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28/01/2015

Trop las

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« Quand on se connaît bien, si on ne se méprise pas tota­lement, c’est parce qu’on est trop las pour se livrer à des sentiments extrêmes. »

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né

 

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Un superflu travail de vérification

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« Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d’un long, d’un superflu travail de vérifi­cation. »

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né

 

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J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle

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« Comment les faisceaux musculaires, habituellement si lourds, si obscurs, si immuablement statiques, connaissaient-ils l'instant où l'action s'anime d'une passion chauffée à blanc ? J'aimais la fraîcheur de la conscience qui perlait sans cesse sous la tension spirituelle, quelle qu'en fût l'espèce. Je ne pouvais plus croire que ce fut purement en raison d'une mienne vertu intellectuelle que le cuivre de la surexcitation reçut la doublure argentée de la connaissance. C'est cela qui faisait de la passion ce qu'elle était. Car je commençais à croire que c'étaient les muscles – puissants, statiquement si bien ordonnés et silencieux – qui étaient la vraie source de clarté de ma conscience. La douleur musculaire ressentie à l'occasion d'un coup qui passait à côté du bouclier suscitait aussitôt une conscience encore plus résolue qui supprimait la douleur, sentir que l'haleine allait manquer engendrait une fureur qui la dominait. Ainsi, de temps à autre, j'apercevais un autre soleil tout différent de celui qui, si longtemps, m'avait dispensé ses bénédictions, un soleil rempli des flammes sombres et cruelles de la conscience sensible, soleil de mort qui jamais ne brûlerait la peau, bien qu'il rougeoyât de rayons plus étranges encore.
Ce deuxième soleil était dans son essence bien plus dangereux pour l'intellect que n'avait jamais été le premier. Plus que toute autre chose, c'était ce danger où je trouvais mon enchantement. »

Yukio Mishima, Le Soleil et l'Acier

 

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27/01/2015

Il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être

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« Problème des "faux biens". – Il n’y a pas, comme nous l’enseigne un christianisme superficiel, des vrais biens qui appartiennent au ciel, et des faux biens qui appartiennent à la terre : il n’y a que des vrais biens, dont chacun à sa place et ses limites dans la hiérarchie de l’être. Mais il y a un usage faux dans l’usage de ces vrais biens. Et ce faux usage des vrais dons de Dieu, dicté par l’égoïsme, l’impatience ou l’orgueil, n’est pas limité aux biens temporels : il affecte au moins autant les biens éternels. Y a t’il beaucoup moins de dévots frelatés que d’amants égoïstes ? Et quel est le plus vain et le plus menteur des hommes, de celui qui prostitue la chair dans ses baisers ou de celui qui prostitue Dieu dans ses prières ? Où sont les censeurs des joies d’ici-bas qui ne méritent pas de s’entendre dire : avant de nous reprocher le faux usage de ce qui passe, montrez nous par votre exemple l’usage vrai de ce qui demeure. Vous condamnez notre idolâtrie de la vie. Mais quelle idole plus creuse et plus sournoise n’adorez-vous pas sous le nom d’esprit !  »

Gustave Thibon, L’échelle de Jacob

 

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Les gens qui lisent et les autres

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« Il y a les gens qui lisent, et il y a les autres. On s'aperçoit rapidement si quelqu'un est un lecteur ou non. Il n'est pas de plus grande différence entre les gens que celle-là. »

Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne

 

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Une série de caractères nouveaux

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« L'ensemble des caractères communs imposés par le milieu et l'hérédité à tous les individus d'un peuple constitue l'âme de ce peuple. Ces caractères étant d'origine ancestrale, sont très stables. Mais lorsque, sous des influences diverses, un certain nombre d'hommes se trouvent momentanément rassemblés, l'observation démontre qu'à leurs caractères ancestraux s'ajoutent une série de caractères nouveaux fort différents parfois de ceux de la race.



