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25/01/2015

Mille canaux sont ouverts par lesquels on tire le sang du peuple

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Attribué à Pierre Jurieu, mais cette attribution ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes...

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La vie, cette petite chose éphémère et si commune

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« Chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n'a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun - et d'abord à ses propres yeux - peut lui donner. Une conception bien différente de celle véhiculée par tant de ces sagesses de bazar, de ces platitudes qui ont envahi l'esprit des masses occidentales et incitent à désirer une vie la plus longue possible, fût-elle médiocre et larvaire.

Mortels comme tous les êtres de la nature, végétaux ou animaux, les hommes sont pourtant parfois splendides comme les dieux immortels. Homère les montre même souvent plus grands, parce que mortels. »

Dominique Venner, Un samouraï d'Occident - Le Bréviaire des insoumis

 

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"Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir"

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« Par la voix de leur poète fondateur, nos anciens âges avaient la conscience forte de ce qu’ajoute une mort dramatique à l’image du défunt. Ainsi parle Hélène: "Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir" (Iliade, VI, 357-358). Ainsi parle également Alcinoos, roi des Phéaciens, pour consoler Ulysse qui pleure ses camarades morts : "Si les dieux ont infligé la mort à tant d’hommes, c’est pour donner des chants aux gens de l’avenir" (Odyssée, VIII, 579-580). Donner des chants, autrement dit des poèmes, cela signifie transcender le malheur en œuvre d’art. Ce fut une constante de l’imaginaire européen pour qui les grands drames font les grandes sagas. Achille était d’une vitalité extrême, pourtant, il fit le choix d’une vie brève et glorieuse, plutôt que d’une existence longue et terne (Iliade, IX, 410-417). Le héros était d’ailleurs sans illusion sur ce qui survient après la mort: "La vie d’un homme ne se retrouve pas ; jamais plus elle ne se laisse saisir, du jour qu’elle est sortie de l’enclos des dents" (Iliade, 408-409). Plus tard, réduit à l’état d’ombre aux Enfers, il dira à Ulysse que l’éternité lui semble d’un ennui mortel. Opinion partagée par Ulysse lui-même. Dans l’Odyssée, le héros éponyme se voit proposer par la nymphe Calypso une vie éternelle et voluptueuse à ses côtés. Contre toute attente, il refuse, préférant son destin de mortel et choisissant de retrouver sa terre et son épouse Pénélope pour mourir à ses côtès (Odyssée, V, 215-220).

La mort n’est pas seulement le drame que l’on dit, sinon pour ceux qui pleurent sincèrement le disparu. Elle met fin aux maladies cruelles et interrompt le délabrement de la vieillesse, donnant leur place aux nouvelles générations. La mort peut se révéler aussi une libération à l’égard d’un sort devenu insupportable ou déshonorant. Elle peut même devenir un motif de fierté. Sous sa forme volontaire illustrée par les samouraï et les «vieux Romains», elle peut constituer la plus forte des protestations contre une indignité autant qu’une provocation à l’espérance. »

Dominique Venner, Editorial de La Nouvelle Revue d'Histoire - n°: 64, Janvier-Février 2013, La Fin des Habsbourg

 

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Le refus horrifié de la présence du corps féminin chez les musulmans

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« Dans son essai, "L’Islam, le Sexe et Nous" (Buchet-Chastel, 2009), Denis Bachelot a braqué le projecteur sur une réalité autrement parlante que le concept flou de la citoyenneté. Au centre de sa réflexion, l’omniprésence sociale du corps de la femme dans notre culture et nos habitudes. Le refus horrifié de cette présence du corps féminin chez les musulmans (le voile) heurte de plein fouet la tradition ancestrale européenne qui, depuis le haut Moyen Âge, a fait toute sa place à la visibilité du corps féminin.

Ces réactions définissent l’identité : désir d’être soi-même, être conscient de ce que l’on est dans toute l’épaisseur de son existence, parmi ceux qui vous ressemblent et partagent la même mémoire. Si l’on n’est pas complètement aveugle, on se demande pourquoi le désir d’identité serait légitime chez les Noirs américains, les Chinois, les Arabes, les Israéliens, les Ouïgours, les Turcs ou les Maliens, mais condamnable chez les Français et les Européens ? Répondre à cette question permettrait de progresser dans la compréhension de notre époque. »

Dominique Venner, Article "Immigration et identité" paru dans "Valeurs Actuelles" - Jeudi 05 Novembre 2009

 

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24/01/2015

La rareté artificielle

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« Avec des lois ad hoc, avec de l’arbitraire, avec des baïonnettes, avec des chaînes, avec des entraves, avec des châtiments et des persécutions, il n’est pas impossible de chasser les concurrents, de créer la rareté et cette hausse artificielle qui est l’objet de nos désirs.

