29/01/2015
Le fou
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« C’est le fou en nous qui nous oblige à l’aventure ; qu’il nous abandonne, et nous sommes perdus : tout dépend de lui, même notre vie végétative ; c’est lui qui nous invite à respirer, qui nous y contraint, et c’est encore lui qui force notre sang à se promener dans nos veines. Qu’il se retire, et nous voilà seuls ! On ne peut être normal et vivant à la fois. »
Emil Cioran, La tentation d’exister
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Qui héritera de mon or ?
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« Aristocrates et paysans acceptaient que leurs fils allassent à la mort. Le bourgeois, lui, "planque" ses enfants car le courage ou l’obéissance héroïque ne sont pas son lot. Pour l’aristocrate : "Si mon fils est un lâche, mon nom est souillé". Et pour le paysan : "Si je ne défends pas ma terre, l’ennemi l’annexera". Pour le bourgeois : "Si mon fils est tué, qui héritera de mon or et qui prendra la succession de mon commerce ?" »
Jean Cau, Les écuries de l’Occident
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Frelatés et dérisoires
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« Puisque, par le temps qui court, il n’existe plus de substance saine, puisque le vin qu’on boit et que la liberté qu’on proclame, sont frelatés et dérisoires, puisqu’il faut enfin une singulière dose de bonne volonté pour croire que les classes dirigeantes sont respectables et que les classes domestiquées sont dignes d’être soulagées ou plaintes, il ne me semble, conclut des Esseintes, ni plus ridicule ni plus fou, de demander à mon prochain une somme d’illusion à peine équivalente à celle qu’il dépense dans des buts imbéciles chaque jour. »
Joris-Karl Huysmans, À rebours
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L’humiliation
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« La honte n’a pas pour fondement une faute que nous aurions commise, mais l’humiliation que nous éprouvons à être ce que nous sommes sans l’avoir choisi, et la sensation insupportable que cette humiliation est visible de partout. »
Milan Kundera, L’immortalité
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Peuple
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« Quand chaque fraction du peuple peut se poser comme peuple, aucune d’entre elles ne dispose du vrai. »
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La raison dans l’histoire
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Mettez-vous en grève...
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28/01/2015
Trop las
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« Quand on se connaît bien, si on ne se méprise pas totalement, c’est parce qu’on est trop las pour se livrer à des sentiments extrêmes. »
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né
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Un superflu travail de vérification
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« Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d’un long, d’un superflu travail de vérification. »
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né
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J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle
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« Comment les faisceaux musculaires, habituellement si lourds, si obscurs, si immuablement statiques, connaissaient-ils l'instant où l'action s'anime d'une passion chauffée à blanc ? J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle, quelle qu'en fût l'espèce. Je ne pouvais plus croire que ce fut purement en raison d'une mienne vertu intellectuelle que le cuivre de la surexcitation reçut la doublure argentée de la connaissance. C'est cela qui faisait de la passion ce qu'elle était. Car je commençais à croire que c'étaient les muscles – puissants, statiquement si bien ordonnés et silencieux – qui étaient la vraie source de clarté de ma conscience. La douleur musculaire ressentie à l'occasion d'un coup qui passait à côté du bouclier suscitait aussitôt une conscience encore plus résolue qui supprimait la douleur, sentir que l'haleine allait manquer engendrait une fureur qui la dominait. Ainsi, de temps à autre, j'apercevais un autre soleil tout différent de celui qui, si longtemps, m'avait dispensé ses bénédictions, un soleil rempli des flammes sombres et cruelles de la conscience sensible, soleil de mort qui jamais ne brûlerait la peau, bien qu'il rougeoyât de rayons plus étranges encore.
