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29/01/2014

Le Guerrier...

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« Le guerrier est grand non parce qu'il tue, mais parce qu'il meurt. Ou parce qu'il sait qu'il va mourir. Et y consent. Et que ce n'est pas si simple que cela, d'accepter de mourir. »

Charles Péguy

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Hostile à toute école et à tout savoir

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« Sait-on qu’il y a deux querelles scolaires et que la plus célèbre –séparant l’école publique de l’école privée- n’est ni la plus vraie ni la plus acharnée ? Sait-on qu’une autre querelle, traversant l’école publique elle-même, y oppose les amis du savoir à ceux qui, sous couvert de gestion, de pédagogie ou de dévouement, en réalité les haïssent ? Sait-on qu’il n’y a depuis 1945, qu’une seule et même Réforme et que les gouvernements, qu’ils se réclament de la droite ou de la gauche, ont tous la même politique : mettre en place cette Réforme unique et tentaculaire ? Sait-on que cette dernière est radicalement hostile à toute école et à tout savoir ? »

Jean-Claude Milner, De l’école

 

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28/01/2014

Ceci n'est plus une femme...

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Le socialisme est comme la morphine...

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Principe de Noah

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« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la "confiance" (tels qu’ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres "murs porteurs", c’est-à-dire l’échange marchand et le contrat juridique. Dés que l’on se place sur le plan du simple calcul (et l’égoïste – ou l’économiste – n’en connaît pas d’autre) rien ne m’oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j’ai acquis la certitude que nul ne s’en apercevra. A partir d’un certain seuil de désarticulation historique de l’ "esprit du don" (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c’est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais.

Dans ce nouveau cadre psychologique et culturel, le cynisme tend alors à devenir la stratégie humaine la plus rationnelle ; et "pas vu, pas pris", la maxime la plus sûre du libéralisme triomphant (comme le sport en administre la preuve quotidienne à mesure qu’il se professionnalise et qu’il est médiatisé). Comme souvent, c’est le sympathique Yannick Noah qui a su formuler, avec sa rigueur philosophique habituelle, les nouveaux aspects de cette question morale. Son fils, Joakim, ayant récemment commis, selon les mots de Yannick lui-même, "une petite boulette" (alcool et drogue au volant d’un véhicule sans permis avec, en prime, excès de vitesse), notre héros national a aussitôt tenu à lui rappeler publiquement que l’essentiel, en l’occurrence, aurait été "de ne pas se faire pécho" ; ajoutant au passage, que "ça fait vingt ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien. Alors Joakim peut faire la même chose." En hommage à cette belle leçon de pédagogie paternelle, je propose donc d’appeler "principe de Noah" la loi qui tend à gouverner une partie croissante des échanges économiques contemporains (on sait par exemple que la contrefaçon est effectivement devenue l’une des industries les plus florissantes du capitalisme moderne). »

Jean-Claude Michéa, La double pensée

 

 

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Se retrouver à pleurer dans un coin de la chambre

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« Quand un homme réunit deux femmes, il n'est pas inhabituel que l'une des deux, se sentant négligée à tort ou à raison, se retrouve à pleurer dans un coin de la chambre. D'après la façon dont se déroulaient les choses jusqu'ici, il semblait bien que la personne qui se retrouverait à pleurer dans son coin serait lui. »

Philip Roth, Le rabaissement

 

 

 

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Un arbitre robuste dont la tâche n'est pas de participer au jeu...

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On connaît la description par Jacques Attali de cette magnifique hyperclasse promise à la domination du nouveau monde sans frontières...

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« On connaît la description par Jacques Attali de cette magnifique hyperclasse promise à la domination du nouveau monde sans frontières : "Ils ne posséderont ni entreprises ni terres, ni charges. Riches d’un actif nomade, ils l’utiliseront de façon nomade, pour eux-mêmes, mobilisant promptement du capital et des compétences en des ensembles changeants, pour des finalités éphémères dans lesquelles l’Etat n’aura pas de rôle. Ils n’aspireront pas à diriger les affaires publiques (la célébrité politique sera pour eux une malédiction). Ils aimeront créer, jouir, bouger. Connectés, informés, en réseau, ils ne se préoccuperont pas de léguer fortune ou pouvoir à leurs rares enfants : seulement une éducation. Riches de surcroît, ils vivront luxueusement en nomades de luxe, souvent sans payer ce qu’ils consomment. Ils porteront le meilleur et le pire d’une société volatile, insouciante égoïste et hédoniste, partagés entre le rêve et la violence. L’hyperclasse regroupera plusieurs dizaines de millions d’individus. Ils seront attachés à la liberté, aux droits des citoyens, à l’économie de marché, au libéralisme, à l’esprit démocratique. Ils voteront, créeront des associations de consommateurs, cultiveront et développeront une conscience aiguë des enjeux planétaires ; à terme ils s’intéresseront plus à la condition humaine qu’à l’avenir de leur propre progéniture." (…)

Il serait donc bienvenu de reprendre sous une forme adaptée à notre époque, la vieille maxime d’August Bebel : "Quand l’ennemi de classe accepte de me médiatiser, je me demande toujours quelle bourde j’ai encore bien pu commettre." Si TF1 ou Canal Plus décident de vous envoyer trois journalistes chaque fois que votre association réunit 300 personnes, il est effectivement temps de vous interroger sur ce que vous êtes réellement en train de dire ou de faire –surtout si quelques unes des stars les plus glauques du show-biz ont jugé excellent pour leur image de parader à vos cotés. Ou quand, par exemple, Jean-pierre Foucault accepte de poser l’une de ses inimitables questions (en l’occurrence "Quel est le mot interdit au Scrabble : Zee, Zoé, Zou ou Zic ?") afin que TF1 puisse contribuer à hauteur de 72 000 euros au financement du Réseau éducation sans frontières (Qui veut gagner des millions, jeudi 3 juillet 2008). Il est sûr qu’il va falloir maintenant beaucoup de subtilité dialectique aux têtes pensantes du Réseau pour expliquer à leurs ouailles le sens d’un si beau geste, de la part de la principale chaîne de propagande d’un Etat qu’elles jugent officiellement raciste et policier. »

Jean-Claude Michéa, La double pensée

 

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27/01/2014

Ceci n'est plus une femme...

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Même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d’être humain

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« Le spectacle le plus pitoyable, c’est celui de toutes ces voitures garées devant les usines et les aciéries. L’automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l’illusion. Elles sont là, par milliers et par milliers, dans une telle profusion que personne, semble-t-il, n’est trop pauvre pour en posséder une. D’Europe, d’Asie, d’Afrique, les masses ouvrières tournent des regards envieux vers ce paradis où le prolétaire se rend à son travail en automobile. Quel pays merveilleux ce doit être, se disent-ils ! (Du moins nous plaisons nous à penser que c’est cela qu’ils se disent !) Mais ils ne demandent jamais de quel prix se paie ce privilège. Ils ne savent pas que quand l’ouvrier américain descend de son étincelant chariot métallique, il se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme. Ils ne se rendent pas compte que même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d’être humain. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général. Ils voient une magnifique voiture brillante de tous ses chromes et qui ronronne comme un chat ; ils voient d’interminables routes macadamisées si lisses et si impeccables que le conducteur a du mal à ne pas s’endormir ; ils voient des cinémas qui ont des airs de palaces, des grands magasins aux mannequins vêtus comme des princesses. Ils voient la peinture et le chromé, les babioles, les ustensiles de toute sorte, le luxe ; ils ne voient pas l’amertume des cœurs, le scepticisme, le cynisme, le vide, la stérilité, l’absolu désespoir qui ronge l’ouvrier américain. Et d’ailleurs, ils ne veulent pas voir tout cela : ils sont assez malheureux eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est en sortir ! Ils veulent le confort, l’agrément, le luxe qui portent en eux les germes de la mort. Et ils marchent sur nos traces, aveuglément, sans réfléchir. »

Henry Miller, Le cauchemar climatisé

 

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Une chimère de plus...

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Statolâtrie

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Cha­cun de nous a une âme infin­i­ment dif­férente des autres âmes et sa prove­nance est un mys­tère

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« Les cro­quants dont je suis ne savent rien ou presque rien au-delà de leurs aïeux immé­di­ats, pater­nels ou mater­nels ; mais les uns comme les autres ignorent invin­ci­ble­ment leur par­enté sur­na­turelle, et les gouttes d’un sang plus ou moins illus­tre dont se récla­ment les superbes ne con­stituent pour per­sonne l’identité.

Vous pou­vez savoir qui vous engen­dra, mais, sans une révéla­tion divine, com­ment pourriez-vous savoir qui vous a conçu ? Vous croyez être né d’un acte, vous êtes né d’une pen­sée. Toute généra­tion est sur­na­turelle. L’état civil dont vous êtes quelque­fois si fier ne sait absol­u­ment rien de votre âme et son reg­istre de néant ne peut men­tion­ner que votre corps cat­a­logué à l’avance pour le cimetière. S’il existe un arbre généalogique des âmes, les Anges seuls peu­vent être admis à le con­tem­pler. Les autres arbres ainsi dénom­més sont déce­vants et incer­tains. La généalo­gie des âmes ! Qui peut com­pren­dre cela ?



Vous êtes le fils ou le petit-fils d’un grand homme. Si vous n’êtes pas pré­cisé­ment un avor­ton, on vous dira que vous avez hérité de son âme, comme si ce lieu com­mun avait un sens. Cha­cun de nous a une âme infin­i­ment dif­férente des autres âmes et dont la prove­nance est un mys­tère. Elle vient d’en haut ou d’en bas, de très loin ou de très près, mais elle va où elle doit aller, infail­li­ble­ment. Il y a des êtres humains écrasés par leur âme qui paraît trop grande pour eux et il y en a une infinité qui ne la sentent même pas. Et cepen­dant ils n’ont que cela, les uns et les autres, et il n’est pas pos­si­ble d’y rien changer.

Âmes de saints, âmes de poètes, âmes de bar­bares, âmes de pédants ou d’imbéciles, âmes de cent mille bour­reaux pour une seule âme de mar­tyr, âmes som­bres ou lumineuses, d’où venez vous et quelle Volonté inscrutable vous a réparties ?

Je sais bien que je suis né à telle époque, en un lieu déter­miné, et que j’ai un nom parmi les hommes. J’ai eu un père et une mère, j’ai eu des frères, des amis et des enne­mis. Tout cela est indu­bitable, mais j’ignore le nom de mon âme, j’ignore d’où elle est venue et, par con­séquent, je ne sais absol­u­ment pas qui je suis. Quand elle quit­tera mon corps, celui-ci tombera en pous­sière et les chères créa­tures qui me sur­vivront en pleu­rant, héri­tières de mon igno­rance, ne pour­ront me désigner dans leurs prières que par le nom d’emprunt qui servit à me séparer un peu des autres mor­tels. »

Léon Bloy, Médi­ta­tions d’un soli­taire

 

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The state of ultimate inversion...

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26/01/2014

Ils annoncent la couleur... ça ne semble déranger personne...

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Gun Control Policy...

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The Individual...

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Je suis communiste et ça fait du bien !

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Je les avais déjà évoqués ici... mais soyons plus précis, c'est mieux...

 


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25/01/2014

Governments do not like to waste a crisis...

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Une obsession française

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« Un des vices de la France a été la perfection – laquelle ne se manifeste jamais aussi clairement que dans l’écriture. Le souci de bien formuler, de ne pas estropier le mot et sa mélodie, d’enchaîner harmonieusement les idées, voilà une obsession française. Aucune culture n’a été plus préoccupée par le style et, dans aucune autre, on n’a écrit avec autant de beauté, à la perfection. Aucun Français n’écrit irrémédiablement mal. Tous écrivent bien, tous voient la forme avant l’idée. Le style est l’expression directe de la culture. Les pensées de Pascal, vous les trouvez dans tout prêche et dans tout livre religieux, mais sa manière de les formuler est unique ; son génie en est indissociable. Car le style est l’architecture de l’esprit. Un penseur est grand dans la mesure où il agence bien ses idées, un poète, ses mots. La France a la clé de cet agencement. C’est pour cela qu’elle a produit une multitude de talents. En Allemagne, il faut être un génie pour s’exprimer impeccablement, et encore ! »

Emil Cioran, De la France

 

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Socialisme à tous les étages...

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24/01/2014

Gleichschaltung

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« Ce qu'un esprit naïf appelle raison n'est rien d'autre que la transposition dans l'absolu de ses propres jugements de valeur. L'individu identifie simplement des fruits de son propre raisonnement avec la notion branlante de la raison absolue. Aucun écrivain socialiste n'a jamais accordé une pensée à l'hypothèse dans laquelle l'entité abstraite qu'il voudrait investir d'un pouvoir illimité — qu'il l'appelle humanité, société, nation, état ou gouvernement — s'en servirait dans des intentions que lui-même désapprouve. Un socialiste plaide pour le socialisme parce qu'il est absolument convaincu que le dictateur suprême de sa république socialiste serait raisonnable, c'est-à-dire penserait comme lui-même, militant socialiste ; que ce dictateur poursuivrait les mêmes fins que lui, simple militant, approuve entièrement ; et qu'il chercherait à y parvenir en choisissant les mêmes moyens que lui, militant socialiste, entendrait adopter. Chaque socialiste tient pour authentiquement socialiste uniquement le système qui répond complètement à ces conditions-là ; toutes les autres espèces se réclamant du nom socialiste ne sont que des contrefaçons entièrement différentes du vrai socialisme. Chaque socialiste est un dictateur camouflé. Malheur à tout dissident ! Il s'est déchu lui-même de son droit de vivre et doit être "liquidé".

L'économie de marché rend la coopération pacifique possible même entre des gens qui sont en désaccord dans leurs jugements de valeur. Dans les plans des socialistes, il n'y a pas de place pour les vues divergentes. Leur principe est la "Gleichschaltung", l'uniformisation parfaite imposée par la police.

L'on dit souvent que le socialisme est une religion. C'est en vérité une religion d'auto-déification. L'État et le gouvernement des planistes, le peuple des nationalistes, la Société des marxistes et l'Humanité des positivistes selon Auguste Comte, sont les noms du dieu de ces nouvelles religions. Mais chacune de ces idoles n'est qu'un simple nom d'emprunt dont s'affuble la volonté particulière du réformiste. En conférant à son idole tous les attributs que les théologiens attachent à la Divinité, l'Ego hypertrophié se glorifie lui-même. Il est infiniment bon, omnipotent, omniprésent, omniscient, éternel. Il est le seul être parfait dans un monde imparfait.

La science économique n'a pas vocation à examiner la foi aveugle et le fanatisme. Les croyants sont inaccessibles à toute critique. A leurs yeux la critique est un scandale, une révolte blasphématoire des hommes mauvais contre l'impérissable splendeur de leur idole. L'économie ne s'occupe que des plans socialistes, et non des facteurs psychologiques qui conduisent des gens à épouser les dogmes de la statolâtrie. »

 

« La critique faite par Marx du mode de production capitaliste est entièrement fausse. Même les marxistes les plus orthodoxes n'ont pas le front de soutenir sérieusement sa thèse essentielle, à savoir que le capitalisme aboutit à l'appauvrissement continuel des salariés. Mais si, pour la clarté de la discussion, l'on admet toutes les absurdités de l'analyse marxiste sur le capitalisme, rien n'est pour autant gagné quant à la démonstration de ces deux thèses, que le socialisme soit voué à s'instaurer, et qu'il soit non seulement un meilleur système que le capitalisme, mais encore le plus parfait des systèmes, dont la réalisation finale apportera à l'homme la félicité perpétuelle dans son existence terrestre. Tous les syllogismes compliqués des pesants volumes publiés par Marx, Engels et des centaines d'auteurs marxistes, ne peuvent masquer le fait que la seule et unique source de la prophétie de Marx soit une prétendue inspiration, par laquelle Marx affirme avoir deviné les projets des mystérieuses puissances réglant le cours de l'histoire. Comme Hegel, Marx était un prophète, communiquant au peuple la révélation qu'une voix intérieure lui avait confiée. »

Ludwig von Mises, L'Action humaine

 

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Imperméabilité

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« Je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme et des attitudes normales, légitimes même, en tout cas inévitable. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d'individus l'effet nécessaire d'un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs. Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de la penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. Si comme je l'ai écrit ailleurs, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au-delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi : elles ne s’ignorent pas, s’empruntent à l’occasion, mais pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports persiste entre elles une certaine imperméabilité. »

Claude Lévi-Strauss, Le Regard éloigné

 

 

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23/01/2014

Shakespeare est interdit parce qu'il est vieux. Ici, nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses.

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« Un Etat totalitaire vraiment "efficient" serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude. »

 

« - La population optimale est sur le modèle de l'iceberg: huit neuvièmes au-dessous de la ligne de flottaison, un neuvième au-dessus.

- Et ils sont heureux, au-dessous de la ligne de flottaison ? En dépit de ce travail affreux ?

- Ils ne le trouvent pas tel, eux. Au contraire, il leur plait. Il est léger, et d'une simplicité enfantine.

Pas d'effort excessif de l'esprit ni des muscles. Sept heures et demie d'un travail léger, nullement épuisant, et ensuite la ration de soma, les sports, la copulation sans restriction, et le Cinéma Sentant.
Que pourraient-ils demander de plus? »

 

 

« - Shakespeare est interdit parce qu'il est vieux. Ici, nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses.

- Même si elles sont belles ?

- Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas que l'on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves.

- Mais les neuves sont si stupides, si affreuses ! Ces spectacles, où il n'y a rien que des hélicoptères volant de tous cotés, et où l'on ressent les gens qui s'embrassent !
Des boucs et des singes !

- Des animaux bien gentils, pas méchants en tout cas... »

 

 

« - On ne peut demander qu'à un Epsilon de faire des sacrifices d'Epsilon, pour la bonne raison que pour lui, ce ne sont pas des sacrifices: c'est la ligne de moindre résistance.
Son conditionnement a posé des rails sur lesquels il lui faut marcher. Il ne peut s'en empêcher; il est fatalement prédestiné. »

 

 

« - Le monde est stable à présent. Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu'ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu'ils ne peuvent obtenir. (...) Ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s'empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma.
Il nous faut choisir entre le bonheur et ce que l'on appelait autrefois le grand art. Nous avons sacrifié le grand art. Nous avons à la place le Cinéma Sentant et l'orgue à parfums.

- Mais ils n'ont aucun sens !

- Ils représentent pour le spectateur un tas de sensations agréables. (...) Cela exige l'habileté la plus énorme. Nous fabriquons des voitures avec le minimum d'acier, et des oeuvres d'art avec pratiquement rien d'autre que de la sensation pure. »

 

 

« - Ce n'est pas seulement l'art qui est incompatible avec la stabilité. Il y a aussi la science. La vérité est une menace, et la science est un danger public. Nous sommes obligés de la tenir soigneusement enchainée et muselée. (...) Elle nous a donné l'équilibre le plus stable de l'histoire. Mais nous ne pouvons pas permettre à la science de défaire ce qu'elle a accompli. Voila pourquoi nous limitons avec tant de soins le champ de ses recherches. Nous ne lui permettons de s'occuper que des problèmes les plus immédiats du moment. Toutes les autres recherches sont soigneusement découragées. »

 

 

« Mais qui dit chasteté, dit passion ; qui dit chasteté, dit neurasthénie. Et la passion et la neurasthénie, c'est l'instabilité. Et l'instabilité, c'est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables. »

Aldous Huxley, Le Meilleur des Mondes

 

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Je veux l’intelligence sans limite, sans repos , sans frein, sans empêchement, sans sommeil !

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« Flamber d’un tout autre feu ! Je veux l’esprit sans origine et sans barrière ! Je veux la flamme sans fin ! Je veux l’intelligence, rien que l’intelligence, mais toute l’intelligence! L’intelligence que rien n’entrave, rien n’arrête, sans autre objet qu’elle-même ! Je veux que rien ne dorme dans mon cerveau, que tout travaille, s’active, se déchaîne, parle ! Que la puissance de l’esprit efface, dévore, absorbe toutes choses et moi-même ! Je veux l’intelligence sans limite, sans repos , sans frein, sans empêchement, sans sommeil ! Je veux l’intelligence comme une chose non humaine, comme une passion sans obstacle ! Je veux l’intelligence !

(…) Il n’y a qu’une morale : vaincre tous les obstacles qui nous empêchent de nous surpasser. (…) Il existe deux façons d’aller à la sagesse : se priver de tout, c’est dangereux; la satiété est plus sûre. »

Louis Pauwels, Blumroch l'admirable ou le déjeuner du surhomme

 

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