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07/07/2007

Le Salut par les Juifs - III : Doc Gynéco, Christine Angot, entretien croisé avec David Reinharc

=--=Publié dans la Catégorie "Le Salut par les Juifs"=--=





Je n'aime ni la musique de Doc Gynéco, ni la littérature de Christine Angot. Angot me donne l'impression de s'adonner à une Catharsis continue dans ce qu'elle écrit et dit. De la névrose, de l'hystérie couchée sur papier. Écrire, à mon humble avis, ne peut se résumer à cela. Quant à Doc Gynéco, il manque singulièrement de structure intellectuelle, mais il a eu une grosse paire de couilles pour avoir osé soutenir Sarkozy, même si celui-ci est critiquable. Il n'empêche que dans cet entretien croisé ils assainent quelques vérités que peu de monde, par les misérables temps qui courent, ose évoquer.

Merci à mon pote Jean-Marc...... dit "Jean Jean", de m'avoir communiqué ce lien.

Bonne lecture...
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Entretien croisé de Doc Gynéco et Christine Angot
par David Reinharc / Israël magazine
dimanche 20 mai 2007 - 22:15


Cette défense des Juifs de la part de deux personnalités qui ne le sont pas - Christine Angot et Doc Gynéco - a quelque chose de très émouvant. Je crois que cette attitude - plus répandue qu'on ne le croit - a sa source dans le sens de la justice et de la vérité. Pour moi ce sont des Justes des nations. On ne mesure pas assez le courage qu'il faut à ces deux-là, et surtout à Doc Gynéco, pour ramer ainsi à contre-courant d'une opinion hostile à Israël et aux Juifs, ou trop lâche pour marquer leur différence en se distançant des propos antisémites et/ou anti-israéliens. (Menahem Macina).
"Le rap, c'est le bras armé du djihad" ; "Quand les jeunes de banlieue voient des fours et des charniers, ils adorent cela!" ….
 
Doc Gynéco ne tait rien de ce qu'il a envie de dire. Pour lui, né justement à la périphérie de Paris, les "jeunes de banlieue ont besoin de tuer en vrai. De voir le sang", tandis que pour Christine Angot [1], "nous sommes encore dans la France du Chagrin et de la Pitié" [2].
Après le meurtre d'Ilan Halimi, la vague d'antisémitisme, l'opprobre jeté au visage de la petite nation israélienne, il paraît clair que le monde, après lecture de cet entretien, a déclaré la guerre aux Juifs. Et chacun va devoir choisir son camp, le refus de choisir étant lui-même un engagement.
Sartre disait qu'"on n'avait jamais été aussi libre que sous l'Occupation".
On peut lire ces propos dérangeants avec détachement ou alors se dire : et si c'était vrai ? On n'a jamais été aussi libre.

David Reinharc [3] : Le rap est-il devenu un instrument de propagande ?

Doc Gynéco : En réalité, il ne milite plus ni pour le hip hop ni pour le public : le rap s’est aujourd’hui islamisé. Akhenaton est musulman, comme de plus en plus de rappeurs. Ils sont en guerre : le rap, c’est un peu le bras musical armé du djihad.

Christine Angot : Quand des gens prennent la parole, certains peuvent s’imaginer que le fait de dénoncer les met hors du processus violent…

Doc Gynéco : Ils gardent le sentiment d’être des artistes, même s’ils sont manipulés. Ils se sentent tous communistes, éducateurs du peuple, professeurs des jeunes de banlieue. Ils ne savent pas ce que parler veut dire. Ils portent un tee-shirt du GIA ou de Ben Laden comme on porte un tee-shirt du Che. Par contre les rappeurs qui s’en sont sortis ont conscience de cette manipulation.

David Reinharc : Diams, on a plutôt le sentiment que ce qu’elle pense est en adéquation avec ce qu’elle chante….

Doc Gynéco : Oui, elle y croit. Elle ne se rend pas compte de ce qu’elle dit. Mais I AM , il sait ce qu’il fait. Pourtant, ils font un art entièrement inspiré des Noirs Américains. Mais ça ne les intéresse plus depuis dix ans. Ils sont manipulés par la violence, par les films d’action, mais c’est une violence organisée et structurée de kamikazes, pas une violence de vrai révolutionnaire. Je baise la France : tous les rappeurs de Marseille à Paris chantent ça comme un seul homme.

David Reinharc : Se faire dynamiter s’apparente à de la résistance : le groupe de rap Sniper…

Doc Gynéco : Vous citez une phrase plutôt gentille. Ca me rend triste. Je suis contre l’islamisation du rap.

David Reinharc : Il existe malgré tout des groupes, doués et militants, qui savent très bien ce qu’ils font : Médine, l’album Jihad, Kamelancien, Keny Arkana, qui vient de l’extrême-gauche, instrumentalisent le rap à des fins de propagande politique…

Doc Gynéco : Moi, le terrorisme, j’ai fini d’y croire quand une bombe a explosé à Tati Barbès.

David Reinharc : Parce qu’avant, vous y croyiez ?

Doc Gynéco : Je pouvais croire, oui, à une forme de révolte par les armes.

David Reinharc : Contre qui ?

Doc Gynéco : Jean Moulin ! Vichy. « Pour plus de justice » etc. Mais l’attentat à Barbès m’a profondément heurté : des arabes tuaient des arabes. Ceux d’Algérie d’il y a pas longtemps. Je peux comprendre l’attentat de Port-Royal, même la prise d’otage des Juifs par les Palestiniens mais la bombe à Tati Barbès, là, je ne saisis plus.

David Reinharc : Des « victimes innocentes » ?

Doc Gynéco : On peut dire ça comme cela… On ne comprend plus leur combat.

Christine Angot : Dans un propos artistique, la question de la complaisance se pose toujours, mais je ne pense pas que les textes des artistes soient responsables des actes réels. Même la musique militaire n’est pas responsable des guerres.

David Reinharc : J’ai posé une allumette près d’une flaque d’essence, mais ce n’est pas moi qui ai mis le feu…?

Doc Gynéco : Médine, c’est pourtant le genre de personne qui poserait une bombe à Tati Barbès. L’Histoire, contrairement aux jeunes, il la connaît. Il sait, lui, ce que veut dire Jihad, pas les jeunes. Il utilise des moments essentiels pour les islamistes et il les met en musique. Cela a un impact latent, vicieux, sournois.

Christine Angot : Avoir un propos sur une réalité violente, c’est intéressant. En revanche, esthétiser cette réalité, ce n’est intéressant ni pour la société ni pour l’art.

Doc Gynéco : Sous couvert des idées communistes, le rap met en musique l’islamisme et les actions d’Al Qaïda.

David Reinharc: Dans le rap, on trouve le vocabulaire de l’islam contre l’Occident et aussi, paradoxalement, le culte de la société de consommation…

Doc Gynéco : C’est là qu’ils sont de droite. Ils ont oublié ce qu’est le rap américain. Mais c’est vrai que la tendance, dans le rap, est la conversion à l’islam. On se convertit à l’islam pour entrer dans le rap. Ce qu’ils aiment toujours, dans le rap des Noirs Américains, c’est la flambe et les femmes. Mais le message de paix s’est effacé. Le rap intello, ça n’existe pas.

David Reinharc : A l’exception d’Abd Al Malik – soufi, et qui n’est donc pas salafiste…

Doc Gynéco : Oui, lui je l’aime bien, mais il est arrivé en 2007.

David Reinharc : Vous-même, faites-vous un « rap de droite » ?

Doc Gynéco : Ce qui fait dire que tu es de droite quand tu es rappeur, c’est la façon dont tu vas gérer ton argent. Ne pas oublier qu’on n’en a jamais eu. On a donc un rapport avec l’argent, lié à la flambe.
Christine Angot : Oui, mais la flambe ce n’est pas une attitude bourgeoise…

Doc Gynéco : Les nouveaux rappeurs ont tous les codes des gens de droite : le cigare, le champagne, la bagnole…

David Reinharc : On trouve dans les textes de rap – Kamelancien, I AM, Sniper… - beaucoup de textes haineux contre Israël et les Juifs. Avec aussi un clip qui met en scène une liquidation d’Américains…

Doc Gynéco : On est en train de rendre les jeunes de banlieue complètement fous. Scorcese, les Affranchis, etc., ça pouvait se situer dans une esthétique qu’on n’aime pas, mais il y avait au moins des valeurs.

Christine Angot : Est-ce que c’est l’apanage du rap ? C’est l’ensemble de la société qui est concerné par l’antisémitisme.

David Reinharc : Mais pourquoi le rap est-il venu se cristalliser sur la question juive ?

Doc Gynéco : On utilise l’extrême gauche à de mauvaises fins. Ils critiquent l’argent, la bourgeoisie, les riches et donc, dans l’imaginaire collectif, les Juifs. On a réussi à opposer les Juifs à toutes les races : bientôt, même les Chinois seront de la partie. Avant, dans les quartiers, c’était Juifs versus Arabes. Maintenant, ça ne fait plus rire personne. Toutes les communautés sont en guerre contre les Juifs et je n’accepte pas ça.

Christine Angot : L’air du temps veut imposer l’idée que la violence faite aux Juifs n’est pas plus grave que la violence commise contre d’autres groupes. Sauf qu’il y a une spécificité particulière. Personne ne veut plus l’entendre. Cette volonté de nier la spécificité juive et la spécificité de la Shoah n’est pas propre au rap. Cette musique est juste un reflet de ce déni.

Doc Gynéco : Je veux en revenir à ce que représente la mort pour les jeunes de banlieue. Quand ils voient des fours et des charniers, ils adorent cela ! Dans leur portable, ils conservent les scènes d’égorgement, de tueries, de carnage. Il faut accompagner l’histoire de la Shoah du récit explicatif d’un professeur qui explique les images, sinon ça va finir sur les portables….

David Reinharc : Vous étiez le seul goy à la manifestation après la mort d’Ilan Halimi, premier meurtre antisémite après Auschwitz.

Doc Gynéco : Pas un rappeur n’a regretté cet acte de barbarie. Jamais Skyrock n’a fait passer un message. Ils utilisent tous ça : faites attention à eux. A cette époque, dans les banlieues, personne n’avait encore réussi à mobiliser les Noirs contre les Juifs. Mais dès le meurtre d’Ilan Halimi, j’ai su que ceux qui attisent la haine avaient gagné : ils ont montré le visage noir de Fofana, le «chef des Barbares».

David Reinharc : On connaît aussi votre attachement à Israël…

Doc Gynéco : On ne peut plus revendiquer dans un quartier l’attachement à la France, mais à Israël, c’est pire. C’est dur d’avoir un ami feuj en banlieue : tu vas te battre au moins dix fois pour lui….

Christine Angot : C’est dur dans un quartier mais aussi partout ailleurs. Dans toutes les situations difficiles, il y a un choix à faire : à chaque fois que des gens s’opposent, qu’il y a un conflit douloureux, il faut choisir son camp… Or, des tas de gens refusent de choisir. Mais on choisit quand même : les gens qui n’ont pas choisi Israël ont forcément choisi l’autre camp.

Doc Gynéco : Si dans un quartier, je marche avec un Juif qui répond à cette violence, s’il s’inscrit dans le rapport de force – je veux dire : il retire son tee-shirt et il se bat – c’est différent, ils le respectent. Dans les banlieues, ils ont besoin de te tuer en vrai quand ils ont un problème. De voir le sang. On n’est pas là-bas dans un salon littéraire…

David Reinharc : Vous préconisez la violence comme moyen légitime pour les Juifs de répondre à l’hostilité ?

Doc Gynéco : Pour avoir pratiqué ces gens-là, je peux vous dire qu’ils sont en guerre.

David Reinharc : C’est qui, « ces gens-là » ?

Doc Gynéco : Ceux qui ont besoin de tuer du Juif. Pour ceux-là, c’est la guerre à l’intérieur de nos frontières. Regardez Ilan : tout le monde savait. Des filles, des garçons : on va loin, là. Tous complices : des trentaines de personnes étaient là, personne n’a bronché. Les Juifs doivent savoir se défendre comme ils l’ont toujours fait : c’est la guerre, vous savez. A un moment donné, il faut se battre : il ne faut pas avoir peur de se montrer violent. J’ai connu des Juifs réputés parce qu’ils se sont défendus chaque fois. Tout le temps. Ils sont respectés.

Christine Angot : Si vous regardez "Le chagrin et la pitié", on est encore dans la même France.

David Reinharc : Il y aurait une violence plus légitime que la violence légale, celle de l’Etat ?

Doc Gynéco : Par exemple, au stade du Parc des Princes, lorsqu’ils ont trié les spectateurs et qu’ils se sont rangés en deux files pour les enserrer. Ils demandaient à chacun : « Êtes-vous Juif ? » ; et selon moi, il fallait dire : « oui ».

David Reinharc : « Oui », ça voulait dire se battre…

Doc Gynéco : Voilà. Mais je ne sais pas si c’est physiquement ou autrement. C’est les deux.

David Reinharc : C’est d’ailleurs un policier noir qui a sauvé un supporter Juif de la mort…

Doc Gynéco : Je suis fier de ça.

David Reinharc : Comment expliquer que les Juifs ont déserté la guerre qui leur est faite ?

Doc Gynéco : Il faut le savoir : les humains en face de vous n’ont pas nécessairement les mêmes données que vous dans le cerveau et sont peut-être plus portés sur la violence que vous…. Il faut revenir à l’époque du Roi David. Car, en face de vous, ils ont compris que vous parlementez, négociez, pinaillez. Il n’y a pas à se justifier. Il vaut mieux se battre, c’est certain. Ilan Halimi est mort, premier meurtre après Auschwitz, me disiez-vous. Mais si quelqu’un en banlieue avait été tué durant les émeutes, ils en auraient fait des chansons, des clips, des albums. Pour Ilan Halimi ? Pas une chanson, rien.

David Reinharc : En hébreu, face à la violence qui monte toujours d’un cran, on dit : on leur pisse dessus, ils disent qu’il pleut. C’est votre impression ?

Doc Gynéco : Après le meurtre d’Ilan Halimi, j’attendais au moins une chanson. Je pensais que les rappeurs allaient s’exprimer là-dessus. Rien. Omerta.

David Reinharc : Au lieu du « Jusqu’ici, tout va bien » des Juifs, concrètement, que feriez-vous ?

Doc Gynéco : C’est la guerre contre le silence.

David Reinharc : Sur Israël, vous pensez qu’il y a une paix possible avec le Hamas ? Ou bien qu’aujourd’hui comme hier et demain, la paix n’aura jamais lieu parce que le monde est en guerre contre les Juifs ?

Christine Angot : La vulgate, aujourd’hui, c’est d’être contre Israël. Dans une conversation ordinaire, le rejet d’Israël, c’est ce qu’on peut dire à haute voix, sans problème.

Doc Gynéco : Il fallait bien pour les Juifs un endroit pour se réfugier. Un terrain leur a été offert. C’est dommage que ce soit là, au niveau géographique, entouré de pays hostiles.

David Reinharc : Ailleurs que dans le berceau du peuple juif, ça aurait changé quelque chose...?

Doc Gynéco : C’est là qu’on voit qu’il faut se battre.

Christine Angot : Mais pourquoi les Juifs devraient se battre seuls, pour eux-mêmes? Les Juifs représentent tout le monde, toute spécificité, la spécificité de l’humain.

David Reinharc : Pourquoi les Juifs plus que les autres ?

Christine Angot : Parce que. C’est un peuple à part, que ça plaise ou non. Ils ne sont pas pareils, il y a une spécificité qui n’est pas comparable aux autres spécificités. Quelque chose d’unique qui nous représente tous.

David Reinharc : Et dès qu’ils ont voulu toucher à l’universel, ils ont accosté sur les rivages nauséeux du communisme…

Christine Angot : Nauséeux ! Quelle bizarre expression ! [4].

Doc Gynéco : Tous les peuples qui ont souffert ont commis cette erreur.

Christine Angot : Mais moi, je ne parle pas d’universel. Mais de spécificité. Il ne faut accepter ni le déni de la spécificité du peuple juif ni celui de la Shoah.

Doc Gynéco : Les Juifs sont un peu, par la force des choses, errants. Mais à un moment, ils se sont posés, parfois plus de trois cents ans. A un autre moment, ils ont trouvé Israël. Parfois, il fallait se battre, parfois ce n’était pas la peine. Aujourd’hui, c’est une époque où les Juifs doivent se battre. C’est clair. Sinon, vous reviendrez à l’époque de Salomon.

Christine Angot : Ce n’est quand même pas un hasard si le génocide intervient après l’invention de la psychanalyse par Freud. Tout s’est passé comme si c’était ça qu’on était venu punir. La découverte de l’inconscient. Ils n’ont pas supporté ça, pour le coup, ils ont voulu tous les tuer.

David Reinharc : C’est important de dire cela, car la vague d’antisémitisme actuel coïncide avec l’attaque en règle contre la psychanalyse. Le Livre noir de la psychanalyse se réfère au Livre noir, ce recueil de témoignages sur les atrocités nazies contre les Juifs d'URSS et de Pologne, rassemblés par Vassili Grossman. La boucle est bouclée.

Christine Angot : Je n’avais pas pensé au fait que le Livre noir de la psychanalyse se référait explicitement au Livre noir de Grossman. Donc, là, c’est la preuve.
 
David Reinharc
 
© Israël Magazine



*Texte libre est de droits si sont cités la source et l’auteur.


 
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Notes

[1] Un blogue est consacré à cette écrivaine.

[2]Le Chagrin et la Pitié : Chronique d'une ville française sous l'Occupation, film documentaire épique de quatre heures et demie sur l'occupation allemande de la France pendant la seconde guerre mondiale, fut projeté récemment au festival du film de Sydney. Sorti il y a trente ans à Paris, ce film qui est maintenant distribué en DVD, est considéré à juste titre comme un des documentaires les plus importants du cinéma et parmi les rares films qui révèlent la collaboration de la classe dominante française avec l'Allemagne nazie de 1940 à 1944. (Extrait de Collaboration et Résistance dans la France de Vichy Le Chagrin et la Pitié, de Marcel 0phuls", sur le World Socialist Website). Voir aussi le bref article de Wikipedia sur ce film.

[3] David Reinharc est responsable, pour la France, d'Israël Magazine, correspondant du Jerusalem Post à Paris, directeur littéraire d'une maison d'édition parisienne, et journaliste.

[4] En effet, l'utilisation erronée de cet adjectif, au lieu de 'nauséabond', se répand de plus en plus, y compris chez des journalistes professionnels. En réalité, 'nauséeux' se dit de celui qui a la nausée ; 'nauséabond' se dit de quelqu'un ou d'une chose qui sent mauvais (étymologiquement, qui donne la nausée).


Source : Chez Arouts 7

06/07/2007

Dieu... ce Scientifique - III

Plus j’avance dans mon exploration, plus je constate, bouche bée, que l'essentiel du questionnement de la Physique est d'ordre métaphysique. Il porte sur la nature de l'énergie et de la matière. Et ce questionnement implique aussi ce que l’on pourrait nommer : l’Esprit. C’est à une véritable re-fondation de la Science, non morcelée, mais unitaire, qu’il nous faudrait nous activer. Je songe à ce que dit Barjavel dans "La faim du tigre".

Que la Science soit Métaphysique, je n’en ai pas douté un seul instant. Je suis heureux, juste, de constater que des Scientifiques partagent cette intuition et l’étayent même avec des arguments autres que "la foi du charbonnier". Or, c’est bien ce qui m’intéresse. Là est la vraie Science. Celle qui cherche à voir plus loin. Non seulement dans la dualité de "l’Arbre de la connaissance".


« Genèse, 2:21-22 : "Alors Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme..."

Ce qui est plus surprenant, c'est cet homme à qui il manque désormais une côte. Comme il s'agit de la conformation de l'homme par excellence, de l'homme type, tous ses descendants mâles devraient avoir une côte en moins. Nous savons qu'il n'en est rien.
Mais la science a découvert, il n'y a pas très longtemps, que les hommes ont effectivement quelque chose de moins que les femmes.

Quiconque a eu sous les yeux la micro-photographie d'une cellule en train de se diviser a été frappé par l'alignement, dans le noyau, des chromosomes dédoublés. De chaque côté de la ligne de partage de la cellule, les chromosomes symétriques se font face, comme les côtes de part et d'autre de la colonne vertébrale. Comptons ces chromosomes. Chez la femme, il y en a 23 paires. Chez l'homme, combien ? 22 paires complètes et une paire incomplète... On a d'abord cru que l'homme n'avait que 45 chromosomes.
En regardant mieux, avec des instruments plus puissants, on s'est aperçu que le 46e ne manque pas tout à fait : il en reste un morceau, un moignon. Au chromosome complet, les biologistes ont donné le nom de X. Au fragment qui lui fait face le nom de Y. Dans sa double colonne de chromosomes, la femme a donc une paire X X, symétrique et complète, comme les autres paires. A la place de cette paire-là, l'homme n'a qu'une paire boiteuse X Y.
On sait que ce sont ces chromosomes qui sont les facteurs de l'hérédité. Ce sont eux qui portent les ordres de la vie, de l'espèce, de la race, de la famille, de l'individu. Or, que se passe-t-il dans les glandes sexuelles de l'homme quand une cellule se divise pour donner naissance à deux spermatozoïdes ? Les deux spermatozoïdes vont se partager toutes les paires de chromosomes, y compris la paire X Y. Un d'eux emportera le chromosome X et l'autre le chromosome Y.

Le spermatozoïde X avec tous ses chromosomes complets, s'il parvient à féconder un ovule, donnera naissance à une fille, dont toutes les cellules auront 23 paires de chromosomes complètes et symétriques.
Le spermatozoïde Y, qui emporte 22 chromosomes complets et un vingt-troisième qui n'est qu'un fragment, engendrera un homme, dont toutes les cellules auront une paire de chromosomes boiteuse et dissymétrique. On est tenté d'écrire : mutilée...
[...] C'est le chromosome X, le chromosome complet, qui, sorti de l'homme, donne naissance à la femme. Et c'est ce chromosome X qui manque à l'homme. »

René Barjavel, La Faim du Tigre

 


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05/07/2007

Dieu... ce Scientifique - II

Les perspectives qu’ouvrent les théories de Bohm sur la médecine, les arts, les échanges humains, sont incroyables. On se sent connectés à l’ensemble, tout en se distinguant de la masse. Singularité faisant partie du grand Tout mais non dévorée par elle. C’est, il me semble, ce qu’ont éternellement exprimé les grands Artistes, les grands Religieux au cours des Siècles. L’Art prend à nouveau une profonde signification au contact de cette Théorie Quantique dont il se nourrit. De même la Religion.

Il est évident que l’Art Abstrait, le Surréalisme, par exemple, ont pressenti l’approche de cette nouvelle Révolution Copernicienne que la mentalité ultra-traditionaliste limitée et tournée vers elle-même, vers son petit nombril, a rejeté avec un dédain bourgeois. Or, comme le disent si bien les Kabbalistes, la tradition authentique veut la révolution, l’avancée, le progrès vers la source avec respect total des racines, non l’écart fondamentaliste ouvert ou… masqué ! Les textes anciens, la parole Divine, quelle qu’elle soit, veut, exige, ordonne : LA SCIENCE ! Tout le reste est ténèbres.

Nous sommes véritablement tournés vers le pauvre matérialisme du 19ème Siècle. A l’heure de la Valse Quantique. C’est lamentable.

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Intuition Globale

Mon problème c’est bien cette inaptitude que j’ai, que j’ai toujours eu, à approcher les mathématiques et la physique à une moindre échelle. Alors, amis lecteurs, je ne vous parle même pas de la physique quantique. De quoi, en effet, devenir fou. Cependant, j’ai très bien saisi intuitivement un certain nombre de postulats et il ne me manque plus qu’à mettre des mots sensés dessus pour les formuler à mon niveau. Bien entendu, je ne veux pas me ridiculiser en me prenant pour un Scientifique, chose que je ne suis pas et ne serais jamais. J’ai juste besoin de réponses, ou plutôt d’orientations, concernant mon difficile cheminement sur ce globe, de ma naissance à ma mort inévitable prochaine.

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04/07/2007

Indigènes des bas-fonds

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=



Je ne suis pas un fan de Le Pen. Lorsqu’il fait ses jeux de mots déplacés sur les « points de détails de l’histoire » ou la capacité des noirs à mieux courir que les blancs et des blancs à mieux nager que les noirs, je songe à Nietzsche qui écrivait : « NE FREQUENTER PERSONNE QUI SOIT IMPLIQUÉ DANS CETTE FUMISTERIE EFFRONTÉE DES RACES ! »
Mais là où je veux en venir c’est que notre beau pays qui a le nez dans ses couilles, au chaud, et hésite à se poser les bonnes questions, va finir par donner raison à ses ennemis.
Que Le Pen faisant jaillir quelques unes de ses purulences verbales fasse frémir la France entière, personne ne trouvera rien à y redire. Seulement voilà, je ne reste pas scotché devant ma télévision à suivre les programmes dits culturels et je peux passer à côté de certaines stances nauséeuses qui peuvent avoir lieu ici ou là. Mais ce n’est qu’aujourd’hui, et par un heureux hasard, que j’ai pris connaissance de ce que je vais vous narrer à présent, à moins que vous ne soyez déjà au courant.

Le Pen, donc, y va d’un jeu de mot déplacé et la France entière gesticule aussitôt. Par contre, sur France 3, le 21 Juin dernier, pendant l’émission de Frédéric Taddéi, « Ce soir ou jamais », nous avons eu droit à quelques insultes bien racistes du nouveau héraut des banlieues déshéritées, la nommée Houria Bouteldja.

Á 32 ans, Houria Bouteldja passe son temps à dénoncer l’attitude française lors de la colonisation en Algérie ainsi que les discriminations au quotidien dont seraient victimes, aujourd’hui encore, tous les immigrés originaires des colonies d’Afrique du Nord. Lorsqu’elle apparaît en plus à la télévision, on se demande si elle ne devrait pas être déflorée analement histoire de décrocher enfin un sourire. On devrait en souffler deux mots à son mec… si elle en a un ! Car elle a le minois fort joli, la Houria, mais une gueule tellement haineuse et le regard tellement injecté de ressentiments divers (bien étayés par ses propos… toujours d’un niveau intellectuel très minable) qu’on imagine le pire si une créature de son espèce en venait à avoir du pouvoir. Car du pouvoir elle en a sûrement un peu. Mais encore à un niveau très restreint. D’abord militante dans le « Collectif une Ecole Pour Toutes et Tous (CEPT) », elle co-fonde « Les Blédardes », pour faire de l’ombre au mouvement « Ni Putes ni Soumises ». Pure réaction de jouvencelle mal affirmée. Comme quoi les réactionnaires se cachent là où on ne les voit pas. Et les « Blédardes », laissez-moi vous dire qu’un nom pareil ça vous annonce la couleur en comparaison de « Ni Putes ni Soumises ». Elle a ensuite participé à la création du mouvement « Les Indigènes de la République », dont elle est la porte-parole. Et les propos qu’elle a tenus, elle les a tenus avec la condescendance de toute la presse française qui n’a pas osé faire de vagues, le journal « Marianne » mis à part qui y fait allusion dans son numéro du 30 Juin, soit 9 jours plus tard.
Au cours de cette émission, avec sa logique habituelle, Houria Bouteldja après avoir déversé son fiel sur les français de souche, tous racistes, xénophobes,colonialistes en puissance (puisque, d’après elle, ils pratiquent le colonialisme en banlieue) et, bien entendu, islamophobes, les opposant systématiquement aux français d’origine immigrée, a eu les propos hallucinants suivants :« Il faut rééduquer le reste de la société, la société occidentale. Nous, on les appelle les sous-chiens, parce qu’il faut bien leur donner un nom : les Blancs ! ».

Bien entendu, la porte-parole des « Indigènes de la République » pourra affirmer qu’elle a parlé de « souchiens » et non de « Sous-chiens », désirant signifier « Français de souche », et elle parviendra à jongler , tel un Le Pen dans ses jeux de mots les plus douteux, avec l’ambiguïté dont les médias sont friands pour s’innocenter.
« Les Indigènes de la République » n’existaient pas encore, en septembre 2003 Houria Bouteldja avait déjà qualifié Pascal Mohamed Hilout, coupable à ses yeux de défendre la laïcité, la République et l’intégration en s’opposant au voile, de « bougnoule de service », lors d’une réunion parisienne.

La dérive évidente de ce mouvement, « Les Indigènes de la République », fortement soutenu par l’autre raclure intellectuelle de service, Tariq Ramadan, encourage et nourrit, en miroir, positif/négatif, négatif/positif, un racisme contre les Blancs qui est le pendant de celui des extrémistes de droite les plus durs contre les gens de couleur.

« Sous-chiens/souchiens », « bougnoule de service ». Ce ne sont pas là les seules dérives de cette pauvre fille. Mustafa Al Ayyubi, correspondant de Respublica rapporte d’autres propos ambigus tenus par cette hystérique au cœur vengeur à Paris, le 14 Avril 2007 :« Nous ne sommes pas tous des Fadela Amara, des Malek Boutih, des Fodé Sylla, des Azouz Begag. »

Ou celui-là très beau :

« Nous sommes pour la résistance palestinienne, qu'elle s'appelle Hamas ou pas, Hezbollah ou pas ».
Jolie résistance, n’est-ce pas ?

Mustafa Al Ayyubi signalait aussi que pendant la prise de parole d’ Houria Bouteldja, un négationniste de la Vieille Taupe distribuait tranquillement sa propagande. Quand je vous dis que le Fascislamisme existe bel et bien et que les Nazislamistes sont de plus en plus nombreux, fondant leur vision du monde sur des critères intellectuels aussi profonds que ceux de ce sordide petit caporal qu’était Hitler. Ces liens entre la Droite la plus extrême, la Gauche la plus Radical et l’Islamisme le plus moyenâgeux est le prochain stade auquel la civilisation devra faire face si elle veut pérenniser son souffle. Après le Rouge et le Brun, puis le Rouge/Brun, voici le Rouge/Brun/Vert. Ce qui me fait songer à la « Vache bariolée » de Nietzsche, encore, et au « dernier homme » clignant les yeux, ébahi, devant elle, devant cette mascarade.

En 2004, nos chers « Indigènes de la République » ont même produit un film contre la laïcité : « Un racisme à peine voilé ».

Ce film, et les propos tenus régulièrement par Houria Bouteldja et sa horde sont bien plus dangereux quant à leurs conséquences que les écarts de langage d’un Jean-Pierre Chevènement qui s’était fait remonter les bretelles par tous les médias de gauche et les bien-pensants de ce pays à la dérive parce qu’il avait, à très juste titre, qualifié les voyous des banlieues de « sauvageons » !

Le Racisme est peut être une opinion, mais il est surtout un délit dans ce pays. Enfin… un délit quand ça arrange.

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03/07/2007

Dieu... ce Scientifique

Très curieusement, cet intérêt pour la science quantique, alors que je n’entrave pas grand chose aux simples Mathématiques, me plonge dans une sorte de confiance assez religieuse. Comme si ce vieil adage Hindou : « Rien ne se perd, tout se transforme. » prenait enfin une dimension rationnelle. Je ne sais plus qui a affirmé qu’un peu de Science éloignait de Dieu et que beaucoup de Science y ramenait, mais cela prend une telle évidence.

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02/07/2007

Matière... Esprit...

En fait, plus on pénètre dans la matière , plus on s’aperçoit de la subtilité de celle-ci ! Au niveau quantique les lois changent et deviennent imprévisibles. Les frontières entre ondes et matière ne sont plus aussi prononcées qu’à notre niveau macroscopique. On baigne dans un monde ou, semble régner l’information. Ou plutôt, celle-ci semble avoir une primauté de premier ordre. C’est-à-dire que tout est en relation avec tout. Tout communique avec tout. Nous même sommes un hologramme. « Ce qui est en haut est en bas. Ce qui est en bas est en haut. » dit la tradition.

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Joseph de Maistre par... Phillipe Sollers



Téléchargez une émission sur Joseph de Maistre, en fichier mp3, du Canal Académie... ICI

"Connaissez-vous Joseph de Maistre ( 1753-1821 ) ? Non, bien sûr, puisqu'il n'y a pas aujourd'hui d'auteur plus maudit. Oh, sans doute, vous en avez vaguement entendu parler comme du monstre le plus réactionnaire que la terre ait porté, comme un fanatique du trône et de l'autel, comme un ultra au style fulgurant, sans doute, mais tellement à contre-courant de ce qui vous paraît naturel, démocratique, sacré, et même tout simplement humain, qu'il est urgent d'effacer son nom de l'histoire normale. Maistre ? Le diable lui-même. Baudelaire, un de ses rares admirateurs inconditionnels, a peut-être pensé à lui en écrivant que personne n'était plus catholique que le diable. Ouvrez un volume de Maistre, vous serez servis.
Maudit, donc, mais pas à l'ancienne, comme Sade ou d'autres, qui sont désormais sortis de l'enfer pour devenir des classiques de la subversion. Non, maudit de façon plus radicale et définitive, puisqu'on ne voit pas qui pourrait s'en réclamer un seul instant. La droite ou même l'extrême-droite ? Pas question, c'est trop aristocratique, trop fort, trop beau, effrayant. La gauche ? La cause est entendue, qu'on lui coupe la tête. Les catholiques ? Allons donc, ce type est un fou, et nous avons assez d'ennuis comme ça. Le pape ? Prudent silence par rapport à ce royaliste plus royaliste que le roi, à ce défenseur du Saint-Siège plus papiste que le pape. Vous me dites que c'est un des plus grands écrivains français ? Peut-être, mais le style n'excuse pas tout, et vous voyez bien que son cas est pendable. Maistre ? Un Sade blanc . Ou, si vous préférez, un Voltaire retourné et chauffé au rouge.
D'où l'importance, pour les mauvais esprits en devenir, de ce recueil de certaines des oeuvres les plus importantes de ce maudit comte, « Considérations sur la France », « les Soirées de Saint-Pétersbourg », « Eclaircissements sur les sacrifices », chefs-d’œuvre rassemblés et présentés admirablement par Pierre Glaudes, avec un dictionnaire fourmillant d'informations et de révélations historiques. Vous prenez ce livre en cachette, vous l'introduisez dans votre bibliothèque d'enfer, le vrai, celui dont on n'a aucune chance de sortir. Ne dites à personne que vous lisez Joseph de Maistre. Plus réfractaire à notre radieuse démocratie, tu meurs.
Cioran, en bon nihiliste extralucide, lui a consacré, en 1957, un beau texte fasciné, repris dans « Exercices d'admiration » ( Gallimard , coll. « Arcades », 1986 ). Il reconnaît en lui « le génie et le goût de la provocation », et le compare, s'il vous plaît, à saint Paul et à Nietzsche. Bien vu. Le plaisir étrange qu'on a à le lire, dit-il, est le même qu'à se plonger dans Saint-Simon. Mais, ajoute Cioran, « vouloir disséquer leur prose, autant vouloir analyser une tempête ». Le style de Maistre ? Voici : « Ce qu'on croit vrai, il faut le dire et le dire hardiment ; je voudrais, m'en coûtât-il grand-chose , découvrir une vérité pour choquer tout le genre humain : je la lui dirais à brûle-pourpoint . »
Feu, donc, mais de quoi s'agit-il ? Evidemment, encore et toujours, du grand événement qui se poursuit toujours, à savoir la Révolution française, dont Maistre a subi et compris le choc comme personne, devenant par là même un terroriste absolu contre la Terreur. Ecoutez ça : « Il y a dans la Révolution française un caractère satanique qui le distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra. » Cette phrase est écrite en 1797, et, bien entendu, le lecteur moderne bute sur « satanique », tout en se demandant si, depuis cette définition qui lui paraît aberrante, on n'a pas vu mieux, c'est-à-dire pire. Dieu aurait donc déchaîné Satan sur la terre pour punir l'humanité de ses crimes liés au péché originel ?
Maistre est étonnamment biblique, il se comporte comme un prophète de l'Ancien Testament, ce qui est pour le moins curieux pour ce franc-maçon nourri d'illuminisme. Mais voyez-le décrivant la chute du sceptre dans la boue et de la religion dans l'ordure :
« Il n'y a plus de prêtres, on les a chassés, égorgés, avilis ; on les a dépouillés : et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux bûchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation reçoivent aujourd'hui l'aumône qu'ils donnaient jadis... Les autels sont renversés ; on a promené dans les rues des animaux immondes sous les vêtements des pontifes ; les coupes sacrées ont servi à d'abominables orgies ; et sur ces autels que la foi antique environne de chérubins éblouis, on a fait monter des prostituées nues. »
Et ceci ( au fond toujours actuel ) : « Il n'y a pas d'homme d'esprit en France qui ne se méprise plus ou moins. L'ignominie nationale pèse sur tous les cœurs ( car jamais le peuple ne fut méprisé par des maîtres plus méprisables ; on a donc besoin de se consoler, et les bons citoyens le font à leur manière. Mais l'homme vil et corrompu, étranger à toutes les idées élevées, se venge de son abjection passée et présente, en contemplant, avec cette volupté ineffable qui n'est connue que de la bassesse, le spectacle de la grandeur humiliée. »
Vous voyez bien, ce Maistre n'est pas fréquentable, il vous forcerait à refaire des cauchemars de culpabilité, et, en plus, il vous donne des leçons d'histoire depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Mais enfin, pour lui, d'où vient ce mal français devenu mondial ? De l'Eglise gallicane, d'abord ( polémique avec Bossuet ), du protestantisme, en fait, et puis du « philosophisme ». La haine de Maistre pour le protestantisme atteint des proportions fabuleuses, dont l'excès a quelque chose de réjouissant : « Le plus grand ennemi de l'Europe qu'il importe d'étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l'ulcère funeste qui s'attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche, le fils de l'orgueil, le père de l'anarchie, le dissolvant universel, c'est le protestantisme. » Maistre n'en finira pas d'aggraver sa diatribe inspirée, notamment dans son grand livre « Du pape » ( 1819 ), malheureusement absent du volume actuel. « Qu'est-ce qu'un protestant ? Quelqu'un qui n'est pas catholique. » Et voilà, c'est tout simple, vous voyez bien que cet énervé est maudit, avec lui aucun « oecuménisme » n'est possible. Rome, rien que Rome, tout le reste est nul.
On aurait tort, cependant, de penser que Maistre s'en tient au registre de l'anathème. « Les Soirées », « Eclaircissements sur les sacrifices » sont aussi des traités de haute métaphysique qui suffiraient à prouver l'abîme qui le sépare des « réactionnaires » de tous les temps. Ses propos recèlent alors un sens initiatique parfois ahurissant lorsqu'il démontre que la guerre est « divine » et qu'elle est incompréhensible, sinon comme phénomène surnaturel, prouvant qu'il n'y a de salut que par le sang et la réversibilité des mérites. Le lecteur moderne ne peut que s'indigner en entendant parler d'une « inculpation en masse de l'humanité » due à la Chute : « L'ange exterminateur tourne comme le soleil autour de ce malheureux globe, et ne laisse respirer une nation que pour en frapper d'autres. » Plus hardi encore : « Si l'on avait des tables de massacres comme on a des tables de météorologie, qui sait si on n'en découvrirait pas la loi au bout de quelques siècles d'observation ? » Suspendez « la loi d'amour », dit Maistre, et en un clin d’œil, en pleine civilisation, vous voyez « le sang innocent couvrant les échafauds, des hommes frisant et poudrant des têtes sanglantes, et la bouche même des femmes souillée de sang humain ». Ces choses ont eu lieu, elles ont lieu sans cesse. L'amour ? Mais qu'est-ce que l'amour ? Un acte de foi : « La foi est une croyance par amour, et l'amour n'argumente pas. »
Cioran, subjugué et accablé par Maistre, termine en disant qu'après l'avoir lu on a envie de s'abandonner aux délices du scepticisme et de l'hérésie. Il y a pourtant des moments où la certitude et le dogme ont leur charme, qu'on croyait aboli. Sur le plan de la raison raisonnante, Maistre a eu tort. Il n'a rien vu, bien au contraire, de la régénération qu'il annonçait. Il est mort en 1821 à Turin ( date de naissance de Baudelaire ), et il est enterré dans l'église des jésuites, à deux pas du saint suaire contesté et du lieu d'effondrement de Nietzsche. Ces trois points triangulaires me font rêver."

Joseph de Maistre, « OEuvres », éd. établie et annotée par Pierre Glaudes, Laffont, coll. « Bouquins », 1 376 p ., 32 euros.

Le comte Joseph de Maistre, né à Chambéry en 1753, mort à Turin en 1821, après avoir émigré lors de la Révolution française, fut l’ambassadeur, à Saint-Pétersbourg, du roi de Sardaigne. Il a publié « Considérations sur la France » en 1796 et « Du pape » en 1819.

Philippe Sollers
Le Nouvel Observateur n° 2224 du 21 juin 2007

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01/07/2007

Amen

Les travaux de David Bohm. La physique quantique et ses ouvertures incroyables sur les intuitions religieuses qui ont illuminé l’Histoire de l’Humanité. Ce qui est incroyable c’est de voir à quel point nous sommes passés à côté de quelque chose de fondamental depuis une centaine d’année. Au début du 20ème Siècle les bases de la Physique Quantique ont été posées par une poignée de conquérants abordant un continent totalement vierge car… paradoxal ! Il est évident que si on avait organisé notre perception de la réalité autour de ses nouvelles théories, le sort de l’humanité aurait changé du tout au tout. L’Univers comme Unité Insécable et Holographique rejoint en bien des points les intuitions (ou révélations) du Bouddhisme, de la Kabbale, de la gnose. Je suis bouleversé par ce lien concret entre Religion et Science. J’ai le sentiment d’être ensemencé !

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