Ce deuxième soleil était dans son essence bien plus dangereux pour l'intellect que n'avait jamais été le premier. Plus que toute autre chose, c'était ce danger où je trouvais mon enchantement. »
Yukio Mishima, Le Soleil et l'Acier
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27/01/2015
Il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être
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« Problème des "faux biens". – Il n’y a pas, comme nous l’enseigne un christianisme superficiel, des vrais biens qui appartiennent au ciel, et des faux biens qui appartiennent à la terre : il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être. Mais il y a un usage faux dans l’usage de ces vrais biens. Et ce faux usage des vrais dons de Dieu, dicté par l’égoïsme, l’impatience ou l’orgueil, n’est pas limité aux biens temporels : il affecte au moins autant les biens éternels. Y a t’il beaucoup moins de dévots frelatés que d’amants égoïstes ? Et quel est le plus vain et le plus menteur des hommes, de celui qui prostitue la chair dans ses baisers ou de celui qui prostitue Dieu dans ses prières ? Où sont les censeurs des joies d’ici-bas qui ne méritent pas de s’entendre dire : avant de nous reprocher le faux usage de ce qui passe, montrez nous par votre exemple l’usage vrai de ce qui demeure. Vous condamnez notre idolâtrie de la vie. Mais quelle idole plus creuse et plus sournoise n’adorez-vous pas sous le nom d’esprit ! »
Gustave Thibon, L’échelle de Jacob
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Les gens qui lisent et les autres
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« Il y a les gens qui lisent, et il y a les autres. On s'aperçoit rapidement si quelqu'un est un lecteur ou non. Il n'est pas de plus grande différence entre les gens que celle-là. »
Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne
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Une série de caractères nouveaux
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« L'ensemble des caractères communs imposés par le milieu et l'hérédité à tous les individus d'un peuple constitue l'âme de ce peuple. Ces caractères étant d'origine ancestrale, sont très stables. Mais lorsque, sous des influences diverses, un certain nombre d'hommes se trouvent momentanément rassemblés, l'observation démontre qu'à leurs caractères ancestraux s'ajoutent une série de caractères nouveaux fort différents parfois de ceux de la race.
Leur ensemble constitue une âme collective puissante mais momentanée. Leurs foules ont toujours joué dans l'histoire un rôle important, jamais cependant aussi considérable qu'aujourd'hui. L'action inconsciente des foules, substituée a l'activité consciente des individus, représente une des caractéristiques de l’âge actuel. »
Gustave Le Bon, Psychologie des foules
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26/01/2015
Il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur
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« Quand on parcourut l’intérieur de l’Amérique septentrionale, on trouva dans l’état de nature, parmi les diverses nations sauvages, les différentes formes de gouvernement connues des peuples civilisés. L’Iroquois appartenait à une race qui semblait destinée à conquérir les races indiennes, si des étrangers n’étaient venus épuiser ses veines et arrêter son génie. Cet homme intrépide ne fut point étonné des armes à feu, lorsque pour la première fois on en usa contre lui ; il tint ferme au sifflement des balles et au bruit du canon, comme s’il les eût entendus toute sa vie ; il n’eut pas l’air d’y faire plus d’attention qu’à un orage. Aussitôt qu’il se put procurer un mousquet, il s’en servit mieux qu’un Européen. Il n’abandonna pas pour cela le casse-tête, le couteau de scalp, l’arc et la flèche ; mais il y ajouta la carabine, le pistolet, le poignard et la hache : il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur. Doublement paré des instruments meurtriers de l’Europe et de l’Amérique, la tête ornée de panaches, les oreilles découpées, le visage bariolé de diverses couleurs, les bras tatoués et teints de sang, ce champion du Nouveau-Monde devint aussi redoutable à voir qu’à combattre, sur le rivage qu’il défendit pied à pied contre les envahisseurs. »
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe
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Les prêtres et les dévots subalternes
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« L'Histoire nous enseigne que les vrais spirituels furent l'objet de persécutions fomentées souvent par les prêtres ou par les dévots subalternes : on voulait qu'ils se conformassent à la sottise générale, qu'ils rétractassent leurs vertus et qu'ils désavouassent leurs idées, on ne leur pardonnait leur richesse invisible ni leur félicité qu'on jugeait offensantes, leur personne était un reproche, leur état un défi, leur solitude une menace et si je ne craignais d'outrer ce que j'asserte, leur innocence était un crime. »
Albert Caraco, Écrits sur la religion
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Pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet
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« On a toujours raison de juger ce qu'on connaît ; et l'on y est bon juge. Mais pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet ; et pour bien juger d'une manière générale, il faut être instruit sur l'ensemble des choses. Voilà pourquoi la jeunesse est peu propre à faire une sérieuse étude de la politique ; elle n'a pas l'expérience des choses de la vie, et c'est précisément de ces choses que la politique s'occupe et qu'elle tire des théories. Il faut ajouter que la jeunesse qui n'écoute que ses passions, entendrait de telles leçons bien vainement et sans aucun profit, puisque le but que poursuit la science politique n'est pas de la simple connaissance des choses, et que ce but est pratique avant tout.
Quand je dis jeunesse, je veux dire tout aussi bien la jeunesse de l'esprit que la jeunesse de l'âge ; il n'y a point sous ce rapport de différence ; car le défaut que je signale ne tient pas au temps qu'on a vécu ; il tient uniquement à ce qu'on vit sous l'empire de la passion, et à ce qu'on ne se laisse jamais guider que par elle dans la poursuite de ses désirs. Pour les esprits de ce genre, la connaissance des choses est tout à fait inféconde, absolument comme elle l'est pour les gens qui perdent la maîtrise d'eux-mêmes. Au contraire, ceux qui règlent leurs désirs et leurs actes par la seule raison peuvent profiter beaucoup à l'étude de la politique. »
Aristote, Éthique à Nicomaque, I-I, 18
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Ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante
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« Mais l’homme ne voulait pas se taire. Le prêtre se rappela une source de pétrole que des prospecteurs avaient découverte un jour près de Concepción : le terrain n’était pas assez riche pour justifier de plus grands travaux, mais pendant quarante-huit heures, un jet noir, perçant le sol stérile et marécageux, avait jailli vers le ciel, pour l’écouler ensuite et s’infiltrer dans la terre, à raison de deux cent mille litres par heure. Tel est chez l’homme le sentiment religieux, qui s’élance brusquement vers le ciel, en une colonne noire de fumée et de scories, puis se perd à jamais.
"Voulez-vous que je vous dise ce que j’ai fait ? C’est votre métier de m’écouter. J’ai pris de l’argent aux femmes, en échange de... vous savez quoi, et j’ai donné cet argent à de jeunes garçons...
-Je ne veux rien entendre.
-C’est votre métier.
-Vous vous trompez.
-Oh ! Mais non. Vous n’arriverez pas à me donner le change. Ecoutez. J’ai entretenu de petits jeunes gens... vous savez ce que je veux dire. Et j’ai mangé de la viande le vendredi."
Un horrible mélange du trivial et du grotesque coulait entre les crocs jaunes, et la main qui serrait la cheville du prêtre ne cessait de trembler de fièvre.
"J’ai menti. Je n’ai pas jeûné pendant le carême depuis je ne sais combien d’années. Il m’est arrivé de posséder deux femmes à la fois... Je vais vous raconter comment j’ai fait..."
Il avait un sentiment démesuré de sa propre importance : il était incapable d’imaginer ce monde dont il n’était qu’un détail banal, ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante. Combien de fois le prêtre avait-il entendu cette même confession ? Les hommes sont si limités : ils n’ont même pas l’habileté d’inventer un vice nouveau : les animaux en savent autant qu’eux. Et c’est pour ce monde que le Christ est mort ; plus l’on voit de corruption autour de soi, plus la gloire qui entoure sa mort resplendit. C’est trop facile de mourir pour ce qui est bon ou beau, son foyer, ses enfants ou la civilisation... il fallait un Dieu pour mourir afin de sauver des hommes lâches et corrompus. »
Graham Greene, La Puissance et la Gloire
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25/01/2015
Ma vraie famille, c’était les écrivains
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« "On dirait que tu t’ennuie, que tu es ailleurs."