Leur ensemble constitue une âme collective puissante mais momentanée. Leurs foules ont toujours joué dans l'histoire un rôle important, jamais cependant aussi considérable qu'aujourd'hui. L'action inconsciente des foules, substituée a l'activité consciente des individus, représente une des caractéristiques de l’âge actuel. »

Gustave Le Bon, Psychologie des foules

 

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26/01/2015

Il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur

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« Quand on parcourut l’intérieur de l’Amérique septentrionale, on trouva dans l’état de nature, parmi les diverses nations sauvages, les différentes formes de gouvernement connues des peuples civilisés. L’Iroquois appartenait à une race qui semblait destinée à conquérir les races indiennes, si des étrangers n’étaient venus épuiser ses veines et arrêter son génie. Cet homme intrépide ne fut point étonné des armes à feu, lorsque pour la première fois on en usa contre lui ; il tint ferme au sifflement des balles et au bruit du canon, comme s’il les eût entendus toute sa vie ; il n’eut pas l’air d’y faire plus d’attention qu’à un orage. Aussitôt qu’il se put procurer un mousquet, il s’en servit mieux qu’un Européen. Il n’abandonna pas pour cela le casse-tête, le couteau de scalp, l’arc et la flèche ; mais il y ajouta la carabine, le pistolet, le poignard et la hache : il semblait n’avoir jamais assez d’armes pour sa valeur. Doublement paré des instruments meurtriers de l’Europe et de l’Amérique, la tête ornée de panaches, les oreilles découpées, le visage bariolé de diverses couleurs, les bras tatoués et teints de sang, ce champion du Nouveau-Monde devint aussi redoutable à voir qu’à combattre, sur le rivage qu’il défendit pied à pied contre les envahisseurs. »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

 

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Les prêtres et les dévots subalternes

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« L'Histoire nous enseigne que les vrais spirituels furent l'objet de persécutions fomentées souvent par les prêtres ou par les dévots subalternes : on voulait qu'ils se conformassent à la sottise générale, qu'ils rétractassent leurs vertus et qu'ils désavouassent leurs idées, on ne leur pardonnait leur richesse invisible ni leur félicité qu'on jugeait offensantes, leur personne était un reproche, leur état un défi, leur solitude une menace et si je ne craignais d'outrer ce que j'asserte, leur innocence était un crime. »

Albert Caraco, Écrits sur la religion

 

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Pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet

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« On a toujours raison de juger ce qu'on connaît ; et l'on y est bon juge. Mais pour juger un objet spécial, il faut être spécialement instruit de cet objet ; et pour bien juger d'une manière générale, il faut être instruit sur l'ensemble des choses. Voilà pourquoi la jeunesse est peu propre à faire une sérieuse étude de la politique ; elle n'a pas l'expérience des choses de la vie, et c'est précisément de ces choses que la politique s'occupe et qu'elle tire des théories. Il faut ajouter que la jeunesse qui n'écoute que ses passions, entendrait de telles leçons bien vainement et sans aucun profit, puisque le but que poursuit la science politique n'est pas de la simple connaissance des choses, et que ce but est pratique avant tout.
Quand je dis jeunesse, je veux dire tout aussi bien la jeunesse de l'esprit que la jeunesse de l'âge ; il n'y a point sous ce rapport de différence ; car le défaut que je signale ne tient pas au temps qu'on a vécu ; il tient uniquement à ce qu'on vit sous l'empire de la passion, et à ce qu'on ne se laisse jamais guider que par elle dans la poursuite de ses désirs. Pour les esprits de ce genre, la connaissance des choses est tout à fait inféconde, absolument comme elle l'est pour les gens qui perdent la maîtrise d'eux-mêmes. Au contraire, ceux qui règlent leurs désirs et leurs actes par la seule raison peuvent profiter beaucoup à l'étude de la politique. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, I-I, 18

 

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Ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante

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« Mais l’homme ne voulait pas se taire. Le prêtre se rappela une source de pétrole que des prospecteurs avaient découverte un jour près de Concepción : le terrain n’était pas assez riche pour justifier de plus grands travaux, mais pendant quarante-huit heures, un jet noir, perçant le sol stérile et marécageux, avait jailli vers le ciel, pour l’écouler ensuite et s’infiltrer dans la terre, à raison de deux cent mille litres par heure. Tel est chez l’homme le sentiment religieux, qui s’élance brusquement vers le ciel, en une colonne noire de fumée et de scories, puis se perd à jamais.
"Voulez-vous que je vous dise ce que j’ai fait ? C’est votre métier de m’écouter. J’ai pris de l’argent aux femmes, en échange de... vous savez quoi, et j’ai donné cet argent à de jeunes garçons...
-Je ne veux rien entendre.
-C’est votre métier.
-Vous vous trompez.
-Oh ! Mais non. Vous n’arriverez pas à me donner le change. Ecoutez. J’ai entretenu de petits jeunes gens... vous savez ce que je veux dire. Et j’ai mangé de la viande le vendredi."
Un horrible mélange du trivial et du grotesque coulait entre les crocs jaunes, et la main qui serrait la cheville du prêtre ne cessait de trembler de fièvre.
"J’ai menti. Je n’ai pas jeûné pendant le carême depuis je ne sais combien d’années. Il m’est arrivé de posséder deux femmes à la fois... Je vais vous raconter comment j’ai fait..."
Il avait un sentiment démesuré de sa propre importance : il était incapable d’imaginer ce monde dont il n’était qu’un détail banal, ce monde de traîtrise, de violence et de luxure où sa propre ignominie était tout à fait insignifiante. Combien de fois le prêtre avait-il entendu cette même confession ? Les hommes sont si limités : ils n’ont même pas l’habileté d’inventer un vice nouveau : les animaux en savent autant qu’eux. Et c’est pour ce monde que le Christ est mort ; plus l’on voit de corruption autour de soi, plus la gloire qui entoure sa mort resplendit. C’est trop facile de mourir pour ce qui est bon ou beau, son foyer, ses enfants ou la civilisation... il fallait un Dieu pour mourir afin de sauver des hommes lâches et corrompus. »

Graham Greene, La Puissance et la Gloire

 

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25/01/2015

Ma vraie famille, c’était les écrivains

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« "On dirait que tu t’ennuie, que tu es ailleurs."
Elle ne croyait pas si bien dire. Comme ce monde si proche me paraissait lointain. Mes amis, étrangers. Ma vraie famille, c’était les écrivains que j’aimais, dont la pensée m’aidait à m’évader du trébuchet familial. Ailleurs, oui : je creusais sous la surface de cette vie morne et conventionnelle ; je forais un puits pour atteindre je ne sais quelle vérité souterraine aussi claire, vivifiante et ombreuse que la nappe phréatique. Ou alors je regardais vers le ciel fuir les nuages, les merveilleux nuages. Je sais. Nous avons tous enfoui dans notre cœur un rêve inassouvi, un amour de jeunesse dont la pensée lancinante ne nous laisse pas en repos, un métier dans lequel on rêvait de s’accomplir. Mais s’agissant de moi, l’affaire est plus grave. J’ai été dépossédé de ma vraie vie. »

Jean-Marie Rouart, La guerre amoureuse

 

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Rien n’est blanc ou noir

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« Il m’a expliqué en souriant que rien n’est blanc ou noir et que le blanc, c’est souvent le noir qui se cache et le noir, c’est parfois le blanc qui s’est fait avoir. »

Romain Gary, La vie devant soi

 

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Avec une femme intelligente

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« Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l’on veut. »

Paul Valéry, Mauvaises pensée et autres

 

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Mille canaux sont ouverts par lesquels on tire le sang du peuple

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Attribué à Pierre Jurieu, mais cette attribution ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes...

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La vie, cette petite chose éphémère et si commune

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« Chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n'a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun - et d'abord à ses propres yeux - peut lui donner. Une conception bien différente de celle véhiculée par tant de ces sagesses de bazar, de ces platitudes qui ont envahi l'esprit des masses occidentales et incitent à désirer une vie la plus longue possible, fût-elle médiocre et larvaire.

Mortels comme tous les êtres de la nature, végétaux ou animaux, les hommes sont pourtant parfois splendides comme les dieux immortels. Homère les montre même souvent plus grands, parce que mortels. »

Dominique Venner, Un samouraï d'Occident - Le Bréviaire des insoumis

 

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"Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir"

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« Par la voix de leur poète fondateur, nos anciens âges avaient la conscience forte de ce qu’ajoute une mort dramatique à l’image du défunt. Ainsi parle Hélène: "Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir" (Iliade, VI, 357-358). Ainsi parle également Alcinoos, roi des Phéaciens, pour consoler Ulysse qui pleure ses camarades morts : "Si les dieux ont infligé la mort à tant d’hommes, c’est pour donner des chants aux gens de l’avenir" (Odyssée, VIII, 579-580). Donner des chants, autrement dit des poèmes, cela signifie transcender le malheur en œuvre d’art. Ce fut une constante de l’imaginaire européen pour qui les grands drames font les grandes sagas. Achille était d’une vitalité extrême, pourtant, il fit le choix d’une vie brève et glorieuse, plutôt que d’une existence longue et terne (Iliade, IX, 410-417). Le héros était d’ailleurs sans illusion sur ce qui survient après la mort: "La vie d’un homme ne se retrouve pas ; jamais plus elle ne se laisse saisir, du jour qu’elle est sortie de l’enclos des dents" (Iliade, 408-409). Plus tard, réduit à l’état d’ombre aux Enfers, il dira à Ulysse que l’éternité lui semble d’un ennui mortel. Opinion partagée par Ulysse lui-même. Dans l’Odyssée, le héros éponyme se voit proposer par la nymphe Calypso une vie éternelle et voluptueuse à ses côtés. Contre toute attente, il refuse, préférant son destin de mortel et choisissant de retrouver sa terre et son épouse Pénélope pour mourir à ses côtès (Odyssée, V, 215-220).

La mort n’est pas seulement le drame que l’on dit, sinon pour ceux qui pleurent sincèrement le disparu. Elle met fin aux maladies cruelles et interrompt le délabrement de la vieillesse, donnant leur place aux nouvelles générations. La mort peut se révéler aussi une libération à l’égard d’un sort devenu insupportable ou déshonorant. Elle peut même devenir un motif de fierté. Sous sa forme volontaire illustrée par les samouraï et les «vieux Romains», elle peut constituer la plus forte des protestations contre une indignité autant qu’une provocation à l’espérance. »

Dominique Venner, Editorial de La Nouvelle Revue d'Histoire - n°: 64, Janvier-Février 2013, La Fin des Habsbourg

 

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Le refus horrifié de la présence du corps féminin chez les musulmans

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« Dans son essai, "L’Islam, le Sexe et Nous" (Buchet-Chastel, 2009), Denis Bachelot a braqué le projecteur sur une réalité autrement parlante que le concept flou de la citoyenneté. Au centre de sa réflexion, l’omniprésence sociale du corps de la femme dans notre culture et nos habitudes. Le refus horrifié de cette présence du corps féminin chez les musulmans (le voile) heurte de plein fouet la tradition ancestrale européenne qui, depuis le haut Moyen Âge, a fait toute sa place à la visibilité du corps féminin.

Ces réactions définissent l’identité : désir d’être soi-même, être conscient de ce que l’on est dans toute l’épaisseur de son existence, parmi ceux qui vous ressemblent et partagent la même mémoire. Si l’on n’est pas complètement aveugle, on se demande pourquoi le désir d’identité serait légitime chez les Noirs américains, les Chinois, les Arabes, les Israéliens, les Ouïgours, les Turcs ou les Maliens, mais condamnable chez les Français et les Européens ? Répondre à cette question permettrait de progresser dans la compréhension de notre époque. »

Dominique Venner, Article "Immigration et identité" paru dans "Valeurs Actuelles" - Jeudi 05 Novembre 2009

 

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24/01/2015

La rareté artificielle

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« Avec des lois ad hoc, avec de l’arbitraire, avec des baïonnettes, avec des chaînes, avec des entraves, avec des châtiments et des persécutions, il n’est pas impossible de chasser les concurrents, de créer la rareté et cette hausse artificielle qui est l’objet de nos désirs.

(...)

Chacun s’adresse à la législature, et par cet intermédiaire à la force publique, pour lui demander de créer artificiellement, par tous les moyens en son pouvoir, la rareté de la chose qu’il produit. L’agriculteur demande la rareté du blé ; l’éleveur, la rareté du bétail ; le maître de forges, la rareté du fer ; le colon, la rareté du sucre ; le tisseur, la rareté du drap, etc., etc. Chacun donne les mêmes raisons, ce qui finit par faire un corps de doctrine qu’on peut bien appeler la théorie de la disette ; et la force publique emploie le fer et le feu au triomphe de cette théorie. Mais, sans parler des masses, ainsi soumises au régime de la privation universelle, il est aisé de voir à quelle mystification viennent se heurter les inventeurs de ce régime, et quel terrible châtiment attend leur rapacité sans scrupule.

Nous avons vu que, relativement à chaque produit spécial, la valeur avait deux éléments : 1° la rareté de ce qui lui est similaire ; 2° l’abondance de tout ce qui ne lui est pas similaire.

Or, qu’on veuille bien remarquer ceci : par cela même que la législature, esclave de l’égoïsme individuel, travaille à réaliser le premier de ces deux éléments de la valeur, elle détruit le second, sans pouvoir l’éviter, puisque c’est une seule et même chose. Elle a successivement satisfait les vœux de l’agriculteur, de l’éleveur, du maître de forges, du fabricant, du colon, en produisant artificiellement la rareté du blé, de la viande, du fer, du drap, du sucre, etc. ; mais cela qu’est-ce autre chose que détruire cette abondance générale, qui est la seconde condition de la valeur de chaque produit particulier ? Ainsi, après avoir soumis la communauté à des privations effectives, impliquées dans la disette, dans le but d’exhausser la valeur des produits, il se trouve qu’on n’a pas même réussi à atteindre cette ombre, à étreindre ce fantôme, à exhausser cette valeur nominale, parce que précisément ce que la rareté du produit spécial opère en sa faveur, dans ce sens, la rareté des autres produits le neutralise. »

Frédéric Bastiat, Abondance

 

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Sous l’influence de la liberté

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« Loin que nous entretenions l’absurde pensée d’anéantir la religion, l’éducation, la propriété, le travail et les arts quand nous demandons que l’État protège le libre développement de tous ces ordres d’activité humaine, sans les soudoyer aux dépens les uns des autres, nous croyons au contraire que toutes ces forces vives de la société se développeraient harmonieusement sous l’influence de la liberté, qu’aucune d’elles ne deviendrait, comme nous le voyons aujourd’hui, une source de troubles, d’abus, de tyrannie et de désordre.Nos adversaires croient qu’une activité qui n’est ni soudoyée ni réglementée est une activité anéantie. Nous croyons le contraire. Leur foi est dans le législateur, non dans l’humanité. La nôtre est dans l’humanité, non dans le législateur. »

Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas - "IV. Théâtres, Beaux-Arts"

 

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Rationalisme et scientisme, sentimentalisme et moralisme

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René Guénon

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La pros­ti­tu­tion des idées est dev­enue dans le monde entier une insti­tu­tion d’État

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« À l’heure actuelle, je ne con­nais pas de sys­tème ni de parti auquel on puisse con­fier une idée vraie avec le moin­dre espoir de la retrou­ver intacte, le lende­main, ou même sim­ple­ment recon­naiss­able. Je dis­pose d’un petit nom­bre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enver­rai pas à l’Assistance publique, pour ne pas dire à la mai­son publique, car la pros­ti­tu­tion des idées est dev­enue dans le monde entier une insti­tu­tion d’État. Toutes les idées qu’on laisse aller toutes seules, avec leurs natte sur le dos et un petit panier à la main comme le Chap­eron Rouge, sont vio­lées au pre­mier coin de rue par n’importe quel slo­gan en uni­forme. Car tous les slo­gans sont en uni­forme, tous les slo­gans appar­ti­en­nent à la police. »

Georges Bernanos, La lib­erté pour quoi faire ?

 

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Ressembler à des torches

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« — Et vous, maintenant qu’il fait nuit et que ça arrange les choses du côté de la honte, comment êtes-vous avec Dieu ?

Cher petit Saint-Anne ! Je n’avais pas besoin de me cacher dans la nuit… Les autres répétaient que les puissants de la terre ne formaient qu’une famille, en ce sens je ne pouvais renier Dieu. À mon sens, Jésus-Christ était un coupable jeune homme. Il avait donné aux hommes l’envie de ressembler à des torches. Je préférais les stupides Romains, admirateurs des colonnes, des tombeaux, des murailles et, en général, de tout ce qui sentaient le plâtre ; ils étaient propres, discrets, peut-être un peu chauves sur le chapitre des sentiments. Aujourd’hui, les torches étaient des boites d’allumettes, on brûlait un petit sentiment pour une femme, un autre pour un tableau, ainsi en avait-on pour un long temps et, d’ailleurs, c’était de mauvaises allumettes, la plupart ne prenaient pas feu. De toute façon, ces pensées ne valaient rien, je répondais en persiflant (mais sans gaité, je le jure bien), je répondais que Dieu et le capitaine de Forjac s’ignoraient. Saint-Anne me demandait avec indignation comment je pouvais parler de la sorte ? Un officier qui a tant d’idéal...

