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21/08/2013

Le troupeau...

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« Debout à un coin de rue, près de deux cabarets, j'écoutais s'épancher dans la nuit la gaieté mécanique des jeunes gens. Partout, l'on se réunissait, l'on se groupait, l'on fuyait sa destinée, l'on se réfugiait dans la chaude atmosphère du troupeau. »

Hermann Hesse, Demian

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20/08/2013

Le sang est l’engrais

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« Il n’est pas aisé, à beaucoup près, d’expliquer pourquoi la guerre produit des effets différents, suivant les différentes circonstances. Ce qu’on voit assez clairement, c’est que le genre humain peut être considéré comme un arbre qu’une main invisible taille sans relâche, et qui gagne souvent à cette opération. A la vérité, si l’on touche le tronc, ou si l’on coupe en tête de saule, l’arbre peut périr ; mais qui connaît les limites pour l’arbre humain ? Ce que nous savons, c’est que l’extrême carnage s’allie souvent avec l’extrême population, comme on l’a vu surtout dans les anciennes républiques grecques, et en Espagne sous la domination des Arabes. Les lieux communs sur la guerre ne signifient rien : il ne faut pas être fort habile pour savoir que plus on tue d’hommes, et moins il en reste dans le moment ; comme il est vrai que plus on coupe de branches, et moins il en reste sur l’arbre ; mais ce sont les suites de l’opération qu’il faut considérer. Or, en suivant toujours la même comparaison, on peut observer que le jardinier habile dirige moins la taille à la végétation absolue qu’à la fructification de l’arbre : ce sont des fruits, et non du bois et des feuilles, qu’il demande à la plante. Or les véritables fruits de la nature humaine, les arts, les sciences, les grandes entreprises, les hautes conceptions, les vertus mâles, tiennent surtout à l’état de guerre. On sait que les nations ne parviennent jamais au plus haut point de grandeur dont elles sont susceptibles, qu’après de longues et sanglantes guerres. Ainsi le point rayonnant pour les Grecs fut l’époque terrible de la guerre du Péloponèse ; le siècle d’Auguste suivit immédiatement la guerre civile et les proscriptions ; le génie français fut dégrossi par la Ligue et poli par la Fronde : tous les grands hommes du siècle de la reine Anne naquirent au milieu des commotions politiques. En un mot, on dirait que le sang est l’engrais de cette plante qu’on appelle génie. »

Joseph de Maistre, Considérations sur la France

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19/08/2013

L’amour est masochiste

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« L’amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d’angoisse des amants, cet état d’attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces milles inquiétudes au sujet de l’absence de l’être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d’humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l’amour-propre sont en jeu, l’honneur, l’éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l’imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouillaient et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu’à la complète inhibition, la complète annihilation de l’âme, jusqu’à l’atonie des sens, jusqu’à l’épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu’à la sécheresse du cœur, ce besoin d’anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d’effusion, d’adoration, de mysticisme, cet assouvissement qui a recours à l’hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l’amour d’après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d’une main sûre le tableau clinique du masochisme ? »

Blaise Cendrars, Moravagine

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18/08/2013

Je ne suis pas

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« Je ne suis pas une lesbienne hurlant au sous-sol sanglée
dans une toile d'araignée de cuir
je ne suis pas un Rockefeller surpris sans pantalon
par une crise cardiaque dans un lit d'adultère
je ne suis pas une tapette intello stalinienne gaucho
ni un Rabbin antisémite chapeau noir barbe blanche ongles sales
ni le poète en cabane à San Francisco tabassé par les sbires
de la police pourrie la veille du Nouvel An
ni Gregory Corso Orphée maudit de ces états
pas encore un professeur au salaire mirifique
Je ne suis pas quelqu'un que je connais
en fait je ne suis ici que pour 80 ans

Eglise St. Clément, 7 mars 1983 »

Allen Ginsberg, Poèmes (édition intégrale)

 

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17/08/2013

Joyeuse Egypte

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Un courageux petit groupe de chrétiens coptes venus prier dans ce qu'il reste de leur église après le passage joyeux des "Frères Musulmans" venus prêcher leur Religion d'Amour, de Tolérance et de Paix.

Hamdoullah !

 


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Trinité

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Louis Girard,  L'argument ontologique chez SaintAnselme et chez Hegel

 

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Howl, Post-Scriptum

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« Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré l 5acré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré !

Le monde est sacré ! L'âme est sacrée ! La peau est sacrée ! Le nez est sacré ! La langue et la queue et la main et l'anus sacrés !

Tout est sacré ! tout le monde est sacré ! partout est sacré ! toute journée est dans l'éternité ! Tout homme est un ange !

Le clochard est aussi sacré que le séraphin ! le fou est sacré comme tu es sacrée mon âme !

La machine à écrire est sacrée le poème est sacré la voix est sacrée les écouteurs sont sacrés l'extase est sacrée !

Sacré Peter sacré Allen sacré Solomon sacré Lucien sacré Kerouac sacré Huncke sacré Burroughs sacré Cassady sacré l'inconnu sodomisé et les mendiants souffrants sacrés les hideux anges humains !

Sacrée ma mère à l'hôpital psychiatrique ! Sacrées les bites des grands-pères du Kansas !

Sacré le saxophone rugissant ! Sacrée l'apocalypse bop ! Sacrés les orchestres de jazz la marihuana les initiés la paix et la came et la batterie !

Sacrées les solitudes des gratte-ciel et des trottoirs ! Sacrées les caféterias remplies de multitudes ! Sacrées les mystérieuses rivières de larmes sous les rues !

Sacré le juggernaut solitaire ! Sacré l'immense agneau des classes moyennes ! Sacrés les bergers fous de la rébellion ! Celui qui aime Los Angeles EST Los Angeles !

Sacré New York Sacré San Francisco Sacré Peoria et Seattle Sacré Paris Sacré Tanger Sacré Moscou Sacré Istamboul !

Sacré le temps dans l'éternité sacrée l'éternité dans le temps sacrée les horloges dans l'espace sacrée la quatrième dimension sacrée la cinquième Internationale

Sacrée la mer sacré le désert sacré le chemin de fer sacrée la locomotive sacrées les visions sacrées les hallucinations sacrés les miracles sacré le bulbe de l'oeil sacré l'abîme !

Sacrée la Clémence ! Le Pardon ! la Charité ! la Foi ! Sacrés ! nos Corps ! souffrant une magnanimité !

Sacrée la surnaturelle intelligente extrêmement brillante bonté de l'âme ! »

Allen Ginsberg, Howl et autres poèmes


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Moloch ! Solitude ! Saleté ! Laideur !

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« Quel sphinx de ciment et d'aluminium a défoncé leurs crânes et dévoré leurs cervelles et leur imagination?
Moloch ! Solitude ! Saleté ! Laideur ! Poubelles et dollars impossibles à obtenir 1 Enfants hurlant sous les escaliers ! Garçons sanglotant sous les drapeaux ! Vieillards p leu­rant dans les parcs !
Moloch ! Moloch ! Cauchemar de Moloch ! Moloch le sans­amour ! Moloch mental ! Moloch le lourd juge des hommes !
Moloch en prison incompréhensible ! Moloch les os croisés de la geôle sans âme et du Congrès des afflictions ! Moloch dont les buildings sont jugements ! Moloch la vaste roche de la guerre ! Moloch les gouvernements hébétés !

