27/05/2012
Pacifism...
22:05 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Un formidable instrument d’émancipation intellectuelle
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Péguy, Bernanos, Claudel. Si je rapproche ici ces noms, ce n’est pas parce qu’ils sont tous trois ce que l’on est convenu d’appeler des écrivains catholiques. Catholiques, ils le sont, chacun à sa manière, mais cela ne suffit pas, loin de là, à les définir. Si je les ai réunis, c’est d’abord parce que chacun d’eux a représenté, à diverses époques de ma vie, un formidable instrument d’émancipation intellectuelle. Ils m’ont aidé à me libérer de mon temps, à prendre des distances vis-à-vis de lui, et plus encore, vis-à-vis de moi-même. Quand le monde tout entier paraît s’affaisser sur son axe et que l’on se sent gagné par la lâche tentation de composer avec ce qu’il charrie de plus médiocre, alors Péguy, Bernanos et Claudel sont des recours. Ils nous arrachent à la vulgarité ambiante et bien souvent nous en protègent. Non que chacun d’entre eux n’ait eu, à l’occasion, ses faiblesses. Mais leurs erreurs n’ont jamais été inspirées par la complaisance à leur époque ; ils n’ont jamais emprunté leurs aveuglements à leurs contemporains. Leur marginalité fut à la fois un fait subi et une situation voulue. Subie, parce qu’elle est en effet pour partie liée à leur position d’écrivains catholiques. Voulue, parce qu’en érigeant l’ostracisme dont ils furent victimes en sécession délibérée, ils ont fait de ce défi à leur temps la source principale de leur inspiration. Les grandes oeuvres peuvent bien exprimer leur époque, elles n’en sont pas moins bâties sur la solitude volontaire et la résistance à la contrainte extérieure. »
Jacques Julliard, L’argent, Dieu et le diable - Péguy, Bernanos, Claudel face au monde moderne
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
26/05/2012
Manquer sa Cible
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Le monde est inachevé. Toute la Bible le hurle. Et au centre du monde l'homme est, lui-même, inachevé. Au terme du sixième jour la création rentre dans l'Histoire. Ce que Dieu a créé seul est achevé, mais ce qu'il veut entreprendre avec l'homme ne fait que commencer. L'homme devrait participer à la création en la recevant comme un héritage, un don, une responsabilité et non un dû. C'est une mission et une charge. Pour toute partie de sa création, Dieu dit :"cela est bon". Mais il ne le dit pas pour l'homme. Car l'homme attend son achèvement. Entre sa création et son achèvement à venir il a buté sur le péché. Il a manqué sa cible.
10:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L’antiquité nous apprend que le malheur peut être auguste et que la vertu et le génie sont indépendants des viles couronnes que la fortune accorde ou refuse
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« On s’intéresse beaucoup à la jeunesse moderne, on se demande ce qu’elle pense, les plus naïfs vont jusqu’à le lui demander à elle-même. Beaucoup d’entre ces jeunes gens n’admirent que le succès, ils paraissent décidés à tout pour y parvenir, et c’est ce qui donne à certains d’entre eux un air cru, avide, aiguisé de petits fauves. A vrai dire, il ne faut pas s’effrayer outre mesure de ces dispositions : la force des choses, le plus souvent, a tôt fait de mater ces férocités enfantines. Mais ces idées se répandent, ces opinions tendent à abaisser de plus en plus le plafond qui pèse sur les esprits. Or l’éducation classique est opposée à d’aussi vils partis pris; elle nous apprend à juger les individus en eux-mêmes. Les grands hommes de Plutarque ont sans doute quelque chose de légèrement artificiel, d’un peu découpé. Mais qu’ils s’enfoncent dans l’exil, qu’ils meurent à la fin d’une de ces petites batailles antiques, où il semble qu’on aperçoive distinctement chaque combattant, ou que, sûrs d’avoir tout perdu, ils terminent volontairement leurs jours par un suicide héroïque, toujours la phrase qu’ils prononcent nous avertit que l’adversité n’est rien et qu’il importe seulement d’être magnanime. On peut reconnaître les belles époques à la distinction qu’elles ont su maintenir entre le succès et la grandeur. Par les exemples de son histoire et les vers de ses tragédies, l’antiquité unanime nous apprend que le malheur peut être auguste et que la vertu et le génie sont indépendants des viles couronnes que la fortune accorde ou refuse aux hommes. Jamais cette leçon ne sera venue plus à propos. »
Abel Bonnard, "La vie présente : les humanités" - Revue de Paris, année 30, tome 2, 1er mars 1923, p. 193-201
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
25/05/2012
La seule oasis qui compte
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Avec le temps on prend la mesure de ce qui importe, de ce qui est essentiel. On ne veut plus s'arrêter à des pacotilles ou aux crispations d'autrui à notre encontre. On ne veut plus épuiser d'énergie à expliquer les choses, à mettre les points sur les "i" et à étayer une ligne de conduite et une ligne de défense par rapport à ce qui relève du simple bon sens.
