16/02/2007
Philippe Sollers, un Catholique singulier.
Je te salue, Marie
"--Avez-vous reçu une éducation religieuse ?
Philippe Sollers--Je suis issu d’une famille bourgeoise catholique de Bordeaux. Mon père était tout à fait indifférent aux problèmes religieux, mais marqué par un pessimisme très fort, contrairement à ma mère qui, elle, était catholique. Les rites de cette religion m’ont tout de suite plu. Je l’ai immédiatement vécue de manière personnelle et enveloppée de liturgie. J’aurais pu être enfant de chœur, mais j’ai suivi des cours de catéchisme qui m’ont très vite déçu. Je trouvais les discours que l’on me proposait extraordinairement plats et minimaux, ils n’étaient pas à la hauteur de mes attentes. J’étais plus à la recherche de sensations fortes que pouvait m’apporter la liturgie. Je les ai rencontrées et celles-ci ne m’ont d’ailleurs jamais quitté, elles sont encore présentes, en sourdine. Je me sens toujours en possessions de mon enfance, une enfance gorgée de perceptions et de souvenirs.
J’ai grandi dans cette atmosphère jusqu’à l’âge de 12 ans. J’ai fait ma première communion, ma communion solennelle. J’ai ensuite connu les jésuites, lors de ma scolarité, dans une grande école à Versailles. C’est un milieu qui aurait pu me convenir, mais j’ai été renvoyé au bout de la deuxième année pour lecture de livres défendus. J’ai gardé mes livres, et j’ai compris que je devais continuer seul.
--Avez-vous ensuite conservé, dans votre vie adulte, cette sensibilité à la liturgie, à l’atmosphère des églises ?
Philippe Sollers--En Italie, pas en France. Le catholicisme français me donne un sentiment de malaise, il porte quelque chose de lourd en lui, pour des raisons historiques, je pense. En revanche, dès que je suis en Italie, cette religion m’absorbe de partout. Je me sens très bien dans ce pays. Lorsque je me retrouve dans des villes comme Venise ou Rome par exemple, cela me paraît tout à fait naturel d’entrer dans une église, d’allumer un cierge et de prier. En France, c’est différent, j’ai eu quelquefois cette démarche, mais c’était uniquement pour habituer mon fils à ce genre de sensations. Je lui ai fait visiter toutes les églises de Paris, avec une préférence pour Saint-Germain l’Auxerrois ou Notre-Dame. Je tenais à ce qu’il connaisse et ressente cette atmosphère.
--Qu’est-ce qui vous touche tant dans la liturgie ?
Philippe Sollers--Si la liturgie et l’atmosphère qui règne dans les églises sont si importantes pour moi c’est que l’esthétique joue un rôle capital dans cette religion. Dans notre culture, la peinture, la sculpture, la musique sont d’origine catholique. J’ai besoin de ces révélations physiques, sensuelles, corporelles. C’est pour cette raison que les autres religions ne pourraient pas me convenir : elles n’offrent pas un tel choix esthétique. Je suis, par exemple, très content de savoir qu’un pape allemand joue du Mozart, presque chaque jour, pour se délasser.
--Vous avez beaucoup voyagé : il n’y a donc aucune autre religion ou spiritualité dont l’esthétisme vous a touché ?
Philippe Sollers--Tous les grands continents m’ont passionné, l’Inde et la Chine notamment. Le taoïsme, par exemple, m’attire par de nombreux aspects philosophiques et esthétiques. Mais il n’y a rien à faire, le catholicisme reste pour moi la voix royale. Deux événements ont accentué mon inclination vers cette religion : la naissance de mon fils, que j’ai fait baptiser de façon catholique, et l’avènement de Jean Paul II. Ce moment historique m’est apparu à l’époque comme un signe des temps considérable. J’étais à New York au moment de son élection, je revois le visage de ce jeune pape sportif apparaître sur les écrans des télévisions américaines, révélant l’existence de ce pays tellement méconnu jusqu’alors par le monde entier : la Pologne. Puis, il y eut cet épisode terrible de l’attentat place Saint-Pierre à Rome. Cet épisode extraordinairement romanesque m’a profondément ému et bouleversé. Il m’a d’ailleurs inspiré un roman, le Secret. Je suis passionné par l’histoire secrète de l’Église, ses contradictions, et surtout par la haine très étrange, très spéciale, qu’elle déclenche.
