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20/01/2007

There's some rockin' tonite !

=--=Publié dans la Catégorie "Parenthèse"=--=



"Ernst Nolte disait que la seconde guerre mondiale était la première guerre civile européenne. En ce sens nous pouvons dire que la guerre qui vient de commencer est la première guerre civile planétaire." Maurice G. Dantec

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Oeuvres lues de Maurice G. Dantec, au moment de cette note :

-Le théâtre des opérations, 2000 : Journal Métaphysique et polémique (Vol. 1),
-Le théâtre des opérations, 2001 : Le Laboratoire de Catastrophe Générale (Vol. 2)
-Le théâtre des opérations, 2002-2006 : American Black Box (Vol. 3)
-Grande Jonction (Roman)
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Bande son du moment : « Live all Over The Place » par King's X

Lecture du moment : En parallèle : « Grande Jonction » et « American Black Box » de Maurice G. Dantec

Citation du jour : « L'homme est si grand, que sa grandeur paraît surtout en ce qu'il ne veut pas se connaître misérable. Un arbre ne se connaît pas grand. C'est être grand que de se connaître grand. C'est être grand que de ne pas vouloir se connaître misérable. Sa grandeur réfute ces misères. Grandeur d'un roi.


(...)

Le phénomène passe. Je cherche les lois.

Les révolutions des empires, les faces des temps, les nations, les conquérants de la science, cela vient d'un atome qui rampe, ne dure qu'un jour, détruit le spectacle de l'univers dans tous les âges.»
Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont - (Poésies) - 1870


Humeur du moment : Jubilation exacerbée !

16/01/2007

Conservateur

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=


«L’histoire, ce témoin des siècles, cette lumière de la vérité, cette vie de la mémoire, cette maîtresse de la vie.» Cicéron


Ce jour, suite à quelques sujets de discussions rapidement lâchés, dans la salle de pause, au travail, vous savez… l’intervention américaine en Irak… l’avortement… l’euthanasie… la peine de mort… le pape… à peine 3 ou quatre phrases sorties de ma bouche pour chaque sujet… bref, j’ai eu droit à la sentence banale à laquelle je suis habitué depuis plus de 20 ans : « Tu as des propos de réac’. T’es franchement conservateur ! » La personne en question, qui m’a chié cette phrase, vote à gôche, tendance Ségolène Royal et elle pense que si la France devait envoyer l’armée en Irak ce serait pour s’interposer entre l’armée américaine et la « résistance » irakienne… que l’avortement honore la femme… que l’euthanasie, ma grand-mère nous l’aurait demandé si elle avait pu, mais elle pouvait pas à cause de son semi-coma et nous sommes des égoïstes, ma mère et moi, nous l’avons gardé jusqu’au bout pour nous et uniquement pour nous… que Saddam Hussein, ben on n’aurait jamais du le pendre, parce que la peine de mort (même pour crime contre l’humanité) ben que c’est pas bien… et que le pape pourrait faire un effort, merde, c’est vrai quoi, il pourrait penser à l’Afrique, merde alors, et aider à la propagation du préservatif… par la même occasion, qu’il officialise des prêtres pédés… « On est en 2007 tout de même ! » Aux temps messianiques probablement.

Bon, je ne vais pas expliquer ce que je pense et de l’affaire Irakienne, et des petro dollars, et de la situation géopolitique de la mondialisation en cours, et de l’avortement, et de l’euthanasie, et de la peine de mort (en particulier pour crime de guerre et crime contre l'humanité), et de Benoît XVI. J’ai pas la tête à ça. Je me suis promis, dans un autre de mes posts, de sourire et porter le masque de circonstance. Non ?

En vérité je ne veux pas faire partie de la poulaille. La basse-cour pue. D’un bout à l’autre ça caquette et ça se tient chaud, plumes contre plumes et culs dans la fiente. Mon « trip » c’est d’être d’une race particulière, de celle qui est inévitablement détestée et abominée de beaucoup, mais gratifiée par quelques-uns. Cela me va comme un gant de velours recouvrant une poigne de fer. Et chemise en soie, s’il vous plaît, avec vouvoiement à la lettre, histoire de faire monter l’acidité gastrique dans l’œsophage du bobo contrit. Le tutoiement survient comme un couronnement… pour ceux qui le méritent.



« Je n'ai pas une minute à perdre
J'écris
Il est cinq heures et je précède
La nuit
Mon feutre noir sur le papier
Va vite
Pendant que ma lucidité
Me quitte

J'écris c'que j'ai vu
Diagramme des détresses
Le collier, la laisse
Je n'supporte plus
Vinyle de la rue
Fantôme de la vitesse
Tous ceux que je blesse
Je n'm'en souviens plus

J'ai atteint la date limite
Pour le suicide idéal
La date que j'avais inscrite
A quinze ans dans mon journal

Je croyais, la vie passe vite
Je croyais, je n'crois plus en rien

Es-tu prêt à mourir demain ?
Es-tu prêt à partir si vite ?
Les yeux baissés tu ne dis rien
J'ai atteint la date limite

Je ne suis plus de votre race
Je suis du clan Mongol
Je n'ai jamais suivi vos traces
Vos habitudes molles
J'ai forgé mon corps pour la casse
J'ai cassé ma voix pour le cri
Un autre est là qui prend ma place
Un autre dicte et moi j'écris

L'autre
Je suis l'autre

Venez entendre la fissure
Le cri
De la sensibilité pure
Celui
Qui se dédouble et qui s'affronte
La nuit
Celui du sang et de la honte
Folie

Folie que j'ai vue
A l'angle des stress
Dans la jungle épaisse
Des mots inconnus
Je vois ou j'ai vu
Hôpital silence
Tout ce que je pense
Je n'm'en souviens plus

J'ai dépassé la limite
Du scénar original
Rien à voir avec le mythe
Etalé dans le journal

Tu croyais, la vie passe vite
Tu croyais, tu n'crois plus en rien

Je suis prêt à mourir demain
Je suis prêt à partir très vite
Regard d'acier je ne dis rien
J'ai dépassé la limite

Je ne suis plus de votre race
Je suis du clan Mongol
Je n'ai jamais suivi vos traces
Vos habitudes molles
J'ai forgé mon corps pour la casse
J'ai cassé ma voix pour le cri
Un autre est là qui prend ma place
Un autre dicte et moi j'écris

L'autre
Je suis l'autre »

Le Clan Mongol
(Bernard Lavilliers)


 

Il me convient de faire partie de ces clowns métaphysiques qui ne craignent pas d’affirmer différence, originalité et individualité, d’indiquer les hiérarchies dans les pensées et les actes en dédaignant le déroulement des péripéties quand celui-ci s’écarte un peu trop du discernement et de l’entendement. L’effronterie et l’impertinence piquent au vif les crétins, les stupides, les débiles, les idiots, les sots, les bornés, les bêtes, les cons, les ineptes et les niais naïfs. Une pensée qui s’assume et assume la réalité est une menace pour ces petites larves qui se chient dessus dés qu’elles doivent faire face à quelque personne pourvue d’une devanture de dandy et d’une profondeur de l’Être.

Certes, ma dégaine brouille les pistes. Mes goûts musicaux entachent cette chiquenaude : « Conservateur » ! Le Rock and roll est pourtant, à bien y réfléchir, une musique qui, de par son parcours sinueux, est à la fois révolutionnaire et… conservatrice.

« Je reste persuadé que le rock a atteint son ultime apogée vers le milieu des années 1990, moment où sa FORME TERMINALE s’est définitivement cristallisée : la chanson Kowalsky de Primal Scream, ou le D’You Know What I Mean, d’Oasis par exemple sont des concentrés quintessenciels de ce que fut la musique électrique du XX ème siècle.
Depuis, malgré les talents indéniables de quelques auteurs et musiciens, le rock ne peut plus que RÉPÉTER, avec quelques variantes accessoires, les formules inventées pendant quarante-cinq années de révolution permanente.
Il n’y a rien de plus CONSERVATEUR qu’un groupe de rock-music. »


Maurice G. Dantec (Le théâtre des opérations : 2002-2006 American Black Box)

Je ne sais pas si ça va en rassurer quelques-uns qui, se grattant la nuque ou le front (peut-être même le cul), se demandent sur quel pied ils se doivent de danser pour aborder d’une façon ou d’une autre le phénomène paradoxal que je suis. Mais j’émets surtout cette citation histoire d’emmerder les quelques gauchistes qui considèrent que le rock est une affaire de révolutionnaires anti-occidentaux. Alors que, précisément, le rock and roll (avec le Jazz bien entendu, dans sa version bop, cool, free ou fusion) est l’exemple même de ce que l’occident a accouché de plus beau, artistiquement, ces 50 dernières années. Se reposant sur l’apport essentiel de la négritude afro-américaine dans ce qu’elle a de plus altier, de plus digne, sur la volonté blanche de s’arracher aux habitudes bourgeoises que la société de consommation était en train d’installer. La noble négritude électrifiée par la fureur blanche. Bon, ok, je ne suis fan ni de Primal Scream, ni d’Oasis, mais j’entrevois très bien ce que le sieur Dantec a voulu nous signifier. J’ y reviendrai. Et je précise qu’il faut aimer la vie pour être un descendant d’esclave et oser hurler dans un micro avec une détermination rageuse convaincue : « I Feel Good ! ». Paix à toi James Brown, godfather du Rhythm ‘n’ Blues, de la Soul et du Funk !

« Conservateur ».

Ce qui emmerde avant tout, c’est le langage qui va à contre courant de la chienlit nombriliste. Il faut, vaille que vaille, être d’un groupe, d’une formation, d’un rassemblement. Éventuellement chrétien, tendance calviniste ou catho cool orienté Vatican II. UMPS. Sainte Chiraquie valeureuse. Alter mondialiste convaincu. Anti-américain, surtout. Faut être à la page. Le conformisme nauséabond de notre temps tient de la nausée la plus suintante. De toutes parts ça dégouline et personne ne voit rien, ou alors, mieux, ou pire, tout le monde le voit et trouve ça normal et joli. C’est définitivement l’exception, quand elle surgit, qui vient confirmer la règle de ce nouveau parc humain : la haine de la particularité, de l’irrégularité, de l’anomalie, de la parole et de l’acte hors pair. Et la vengeance immédiate, d’une manière ou d’une autre, à son encontre.

« Conservateur ».

J’aime la douceur et l’écoute, le dialogue (dans le sens ou David Bohm l’a exprimé), la compagnie des femmes, le rire des enfants… ok… ok… ne sortez pas les violons… car pour tenir debout, j’aime surtout ce qui est dur et taillé pour le corps des athlètes, j’aime ce qui scintille et bruit comme « les bijoux sonores » de Baudelaire, j’aime les décorations de guerre quand elles sont méritées, et je méprise la grisaille, la pauvreté, l’avachissement, la mollesse, les échecs, la médiocrité crasse. J’aime le luxe, le calme et la volupté (voir le même Baudelaire). Bref, j’aime tout ce que notre époque déteste. Mon cœur vibre à l’évocation de Nietzsche. Mon âme se tasse quand on me parle de Sartre. Beaucoup me dépeignent comme un être désenchanté, sombre et triste. C’est exact. Mais c’est ne voir qu’un côté de la médaille. Tentez de la retourner, ça vaut le coup d’œil. Rires. Vins délicats. Viande blanche en sauce. Verbe léger et charmeur. Danse de l’esprit et des corps. Fraternité. J’aime l’idée que je danse au-dessus du cratère, non sans crainte, mais avec une peur mesurée. Avec de la bravoure, non de la « bravitude ». Chants et rires. Rires et chants. Insolence au programme. Tant pis pour les frileux. Une pensée leste et claire devient fatale pour les gueux. Lueur dans la nuit. Obscénité crue des propos. Mais pudeur calculée et consciente. La pudeur mène vers la raillerie et le persiflage. Épée. Plus précis : errance solaire, fleuret, plume et marteau. Art des masques dont les contours torturés inquiètent uniquement les chiens qu’ils sont sensés inquiéter, c’est-à-dire presque tout le monde. Ainsi, on pénètre l’arène en gladiateur libre d’avance et on use des termes qu’il faut avec qui il faut. La confrontation, de toute façon, est déséquilibrée dés le départ, il faut de la stratégie pour se faufiler au milieu de la meute. Le calme, la froideur, le détachement qui me caractérisent sont une manière de cacher la confusion, la pagaille, le bordel, les troubles de mon cœur, le chaos de mon âme, et de les distiller, à ma convenance, comme des poisons ou des contre-poisons afin d’imposer un agencement, une ordonnance, une économie, une organisation dans l’échange sous le couvert de la clarté et de l’élégance.

« Conservateur ».

Je sais, il est beaucoup de conservateurs qui dorment comme des chiens, le nez au chaud entre leurs couilles. Ils muséifient dans la poussière croyant protéger et promouvoir. Nécropoles intestinales. Ils appellent de leurs vœux le retour d’un passé qui est mort et enterré depuis longtemps. Mais, vous l’aurez compris, j’espère, je ne me réclame pas de ces insignifiants.

« Conservateur ». On devine aussi le terme « Fasciste » qui, parfois, tombe comme le marteau du juge. C’est vite évacué. ON est vite évacué. Le débat est vite évacué. Refus de complexifier la vie qui est pourtant bien complexe. Car si je suis, entre autre, « conservateur », c’est parce que je me sens dépositaire d’un legs et que je me dois, à ma modeste échelle, d’en assumer la succession. Je veux garder un œil ouvert sur le phare tandis que je m’aventure entre les récifs. Les falaises me parlent, là-bas, fouettées par les vagues, éternelles dans leur écrin de nacre et de sel, même si l’horizon inconnu m’appelle comme une obsession. Les empreintes de notre passage, là, devant ces falaises, je veux les conserver. Je veux me souvenir. Je refuse l’extinction de la mémoire. C’est bien d’un Acte dont il s’agit ici, non d’une réaction se rongeant le frein, arrêtée sur elle-même. Conserver ce qui se doit d’être préservé c’est faire un bras d’honneur à la mort, au temps, aux opinions terre-à-terre. Fi de la soumission éternelle. Je préfère l’éternité insoumise. Les racines tissant en voluptueux rhizomes le sens du glébeux que nous sommes. Le mouvement constant, le changement n’est possible qu’avec un sens de la Fondation. « Conservateur ». Pour aller sur Mars : la rage antique contre la peste moderne. « Conservateur ». C’est l’Ordre profond qui m’intéresse. La sentinelle de l’Humanité. Le gardien du lieu Saint que plus personne ne désire honorer. S’il y a des « rockers » parmi vous, peut-être comprennent-ils à présent la citation de Dantec.

Et un Jack Daniel's... un.

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Bande son du moment : « The Isle Of View » par The Pretenders

Lecture du moment : En parallèle : « Grande Jonction » et « American Black Box » de Maurice G. Dantec

Citation du jour : « On ne conserve pas des valeurs. On les transcende sans cesse. Sinon, elles meurent d'elles-mêmes. » Christian Boiron


Humeur du moment : Méditatif

 

14/01/2007

Pour Noël prochain ?

=--=Publié dans la Catégorie "Parenthèse"=--=

Pendant que tous mes voisins débiles installeront leur père noël à leurs balcons, mon épouse me suggère que nous installions cette sale bestiole là... c'est mon fils qui trouverait ça chouette.

Cliquez sur la photo

 

En tout cas ça nous changerait des effluves faussement cordicoles habituelles !

21:20 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : 39-parenthèse : pour noël prochain ? | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/01/2007

Toi et la Mort

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« En premier, c’est toi que j’aime, et la mort en second,
car elle m’aime plus que toi quand tu n’es pas là.
Elle s’assied en face de moi,
aiguise sa faux.
Nous nous adressons plein de mots sages,
aussi sages que les derniers mots peuvent être.

Tiens, on frappe à la porte :
"C’est elle", dit la mort, "Alors je m’en vais."
"C’est ça", je lui dis, autrement distrait.
Ton sourire, découvrant à peine tes dents,
plus luisant que l’acier de la sinistre faux,
brille de mille éclats. Nous nous embrassons.

Nous nous roulons sur le plancher.
Ce craquement de planches,
comme si l’on brisait et quittait un cercueil,
c’est l’amour qui se relève et ne meurt pas. »

Visar Zhiti, Toi et la mort

02:53 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/01/2007

Vivre et Écrire II

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

« ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous !

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. »


(Les petits poèmes en prose) Charles Baudelaire

Je n'aime pas perdre de temps en matière de lecture... et je ne souhaite plus ouvrir de livre pour simplement me distraire, puis faire un amalgame entre une certaine légèreté que je revendique (et ne confond nullement avec la frivolité) et le Nihilisme qui consiste à être vain... Je ne parviens pas du tout à rester devant un film de série B à la télévision, avec ou sans cacahuètes... avec ou sans bière... et lorsque j'ai besoin de légèreté, quelques biographies simplistes mais intéressantes mises à part ("La Fièvre de la Ligne Blanche" par exemble, par LEMMY KILMISTER, bassiste-chanteur du fabuleux groupe Mötörhead et baroudeur Rock 'n' Rollesque depuis une quarantaine d'années...)



(... ou encore, "Mort aux Ramones", par Dee Dee Ramone, bassiste et compositeur principal pendant les plus belles années du combo Punk The Ramones... Lemmy et Dee Dee, deux cramés de la tête, l'âme écorchée vive et le rire nihisliste comme unique voie de sortie... mais couronnée par quelques superbes chansons dont l'énergie nourricière n'a de cesse de me requinquer depuis les hautes heures sombres et lumineuses de mon adolescence.)



...des lectures "coca-cola" (selon l'expression d'une amie) qui aèrent la tronche, favorisent la purge et contribuent à faire fonctionner les zygomatiques avant l'explosion salvatrice du rire.



Hormis ce genre d'exception, quand j'ai besoin de légèreté, c'est encore vers la littérature que je me tourne : de Djian à D’Ormesson... l'éventail est large... Car simplement me distraire, sans rien apprendre, ce n'est pas du tout ce que j'attends de l'énergie déployée dans la lecture d'un livre. Ce vers quoi j'aspire, par le biais de la littérature, c'est d'être secoué, perturbé, renversé, avant que de pouvoir déployer des ailes... plus fort... plus serein... plus sage. Plus souverain aussi. Si il y a maint styles et moult écrivains, il n'y a, à mes yeux, qu'une seule Littérature... un seul Verbe... avec tout ce que cela peut impliquer en terme symbolique.

Si la définition basique et banale de la littérature de notre abominable époque (comme me le soutenait une de mes connaissances) consiste de plus en plus à ne considérer la littérature uniquement que comme un domaine comprenant les oeuvres écrites à finalité esthétique (pour quelques unes qui surnagent péniblement du lot nauséabond) ou ayant pour but unique de raconter une petite histoire (nombriliste et agrémentée de quelques thèses conspirationnistes étouffantes, excluant du coup tous les écrits comprenant des thèmes philosophiques, politiques, historiques ou religieux) j'en arrive à comprendre très vite pourquoi "Le Diable s'habille en Prada" ou le "Da Vinci Code" sont considérés comme de la Littérature. De la Littérature de gare disent quelques esprits sur la défensive. La littérature de gare, fut un temps, était signé Simenon ou Féval, autrement dit, même la classe populaire lisait quelque chose de palpable, de concret, avec de la consistance. La petite histoire esthétique personnelle, définition tellement basique qui semble sortir d'un Larousse, précisément le type de définition qui ferait se hérisser les pics de n'importe quel écrivain. C'est tellement réducteur, qu'en effet, n'importe quel scribouillard doté d'un peu d'imagination et sachant manipuler quelques phrases peut être catapulté écrivain pour son plus grand bonheur... et pour notre malheur à tous.

Bah, me direz-vous... il y a tellement de choses plus graves ici-bas, sur ce pauvre caillou bleu perdu dans l'infini, qu'à quoi bon se prendre la tête pour une histoire de définition littéraire ? Hmm ? Après tout, mes contemporains ont peut-être raison... je me prends la tête tout seul... je devrais, probablement, me laisser glisser dans l'alcôve universelle, dans l'érection de la Métastructure Machinique à laquelle tout le monde consent sans trop se poser de questions. Surfing is good. Et nous sommes loin du Surfing Bird des Trashmen, repris avec verve et fureur par les Ramones que j'évoquais plus haut. Non, le Surf sauvage, aristocrate et psychédélique a laissé place à un surf idéel, faussement idéal, virtuel et désincarné, déguisé par des artifices qui ne tiennent rien du dandy, mais plutôt de l'autruche s'enfonçant la tête dans le sable et présentant son cul masqué pour une enculade au sens propre et au sens figuré que le "théâtreuh" que nous jouons au quotidien nous empêche de considérer de face. La Vérité pose des problèmes.

Pourtant, le rôle de la Littérature, et de l'Art en général, par extension, est des plus simple. Il consiste à dire la Vérité, à regrouper en faisceaux communs les forces éclatées pour honorer l'Intelligence, faire voler en éclats les masques de l'autruche, et si l'artifice culturel nous distingue tous du troglodyte moyen il ne doit pas être utilisé pour nous masquer nos rides : notre passage ici-bas est bel et bien éphémère. Il faut disséquer. Sans crainte. Mais les craintes sont grandes. Et le poids de la Vie considérable.

Les coups que je reçois, à force de dévoiler le fond de mes pensées, dans ce Blog comme dans la Vie réelle, me laissent toujours perplexe car je trouve les coups en question, les justifications, les arguments, inutiles. Pourquoi ? Parce qu'en ce qui me concerne l'affaire est entendue : je sais ce qui est de la Littérature et ce qui n'en est pas. Point. Je sais, indiscutablement, ce qui est de la Pensée et ce qui n'en est pas. Mais envers et contre tout on cherche à me convaincre... de quoi ? D'être futile et vain. « Le péché n’est pas que les locomotives soient mécaniques, il est que les hommes le soient. » G. K. Chesterton

Et ça me fatigue de plus en plus la justification ad nauseam que je vais finir par me dissimuler. J’ai quelques talents de comédien. Je sais, aussi, acquiescer et sourire bêtement. La résistance passe d’abord par l’acte qui consiste à sauver sa peau en passant inaperçu. Dois-je cacher mes élans ? Arrêter de sortir mes grandes phrases, mes théories pleines d'emphase, mon souffle parfumé ou fétide ? Je vais me planquer. Je vais enfin dire des banalités, ça finira par en rassurer plus d’un et, ainsi, peut-être parviendrai-je par rentrer dans le rang de leur estime. Pour vivre heureux, il faut savoir planquer son cul. C'est ça ? Et pour vivre caché il faut parvenir à être heureux pour puiser la force adéquate en soi qui met à l'écart par le biais du masque qui cache sans rien révéler. Un peu d'hypocrisie ne me fera pas de mal, un peu d'hypocrisie orientée selon mon plein vouloir et non par cette moraline puante qui caractérise tellement notre époque de lâches.

Mais la vérité est autre. Laissez-moi soupirer.

Je me lève tous les matins vers 7h30 et je suis incapable de me coucher avant 1h30/2h00 du matin. Le travail de magasinier vaut son pesant d'insomnies. Je rêve de traverser toutes les nuits du monde, passer de l'autre côté de la ténèbres. « Break on through to the other side ! » Pendant que les écrans des Mac et PC scintillent de leur banalités tellement vaines, je termine « Carnet de nuit » de Sollers... « L'évangile de Nietzsche » de Sollers encore (avec, entre autre, un magnifique chapitre consacré à Venise, ce qui enchante le guitariste du groupe VENICE que je suis)... et je poursuis ma descente Cancérigène vers l'antidote salvateur en lisant lentement « Grande Jonction » de Maurice G. Dantec. C'est mon affaire, voyez-vous ? Le pire c'est que j'en souris, même lorsque c'est amer, alors qu'à 20 ans j'en aurais pleuré de dégoût. Et il me faudrait lire le « Da Vinci Code » et ses théories fumeuses pour bonnes femmes puritaines en pleine descente de névrose ou en pleine montée d’hystérie… parce que ça les rassure de se dire que Jésus aurait baisé Marie-Madeleine, aurait vécu « normalement », comme un homme avec une bite ? Oui, ça les rassure de se persuader que Jésus ait laissé une descendance, féminine par dessus le marché. Notre époque est spécialisée dans le tassement, le rabaissement. La Guillotine selon d'autres moyens. Impossible de leur faire comprendre que Jésus avait, sûrement, des érections parfaites (ce n’est rien de le dire) mais que le fond du problème n’était pas là, même circoncis et Juif par sa mère, sa situation dépasse le Freudisme de Prisunic.
« Virgina Madre, filia del tuo filio » écrivait Dante dans sa « Divine Comédie », ce qui n’arrange pas les choses pour les dégarnis du bulbe. « Vierge Mère, fille de ton fils ». De quoi méditer quelque temps au lieu de se complaire dans la vulgarité rassurante, ne fut-elle que, prétentieusement, « romanesque ».

Selon Philippe Sollers :

« Effets du "spectaculaire intégré" :

1. Ils ont tous tendance à dire la même chose en même temps, au point que le phénomène paraîtrait mystérieux s'il n'était purement technique. Comprendre : Pavlovien...

2. La perception rétinienne est hypertrophiée (somnambulisme inversé), d'où l'importance de la perception physique, immédiate et quantitative. La grande affaire : grossi ou maigri ?

3. Dévalorisation sans précédent de l'activité intellectuelle et littéraire. »


(Carnet de Nuit)

Oui. Ils, elles, se posent des questions banales. Ils, elles, dorment debout. Le sommeil qui les possède les rassure. Le gouffre est une abomination qu’ils ne souhaitent nullement affronter et cette attitude est l’abomination de l’abomination, ce qui est pire. Pourtant j’ai croisé parmi eux, parmi elles, des esprits brillants, intelligents mais qui ont fini par s’aplatir, par rendre les armes. Mais « même les élus seront séduits » affirment les Évangiles. Ces résonances sont bien singulières. « Parce que tu n'es ni froid ni brûlant, mais tiède, je te vomirai de ma bouche » affirme le Seigneur. Résonnances bien singulières, en effet.

Car la Littérature c’est une autre histoire, voyez-vous. Toujours de Sollers : « Chaque fois, les phrases se sont mises à fonctionner avant que je sois là, ou plutôt leur espace, leur air. J'ai continué, ce qui veut dire : garder le commencement, sans cesse. » Le Verbe nous rend esclave. Esclave Joyeux et Souverain.

La littérature, comme toute création artistique (oui je sais, c'est une histoire de prétendants présomptueux) est une affaire qui nous mets en contact direct avec le réel (qui n'est pas la réalité), avec le réel de l'Être. Mais le réel en question, par strates progressives se trouve d'abord bousculé sens dessus dessous avant que d'être... transcendé... même si c'est à un niveau d'immanence insoupçonnable par les somnambules. (Voir plus haut). L'Homme (terme, ici, générique) est confronté à la même rengaine éternelle que nous connaissons tous : Je viens d'où ? Je vais où ? Qu'est-ce que je branle ici ? À quoi qu'ça sert tout ce cirque individuel ou collectif ? Usons donc d'un peu de Style. « Ton Style c'est ton cul ! » gueulait Léo Ferré, un peu énervé, je dois dire, le vieil anar. On cherche à mettre en scène, donc, par la manière la plus évidente à nos yeux, on cherche à représenter ce pauvre Réel qui nous fait tourner en rond comme des loups affamés dans une cage. Style et Stylet ont la même racine étymologique, voyez-vous, et un Stylet n'est jamais qu'un poignard à petite lame aiguë. Mais c'est aussi, en zoologie, la partie saillante et effilée de certains organes. Autrement dit, la littérature a toujours consisté à mettre à nu, à montrer le fond des choses, à révéler les aspects rugueux et les angles tranchants du Réel de notre Être confronté à la réalité.

Expression sur un support d'un sentiment qui s'impose par lui-même, la littérature pose des questions, tente des réponses, élabore un équilibre précieux qui autorise l'émergence de valeurs nouvelles. Tout le reste, vain ou pas, c'est du blah-blah, même si ça en soulage plus d'un de se trouver "cool" et "détendu". User du Stylet, amis, c'est trouver le point de rupture qui donne le souffle de l'évocation, fait grandir la force de ce souffle, accouche d'une structure particulière, d'une musique dans la langue, offre la perspective d'un point de vue, dessine une synesthésie (Trouble sensoriel caractérisé par le fait qu’un seul stimulus entraîne plusieurs perceptions... ainsi on se met à entendre la peinture, à sentir les mots, à toucher les idées... la musique devient sculpture... une symphonie devient une peinture épique... etc...). Voyez ou revoyez « Les Illuminations » de Rimbaud... par exemple... ou méditez, longuement, sur les « Correspondances » de Baudelaire.

Le Style, la langue, les mots qui finissent par guérir les maux, c'est là la première réponse immédiate à la situation dont je parlais quelques lignes au-dessus, car l'action qui est en cours dans cette curieuse incarnation Verbale (le Logos n'en finit plus de s'incarner et s'incarner encore et encore) permet une autre perception de la situation en question. Cette action est la Littérature en personne : un rapport profond avec la texture même du Réel qui nous fait pénétrer par des portails d'Or et d'Ivoire dans un Royaume que peu comprennent. Un peu comme avec la musique : on joue une seule note, au piano ou à la guitare, un simple "la"... et si l'oreille est sensible, on entend soudain la quinte (mi)... la tierce (majeure ou mineure, selon notre état d'esprit... do... ou do#). La Réalité banale du "la"donnera une chansonnette... si on perce son réel (ô vives harmoniques) on devient un artiste... car harmonisations et orchestrations qui en découlent ne se peuvent d'être banales, même si elles sont parfois simples. Il s'agit bien de CAPTIVER, CHARMER, CONQUÉRIR, ÉMERVEILLER, ENSORCELER, ENVOÛTER, FASCINER, RAVIR, SÉDUIRE, SUBJUGUER, SAISIR... non pas le lecteur mais la réalité qui, explosant, mène au RÉEL. À la question « que peut-on faire ? » y'a-t-il une réponse universelle ? : AGIR. La Littérature c'est le Verbe qui ne se prostitue pas... mais qui agit... « SOIT ! »... et celà EST !

Et pour agir, il faut se donner les moyens du langage. Il faut se doter d'une réponse car notre condition l'exige. Ce n'est pas, comme le croyait Sartre, une Action sur la réalité, mais c'est une action sur le Réel de notre Être, sur le Réel de l'ÊTRE en tant que tel. Le Réel de l'Être changeant... la perception de la réalité devient vivable. Il paraît que nous sommes faits à l'Image de Dieu. Que de stupeurs en perspective. Il me faudrait m'amuser à vous expliquer la "naissance" de Dieu... le Tsimtsoum... et le sens de Bereshit... mais vous avez GOOGLE
, soyez débrouillards un peu, ça ne vous fera pas un deuxième trou au cul... en tout cas ça risque de contribuer à vous nettoyer le sphincter... Je m'adresse ici à quelques détracteurs qui se reconnaîtront.

Il faut une constitution forte pour affronter la médiocrité ambiante, grandissante, conquérante, aux hordes gigantesques. Légion. C’est que Nous sommes dans un hôpital psychiatrique généralisé, organisé selon le schéma objectif d’un camp concentrationnaire. Actifs dans notre sommeil. Actifs pour le sommeil. La prise de Conscience, en semblable circonstance, est une balle d’argent pénétrant notre cervelle. Une Croix et son chemin qui mène vers le Golgotha.

« Cette douleur plantée en moi comme un coin, au centre de ma réalité la plus pure, à cet emplacement de la sensibilité où les deux mondes du corps et de l'esprit se rejoignent, je me suis appris à m'en distraire par l'effet d'une fausse suggestion.
L'espace de cette minute que dure l'illumination d'un mensonge, je me fabrique une pensée d'évasion, je me jette sur une fausse piste indiquée par mon sang. Je ferme les yeux de mon intelligence, et laissant parler en moi l'informulé, je me donne l'illusion d'un système dont les termes m'échapperaient. Mais de cette minute d'erreur il me reste le sentiment d'avoir ravi à l'inconnu quelque chose de réel. Je crois à des conjurations spontanées. Sur les routes où mon sang m'entraîne il ne se peut pas qu'un jour je ne découvre une vérité. »


Antonin Artaud (à André Gaillard) - Fragments d'un Journal d'Enfer (1926)

C’est une sacrée affaire, je vous le dis, une fois la balle d’argent illuminant les neurones que de parvenir à porter au lecteur le diamant salvateur qui sera sensé l’illuminer à son tour. Cristal. Feu qui consume sans brûler. L’écrivain, également lecteur, procède de par ses mots, malgré lui souvent, au dénombrement, à l’énumération, au recensement de tout ce que la Littérature se doit de tenir comme promesse pour clamer la Présence du Réel. La Langue est expérimentation alternative, réalisme, classicisme, Romantisme, Futurisme, mais elle veut passer le Temps et porter une œuvre par-delà la mort de l’auteur. Son souffle est de tous les temps, de toutes les époques passée et à venir. Le but est de porter cette illumination vers un seul individu peut-être qui se sentira dépositaire et transmetteur à son tour. La Langue veut le frisson, les fièvres, la scission du désespoir qui sème un champ particulier pour des moissons d’espoir. La fiction parvient, c’est là sa singularité, à rendre efficace dans les synapses du lecteur exalté la perception du Réel, à la rendre active. Blanchot : « Le mot agit, non pas comme une force idéale, mais comme une puissance obscure, comme une incantation qui contraint les choses, les rend réellement présentes hors d’elles-mêmes. » Car le Verbe ne qualifie pas cette piteuse action qui consiste à parloter et palabrer entre une coupe de champagne et un boudoir, ou à scribouiller une petite histoire pour nous persuader que le diable s’habille en Prada, ce dont je n’ai jamais douté. J’ajoute même qu’il a un sourire d’enfant innocent, le Diable, pendant qu’il tue. Le conte, la fable, l’illusion, la chimère, l’invention dialectique, le mirage qu’élabore l’écrivain, est RÉEL. Le RÉEL est de la sphère de l’entendement, de la raison, de la pensée, de l’intellect, de la raison, de l’esprit, de l’âme du monde pour ne pas dire de l’Univers. Mais il s'INCARNE. Le RÉEL n’est pas du domaine fini et arrêté, uniquement social, des phénomènes quotidiens, des évènements et situations banals « à la p’tite semaine ». Si les faits sociaux peuvent être un point de départ, il ne convient pas uniquement de les décrire, il faut aller se vautrer un peu dans le fumier, mettre son nez dans les plaies de la chair et de l’âme pour découvrir que l’Univers entier est peut-être une Pensée jouissante. Car décrire la réalité sociale ce n’est rien d’autre que se confronter à l’opacité des symptômes. Surface. Aspect. Dehors. Apparence. Brisures. Obscénité dont personne ne voit la pornographie sous-jacente. Réécoutez l’album « Pornography » de Cure.

« A hand in my mouth
A life spills into the flowers
We all look so perfect
As we all fall down
In an electric glare
The old man cracks with age
She found his last picture
In the ashes of the fire
An image of the queen
Echoes round the sweating bed
Sour yellow sounds inside my head
In books
And films
And in life
And in heaven
The sound of slaughter
As your body turns

But it's too late
But it's too late

One more day like today and I'll kill you
A desire for flesh
And real blood
I'll watch you drown in the shower
Pushing my life through your open eyes

I must fight this sickness
Find a cure
I must fight this sickness »


Revenons à nos moutons. Plus qu’une formulation argumentée, logique, raisonnée de la réalité, la Littérature est la projection visible, et par la même occasion : transmission, d’un contenu, d’une essence, mieux : d’une quintessence. Elle nous fait pénétrer dans le nœud des questions. Elle devient une arme pour combattre.

« I must fight this sickness
Find a cure
I must fight this sickness »


La Littérature ouvre au Royaume caché des évidences indicibles qui font de nous ce que nous sommes. Ce qui est indubitable et manifeste, concret et effectif, tangible, sensible, substantiel se dévoile, se divulgue, apparaît, consume. Car la Vérité peut être mortelle. Lorsque l’auteur parvient à toucher le nerf à vif, le point sensible, il fait se coïncider la pulsion de Mort et la Vie lumineuse dans ce qu’elle a de plus noble, de plus altier. Elle révèle l’union des deux antinomies qui se conjuguent en nous depuis la nuit des temps en une bataille Sainte et nécessaire pour nous accoucher à nous-même de cet excédent de force captée, de cette surcharge d’énergie, ce surcroît de volonté. Et la liesse va de pair avec le désespoir sublime. Euphorie. Allégresse. Jubilation. Ivresse. Or, il faut s’enivrer, tout est là.

Nabokov, cité par Sollers dans son « Carnet de Nuit » : « Dans une oeuvre d'imagination de premier ordre le conflit n'est pas entre les personnages, mais entre l'auteur et le lecteur. »

Je vous souhaite donc de bonnes guerres... ou de tristes paix... vous êtes libres de choisir.

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Bande son du moment : « Last of the Independents » par The Pretenders

Lecture du moment : En parallèle : « Grande Jonction » et « American Black Box » de Maurice G. Dantec

Citation du jour : « O Vierge mère, et fille de ton Fils, humble et plus haute qu'aucune créature, terme fixé d'un Éternel Conseil, c'est par Toi que fut l'humaine nature si ennoblie, que son grand Ouvrier ne dédaigna de se faire son oeuvre. En tes entrailles se ralluma l'amour dont la chaleur en l'éternelle paix a fait germer cette céleste fleur. Tu es ici pour nous, brûlant flambeau de charité ; et, parmi les mortels, là-bas, Tu es d'espoir fontaine vive. Dame, Tu es si grande et si puissante, que qui veut grâce, et à Toi ne recourt, il veut que son désir vole sans ailes. » (Alighieri Dante, La Divine Comédie, traduite par André Perate, Librairie de l'art Catholique, Paris, chapitre XXXIII)


Humeur du moment : Stimulé

25/12/2006

Aurore - VIII

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

Il faut du chemin pour parvenir à une assurance et une confiance intérieures au sein des circonstances qui sont les nôtres, afin d’être dans un détachement qui n’accorde aux choses guère plus d’importance que celle qu’il y a à leur accorder. Une fois dans ce point que nous quêtons et qui finit par nous aspirer, nous regardons, alors, le monde avec un œil tranquille. C’est là l’espérance de la seule Rédemption accessible, superbe et éblouissante. Nos pires ennemis ne le sont plus. Les oppositions les plus acides se résolvent. Certes, peut-être que cela ne parvient à fonctionner que pour soi-même et non pas pour nos ennemis. « Pardonne leur Père, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Mais on se retrouve saisi, en ce cas, par une totale bienveillance désintéressée et même la sabre à la main, pour défendre ce qu’il y a à défendre, l’humilité nous étreint et nous n’avons pas de haine.
J’ai éprouvé en certains rares instants ces épanchements malgré moi, comme si un visage se présentait à moi m’invitant à aimer. Moi, esprit faible, humain tellement humain, je me devais d’honorer ce visage abstrait qui me conviait très concrètement à l’honorer. Chimie mystérieuse du cerveau, mémoire affective du Corps, incarnation qui manifeste un au-delà de soi ici présent.
À la vue de ce Visage, yeux clos, en le cœur, ô âme, les yeux tremblent d’une joie pure. Ave doux Instant. Je deviens l’Instrument curieux de ta Valse, mais en rien cela ne me dérange.


Nous vivons la fin des temps. Leurs prémices sont là, ils nous encerclent et encadrent chacun de nos actes. C’est un cancer inéluctable qui se propage avec une ferme certitude et nous n’y pouvons rien, car les dés sont jetés, les jeux sont faits. Rien n’arrêtera la fin amère des choses en cours depuis la nuit des temps et se préparant, dorénavant, à atteindre son sanglant paroxysme.

Pourtant… Que d’œuvres voluptueuses avons-nous aussi accomplies ! Au milieu des désastres, comme pour les couronner en même temps que de les exorciser et les anéantir par le Verbe, nous avons élevé des Instants de Sacre, des Moments d’extases dessus les charniers, des Larmes d’espérance sur des cadavres fratricides, des mots d’Amour conjurant notre sort néfaste.

La Musique, ces rêves suspendus aux Sonates de Schubert sur le doigté de Brendel, ce sourire lumineux dans les notes de Mozart, cette prière incarnée dans le saxophone de John Coltrane, cette grimace existentielle dans le chant et les mots de Jim Morrison, ces nappes Cosmiques dans le blues de Jimi Hendrix, ce cynisme rédempteur dans les orchestrations de Frank Zappa, cette manne tellurique dans la plainte Céleste de Robert Johnson ou Son House, ce corps faisant fusion spirituelle et matérialiste par la voix extatique de Glenn Gould en symbiose avec ses notes sur les partitions réinventées de Bach –piano mobile d’ici-bas tournant avec l’empyrée. L'hypnose de MAGMA, porté par un Christian Vander extatique.

Ces livres. Saints et malsains. Tous éructée par une Sainteté Supérieure qui nous dépasse et nous surpasse, nous oblige malgré nous à la clameur des joies et des calamités, des rires et des fléaux, des jouissances et des névroses. La crasse, la peur, la mort et l’espoir sournois. Ces prophètes en fuite dans le désert rencontrant l’Être. Ces mal-aimé(e)s, ces bien- aimé(e)s, cherchant les épousailles ultimes, à la fois Séraphiques et Charnelles… parce que sachant bien que tous ceci est la même chose dans le creuset de la main de Dieu. Saint Jean, les yeux emplis d’angoisse face à ses visions, la gorge gonflée de foi, le cœur affermi d’abandon à la Volonté, l’âme balafrée par le sourire Divin. Molière, géant dansant au milieu des nains. Poe saisi de delirium tremens devant sa feuille blanche. Baudelaire fouillant au scalpel dans les replis des nerfs. Rimbaud voyant, hors sa Saison enragée dans l’Enfer « Humain trop Humain », poindre le Paradis des Illuminations Verbales Sacrées et Rédemptrices, la fleur, la peau, l’Océan et la Terre, le Ciel et l’Infini réconciliés avec nous-mêmes. Lautréamont, ô Jeunesse pourfendant le simulacre.

Ces sculptures. Ces toiles. Ces films. Incarnation tangible de la pensée en action et en devenir. « J’aime l’odeur du napalm au petit matin », affirme Robert Duval dans « Apocalypse Now » en chien de garde halluciné de la soldatesque Américaine. La Porte de l’Enfer par Rodin est une pensée saisissante qui danse malgré tout. Georges Mathieu fiévreux devant sa Bataille de Bouvines. Picasso relisant la guerre devant son Guernica avec une insaisissable Liberté. Foudroyants élans disant la Nécessité de l’Être qui n’est pas seulement constituée de pain et d’eau.

Ces penseurs. Absent du monde car tellement présent en lui-même. Profondément enlacés à l’existence. Cherchant à la scruter avec précision, en sculptant, eux aussi, la compréhension, faisant émerger sa complexité par la danse des concepts. Nietzsche en marche, un livre de Montaigne à la main. Spinoza polissant son verre en même temps que ses idées. Saül devenant Saint-Paul sur son chemin vers Damas. Retz, La Rochefoucauld fixant avec attention l’âme humaine. Ces stances. Ces éclairs.

Ces authentiques prières de saints et d’ordures.

Nous nous arrangeons avec ça et le challenge est de ne pas rentrer complètement dans le moule. Être une Singularité si nous sommes enfants des étoiles, le Big-Bang fut une Singularité et le politiquement correct m’interdit d’écrire « si nous sommes faits à l’image de Dieu ».

Ce que le système entretient avec une réelle passion, c’est l’équilibre délicat de la Violence et de l’Ennui. Les dérivatifs utilisés maintiennent dans leurs justes limites ces deux phénomènes. Insouciant face aux vrais problèmes qui se posent, l’Homme post-moderne ne doit pas sombrer dans l’Insouciance qui peut être révélatrice d’un autre monde. La légèreté est un danger ambulant pour les rouages de notre jolie société. Car lorsque l’individu se laisse aller à un peu de Grâce, un peu de rêves, un peu de poésie et que l’existence binaire et monotone lui apporte soudain une bonne dose de dégoût, de lassitude, de contrariété, de poisse et de mélancolie, tout ce qu’il a construit au cours de sa dérive depuis sa venue au monde lui semble être un immense, un gigantesque embarras. Cet état peut rapidement déboucher sur la prémonition d’un territoire imprécis, ignoré, indéterminé, vaporeux qui advient au-devant de nous et ne demande que la fibre courageuse et possédée d’un explorateur. Manifestation qui devance, signal avant-coureur, appel insistant de l’étrangeté qui s’avance. Le système se doit de faire en sorte que le cher citoyen ne s’y arrête point.

Alors, submergeons-le de messages, d’images, de niaiseries authentiques, pour que ni l’ennui, ni la violence qu’il porte en lui ne nous menacent. S’il passe le palier, progressivement, de l’hypnose et de la soumission, nous le maintiendrons dans sa phase passive et assujettie longtemps… en tout cas jusqu'à la névrose, la maladie mentale ou la pure et complète folie. Nous avons les établissements prévus pour traiter ces symptômes. Prisons. Hôpitaux psychiatriques. Ou bien, programmes télévisés totalement Totalitaires et Débiles. Dans la routine mortuaire que nous entretenons avec constance et emphase, certes, il y aura quelques accidents. Le manque de stimuli sensoriels naturels, l’intellect s’appauvrissant, il y aura des « Clash » inévitables. Un ouvrier travaillant à la chaîne perdra un doigt, ou un bras. La fatigue et la nervosité amèneront leurs lots d’accidents de la route. De temps en temps un serial-killer fera son apparition. Une Cité brûlera à cause de son ghetto. Parfois même un attentat aura lieu qui accouchera d’une bonne guerre. Nos philosophes et nos sociologues analyseront tout ça. Les chroniqueurs dans les journaux s’empareront de l’affaire. La Droite et la Gauche pourront s’affronter en abondantes polémiques quant à la gestion des affaires. Comprendre : la gestion de leurs affaires. Des livres seront publiés. Des manifestations auront lieu. La Routine Démocratique. Le monde continuera de tourner selon notre Volonté. Nos chiens de garde y veillent. Et tout ça va vers le paroxysme. Longue et lente descente rapide vers les limbes noirâtres de la bestialité, de l’oubli de Soi et de l’Autre. C’est encore un paradoxe évident. Lente et longue descente, car elle semble n’avoir pas de fin. Rapide descente, car tout s’accélère et nous entraîne vers le vide de l’Être et vers l’Absence de Soi au monde.

Et toutes ces analyses Socio-Philosophiques, toutes ces décisions politiques s’avèrent être des actions parfaitement ridicules, incapables d’appréhender la substance de leurs études car elles ne se proposent jamais, par leurs actes, de percer le nœud du problème afin de transformer en profondeur, et radicalement, notre piteuse existence en fontaine de Vie. Tout participe à la pérennisation de la Mort lente et de son système concentrationnaire doux.

Car une fontaine de Vie appelle le changement, la Joie de l’Instant, le Jeu de l’Être, la Jouissance du Temps Présent, la saisie saisissante d’Instants hors le temps sur la trame d’un Passé débarrassé de toute muséification mais projetés vers l’Avenir et l’à-venir immédiat. La Créativité y est Reine, la répétitivité secondaire. Mais même la répétitivité se trouve, alors, dépourvue de redondance, de reproduction aveugle, de recommencement banal. Ces instants sont rares en notre Village Global.

Oui. Toute Critique avant qu’elle ne mène à la compréhension par tous les hommes des conditions d’exploitation dont ils sont les sujets, compréhension qui ne débouchera que sur le désir de distraction, de relâchement, de récréation et de recréation doit être entreprise et menée dans ces temps difficiles où l’oppression est omniprésente dés les informations radiophoniques matinales par quelques francs tireurs indépendants qui prennent tout juste conscience des réseaux parallèles qu’ils se doivent de tisser. Leur but est clair, même si une stratégie générale est pour l’instant absente, ils veulent semer la ruine dans les sphères de ces conditions d’oppression.

Pour l’instant le prolétariat se tasse et se résigne. Les sirènes qui le maintienne de leurs chants néfastes sont puissantes et effectives. Il en est qui affirment même que ce monde, finalement, leur convient, à la condition qu’ils puissent toucher une modeste part des miettes du gâteau qui leur fait accepter leur funeste condition. Il en est d’autres qui se séparent, non pas des esclaves que j’évoque ici, mais de cette classe (au sens marxiste du terme), se voulant artistes, membres d’associations diverses qui se disent actives et conscientes. Les uns et les autres n’ont pas conscience que ce qui figure le Prolétariat du troisième millénaire n’est plus le gavroche sortant de la mine et travaillant 12 heures par jour, six jours sur sept. Ce qui figure le Prolétariat en 2007, après le 11 Septembre 2001, c’est la masse globale et globalisée des producteurs et consommateurs. Autant dire : tout le monde.
Quand, donc, les Zartistes et autres Bobos en mal de Révolte geignent à propos du Nouvel Ordre Mondial, érigeant leur conflit intellectualiste à l’encontre de la Mondialisation en œuvre, mais qu’ils s’efforcent, d’autre part, de n’y opposer que d’indigentes ambitions, de faux espoirs, de tristes aspirations, ils sont en fait tenus en laisse par l’Ordre en question et rattachés à lui. Ils en épousent le profond principe, la substance même. Si cet Ordre s’abattait demain ils perdrait tout en perdant leur fond de commerce. Tristes intellectuels qui stigmatisent sans se dresser contre et cautionnent sans comprendre.

Triste complicité, parfois inconsciente, je le concède.

Faux litige fait bon mariage avec l’argent roi.

Il nous faut redéfinir les concepts politiques que Marx, Proudhon et Bakounine ont élaborés en leurs temps. Prolétariat, pauvreté ont changé de nature et d’envergure, même si le résultat est le même : nous sommes tenus en laisse. Avec douceur, certes, mais tenus en laisse. « Étouffer en embrassant : perfidie abominable. » disait Diderot. Et aussi : « Il ne faut de la morale et de la vertu qu´à ceux qui obéissent.»


Il ajoutait : « Frapper juste.»
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Bande son du moment : "Bananas" par Deep Purple

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Le spectacle est une guerre de l'opium permanente pour faire accepter l'identification des biens aux marchandises ; et de la satisfaction à la survie augmentant selon ses propres lois. Mais si la survie consommable est quelque chose qui doit augmenter toujours, c'est parce qu'elle ne cesse de contenir la privation. S'il n'y a aucun au-delà de la survie augmentée, aucun point où elle pourrait cesser sa croissance, c'est parce qu'elle n'est pas elle-même au delà de la privation, mais qu'elle est la privation devenue plus riche.» Guy Debord (La Société du Spectacle)


Humeur du moment : Mort de fatigue

21/12/2006

Aurore - VII

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

Les Zartistes et penseurs de nos jours se plaisent à parler d’ineffable et d’intraduisible, d’innommable. On en est arrivé au point où on ne peut plus rien dire, mais aussi, où on ne sait pas ou plus quoi dire. Ainsi, l’Art et la pensée se trouvent réduits au silence glacial mortuaire de l’absence même d’angoisse. Les situations qui pourraient être crées pour nourrir l’imaginaire collectif ne sont qu’agitations névrotiques au sein desquelles le pathos n’est même pas utilisé de manière constructive. Mode. Habits. Décoration. Certes. SURFACE ! Et ce n’est pas la Surface Aristocratique d’un Oscar Wilde, cette Surface qui, selon le mot de Nietzsche, est identique à la profondeur. Silence ou borborygmes et onomatopées. Voilà où l’on en est dans l’Art. Et dans la Vie. Les Zartistes les plus novateurs aiment à déterrer la charogne pour lui donner la mort une seconde fois. Grandes phrases toutes faites. Œil sombre. Les pauvres gugusses ne peuvent pas même imaginer un court instant ce que pourrait être la Vie dans l’au-delà de ce cap à passer. La Vie et, donc, l’Art. Ils ne souhaitent même pas passer le cap en question. Mais, comme je le disais, symptomatiques, ils disent très bien la maussade époque dans laquelle nous évoluons : explosions techno-scientifiques à l’extérieur, morale faisandée dix-neuvièmiste en dedans. L’Horreur. Ils rêvent grandement, par contre, d’un au-delà utopique qu’ils appellent de leurs vœux les plus profonds et les plus chères. L’Absurdité organisée et calculée. L’aveuglement assuré par la surenchère de la communication générale nous connectant tous les uns aux autres. Festivités et commémorations. Sourires. Analphabétisme générale intronisé quotidiennement par la Radio, la télévision, l’Université, les entreprises et usines, la presse, internet. Films débiles. Best sellers plats. Les moyens de communication de masse sont… écrasants. Le mensonge est adoubé par la science elle-même. L’Histoire, bien-sûr, est écrite par les intérêts des uns et des autres. Des vainqueurs surtout. En découle ce spectacle du village planétaire, meurtrier et hilarant.

Le Spectacle met en scène la fin du monde même. Il nous invite à sa représentation malade. Nous nous devons de déployer de singulières ailes pour prendre un envol qui est retardé depuis trop longtemps. Nous lâcher du conforme comme du non conforme. De l’affirmation comme de la négation. Ces principes, en ce monde, n’ont plus grand sens. De l’Art d’aujourd’hui nous pouvons conserver, outre l’explosion des formes, la volonté d’une vaste communication, profonde et déterminée. Par quels moyens échapper à la noyade dans le flux constant et tendu des informations d’aujourd’hui, cela reste à déterminer au fur et à mesure que l’avancée se précise. Il faut une bonne dose de Stratégie pour se faufiler dans ce merdier. Il ne faut pas, de même, négliger le sens esthétique, l’équilibre de la forme et du fond qui parvient à porter ce qui se doit d’être dit impérativement.

La Drouate est soi réactionnaire, soit Capitaliste, quand elle n’est pas les deux à la fois.

La Gôche est devenue Libérale, ayant abandonné toute critique radicale, toute pensée et toute action. Perdurent, ça et là, sous une forme ou une autre, quelques désirs de soviets et de conseils ouvriers.

La Drouate, c'est là le paradoxe, s'est également Gôchisée...

Morne paysage.

Tout cela sans exception est désormais Spectacularisé à outrance pour nous maintenir dans nos positions de spectateurs aigris ou enchantés. Les experts de la pensée y travaillent. La spécialisation de chaque domaine de la vie est en cours. Séparations et moulage général.

Il nous faut récupérer ce qu’il y a de récupérable dans la sphère culturelle, non pour entreprendre de ressusciter les morts (qu’ils reposent en paix) selon les paradigmes en cours… laissons la religion de substitution festoyer comme bon lui semble.

L’analyse précise, l’examen du Spectacle oppressant est l’exigence liminaire et supérieure de toute critique.
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Bande son du moment : "Private Eyes" par Tommy Bolin

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Et sans doute notre temps... préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré. » Feuerbach (Préface à la deuxième édition de L'Essence du christianisme)... mis en exergue, par Guy Debord, en ouverture de son livre,"La Société du Spectacle".


Humeur du moment : Mort de Fatigue

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19/12/2006

Aurore - VI

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

Le désordre est tel que parallèlement à la montée en puissance de l’« Artiste Augure », l’artiste décorateur ou amuseur est promu comme un Artiste à part entière alors qu’il n’a rien à faire avec le troubadour ou l’artisan d’antan. De part et d’autre, il s’agit d’être enivré soit de niaiseries soit de cul-cul-culture castrée et castratrice à son tour. La bourgeoisie dominante doit semer la confusion. C’est, pour elle, très rassurant.

De la sorte, l’ambition et le dessein d’un créateur, aujourd’hui, sont proportionnels avec l’amoindrissement fonctionnel et pragmatique de sa sphère d’effort, de mouvement et d’entreprise véritables.

L’Artiste véritable sait bien que son mode d’expression, une fois utilisé, est aussitôt dépassé, désuet et inactuel. Ce qui lui importe en premier lieu c’est de trouver les débordements nécessaires et la profusion d’Être qui pourraient contribuer à construire la Vie. Et avancer, en fonction des circonstances, en créant des situations de désarrois et de fêtes.

Dans chaque émergence révolutionnaire artistique et/ou philosophique se trouve un combat, une opposition, un antagonisme entre les démarches visant à promouvoir une fonction nouvelle de la Vie et une évasion, débandade réactionnaire, hors de la Réalité, mais sans pour autant parvenir, par cette fuite, à toucher au Réel de l’Être. Ainsi du Romantisme. Ainsi du Surréalisme. Ainsi du nouveau Roman. Ainsi de l’existentialisme. Toutes ces manifestations ne permettent qu’une seule chose : elles nous autorisent, si nous savons regarder, à voir et distinguer très nettement l’absence d’un horizon solaire, hors l’Enfer que, par ailleurs, les artistes se plaisent à explorer de fonds en combles en s’en réjouissant même. Un Rimbaud passa par là et disparut aussitôt, étranger à tout ce cirque. Saint mille fois.

Car il nous faut sortir de l’Enfer.

On nous implore, oblige ou brusque de nous incorporer dans une conception de l’Art Spectacularisé qui ne nous correspond nullement. Le seul plan de cette affaire étant de nous précipiter dans un tourbillon aveuglant en agitant les maracas de la réussite sous nos yeux aveuglés, nous abrutir à ce point, que croyant que par l’ensemble de dispositions que nous prendrions pour dire les choses, les faits, le manque, nous serions sur la voie du Logos, du Sens. Nous soumettant, nous ne faisons que perpétrer l’esclandre de notre abomination propre, dont se complaisent les Za-Zartistes, car hors de cette abomination il n’y a point de salut pour leurs créations néfastes. Il leur faut préserver à tout prix les conditions de notre misère morale, intellectuelle et sociale. Comprenez-les. Cela leur donne la possibilité de geindre, de se révolter, de promouvoir leurs merdeuses actions caritatives. Et tout est en place et tourne comme une machine bien huilée.

Curieusement, en même temps que cette mise en scène est déployée pour que tout le monde puisse y trouver bonne conscience, il apparaît clairement que l’explosion des formes de l’Art, en peintures, photographies, vidéos, écriture est concomitante à une crise générale qui refuse cette Réalité étouffante qui nous soumet mais que nous consolidons. Nous ne parvenons pas, par contre, à toucher au Réel de l’Être dont nous pleurons le manque. Nous ignorons le Réel de la Révolte croyant la connaître. Normal : « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » Et : « Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomisé, où le mensonger s'est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant. » Comment se révolter en de telles conditions ? Il faut aller loin. Regarder les choses en profondeur. Guy Debord, dés ses deux premiers postulats ouvrant La Société du Spectacle en 1967 l’avait bien compris. La Révolte désormais devrait aller à l’essentiel.

Re-convoquons Rimbaud et Lautréamont sans hésiter un seul instant.

« Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant. » Se répéter cela plusieurs fois par jour.

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Bande son du moment : "Déjà Voodoo" par Gov't Mule

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Les spectateurs ne trouvent pas ce qu'ils désirent, ils désirent ce qu'ils trouvent. » Guy Debord (Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusque ici portés sur le film "La société du spectacle")

Humeur du moment : Mort de Fatigue

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16/12/2006

Aurore V

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

À présent que je regarde les créateurs de mon temps, je vois beaucoup d’incapacité et d’inaptitude dans le domaine essentiel de la pensée. Tous se complaisent dans leur ignorance crasse et plutôt que de se taire face au néant de leur méconnaissance et inculture, il leur faut à tout prix placer leur mot, leur émotion malade dans la fournaise du débat. Ils participent donc à un abaissement du niveau général de connaissance et cherchent à ridiculiser la moindre intelligence qui s’attaquerait à leur fonds de commerce de carriéristes en mal de gloire. Car là où le Capital a, pour l’instant, largement gagné la partie, c’est bien dans le talent qu’il a su mettre en branle pour convertir tout l’occident à sa vision du confort et de l’essentielle niaiserie qui nous détourne de tout désir de grandeur et d’épanouissement. Le Sud, pauvre et affamé, contemple la civilisation bourgeoise Nordiste la bave de la faim aux lèvres. C’est un modèle. C’est la direction. C’est ça la modernité. C’est la démocratie. La démocratie c’est Coca-Cola. Le bien matériel, le bien de consommation transformés en Jouissance Absolue. Les créateurs de mon temps adhèrent pleinement à cette optique, même s’il leur arrive de prendre des postures de révoltés pour que les consciences séduites par leur jeu en viennent à s’exalter du nombrilisme que leurs œuvres portent.

La Mondialisation, en progression constante, étend comme modèle indépassable le critère bourgeois basique. Posséder un bien et en faire la couronne de sa vie. Se repaître de ses acquis matériels, s’en délecter jusqu’à la disparition de toute tension. La publicité est là pour nous créer des tensions nouvelles, les seules tensions qui comptent. L’assouvissement doit se prolonger toute notre vie durant. La Vie elle-même se doit d’être prise dans la gangue de la marchandisation à présent normalisée, acceptée, par tout le monde !

Les créateurs sont embarqués dans cette galère car ils sont la cible privilégiée de la marchandisation bourgeoise. L’idée fixe des hautes sphères financières, l’obsession qui les taraude jusqu’à la psychose c’est de tomber sur de singuliers personnages sachant remettre en question cette culture de masse qu’elles ont su déployer comme LA Sainte Panacée Universelle. Ce ne serait ni plus ni moins que la remise en question de leur culture, enfin, ce qu’ils osent nommer ainsi. C’est bien à l’heure paradoxale où les moyens de créations sont plus abordables que jamais, c’est bien à l’instant où les frontières limitatives ont volé en éclats dans le domaine des Arts, que l’Art se convulse au sol dans une morbide transe de future charogne. Mais tout le monde joue le jeu et s’y complait avec sérieux, espérant juste que la décomposition en cours ne se précipite pas trop vite. Leur gagne pain est en question dans cette affaire.

Lautréamont, Nietzsche, Artaud ont déjà pratiqué les autopsies nécessaires.


La formulation artistique, la locution exacte, l’émanation de l’Être, la transe inspirée qui s’incarne… plus rien de tout cela n’est plus une authentique expression intérieure, un accomplissement de soi, une concrétisation visionnaire. Ou, lorsque c’est bel et bien, au moins, une expression intérieure, ce n’est plus qu’un miasme symptomatique. Certains artistes n’ont d’ailleurs d’intérêt à mes yeux que dans l’émergence de certains symptômes qu’ils parviennent à afficher dans leurs œuvres avec un panache assuré.

Par un développement au long cours, l’Artiste, jadis troubadour, jongleur du verbe, artisan, a fini par pénétrer le territoire des prévisions, des lectures de l’à-venir. Oracle et Vaticination. C’est que progressivement, le flux du temps déployant la mondialisation vers son avènement toujours plus clairement confirmé, et ce depuis 1492 et la découverte du nouveau monde, notre liberté s’est trouvée en apparence de plus en plus confirmée alors que, précisément, elle est de plus en plus muselée par notre usurpation de la nature et de ses prérogatives ! La seule question qui se doit d’être posée, et fouillée, est celle de l’utilisation, de la destination, du rôle et de l’usage de la Vie.

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Bande son du moment : "Revelations" par Audioslave

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « La culture, devenue intégralement marchandise, doit aussi devenir la marchandise vedette de la société spectaculaire.» Guy Debord (La Société du Spectacle)

Humeur du moment : Mort de Fatigue

13:20 Publié dans Écriture en Acte | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : 34-Ecriture en Acte : Aurore - V | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/12/2006

Aurore - IV

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

Yeux clos, guetter les résonances végétales du sommet des arbres que le vent balaie. Être là. Pleinement.

Par les temps qui courent cela demande une force d’esprit doublée d’un caractère rude, ainsi qu’une détermination de premier ordre. Sois présent à toi-même, lecteur, seul moyen d’être pleinement présent à l’autre, et tu te retrouveras cerné de toutes parts par les envoyés de la grande machine à broyer de l’Être : à peu près tout le monde. Et les rouages de la machine en question sont bien huilés.

Souvent ça crie en nous. Ça hurle. Ça quémande avec insistance une porte dérobée dans le Vestibule des aléas quotidiens. Le déséquilibre est conséquent. Quelque chose nous le spécifie avec empressement. Le Corps (cette Raison Supérieure) étouffe. Le Bonheur ne semble pas être de ce monde et pourtant l’Incarnation entière le réclame. Et envers et contre tout nous demeurons sourds à l’appel. La Mère Supérieure veille au grain. Et papa ne bande plus. Le Langage, tellement associé, à présent, à la Mort, à la mortification, au froid Nihilisme d’une époque désinvolte, psalmodie quelques burlesques onomatopées mais ne DIT plus rien. Alors ? Alors, quand une voix s’élève de la fange en Stances Salvatrices Salutaires personne n’y prête la moindre attention. Voici la Rose noyée dans l’obscur brouhaha général.


Au début de l’histoire, le Corps, sublime ouvrage, dans le flux abyssal des profondeurs amniotiques, se forge en sa matière intime, se travaille dans le feu maternel. Il s’agite, remue, réagit, minuscule se déplace. Il grossit, gonfle, s’allonge. Il se contracte et se raidit. Son gabarit change. Ces 9 mois permettent une phylogenèse palpable, mais la filiation de l’être intérieur, l’aventure interminable de ces jours d’errances liquide en la mer intérieure, s’abîment avec le premier cri, puis se perdent aux fils des jours et des nuits que la Vie nous accorde. L’esprit conscient est fluctuant, mais le corps, lui, se souvient et réveille à l’occasion, malgré nous, des douleurs enfouies, des caresses, des jouissances et des morsures.

Quel Voyage est entrepris dans ce flottement jouissif ? Quelle signature s’incarne déjà pour produire, rédiger, inscrire, consigner, par la suite, ce qui se fonde dans le fluide protecteur ? L’Origine du Bonheur se trouve dans l’Onde pure, chaude et nourricière de cette gestation qui ne demande qu’à se poursuivre dans l’apesanteur du monde. C’est un désir qui s’alimente déjà, confronté au voile des multiples apparences, de l’essence des questions qui seront plus tard formulées par lui ; pour l’instant le grain en l’être réclame son expansion pour elle-même. Le probable en-soi à l’état pur qui s’écrit aussitôt dit aussitôt fait, déjà, dans le moment même, se projette, s’épanouit, n’attend plus qu’une seule occasion : celle de se penser et de penser l’Univers afin d’être. Le flottement jouissif instruit d’un puissant écoulement et déborde l’entrelacement et le dédale des nerfs qui se connectent. L’alcôve d’un Ciel primordial aux douces heures de la gestation est définitivement la première école de notre venue au monde.

Ensuite surviennent les plaies, l’action des substances corrosives. Le laminoir qui réduit. Portes de l’Enfer qui nous avalent chaque jour. La Fascination. L’Hypnose. Le Spectacle quotidien qui nous diminue et nous scinde. La dispersion. La fracture. Très vite : dés les seins de maman et les genoux de papa. Puis, de temps à autre : l’Appel. Pour peu d’élus, les rivières entraperçues dans l’embrun de l’enfance sont un guide minéral et végétal vers l’Océan. Le Départ. La Porte Dérobée au temps présent. La très vaste majorité demeurera pétrifiée dans la statue de sel de la femme de Loth. Le terroir et la race, le sang des ancêtres immobilisé (c’est-à-dire : mort. C’est-à-dire non fertile), le nombril maternel glacé et statique, l’arrêt sur soi dans l’auto-enculade satisfaisante jusque dans la mortification déterminée. Parmi les élus, des destins basculent, le Corps éprouve des influences inexplicables, cherche des stimulations et des paroxysmes pour résoudre ce nœud dans le gosier, dans les entrailles, dans le cœur… ou la cervelle. « Je mourrai demain, qu’importe ! Je veux les rires, la Joie, la Jouissance, la Vivacité, l’Allégresse sous un haut soleil béni mille fois et bénissant mille fois à son tour. Je veux l’éternité et le luxe et l’infinie plénitude sur cette terre finie ici-bas. Ici et Maintenant dans ce point que nous sommes. »

La prise de position est un Impératif. Quitter l’Asile de fous. Prendre la route qui ressemble à un long serpent sans fin.

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Bande son du moment : "Mafia" par Black Label Society

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau. » Alexis de Tocqueville (De la démocratie en Amérique)

Humeur du moment : Mort de Fatigue

18:45 Publié dans Écriture en Acte | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : 33-Ecriture en Acte : Aurore - IV | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/12/2006

Aurore - III

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

"Le bonheur, quel qu'il soit, apporte air, lumière et liberté de mouvement." Friedrich Nietzsche (Aurore)

"Ce qu’ils sont ? Des civilisés cultivés qui passent leur vie à tirer des conclusions de leurs actes au lieu d’accorder leurs actes à leurs pensées." Antonin Artaud




Comment assumer le paradoxe d’attaquer la sphère culturelle elle-même, alors que précisément, de par mes centres d’intérêts j’évolue en son sein ? C’est que je rejette sa réalité présente. C’est que je considère qu’elle s’enfonce dans la boue des petits drames personnels qui n’ont pas grand intérêts. C’est que le Réalité qu’elle est nous masque le Réel de l’Être.

C’est que j’opposerai toujours, et je prends date, la maussade Réalité merdique à la Joie de l’Être réel.

J’assume ce paradoxe parce qu’il demeure quelque chose qui clame que la Culture demeure un centre de significations multiples dans une société sans la moindre signification. La Culture est vide. L’Être est devenu vide car porté par une existence vide. Mais il nous faut bien partir de quelque part pour oser, de nos jours, prétendre à la réinvention du monde et de la Vie.

Pour que ce monde en vienne à étendre un souffle neuf dans le ciel, vers le ciel, vers les étoiles, il faut faire émerger un projet collectif qui s’arrime avec détermination à toutes les apparences de la réalité, du vécu et les transcende en allant au point sensible du Réel. Le peuple réapprendra la colère si nous lui faisons apparaître l’écart horrible qu’il y a entre ce que pourrait être la Vie et sa pauvreté sanglante et misérable actuelle.

L’Art « muséifié » doit disparaître. L’Art doit baiser avec la Vie. Ici et Maintenant. Tous les jours. À chaque instant.

Le progrès rationaliste dont on nous rabat les oreilles depuis plus de deux siècles, à droite pour glorifier la libre entreprise garante de ce progrès, à gauche pour nous promettre des lendemains qui chantent, un temps des cerises à venir, ce progrès rationaliste est une fausse monnaie. La seule chose qui importe est de parvenir à aménager et arranger le milieu qui nous influence et nous détermine. Ce principe ne peut être que « religieux » et ouvert. L’accueil. L’Affirmation de soi sans menace morale asphyxiante. J’ai bien écris le mot « religieux » entre guillemets afin que l’esprit perspicace puisse exercer son entendement.

Le monde ne peut être dominé que Collectivement. Nullement par une Collectivisation Stalinienne. Que l’esprit perspicace exerce son entendement. Ce n’est que ce principe Collectif qui fait apparaître l’INDIVIDU. Dans une sphère néo-libérale, les individus ne sont que de sinistres vampires en quête de la dose quotidienne de sang d’autrui par l’intermédiaire de ce que le pouvoir économique et le pouvoir politique (désormais assujetti à l’économique) leurs dispensent avec parcimonie pour qu’ils se tiennent tranquilles. Ainsi, les individus vont et viennent au petit bonheur la chance, dans ce bordel immense et organisé, leurs émois, leurs troubles, leurs désarrois s’annihilent mutuellement et consolident le milieu qui érige leur dégoût, leur lassitude, leur morosité, leur angoissant tracas. Nous ne parviendrons à ruiner et détruire les clauses et modalités de cette société angoissante désormais dépourvue d’angoisse (Heidegger) qu’en mettant en scène des Jeux, des Joies et des Jouissances supérieures. La présence Humaine ne pourrait, alors, qu’être authentiquement et pleinement présente.

L’implication Collective de la domination de ce monde doit être Hiérarchisée selon un schéma naturel et humaniste. N’en déplaise aux coupeurs de têtes. Robespierre et Saint-Just ne sont pas mes héros.

L’égalité en termes de droits et de devoirs se doit d’être parfaitement appliquée puisque, selon ce que signifia un Montaigne souriant, chaque homme est un miroir pour son prochain. Même le cannibale. Il est évident que dans le déploiement de l’application de ce postulat certains et certaines se distingueront. Les prétendants ne sont pas légion.

Lorsque le Peuple se veut Souverain, en dépit de l’Individu, c’est signe de décadence.
Lorsque l’Individu se veut Souverain, en dépit du Peuple, c’est signe de décadence également.
Le 20ème Siècle nous l’aura magistralement montré. Le terme « Magistralement » n’est pas utilisé ici à la légère, mais pleinement mesuré.

Encore une fois : l’à-venir et donc… l’Avenir est à la synthèse et donc… au dépassement de ce qui a été, est et pourrait advenir.

Consciemment, à 40 ans passés, je me considère en pleine possession de ma jeunesse. Je suis le fervent défenseur de la Force de la Jeunesse. Mais je me refuse, du plus profond de mon être, à être assimilé et comparé à ce qu’on a coutume d’appeler « la jeunesse ». C’est une façon bien mise, soignée, politiquement correcte, faussement tirée à quatre épingles pour juguler le fond du problème, en s’efforçant même de l’enterrer, en lui conférant ce déséquilibre imputé à la faculté d’une saison appelée à passer ou aux caprices des transformations socio-biologiques. Ponce Pilate sut si bien se laver les mains. Car la jeunesse d’aujourd’hui, comme définitivement abrutie par le manège de la consommation et de l’angoisse de la production, suffoque, selon l’effigie de ses aînés, dans la quête balbutiante, le flottement existentiel, l’incertitude, la méfiance et le soupçon… et l’égoïsme cynique.

Depuis la chute originelle, l’exil, nous sommes entrés dans le piège de la reproduction, pieds et poings liés. Nœuds de toutes parts.

Ainsi on patauge à chercher là où Picasso et Cocteau trouvaient.

Voilà pourquoi, bien qu’à portée de la main, nous avons ce sentiment inéluctable de ne rien trouver de ce que nous cherchons. Et, de fait, nous acceptons cette lamentable servitude volontaire, cette nausée quotidienne, sans rien trouver à y redire. Pire ! Si jamais quelqu’un se distingue en possession du cri salvateur, nous savons le lapider. Amen.

La complicité du mensonge présent est générale.

Entrevoyant la Vérité les adversaires se présentent toujours à l’heure, en temps et en lieu.

Il y a quelque chose d’atrocement comique d’entendre parler de « Révolution » par les temps qui courent. Le terme prend un poids ridicule, infime, négligeable. C’est, bien entendu, dû aux mauvaises expériences passées qui ont eu le culot de se réclamer d’un esprit Révolutionnaire, mais c’est tout autant dû aux tentatives qui étaient à deux doigts de réussir de fonder une élancée autre de la Vie, un possible aux multiples possibles, et aux erreurs commises par les acteurs des mouvements en question.

L’Ordre ne veut pas être dérangé. L’Ordre est profond. Il vient de loin.

1789, 1848, 1871, 1917, 1936, 1968 n’ont pas eu lieu. Ce ne sont plus que des dates dans les livres d’Histoire qui veulent nous persuader que quelque chose ce serait passé et nous élabore des schémas représentatifs qui finissent par nous maintenir en laisse. De fait, le mouvement Révolutionnaire en tant que tel a été démantelé dés la prise de pouvoir des pseudo-révolutionnaires que tout le monde connaît afin qu’aucune nouvelle Situation ne puisse voir le jour. Geler la situation dans ce qu’elle est, une sorte d’Artefact condensé des humeurs et des ressentiments profonds, voilà ce qui fait le lot de l’Humanité en tous lieux et à toutes époques.

C’est bien l’Armée Rouge Communiste de Trotsky qui extermina les Cosaques Anarchistes d’Ukraine de Makhno le Rebelle.

Nous voici ainsi, largués de droite, ou largués de gauche, apolitiques, croyants ou athés, agnostiques cyniques ou saints par compassion, étalés dans la fange putride de la résignation qui ne fait plus de nous des hommes, mais de pauvres hères qui subsistons métaphysiquement et physiquement du mieux que nous pouvons, cherchant sans cesse un juste moyen pour nous laver notre conscience de toute la merde que nous y étalons nous-mêmes de nos mains soumises avec la précision requise. Big Brother and Big Mother are watching us.

Il faut supprimer toutes velléités de chamboulement, de désordres, de fantaisies créatrices dans une société quelle qu’elle soit. Que la Société se nomme démocratique, théocratique, fasciste, ou ce que vous voulez. Mais, dés que les conditions nécessaires sont réunies pour affirmer pleinement les arguments du pouvoir régnant, dés que les outils sont en place et en synergie adéquate pour que la ruine s’élabore de l’avant se consolidant jusque dans nos veines et nos réseaux nerveux tellement l’hypnose en place est drastique, aussitôt sont réunies les conditions et les possibilités d’une transformation totale du monde au sein duquel nous vivons. Le pouvoir ne le sait que trop. Être absolument Moderne ne lui suffit pas. Par des moyens modernes il se doit de préserver la morgue de sa vieille domination éternelle, poussiéreuse et antique, même s’il change d’appellations au cours des temps. Suprématie du même empire infernal depuis toujours.

Si le « Révolutionnaire » de nos jours est ridicule, le citoyen moyen (c’est-à-dire à peu près tout le monde) l’est tout autant lorsqu’on passe sous microscope et qu’on étudie au scalpel les divers aspects de son accord soumis, de son consentement, de son agrément au pouvoir en place qui lui accommode son cadre de vie selon des desiderata totalement inhumains.

La Révolution est enrayée lorsque les tee-shirts prolifèrent avec les portraits de Bob Marley ou du « Che ». Beaux biens de consommations. Mais de même, la seule perspective révolutionnaire (ou tout du moins nommée ainsi) qui se propage comme une rumeur constante et un sacerdoce nouveau est le publicitaire porté à son paroxysme constant. Si la chair des philosophes du 18ème Siècle est devenue bien triste, le paroxysme publicitaire nous entraîne dans le vertige de sa jouissance mortuaire toujours recommencée. Et pendant que cette « révolution » là est en avancée constante, les tentatives Révolutionnaires avortées sont désignées comme responsables de biens des massacres (authentiques, bien sûr), les pages se sont écrites dans le sang, bien-sûr, les échecs sont encadrés en gros, pour sûr, pour sûr, le chien que je suis peut aboyer autant qu’il veut, la caravane des marchands de serpents et de potions magiques passe. La Révolution (qui pourtant n’a pas eu lieu) est responsable d’aliénations nouvelles.

« La lucidité, elle se tient dans mon froc ! » gueulait Léo Ferré.

Les marchandises et la marchandisation progressive de la Vie dans son ensemble s’étalent comme de multiples fêtes invariables. Et, comme à un concert joyeux, nous levons les bras vers le Veau d’Or croyant les lever vers le Ciel. Nous approuvons. Les moindres nuances et les moindres détails de la marchandise constamment changeante sont portés au pinacle de l’idolâtrie par l’hystérisation de notre désir.

De véritable projet Révolutionnaire qui exprimerait les éventualités, cas et hypothèses, les occasions et opportunités, les moyens et les potentialités d’un changement du monde et de la Vie, il n’y en a point. Tout du moins, il n’y a pas de projet nodal. Quelques particules libres, ça et là, sillonnent les antres, les recoins et les sphères de la Réalité et de ses Ravages. Quelques consciences sursautent à l’occasion. Une nouvelle toile se doit d’être tissée. Comprenne qui pourra.

Les seuls critères sur lesquels une contestation totale et authentique, susceptible d’être libératrice pour l’Être en nous, se doit d’être fondée, se doit de naître sur le rejet de la Société et de ce qu’elle implique dans son ensemble. Une transmutation de nos valeurs, une transvaluation de nos notions de bien, de mal, de juste doit apparaître. Bien qu’aux liaisons floues, aux contours imprécis, des tentatives de la transmutation en question apparaissent ça et là, je le disais.

Tout amendement « progressiste », toute « amélioration », tout « perfectionnement » de certaines situations néfastes, accueilli avec la joie désormais commune des masses soumises, dans le soulagement démocratique mutuel, même s’il contribue en certaines circonstances à atténuer des douleurs et des difficultés sociales, sera, au final, voué à parfaire une seule chose : le conditionnement que le système propage à notre encontre pour nous contenir. C’est précisément cela qu’il nous faut investir, bousculer, retourner, invertir, désarçonner, détruire, jeter à bas, mettre sans dessus dessous, culbuter, chambarder, RÉVOLUTIONNER.

Les villes contiennent à la fois leurs larbins et leurs futurs dynamiteurs.

En même temps que la Rébellion se trouvait intégrée aux jeux néfastes du Pouvoir Marchand Dominant, cette haute conscience s’emparait de moi comme une très Sainte nécessité. J’avais 17,18 ans et je déclarais la guerre au monde entier. Je n’ai toujours pas quitté ces sentiers étroits malgré les paradoxes de mon existence de travailleur huilé pour les rouages de la grande machine qui me dévore comme tout le monde.

« It's a big machine, it's a big machine
We're all slaves to a big machine
It's a big machine, it's a big machine
We're all slaves to a big machine
All tied up to a big machine
I got houses
Got cars
I got a wife
I got kids
Got money in the bank

Get away without borders
I'm a slave, New World Order
I guess I chose to be
I guess I chose to be
I guess I chose to be
I guess I chose to be

Hope I teach my son how to be a man
Now before he hits 35
Comic book lives don't really have any real life do they now »
chante Scott Weiland avec Velvet Revolver.

Je suis un Moderne. Oui. Je refuse de croire que je puisse faire partie de cette engeance dite « post-moderne » qui s’illusionne à vouloir précipiter le temps dans un gouffre inexistant, en proclamant que désormais l’Homme est sur la juste voie, que la fin de l’Histoire est là ou très proche. Sont mes ennemis ceux qui veulent me faire prendre des vessies pour des lanternes avec de douceureuses voix me dictant que tout va pour le mieux et de mieux en mieux (Bien-sûr, Voyons !), que des réformes apporteront la Joie et la Jouissance. Ce n’est qu’un contrôle de plus, une maîtrise supplémentaire, un renforcement des conditions d’exploitation de l’homme par l’homme. L’exploitation de l’Humanité par quelques hommes. Quelques vampires suprêmes nous transformant en vampires mineurs.

Je suis loin d’avoir le seul apanage, le seul privilège, l’exclusivité de l’intellect, de la pensée, de l’entendement, de la clairvoyance. Mais je veux me targuer de m’efforcer d’utiliser mon intelligence selon une noble destination. Je peux donner le sentiment, une fois de plus, d’étaler mes mots selon mes humeurs pathologiques, et pourtant… chaque phrase est soupesée et orientée du mieux que je peux le faire, conformément à mes modestes moyens.

La première des critiques Révolutionnaire que je puisse faire à l’égard de la Révolution est de proclamer que le problème de l’Homme n’est guère Social. Le Social n’est qu’un symptôme, une conséquence, de l’Absence de Spiritualité, du manque d’esprit en ce Néant où nous pataugeons. Et les églises en sont largement responsables, de par leurs bigoteries, leurs aveuglements. Certes, on peut voir encore quelques yeux briller d’une flamme singulière dans l’enclos de la Foi que suggèrent les diverses prêtrises. Mais il manque l’Amour et son Intellect. Il y a beaucoup de Foi et d’Espérance. Mais cela ne suffit pas. Car comme le précisait l’apôtre Paul, même si j’ai la Foi et l’Espérance, si je n’ai l’Amour, je ne suis Rien.

Sans une utilisation de notre intellect correcte et adaptée aux situations et, plus particulièrement, à la situation générale dans laquelle nous nous trouvons, nous ne pouvons avoir accès aux idées et pensées audacieuses, d’avant-garde, futuristes que par bouts épars grotesques, ridicules, primaires, simplistes et sommaires. Ce sont précisément ces idées et ces pensées qui peuvent nous permettre de comprendre et saisir notre temps pour d’autant mieux le contester et le transformer radicalement.

"Dans un monde totalitaire, les artistes meurent et leur disparition signe et avalise l’avènement des publicistes, des propagandistes et autres metteurs en scène de vérités nécessaires au grégarisme du moment." Michel Onfray

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Bande son du moment : "Collideoscope" par Living Colour

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « L'esclave est un serviteur qui ne discute point et se soumet à tout sans murmure. Quelquefois il assassine son maître mais il ne lui résiste jamais. » Alexis de Tocqueville (De la démocratie en Amérique)

Humeur du moment : Concentré face à la fatigue

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02/12/2006

Aurore - II

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Beaucoup de surface et de superficialité en notre époque malade. Le paraître plutôt que l’Être.
Les Machines finiront par nous soumettre à leurs puces, conducteurs et micro-processeurs ! La profondeur ? Au diable ! Ou plutôt laissons-la au bon dieu. Le Diable a des atouts que la divinité n’a pas : la platitude et le nombrilisme ! Justement.

Il y a un manque d’idées dans chaque sphère de notre vie. Les actes Culturels, Politiques, Spirituels sonnent creux ! Il suffit de jeter une oreille à la production musicale, d’échanger quelques propos avec ses collègues de travail, de suivre le journal de 20h00 pendant un petit quart d’heure, de regarder une vitrine de librairie, de considérer une cité HLM et sa conception concentrationnaire.
Ou alors, on peut prendre ce postulat à revers ! Les idées fusent de toutes parts, mais elles fusent précisément dans le but de nous soumettre, de nous concentrer pour une surveillance plus accrue, de nous empêcher d’avoir des idées en contrepoids. De partout les acronymes et novlangues de spécialistes explosent ! Curieuse contre-initiation mise en place pour contre carrer toute initiation à la Vie ! Il nous faut être sollicités. Encerclés de sollicitations. S’il est une idée, c’est celle-là ! Et la rétention d’information se doit d’être agréablement ciblée et présentée comme festive, branchée, câblée, « in ». Soyez festifs, branchés, câblés et « in »… et peut-être aurez-vous accès à la compréhension du Vide organisé et construit pour vous néantiser la matière grise et vous rassurer pendant que le système se rassure ! Car les techniciens ont cette intelligence protectrice qui consiste à jouer le jeu des techniciens qui les comprennent. Les spécialistes pour les spécialistes. Du coup, le commun des mortels détourne la tête de l’essentiel, s’enivre de valses stupides pour se distraire et en oublier qu’il est mortel, car… c’est trop compliqué ! Ça ne le concerne pas ! C’est une affaire pour ceux qui adoptent une posture. De là découle tout ce conformisme puant et craintif, ce manque d’imagination qui fait croire que ce qui est bon et utile est pris en main par les instances qui conviennent. Pour en venir à comprendre la Crise Mondiale en cours, il conviendrait de faire preuve d’inventivité, de fantaisie et d’inspiration pour pouvoir concevoir, enfin, la carence et la privation, le déficit et la pénurie de l’ESSENTIEL. Penser, imaginer, peser, former tout ce qui est manquant, occulté, prohibé et néanmoins concevable au 21ème Siècle. Ô Champs du Possible. Champs des Possibles.

Dans de telles conditions, je ne peux que comprendre les rapports que j’entretiens avec mes contemporains encadrés et nourris par une génération d’intellectuels « intellectualistes », prout-prout, frileux et tout juste attachés à quelques valeurs sorties de 1789 (qui n’a pas eu lieu) et mythifiées en idéal idéel, n’ayant aucun rapport concret et direct avec l’Incarnation Vitale de la Vie. Impuissants et bandeurs mous ! Pas de concession avec ces enfoirés qui ne souhaitent secrètement que défendre leur bout de gras !

Il y aurait de la purge à faire dans la presque totalité des intellectuels qui se permettent de se satisfaire de leur propre pensée creuse de penseurs emplis d’eux-mêmes. S’il y a des nombrilistes à trouver… ils sont plutôt à chercher par là. Moi j’écris sereinement à la lueur de mon écran, la nuit quand tous les chats sont gris. Je sais des solutions au monde basées sur l’Amour et le regard en l’Autre. Mais ces solutions ne peuvent passer que par le phénomène de la jurisprudence (Deleuze) non l’idéel noumène Kantien des « droits de l’homme ». Il faut de l’Action et du mouvement, des décisions… même pour ériger l’oisiveté de Cossery au niveau du grand Art. Nos intellectuels et nos « Zartistes » s’agréent eux-même de ce qui leur semble être leur génie (tout droit sorti de leur petit drame psycho-socio-familial personnel) et ils se doigtent le nombril les uns et les autres dans une délectation d’Impuissants. Ensuite ils pensent briller en parlant de l’Impuissance de la pensée à laquelle ils se soumettent. Et ils brillent en effet : entre eux.

Car, l’aliénation consiste bien, pour être pleinement appliquée et efficiente, à parvenir constamment à séparer notre pensée de notre conscience. La pensée ne doit pas parvenir à être consciente d’elle-même, encore moins à inscrire sa trajectoire dans le désir d’une Cible !

Oui, il nous faut quelques mutineries dans chaque lieu de l’Être. Des séditions dans les spécialités, les matières de l’esprit, les disciplines. Et il faut unir les connaissances et les tendre vers le Savoir. Car toutes les séparations, les Catégories : feu de paille et guerres de chapelles. Mensonges.

Mensonge.

Les hauts fonctionnaires qui privilégient les résultats en ne tenant compte que des aspects techniques au détriment des aspects humain, qui prévoient compétition, lutte, rivalité et organisation totale… il nous faut des armes pour les révoquer : il nous faut dire et porter le Verbe aux quatre coins des sens et significations… la Communication doit être abrasive et totale. Si la communication est abrasive et totale, la fête qui en découlera ne sera pas chienlit. Ce sera un don mutuel que les hommes de bonne volonté se feront en riant.

Potlatch.

Et que l’on ne vienne pas me dire sur un air niais que, ça y-est, la communication totale est là. Car la communication d’aujourd’hui ne consiste en rien d’autre qu’à précipiter le temps dans les tâches, interventions, transactions financières, expéditions, besognes qui soumettent le monde. Accélérer le processus de construction du Golem qui désagrège l’ancien monde en même temps que le bon sens. Spectateurs, nous nous grattons les couilles en baillant devant les affiches de publicités et les écrans de contrôle qui nous divertissent.

Augmenter la vitesse de mise en application des actions, voilà tout ce qui compte dans la communication… Comptes bancaires, objectifs à atteindre, loisirs sous surveillance, rires de plage, viande malade maquillée en viande saine. Œil présent au monde mais absent à soi.

La communication n’a de sens que dans l’action commune, le partage et l’échange, comme jadis, autour du feu de camp dans le désert. Les plus saisissantes exubérances de l’étroitesse d’esprit, de la fermeture d’esprit, de l’intolérance sont connexes à la surabondance de Passivité générale. Un texte se présente, un texte simple sans prétention aucune : son auteur est systématiquement taxé de nombriliste… par les nombrilistes eux-mêmes.

Or, moi, j’écris la nuit quand tous les chats sont gris, à la lueur de mon écran… et je dis, qu’à nouveau il nous faut porter sur les choses et les faits un regard sévère et juge qui soit Historique. Car l’Histoire n’est pas finie et elle ne finira jamais.

Mon utilisation d’Internet contient à la fois le refus et l’acceptation de ce média. La communication de demain se devra d’être quantique : elle contiendra son refus, sa contradiction. Le saisissable et l’Insaisissable. La contradiction contiendra l’apport essentiel et le « Oui ». Ainsi le refus et la contradiction deviennent communication abrasive et Totale. Projet Positif. Un Projet Positif contient sa propre sévérité à l’encontre de sa propre voie. Seule compte la qualité de la danse. Le vrai Pouvoir c’est la qualité.

Les sarcasmes de mes contemporains ne sont qu’une négativité balbutiante. Le Drame est qu’ils mènent la danse.

«Lorsque je suis venu auprès des hommes, je les ai trouvés assis sur une vieille présomption. Depuis longtemps ils croyaient tous savoir ce qui est bien et ce qui est mal pour l'homme...

C'est là aussi que j'ai ramassé sur ma route le mot de surhumain, et cette doctrine: l'homme est quelque chose qui doit être surmonté...»
Friedrich Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra)

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Bande son du moment : "Rock Garden" par Ty Tabor

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : «Les Français veulent l'égalité, et quand ils ne la trouvent pas dans la liberté, ils la souhaitent dans l'esclavage.» Alexis de Tocqueville (L'Ancien Régime et la Révolution)

Humeur du moment : Serein... souriant

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01/12/2006

Aurore

=--=Publié dans la Catégorie "Ecriture en Acte"=--=

«Vous avez remarqué que, devant cette détresse propagandisée, je ne marche pas une seconde. Tout le monde me demande depuis longtemps comment j'ai eu conscience de ce qui est en train de se passer comme ère crépusculaire. À quoi je réponds que je ne vois pas le sens de cette question, puisque pour moi c'est l'aurore. Aurore est un beau titre de Nietzsche, qui a placé en exergue de ce livre, vous vous en souvenez, une phrase du Rig-Veda : "Combien d'aurores n'ont pas encore lui." Et comme je suis en 118, [ ... de la nouvelle ère, selon l'auteur...] je vois devant moi une splendide aurore, qui ne peut pas ne pas annoncer midi. Mais quand je dis ça, c'est comme si je tenais un propos délirant. L'embêtant, c'est que c'est le crépusculaire qui délire.» Philippe Sollers (L'Évangile de Nietzsche, entretiens avec Vincent Roy)


Nous sommes emportés par une singulière entreprise provoquée par nous, mais qui nous dépasse de loin : L’appropriation précise et scientifique de la nature par les hommes.

Même si nous pouvons constater les soubresauts de la nature... ondes de chocs et scissions multiples... nous ne pouvons remettre en cause cette appropriation violente en cours ; les seuls arguments Sociaux, Philosophiques, Politiques, Spirituels qui comptent ne peuvent et ne doivent se tenir qu'à partir de cette situation unique, car le seul point d'achoppement qui détermine le comportement Humain (trop Humain), la seule question qui demeure au centre de la pensée et de l’action, à présent, post-modernes, c’est l’utilisation et l'exploitation possible de la "subdivision" de la nature.

Par sa "Servitude Volontaire" l'Homme est un animal surprenant qui s'adapte au pire... définitivement... mais... on peut toujours trouver des ressources pour survivre longtemps... très longtemps... très très longtemps... Vivre est une autre histoire.

Ces victoires, ces succès, ces triomphes emphatiques ne sont pas les nôtres... par Dionysos... notre Victoire sera la fête. Le Temps retrouvé ! Celui de Proust ! Celui des Cerises bien-sûr... celui d'un Drapeau Noir... pour Sûr... celui d'une Majestueuse Fleur de Lys... à l'évidence ! Mais méfiance... ce ne sera ni le Drapeau Anarchiste, bien que Pirate... ni le Royaume de la Monarchie, bien que Royal ! L'Invention et le souffle ! Le Sourire de Dieu si vous voulez... Le Mot Majestueux ! Le Verbe ? Que Dieu m'entende... s'il existe !!!

L'Avenir Révolutionnaire est à la Synthèse Salvatrice ! Elle est à inventer, à découvrir, à formuler. Tout le reste : chapelles et feux de paille.

Il faut des Racines Profondes, retrouvées et arrosées pour se projeter dans un avenir que personne ne soupçonne.

La Liberté des facultés intellectuelles, Psychiques et Corporelles est bien l'unique substance interne et matière première que n’a pas encore éprouvé notre époque pragmatique... sauf au travers du Consumérisme ! Balivernes et Hypnoses ! Le Libertaire, Libertin, Souverain et Unique, Seigneurial et Rebelle est... absent ! Il se cache !

Le Monde tend à l'Unisson vers l'Unité dans toutes les Sphères de son Incarnation tentaculaire.

L'Unité du monde transparaît, aussi, dans l'Unité des conditions de l'Asphyxie générale... de la suffocation, du halètement maladif, du harcèlement, de la sollicitation constante, de l'asservissement, de la domination, de l'esclavage (doux ou brutal), des soumissions et mortifications, de la Tyrannie oppressive directe ou masquée !

Sa crise, perçue de manière diffuse, est cependant unitaire aussi. Faisceaux d'énergies encore scindés mais aptes à coopérer lorsque le paroxysme l'exigera ! L'Histoire suivra son cours ! Et le Fascisme Fasciste ou déguisé en "Démocrassouillardise" ne passera pas !

L'Aliénation est bien cette contrainte qui dépossède l'Homme de lui-même, de son "Soi" essentiel, de sa Liberté Fondatrice et Souveraine, de ses aptitudes à la découverte et à l'épanouissement.

Désormais, aux quatre coins du Monde, cette Indivisibilité fondamentale de la démence organisée se transcrit et se représente en discriminations, en démembrements, en illogismes, en inspections maniaques. Demain : la pupille de l'œil ainsi que les empreintes digitales feront office de carte d'identité, de carte bancaire, de "Carte Vitale"... en attendant les implants !

Contrôler l’art et la pensée est un front précis de l'entreprise Toxique de la répression. Ce Contrôle rejoint symptomatiquement le planning plus général de l'autorité, de la mainmise, de l'influence, de l'emprise exercés sur nos vies.

Or, les idéologies s’effritent et, par doses toujours plus massives, au fur et à mesure qu'elles s'émiettent, elles se doivent de sauver la façade et d'appliquer le plan au plus près de la lettre : orchestrer chaque élément de la vie. De notre Vie.

Le Monde techno-scientifique nous a libérés de nos frontières spatio-temporelles ancestrales. Nations ? Régions ? À présent la mesure est Mondiale. Unité ?

Mais la raison d'être de ce Monde techno-scientifique est de nous diviser, de nous dresser les uns contre les autres selon un sens qui nous échappe encore de façon claire et voyante, selon des bifurcations permanentes, de subtils poisons, une cohérence interne dissimulée qui s'exaltent en concepts et notions absurdes et démentes. Bonifications débiles ! La Chienlit et autres défilés de "roller-communities", gay pride et techno-parade exhalant leurs pestilences névrotiques, Martyrs et dévots croyants aux yeux gorgés de sang se fouettant avec ivresse. Thanatos ! Fétide !

En vérité je vous le dis et le signe des deux mains : 1789, 1871, 1968 n'ont jamais eu lieu ! Nous sommes en retard sur les postulats de Diderot, Voltaire, Montesquieu, Proudhon, Stirner, Debord... Ils nous précèdent. Nous nous traînons derrière eux comme de tristes pantins lobotomisés !

Nous avons préféré Robespierre, Napoléon, Thiers... Pompidou ! Et nous sommes encore et toujours au 19ème Siècle ! Mental Bourgeois délétère en notre douce Chiraquie !

L'Unité de nos affres et espoirs a de curieux contrecoups. L’étranger, à présent, précisément de par la subtile séparation mise en place sous couvert d'Unité Festive, nous entoure de partout, au moment précis où nous devenons de plus en plus étrangers à notre monde. Étrangers les uns aux autres. Étrangers à nous-même. Étrangers à ce Monde au sein duquel nous vivons pour produire et consommer et reproduire ce qui convient. L'altérité n’est plus au-delà de la frontière, derrière la limite, sur un autre continent, elle est là, derrière la porte, constituée en sanguinaire férocité justement par sa participation obligée à la même perpétration des crimes culturels et mentaux hiérarchisés.

L’humanisme, qui ose se prétendre tel, qui soutient ce Gigantesque "Barnum" est l'antithèse pathologique de l’homme, le contraire de son énergie vitale et de son désir d'être-au-monde ! Nous en sommes là : Les "droits de l'hommisme" et l’humanisme de la marchandisation de notre souffle ! La Volonté Démoniaque d'une Cordialité de la marchandise pour l’homme qu’elle parasite afin de lui apporter la Liberté de s'emparer, enfin, d'elle... douce Marchandise mystérieuse et inaccessible... enfin accessible !

Les hommes diminués en objets, rouages, courroies développent les expressions d'une conscience de bête, d'animal. Et les objets issus de la Matrice acquièrent de plus en plus des qualités presque humaines.

Les "Tamagoshis" n'étaient qu'un test.

Le maître des marionnettes sourit...

Les révoltes ne sont que de banales apparences. Des "pets de lapin", dirait Henry Miller écartelé aux Tropiques ! La Contestation Générale est bel et bien ORGANISÉE pour nous proposer des instants de purges. Soupapes sécuritaires !

Ce monde dominant s'IMPÉRIALISE et s'autoproclame comme définitif, la Mondialisation/Globalisation Carnassière s'étaye sur un Socle qui clame l'enrichissement, le progrès, le développement, la libre entreprise, l'approfondissement de sa sphère nombriliste, cannibale et sado-masochiste. La Mondialisation/Globalisation oeuvre à l'étirement, au déploiement, à l’extension infinie de son modèle Unique et irremplaçable. Dieu... Veau d'Or... Marchands dans le Temple ! Légion !

L'Intelligibilité, la Lisibilité de ce monde (Golem des temps nouveaux suspendu dans l'Espace) ne peut s'édifier que sur le Litige, la Révolte Authentique qui n'a de sens et de réalité (face au Virtuel) qu’en tant que remise en question radicale de la tentaculaire totalité.

Beaucoup sont appelés... peu sont élus... pour comprendre ce qui se trame ici.

"Au-delà du Nord, de la glace, de la mort - notre vie, notre bonheur... Nous avons trouvé l'issue de ces milliers d'années de labyrinthe." Friedrich Nietzsche
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Bande son du moment : "Live in Belgrade" par Vlatko Stefanovski et Miroslav Tadic

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : «Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir.» Alexis de Tocqueville (L'Ancien Régime et la Révolution)

Humeur du moment : Détendu

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25/11/2006

Conserver les yeux ouverts... sur la lumière.

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

Nous nous souviendrons, un jour, de ces états. Le Corps aura ses exigences. Il demandera des comptes à grands coups de « qu’en dis tu vieil abruti ou vieille garce ? », et nous n’aurons plus que nos spasmes pour éprouver une mémoire enfouie refaisant quelque peu surface selon sa convenance. Des chansons liées à des situations, des phrases marquantes, des mots perdus, des non-dits, des souffrances éteintes. Belles cicatrices. Nous nous souviendrons comme des enfants nostalgiques et il nous faudra faire face au flux et, relevant la tête, regarder devant plutôt que derrière.

À Vencane (Ventchané), en Serbie, s'est déroulé la liturgie pour les 40 jours de la mort de ma petite mamie, puis pour les six mois. En Avril prochain ce sera l'année complète cloturant le deuil. Les Rituels organisent tout, inquiètent, finissent par apaiser. J’allume souvent un cierge. Le cierge, là, se consumant lentement à mes côtés, c’est un peu de ma grand-mère qui est là, de sa lumière, de son amour, de toute cette tendresse que je n’ai jamais reçu de personne d’autre avec autant de délicatesse en même temps que de gratuité.

« La lumière est douce et il plaît aux yeux de voir le soleil. » (L’Ecclésiaste, 11,7)

Le feu de chaque cierge est l’expression d’une prière silencieuse montant vers Dieu. À partir du moyen-âge on voit s'élaborer progressivement une symbolique de la lumière lors des cérémonies chrétiennes. La joyeuse lumière vivifiante du matin de Pâques. La lumière rappelle la résurrection de Jésus qui est « la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jean1,9). Une lampe allumée près du tabernacle (ce petit coffre fermant à clef, placé sur l’autel ou à proximité, et abritant les hosties consacrées) en signale la présence lumineuse.

Maintenir allumées chez soi en permanence des lampes ou bougies devant des icônes du christ, des Saints ou de Marie est une habitude très ancienne par laquelle on symbolise la prière de tous ceux qui vivent dans le foyer en question ainsi que leur volonté de vivre sous l’attention de Dieu.

Jésus a dit : « Je suis la lumière du monde », aussi c’est une manière pour nous de dire, à notre tour : « Seigneur éclaire-nous d’avantage afin que nous ne nous écartions pas de ta voie. Seigneur, Dieu Unique, en t’offrant cette lumière, nous t'offrons l'amour, la persévérance et la ténacité, l’abnégation et le don de soi de tous ceux et celles qui nous ont orientés vers toi. Tu donnes la lumière et à présent elle te revient, car tout vient de toi. »

À la nuit tombante, il peut nous sembler que nous passons au royaume des ténèbres. Mais la lumière, en resurgissant à chaque aube, nous éveille à un jour nouveau, elle prend part à l’Esprit Saint de Dieu, à son action créatrice, à ses miracles, à la vie, au salut, à la connaissance.
La lumière, dés la Genèse, apparaît comme ce qui fait être et advenir les choses, comme si la Lumière mettait de l’Ordre au sein du « tohu bohu ». Par la suite, la Lumière se propage continuellement, tout au long du récit Saint, comme un Principe à la fois bienfaisant et joyeux qui réjouit le cœur du juste face aux épreuves.
Lorsque, à l’aurore, la lumière perce la nuit, la menant progressivement vers l’éclat du matin, elle fait émerger les aspects cachés, clarifie et détaille l’envergure et la mesure du monde, sa consistance, sa substance, ses couleurs, ses chatoiements, sa brillance. Tout est, soudainement, déplacement, course, évolution, mouvement et vie. Tout se prépare à accueillir l'homme, comme aux premiers matins du monde. C’est une signification spirituelle par laquelle nous nous trouvons conviés chaque matin à refaire l'expérience de l’éveil d’Adam. Pauvres de nous. Pauvre de moi.
Mais la Lumière, évoquée ici, n’est pas celle du soleil, ni de la lune. Elle est Souveraine en comparaison aux luminaires du jour et de la nuit. Souveraine par la grâce du Souverain de l’univers, elle est sa juste esclave émancipatrice. Elle est l’habit de Dieu, le miroitement de sa Majesté et de sa Gloire. Elle l’escorte et le suit. Les Psaumes l’attestent. De même, l’ancienne Alliance indique que la Loi et la Connaissance sont la lumière du peuple de Yahvé. Aux temps messianiques, Dieu lui-même sera la lumière de son peuple, sa tente sera plantée au milieu des hommes. Les ténèbres n’auront plus aucune emprise sur les élus. À son tour, par la nouvelle Alliance, Jésus affirme : « Je suis la lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de vie. » (Jean 8,12)

Les chrétiens, par le miracle de la lumière pascale, deviennent eux-mêmes « lumière du monde » et leur devoir est désormais de « briller comme des foyers de lumière dans ce monde ». La lettre aux Philippiens dit : « Vous deviendrez inaccusables et limpides – enfants de Dieu sans défaut parmi une génération qui sinue et qui se tord, dans laquelle vous brillez comme des astres dans l’univers. Vous tenez bon au langage de vie », ou selon une autre traduction : « afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d'une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie » (Philippiens 2,15-16)

Chez les Égyptiens de l’antiquité, à la mort du corps physique, 40 jours sont nécessaires pour que l'âme soit totalement délivrée. Le corps dit « éthérique » met 40 jours, selon la tradition, pour se délayer dans l'univers. Tant que les atomes, corpuscules, molécules, particules qui le composent n'ont pas réintégré l’athanor, le creuset de la nature, la conscience du défunt demeure attachée, selon les cas plus ou moins intimement, au monde de son incarnation. Ainsi une cérémonie religieuse était célébrée 40 jours après un décès afin de faciliter la délivrance définitive de la conscience du défunt.

Cependant il ne faut pas intervertir ce qu'on appelle l'énergie « éthérique » avec le corps « éthérique ». L’énergie « éthérique » s’est complètement retirée du physique dans les trois jours qui suivent le décès.

Curieuses résonances avec la mort du Christ et sa résurrection au troisième jour avant sa montée auprès de son Père le quarantième.

Ces choses que j'évoque ne sont pas des professions de Foi. Je me construis comme je peux. J’avance à tâtons dans le Labyrinthe. Mon pouls est calme. Je souris même sans me forcer. Le Corps d’une femme dans la lumière feutrée se repose après l’amour. Son épiderme, subtilement, palpite. Le duvet sur sa peau chante. La croupe appelle. Paupières muettes. Souffle serein. Je considère l’écran du I-Mac sans émotion vive. Un verre de Sauternes. Une bouffée de tabac. Des pensées tranquilles. La Conscience de la menace, c’est tout. Tout autour de ce Jardin à l’écart, dans cette chambre calme, le Monde entier gronde comme un dragon pourrissant.

Sans perdre de vue la Ténèbres, conserver les yeux ouverts... sur la lumière.

« Une fois que l’esprit a assigné sa place à la mort, il guérit, en un sens supérieur de ce terme : il reconnaît en sa vie un chemin qui reçoit tout son sens. C’est dans l’univers, non dans l’individu, qu’elle a son domaine. Là, la mort est sa servante, et non sa souveraine. » Ernst Junger

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Bande son du moment : "Come What(ever) May" par Stone Sour

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « C'était à la fois d'une grande simplicité, et très solennel. L'authentique solennité des moments qui se clouent à la voûte du ciel, ces moments où tout s'efface devant le surgissement de rituels antiques, que l'on croyait oubliés, mais qui sont restés d'autant plus vivants dans les profondeurs de notre mémoire.» Maurice G. Dantec (Grande Jonction)

Humeur du moment : Brave

24/11/2006

La Mort, Psaume à la Vie.

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

La Mort est en tout, dans chaque chose que plus personne n’ose regarder en face. La Mort est l’essentielle question de toute notre vie. Elle est le sillon à partir du quel nous nous devrions de semer le moindre de nos actes, notre pensée la plus profonde pour l’encercler, notre pensée la plus plate pour la fuir, notre souffle le plus inquiet ou le plus serein. Pourquoi ô pourquoi pleurer autant ma pauvre mère, ne savais-tu pas que cela finirait ainsi ? La Mort ? La vie ne nous parle que de cela. Abordez n’importe quel sujet, vous verrez poindre la mort ; évoquez la foi et l’espérance, le vide existentiel : la Mort. À quoi bon parler de la douleur, la maladie, vous parlez de la mort sans prononcer son nom. Lamartine et son lac et son temps qui lui échappe ? La Mort. Vous avez le souci de votre apparence ? La Mort. Et même quand vous faites un crédit pour votre maison, sur 20 ans… mon Dieu, où serais-je dans 20 ans ? La Mort est là, tapie à attendre, organisant sa percée secrète. La mort est la composante qui demeure quand tout a été dit, ou qu’il n’y a plus rien à dire, où qu’on ne semble plus ou pas être en mesure de dire quoi que ce soit. La Mort est ce qui fini par poser, toujours, la question finale tout en se proposant d’être le portail qui mène à la réponse. La Naissance d’un enfant ? La Mort. Tout s’articule autour de la mort mais, dans notre société, notre culture décadente, notre culture de mort, justement, par contrecoup, par ricochet, à mots couverts, par langage codé et insinuation, lexique elliptique. Toute notre existence est une épiphanie de la mort allégorique et silencieuse.

Parler de la Mort ouvertement devrait être le début d’un Psaume à la Vie.

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Bande son du moment : Futures compositions et idées diverses pour mon groupe VENICE

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « La mort d'un homme peut être l'occasion ou jamais pour un groupe de se souder pour de bon, de se matérialiser en tant qu'entité vivante, avec toutes ses contradictions.
La mort, en ce sens, peut être créatrice, il suffit de la regarder bien droit dans les yeux.»
Maurice G. Dantec (Grande Jonction)

Humeur du moment : Vif

23/11/2006

Regarder notre future mort en face nous rend Libre.

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

Tôt ou tard on fini par crever.

La poussière nous accueille comme il se doit.

Chacun le sait mais poursuit sa danse funeste.

C’est banal que tout cela.

On a l’outrecuidance de croire que notre disparition future ne nous concerne guère. « Qui vivra verra. » Il est facile même de dire « on » verra. Ce « on » ne s’applique à personne en particulier. Mais ça nous enlève un poids considérable. Chacun étant soumis aux affaires d’une bien angoissante absence d’angoisse, il ne faut pas nous sentir happés par des questions concrètes. Les petits soucis à la petite semaine qui nous dispensent de la préoccupation essentielle : la Mort. Il ne faut pas, cependant, que la méditation fondamentale nous dispense de mener à bien l’action sociale qui est la nôtre. L’action sociale… autant dire : l’agitation… nous interdit de penser notre propre disparition. C’est notre convenance. Mortels, nous nous empêchons de regarder en face ce fait irrévocable : nous mourrons, nous y allons clairement, vers notre fin, mais à reculons, les yeux bandés, le cerveau éteint, les neurones absents. Car l’Angoisse vraie est bien celle-là : nous sommes au monde pour mourir. Refuser de considérer cela c’est refuser de considérer l’essentielle question. La penser c’est contribuer à se penser soi-même. Nous pensant nous-mêmes de la sorte nous réintégrons le cercle en spirale ascendante qui est notre couronne cachée. Nous rendons à l’existence sa signification faisant sens. Nous dominons, alors, notre couardise, notre peur de nain post-moderne, nous rejoignons la voie de la Liberté d’être au monde pour mourir. C’est la seule vraie angoisse que nous nous devons de surmonter car elle monte de notre propre abîme. Dés notre venue au monde la Mort peut nous cueillir. Il n’y a pas d’age pour mourir. « Tu nais seul, tu meurs seul, entre les deux tu as des faits divers, arrange-toi avec »disait Léo Ferré. Penser sa Mort c’est contribuer à fonder son individualité. C’est d’autant plus vrai que notre Mort personnelle est, vraiment, une affaire impossible à répartir, à associer à qui que ce soit. Ce que nous éprouverons à cet instant précis ne pourra être donné à qui que ce soit. Les Maîtres Bouddhistes eux-mêmes, clamant en être revenus, en Tanathonautes expérimentés, ne nous laissent que des descriptions imagées qui fertilisent notre imagination de mythes supplémentaires.
Concrètement, tout décès est isolé, même si nous sommes entourés par nos très proches. Tout décès est stupéfiant, inouï, exclusif… d’exception.

La Liberté consiste à se savoir, sans cesse, promis à la disparition, au cadavre futur qui s’élabore déjà en nous et à pourchasser tout ce qui nous intime l’ordre de nous détourner de ce fait.

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Bande son du moment : "Frances the mute" par The Mars Volta

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l'homme, ce n'est pas la mort, mais la crainte de la mort ?» Épictète

Humeur du moment : Paisible

22/11/2006

Allumons un cierge... ça va aller. (II)

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

De nombreux témoignages, dès l'antiquité chrétienne, attestent de la présence de cierges allumés dans les cérémoniaux de la liturgie naissante. Ils accompagnent le prêche qui proclame l'Evangile, ils annoncent la cérémonie de l'Eucharistie au Nom du Christ, précédant le ministère de celui qui va accomplir la liturgie ; ils se consument sur l'autel et indiquent, symboliquement, la présence de la Lumière ; ce sont comme des sourires confiants dans les ténèbres appelant à la liesse spirituelle, à l’enchantement durant les cérémonies qui conviennent. Au cours des cérémoniaux d'introduction à la communauté chrétienne d’un nouveau venu, un cierge allumé est remis au converti après avoir été allumé au cierge pascal. Signe d’adoration et de prières, l’usage du cierge est bientôt suivi par l’usage d’une lampe brûlant sur l’autel pour indiquer une présence. On allume des cierges durant les veillées au mort afin de montrer le respect envers le corps d'un baptisé. Les cierges allumés nous rappellent le sens de la vigilance. Quand ils accompagnent une procession, un pèlerinage, ils participent à l’avancée sur le chemin de la Foi. Le cierge pascal représente le Christ ressuscité.

L’existence, selon le mot de Heidegger, je crois, c’est bien être « hors de », ex-sistere. On se projette avec fureur vers cette abstraction qu’est l’être sensé nous précéder et nous inviter à la conquête de soi et du monde. Mais nous n’y parvenons pas, même lorsque Socialement la vie nous sourit. Alors, nous nous projetons vers les probables soupirs de satisfactions ou de larmes, vers les sentiers concevables, le vraisemblable de notre triste incarnation. C’est dans cette projection seulement que les choses semblent devenir significatives. Nous nous voilons l’être qui, bien que semblant purement idéel est bel et bien accessible par la chair incarnée. Là se poursuit la course anxieuse, l’embarras angoissant de notre cathédrale ambulante. La correspondance ne s’obtient pas, l’accord ne sonne pas, le recoupement n’a pas lieu. « Soi » est ailleurs, dans un virtuel qui nous accable. Seul le phantasme vaut son pesant de néfastes croyances.

Allumons un cierge... ça va aller.

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Bande son du moment : "De-loused in the Comatorium" par The Mars Volta

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Si la mort n'est pensable ni avant, ni pendant, ni après, quand pourrons-nous la penser ?» Vladimir JANKÉLÉVITCH (La Mort)

Humeur du moment : Clairvoyant et joyeux... détaché.

21/11/2006

Allumons un cierge... ça va aller.

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

Ma fille ne parle pas de ma grand-mère. Mais son regard triste en dit long. Mon fils, par contre, a une connaissance de la chose instinctive et plus subtile qu’il n’y paraît avec ses 10 ans. Plus on est jeune plus on est proche du mystère de la non-existence dont nous fûmes tirés, ce qui permet une approche bien plus évidente quant à une méditation concernant notre condition éphémère.

Ma grand-mère maternelle est morte le 7 Avril dernier. Après une longue agonie et des antécédents, relatifs à sa santé, très lourds. Je pense à elle tous les jours. Ma petite mamie à l’odeur de miel. Ses bras tendres autour de moi, petit. La consolation incarnée.

L’Homme n’est rien d’autre qu’une claire et limpide hypothèse non encore parvenue à son potentiel enfoui. Ce potentiel se doit d’être toujours élargi et augmenté. Ces possibles enfermés dans le cœur de l’inconsciente demeure de l’Être ne peuvent se révéler que dans une accointance avec sa future mort. Mortels, nous sommes confrontés à cette capacité incapacitante qui est susceptible de nous révéler à nous-mêmes de notre vivant, si toutefois nous sommes capable de l’assumer comme un possible de chaque instant. Dés notre conception la Mort s’affirme comme probable, comme… incontournable.

Je revois comme dans un film, alors que ma grand-mère flotte dans un coma irréversible, son homéopathe affirmant que sa fin est proche. Il suggère d’allumer des bougies et de rendre la pièce où elle dort à la fois vivante et paisible. Et ma mère s’exécutant. Et moi, la soutenant du mieux que ma vie d’homme me le permet. Ce mot, de mémoire, d’André Malraux, affirmant qu’il faut soixante années pour faire un homme et qu’ensuite il n’est plus bon qu’à mourir. C’est comme une injustice. Mais c’est une logique implacable. Ma petite mamie, mon petit écureuil espiègle qui s’est brisé, mon joli papillon d’amour qui s’est brûlé. Son Corps ne souffre plus. Mais je n’ai plus d’enfance, elle semble partie avec elle. Me restent les souvenirs qui m’asphyxient. Je parle de ce que je ressens, là, maintenant. Demain, après-demain, ça ira mieux bien-sûr. Depuis le 24 décembre 2005, au matin, son agonie silencieuse m’a laissé sans voix. Elle a duré jusqu’au matin du 7 Avril 2006, vers 00h15. J’ai pu trouver de la force pour tenir debout. J’ai une épouse et deux enfants, tous trois beaux et admirables et aimés par mon cœur, mon âme, tout mon être. C’est très précisément cet amour que m’a légué ma petite mamie qui, pour moi, sentait et sentira toujours le miel, que je leur donne et transmets.

Ma mère effondrée. J’ai peur pour elle. Elle me dit : « C’est terrible de se retrouver orpheline. » Ses larmes continuelles, ses sanglots qui lui fracassent la gorge, lui coupent sa respiration, son hystérie Slave, mon Dieu, comme j’y suis sensible, mais en même temps tellement détaché de ce pathos. Nous ne pouvons rien y faire. C’est dans la nature des choses de naître pour mourir. Ma mère tu mourras un jour et je devrais t’enterrer, c’est d’une logique implacable, à moins que la Vie en décide autrement et que je ne parte avant toi.

Allumons un cierge, ça va aller.

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Bande son du moment : "Above & Below" par Leon Parker

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « La jouissance sans contrepartie est l'arme absolue de l'émancipation individuelle.» Raoul Vaneigem (Le Livre des Plaisirs)

Humeur du moment : Combatif et Jouisseur...

20/11/2006

Chacun son deuil... mais la Mort n'est pas démocrassouillarde...

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Je vais rarement sur les tombes des quelques personnes qui comptent. Elles sont si loin de moi. En Serbie. Mais une fois là-bas, je ne fais que participer aux rituels préexistants. Que faire d’autre ?
Je me souviens avoir lu un long poème en français à la mort de mon grand-père maternel. C’était un long poème de ma composition, sans aucun doute de mauvaise qualité. Mais c’était mon exorcisme à moi. Ma sainte nécessité. Que Dieu me pardonne, on se soigne comme on peut. Les gens étaient restés bouche bée. Les serbes sont durs et rustiques. Quand ils ne veulent pas comprendre quelque chose il ne faut pas leur imposer quoi que ce soit. Il est préférable de se marrer et de boire cul sec un verre de Slivotits en prenant les choses telles qu’elles sont. Ma mère n’avait pas apprécié. Mais j’ai lu mon poème jusqu’au bout parce que c’était important pour moi. C’était mon instant à moi devant le cadavre de mon papi. Et il était beau mon papi. Vivant comme mort. Il me fallait créer ce lien, l’inscrire, le nouer en cet instant pour ne jamais le défaire. Et je ne l’ai jamais défais depuis. C’était il y a 22 ans.

Prévenus du décès, ma mère s’est organisée en 24 heures comme elle sait le faire, moi étant, alors, en proie à une profonde dérive existentielle qui semblait ne pas vouloir s’achever. Nous avons pris la route, ma mère, moi, ma tante et un cousin. Et sur l’autoroute je me suis abîmé en une longue errance dans mes souvenirs d’enfance, tandis que ma mère tenait le volant avec cette détermination qui est la sienne en fixant le goudron qui se déployait devant elle. Arrivés nous nous sommes soumis au protocole culturel et c’est le trou noir dans ma tête. Mais je me souviens bien d’avoir lu mon poème. On a besoin de détails, comme ça, qui participent à une sorte de fondation du souvenir. C’est comme les pierres tombales. Le marbre ça résiste au temps, ça persévère.

Même en lisant le Hagakuré et en méditant longuement dessus on ne peut qu’avoir une approche de l’expérience du mourir et non de la Mort en tant que telle. Les grands maîtres du Bouddhisme, disent y avoir été et en être revenus. Décidément, la méditation est un acte surprenant.

Le mourir exerce sur nous tous une séduction de premier ordre. Les jeux vidéos violents nous le montrent sans cesse, les films Hollywoodiens, les romans misérabilistes, les actualités. C’est une piètre manière de purger le vrai fond du problème qui est bel et bien la Mort elle même.

Songeant au Hagakuré, j’en viens même à remettre en cause ce qu’on a généralement l’habitude de dire en clamant : « Il y a une justice : au moins sommes-nous tous égaux dans la Mort. » Je ne le crois pas un seul instant. Nous ne sommes égaux ni dans le mourir ni dans la Mort. Comment comparer de manière équivalente le sacrifice d’un guerrier au suicide d’un lâche ? Je n’y parviens pas. À chaque individu sa mort. C’est qu’on tient à tout prix à nous égaliser de notre vivant comme de notre mort. Cela rajoute du cafouillage au désordre ambiant et cela autorise les dérapages symboliques les plus absurdes.

Il y a une injustice dans la vie et même dans la mort, là est la vérité.

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Bande son du moment : "The Servant" par The Servant

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « L'expression "mort naturelle" est charmante. Elle laisse supposer qu'il existe une mort surnaturelle, voire une mort contre nature.» Gabriel Matzneff

Humeur du moment : Pensif

19/11/2006

La pourriture ou le feu ?

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Jusqu’à peu je ne m’imaginais que brûlé après mon décès. La peur de revenir à moi dans le fond du trou. De n’être pas tout à fait mort. L’angoisse d’être là, de le savoir et de n’avoir plus qu’à crever une seconde fois, en étouffant. Aussi je me disais : « Hop ! Au crématorium et on en parle plus ! On passe à autre chose. » Mais, finalement, instinctivement cette démarche me semble être sujet à caution. Il y a là-dedans quelque chose d’équivoque. Comme un mépris de soi supplémentaire jusque dans la Mort. En même temps la tentation Hindouiste et Bouddhiste me parle aussi. J’ai le cul entre deux chaises. Je ne cesse de citer ce mot de Nietzsche :« Le corps, cette raison supérieure. » Justement, peut-être faut-il être en mesure de laisser le cadavre à son destin de décomposition et de réaménagement en rapport à sa réalité nouvelle. Y songer.

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Bande son du moment : "Degradation Trip" par Jerry Cantrell

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : "Mourir en combattant, c'est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant, c'est payer servilement à la mort le tribut de sa vie." William Shakespeare (La vie et la mort du roi Richard II)

Humeur du moment : Fatigué

13/11/2006

Penser la Mort avant qu'elle ne nous pense.

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Je songe à mes grands-parents maternels, à mon père, à mes amis partis et je leur parle. Je ne sais pas s’ils m’entendent. Et autant le dire tout de suite, ça n’a aucune importance. Je me rassure sans doute. Et ça fonctionne très bien. Je me rapproche d’eux. Je leur fais part de mes regrets. Ma tristesse. J’espère qu’ils sont, à présent, hors d’atteinte, en paix, qu’ils ont trouvé l’asile du sommeil ou de la béatitude. Allez savoir, chers lecteurs. Mais j’en tire un suc, de ces instants intimes. Une méditation concentrée et concentrique. Un Vortex qui aspire et inspire.

La Mort, à bien y songer, n'est qu'un simple détail... c'est un éclair... puis le calme de la nuit sans souffrance... ou alors la Lumière Glorieuse de Dieu. Seule barrière psychologique conséquente : la souffrance. Alors c'est là-dessus que je m’abîme et me rétabli dans la méditation. Sur la Souffrance. En tenant, par exemple, le HAGAKURÉ de Jôchô Yamamoto (1659-1719). Bonne petite introduction : Ghost Dog, la Voie du Samouraï, film de Jim Jarmusch sorti en 1999. « Le Japon moderne et l'éthique Samouraï » de Yukio Mishima (commentaire du Livre de Jôchô Yamamoto) est à conseillé d'avantage. Jôchô Yamamoto. Samouraï et Bouddhiste. La Paix intérieure passe par une connaissance profonde de la Guerre. Et plus clairement de « La Voie du Guerrier ». Le sens de la dévotion envers l'Amour et le sacrifice envers la Communauté. Quand il faut. Quand on doit. J'ai toujours été Pacifique. Jamais PACIFISTE ! Que l'esprit perspicace exerce son entendement. Le Pacifisme je le laisse aux Rebatet, Brasillach et autres Drieu ou Céline. Plumes flamboyantes, mais corruption existentielle et politique. Pacifistes, donc, collaborateurs. Je ne mange pas de ce pain là. Ceux qui ne sont pas prêts à se positionner, à franchir le cap... qu'ils fassent de la littérature sans casser les couilles. Peut-être ai-je parlé trop vite, Drieu s’est positionné et a franchi le cap. Même Malraux, son « frère en Dostoïevski et Nietzsche », n’a été en mesure de l’arracher à son destin. Le salaud s'est purifié par un suicide lumineux.

J’assure, qu'en cet instant, tout le reste n'est que du putain de blah-blah-blah... pour se rassurer et se donner bonne conscience. Dieu n'aime pas la violence... mais Dieu déteste encore plus les tièdes.

Et ce que je nomme Dieu, ici, n'est pas ce que vous croyez... démerdez-vous... vous êtes grands, majeurs et vaccinés... et je ne suis pas spécialiste en Théologie.

L’Être authentiquement libre est un Être pour la Mort. Un Être pour la Mort est un Être réellement vivant. La Mort ne le surprendra pas plus que ça lorsqu’elle se saisira de lui. Penser la Mort et penser en fonction d’elle c’est la précéder, la surclasser, la surpasser, par la pensée au moins. Ça nous fraye un chemin dans l’existence. On sait alors véritablement ce que mourir signifie et implique. Le sens du sacrifice n’en est que plus appuyé. On imagine alors avec une grande clairvoyance dans quels cas on pourrait être amené à se conformer à, à obéir à la situation d’une abnégation de soi, d’un renoncement à la vie pour un sacrifice propitiatoire de sa personne en gardant sa raison comme une couronne. En vérité, la Mort nous escorte toute la vie durant en tant qu’élément nécessaire de tous ses instants. Elle est indiscutablement liée à l’essence de ce que nous sommes.

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Bande son du moment : "The Great Depression" par Blindside

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Humeur du moment : Pensif

11/11/2006

Ne Chantez pas la Mort

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La Mort ? Mieux vaut, donc, n’en pas parler. C’est un sujet pour les poètes maudits, les médecins et les croque-morts, les veufs et les veuves dont nous ne sommes pas. Rappelez-vous la chanson de Jean-Roger Caussimon, chantée par Léo Ferré :

« Ne chantez pas la Mort, c'est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu'il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C'est un sujet tabou... Pour poète maudit
La Mort... La Mort...
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l'amour
La Mort qui nous attend, l'amour que l'on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort... La Mort...

La mienne n'aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul, dans la main une faux
Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu'il faut
La Mort... La Mort...
De grands yeux d'océan, la voix d'une ingénue
Un sourire d'enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort... La Mort...

Requiem de Mozart et non Danse Macabre
Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns !
La Mort c'est la beauté, c'est l'éclair vif du sabre
C'est le doux penthotal de l'esprit et des sens
La Mort... La Mort...
Et n'allez pas confondre et l'effet et la cause
La Mort est délivrance, elle sait que le Temps
Quotidiennement nous vole quelque chose
La poignée de cheveux et l'ivoire des dents
La Mort... La Mort...

Elle est Euthanasie, la suprême infirmière
Elle survient, à temps, pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort... La Mort...
Le Temps, c'est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort, c'est l'infini dans son éternité
Mais qu'advient-il de ceux qui vont à sa rencontre ?
Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter
La Mort... La Mort...

La Mort ?... »



Les médias passent leurs temps (ou plutôt ce temps qu’ils nous volent par l’hypnose) à la représenter, la Mort. Massacres ,viols et tueries sont orchestrés et esthétisés sans cesse au Cinéma. Arnold Schwarzenegger, cyborg blessé, froid et impassible, en sueur, lignes de cambouis sur la joue, considère ses victimes en se remontant ses burnes bioniques juste après avoir soufflé dans son canon tout chaud qu’il tient comme sa queue. La petite fille reluque ça en contenant son émotion libidinale. Le petit garçon jouit. Alors, discrètement, on prévoit une assurance obsèques. Quoi que nous observions ou entreprenions, la perte de la compréhension du langage et de son utilisation est monumentale : on déblatère des conneries, on brasse du vent, sans savoir de quoi on jacte. On est à côté de la plaque.

La Vie, bientôt, ne sera conçue et amenée au monde que par des procédés et procédures d’ordre techno-scientifiques. Logique qu’alors le problème de la Mort se déplace vers une sphère uniquement pratique. Les Religions traditionnelles tombant dans l’oubli, on tente, au petit bonheur la chance, de combler le vide du questionnement. Le terme n’est pas approprié car, en vérité, de questionnement il n’y en a même plus. Pascal, à son époque, le notait déjà avec une angoisse évidente et depuis La mort de Dieu postulée par Nietzsche les choses ne se sont guère arrangées. La Mort n’est plus concrétisée. Elle ne s’accomplit plus. Elle devrait être une préparation de toute une vie mais ce principe ne s’accorde plus aux penchants et profits de notre temps. La Mort est devenue insignifiante et totalement impersonnelle. La Mort est devenue quelque chose de foncièrement bateau. Même les soi-disant Kamikazes qui se font exploser à la queue le leu ont fini par banaliser le sacrifice personnel pour une cause. Il y a beaucoup de haine de soi dans tout ce processus. Bientôt les Djihadistes seront remplacés par leurs clones qui pourront en remettre une couche dans l’angoisse, le sang et l’horreur.

« Quand nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c'est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui jouit aujourd'hui d'une faveur toute particulière, nous rend complètement aveugles en face de l'essence de la technique. »

Martin Heidegger, La question de la technique (1953)


« L'essence de la technique, je la vois dans ce que j'appelle le Gestell. […] Le règne du Gestell (" arraisonnement ") signifie ceci : l'homme subit le contrôle, la demande et l'injonction d'une puissance qui se manifeste dans l'essence de la technique et qu'il ne domine pas lui-même. Nous amener à voir cela, la pensée ne prétend faire plus. La philosophie est à bout. »

Martin Heidegger, interrogé par "Der Spiegel". Réponses et questions sur l'histoire et la politique

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Bande son du moment : "Grand Canyon & Mississippi Suites" par Ferde Grofé

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Humeur du moment : Joyeux

10/11/2006

Et si tu vivais un peu, ami mortel ?

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Si, par malheur, vous devenez l’élu d’une Conscience Supérieure, si Eros remporte dans votre fibre la partie au terme de multiples guerres, à la force de votre sabre, soyez alors persuadés que vous mourrez comme un Être-Humain. Car Philosopher consiste bien à apprendre à mourir. Mais je dis « par malheur » car, alors, d’autres épreuves vous attendent : fiel et ressentiment à votre encontre. Voilà ce qu’évoque un éveillé au milieu des mort-vivants.

L’animal s’éteignant ne meurt pas. C’est une pile qui se décharge. Nous, pourvus de notre application civilisée, de notre sens moral, de nos affligeants espoirs culturels post-modernes, nous tendons, malgré tout, de plus en plus à périr comme une bête. C’est ce qui nous rend la mort d’un animal tellement émouvante, non que nous nous sentions émus d’appartenir, comme jadis nos ancêtres troglodytes, au même règne vivant, mais bien parce que la débandade est présente dans chacun de nos actes et, plus particulièrement, dans celui qui consiste à méditer notre propre mort face à face. Nos rites, nos cérémoniaux toujours recommencés et réinventés ne sont devenus, avec le temps, que des fuites bien vaines qui ne nous rendent qu’un peu plus asphyxiés par nos névroses familiales.

Car l’Humain est une nature pour la Mort, un individu pour la Mort, c’est son affaire première. C’est même la seule grande affaire qui vaille la peine d’être considérée et ça lui est intolérable. Mais c’est ainsi.

Ferme ta gueule. À quoi bon faire cette tronche de déterré, précisément.

Valsez cher ami et passons à l’essentiel. Oui, Vivons un peu bordel !

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Bande son du moment : "The Prodigy, Their Law - The Singles, 1990-2005" par The Prodigy

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Humeur du moment : Fatigué

08/11/2006

Mourir comme un Rat

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Parce que la Mort c’est, comme la Vie, une affaire entre soi et son Corps. Mais on n’ose plus la danse, la caresse, la jouissance sans entrave. La jouissance sans entrave mais sous l’éclairage de la raison. Une Éthique.

On flirte mal, comme des puceaux, des vierges mal excitées. On flirte et on s’branle vite fait mal fait. Vous me direz, ça purge tout de même et la purge ça rassure pour quelques heures. Mais, en attendant, c’est nous tous, sans aucune exception, qui nous faisons enculer par le diable, le sympathique curé ou son alter ego intégriste, par le mufti de mes deux ou le Pape, par « Act Up » ou « les Chiennes de garde ». La sexualité larguée d’une époque qui ne sait pas qui elle est. Qui peut se regarder soi-même avec une conviction appréciable et se dire : « Tu es beau ou belle, je t’aime, sans emphase mais je t’aime, tu me portes et me supportes, nous sommes la fine fleur de notre propre équipe, moi, moi-même et Je. Oui, je t’aime vraiment, sans limites d’aimer mais sans exagérer, avec une modération réjouie, badine et vive, sémillante comme le chant lumineux des oiseaux à l’aurore. » ???

Thanatos nous fait danser, selon son bon vouloir, une danse sans finesse. Thanatos aime inspirer tout juste la survie. Lourde, indigeste, oppressante. Une survie soumise. Si Eros parvient à surnager de la ténèbres de ce dernier : que de désastres ! Mais d’entrée, la lutte est disproportionnée. Le limon de millénaires de morale, accablante, émasculatrice. Le vomi et la merde des abysses. Ne croyez pas, avec une naïveté réactionnaire, que jadis c’était mieux. C’était juste une autre forme. Point. Tenir le coup en serrant les dents et en taisant sa souffrance, c’est tout ce qu’on a jamais tenté. Se faufiler comme un rat. Mourir comme un rat.

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Bande son du moment : "Symphonie n°: 9" par Dvorak

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Humeur du moment : Calme

07/11/2006

La Mort se joue de nos sexes...

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La petite fille prenant conscience qu’elle n’a pas de pénis jalouse le petit garçon. Mais le petit garçon jalouse la petite fille de ne pas pouvoir donner la vie, aussi décide-t-il de donner la Mort. Ses jeux le montrent bien en cow-boy ou voyou débonnaire, pirate des caraïbes ou partisan dans le maquis de son imaginaire intemporel. Et la terre tourne. Car la Mort n’a pas lieu à la fin de notre vie. Notre décès n’est qu’un rendez-vous culminant, un paroxysme. La Mort a court de notre vivant et, ce, dés notre cri premier. Car la Mort nique Eros, c’est bien connu. Quel couple que celui-là ! On le sait mais on baisse les yeux et on scrute notre vide, on tente une parade pour ne pas regarder la réalité dans le blanc cadavérique de ses yeux. On préfère l’agonie de notre lourdeur, de nos transgressions, nos impardonnables fautes. Le démon doit bien se marrer. Il se fend la gueule avec nos corps dénués d’enchantements et de magie incarnée.

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Bande son du moment : "Mezzanine" par Massive Attack

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Humeur du moment : Triste