Moloch dont la pensée est mécanique pure ! Moloch dont le sang est de l'argent qui coule ! Moloch dont les doigts sont dix armées ! Moloch dont la poitrine est une dynamo cannibale ! Moloch dont l'oreille est une tombe fumante !
Moloch dont les yeux sont mille fenêtres aveugles ! Moloch dont les gratte-ciel se dressent dans les longues rues comme des Jéhovahs infinis ! Moloch dont les usines rêvent et croassent dans la brume ! Moloch dont les cheminées et les antennes couronnent les villes !
Moloch dont l'amour est pétrole et pierre sans fin ! Moloch dont l'âme est électricité et banques ! Molch dont la pauvreté est le spectre du génie ! Moloch dont le sortest un nuage d'hydrogène asexué ! Moloch dont le nom est Pensée !
Moloch en qui je m'asseois et me sens seul ! Moloch où je rêve d'Anges ! Fou dans Moloch ! Suceur de bite en Moloch ! Sans amour et sans homme dans Moloch !
Moloch qui me pénétra tôt ! Moloch en qui je suis une conscience sans corps ! Moloch qui me fit fuir de peur hors de mon extase naturelle ! Moloch que j'abandonne Réveil dans Moloch ! lumière coulant du ciel !
Moloch ! Moloch ! Appartements robots ! banlieues invisibles !trésors squelettiques ! capitales aveugles ! industries démo­niaques ! nations spectres ! Asiles invincibles ! queues de granit ! bombes monstres !
Ils se sont pliés en quatre pour soulever Moloch au Ciel! Pavés, arbres, radios, tonnes ! soulevant la ville au Ciel qui existe et qui nous entoure partout !
Visions ! augures ! hallucinations ! miracles ! extases ! disparus dans le cours du fleuve américain !
Rêves ! adorations ! illuminations ! religions ! tout le tremble­ment de conneries sensibles !
Percées ! par-dessus le fleuve ! démences et crucifixions ! dis­parus dans la crue ! Envolées ! Epiphanies ! Détresses ! Décades des cris animaux et de suicides ! Mentalités ! Amours neuves ! Génération folle ! en bas sur les rochers du Temps !
Vrai rire sacré dans le fleuve ! ils ont vu tout cela ! les yeux fous ! les hurlements sacrés ! Ils ont dit adieu ! Ils ont sauté du toit ! vers la solitude ! gesticulant ! portant des fleurs ! En bas vers le fleuve ! dans la rue ! »

Allen Ginsberg, Howl et autres poèmes

 

Voyez ou revoyez, aussi, ICI...

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16/08/2013

L'une des caractéristiques de l'amour comme de tous les états d'exaltation

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« L'une des caractéristiques de l'amour comme de tous les états d'exaltation est probablement un certain délire d'interprétation: chaque fois qu'une parole tombait, une signification profonde s'illuminait, s'avançait comme un dieu voilé et se défaisait dans le silence. »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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15/08/2013

Une terreur nerveuse de n'être rien

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« Qu'est-ce donc que nos actes, sinon une terreur nerveuse de n'être rien : à commencer par les divertissements qui n'en sont pas, qui ne sont que du vacarme, un caquetage encourageant pour tuer le temps parce qu'une obscure certitude nous dit qu'il finira par nous tuer, pour aboutir aux inventions enchérissant l'une sur l'autre, aux absurdes montagnes d'argent qui tuent l'esprit (qu'on soit écrasé ou porté par elles), aux modes anxieusement changeantes de l'esprit, aux vêtements sans cesse modifiés, au meurtre, à l'assassinat, à la guerre, en quoi se décharge une profonde méfiance à l'égard de ce qui dure et du créé ; qu'est-ce tout cela, sinon l'agitation d'un homme empêtré jusqu'au genou dans une tombe dont il essaie de se dégager mais à laquelle il n'échappera jamais, d'un être qui ne se dérobe jamais au néant, qui, se précipitant avec angoisse dans toutes sortes de figures, n'en demeure pas moins, en quelque point secret de lui-même à peine deviné, caducité et néant ? »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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Se distinguer...

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« ll faudrait...écrire un livre tout entier sur le fait qu’au lieu de vouloir être distingué, on doit vouloir se distinguer, mais ça serait un livre complètement asocial. »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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14/08/2013

La meilleure part est pour ceux qui sont vaincus !

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« Tu as été vaincu et finalement tu te rendras sans vergogne. Tu as maintenant trente ans, à quarante on est liquidé. A cinquante on trouve la vie satisfaisante, on a tous les tourments derrière soi. Seuls réussissent ceux qui rampent et qui s'adaptent. Voilà toute la sagesse de la vie ! La meilleure part est pour ceux qui sont vaincus ! Et rien n'est pire que la solitude. »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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Le mal du sautillement

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« Mourir n'est qu'une conséquence de notre manière de vivre. Nous vivons d'une pensée à une autre pensée, d'un sentiment à un autre. Nos sentiments et nos pensées, au lieu de couler comme un fleuve paisible, nous "passent par la tête", nous "envahissent" et nous quittent : illuminations, éclairs, intermittences. En t'observant bien, tu t'aperçois que l'âme n'est pas une substance qui change de couleur par transitions nuancées, mais que les pensées en jaillissent comme des chiffres d'un trou noir. Tu as telle pensée, tel sentiment, et tout d'un coup d'autres les remplacent, surgis de rien. Si tu es très attentif, tu peux même saisir, entre deux pensées, l'instant du noir absolu. Cet instant est pour nous, une fois saisi, tout simplement la mort. Notre vie ne consiste en effet qu'à poser des jalons et à sauter de l'un à l'autre, franchissant ainsi chaque jour mille et mille secondes mortelles. Dans une certaine mesure, nous ne vivons que dans ces pauses entre deux bonds. Voilà pourquoi nous éprouvons un effroi si grotesque devant la dernière mort qui est ce que l'on ne peut plus jalonner, l'abîme insondable où nous sombrons. Pour cette manière-là de vivre, elle est vraiment la négation absolue. Mais elle ne l'est que dans cette perspective, que pour celui qui n'a jamais appris à vivre autrement que d'instant en instant. J'appelle cela le mal du sautillement ; et tout le secret, c'est de le vaincre. Il faut apprendre à éprouver sa vie comme un long glissement calme. Au moment où l'on y parvient, on est aussi près de la mort que de la vie. On ne vit plus, selon nos critères communs, mais l'on peut davantage mourir, puisque avec la vie on a suspendu aussi la mort. C'est le moment de l'immortalité, le moment où notre âme, sortant de la prison du cerveau, pénètre dans ses merveilleux jardins. »

Robert Musil, Les Désarrois de l'élève Törless

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13/08/2013

Comprendre l'Empire des Moralistes...

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Un succédané destiné à leur épargner le sentiment d'un manque !

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« Vois-tu, quoiqu'on doive aimer le prochain comme soi-même, et que parfois on l'aime à ce point, cela demeure toujours une duperie, et une duperie de soi-même, parce qu'il est impossible d'éprouver sa douleur s'il a mal à la tête ou à un doigt. Il est absolument intolérable de ne pouvoir participer réellement à l’être qu'on aime, et c'est aussi absolument simple. Le monde est ainsi fait. Nous portons notre peau de bête avec les poils à l'intérieur et nous ne pouvons pas l'arracher. Et cette panique au sein de la tendresse, ce cauchemar de l'impossible approche, les hommes légalement bons, les bel et bons ne l'éprouvent jamais. Ce qu'ils appellent la sympathie est même un succédané destiné à leur épargner le sentiment d'un manque ! »

Robert Musil, L'homme sans qualités, Tome 2

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Les conditions de l'enthousiasme authentique

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« L'homme croit aux idées non parce qu'il leur arrivent d'être vraies, mais parce qu'il doit croire. Parce qu'il doit faire régner l'ordre dans son coeur. Parce qu'il doit boucher au moyen d'une illusion ce trou dans les parois de sa vie par lequel ses sentiments ne demandent qu'à fuir à tous les vents. La voie juste serait sans doute, plutôt que de se laisser aller à de passagères illusions, de chercher au moins les conditions de l'enthousiasme authentique. »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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12/08/2013

La République a menti...

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Dédicace à mon ami Larkens...

 

 

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L'Histoire de Grunwalski ("La Haine" de Mathieu Kassovitz)

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Pour d'obscures raisons Mathieu Kassovitz a eut des moments de lucidité avant de se mettre à raconter des conneries conspirationnistes à tout va...

 

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La Sécurité ?

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« La sécurité ? La sécurité, on pouvait la trouver en prison. Trois mètres carrés et pas de loyer, pas de charges, pas d'impôt sur le revenu, pas de pension alimentaire. Pas de carte grise. Pas de contravention. Pas de conduite en état d'ivresse. Pas d'argent perdu aux courses. Service médical à l'oeil. Camaraderie avec ceux qui ont les mêmes aspirations. Messe. Troufignons pour tirer sa crampe. Enterrement gratuit. »

Charles Bukowski, Le Postier

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Les femmes peuvent enfin réaliser leurs rêves unificateurs, totalisants voire totalitaires

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« Privé de ses propres mots, l'homme (mâle) a été peu à peu privé d'une pensée propre. La machine est rodée. Implacable. D'abord, on ne lui parle que de grands principes, d'universel, d'humanité : il n'y a plus d'hommes, il n'y a plus de femmes, rien que des êtres humains égaux, forcément égaux, mieux qu'égaux, identiques, indifférenciés, interchangeables. Le discours qui confond ses propres valeurs avec celles de l'humanité est celui de toutes les puissances dominantes, de l'Empire romain jusqu'à la grande nation, du bon temps des colonies jusqu'à l'american way of life. Des hommes avec ou sans majuscule au temps d'une société patriarcale. Et puis, dans un second temps, on suggère la supériorité évidente des « valeurs » féminines, la douceur sur la force, le dialogue sur l'autorité, la paix sur la guerre, l'écoute sur l'ordre, la tolérance sur la violence, la précaution sur le risque. Et tous, hommes et femmes, surtout les hommes, de communier dans cette nouvelle quête du Graal. La société unanime somme les hommes de révéler la « féminité» qui est en eux. Avec une bonne volonté confondante, suspecte, malsaine, les hommes font tout ce qu'ils peuvent pour réaliser ce programme ambitieux : devenir une femme comme les autres. Pour surmonter enfin leurs archaïques instincts. La femme n'est plus un sexe mais un idéal. »

 

« Comme tous les petits mâles depuis le début de l'Humanité, les jeunes Arabes ont peur des femmes. Peur de ces machines à castrer, peur de ne pas être à la hauteur de leur appétit qu'ils espèrent et craignent insatiable. Autour de la Méditerranée, on règle depuis toujours cette peur de la féminité en exprimant une virilité exacerbée, surjouée, et en dissimulant les attraits de la sensualité féminine, cheveux et chevilles, poitrines et hanches, sous des vêtements amples, informes. Nos Arabes réagissent ainsi. Les plus religieux obligent leurs sœurs à se voiler ; les autres exigent des filles qu'elles portent les mêmes vêtements qu'eux, survêtements, tennis. Ainsi, grimées en garçons, elles leur font moins peur. Si elles persistent à se vouloir féminines, à vouloir leur faire peur, à mettre au défi leur virilité incertaine et fragile, alors, pour pouvoir les désirer, pour être sûr de bander, ils appliquent l'autre méthode masculine, le plan B des hommes depuis l' Homo sapiens, l'irrespect militant, d'autant plus furieux, violent même, qu'il est inquiet. Seules la « salope », la « pute» peuvent réveiller le désir fragile du mâle. »

 

« C'est tout le paradoxe féminin. Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose ; elles votent à gauche quand la Révolution est finie ; elles deviennent un argument de marketing littéraire quand la littérature se meurt ; elles découvrent le football quand la magie de mon enfance est devenue un tiroir-caisse. Il y a une malédiction féminine qui est l'envers d'une bénédiction. Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n'inventent pas, elles conservent. Elles ne forcent pas, elles préservent. Elles ne transgressent pas, elles civilisent. Elles ne règnent pas, elles régentent. En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s'interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. ils se contentent de conserver. On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de sa population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans ; de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais - ou on n'ose jamais songer - à sa féminisation. »

 

« Les femmes peuvent enfin réaliser leurs rêves unificateurs, totalisants voire totalitaires, elles veulent tout ensemble : amour, désir, statut. Mariage et plaisir, enfants et romantisme. Tout. La plupart du temps, elles n’ont rien. Qui trop embrasse mal étreint. »

Eric Zemmour, Le Premier Sexe

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11/08/2013

Rainer Maria Rilke : Eros (IV)

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« Ce n'est pas la justice qui tient la balance précise,
c'est toi, ô Dieu à l'envie indivise,
qui pèses nos torts,
et qui de deux cœurs qu'il meurtrit et triture
fais un immense cœur plus grand que nature,
qui voudrait encor

grandir... Toi, qui indifférent et superbe,
humilies la bouche et exaltes le verbe
vers un ciel ignorant...
Toi qui mutiles les êtres en les ajoutant
à l'ultime absence dont ils sont des fragments »

Rainer Maria Rilke, Eros (IV), in "Vergers"

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C'est une langue bien difficile que le français

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« Pourtant, ma vie s'est écoulée à écrire... Née d'une famille sans fortune, je n'avais appris aucun métier. Je savais grimper, siffler, courir, mais personne n'est venu me proposer une carrière d'écureuil, d'oiseau ou de biche. Le jour où la nécessité me mit une plume en main, et qu'en échange des pages que j'avais écrites on me donna un peu d'argent, je compris qu'il me faudrait chaque jour, lentement, docilement écrire, patiemment concilier le son et le nombre, me lever tôt par préférence, me coucher tard, par devoir. Un jeune lecteur, une jeune lectrice n'ont pas besoin d'en savoir davantage sur un écrivain caché, casanier et sage, derrière son roman voluptueux. C'est une langue bien difficile que le français. A peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu'on commence à s'en apercevoir. »

Colette, Journal à rebours

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10/08/2013

Apéro Time...

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Les vacances... mais on ne se démonte pas...


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Dans la plénitude de l'être

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« Les natures du genre de la tienne, les hommes doués de sens délicats, ceux qui ont de l'âme, les poètes, ceux pour qui toute la vie est amour nous sont presque toujours supérieurs, à nous, chez qui domine l'intellect. Vous êtes, par votre origine, du côté de la mère. Vous vivez dans la plénitude de l'être. La force de l'amour, la capacité de vivre intensément les choses est votre lot. Nous autres, hommes d'intellect, bien que nous ayons l'air souvent de vous diriger et de vous gouverner, nous ne vivons pas dans l'intégrité de l'être, nous vivons dans les abstractions. A vous la plénitude de la vie, le suc des fruits, à vous le jardin de l'amour, le beau pays de l'art. Vous êtes chez vous sur terre, nous dans le monde des idées. Vous courez le risque de sombrer dans la sensualité, nous d'étouffer dans le vide. Tu es artiste, je suis penseur. Tu dors sur le cœur d'une mère, je veille dans le désert. Moi, c'est le soleil qui m'éclaire, pour toi brillent la lune et les étoiles. Ce sont des jeunes filles qui hantent tes rêves; moi, ce sont mes écoliers... »

Hermann Hesse, Narcisse et Goldmund

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Parvenir à soi-même

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« Pour un homme conscient, il n'était aucun, aucun autre devoir de se chercher soi-même, de s'affirmer soi-même, de trouver en tâtonnant son propre chemin, quel qu'il fût. Cette révélation qui était le fruit de ma rupture avec Pistorius m'ébranla fortement. Souvent, je m'étais plu à jouer avec les images de l'avenir. Souvent j'avais rêvé de rôles qui devaient m'être assignés, comme poète peut-être, ou comme prophète ou comme peintre. Tout cela en vain ! Pas plus qu'un autre, je n'étais ici-bas pour composer des poèmes ou pour prêcher, ou pour peindre. Tout cela était accessoire. La vraie mission de chaque homme était celle-ci : parvenir à soi-même. Qu'il finisse poète ou fou, prophète ou malfaiteur, ce n'étais pas son affaire ; oui, c'était en fin de compte dérisoire ; l'important, c'était de trouver sa propre destinée, non une destinée quelconque, et de la vivre entièrement. Tout le reste était demi-mesure, échappatoire, fuite dans le prototype de la masse et peur de son propre moi. L'idée nouvelle, terrible et sacrée, se présenta à mon esprit, tant de fois pressentie, peut-être souvent exprimée déjà, mais vécue seulement en ce moment même. J'étais un essai de la nature, un essai dans l'incertain, qui, peut-être, aboutirait à quelque chose de nouveau, peut-être à rien ; laisser se réaliser cet essai de sein de l'Inconscient, sentir en moi sa volonté, la faire entièrement mienne, c'était là ma seule, mon unique mission. »

Hermann Hesse, Demian

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