--Vous parlez d’expériences esthétiques ou de la dimension culturelle du catholicisme, mais vous considérez-vous comme croyant ?
Philippe Sollers--Il est certain que j’ai un rapport personnel à la transcendance et au sacré, mais de là à dire que je suis croyant… Je ne sais pas. Le côté « ecclésiastique » du mot ne me convient pas.
--Avez-vous connu des moments de grâce ?
Philippe Sollers--Oui, j’en ai eu et j’en ai encore constamment, mais je ne peux pas les décrire oralement. En revanche je les écris. Ce sont en général des clartés affirmatives. Je les ai surtout ressentis à travers l’expérience de la maladie. J’ai été assez souvent malade étant jeune. Vous n’avez pas d’état de grâce sans avoir une expérience assez précise de la mort à travers la maladie ou la souffrance. Si le côté sirupeux de la mystique m’échappe totalement, la négativité me paraît, elle, essentielle. Je suis un grand admirateur de Maître Eckhart. Mais aussi d’Angelus Silesius.
--Croyez-vous à l’existence d’une histoire divine qui s’écrive sans qu’on la connaisse ?
Philippe Sollers--J’ai tendance à penser qu’il y a une histoire diabolique qui est sans cesse mise en échec par des contretemps inattendus. Je ne crois pas à un Dieu tout puissant, mais à un Dieu furtif, à éclipses, qui vient quand il faut. Je suis plutôt « providentialiste ».
--Croyez-vous au destin ?
Philippe Sollers--Tout le temps, et sous des formes différentes. Je ne suis ni ennemi ni oublieux des dieux grecs par exemple, ni des déesses d’ailleurs, dont on ne parle pas assez.
--La concentration dogmatique du catholicisme, qui n’a pas fait preuve de beaucoup de tolérance envers le paganisme antique, ne vous gêne-t-elle pas ?
Philippe Sollers--Contrairement à l’opinion commune, je suis frappé par le côté inventif des dogmes. L’Immaculée Conception, par exemple, qui est un dogme très tardif (1854) me paraît parfaitement logique. Tout comme l’infaillibilité pontificale. Il en va de même pour tous les dogmes fondateurs du christianisme, comme celui de l’Incarnation. Pour moi ce sont des chefs-d’œuvre et j’adhère à tous les chefs-d’œuvre. Lorsqu’on demandait à James Joyce pourquoi il ne quittait pas le catholicisme pour le protestantisme, il répondait cette chose sublime : « Je ne vois aucune raison de quitter une absurdité cohérente pour une absurdité incohérente. »
--On vous connaît aussi comme un libertin, aimant le plaisir des sens. Vous n’êtes pas gêné par les positions de l’Église en matière de morale sexuelle ?
Philippe Sollers--Je trouve le comportement des autorités ecclésiastiques à la fois touchant et puéril. La surestimation de la question sexuelle me paraît une erreur. La sexualité n’a pas droit à un traitement si obsessionnel, ni dans son utilisation, ni dans sa récusation. Il y a des choses beaucoup plus importantes auxquelles il faut s’intéresser. Casanova vous dira : « J’ai vécu en philosophe, je meurs en chrétien. » C’est beaucoup mieux que le contraire.
Je suis un athée sexuel. Je ne suis pas dans l’illusion de croire que l’on continuerait à réciter quelque chose de religieux pour éviter l’activité sexuelle. Ce qui est intéressant, c’est que le pape Benoît XVI, dans sa première encyclique, reconnaît l’existence de l’eros et la continuité qui existe entre eros et agapé.
--Avez-vous rencontré des personnalités chrétiennes qui vous ont particulièrement marqué ?
Philippe Sollers--Mauriac, qui était catholique, m’a beaucoup intrigué. Je l’ai connu jeune, nous sommes devenus très proches, je l’ai veillé au moment de sa mort. Mais c’est ma rencontre avec Jean Paul II qui m’a laissé le souvenir le plus fort. Je lui ai apporté le livre que j’avais écrit sur la Divine Comédie. C’était en octobre 2000, et je dois avouer qu’au moment où il a mis sa main sur mon épaule, j’ai ressenti une émotion forte, un peu ce que l’on éprouve, j’imagine lorsque l’on reçoit une décoration à titre militaire.