(...)

Chacun s’adresse à la législature, et par cet intermédiaire à la force publique, pour lui demander de créer artificiellement, par tous les moyens en son pouvoir, la rareté de la chose qu’il produit. L’agriculteur demande la rareté du blé ; l’éleveur, la rareté du bétail ; le maître de forges, la rareté du fer ; le colon, la rareté du sucre ; le tisseur, la rareté du drap, etc., etc. Chacun donne les mêmes raisons, ce qui finit par faire un corps de doctrine qu’on peut bien appeler la théorie de la disette ; et la force publique emploie le fer et le feu au triomphe de cette théorie. Mais, sans parler des masses, ainsi soumises au régime de la privation universelle, il est aisé de voir à quelle mystification viennent se heurter les inventeurs de ce régime, et quel terrible châtiment attend leur rapacité sans scrupule.

Nous avons vu que, relativement à chaque produit spécial, la valeur avait deux éléments : 1° la rareté de ce qui lui est similaire ; 2° l’abondance de tout ce qui ne lui est pas similaire.

Or, qu’on veuille bien remarquer ceci : par cela même que la législature, esclave de l’égoïsme individuel, travaille à réaliser le premier de ces deux éléments de la valeur, elle détruit le second, sans pouvoir l’éviter, puisque c’est une seule et même chose. Elle a successivement satisfait les vœux de l’agriculteur, de l’éleveur, du maître de forges, du fabricant, du colon, en produisant artificiellement la rareté du blé, de la viande, du fer, du drap, du sucre, etc. ; mais cela qu’est-ce autre chose que détruire cette abondance générale, qui est la seconde condition de la valeur de chaque produit particulier ? Ainsi, après avoir soumis la communauté à des privations effectives, impliquées dans la disette, dans le but d’exhausser la valeur des produits, il se trouve qu’on n’a pas même réussi à atteindre cette ombre, à étreindre ce fantôme, à exhausser cette valeur nominale, parce que précisément ce que la rareté du produit spécial opère en sa faveur, dans ce sens, la rareté des autres produits le neutralise. »

Frédéric Bastiat, Abondance

 

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Sous l’influence de la liberté

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« Loin que nous entretenions l’absurde pensée d’anéantir la religion, l’éducation, la propriété, le travail et les arts quand nous demandons que l’État protège le libre développement de tous ces ordres d’activité humaine, sans les soudoyer aux dépens les uns des autres, nous croyons au contraire que toutes ces forces vives de la société se développeraient harmonieusement sous l’influence de la liberté, qu’aucune d’elles ne deviendrait, comme nous le voyons aujourd’hui, une source de troubles, d’abus, de tyrannie et de désordre.Nos adversaires croient qu’une activité qui n’est ni soudoyée ni réglementée est une activité anéantie. Nous croyons le contraire. Leur foi est dans le législateur, non dans l’humanité. La nôtre est dans l’humanité, non dans le législateur. »

Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas - "IV. Théâtres, Beaux-Arts"

 

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Rationalisme et scientisme, sentimentalisme et moralisme

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René Guénon

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La pros­ti­tu­tion des idées est dev­enue dans le monde entier une insti­tu­tion d’État

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« À l’heure actuelle, je ne con­nais pas de sys­tème ni de parti auquel on puisse con­fier une idée vraie avec le moin­dre espoir de la retrou­ver intacte, le lende­main, ou même sim­ple­ment recon­naiss­able. Je dis­pose d’un petit nom­bre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enver­rai pas à l’Assistance publique, pour ne pas dire à la mai­son publique, car la pros­ti­tu­tion des idées est dev­enue dans le monde entier une insti­tu­tion d’État. Toutes les idées qu’on laisse aller toutes seules, avec leurs natte sur le dos et un petit panier à la main comme le Chap­eron Rouge, sont vio­lées au pre­mier coin de rue par n’importe quel slo­gan en uni­forme. Car tous les slo­gans sont en uni­forme, tous les slo­gans appar­ti­en­nent à la police. »

Georges Bernanos, La lib­erté pour quoi faire ?

 

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Ressembler à des torches

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« — Et vous, maintenant qu’il fait nuit et que ça arrange les choses du côté de la honte, comment êtes-vous avec Dieu ?

Cher petit Saint-Anne ! Je n’avais pas besoin de me cacher dans la nuit… Les autres répétaient que les puissants de la terre ne formaient qu’une famille, en ce sens je ne pouvais renier Dieu. À mon sens, Jésus-Christ était un coupable jeune homme. Il avait donné aux hommes l’envie de ressembler à des torches. Je préférais les stupides Romains, admirateurs des colonnes, des tombeaux, des murailles et, en général, de tout ce qui sentaient le plâtre ; ils étaient propres, discrets, peut-être un peu chauves sur le chapitre des sentiments. Aujourd’hui, les torches étaient des boites d’allumettes, on brûlait un petit sentiment pour une femme, un autre pour un tableau, ainsi en avait-on pour un long temps et, d’ailleurs, c’était de mauvaises allumettes, la plupart ne prenaient pas feu. De toute façon, ces pensées ne valaient rien, je répondais en persiflant (mais sans gaité, je le jure bien), je répondais que Dieu et le capitaine de Forjac s’ignoraient. Saint-Anne me demandait avec indignation comment je pouvais parler de la sorte ? Un officier qui a tant d’idéal...

Je prenais l’injure en plein visage, sans penser à me défendre, puisque aussi bien je la méritais. Oui, un certain mélange de drapeaux dans le soleil couchant, de proclamations à haute voix, de troupes alignées, de machines furieuses puis apaisées, tout cela formait depuis longtemps sous mon regard une sorte d’horizon qu’il fallait bien appeler l’idéal militaire. Mais je ne me dissimulais pas que cet idéal n’était qu’une sorte de cold-cream dont je me barbouillais l’intérieur de la tête pour éviter des ennuis différents. J’étais donc sincère en défendant la discipline, l’ordre, la vaillance, pareil à celui qui est sujet aux bronchites et trace l’apologie du cache-nez. Pourquoi le nier ? L’armée était le refuge de tous les sentimentaux qui, lassés du monde (le monde si difficile), retournaient vers leur enfance, se mettaient en rang.

Sans quoi les hommes se ressemblaient tous, il était inutile de les regarder comme s’ils se promenaient sur un écran de cinéma. Seuls quelques étourdis se trompaient et sortaient de la vie en se jetant par la fenêtre au lieu de passer par la porte. Ceux-là, on les décorait du nom de héros et, plus tard, on faisait danser leur sacrifice devant les yeux des petits garçons éblouis, afin qu’ils se préparent pour leur vingt ans à la même destinée ; mais les petits garçons, devenus grands, vendaient plutôt des frigidaires. »

Roger Nimier, Le Hussard Bleu

 

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Le bien se définissant comme l’unification des choses dans un monde totalisé

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« Toute "transparence" pose immédiatement la question de son contraire, le secret. C’est une alternative qui ne rélève en rien de la morale, du bien et du mal : il y a du secret et du profane, ce qui est une autre répartition des choses. Certaines choses ne seront jamais données à voir, se partagent dans le secret selon un type d’échange différent de celui qui passe par le visible. Lorsque tout tend à passer du côté du visible, comme c’est le cas dans notre univers, que deviennent les choses jadis secrètes ? Elles deviennent occultes, clandestines, maléfiques : ce qui était simplement secret, c’est-à-dire donné à s’échanger dans le secret, devient le mal et doit être aboli, exterminé. Mais on ne peut pas les détruire : d’une certaine façon, le secret est indestructible. Il va alors se diaboliser et passer au travers des instruments mêmes employés pour l’éliminer. Son énergie est celle du mal, l’énergie qui vient de la non-unification des choses - le bien se définissant comme l’unification des choses dans un monde totalisé.

Des lors, tout ce qui repose sur la dualité, sur la dissociation des choses, sur la négativité, sur la mort, est tenu pour le mal. Notre société s’emploie donc à faire que tout aille bien, qu’à chaque besoin réponde une technologie. Toute la technologie est du côté du bien en ce sens là, c’est à dire de l’accomplissement du désir général, dans un état de chose unifié. Nous sommes aujourd’hui dans un système que je dirais en “anneau de Moebius”. Si nous étions dans un système de face à face, de confrontation, les stratégies pourraient être claires, fondées sur une linéarité des causes et des effets. Qu’on utilise le mal ou le bien, c’est en fonction d’un projet, et le machiavélisme n’est pas en dehors de la rationalité. Mais nous sommes dans un univers complètement aléatoire où les causes et les effets se superposent, selon ce modèle de l’anneau de Moebius, et nul ne peut savoir où vont s’arrêter les effets des effets.

Un exemple d’effet pervers se voit dans la lutte contre la corruption qui règne dans les affaires ou dans le financement des partis politiques. Il est évident qu’elle doit être dénoncée. Et les juges le font. Et on se dit qu’il y a là une purification, au bon sens du terme. Mais la purification a elle aussi nécessairement des effets seconds. L’affaire Clinton est du même ordre. Et parvenant à dénoncer une perversion judiciaire confinant au parjure, le juge contribue à construire l’image d’une Amérique "propre". Donc bénéficiant, pour exploiter - fut-ce démocratiquement - le reste du monde, d’une puissance morale accrue.

Ce n’est que de manière superficielle qu’on peut lire l’action des juges homme conflictuellement opposée à la classe politique. D’une certaine façon, ils sont au contraire les régénérateurs de sa légitimité - alors même que le problème de sa corruption est loin d’être résolu.

Et est-il si certain que la corruption doive être à tout prix éradiquée ? Cet argent qui alimente les fabuleuses commissions des financements d’armes, ou même leur production, on se dit évidemment qu’il serait de beaucoup préférable de l’utiliser pour réduire la misère du monde. Mais c’est une évidence hâtive. Comme il n’est pas question qu’il sorte du circuit marchand, il "pourrait" être reversé dans un bétonnage généralisé du territoire. Dès lors, aussi paradoxale que puisse paraître la question, est-il préférable, du point de vue du "bien" ou du "mal", de continuer à fabriquer, voire à vendre des armes dont un certain nombre ne seront jamais utilisées, ou de faire disparaître un pays sous une chape de béton ? La réponse à cette question importe moins que la prise de conscience qu’il n’y a aucun point fixe à partir duquel on puisse déterminer ce qui est totalement bien ou totalement mal.

C’est bien sûr une situation profondément désastreuse pour l’esprit rationnel, et d’un inconfort total. Il n’empêche que, comme Nietzsche parlait de l’illusion vitale des apparences, on pourrait parler d’une fonction vitale de la corruption dans la société. Mais, le principe en étant illégitime, il ne peut pas être officialisé, il ne peut donc opérer que dans le secret. C’est un point de vue évidemment cynique, moralement inadmissible, mais c’est aussi une sorte de stratégie fatale - qui n’est d’ailleurs l’apanage de personne et sans bénéfices exclusifs. Par là serait réintroduit le mal. Le mal fonctionne parce que l’énergie vient de lui. Et le combattre - ce qui est nécessaire - conduit simultanément à le réactiver.

On peut évoquer ici ce que disait Mandeville quand il affirmait qu’une société fonctionne à partir de ses vices, ou du moins à partir de ses déséquilibres. Non pas sur ses qualités positives, mais sur ses qualités négatives. Si on accepte ce cynisme, on peut comprendre que le politique soit - aussi - l’inclusion du mal, du désordre, dans l’ordre idéal des choses. Il ne faut donc pas le nier mais en jouer, s’en jouer et le déjouer.

Ce titre - "la transparence du mal" - n’est pas tout à fait pertinent... Il faudrait plutôt parler de la "transpiration" du Mal qui, quoi qu’on fasse, "transparaît" ou transpire à travers tout ce qui tend à la conjurer. Par ailleurs, ce serait la transparence elle-même qui serait le Mal - la perte de tout secret. Tout comme, dans le "crime parfait", c’est la perfection elle-même qui est criminelle. »

Jean Baudrillard, Mots de Passe

 

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Une doctrine de paresseux

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« La croyance au progrès est une doctrine de paresseux, une doctrine de Belges. C’est l’individu qui compte sur ses voisins pour faire sa besogne.Il ne peut y avoir de progrès (vrai, c’est-à-dire moral) que dans l’individu et par l’individu lui-même.Mais le monde est fait de gens qui ne peuvent penser qu’en commun, en bandes. Ainsi les Sociétés belges. Il y a aussi des gens qui ne peuvent s’amuser qu’en troupe. Le vrai héros s’amuse tout seul. »

Charles Baudelaire, Journaux Intimes

 