Je prenais l’injure en plein visage, sans penser à me défendre, puisque aussi bien je la méritais. Oui, un certain mélange de drapeaux dans le soleil couchant, de proclamations à haute voix, de troupes alignées, de machines furieuses puis apaisées, tout cela formait depuis longtemps sous mon regard une sorte d’horizon qu’il fallait bien appeler l’idéal militaire. Mais je ne me dissimulais pas que cet idéal n’était qu’une sorte de cold-cream dont je me barbouillais l’intérieur de la tête pour éviter des ennuis différents. J’étais donc sincère en défendant la discipline, l’ordre, la vaillance, pareil à celui qui est sujet aux bronchites et trace l’apologie du cache-nez. Pourquoi le nier ? L’armée était le refuge de tous les sentimentaux qui, lassés du monde (le monde si difficile), retournaient vers leur enfance, se mettaient en rang.

Sans quoi les hommes se ressemblaient tous, il était inutile de les regarder comme s’ils se promenaient sur un écran de cinéma. Seuls quelques étourdis se trompaient et sortaient de la vie en se jetant par la fenêtre au lieu de passer par la porte. Ceux-là, on les décorait du nom de héros et, plus tard, on faisait danser leur sacrifice devant les yeux des petits garçons éblouis, afin qu’ils se préparent pour leur vingt ans à la même destinée ; mais les petits garçons, devenus grands, vendaient plutôt des frigidaires. »

Roger Nimier, Le Hussard Bleu

 

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Le bien se définissant comme l’unification des choses dans un monde totalisé

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« Toute "transparence" pose immédiatement la question de son contraire, le secret. C’est une alternative qui ne rélève en rien de la morale, du bien et du mal : il y a du secret et du profane, ce qui est une autre répartition des choses. Certaines choses ne seront jamais données à voir, se partagent dans le secret selon un type d’échange différent de celui qui passe par le visible. Lorsque tout tend à passer du côté du visible, comme c’est le cas dans notre univers, que deviennent les choses jadis secrètes ? Elles deviennent occultes, clandestines, maléfiques : ce qui était simplement secret, c’est-à-dire donné à s’échanger dans le secret, devient le mal et doit être aboli, exterminé. Mais on ne peut pas les détruire : d’une certaine façon, le secret est indestructible. Il va alors se diaboliser et passer au travers des instruments mêmes employés pour l’éliminer. Son énergie est celle du mal, l’énergie qui vient de la non-unification des choses - le bien se définissant comme l’unification des choses dans un monde totalisé.

Des lors, tout ce qui repose sur la dualité, sur la dissociation des choses, sur la négativité, sur la mort, est tenu pour le mal. Notre société s’emploie donc à faire que tout aille bien, qu’à chaque besoin réponde une technologie. Toute la technologie est du côté du bien en ce sens là, c’est à dire de l’accomplissement du désir général, dans un état de chose unifié. Nous sommes aujourd’hui dans un système que je dirais en “anneau de Moebius”. Si nous étions dans un système de face à face, de confrontation, les stratégies pourraient être claires, fondées sur une linéarité des causes et des effets. Qu’on utilise le mal ou le bien, c’est en fonction d’un projet, et le machiavélisme n’est pas en dehors de la rationalité. Mais nous sommes dans un univers complètement aléatoire où les causes et les effets se superposent, selon ce modèle de l’anneau de Moebius, et nul ne peut savoir où vont s’arrêter les effets des effets.

Un exemple d’effet pervers se voit dans la lutte contre la corruption qui règne dans les affaires ou dans le financement des partis politiques. Il est évident qu’elle doit être dénoncée. Et les juges le font. Et on se dit qu’il y a là une purification, au bon sens du terme. Mais la purification a elle aussi nécessairement des effets seconds. L’affaire Clinton est du même ordre. Et parvenant à dénoncer une perversion judiciaire confinant au parjure, le juge contribue à construire l’image d’une Amérique "propre". Donc bénéficiant, pour exploiter - fut-ce démocratiquement - le reste du monde, d’une puissance morale accrue.