--Est-il possible qu’au moment de votre mort, vous récitiez une prière, un « Je vous salue Marie » par exemple ?
Philippe Sollers--J’ai récité tellement de « Notre Père » et de « Je vous salue Marie », que je n’ai pas besoin d’attendre le moment de ma mort pour cela. Je regrette d’ailleurs que, dans ces prières, on n’utilise pas davantage la première personne du singulier. Cela donnerait : « Mon Père qui est aux cieux », « Pardonne-moi mes offenses », Délivre-moi du mal » ou encore « Je te salue, Marie », « Maintenant et à l’heure de ma mort ». J’aime beaucoup le Credo également. Le Credo a donné des musiques magnifiques : Bach, Mozart.
--Vous arrive-t-il de penser à votre mort ou à vos funérailles ?
Philippe Sollers--Je pense à ma mort chaque jour. J’ai une vieille concession familiale qui est déjà retenue, mais je ne dédaignerais pas être enterré dans une belle église de Venise. Je ne pense pas que ce soit possible… à moins que le Saint-Siège me désigne en voie de béatification atypique ! (rires)."
Propos recueillis par Aurélie Godefroy et Frédéric Lenoir.
Le Monde des Religions, mai-juin 2006, n°17
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14/02/2007
"Le mariage transformé par ses célibataires mêmes" par Philippe Muray
Ce texte a été publié dans une version légèrement réduite sous le titre "La guerre du mariage a-t-elle eu lieu ?" dans Marianne (18/09/2004, page 79). Ici : version intégrale.
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"Par-delà le néo-mariage, et quelques autres revendications divertissantes, c'est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c'est l'écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d'expression, c'est la mise en examen automatique pour délit de lucidité.
Le mariage est une invention qui remonte à la plus haute antiquité. Je parle du mariage à l'ancienne, cette institution conformiste, vermoulue et petite-bourgeoise qui véhicule depuis la nuit des temps « les valeurs hétéro-patriarcales et familialistes » pour m'exprimer comme Christophe Girard et Clémentine Autain. Sauf erreur de ma part, cette mémorable conquête n'a pas été arrachée, l'arme à la main, de nuit, dans la précipitation et sous la menace des pires représailles, par une petite bande de fanatiques de la nuptialité bien décidés à se servir de la lâcheté des uns, de l'ambition des autres, de la démagogie tremblotante de tous, pour faire triompher leur cause. Nulle part ce type de mariage ne paraît avoir été imposé par la force. Ni en jetant à l'opinion publique un fatras précipité de raisonnements contradictoires afin d'extorquer d'elle, par sondage, une approbation apeurée. Il n'est pas davantage le fruit d'une volonté claironnée de mettre à genoux le pouvoir politique. Aucun gouvernement, à ma connaissance, n'a cédé aux partisans de la conjugalité dans la crainte de se voir accusé de gamophobie (du grec gamos, mariage).
Y a-t-il même eu « débat », à propos de cette importante « question de société », chez les Égyptiens pharaoniques, à Babylone, en Inde, à Lascaux, entre psychanalystes lacustres, sociologues troglodytes, militants de l'un ou l'autre bord ? En a-t-on discuté, dans le désert de Chaldée, à la lueur de la Grande Ourse ? A-t-on menacé de ringardisation les adversaires de cette nouveauté ? Les a-t-on accusés de ne rien comprendre à l'évolution des mœurs, de s'accrocher à des modèles désuets, d'alimenter la nostalgie d'un ordre soi-disant naturel qui ne relève que de la culture ? La Guerre des Games (de gamos, mariage, je ne le répéterai plus) a-t-elle eu lieu ?
Il semble bien que non. La chose, c'est horrible à dire, s'est faite toute seule, suivant la pente de l'espèce, laquelle sait si bien jouer sur les deux tableaux pour protéger ses intérêts, manier en même temps la carotte et le bâton, l'appât et l'hameçon, le désir de satisfaction sexuelle des individus et ses propres nécessités vitales de perpétuation, et emballer cela dans les mirages vaporeux de la pastorale romantique.
On a tout essayé, par la suite, avec le mariage. On l'a plié dans tous les sens. On a tâté de la polygamie, de la bigamie, de la monogamie, de l'adultère, du divorce à répétition, du mariage forcé, du mariage civil, du mariage religieux, du mariage d'argent, du mariage raté. On a même vu des mariages heureux. On a vu des mariages stériles et d'autres féconds, des unions dramatiques et des noces de sang. On en a fait des vaudevilles et des tragédies. Avec des placards pleins d'amants, des cocus en caleçon, des maîtresses acariâtres. Le mariage, en résumé, n'a été inventé que pour fournir des sujets de romans et pour assurer la chaîne sans fin des générations ainsi que le veut l'espèce.
Il n'en va pas exactement de même du futur mariage homosexuel, dont la genèse aura laissé tant de traces, à l'inverse de l'autre, qu'il sera aisé de la reconstituer. C'est que cette nouveauté ne va pas de soi, comme d'ailleurs la plupart des opérations expérimentales de notre temps. L'époque moderne, dont l'essence même est le soupçon dans tous les domaines, explose en cette affaire dans une sorte d'opéra-bouffe stupéfiant où la mauvaise foi et le chantage se donnent la réplique inlassablement. C'est d'abord le code civil qui a été instrumenté. On a prétendu qu'il n'y était stipulé nulle part que le mariage était réservé aux personnes de sexe opposé. Les homosexuels militants se sont engouffrés dans cet « oubli » pour exiger, au nom de l'égalité des droits, « l'accès des gays et des lesbiennes au mariage et à l'adoption ». L'exigence d'égalité est la grosse artillerie qui renverse toutes les murailles de Chine. La marche sans fin vers l'égalité absolue remplace, chez les minorités dominantes et furibondes, le défunt sens de l'Histoire. Pour ce qui est du code civil, d'abord paré de toutes les vertus, il n'a plus été qu'une sorte d'opuscule diffamatoire sitôt qu'on découvrit l'article 75, qui détermine que le mariage consiste à « se prendre pour mari et femme ». Peu soucieux de logique, les militants de la nouvelle union conclurent aussitôt à l'urgence d'une refonte de ce code que, l'instant d'avant, ils portaient aux nues. Et, en somme, puisque la loi est contre les homos, il faut dissoudre la loi.
Dans le même temps Noël Mamère, bonimenteur de Bègles, agitait son barnum ; et les notables socialistes se bousculaient au portillon de l'avenir qui a de l'avenir dans l'espoir de décrocher le titre de premier garçon d'honneur aux nouvelles épousailles. Le terrorisme et la démagogie se donnaient le bras sur le devant de la scène. On « déconstruisait » en hâte le mariage à l'ancienne. On affirmait qu'il est aujourd'hui « en crise » quand la vérité est qu'il l'a toujours été, par définition, puisqu'il unit deux personnes de sexe opposé, ce qui est déjà source de crise, et que, par-dessus le marché, il les soumet à des postulations contradictoires, le mensonge romantique et la vérité procréatrice. On rappela, contre les réactionnaires qui lient mariage et reproduction, qu'il n'en allait plus ainsi depuis la révolution contraceptive (ce qui ne pouvait manquer, ajoutait-on, de rapprocher les comportements homos et hétéros), quand c'est en fait depuis toujours, et dans toutes les civilisations, que l'on a cherché, certes avec moins d'efficacité technique qu'aujourd'hui, à réguler la fécondité, c'est-à-dire à autonomiser la sexualité par rapport à la « reproduction biologique ».
En quelques jours apparurent les étonnantes notions de « mariage fermé » (antipathique, hétéro) et de « mariage ouvert » (sympathique) puis « universel » (supersympa). On publia des sondages dans lesquels la société française déclarait qu'elle était d'accord pour applaudir aux évolutions de la société française, mais de grâce, qu'on arrête de lui brailler dans les oreilles. Les partisans du néo-mariage expliquèrent à la fois qu'il ne fallait pas interpréter leur demande comme une volonté de normalisation ou comme un désir d'imitation mais qu'il y avait de ça quand même, et que d'ailleurs ils se moquaient des institutions dont ils étaient exclus, sauf que le seul fait d'en être exclus leur apparaissait comme un outrage. Réclamant en même temps le droit à la différence et à la similitude, exigeant de pouvoir se marier par conformisme subversif et pour faire « un pied de nez à la conception traditionnelle du mariage » (comme l'écrivent encore les impayables Christophe Girard et Clémentine Autain), ils affirmaient aussi que ce même mariage, à la fois convoité et moqué, revendiqué pour être rejeté, et de toute façon transformé s'ils y accédaient jusqu'à en être méconnaissable, serait un remède souverain contre « l'alarmant taux de suicide » qui sévit chez les jeunes homosexuels, ce qui laisse supposer que ces derniers se suicident tous par désespoir de ne pouvoir convoler officiellement. On aurait pu imaginer d'autres motifs.
Mais ces réflexions tomberont très bientôt sous le coup des lois anti-homophobie qu'un gouvernement vassalisé par les associations se prépare en toute sottise à faire voter. Mieux vaut donc se taire. Par-delà le néo-mariage, en effet, et quelques autres revendications divertissantes (suppression de la mention relative au sexe sur les papiers d'identité afin d'en terminer avec les « problèmes kafkaïens rencontrés par les individus de sexe mixte, hermaphrodites, transsexuels, transgenres », ou encore « dépsychiatrisation des opérations de changement de sexe »), c'est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c'est l'écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d'expression, c'est la mise en examen automatique pour délit de lucidité. Il est urgent que personne ne l'ouvre pendant que se dérouleront les grandes métamorphoses qui s'annoncent, dont ce petit débat sur l'effacement de la différence sexuelle est l'avant-propos. Le néo-mariage, dans cette affaire, n'est que l'arbre baroque qui cache la prison."
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13/02/2007
René Char
René Char : Application, regroupement, centralisation des points nodaux.
"Nodal". En anatomie et physiologie, "Tissu nodal" : tissu du myocarde renfermant les nœuds cardiaques, et qui est à l’origine du fonctionnement automatique du cœur.
En physique : Relatif à un nœud de vibration. Points nodaux, situés sur l’axe d’un système optique et tels que tout rayon incident passant par l’un de ces points est parallèle au rayon émergent passant par l’autre.
René Char (l’Isle-sur-la-Sorgue, 1907 – Paris, 1988) poète français. D’abord surréaliste (L’action de la justice est éteinte, 1931), il s’en éloigne pour exalter, dans une poésie frémissante d’une grande richesse, les forces de la vie et de la fraternité : le Marteau sans maître (1934), Feuillets d’Hypnos (1946), Fureur et Mystère (1948), le Nu perdu (1971). Il fut aussi, selon moi, le poète de la tension joyeuse. Visions et extases. Appréhensions et ravissements. Son verbe transporte. Il cherche à transcender le quotidien, veut nous empêcher de sombrer dans la routine.
« Les mots dans la poésie, devancent de leur lumière, la conscience encore opaque de celui qui d’abord témoin de leur éclat organise leur essaim de sens. »
« Dans le tissu du poème doit se trouver un nombre égal de tunnels dérobés, de chambres d'harmonie, ainsi que d'éléments futurs, de havres au soleil, de pistes captieuses et d'existants s'entr'appelant. Le poète est le passeur de tout cela qui forme un ordre. Et un ordre insurgé. » Sur la poésie
Amoureux de la Liberté (« Les territoires de la poésie ne sont pas cadastrables : ils ne s’éclairent que dans l’expansion. »), durant la seconde guerre mondiale, en pleine occuption, sous le nom de Capitaine Alexandre, René Char fut Résistant, les armes à la main, et versa le sang sans haine aucune, parce que c'était son devoir d'homme, qu'il le fallait bien. « Nous avons recensé toute la douleur qu'éventuellement le bourreau pouvait prélever sur chaque pouce de notre corps; puis le coeur serré, nous sommes allés et avons fait face. » écrit-il dans les Feuillets d'Hypnos.
Malgré le souffle ivre du transport il tenait à être compris. « Comment m'entendez-vous? Je parle de si loin. »
* « Le poète se reconnaît à la quantité de pages insignifiantes qu’il n’écrit pas. » (Sur la poésie)
* « Comment vivre sans inconnu devant soi ? »
* « Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir » (Feuillets d'Hypnos)
* « Fureur et mystère tour à tour le séduisirent et le consumèrent, puis vint l'année qui acheva son agonie de saxiphrage » (Fureur et Mystère)
* « Ils refusaient les yeux ouverts ce que d'autres acceptent les yeux fermés »
* « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront. » (Rougeur des matinaux)
* « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » (Fureur et mystère)
* « Agir en primitif et prévoir en stratège » (Feuillets d'Hypnos)
« Commune présence
Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.»
Le Marteau sans maître (1934-1935)
« Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima ?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ? »
Éloge d'une soupçonnée
« La jeune fille : Ceux qui n'ont pas besoin de leur amour auprès d'eux n'aiment pas.
Le jeune homme : Cela dépend. C'est compliqué, une présence. Dans un monde incompréhensible, la simplicité, je veux dire l'amour, c'est une capacité d'absence. »
Claire in Trois coups sous les arbres
« La vie aime la conscience qu'on a d'elle. »
Claire in Trois coups sous les arbres
« Avec les choses de l'extérieur, prenez, croyez-moi, l'habitude d'estimer et d'agir sans vous passionner. Vous vous épargnerez bien des désagréments. »
Le soleil des eaux in Trois coups sous les arbres
« On ne peut guère s'attacher à plusieurs choses à la fois, mais il faut être soi tout entier pour une ou deux de ces choses essentielles. Hors de cela on est broyé sans espoir et notre conscience se détourne de nous. »
Le soleil des eaux in Trois coups sous les arbres
« Tu parles à un chien, il te regarde avec ses bons yeux. Tu t'adresses à un homme, il te mord. »
Le soleil des eaux in Trois coups sous les arbres
« Celui qui dompte le lion, devient l'esclave du lion. Ce qu'il faut, c'est faire du feu entre lui et toi. »
Le soleil des eaux in Trois coups sous les arbres
« Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !
Tes dix-huit ans réfractaires à l'amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu'au ronronnement d'abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d'abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l'enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi. »
Fureur et mystère
Il faut le lire en marchant... succès du chant intérieur garanti...
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06/02/2007
Lever la tête...
=--=Publié dans la Catégorie "Parenthèse"=--=
Vous arrive-t-il de lever la tête ?
Kepler, photographié par la Nasa
Cassiopeia, photographié par la Nasa
"Insensés par nature tous les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui n'ont pas su, par les biens visibles, voir Celui qui est, ni, par la considération de ses œuvres, reconnaître l'Ouvrier.
Mais ils ont regardé le feu, le vent, l'air mobile, le cercle des étoiles, l'eau impétueuse, les flambeaux du ciel, comme des dieux gouvernant l'univers.
Si, charmés de leur beauté, ils ont pris ces créatures pour des dieux, qu'ils sachent combien le Maître l'emporte sur elles ; car c'est l'Auteur même de la beauté qui les a faites.
Et s'ils en admiraient la puissance et les effets, qu'ils en concluent combien est plus puissant celui qui les a faites.
Car la grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie Celui qui en est le créateur.
Ceux-ci pourtant encourent un moindre reproche ; car ils s'égarent peut-être en cherchant Dieu et en voulant le trouver.
Occupés de ses œuvres, ils en font l'objet de leurs recherches, et s'en rapportent à l'apparence, tant ce qu'ils voient est beau !
D'autre part, ils ne sont pas non plus excusables ; car, s'ils ont acquis assez de science pour arriver à connaître le monde, comment n'en ont-ils pas connu plus facilement le Maître ?"