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23/01/2015

L'homme n'a de génie qu'à vingt ans et s'il a faim

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« L'étouffement des désirs par la satisfaction des besoins, telle est la police parcimonieuse, l'économie sordide, découlant des facilités dont nous accablent les machines, qui viendra à bout de nos races. L'homme n'a de génie qu'à vingt ans et s'il a faim. Mais l'abondance de l'épicerie tue les passions. Bourrée de conserves, il se fait dans la bouche de l'homme une mauvaise chimie qui corrompt les vocables. Plus de religions, plus d'arts, plus de langages. Assommé, l'homme n'exprime plus rien. »

Pierre Drieu la Rochelle, Le Jeune Européen

 

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22/01/2015

Prendre parti corporellement pour l’image que suscitaient et irradiaient les mots

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« Compte tenu que les mots, en accréditant mon existence, en avaient énoncé les conditions, il s’ensuivait que les mesures propres à acquérir une autre existence impliquaient de prendre parti corporellement pour l’image que suscitaient et irradiaient les mots : autant dire passer d’un être créateur de mots à une créature des mots. »

Yukio Mishima, Le soleil et l'acier

 

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Un héritage et une mission

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« Nous pouvons nous dérober mais c’est précisément la raison pour laquelle nous avons, moins que personne, le droit de penser aux canots de sauvetage. Nous n’avons pas seulement un héritage, mais aussi une mission. »

Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre

 

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Pourquoi la vie est-elle si laide ?

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« Pourquoi l’art est-il beau ? Parce qu’il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide ? Parce qu’elle est un tissu de buts, de desseins et d’intentions. Tous ses chemins sont tracés pour aller d’un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu d’où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va. »

Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquilité

 

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Tout cela "pour rien", pour répéter et piétiner

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« De toutes les écoles de la patience et de la lucidité, la création est la plus efficace. Elle est aussi le bouleversant témoignage de la seule dignité de l’homme : la révolte tenace contre sa condition, la persévérance dans un effort tenu pour stérile. Elle demande un effort quotidien, la maîtrise de soi, l’appréciation exacte des limites du vrai, la mesure et la force. Elle constitue une ascèse. Tout cela "pour rien", pour répéter et piétiner. Mais peut-être la grande œuvre d’art a moins d’importance en elle-même que dans l’épreuve qu’elle exige d’un homme et l’occasion qu’elle lui fournit de surmonter ses fantômes et d’approcher d’un peu plus près sa réalité nue. »

Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

 

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21/01/2015

Toujours être en défiance

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« Il faut toujours être en défiance, Messieurs, toujours et pressés d’en finir, le jurer et remettre son serment en chantier tous les jours, ne pas se permettre un coup de respiration pour le plaisir, utiliser tous les battements de son cœur à ce qu’on fait, car celui qui a battu pour sa diversion mettra le désordre dans les milliers qui suivront. »

Henri Michaux, "L’époque des Illuminés" in Qui je fus

 

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Une pointe dure et tranchante

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« Le monde se réduit à ce que nous avons sous les yeux, manger, boire, faire l’amour, faire des enfants, se faire des amis, dormir, écouter de la musique, oublier au plus vite. Rien d’autre, crois-moi, Dieu n’est qu’une farce pas très réjouissante. »

« J’ai une douleur dans la poitrine, une pointe dure et tranchante qui ressemble à la solitude. »

Marco Lodoli, Les Promesses

 

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Comme un baiser ou une hache

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« On trouve des centaines de religions de part le monde et chacune d’elles est persuadée détenir la vérité, mais la seule vérité est que nous sommes de la viande de boucherie parquée en prévision de l’abattoir. Nous sommes des animaux poétiques, certes, nous possédons une imagination intarissable, nous donnons une voix aux arbres, aux poissons, aux morts, au ciel, car le silence nous terrifie. »

« Seigneur, descends en moi comme un baiser ou une hache, fais-toi entendre, je suis si seule. »

Marco Lodoli, Les Promesses

 

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"Celui" qui n’était plus

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« Quand ils arrivèrent dans la cour d’honneur, elle était pleine de monde ; on avait entendu le galop des forts chevaux ; la foule s’écarta :
- Mes enfants ? cria Galart.
"Non, non !" secouèrent les têtes...
- Le feu ?
"Non, non..."
Il était tout près. Mme de Galart, prévenue, l’attendait sur le perron, vêtue de noir - en deuil ! Se contenir ! Il sauta de cheval ; elle l’entraîna, et elle lui dit. Galart leva les bras en croix ; puis, mettant ses mains sur son visage, il pleura, à sanglots.

*

Le valet entra :
- Les gens peuvent-ils venir ?
- Les gens ? interrogea Galart, en levant sa figure rougie... (Mais il comprit soudain, hocha la tête et acquiesça.) Dans un instant.
Lui aussi se vêtit de noir ; puis avec sa famille et ses enfants, ils se placèrent sur le perron.
Les bordiers, les paysans, les tâcherons, les voisins humbles et les petits propriétaires étaient venus. Ils défilèrent pour serrer les mains, ainsi qu’à l’enterrement. Leur loyalisme avait compris que le seigneur restait le plus proche de "Celui" qui n’était plus, dont on apprenait le trépas ; Celui qu’on avait mis à mort la veille, la veille de ce jour, qui était en effet le "22 janvier 1793". »

Jean de la Varende, Les Manants du Roi

 

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Ce nouveau commandement des sociétés transparentes : "Être joignable".

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« La lecture est un refuge par temps de laideur. -Les livres : bunkers de papier. Ils nous offrent d’échapper à cet impératif de la modernité, ce nouveau commandement des sociétés transparentes : "Être joignable". Rester joignable est une injonction que l’on devrait réserver aux détenus en liberté conditionnelle, aux porteurs de bracelets électroniques. Lire, c’est le contraire : on se coupe, on s’isole, on s’installe dans l’histoire et, si elle vous captive, le monde peut s’écrouler. Les seules personnes joignables, ce sont l’auteur et le lecteur. L’un parle : sa voix parvient parfois du fond des âges ou de très loin dans l’espace. L’autre reçoit cinq sur cinq. La communication est parfaite, ça capte ! Tout lecteur est coupable de préférer le commerce de ses petites stèles de papier au contact avec ses semblables. Le spectacle est réjouissant de ces gens enfouis dans leur livre. Ils l’ouvrent, le monde se ferme. Un général chouan est allé à la mort ainsi. Il était debout sur la charrette, la foule le conspuait, lui lisait. Au pied de l’échafaud, avant de monter les marches vers la guillotine, il a corné la page !  »

Sylvain Tesson, Géographie de l’instant

 

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The whole man must move at once

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« Tu me connais assez pour savoir que je n’ai guère de temps dans ma vie pour amasser une sagesse abstraite ou théorique. Plutôt une certaine habileté pratique à tirer des conclusions à partir des visages des hommes ou de ce qu’ils disent […] mais de savoir théorique, comme je l’ai dit, je n’en ai presque pas, pour ainsi dire point. Juste une ou deux ou trois phrases, ou des aphorismes, comme on voudra les nommer ; il y a des alliages de mots qu’on n’oublie pas; qui oublie le Notre Père ? "The whole man must move at once" : tu as là une de mes grandes vérités. »

Hugo von Hofmannsthal, Lettre de Lord Chandos

 

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Faire semblant de les aimer

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« Je m’aperçus que depuis longtemps je n’aimais plus les gens ni les choses, mais que je continuais tant bien que mal et machinalement à faire semblant de les aimer. Je m’aperçus que même l’amour que je portais à ceux qui m’étaient le plus proches était devenu tentative d’aimer, que mes rapport de hasard – avec un directeur de journal, un marchand de tabac, l’enfant d’un ami, se bornaient seulement à ce que je me rappelais qu’il fallait dire, d’après le passé. »

F. Scott Fitzgerald, La Fêlure

 

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20/01/2015

Pour que deux êtres puissent vivre heureusement ensemble, il faut que la disparité soit portée à la limite

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« Tout ce qui tend à entraver la différenciation des sexes est mauvais et nuisible à la civilisation, contraire à l’esthétique générale de la vie. Plus l’homme et la femme sont différents d’esprit, de goûts, de désirs, de besoins, plus leur rapprochement est harmonieux, plus leur union est solide et complète. Pour que deux êtres puissent vivre heureusement ensemble, il faut que la disparité soit portée à la limite. Sans étonnement, il n’y a pas d’amour ; il faudrait que l’homme et la femme fussent l’un pour l’autre une surprise perpétuelle. »

Remy de Gourmont, Epilogues

 

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19/01/2015

La beauté de la vie

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« Je m’intéresse à la beauté de la vie bien plus qu’au bonheur de l’humanité. »

Remy de Gourmont, Epilogues

 

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