Par contre, en retour, on éprouve le besoin de se réfugier dans la seule oasis qui compte : la solitude, où le simence est qualitatif et où l'on s'entend respirer tandis que l'on pense et que l'on prie.
C'est là ma pente actuelle, ayant remarqué avec une constante évolution en ce sens l'éloignement progressif de nombreuses personnes avec lesquelles j'avais rêvé le même rêve, bleu, rouge, jaune, pourpre, chatoyant durant de nombreuses années à porter nos lots d'angoisses et nos gerbes d'espoir.
Mais tout se discrimine tout seul, si je puis dire, par soi-même, tandis que le terre tourne comme elle tourne et que chacun vieillit comme il vieillit.
10:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
En révolte contre ces sentimentalités patriotiques sous lesquelles les gens finissaient par s’encroûter
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Nous nous rassemblions. Heinz avait la tête fourmillante d’idées. Il avait été un jeune officier, quatre fois blessé et qui avait fait ses preuves dans des combats de corps de volontaires ; maintenant il était poète en secret et esthète avec affectation. Rempli d’une haine farouche contre toute sentimentalité, il avait l’habitude de couper court à tout accès de vague mélancolie par un seul mot de l’ironie la plus mordante. Une multitude de petits flacons de parfums traînaient sur sa table de nuit – mais il était aussi l’inventeur d’un nouvel explosif fabriqué avec les plus invraisemblables détritus. Il faisait des sonnets parfaits et tirait dans l’as de coeur à une distance de cinquante mètres.
Nous entrâmes tout deux dans dix-huit associations.
Partout où il y avait un jeune homme en révolte contre ces sentimentalités patriotiques sous lesquelles les gens finissaient par s’encroûter, contre les discours filandreux que débitaient infatigablement des vieillards vénérés et des coryphées à barbe blanche, nous allions à lui et nous le convertissions à notre cause. Nous recrutions ainsi des ouvriers, des étudiants, des écoliers, des jeunes commerçants, des fainéants et des gens qui savaient tout faire, des idéalistes ardents et des fanatiques du mépris. […] Nous fouillions les terrains qui nous étaient le plus éloignés.
Partout où se trouvait un garçon qui faisait preuve de courage, si stupide qu’en eût été la cause, nous l’approchions et toujours, nous constations qu’il était de notre race. La plupart du temps, nous nous reconnaissions au premier coup d’œil. […] Lorsque nous eûmes atteint le nombre de cinquante, Kern fit une courte apparition et arrêta le recrutement. Pour l’instant, cinquante hommes nous suffisaient largement. »
Ernst Von Salomon, Les Réprouvés
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
24/05/2012
Pour qui consent à voir, pour qui veut entendre, pour qui veut vraiment aimer
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
J'ai longtemps cru que la Vérité était ailleurs, or si la Justice n'est pas de ce monde soyez assurés qu'elle s'en vient à grands pas et que pour venir, parce qu'il y a eu le Mystère de l'Incarnation qui fut, comprenez-le bien, une Incarnation Totale, le germe qui a été laissé et qui pousse depuis plus de 2000 ans indique que la Vérité est bien ici, à notre portée pour qui consent à voir, pour qui veut entendre, pour qui veut vraiment aimer.