Ce n’est que de manière superficielle qu’on peut lire l’action des juges homme conflictuellement opposée à la classe politique. D’une certaine façon, ils sont au contraire les régénérateurs de sa légitimité - alors même que le problème de sa corruption est loin d’être résolu.

Et est-il si certain que la corruption doive être à tout prix éradiquée ? Cet argent qui alimente les fabuleuses commissions des financements d’armes, ou même leur production, on se dit évidemment qu’il serait de beaucoup préférable de l’utiliser pour réduire la misère du monde. Mais c’est une évidence hâtive. Comme il n’est pas question qu’il sorte du circuit marchand, il "pourrait" être reversé dans un bétonnage généralisé du territoire. Dès lors, aussi paradoxale que puisse paraître la question, est-il préférable, du point de vue du "bien" ou du "mal", de continuer à fabriquer, voire à vendre des armes dont un certain nombre ne seront jamais utilisées, ou de faire disparaître un pays sous une chape de béton ? La réponse à cette question importe moins que la prise de conscience qu’il n’y a aucun point fixe à partir duquel on puisse déterminer ce qui est totalement bien ou totalement mal.

C’est bien sûr une situation profondément désastreuse pour l’esprit rationnel, et d’un inconfort total. Il n’empêche que, comme Nietzsche parlait de l’illusion vitale des apparences, on pourrait parler d’une fonction vitale de la corruption dans la société. Mais, le principe en étant illégitime, il ne peut pas être officialisé, il ne peut donc opérer que dans le secret. C’est un point de vue évidemment cynique, moralement inadmissible, mais c’est aussi une sorte de stratégie fatale - qui n’est d’ailleurs l’apanage de personne et sans bénéfices exclusifs. Par là serait réintroduit le mal. Le mal fonctionne parce que l’énergie vient de lui. Et le combattre - ce qui est nécessaire - conduit simultanément à le réactiver.

On peut évoquer ici ce que disait Mandeville quand il affirmait qu’une société fonctionne à partir de ses vices, ou du moins à partir de ses déséquilibres. Non pas sur ses qualités positives, mais sur ses qualités négatives. Si on accepte ce cynisme, on peut comprendre que le politique soit - aussi - l’inclusion du mal, du désordre, dans l’ordre idéal des choses. Il ne faut donc pas le nier mais en jouer, s’en jouer et le déjouer.

Ce titre - "la transparence du mal" - n’est pas tout à fait pertinent... Il faudrait plutôt parler de la "transpiration" du Mal qui, quoi qu’on fasse, "transparaît" ou transpire à travers tout ce qui tend à la conjurer. Par ailleurs, ce serait la transparence elle-même qui serait le Mal - la perte de tout secret. Tout comme, dans le "crime parfait", c’est la perfection elle-même qui est criminelle. »

Jean Baudrillard, Mots de Passe

 

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Une doctrine de paresseux

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« La croyance au progrès est une doctrine de paresseux, une doctrine de Belges. C’est l’individu qui compte sur ses voisins pour faire sa besogne.Il ne peut y avoir de progrès (vrai, c’est-à-dire moral) que dans l’individu et par l’individu lui-même.Mais le monde est fait de gens qui ne peuvent penser qu’en commun, en bandes. Ainsi les Sociétés belges. Il y a aussi des gens qui ne peuvent s’amuser qu’en troupe. Le vrai héros s’amuse tout seul. »

Charles Baudelaire, Journaux Intimes

 

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23/01/2015

L'homme n'a de génie qu'à vingt ans et s'il a faim

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« L'étouffement des désirs par la satisfaction des besoins, telle est la police parcimonieuse, l'économie sordide, découlant des facilités dont nous accablent les machines, qui viendra à bout de nos races. L'homme n'a de génie qu'à vingt ans et s'il a faim. Mais l'abondance de l'épicerie tue les passions. Bourrée de conserves, il se fait dans la bouche de l'homme une mauvaise chimie qui corrompt les vocables. Plus de religions, plus d'arts, plus de langages. Assommé, l'homme n'exprime plus rien. »

Pierre Drieu la Rochelle, Le Jeune Européen

 

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