Elle ne croyait pas si bien dire. Comme ce monde si proche me paraissait lointain. Mes amis, étrangers. Ma vraie famille, c’était les écrivains que j’aimais, dont la pensée m’aidait à m’évader du trébuchet familial. Ailleurs, oui : je creusais sous la surface de cette vie morne et conventionnelle ; je forais un puits pour atteindre je ne sais quelle vérité souterraine aussi claire, vivifiante et ombreuse que la nappe phréatique. Ou alors je regardais vers le ciel fuir les nuages, les merveilleux nuages. Je sais. Nous avons tous enfoui dans notre cœur un rêve inassouvi, un amour de jeunesse dont la pensée lancinante ne nous laisse pas en repos, un métier dans lequel on rêvait de s’accomplir. Mais s’agissant de moi, l’affaire est plus grave. J’ai été dépossédé de ma vraie vie. »
Jean-Marie Rouart, La guerre amoureuse
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Rien n’est blanc ou noir
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« Il m’a expliqué en souriant que rien n’est blanc ou noir et que le blanc, c’est souvent le noir qui se cache et le noir, c’est parfois le blanc qui s’est fait avoir. »
Romain Gary, La vie devant soi
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Avec une femme intelligente
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« Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l’on veut. »
Paul Valéry, Mauvaises pensée et autres
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Mille canaux sont ouverts par lesquels on tire le sang du peuple
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Attribué à Pierre Jurieu, mais cette attribution ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes...
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La vie, cette petite chose éphémère et si commune
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« Chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n'a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun - et d'abord à ses propres yeux - peut lui donner. Une conception bien différente de celle véhiculée par tant de ces sagesses de bazar, de ces platitudes qui ont envahi l'esprit des masses occidentales et incitent à désirer une vie la plus longue possible, fût-elle médiocre et larvaire.
Mortels comme tous les êtres de la nature, végétaux ou animaux, les hommes sont pourtant parfois splendides comme les dieux immortels. Homère les montre même souvent plus grands, parce que mortels. »
Dominique Venner, Un samouraï d'Occident - Le Bréviaire des insoumis
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"Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir"
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« Par la voix de leur poète fondateur, nos anciens âges avaient la conscience forte de ce qu’ajoute une mort dramatique à l’image du défunt. Ainsi parle Hélène: "Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir" (Iliade, VI, 357-358). Ainsi parle également Alcinoos, roi des Phéaciens, pour consoler Ulysse qui pleure ses camarades morts : "Si les dieux ont infligé la mort à tant d’hommes, c’est pour donner des chants aux gens de l’avenir" (Odyssée, VIII, 579-580). Donner des chants, autrement dit des poèmes, cela signifie transcender le malheur en œuvre d’art. Ce fut une constante de l’imaginaire européen pour qui les grands drames font les grandes sagas. Achille était d’une vitalité extrême, pourtant, il fit le choix d’une vie brève et glorieuse, plutôt que d’une existence longue et terne (Iliade, IX, 410-417). Le héros était d’ailleurs sans illusion sur ce qui survient après la mort: "La vie d’un homme ne se retrouve pas ; jamais plus elle ne se laisse saisir, du jour qu’elle est sortie de l’enclos des dents" (Iliade, 408-409). Plus tard, réduit à l’état d’ombre aux Enfers, il dira à Ulysse que l’éternité lui semble d’un ennui mortel. Opinion partagée par Ulysse lui-même. Dans l’Odyssée, le héros éponyme se voit proposer par la nymphe Calypso une vie éternelle et voluptueuse à ses côtés. Contre toute attente, il refuse, préférant son destin de mortel et choisissant de retrouver sa terre et son épouse Pénélope pour mourir à ses côtès (Odyssée, V, 215-220).
La mort n’est pas seulement le drame que l’on dit, sinon pour ceux qui pleurent sincèrement le disparu. Elle met fin aux maladies cruelles et interrompt le délabrement de la vieillesse, donnant leur place aux nouvelles générations. La mort peut se révéler aussi une libération à l’égard d’un sort devenu insupportable ou déshonorant. Elle peut même devenir un motif de fierté. Sous sa forme volontaire illustrée par les samouraï et les «vieux Romains», elle peut constituer la plus forte des protestations contre une indignité autant qu’une provocation à l’espérance. »
Dominique Venner, Editorial de La Nouvelle Revue d'Histoire - n°: 64, Janvier-Février 2013, La Fin des Habsbourg
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Le refus horrifié de la présence du corps féminin chez les musulmans
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« Dans son essai, "L’Islam, le Sexe et Nous" (Buchet-Chastel, 2009), Denis Bachelot a braqué le projecteur sur une réalité autrement parlante que le concept flou de la citoyenneté. Au centre de sa réflexion, l’omniprésence sociale du corps de la femme dans notre culture et nos habitudes. Le refus horrifié de cette présence du corps féminin chez les musulmans (le voile) heurte de plein fouet la tradition ancestrale européenne qui, depuis le haut Moyen Âge, a fait toute sa place à la visibilité du corps féminin.
Ces réactions définissent l’identité : désir d’être soi-même, être conscient de ce que l’on est dans toute l’épaisseur de son existence, parmi ceux qui vous ressemblent et partagent la même mémoire. Si l’on n’est pas complètement aveugle, on se demande pourquoi le désir d’identité serait légitime chez les Noirs américains, les Chinois, les Arabes, les Israéliens, les Ouïgours, les Turcs ou les Maliens, mais condamnable chez les Français et les Européens ? Répondre à cette question permettrait de progresser dans la compréhension de notre époque. »
Dominique Venner, Article "Immigration et identité" paru dans "Valeurs Actuelles" - Jeudi 05 Novembre 2009
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24/01/2015
La rareté artificielle
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« Avec des lois ad hoc, avec de l’arbitraire, avec des baïonnettes, avec des chaînes, avec des entraves, avec des châtiments et des persécutions, il n’est pas impossible de chasser les concurrents, de créer la rareté et cette hausse artificielle qui est l’objet de nos désirs.
(...)
Chacun s’adresse à la législature, et par cet intermédiaire à la force publique, pour lui demander de créer artificiellement, par tous les moyens en son pouvoir, la rareté de la chose qu’il produit. L’agriculteur demande la rareté du blé ; l’éleveur, la rareté du bétail ; le maître de forges, la rareté du fer ; le colon, la rareté du sucre ; le tisseur, la rareté du drap, etc., etc. Chacun donne les mêmes raisons, ce qui finit par faire un corps de doctrine qu’on peut bien appeler la théorie de la disette ; et la force publique emploie le fer et le feu au triomphe de cette théorie. Mais, sans parler des masses, ainsi soumises au régime de la privation universelle, il est aisé de voir à quelle mystification viennent se heurter les inventeurs de ce régime, et quel terrible châtiment attend leur rapacité sans scrupule.
Nous avons vu que, relativement à chaque produit spécial, la valeur avait deux éléments : 1° la rareté de ce qui lui est similaire ; 2° l’abondance de tout ce qui ne lui est pas similaire.
Or, qu’on veuille bien remarquer ceci : par cela même que la législature, esclave de l’égoïsme individuel, travaille à réaliser le premier de ces deux éléments de la valeur, elle détruit le second, sans pouvoir l’éviter, puisque c’est une seule et même chose. Elle a successivement satisfait les vœux de l’agriculteur, de l’éleveur, du maître de forges, du fabricant, du colon, en produisant artificiellement la rareté du blé, de la viande, du fer, du drap, du sucre, etc. ; mais cela qu’est-ce autre chose que détruire cette abondance générale, qui est la seconde condition de la valeur de chaque produit particulier ? Ainsi, après avoir soumis la communauté à des privations effectives, impliquées dans la disette, dans le but d’exhausser la valeur des produits, il se trouve qu’on n’a pas même réussi à atteindre cette ombre, à étreindre ce fantôme, à exhausser cette valeur nominale, parce que précisément ce que la rareté du produit spécial opère en sa faveur, dans ce sens, la rareté des autres produits le neutralise. »
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Sous l’influence de la liberté
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« Loin que nous entretenions l’absurde pensée d’anéantir la religion, l’éducation, la propriété, le travail et les arts quand nous demandons que l’État protège le libre développement de tous ces ordres d’activité humaine, sans les soudoyer aux dépens les uns des autres, nous croyons au contraire que toutes ces forces vives de la société se développeraient harmonieusement sous l’influence de la liberté, qu’aucune d’elles ne deviendrait, comme nous le voyons aujourd’hui, une source de troubles, d’abus, de tyrannie et de désordre.Nos adversaires croient qu’une activité qui n’est ni soudoyée ni réglementée est une activité anéantie. Nous croyons le contraire. Leur foi est dans le législateur, non dans l’humanité. La nôtre est dans l’humanité, non dans le législateur. »
Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas - "IV. Théâtres, Beaux-Arts"
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