18/12/2013
Il est dangereux d’ouvrir un livre
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« Le bonheur d’avoir dans son assiette le poisson qu’on a pêché, dans sa tasse l’eau qu’on a tirée et dans son poêle le bois qu’on a fendu : l’ermite puise à la source. La chair, l’eau et le bois sont encore frémissants.
Je me souviens de mes journées dans la ville. Le soir, je descendais faire les courses. Je déambulais entre les étals du supermarché. D’un geste morne, je saisissais le produit et le jetais dans le caddie : nous sommes devenus les chasseurs-cueilleurs d’un monde dénaturé.
En ville, le libéral, le gauchiste, le révolutionnaire et le grand bourgeois paient leur pain, leur essence et leurs taxes. L’ermite, lui, ne demande ni ne donne rien à l’État. Il s’enfouit dans les bois, en tire subsistance. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement. Devenir un manque à gagner devrait constituer l’objectif des révolutionnaires. Un repas de poisson grillé et de myrtilles cueillies dans la forêt est plus anti-étatique qu’une manifestation hérissée de drapeaux noirs. Les dynamiteurs de la citadelle ont besoin de la citadelle. Ils sont contre l’État au sens où ils s’y appuient. Walt Whitman : "je n’ai rien à voir avec ce système, pas même assez pour m’y opposer." En ce jour d’octobre où je découvris les "Feuilles d’herbe" du vieux Walt, il y a cinq ans, je ne savais pas que cette lecture me mènerait en cabane. Il est dangereux d’ouvrir un livre. »
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
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17/12/2013
Ceci n'est plus une femme...
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Ce que nous ne voulons plus, c’est la littérature-monument...
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« Ce que nous voulons, c’est la littérature qui bouge, et saisie dans le moment même où elle semble bouger encore, tout comme nous préférons une esquisse de Corot ou de Delacroix à des tableaux finis. Ce que nous ne voulons plus, c’est la littérature-monument, c’est tout ce qui a senti le besoin de se mettre en règle avec les permis de construire de son époque. »
Julien Gracq, En lisant, en écrivant
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Fonctionnaires et impôts...
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Seul importe le livre
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« Seul importe le livre, tel qu’il est, loin des genres, en-dehors des rubriques, prose, poésie, roman, témoignage, sous lesquelles il refuse de se ranger et auxquelles il dénie le pouvoir de lui fixer sa place et de déterminer sa forme. Un livre n’appartient plus à un genre, tout livre relève de la seule littérature, comme si celle-ci détenait par avance, dans leur généralité, les secrets et les formules qui permettent seuls de donner à ce qui s’écrit réalité de livre. Tout se passerait donc comme si, les genres s’étant dissipés, la littérature brillait seule dans la clarté mystérieuse qu’elle propage et que chaque création littéraire lui renvoie en la multipliant – comme si il y avait une "essence" de la littérature. »
Maurice Blanchot, Le Livre à venir
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16/12/2013
Ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas
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« Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu. L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code1 : "II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur". II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente. »
Thomas d'Aquin, Somme théologique
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Auto-responsabilisation, autonomie...
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15/12/2013
Gun...
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Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme
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« Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme : sa nature créée et l’élection surnaturelle par laquelle il participe à la solitude de l’être incréé. Le monde unidimensionnel décrit par Marcuse – cette prison intérieure où l’être est dévoré par l’avoir et l’âme aliénée au profit des choses – est un monde où l’homme, de plus en plus séparé de sa nature et de ses limites est sourd aux appels de l’infini, ne trouve d’aliment que dans ses oeuvres et dans ses songes. "Dans quelle mesure un monde fait par l’homme est-il encore un monde fait pour l’homme? " – cette question que m’a posée un jour un étudiant résume la crise de notre époque. Ce monde fait par l’homme prolonge l’homme sans le compléter et, par-là, il confirme son isolement dans la nature où il ne voit qu’un instrument de sa puissance usurpée et truquée, et devant Dieu dont il prend la place au lieu de l’adorer. Et nous sommes révolutionnaires dans ce sens que, loin de confondre la fidélité à l’immuable avec le respect inconditionnel du statu quo temporel, nous concevons la révolution comme un incessant mouvement de retour vers ces sources intarissables dont notre soif, dénaturée par les breuvages factices, laisse se perdre les eaux. »
Gustave Thibon, L’ignorance étoilée
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14/12/2013
Télévision d'Etat...
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13/12/2013
Celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance
=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=
On a reconstitué la tête du tyran sanguinaire Robespierre...
Une tronche qui vient appuyer tout ce qu'a pu dire Nietzsche à propos des révolutionnaires et, même, des chrétiens de son temps (mièvres, déjà, catholiques saint sulpiciens, douceâtres et protestants béats) et de leurs ressentiments.
J'avais déjà mis cet extrait sur mon Blog par le passé, de concert avec une longue citation de Léon Bloy et une chanson du groupe U2... je la remets ici comme une piqûre de rappel...
« CHRÉTIEN ET ANARCHISTE. — Lorsque l’anarchiste, comme porte-parole des couches sociales en décadence, réclame, dans une belle indignation, le "droit ", la "justice", les "droits égaux", il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui ne sait pas comprendre pourquoi au fond il souffre, — en quoi il est pauvre en vie… Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner : il faut que ce soit la faute à quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise… Cette "belle indignation" lui fait déjà du bien par elle-même, c’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier — il y trouve une petite ivresse de puissance. Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre peut donner à la vie un attrait qui la fait supporter : dans toute plainte il y a une dose raffinée de vengeance, on reproche son malaise, dans certains cas même sa bassesse, comme une injustice, comme un privilège inique, à ceux qui se trouvent dans d’autres conditions. "Puisque je suis une canaille tu devrais en être une aussi" : c’est avec cette logique qu’on fait les révolutions. Les doléances ne valent jamais rien : elles proviennent toujours de la faiblesse. Que l’on attribue son malaise aux autres ou à soi-même — aux autres le socialiste, à soi-même le chrétien — il n’y a là proprement aucune différence. Dans les deux cas quelqu’un doit être coupable et c’est là ce qu’il y a d’indigne, celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance. Les objets de ce besoin de vengeance naissent, comme des besoins de plaisir, par des causes occasionnelles : celui qui souffre trouve partout des raisons pour rafraîchir sa haine mesquine, — s’il est chrétien, je le répète, il les trouve en lui-même… Le chrétien et l’anarchiste — tous deux sont des décadents. — Quand le chrétien condamne, diffame et noircit le monde, il le fait par le même instinct qui pousse l’ouvrier socialiste à condamner, à diffamer et à noircir la Société : Le "Jugement dernier" reste la plus douce consolation de la vengeance, — c’est la révolution telle que l’attend le travailleur socialiste, mais conçue dans des temps quelque peu plus éloignés… L’ "au-delà" lui-même — à quoi servirait cet au-delà, si ce n’est à salir l’ "en-deçà" de cette terre ?… »
Friedrich Nietzsche, Crépuscule des idoles
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Léo Ferré : Les Romantiques
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Ils prenaient la rosée pour du rosé d´Anjou
Et la lune en quartiers pour Cartier des bijoux
Les romantiques
Ils mettaient des tapis sous les pattes du vent
Ils accrochaient du crêpe aux voiles du printemps
Les romantiques
Ils vendaient le Brésil en prenant leur café
Et mouraient de plaisir pour ouvrir un baiser
Et regarder dedans briller le verbe "aimer"
Et le mettre au présent bien qu´il fût au passé
Ils ont le mal du siècle et l´ont jusqu´à cent ans
Autrefois de ce mal, ils mouraient à trente ans
Les romantiques
Ils ont le cheveu court et vont chez Dorian Guy
S´habiller de British ou d´Italiâneries
Les romantiques
Ils mettent leurs chevaux dans le camp des Jaguar
En fauchant leur avoine aux prairies des trottoirs
Avec des bruits de fers qui n´ont plus de sabots
Et des hennissements traduits en "stéréo"
Ils mettaient la Nature au pied de leurs chansons
Ils mettent leur voiture au pied de leurs maisons
Les romantiques
Ils regardaient la nuit dans un chagrin d´enfant
Ils regardent l´ennui sur un petit écran
Les romantiques
Ils recevaient chez eux dans les soirs de misère
Des gens "vêtus de noir" qu´ils prenaient pour leurs frères
Aujourd´hui c´est pareil mais, fraternellement
Ils branchent leur destin aux "abonnés absents"
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La Racaille, c'est vous !
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12/12/2013
Ceci n'est plus une femme...
20:00 Publié dans Gender... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Dieu pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Madame, lui dis-je, si notre Dieu était celui des païens ou des philosophes (pour moi, c'est la même chose) il pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait. Mais vous savez que le nôtre est venu au-devant. Vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur un croix, qu'importe ! Cela est déjà fait ma fille... »
Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne
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Egalitarisme...
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Ce n'est pas la faute des immigrés si les Européens ne sont plus capables de donner au monde l'exemple d'un mode de vie qui leur soit propre !
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les partis politiques spécialisés dans la dénonciation anti-immigrés ne sont rien d'autre que des partis démagogiques petits-bourgeois, qui essaient de capitaliser sur les peurs et les misères du monde actuel en pratiquant la politique du bouc émissaire. L'expérience historique nous a montré vers quoi conduisent de pareils joueurs de flûte ! Il faut ici distinguer l'immigration et les immigrés. L'immigration est un phénomène négatif, puisqu'elle est elle-même le fruit de la misère et de la nécessité, et les sérieux problèmes qu'elle pose sont bien connus. Il est donc nécessaire de chercher, sinon à la supprimer, du moins à lui enlever le caractère trop rapide et trop massif qui la caractérise actuellement. Il est bien évident qu'on ne résoudra pas les problèmes du Tiers-monde en conviant ses populations à venir en masse s'installer dans les pays occidentaux ! En même temps, il faut avoir une vue plus globale des problèmes. Croire que c'est l'immigration qui porte principalement atteinte à l'identité collective des pays d'accueil est une erreur. Ce qui porte atteinte aux identités collectives, c'est d'abord la forme d'existence qui prévaut aujourd'hui dans les pays occidentaux et qui menace de s'étendre progressivement au monde entier. Ce n'est pas la faute des immigrés si les Européens ne sont plus capables de donner au monde l'exemple d'un mode de vie qui leur soit propre ! L'immigration, de ce point de vue, est une conséquence avant d'être une cause : elle constitue un problème parce que, face à des immigrés qui ont souvent su conserver leurs traditions, les Occidentaux ont déjà choisi de renoncer aux leurs. L'américanisation du monde, l'homogénéité des modes de production et de consommation, le règne de la marchandise, l'extension du marché planétaire, l'érosion systématique des cultures sous l'effet de la mondialisation entament l'identité des peuples beaucoup plus encore que l'immigration. »
Alain de Benoist, C'est-à-dire
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11/12/2013
Un dont la tête était si chargée de merde
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« En bas dans la fosse
Je vis des gens plongés dans des excréments
Qui semblaient venir de latrines humaines
Et pendant que des yeux j’examinais le fond
J’en vis un dont la tête était si chargée de merde
Qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. »
Dante Alighieri, La Divine Comédie, L'Enfer, Chant XVIII
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Des voitures nucléaires...
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Henri Michaux : Chant Seizième
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Aujourd'hui, aujourd'hui de catafalque !
Voici qu'est venue l'époque du bafouement.
Le battu reçoit un chapeau, le chapeau Roi-Esclave.
L'albatros au large vol.
La corde à la patte, attend près d'un seau d'eau.
On a cousu nos frères dans des peaux d'anes.
On a cousu nos frères dans des peaux de porcs.
On a cousu nos frères dans des peaux de porcs.
Et on nous les a renvoyés pour demeurer avec nous.
Oh étranglement... »
Henri Michaux, Epreuves, Exorcismes, Marche sous le tunnel
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10/12/2013
Ceci n'est plus une femme...
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Rester seul...
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Rester seul, délibérément, dans une société où chaque jour davantage votre intérêt évident est de vous agréger, c’est cette forme d’héroïsme que je vous convie ici à saluer. »
Henry de Montherlant, Textes sous une Occupation
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L’exigence sexuelle exprimée par le conformisme de la majorité
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« Aujourd’hui, la liberté sexuelle de la majorité est en réalité une convention, une obligation, un devoir social, une anxiété sociale, une caractéristique inévitable de la qualité de vie du consommateur. Bref, la fausse libération du bien-être a créé une situation tout aussi folle et peut-être davantage que celle du temps de la pauvreté.
En effet, premièrement : le résultat d’une liberté sexuelle “offerte” par le pouvoir est une véritable névrose généralisée. La facilité a créé l’obsession ; parce que c’est une facilité “induite” et imposée, découlant du fait que la tolérance du pouvoir ne concerne que l’exigence sexuelle exprimée par le conformisme de la majorité. Elle ne protège que le couple : et le couple a fini par devenir une condition de paroxysme, au lieu d’être un signe de liberté et de bonheur. […]
Autrefois le couple était béni, aujourd’hui il est maudit. Les conventions et les journalistes imbéciles continuent de s’attendrir sur “le bon petit couple” (comme ils disent abominablement) sans s’apercevoir qu’il s’agit là d’un pacte criminel. Et les mariages : autrefois, c’étaient des fêtes, et leur caractère d’institution – si stupide et sinistre – était moins fort du fait qu’il était institué par, précisément, un processus heureux et joyeux. Aujourd’hui, au contraire, les mariages ressemblent à de hâtifs rites funèbres. La cause de toutes les choses terribles que je suis en train de dire est claire : autrefois “l’espèce” devait lutter pour survivre et, par conséquent le nombre des naissances devait dépasser celui des décès. Aujourd’hui, par contre, “l’espèce”, si elle veut survivre, doit s’arranger pour que le nombre des naissances ne dépasse pas celui des décès. Et donc : chaque enfant qui naissait autrefois, représentant une garantie de vie, était béni, tandis que chaque enfant qui naît aujourd’hui, contribuant à l’autodestruction de l’humanité, est maudit. »
Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires
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La faute des banques...
10:56 Publié dans Brèves Libérales | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Une chose me choque dans votre pays, c’est votre jalousie égalitaire
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« Les batteries s’endorment, le major Parker répond à des questionnaires de la brigade ; les ordonnances apportent le rhum, le sucre et l’eau bouillante ; le colonel met le gramophone à la vitesse 61 et le docteur O’Grady parle de la révolution Russe.
- Il est sans exemple, dit-il, qu’une révolution ait laissé au pouvoir après elle les hommes qui l’avaient faite. On trouve cependant encore des révolutionnaires : cela prouve combien l’histoire est mal enseignée.
- Parker, dit le colonel, faites passer le porto.
- L’ambition, dit Aurelle, n’est tout de même pas le seul mobile qui fasse agir les hommes ; on peut être révolutionnaire par haine du tyran, par jalousie et même par amour de l’humanité.
Le major Parker abandonna ses papiers.
- J’ai beaucoup d’admiration pour la France, Aurelle, surtout depuis cette guerre, mais une chose me choque dans votre pays, si vous me permettez de vous parler sincèrement, c’est votre jalousie égalitaire. Quand je lis l’histoire de votre révolution, je regrette de n’avoir pas été là pour boxer Robespierre et cet horrible fellow Hébert. Et vos sans-culottes…Well, cela me donne envie de m’habiller de satin pourpre brodé d’or et d’aller me promener sur la place de la Concorde.
Le docteur reprit :
- L’amour de l’humanité est un état pathologique d’origine sexuelle qui se produit fréquemment à l’époque de la puberté chez les intellectuels timides : le phosphore en excès dans l’organisme doit s’éliminer d’une façon quelconque. Quant à la haine du tyran, c’est un sentiment plus humain et qui a beau jeu en temps de guerre, alors que la force et la foule coïncident. Il faut que les empereurs soient fous furieux quand ils se décident à déclarer ces guerres qui substituent le peuple armé à leurs gardes prétoriennes. Cette sottise faite, le despotisme produit nécessairement la révolution jusqu’à ce que le terrorisme amène la réaction.
- Vous nous condamnez donc, docteur, à osciller sans cesse de l’émeute au coup d’état ?
- Non, dit le docteur, car le peuple anglais, qui avait déjà donné au monde le fromage de Stilton et des fauteuils confortables, a inventé pour notre salut à tous, la soupape parlementaire. Des champions élus font désormais pour nous émeutes et coups d’état en chambre, ce qui laisse au reste de la nation le loisir de jouer au cricket. La presse complète le système en nous permettant de jouir de ces tumultes par procuration. Tout cela fait partie du confort moderne et dans cent ans, tout homme blanc, jaune, rouge ou noir refusera d’habiter un appartement sans eau courante et un pays sans parlement. »
André Maurois, Les silences du colonel Bramble
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