Oh je suis un pécheur. Je ne suis pas digne d'écrire ce que j'écris qui peut être si mal compris et que l'on me catalogue d'hypocrite.
Je suis un laïc, j'aime le vin, la bonne chère et les femmes. Tant de choses qui, disent les clercs de la Religion, ne sont que chimères destructrices. Pourtant Dieu a planté dans ma chair, car comme disait Nietzsche "le corps est une raison supérieure", le sens de l'Appel qui est le sien et je marche sous son regard espérant marcher sous son sourire.
Quand je prendrai le Baptême, puisse Dieu faire que le Ciel s'ouvre un peu pour moi. Moi qui ai le sentiment d'éprouver le scandale de la prière non exaucée.
10:18 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ce n’est pas le soulèvement militaire franquiste de juillet 1936 qui est à l’origine de la destruction de la démocratie
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ce n’est pas le soulèvement militaire de juillet 1936 qui est à l’origine de la destruction de la démocratie. C’est parce que la légalité démocratique avait été détruite par le Front populaire que le soulèvement s’est produit. En 1936, personne ne croyait en la démocratie libérale telle qu’elle existe aujourd’hui en Espagne. Le mythe révolutionnaire partagé par toute la gauche était celui de la lutte armée. Les anarchistes et le parti communiste, un parti stalinien, ne croyaient certainement pas en la démocratie. L’immense majorité des socialistes et, notamment leur leader le plus significatif, Largo Caballero, le "Lénine espagnol", qui préconisait la dictature du prolétariat et le rapprochement avec les communistes, n’y croyait pas davantage. Les gauches républicaines du jacobin Azana qui s’étaient compromises dans le soulèvement socialiste de 1934, n’y croyaient pas plus. Quant aux monarchistes de Rénovation espagnole, aux carlistes, aux phalangistes et a majorité de la CEDA (Confédération espagnole des droites autonomes), ils n’y croyaient pas non plus.
Les anarchistes se révoltèrent en 1931, en 1932 et en 1933. Les socialistes se soulevèrent contre le gouvernement de la République du radical Alejandro Lerroux, en octobre 1934, appuyé par toutes les gauches, ce soulèvement fut planifié par les socialistes comme une guerre civile pour instaurer la dictature du prolétariat. Dès son arrivée au pouvoir, le Front populaire ne cessa d’attaquer la légalité démocratique. Le résultat des élections de Février 1936 ne fut jamais publié officiellement. Plus de 30 sièges de droite furent invalidés. Le président de la République, Niceto Alcala Zamora fut destitué de manière illégale. La terreur s’imposa dans la rue, faisant plus de 300 morts en trois mois.
On aimerait que les nombreux "écrivains d’histoires", défenseurs des vieux mythes du Komintern, expliquent la réflexion lapidaire du libéral antifranquiste, Salvador de Madariaga : "Avec la rébellion de 1934, la gauche espagnole perdit jusqu’à l’ombre d’autorité morale pour condamner la rébellion de 1936". »
Arnaud Imatz, Espagne : la guerre des mémoires
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Courageuses !
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Manifestante tunisienne. La pancarte dit : "Développe ton cerveau plutôt que ta barbe."
00:10 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
23/05/2012
Evgueni Rodionov, Martyr pour la Foi
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
Evgueni Rodionov est né le 23 mai 1977, un enfant à ce qu'on disait, aimable, serviable, poli et en parfaite santé. Bien que bon élève après sa classe de seconde, il part travailler dans une fabrique de meubles, et apprend le métier d'ébéniste, puis il se spécialise dans la tapisserie de mobilier. Ce travail lui convient et le salaire est convenable. Sa mère se souvient que même avec les trois emplois qu'elle cumulait elle ne gagnait pas autant que son jeune fils. Ce dernier améliore considérablement la vie familiale. Mais à ses dix-huit ans Evgueni est appelé sous les drapeaux.
En février 1996, le jeune soldat russe et garde-frontière est capturé par des rebelles musulmans de Tchétchénie.
Il est gardé prisonnier – et probablement torturé – pendant 100 jours afin d'abjurer sa Foi.
Le chef du groupe d'islamistes tchétchènes, Ruslan Khaikhoroyev, choisit de l'exécuter le 23 mai 1996, jour de son dix-neuvième anniversaire, et jour de l'Ascension du Seigneur selon le calendrier Orthodoxe.
Il est exécuté près de Bamut après avoir été torturé pour avoir refusé de retirer la croix qu'il portait autour du cou et de renier le Christ en épousant la Religion du Prophète Mahomet.
Sa tombe a été indiquée à sa mère par les assassins en personne contre une grosse rançon pour laquelle ses parents, modestes, ont dû hypothéquer leur maison. Elle a pu identifier le corps de son fils grâce à ses bottes mais surtout grâce à la croix qu'il y avait sur le corps sans tête, croix qui avait été donnée au jeune garçon par sa grand-mère maternelle le jour de ses 11 ans. Sa mère se souvient que jour pour jour 20 ans après son mariage le 23 Octobre 1997 elle déterrait le corps de son fils et le ramenait à la maison pour l'enterrer. L'inscription sur la tombe est "Pardonne moi, mon fils".
Cinq jours après son enterrement, son père décédait de chagrin.
Sa croix a été remise par sa mère à l'église Saint-Nicolas de Pygy à Moscou, et est conservée dans le sanctuaire de cette église.
Evgueni Rodionov est souvent considéré comme un saint en Russie. Une église porte son nom avec l'accord du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies d'alors, Alexis II... Le jeune martyr n'est pas encore inscrit dans le registre des Saints Russes, mais il se murmure que cette situation ne va pas durer longtemps... on trouve déjà des icônes du jeune garçon.
Comme il y a une justice, tout de même, un mois après l'exécution d'Evgueni, le groupe tchétchène responsable de son exécution a été décimé par les forces spéciales russes.
Un des chefs Tchétchènes, Salautdin Temirbulatov a été capturé en Tchétchénie en 2000, et ensuite condamné à perpétuité pour les nombreux massacres qu'il avait ordonné.
18:56 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Yoooouuuuhoooouuu ! Yaaaaminaaaa !
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
« A qualité égale, priorité au Beur puisqu’il a eu plus d’obstacles à franchir qu’un Blanc de souche. »
Yamina Benguigui, Courriers Cadres, 21 octobre 2004
Yamina Benguigui, pour qui n'a pas suivi, est ministre déléguée de la Francophonie et des Français de l'étranger du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
16:07 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (10) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Saucisson à l'ail !
15:38 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Justification
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Toute justification face à qui que ce soit est bien inutile. La seule justification qui vaille n'est pas de ce monde, aussi il m'apparaît de plus en plus inutile d'argumenter dans la bataille et la controverse pour dévoiler ce qui, énorme, à la portée de tous, visible dans son assise, siège quotidiennement à la vue de chacun. Il convient juste de dire les choses humblement, de pointer du doigt la douloureuse blessure que plus personne ne ressent clairement tellement l'anesthésie est générale.
Il faut déposer les armes face à ceux qui se rassurent, se trouvent des excuses, bref, se justifient à leur tout puisqu'il sont le produit d'une société qui passe son temps à se justifier aussi.
L'Amour n'a pas à se justifier. L'Amour est et il ne se discute pas. Sachez que sitôt que l'amour a besoin de justification, d'aménagement, ça n'est pas de l'Amour.
Jeûnes, compassion, rien n'arrive aux mollets de l'Amour qui n'a besoin ni de jeûne ni de compassion puisqu'il est, par essence, supérieur à ceux-là, les contenant en abondance accomplie. Ayant atteint à l'Amour, tout jeûne est inutile et la compassion en déborde naturellement, même lorsqu'on est dans la colère qui, alors, devient Sainte car elle n'est que soif de Justice.
Et Dieu aime l'Amour et Dieu aime la Justice.
10:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
A vrai dire, notre littérature est toute pénétrée de l’esprit antique, étant latine dans son fonds, et grecque à son faîte
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Aujourd’hui, au contraire mille dangers menacent la pureté du langage; il s’enfle, il s’alourdit, il se gâte; il deviendra de moins en moins capable, si l’on n’y prend garde, d’exprimer des pensées fines ou fortes, d’être un instrument de beauté ou de vérité. Il est d’autant plus pressant de restaurer l’enseignement du latin. Non seulement, on y vérifie tout notre vocabulaire, mais l’esprit trouve dans cette étude une discipline admirable. Le latin, c’est la langue sans délire, qui passe du sillon à la route, du paysan au légionnaire et qui satisfait enfin son génie dans la rectitude abstraite du droit : idiome éminemment temporel, mâle parler de la puissance, mais d’une puissance qui veut être juste, et qui ne donne point d’ordre sans dicter des lois. Le grec, c’est bien autre chose. Rustique comme le latin, il est aussi maritime; propre à la dialectique la plus déliée, comme à la poésie la plus haute, il ne se prête pas moins à la verve la plus familière. Pour bien connaître les mots grecs, il faut les voir dans les comédies d’Aristophane, où ils ressemblent à ces pigeons qui marchent sur le fumier, picotent la bouse, et soudain, envolés, ne sont plus qu’une guirlande au haut du ciel. La raison ailée du grec est si libre et si joueuse qu’elle finit par sourire aux sophistes. La raison pédestre du latin ne les admet pas. Le français tient de l’un et de l’autre, lié au latin par une parenté positive et au grec par une parenté idéale. Dans l’oeuvre des grands écrivains où chacun de ces idiomes approche de sa perfection, le grec tend à devenir plus subtil, le latin plus dense, le français plus clair. Notre parler, plonge lui aussi, ses racines dans la vie rustique. Grec, latin, français, ce sont les trois langues du vin, mais l’ivresse grecque pousse à chanter, l’ivresse latine à agir, l’ivresse française à penser. Le français ne favorise que médiocrement l’imagination et la fantaisie, il se prête au sentiment dans la mesure où celui-ci veut se connaître; c’est le langage de la conscience, celui d’une raison persuasive, qui ne voudrait pas commander qu’elle n’eût aussi convaincu. Mais, pour qu’il garde ses qualités supérieures, il faut qu’il reste associé aux deux grandes langues antiques, qui le maintiennent à leur hauteur. L’étude des langues vivantes a mille avantages, mais ce n’est jamais qu’une excursion latérale, au lieu que celle du latin nous ramène à notre origine. Celle du grec n’est pas moins nécessaire, mais à un autre étage : c’est un luxe, si l’on veut, mais un luxe indispensable, pour achever dans l’exquis une éducation qui a commencé par le solide. A vrai dire, notre littérature est toute pénétrée de l’esprit antique, étant latine dans son fonds, et grecque à son faîte. On ne pourrait renoncer aux humanités sans rompre la continuité française. A partir de ce moment-là, ce ne serait plus la même France qui durerait, et qu’importe la persistance des noms, sans celle des choses? Tout le monde, aujourd’hui, voit plus ou moins clairement les dangers matériels dont nous sommes entourés. Mais il est des calamités plus redoutables encore, sur lesquelles il faut d’autant plus rester en éveil qu’elles ne font pas événement et ne changent pas le train ordinaire. Ce sont les grandes catastrophes silencieuses qui abaissent le plan de la vie, éteignent les activités supérieures et diminuent l’homme. »
Abel Bonnard, "La vie présente : les humanités" - Revue de Paris, année 30, tome 2, 1er mars 1923, p. 193-201
06:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
22/05/2012
Une guérison issue de l'écartèlement
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Ce qui me convient, après tout, c'est la guérison issue de l'écartèlement. Ce qui s'éloigne il faut le laisser s'éloigner et y puiser une force et s'y construire une opportunité. Ce que l'on considère comme une assise précieuse peut, donc, partir au moindre coup de vent. S'éloignent, de ce fait, les douces illusions, les souvenirs, les choses que l'on prenait pour des fondations solides, des rocs, tous s'effritent comme des os partant en poudre.
Nous étions là, au temps jadis, à tenir tête au monde, épaule contre épaule et à rire à poumons déployés des artifices du système, mais ça, c'était jadis.
Ce qui se dessine ici n'est rien d'autre que la trame psychologique de chansons à venir, de textes attendant l'éclosion, d'écrits qui diront par le scalpel les tenants et les aboutissants de ce que nous sommes : prisonniers de la toile existentielle à nous croire juges de justice pour nos plus humbles amis.
10:15 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Stevie Ray Vaughan : Life without you
08:55 Publié dans Blues | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
A trente ans l’espérance même de l’illusion n’existe pas
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ce n’est pas être vieux, sans doute, qu’avoir trente ans. C’est l’âge, simplement, où les plus simples records sont interdits aux plus vigoureux, l’âge que n’a jamais le plus grand champion de nage, le plus grand champion de course, l’âge où l’on ne peut plus apprendre le tennis. Aux garçons de vingt ans, dans leur ensemble, il est sûr que les hauts faits des champions sont également interdits. Mais chacun peut encore les espérer. A trente ans l’espérance même de l’illusion n’existe pas. »
Robert Brasillach, Les sept couleurs
06:58 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
21/05/2012
Horizons proches
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
En fait, je me donne des visions d'horizons proches, que je peux presque toucher. C'est de l'ordre de la création artistique, de la musique, beaucoup, et de l'écriture, surtout. Je n'attends rien de plus que de pouvoir me mesurer à moi-même et, si Dieu veut, de soigner mes blessures.
15:53 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
En cet Instant et au Lieu où je me trouve
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Je n'ai plus envie de m'amuser à reconstituer le passé. Le temps le tasse de plus en plus et je n'y ai plus beaucoup recours, du moins consciemment. A mon âge, mon futur lointain ne me préoccupe pas beaucoup, j'ai le sentiment d'être coincé dans mon présent et "coincé" n'est pas le bon terme, je dirais plutôt que je m'y glisse, dans mon présent, et le considère à sa juste mesure. Je le savoure, mon présent, avec cette certitude que c'est en lui que se trouve mon Salut, Ici et Maintenant, en cet Instant et au Lieu où je me trouve, en moi, profondément... le Royaume.
15:49 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Contentement
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
L'agitation, le bruit, la frénésie qui caractérisent notre temps nous rendent sourds et aveugles. Et, sourds et aveugles, nous nous en contentons.
15:36 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Il faut qu'il y en ait certains qui atteignent à l'abîme
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le défaut de dieu signifie qu'aucun dieu ne rassemble plus, visiblement et clairement, les hommes et les choses sur soi, ordonnant ainsi, à partir d'un tel rassemblement, l'histoire du monde et le séjour humain en cette histoire. Mais encore pis s'annonce dans le défaut de dieu.Non seulement les dieux et le dieu se sont enfuis, mais la splendeur de la divinité s'est éteinte dans l'histoire du monde. Le temps de la nuit du monde est le temps de détresse, parce qu'il devient de plus en plus étroit. Il est même devenu si étroit qu'il n'est même plus capable de retenir le défaut de dieu comme défaut.
Avec ce défaut, c'est le fond du monde, son fondement même, qui fait défaut (…) Le fondement est le sol pour un enracinement et une prestance. L'âge auquel le fond fait défaut est suspendu dans l'abîme. A supposer qu'à ce temps de détresse un revirement soit encore réservé, ce revirement ne pourra survenir que si le monde vire de fond en comble, et cela signifie maintenant tout unimement : s'il vite à partir de l'abîme. Dans l'âge de la nuit du monde, l'abîme du monde doit être éprouvé et enduré. Or, pour cela, il faut qu'il y en ait certains qui atteignent à l'abîme. »
Martin Heidegger, "Pourquoi des poètes ?" - in "Chemins qui ne mènent nulle part"
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
18/05/2012
L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'être aimé
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Nous savons peu de choses, mais qu'il faille nous tenir au difficile, c'est là une certitude qui ne doit pas nous quitter. Il est bon d'être seul parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus de nous y tenir. Il est bon aussi d'aimer ; car l'amour est difficile. L'amour d'un être humain pour un autre, c'est peut-être l'épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c'est le plus haut témoignage de nous-mêmes ; l'oeuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C'est pour cela que les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur coeur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l'amour n'est longtemps, et jusqu'au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L'amour, ce n'est pas dés l'abord se donner, s'unir à un autre. Que serait l'union de deux êtres encore imprécis, inachevés, dépendants ?
L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'être aimé. C'est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu qu'appelle le large. Dans l'amour, quand il se présente, ce n'est que l'obligation de travailler à eux-mêmes que les êtres jeunes devraient voir. Se perdre dans un autre, se donner à un autre, toutes les façons de s'unir ne sont pas encore pour eux. Il leur faut d'abord thésauriser longtemps, accumuler beaucoup. Le don de soi-même est un achèvement : l'homme en est peut-être encore incapable. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
17/05/2012
Aimer la distance
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Il est bon d'être seul, parce que la solitude est difficile. Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre. »
(...)
« Le partage total entre deux êtres est impossible et chaque fois que l'on pourrait croire qu'un tel partage a été réalisé, il s'agit d'un accord qui frustre l'un des partenaires, ou même tous les deux, de la possibilité de se développer pleinement.
Mais lorsque l'on a pris conscience de la distance infinie qu'il y aura toujours entre deux êtres humains, quels qu'ils soient, une merveilleuse "vie côte à côte" devient possible :
Il faudra que les deux partenaires deviennent capables d'aimer cette distance qui les sépare et grâce à laquelle chacun des deux aperçoit l'autre entier, découpé dans le ciel. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
16/05/2012
Inconciliables avec la morale asservie
=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=
« On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu’on ne s’y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps. Il est l’exception, les esprits asservis sont la règle. Ce que ceux-ci lui reprochent, c’est que ses libres principes, ou bien ont leur source dans le désir de surprendre ou bien permettent de conclure à des actes libres, c’est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la morale asservie. »
Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain
18:24 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Je suis rejeté, délaissé dans le présent. Le passé, j’essaie en vain de le rejoindre : je ne peux pas m’échapper.
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Mes souvenirs sont comme les pistoles dans la bourse du diable: quand on l’ouvrit, on n’y trouva que des feuilles mortes. [...] J’ai beau fouiller le passé je n’en retire plus que des bribes d’images et je ne sais pas très bien ce qu’elles représentent, ni si ce sont des souvenirs ou des fictions. [...]
Il y a beaucoup de cas d’ailleurs où ces images ont disparu, il ne reste plus que des mots: je pourrais encore raconter les histoires, les raconter trop bien [...], mais ce ne sont plus que des carcasses. Il y est question d’un type qui fait ceci ou cela, mais ça n’est pas moi, je n’ai rien de commun avec lui. [...] je rêve sur des mots, voilà tout. [...]
Pour cent histoires mortes, il demeure tout de même une ou deux histoires vivantes. Celles-là, je les évoque avec précaution, quelquefois, pas trop souvent, de peur de les user. J’en pêche une, je revois le décor, les personnages, les attitudes. Tout à coup, je m’arrête : j’ai senti une usure, j’ai vu pointer un mot sous la trame des sensations.
Ce mot-là, je devine qu’il va bientôt prendre la place de plusieurs images que j’aime.
Aussitôt je m’arrête, je pense vite à autre chose ; je ne veux pas fatiguer mes souvenirs. En vain ; la prochaine fois que je les évoquerai, une bonne partie s’en sera figée. J’ébauche un vague mouvement pour me lever, pour aller chercher mes photos, dans la caisse que j’ai poussée sous ma table.
A quoi bon ? Ces aphrodisiaques n’ont plus guère d’effet sur ma mémoire.
L’autre jour, j’ai retrouvé sous un buvard une petite photo pâlie. Une femme souriait, près d’un bassin. J’ai contemplé un moment cette personne, sans la reconnaître. Puis au verso j’ai lu : Anny, Portsmouth, 7 avril 27. »
Jamais je n’ai eu si fort qu’aujourd’hui le sentiment d’être sans dimensions secrètes, limité à mon corps, aux pensées légères qui montent de lui comme des bulles.
Je construis mes souvenirs avec mon présent.
Je suis rejeté, délaissé dans le présent. Le passé, j’essaie en vain de le rejoindre : je ne peux pas m’échapper. »
17:41 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook