24/12/2013
Fin prêts pour la banalisation
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« Voilà ce que vous allez devenir, messieurs, si vous vous laissez manipuler par les collectivistes, les théoriciens, les savants… Bientôt on vous fabriquera des hommes dans des flacons, sur commande, spécialisés dans l’œuf et dûment conditionnés dès l’enfance… Déjà on retire à vos femmes leur rôle maternel, déjà on les contraint à des travaux cycliques, déjà on limite votre travail à un ou deux gestes, toujours les mêmes ; déjà on vous abrutit par la drogue, la politique et la spécialisation pour que vous soyez mûrs et fin prêts pour la banalisation. »
Henri Vincenot, Le maître des abeilles
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23/12/2013
Les routines fallacieusement rassurantes
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« On ne voit pas deux fois le même cerisier, ni la même lune découpant un pin. Tout moment est dernier, parce qu’il est unique. Chez le voyageur cette perception s’aiguise par l’absence des routines fallacieusement rassurantes propres au sédentaire, qui font croire que l’existence pour un temps restera ce qu’elle est. »
Marguerite Yourcenar, Le tour de la prison
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"Maman ! maman !..."
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« Mais le cri le plus affreux que l'on puisse entendre et qui n'a pas besoin de s'armer d'une machine pour vous percer le cœur, c'est l'appel tout nu d'un petit enfant au berceau: "Maman ! maman !..." que poussent les hommes blessés à mort qui tombent et que l'on abandonne entre les lignes après une attaque qui a échoué et que l'on reflue en désordre. "Maman ! maman !..." crient ils... Et cela dure des nuits et des nuits car dans la journée ils se taisent ou interpellent leurs copains par leur nom, ce qui est pathétique mais beaucoup moins effrayant que cette plainte enfantine dans la nuit : "Maman ! maman !..." Et cela va en s'atténuant car chaque nuit ils sont moins nombreux... et cela va en s'affaiblissant car chaque nuit leurs forces diminuent, les blessés se vident... jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un seul qui gémit sur le champs de bataille, à bout de souffle: "Maman ! maman !...", car le blessé à mort ne veut pas encore mourir, et surtout pas là, ni comme ça abandonné de tous... et ce petit cri instinctif qui sort du plus profond de la chair angoissée et que l'on guette pour voir s'il va encore une dernière fois se renouveler est si épouvantable à entendre que l'on tire des feux de salve sur cette voix pour la faire taire, pour la faire taire pour toujours... par pitié... par rage... par désespoir... par impuissance... par dégoût... par amour, Ô ma maman ! »
Blaise Cendrars, La main coupée
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22/12/2013
La souffrance ne donne pas de droits
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« Si on est bien persuadé de son désespoir, il faut agir comme si on espérait — ou se tuer. La souffrance ne donne pas de droits. »
Albert Camus, Carnets
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Rien à embrasser
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« Quand la journée décline, la qualité étrange de l’air au-dessus de la ville. Les bruits qui montent et s’y perdent comme des ballons. Immobilité des arbres et des hommes. Sur les terrasses, mauresques qui devisent en attendant le soir. Café qu’on grille et dont l’odeur monte aussi. Heure tendre et désespérée. Rien à embrasser. Rien où se jeter à genoux, éperdu de reconnaissance. »
Albert Camus, Carnets
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Ne pas céder : tout est là
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« Ne pas céder : tout est là. Ne pas consentir, ne pas trahir. Toute ma violence m’y aide et le point où elle me porte mon amour m’y rejoint et, avec lui, la furieuse passion de vivre qui fait le sens de mes journées. »
Albert Camus, Carnets
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Chaque fois que j'entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé
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« Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent, vraiment oui, qu’ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux. »
Albert Camus, Carnets
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21/12/2013
Ceci n'est plus une femme...
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Que d’efforts démesurés pour être seulement normal !
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« La pente la plus naturelle de l’homme c’est de se ruiner et tout le monde avec lui. Que d’efforts démesurés pour être seulement normal ! Et quel plus grand effort encore pour qui a l’ambition de se dominer et de dominer l’esprit. L’homme n’est rien de lui-même. Il n’est qu’une chance infinie. Mais il est le responsable infini de cette chance. De lui-même, l’homme est prêt à se diluer. »
Albert Camus, Carnets
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La garantie de la médiocrité et de la décadence...
14:50 Publié dans Brèves Libérales | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le silence et le geste quotidien
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« Ma tendance est de rouler à l’immobilité. Ma pente la plus profonde, la plus sûre, c’est le silence et le geste quotidien. Pour échapper au divertissement, à la fascination du machinal, il m’a fallu des années d’obstination. Mais je sais que je me tiens debout par cet effort même et que si je cessais un seul instant d’y croire je roulerais dans le précipice. C’est ainsi que je me tiens hors de la maladie et du renoncement, dressant la tête de toutes mes forces pour respirer et pour vaincre. C’est ma façon de désespérer et c’est ma façon d’en guérir. »
Albert Camus, Carnets
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Les acquis les plus précieux de l'humanité...
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Je me regarde naître...
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« Je ne me plains plus puisque je me regarde naître. Je suis heureux dans ce monde car mon royaume est de ce monde. Nuage qui passe et instant qui pâlit. Mort de moi-même à moi-même. »
Albert Camus, Carnets
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La beauté...
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« C’est que la beauté est insupportable. Elle nous désespère, éternité d’une minute que nous voudrions pourtant étirer tout le long du temps. »
Albert Camus, Carnets
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L'égalitarisme doctrinaire...
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20/12/2013
Ceci n'est plus une femme...
21:56 Publié dans Gender... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La fièvre...
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« Sans doute avait-il la fièvre. Mais peut-être la fièvre permet-elle de voir et d’entendre ce qu’autrement on ne voit et n’entend pas. »
Marguerite Yourcenar, Anna Soror
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En un point où la contradiction éclate
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« S’il se livre en moi-même un combat, c’est pour être en un point la frange d’écume où la contradiction des vagues éclate. Ma conscience d’être, au milieu d’autres, un point de rupture et de communication demande encore que je rie de mes douleurs et de mes rages. Je ne puis rester étranger à ces rages : si même j’en ris, ce sont les miennes… »
Georges Bataille, Le Coupable
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Une nouvelle forme de servitude...
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C’est à l’homme total, et non à l’homme social, que le Théâtre s’adressera
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« Renonçant à l’homme psychologique, au caractère et aux sentiments bien tranchés, c’est à l’homme total, et non à l’homme social, soumis aux lois et déformé par les religions et les préceptes, que [le Théâtre] s’adressera.
Et dans l’homme il fera entrer non seulement le recto mais aussi le verso de l’esprit ; la réalité de l’imagination et des rêves y apparaîtra de plain-pied avec la vie.
Au point de vue de la forme, (…) nous demanderons à la mise en scène et non au texte le soin de matérialiser et surtout d’actualiser ces vieux conflits, c’est à dire que ces thèmes seront transportés directement sur le théâtre et matérialisés en mouvements, en expressions, et en gestes avant d’être coulés dans les mots. »
Antonin Artaud, Le Théâtre et son double
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19/12/2013
L’artiste donne souvent l’impression d’un être faible
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« Le plus souvent, on dit de l’artiste qu’il trouve dans son travail un moyen commode de vivre en se soustrayant au sérieux de la vie. Il se protégerait du monde où agir est difficile, en s’établissant dans un monde irréel sur lequel il règne souverainement. C’est en effet l’un des risques de l’activité artistique : s’exiler des difficultés du temps et du travail dans le temps sans toutefois renoncer au confort du monde ni aux facilités apparentes d’un travail hors du temps. L’artiste donne souvent l’impression d’un être faible qui se blottit peureusement dans la sphère close de son oeuvre, là où, parlant en maître et agissant sans entrave, il peut prendre la revanche de ses échecs dans la société. (…) Mais cette vue n’exprime qu'un côté de l’expérience. L’autre côté, c’est que l’artiste qui s’offre aux risques de l’expérience qui est la sienne, ne se sent pas libre du monde, mais privé du monde, non pas maître de soi, mais absent à soi, et exposé à une exigence qui, le rejetant hors de la vie et de toute vie, l’ouvre à ce moment où il ne peut rien faire et où il n’est plus lui-même. »
Maurice Blanchot, L’Espace littéraire
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The state of ultimate inversion
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Mes rêves sont avant tout une liqueur
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« Mes rêves sont avant tout une liqueur, une sorte d'eau de nausée où je plonge et qui roule de sanglants micas. Ni dans la vie de mes rêves, ni dans la vie de ma vie je n'atteins à la hauteur de certaines images, je ne m'installe dans ma continuité. Tous mes rêves sont sans issue, sans château-fort, sans plan de ville. Un vrai remugle de membres coupés.
Je suis, d'ailleurs, trop renseigné sur ma pensée pour que rien de ce qui s'y passe m'intéresse : je ne demande qu'une chose, c'est qu'on m'enferme définitivement dans ma pensée.
Et quant à l'apparence physique de mes rêves, je vous l'ai dit: une liqueur. »
Antonin Artaud, Ce texte a été publié en réponse à une enquête sur les rêves et la psychanalyse menée par la revue "Le Disque vert" (3e année, no 3, 4e série, 1925), in Œuvres complètes, Paris : Gallimard, 1972
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18/12/2013
L’identité par excellence
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« Être moi, c’est, par-delà toute individuation qu’on peut tenir d’un système de références, avoir l’identité comme contenu. Le moi, ce n’est pas un être qui reste toujours le même, mais l’être dont l’exister consiste à s’identifier, à retrouver son identité à travers tout ce qui lui arrive. Il est l’identité par excellence, l’oeuvre originelle de l’identification.
Le Moi est identique jusque dans ses altérations. Il se les représente et les pense. L’identité universelle où l’hétérogène peut être embrassé, a l’ossature d’un sujet, de la première personne. Pensée universelle est “je pense”.
Le Moi est identique jusque dans ses altérations, dans un autre sens encore. En effet, le moi qui pense s’écoute penser ou s’effraie de ses profondeurs et, à soi, est un autre. Il découvre ainsi la fameuse naïveté de sa pensée qui pense “devant elle”, comme on marche “devant soi”. Il s’écoute penser et se surprend dogmatique, étranger à soi. Mais le Moi est le Même devant cette altérité, se confond avec soi, incapable d’apostasie à l’égard de ce “soi” surprenant. »
Emmanuel Levinas, Totalité et Infini
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Un mot, un impôt...
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