Bible - Ancien Testament
Sagesse 13, 1-9
"La contemplation de la vérité divine constitue l'élément principal de la vie contemplative. Cette sorte de contemplation est en effet la fin même de la vie humaine. "La contemplation de Dieu, écrit St Augustin, nous est promise commela fin de toutes nos actions et l'éternelle perfection de nos joies." Cette contemplation sera parfaite dans la vie future, quand nous verrons Dieu "face à face" ; elle nous rendra alors parfaitement heureux. Dans ce temps-ci, la contemplation de la vérité divine ne nous est possible que de façon imparfaite, dans un miroir, sous forme d'énigmes (1 Co 13, 12). Nous lui devons une béatitude imparfaite, qui commence ici-bas pour parvenir plus tard à sa consommation.C'est pourquoi Aristote a fait consister la félicité dernière de l'homme dans la contemplation du suprême intelligible.
Mais les œuvres divines nous mènent à la contemplation de Dieu, selon qu'il est écrit (Rm 1, 20) : "Les perfections invisibles de Dieu nous sont rendues accessibles et mises sous les yeux par le moyen des créatures." Il s'ensuit que la contemplation des œuvres de Dieu appartient aussi, en second lieu, à la vie contemplative, en tant que par elle l'homme se trouve acheminé à la connaissance de Dieu. D'où cette parole de St Augustin : "Dans la considération des créatures il ne s'agit pas de porter une vaine et périssable curiosité, mais de nous élever aux réalités immortelles et qui ne passent pas."
St Thomas d'Aquin
Somme de Théologie, II-II, q.180, a.4, c
"La nature n'enfreint jamais sa propre loi
Oh Necessité inexorable
Tu forces tous les effets à être le résultat direct de leurs causes
Et par une loi suprême et irrévocable
Chaque action naturelle t'obeit par le processus le plus court"
Léonard de Vinci (Cahiers)
"Comment ont-ils pu scinder le savoir et la beauté, la vérité de son jaillissement, de sa physique ? Ne se rendaient-ils pas compte de ce qu'ils faisaient, de ce qu'ils léguaient aux hommes du futur ?"
Maurice G. Dantec
Grande Jonction
C'était ma parenthèse du jour...
Je m'en retourne à mes contemplations crépusculaires...
16:15 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : 54-parenthèse : lever la tête | |
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20/01/2007
There's some rockin' tonite !
=--=Publié dans la Catégorie "Parenthèse"=--=
"Ernst Nolte disait que la seconde guerre mondiale était la première guerre civile européenne. En ce sens nous pouvons dire que la guerre qui vient de commencer est la première guerre civile planétaire." Maurice G. Dantec
________________________________________________________________
Oeuvres lues de Maurice G. Dantec, au moment de cette note :
-Le théâtre des opérations, 2000 : Journal Métaphysique et polémique (Vol. 1),
-Le théâtre des opérations, 2001 : Le Laboratoire de Catastrophe Générale (Vol. 2)
-Le théâtre des opérations, 2002-2006 : American Black Box (Vol. 3)
-Grande Jonction (Roman)
________________________________________________________________
Bande son du moment : « Live all Over The Place » par King's X
Lecture du moment : En parallèle : « Grande Jonction » et « American Black Box » de Maurice G. Dantec
Citation du jour : « L'homme est si grand, que sa grandeur paraît surtout en ce qu'il ne veut pas se connaître misérable. Un arbre ne se connaît pas grand. C'est être grand que de se connaître grand. C'est être grand que de ne pas vouloir se connaître misérable. Sa grandeur réfute ces misères. Grandeur d'un roi.
(...)
Le phénomène passe. Je cherche les lois.
Les révolutions des empires, les faces des temps, les nations, les conquérants de la science, cela vient d'un atome qui rampe, ne dure qu'un jour, détruit le spectacle de l'univers dans tous les âges.» Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont - (Poésies) - 1870
Humeur du moment : Jubilation exacerbée !
00:30 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : 41-Parenthèse : There's some rockin' tonite ! | |
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14/01/2007
Pour Noël prochain ?
=--=Publié dans la Catégorie "Parenthèse"=--=
Pendant que tous mes voisins débiles installeront leur père noël à leurs balcons, mon épouse me suggère que nous installions cette sale bestiole là... c'est mon fils qui trouverait ça chouette.
En tout cas ça nous changerait des effluves faussement cordicoles habituelles !
21:20 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : 39-parenthèse : pour noël prochain ? | |
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