereinement de son agonie. Il n’y a que les gens qui n’aiment pas le paysage (et ils sont l’immense majorité des vivants, il suffit de les voir ne pas le voir, et de voir comment ils le traitent) pour croire que le paysage nous offre la ressource qu’il a toujours offerte — le toujours très historique du sentiment lyrique, au moins. Aimer le paysage c’est comme aimer la langue, ou comme aimer la France : une blessure de tous les instants. Oh, certes, il nous reste des lambeaux, de magnifiques vestiges, des poèmes, des terrasses, des livres, des vergers, des fenêtres, des îles, des inscriptions sur des pierres, le coin d’un champ et même quelques morceaux de montagne réchappés par miracle à la sale industrie des sports d’hiver ; mais pratiquement plus de bords de mer, presque jamais de grands panoramas intacts, à peine un ou deux villages épargnés par la Grande Pelade, l’arrachage des enduits, la lèpre pavillonnaire, l’éclairage a giorno et, s’ils ont eu le malheur d’être trop beaux, la kitscherie gnan-gnan, le fer forgé, l’artisanat d’art, l’esprit “poutres app.”, les galeries de peinture, les “formules”, le second degré. J’ai eu l’imprudence de faire confiance aux ciels. Ils ont longtemps été loyaux et sûrs. Il leur arrive encore de nous mettre à genoux, d’admiration et de gratitude. Mais mêmes eux sont pollués à présent, maculés, striés, lacérés par cet imbécile d’homme et son ingénieux génie. Ne nous laissera-t-il pas, à la fin, un seul espace et un moment sans lui ? Faut-il vraiment qu’il humanifie, quand bien même il les aurait déjà si heureusement humanisés, chacun de nos regards et la moindre de nos sensations ? »

Renaud Camus, NON, journal 2013

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Authenticité...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Vendredi 26  avril 2013

  S’il fallait tourner un film dont l’action se situe dans l’ancienne France paysanne, on serait bien obligé d’avoir recours à des décors artificiels, ou bien de se résoudre à montrer un pays faux, un pays qui n’a jamais été comme cela : la Grande Pelade en effet - l’horrible manie petite-bourgeoise, c’est-à-dire universelle, des arrachages d’enduits - , a totalement défiguré les villes, les bourgs, les villages et les campagnes. Elle les a rendus méconnaissables, elle a fait disparaître le décor ancien, et toute son épaisseur de temps. Chaque fois que j’ai l’occasion de sillonner un ou deux cantons, la poursuite obstinée, malgré mes objurgations, de ce long massacre de l’habitat rural me rend littéralement malade (...)

Le plus ridicule et rageant est qu’aussi bien les arrachages d’enduits que les introductions de poutres en guise de linteaux, souvent au-dessus de larges  baies coulissantes au bord métallisés, ou plastifiés, procèdent, dans l’esprit de ceux qui les commettent, d’une exigence, ô combien ignorante et dévoyée, d’authenticité. Ces vandales bien intentionnés croient sérieusement qu’il est plus "authentique" de leur part, de montrer leurs affreuses pierres meulières, qui ont toujours été cachées, que les beaux crépis qui les recouvraient et qui, eux, avaient toujours été là, c’est-à-dire dès la construction, bien sûr ; et les même sont persuadés que leurs sales poutres incorporées, au-dessus des ouvertures, confèrent aux façades, grâce à leurs relents de mauvais westerns, sans doute, une allure plus authentiquement "rustique" ; alors que l’architecture rurale de la région, celle du moins qui a été le mieux conservée, n’aspirait à rien moins qu’ à la rusticité et tendait au contraire, souvent avec grand succès, à l’élégance et à un classicisme d’inspiration citadine. De superbes fermes ou maisons de maîtres d’un grand style Louis XV sont défigurées pour se voir imposer l’allure supposée de pauvres métaieries du temps de la Troisième République. Seule la rusticité, très mal interprétée le plus souvent, a droit au label "authenticité". Le reste n’existait pas, apparemment (un peu comme le peuple français.) »

Renaud Camus, NON, journal 2013

 

14:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Fuyant vers une victoire certaine et confortable

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Et pourtant, je ne l’ai vu qu’une seule fois. C’était pendant l’occupation, à la terrasse du Flore. Jean-Paul Sartre passait sur le boulevard, fuyant vers une victoire certaine et confortable. Il m’est arrivé de revoir Jean-Paul Sartre, entouré de jeunes camarades, assis comme nous l’étions ce matin-là, graves et captivés. J’en ai éprouvé comme d’un pincement. Ce n’est pas qu’il n’y ait places autour des guéridons pour toutes les jeunesses et toutes les écoles qu’on voudra, mais Brasillach...

Un maître dites vous ? J’aurai bien aimé me promener avec lui. »

Antoine Blondin, Ma vie entre des lignes

 

12:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La vérité

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Mais d’où vient que la vérité engendre la haine ? D’où vient que l’on voit, un ennemi dans l’homme qui l’annonce en votre nom, si l’on aime la vie heureuse qui n’est que la joie de la vérité ? C’est qu’elle est tant aimée, que ceux même qui ont un autre amour veulent que l’objet de cet amour soit la vérité ; et refusant d’être trompés, ils ne veulent pas être convaincus d’erreur. Et de l’amour de ce qu’ils prennent pour la vérité vient leur haine de la vérité même. Ils aiment sa lumière et haïssent son regard. Voulant tromper sans l’être, ils l’aiment quand elle se manifeste, et la haïssent quand elle les découvre ; mais par une juste rémunération, les dévoilant malgré eux, elle leur reste voilée.

C’est ainsi, oui c’est ainsi que l’esprit, humain, dans cet état de cécité, de langueur, de honte et d’infirmité, prétend se cacher et que tout lui soit découvert ; et il arrive, au contraire, qu’il n’échappe pas à la vérité qui lui échappe. Et néanmoins dans cet état de misère, il préfère ses joies à celles du mensonge. Il sera donc heureux lorsque, sans crainte d’aucun trouble, il jouira de la seule Vérité, mère de toutes les autres. »

Augustin d'Hippone, Confessions, Livre X, Chapitre XXIII

 

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le courage de provoquer sa grand-mère...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« De nos jours nous voyons mentionner le courage et l’audace avec lesquels certains rebelles s’en prennent à une tyrannie séculaire ou à une superstition désuète. Ce n’est pas faire preuve de courage que de s’en prendre à des choses séculaires ou désuètes, pas plus que de provoquer sa grand-mère. L’homme réellement courageux est celui qui brave les tyrannies jeunes comme le matin et les superstitions fraîches comme les premières fleurs. »

Gilbert Keith Chesterton, Le monde comme il ne va pas

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/11/2014

Ecartelé par toutes les forces de ce temps

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La technique a déjà pénétré profondément dans l’homme. Non seulement la machine tend à créer un nouvel environnement de l’homme, mais encore elle modifie déjà son être même. Le milieu dans lequel vit cet homme n’est plus son milieu. Il doit s’adapter comme aux premiers temps du monde à un univers pour lequel il n’est pas fait. (...) IL est fait pour le contact avec les choses vivantes et il vit dans un monde de pierre. Il est fait pour l’unité de son être et il se trouve écartelé par toutes les forces de ce temps.
La machine en même temps l’enrichit et le change. Ses sens et ses organes ont multiplié les sens et les organes de l’homme, le faisant pénétrer dans un milieu nouveau, lui révélant des spectacles inconnus, des libertés et des servitudes qui n’étaient pas celles, traditionnelles, à quoi il était accoutumé. Libéré peu à peu des contraintes physiques, il est plus esclave des contraintes abstraites.

(...)

Ce n’est pas seulement dans son travail que l’homme rencontre cette transformation. Il s’agit d’une modification de son environnement tout entier, c’est-à-dire de tout ce qui fait son milieu, ses moyens de vivre, ses habitudes. La machine a transformé ce qu’il y a de plus immédiat pour l’homme, sa maison, son mobilier, sa nourriture.
(...) Nous savons bien (...) toutes les répercussions de la machine sur la nourriture. La conserve d’abord (...) mais aussi la profonde modification du pain, devenu une substance chimique très étrangère au simple grain de blé.
Là encore, des études faites depuis Graham ("Treatise on bread") ont montré à quel point la structure organique du pain avait été modifiée par la machine et la chimie et qu’il en est résulté une profonde altération du goût, comme si "les consommateurs, par une réaction inconsciente, adaptaient leur goût au type de pain qui correspondait exactement à la production en masse".
Ce n’est pas ici un jugement d’esthète ni de romantique attardé. C’est l’expression de techniques précises. Ce sont des constatations faites par les techniciens eux-mêmes.

(...)

L’homme a toujours connu de vastes horizons. IL a toujours été en contact direct avec l’illimité de la plaine, de la montagne, de la mer. Même l’homme des villes. La ville du moyen âge, ceinte de ses murs, tranchait sur la campagne de telle façon que le bourgeois avait cinq cent mètres à faire pour atteindre l’enceinte d’où brusquement l’espace se déroulait, net et libre. L’homme de notre temps ne connaît plus qu’un horizon borné, une dimension réduite ; le lieu de ses mouvements mais aussi de ses yeux se resserre – et si, dans l’usine, ses gestes sont étroitement mesurés par le voisinage, quand il s’éveille ses yeux sont également arrêtés par le mur d’en face qui lui bouche le ciel.

Cette contradiction est bien caractéristique de notre temps : à la conquête abstraite de l’Espace par l’Homme correspond la limitation de la place pour les hommes.»

« Il est vain de déblatérer contre le capitalisme, ce n'est pas lui qui fait le monde, c'est la Machine. »

Jacques Ellul, La technique ou l'enjeu du siècle

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il faut être sérieux

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Curieux pays où un roi -- George V -- et un dictateur -- Primo de Rivera -- se promènent avec une fleur à la boutonnière ! Mais dans les démocraties il faut être "sérieux". Imaginez-vous Poincaré une fleur au jabot ? »

Henry de Montherlant, Carnets

 

14:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Injuste

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Tout ce qui est naturel est injuste. »

« La plupart éprouvent un soulagement, à pouvoir rendre un autre responsable de leur souffrance. J'éprouvais un soulagement à ne recevoir la mienne que de moi-même. »

Henry de Montherlant, Carnets

 

12:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Au nom de quoi on condamnerait ceux qui sont hors de leur époque

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La vulgarité est aujourd’hui d’être "moderne", à la page, de se tenir au courant, de flairer l’avenir... Je cherche au nom de quoi on condamnerait ceux qui sont hors de leur époque. Qu’y a-t-il dans l’avenir de supérieur au passé ? »

Henry de Montherlant, Carnets

 

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Regardez votre abîme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce siècle est un combat, un fracas, un éclat, un tumulte.
Souffrez que je vous présente en ce moment quelques hommes pacifiques. Car il y en eut; à regarder le monde, on est tout près de s’en étonner. Il y eut des Pacifiques. Parmi eux plusieurs ont reçu une dénomination singulière, officielle, et s’appellent des Saints. Des Saints ! Souffrez que je vous arrête un instant sur ce mot. Des Saints ! Oubliez les hommes dans le sens où il le faut pour vous souvenir de l’homme. Souvenez-vous de vous-même. Regardez votre abîme. »

Ernest Hello, Physionomie de Saints

 

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

19/11/2014

Quinze siècles surgissent comme une durée indéterminée

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Cet enfant a chance de devenir philosophe qui, très tôt, s’intéresse aux devinettes ; si la devinette résiste, avec un grand objet, elle passe énigme, parole et question obscure – redoutable et sacrée. Or il y a deux sortes de devinettes, et à la suite, deux espèces d’énigmes ; la première interroge : "Qu’est-ce qui ?", et propose brusquement, dans son provisoire silence, l’objet d’une recherche ; l’autre demande "comment il se peut" ou "comment il se fait" que se passe quelque chose : cet "il" prend le relais du divin – qui sommeille dans la simple devinette - , et déjà présuppose le clair déroulement d’un phénomène, le projet déjà scientifique ; l’énigme s’éloigne. Entre la devinette et l’énigme, plus sérieuse et moins décisive, se propose la "question".

Une devinette qui résiste quinze siècle, se transmet et se répète sans s’effacer, et qui, au-delà des réponses qui ont pu survenir, sans supprimer l’étonnement initial, ni rendre inconcevable la surprise, n’est pas un phénomène moins étrange que celui de millions d’années évoquées par les fossiles, ni que la minute de décision qui vous sauve ou vous perd. Ce sont des ordres de grandeur qui ne s’excluent ni se conjuguent d’avance.

Or une telle devinette, où quinze siècles surgissent comme une durée indéterminée, se trouve, de façon exemplaire, chez Saint Augustin et chez Husserl – le dernier se référant au premier, allant même jusqu’à reprendre à la lettre sa devinette en la faisant seulement passer du latin à l’allemand moderne :
"Qu’est cela que je sais quand personne ne me le demande, mais, si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais pas ?"

La réponse est : le Temps. »

Pierre Boutang, Le temps, essai sur l’origine

 

23:59 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les desseins cachés derrière toute chose

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce qui paraît en vous le plus faible et le plus désemparé est en fait le plus fort et le plus déterminé.
N’est-ce pas votre souffle qui a dressé et fortifié votre ossature ?
Et n’est-ce pas un rêve qu’aucun d’entre vous ne se rappelle avoir rêvé qui a bâti votre ville et tout ce qu’elle contient ?
Si vous pouviez voir les marées de ce souffle, vous ne verriez plus rien d’autre.
Si vous pouviez entendre le murmure de ce rêve, vous n’entendriez plus d’autre son.
Mais vous ne voyez ni n’entendez, et il est bien qu’il en soit ainsi.
Le voile qui obscurcit vos yeux sera levé par les mains qui l’ont tissé.
L’argile qui emplit vos oreilles sera percé par les doigts qui l’ont pétri.
Et vous verrez,
Et vous entendrez.
Vous ne regretterez pas toutefois d’avoir connu la cécité, ni d’avoir été sourds
Car en ce jour vous prendrez connaissance des desseins cachés derrière toute chose
Et vous bénirez les ténèbres comme vous béniriez la lumière. »

Khalil Gibran, Le Prophète

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Sponsorisés et Financés par les Anges au Paradis

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« 1. Carnets secrets, couverts de gribouillis, et pages follement dactylographiées, pour votre propre plaisir

2. Soumis à tout, ouvert, à l'écoute

3. N'essayez jamais de vous soûler en-dehors de chez vous

4. Soyez amoureux de votre vie

5. Ce que vous ressentez trouvera sa propre forme

6. Soyez fou, soyez un saint abruti de l'esprit

7. Soufflez aussi profondément que vous souhaitez souffler

8. Ecrivez ce que vous voulez sans fond depuis le fin fond de l'esprit

9. Les visions indicibles de l'individu

10. Pas de temps pour la poésie, mais exactement ce qui est

11. Des tics visionnaires tremblant dans la poitrine

12. Rêvant en transe d'un objet se trouvant devant vous

13. Eliminez l'inhibition littéraire, grammaticale et syntaxique

14. Comme Proust, soyez à la recherche du joint perdu

15. Racontez la véritable histoire du monde dans un monologue intérieur

16. Le joyau, centre d'intérêt, est l'oeil à l'intérieur de l'oeil

17. Ecrivez pour vous dans le souvenir et l'émerveillement

18. Travaillez à partir du centre de votre oeil, en vous baignant dans l'océan du langage

19. Acceptez la perte comme définitive

20. Croyez en le contour sacré de la vie

21. Luttez pour esquisser le courant qui est intact dans l'esprit

22. Ne pensez pas aux mots quand vous vous arrêtez mais pour mieux voir l'image

23. Prenez note de chaque jour la date blasonnée dans votre matin

24. Pas de peur ou de honte dans la dignité de votre expérience, langage et savoir

25. Ecrivez de façon que le monde lise, et voie les images exactes que vous avez en tête

26. Livrefilm est le film écrit, la forme américaine visuelle

27. Eloge du caractère dans la solitude inhumaine et glacée

28. Composer follement, de façon indisciplinée, pure, venant de dessous, plus c'est cinglé, mieux c'est

29. On est constamment un Génie

30. Scénariste-Metteur en scène de films Terrestres Sponsorisés et Financés par les Anges au Paradis »

Jack Kerouac, in Evergreen Review, vol 2, n.8, 1959

 

13:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

À partir du moment où ça devient interdit, je mords

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« On ne va pas se mentir entre voisins. Beaucoup de gens te soutiennent parce que tu as dit du mal des Arabes, comme moi la plupart ne me soutiennent pas parce que j’en ai dit du bien. En France, l’élite adore Israël et les masses détestent les Arabes. Voilà pourquoi je me suis coupé de tous ! Pourtant, j’ai attaqué "certains" Juifs et j’ai défendu "certains" Arabes, mais ça a suffi pour m’ostraciser.
Sur ce sujet, tout le monde se sent obligé d’y aller de son petit couplet pleurnichard forcé, alors que la plupart n’en ont rien à foutre au fond, mais ça leur garantit le soutien et la "protection" des intéressés. J’espère que ceux qui ont vraiment souffert de l’Holocauste ne sont pas dupes de tous ces larbins hypocrites de la deuxième ou troisième génération qui ont sans doute un cadavre en chemise noire, brune ou vert-de-gris dans leur placard... Moi, je n’ai jamais eu peur, contrairement à beaucoup de goys zélés qui leur font toute la journée de la lèche, de dire aux Juifs ce que je pensais de leur histoire (et de leur géographie), de leur culture, de leur humour, de leur art, toutes sortes de choses que je suis tout à fait capable d’apprécier si on me laisse aussi les critiquer. À partir du moment où ça devient interdit, je mords. »

Marc-Edouard Nabe, Le vingt-septième livre

 

10:16 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/11/2014

Les promesses de Dieu sont sans repentance

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il y a une relation supra-humaine d'Israël au monde comme de l'Eglise au monde. C'est seulement en considérant ces trois termes [Israël, Eglise, monde] qu'on peut, fût-ce énigmatiquement, se faire quelque idée du mystère d'Israël. Une sorte d'analogie renversée avec l'Eglise est ici, croyons-nous, l'unique fil conducteur (...) Aux yeux d'un chrétien qui se souvient que les promesses de Dieu sont sans repentance, Israël continue sa mission sacrée : mais dans la nuit du monde, qu'il a préféré à celle de Dieu. »

« Il y a beaucoup de Juifs qui préfèrent Dieu au monde, et bien des chrétiens qui préfèrent le monde à Dieu. Mais ce que je veux dire, c'est qu'Israël continue d'attendre dans la nuit du monde l'avènement de ce Messie dont le royaume n'est pas de ce monde, et qui est venu, et qu'il n'a pas reconnu. »

Jacques Maritain, Le mystère d'Israël et autres essais

 

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

"Je fais ce que je veux" !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Je suis tout à fait conscient que la critique des mœurs est un exercice périlleux et rarement bien accueilli. Par un dévoiement du jugement qui est précisément une manifestation de "l’esprit de système", on ne veut voir dans la critique morale qu’une atteinte à la liberté de chacun de faire ce qu’il lui plaît. Ce qui aux yeux de beaucoup aujourd’hui, est un plus intolérable crime que de laisser assassiner son prochain.
Il n’est malheureusement pas facile de faire comprendre aux intéressés que la critique s’adresse en fait à ce qui est en eux non pas libre mais au contraire possédé, aliéné par le système, et que lorsqu’ils proclament fièrement "Je fais ce que je veux" ou qu’ils croient se justifier en disant "J’avais envie de", en réalité ils avouent qu’ils font exactement ce que le système veut ; ou, plus exactement, ce que la logique su système, qu’ils se sont incorporée, les pousse à vouloir parce que c’est ce dont le système a besoin pour fonctionner de manière optimale. Le sentiment de félicité personnelle fait partie des conditions de félicité de la reproduction tranquille de l’ordre social. »

Alain Accardo, De notre servitude involontaire

 

13:19 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Tirer son épingle du jeu

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« C’est sans doute un des effets pervers les plus remarquables du développement capitaliste que d’avoir engendré des classes moyennes dont les fractions les plus riches, les plus instruites et finalement les plus embourgeoisées ont inventé un mode d’existence sociale mi-carpe mi lapin qui pourrait être qualifié « d’adhésion critique », l’adhésion au système autorisant la critique et la critique renforçant l’adhésion. Cette attitude équivoque est à l’opposé de celle qui conviendrait à des adversaires déclarés de l’ordre établi. Elle ne peut être que celle d’une population déterminée à tirer son épingle du jeu, même si le jeu est truqué. Le petit-bourgeois peut à la rigueur admettre que le monde social qui l’entoure est exécrable. Mais il ne peut se résoudre à l’exécrer sans réserve ni remords. Le petit-embourgeoisement des classes moyennes a eu pour effet symbolique d’introduire l’euphémisme et la tiédeur partout. Le petit-bourgeois est médiocre et plat en tout, jusque dans ses répugnances et ses détestations. Il ne sait ni haïr ni aimer vraiment, parce qu’il aime tout, admet tout, pêle-mêle et sans discernement, pratique le mixage intellectuel et l’éclectisme moral et s’en fait une gloire, en se prenant lui-même pour un parangon de tolérance ou un champion de l’ouverture universelle. »

Alain Accardo, De notre servitude involontaire

 

09:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Je préfère la folie

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Finalement je n'aime pas la sagesse. Elle imite trop la mort. Je préfère la folie - pas celle que l'on subit, mais celle avec laquelle on danse. »

Christian Bobin, Autoportrait au radiateur

 

08:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook