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22/05/2012

Une guérison issue de l'écartèlement

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Ce qui me convient, après tout, c'est la guérison issue de l'écartèlement. Ce qui s'éloigne il faut le laisser s'éloigner et y puiser une force et s'y construire une opportunité. Ce que l'on considère comme une assise précieuse peut, donc, partir au moindre coup de vent. S'éloignent, de ce fait, les douces illusions, les souvenirs, les choses que l'on prenait pour des fondations solides, des rocs, tous s'effritent comme des os partant en poudre.

Nous étions là, au temps jadis, à tenir tête au monde, épaule contre épaule et à rire à poumons déployés des artifices du système, mais ça, c'était jadis.

Ce qui se dessine ici n'est rien d'autre que la trame psychologique de chansons à venir, de textes attendant l'éclosion, d'écrits qui diront par le scalpel les tenants et les aboutissants de ce que nous sommes : prisonniers de la toile existentielle à nous croire juges de justice pour nos plus humbles amis.

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21/05/2012

Horizons proches

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En fait, je me donne des visions d'horizons proches, que je peux presque toucher. C'est de l'ordre de la création artistique, de la musique, beaucoup, et de l'écriture, surtout. Je n'attends rien de plus que de pouvoir me mesurer à moi-même et, si Dieu veut, de soigner mes blessures.

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En cet Instant et au Lieu où je me trouve

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Je n'ai plus envie de m'amuser à reconstituer le passé. Le temps le tasse de plus en plus et je n'y ai plus beaucoup recours, du moins consciemment. A mon âge, mon futur lointain ne me préoccupe pas beaucoup, j'ai le sentiment d'être coincé dans mon présent et "coincé" n'est pas le bon terme, je dirais plutôt que je m'y glisse, dans mon présent, et le considère à sa juste mesure. Je le savoure, mon présent, avec cette certitude que c'est en lui que se trouve mon Salut, Ici et Maintenant, en cet Instant et au Lieu où je me trouve, en moi, profondément... le Royaume.

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Contentement

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L'agitation, le bruit, la frénésie qui caractérisent notre temps nous rendent sourds et aveugles. Et, sourds et aveugles, nous nous en contentons.

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18/04/2012

Être pleinement...

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D'abord, je suis... puis j'ai conscience que je suis... ensuite je me fouille. Faisant ces trois choses je suis pleinement. Je suis fait à l'Image de Dieu... je suis trinitaire. Je cherche la césure et le lien entre mon être et ma pensée et cette comparaison, cette mise en perspective...

Je me fais homme en trois temps...

1-Il faut être pour penser

2-Il faut penser pour être

3-Réaliser que l'on pense

Réaliser que l'on pense consiste à déterminer le besoin impérieux que l'on a de penser comme on pense, en présentant sa pensée devant sa raison propre, en passant par sa faculté de comprendre et d'être son propre juge ; remettre son être propre à sa place, face à l'Absolu, c'est-à-dire lever le voile de l'Absolu qui est en soi. Alors seulement ce qu'on pense est vrai et alors seulement on EST.

Trinité...

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04/04/2012

Cette gloire futile

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Ces Empires qui se sont construits sur des plaies et des douleurs, ces destins criblés de pathos, ces nations, ces guerres, ces systèmes philosophiques, ces oeuvres d'art... Tout ceci qui partira en fumée. Cette gloire futile. Cette glèbe.

 

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03/04/2012

On gagne en humilité. On s'efface.

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Je reste de plus en plus interdit devant le journal que je tiens et ne donne pas à lire ici. Les mots ne viennent pas et lorsqu'ils viennent ils ne disent pas grand chose de mon aventure intérieure. Le paradoxe est que ce qui me brûle de l'intérieur ne brille pas forcément à l'extérieur. On gagne en humilité. On s'efface. On cherche à rattraper de sa vie ce qui est rattrapable et la moindre correction s'avère importante mais silencieuse. Les conquêtes se passent sans éclat. Cela me convient.

 

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02/04/2012

L'immanence qui transcende

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Tout chrétien qui ne s'inscrit pas dans la perspective de la Fin du Monde et dans l'attente du Retour du Christ dans toute sa Gloire n'est pas chrétien. Il rabaisse la Parole de Dieu à un simple formulaire moral, une loi de référence, un projet éventuellement social inspiré par l'abbé Pierre et soeur Emmanuelle. La transcendance sensée rénover la friabilité du monde est rabaissée dans une immanence refermée sur elle-même. Tout le contraire du Saint Verbe qui, par l'INCARNATION, s'est rendu immanent afin de transcender la chair pour, non pas l'anéantir ou la rabaisser, mais l'accomplir dans un Corps Glorieux et Saint.

 

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01/04/2012

Le consentement dans la Joie

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Nous avons tous reçu la vie sans l'avoir demandée, il nous faut donc travailler au consentement dans la Joie, puisque quoi qu'on en dise, tout est cadeau et peut devenir bénédiction.

 

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31/03/2012

Déchiffrer

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Je tente de déchiffrer, au milieu de ma vie, ce que Dieu, peut-être,me dit. Et je ressens, en parallèle, toute la souffrance insupportable du monde ainsi que toute sa confusion. Assis dans ma nuit à chercher des mots qui ne viennent pas pour les inscrire ici et dire le Mal qui se répand dans les âmes et les coeurs, imperceptiblement, vicieusement, avec délicatesse, pour n'attirer aucune attention et cacher ses intentions, au point que lorsqu'il sera pleinement et entièrement installé jusque sur le Trône du Monde lui-même, ou tout au moins son ersatz qu'il aura pris la peine de s'aménager avant, personne n'y prendra garde à part les pauvres fous qui prient et qui veillent. Ces derniers ne seront pas surpris mais ils seront la risée du Grand Nombre avant que d'en devenir sujet de haine sans concession.

Je sens tout ceci clairement mais cependant c'est confusément que je m'éprouve moi-même face à Dieu lui-même, ou est-ce Dieu que j'éprouve mal, puisque je parle de confusion ?

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Je subsiste de la crise qui est la mienne

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J'ai le corps épuisé et, donc, l'âme aussi, l'esprit exsangue. Je n'ai pas accès aux richesses du jardin. Je guette une brèche afin de m'y engouffrer mais les entrées sont closes et demeurent secrètes. Il me manque la rigueur pour être. Je subsiste de la crise qui est la mienne. Je survis et me détourne de tout.

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30/03/2012

L'Oeuvre au Noir

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L'être en acte est la matière du devenir. Oeuvre au noir pour faire surgir le diamant en soi et devenir ce que l'on est en puissance étouffée et retenue. L'être désire la Puissance et la Puissance est Vie. Il ne tient qu'à peu de choses pour que l'on bascule vers l'Ombre ou pour que l'on tende vers la Lumière. La Puissance en soi n'est pas néfaste mais l'oeuvre au Noir qui la fait advenir peut l'être.

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29/03/2012

L'Homme produit ce qui le domine et le dévore

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Le système dans lequel nous vivons est bel et bien produit par l'Homme mais celui-ci lui est devenu étranger d'où la schizophrénie générale grandissante. Le système est un Golem qui échappe à notre autorité. L'Homme produit ce qui le domine et le dévore, le maintient dorénavant coupé de lui-même.

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28/03/2012

Reprendre ma place en Dieu en le laissant prendre sa place en moi

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Guettant à la cime des événements et des faits du monde la ligne qui s'ordonne et donne le sentiment qu'elle s'épuise entre les frondaisons des actes et des plaintes prophétisées par les sages dont Dieu avait rempli les coeurs et les bouches, je devine ce que tout cela me suggère.

Le temps passe et nous vieillissons mais ces successions d'instants que je me figure du mieux que je peux, porté que je suis par le flux de l'Histoire et ne parvenant que très sporadiquement à en fixer quelque instant évanescent et infinitésimale qui se décompose aussitôt, m'invitent à transcender l'Absence pour retrouver la Présence, l'intelligence soudaine du Temps et de l'Espace sous la pression existentielle. Reprendre ma place en Dieu en le laissant prendre sa place en moi. Est-ce possible ?

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27/11/2011

Pénétrer l'espace de ma transfiguration

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Ce qui importe, en premier lieu, c'est de parvenir à mobiliser mes forces, mobiliser ma rage d'être au monde avec amour. Je crains que cela ne puisse se trouver que dans l'Ombre du désespoir le plus brûlant. Et j'écris "brûlant" sans penser au feu du Désir. J'écris "brûlant" en pensant au souffre de l'Enfer. Et l'Enfer, semble-t-il, étend ses cercles concentriques jusqu'en nos terrestres contrées.

Il me faut transcender mes actes, pénétrer l'espace de ma transfiguration. La haute discorde, le conflit saint se situe bien là. Le désaccord qui accorde et élève.

Faits à l'Image de Dieu notre devoir est d'être des singularités luminescentes.

Chaque jour je me dois de parvenir à fonder une façon d'être seul au monde, même au milieu de la dense foule et de sa vulgaire promiscuité. Être seul avec soi-même mais délesté de sa néfaste charge. Millénaires de merde et lourdeur de la filiation. Être seul avec soi-même mais sous le bras de Dieu et son oeil souriant. Car être uniquement seul avec soi-même c'est déjà être avec le Diable.

Combien je suis fatigué d'avoir affaire à la tiédeur, à la triste ignorance... ou aux très nombreuses nuques raides qui ignorent à quel point c'est une guerre totale qui est engagée à l'intérieur, comme un cataclysme essentiel, primordial... avant la conflagration universelle externe. Et qu'il ne sert à rien de faire des phrases ou de lancer des anathèmes politiques puisque les seuls qui vaillent sont d'ordre spirituels et qu'ils sont déjà promulgués par Dieu et ses Nobles Anges. Les listes sont sans fin.

Quel abattement, quelle affliction, quelle amertume, que de mesurer l'angoisse, le chagrin, le désenchantement, le deuil et la douleur, la grisaille d'âme, la lassitude et la poussiéreuse mélancolie, la morose nostalgie, le serrement de coeur qui frappent tant de nobles êtres persuadés par l'aveuglement de leur orgueil, qu'ils évoluent sous les bons auspices de Dieu en personne alors qu'ils sont desséchés comme des sépulcres blanchis. Que d'agitation.

« Si quelqu'un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus. » Matthieu 24 : 23,24

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20/11/2011

Slogans

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Tous ces bobos qui invoquent la liberté de conscience et qui l'ont, en vérité, vendue. Ils clament la liberté de pensée et d'expression et ne savent que vociférer des slogans.

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30/10/2011

Au lieu où nul ne se présente

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Il faut se présenter au lieu où nul ne se présente. C'est là le signe de l'acceptation sans résignation aucune de ce que l'on nomme, à défaut de connaissance, notre Destin. Puisque le détachement devient, alors, l'évidence prenant forme. Lorsque notre coeur est saigné aux extrémités de son axe et que l'abîme appelant l'abîme on considère notre abnégation comme un couronnement et l'unique prière.

On adhère à l'essentielle faveur, on épouse le "Lieu et la Formule" qu'évoquait Rimbaud, mais, aussi, le Centre du Foyer, l'Alcôve de l'Être même, l'Endroit de l'entente Cordiale avec soi-même, du puits de l'âme des âmes qui n'est pas un cul de basse fosse mais le Lieu de tous les jaillissements.

C'est là que Dieu peut nous doter d'un geste immérité (car même les saints sont des pécheurs), douloureusement, d'un excès de vie qui nous plonge dans la joie en même temps que dans la honte. C'est de là que surgissent les dernières profondeurs que nous ne faisons qu'effleurer.

Patrie parallèle, dimension autre, où la frontière n'a pas d'emprise une fois que nous y avons pénétré. La laideur n'a pas d'ascendant sur elle.

Y avoir accès est épreuve brûlante, fièvre et délire. On se hisse à la force de sa seule Volonté vers de douloureux sommets. On s'arrache à la seule charge tectonique, à la lourdeur tellurique pour des hauteurs d'air frais, de vents purificateurs. On avance vers soi-même en même temps que vers Dieu qui nous désire singulier et unique.

« 2-Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu.

3-Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand irai-je et paraitrai-je devant la face de Dieu ?

4-Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit, pendant qu'on me dit sans cesse: "Où est ton Dieu ?"

5-Je me rappelle, - et à ce souvenir mon âme se fond en moi, - quand je marchais entouré de la foule, et que je m'avançais vers la maison de Dieu, au milieu des cris de joie et des actions de grâces d'une multitude en fête !

6-Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et t'agites-tu en moi? Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu !

7-Mon âme est abattue au dedans de moi; aussi je pense à toi, du pays du Jourdain, de l'Hermon, de la montagne de Misar.

8-Un flot en appelle un autre, quand grondent tes cataractes: ainsi toutes tes vagues et tes torrents passent sur moi.

9-Le jour, Yahweh commandait à sa grâce de me visiter; la nuit, son cantique était sur mes lèvres j'adressais une prière au Dieu de ma vie.

10-Maintenant je dis à Dieu mon rocher: " Pourquoi m'oublies-tu ? pourquoi me faut-il marcher dans la tristesse, sous l'oppression de l'ennemi ?"

11-Je sens mes os se briser, quand mes persécuteurs m'insultent, en me disant sans cesse: " Où est ton Dieu ? "

12-Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et t'agites-tu en moi? Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu ! »

Sainte Bible, Psaume 42

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15/10/2011

L'écriture

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Sur mon chemin de pèlerinage intérieur, ma Métanoïa si difficile, ma confrontation avec moi, moi-même et je, avec le Diable, autant le dire, pour accéder de la Maladie à la Grande Santé, de l'agnostique dérive à la fermeté de la Foi, je n'ai comme arme unique pour structurer ma méditation, ma réflexion et ma prière, que l'écriture, la musique me faisant défaut pour raison de nerf cubital coincé avec fourmillements handicapants.

« Tyrannique, l'écriture était le Tout, la quête mythique qui régénère et désintègre, l'acte de violence et la génuflexion, la splendeur et le simulacre, la transfiguration et le rictus : une "guerre des mondes" sans cesse recommencée, une odyssée où le cerveau, tout comme la sonde pénétrant les espaces, rencontre queues de comètes et trous noirs, fournaises solaires et blocs de méthane sale, continuant d'émettre cependant, antennes, caméras et systèmes de régulation tout entiers tournés vers le Verbe, afin d'en retrouver, qui sait, la divinité. »

Yves Adrien, "2001, Une Apocalypse Rock"

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14/10/2011

Perceptions littérales et binaires

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J'ai relu ceci qui m'a remué en confirmant ce que je pense :

« Toutes les consolations religieuses de la négativité sont infantiles. L'espoir d'un "ciel" qui ne connaîtrait pas la coupure des transcendances n'est qu'une inversion imaginaire de cette négativité et en quelque sorte sa confirmation. Mais les consolations blasphématoires de cette même négativité sont également infantiles, elles ne sont que la compensation ultra-négative des précédentes.
On ne peut réellement sortir de la négativité qu'en y fondant consciemment une positivité non associable, et celle-ci ne peut consister qu'en l'expérimentation et la connaissance de la loi de croissance de la négativité elle-même et de la positivité associée. »

Raymond Abellio, « Assomption de l'Europe », Chapitre : « Déterminisme et Liberté dans l'activité ineffable du "je". »

Une fois de plus on en revient à l'essentiel postulat écrit dés le premier livre de la Bible, la Genèse, dés le premier chapitre aux versets 26 et 27 :

« Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.»

Puisque nous sommes faits à son image nous nous devons de chercher à transcender les faits et la lecture que nous en avons. Pour nous consacrer au Bien Suprême et nier le Mal dans ce qu'il a de plus abominable il nous faut bien aller par-delà Bien et Mal dans notre lecture du monde en même temps que dans nos actes. Mais cette attitude qui organise son acte n'est pas donnée à tout le monde puisque nous sommes porteurs du péché depuis l'Exil et la Chute, mais quelques rares "élus", pèlerins de l'indicible, peuvent comprendre et agir en conséquence, le grand nombre, la triste multitude, ne peut que se soumettre au Décalogue et mener une vie simple aux perceptions littérales et binaires.

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13/10/2011

Ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent...

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Ces mots terribles de Nietzsche, tirés du "Gai Savoir - Livre Troisième, 125" :

« Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »

Le constat est saisissant. L'Homme se retrouve seul dans le trou béant de l'Univers et il n'a d'autres issues, s'il veut poursuivre sa course en ce bas monde, que de trouver un moyen de remplacer la Divinité absente. Dans ces jours qui sont les miens, je ne puis que rentrer en résonance avec ce que nous certifie ici le philosophe. Oh, non pas que je souhaite revenir en arrière, avant ma rencontre violente avec le souffle de Dieu, mais je lis entre les lignes du penseur allemand combien sa relation au Christianisme ressemble bien plus à une paradoxale lutte avec la Divinité plutôt que contre, à l'image de Jacob exigeant de voir la Sainte Face. On connaît la suite, au terme d'une nuit de lutte Dieu ne l'autorisera à le voir uniquement que de dos, est-il dit, sans que cela ne soit d'une lumineuse clarté sur le plan littéral.

Pourtant dans "Ecce Homo", au chapitre "Pourquoi je suis si avisé", Nietzsche est bien plus proche d'une démarche chrétienne, qu'il n'en n'a l'air, en faisant l'éloge de l'Amor Fati.

« Ma formule pour ce qu'il y a de grand dans la vie est amor fati : ne rien vouloir d'autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans des siècles et des siècles. Ne pas se contenter de supporter l'inéluctable, et encore moins de se le dissimiler - tout idéalisme est une manière de se mentir devant l'inéluctable - mais l'aimer. »

La seule vraie liberté n'est possible que dans l'adhésion sereine à un Ordre dépassant notre petite finitude humaine trop humaine et non pas comme un processus issu des impulsions négatives de notre petit Moi social qui se croit l'égal des dieux symboliques de l'Olympe ou du Dieu Créateur de l'Univers, une adhésion qui rentre en résonance avec l'acceptation stoïcienne de ce qui est, la vacuité taoïste qui pousse au non-agir (qui, paradoxalement, est la meilleure action qui soit) ou l'abandon chrétien qui n'est pas une résignation, mais un acquiescement aux choses qui se doivent d'arriver. Comme il est dit au Chapitre 21 de l'Evangile de Luc : « Ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent. »

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09/10/2011

Satanisme

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Le mot de Chesterton est bien connu, le monde est mené par des vertus chrétiennes devenues folles.

Le Christ parle admirablement du Bien.
Le Bien c'est cette pauvre femme en haillons qui vient déposer une petite pièce au Temple, discrètement, sans se montrer, avec l'assurance que Dieu seul la voit, après la parade du riche Pharisien habillé de ses plus beaux vêtements qui est venu pour se montrer aux yeux de tous.
Le Bien, c'est cet homme qui vient au Temple et qui n'ose même pas regarder l'Autel, qui se frappe juste la poitrine en demandant pardon de n'être qu'un pécheur, belle préfiguration de la plus belle prière orthodoxe faite non pas pour les bavards mais pour les humbles : "Gospode pomilouï !" Seigneur aie pitié. Alors que d'autres s'abîment dans la prière de façon ostentatoire pour que l'on dise d'eux : "Quelle Foi remarquable !"

Car en vérité nulle chose n'est aussi discrète que le Bien lorsqu'il est authentique qui refuse de clamer son nom. Car sitôt il le fait il chute, et interrompt son cours naturel qui est celui de l'humilité, même lorsqu'il accomplit de très grandes choses, il cesse d'être ce qu'il est et devient son contraire de manière masquée, il prend le visage du politiquement correct, endoctrinement et persuasion, prosélytisme, réclame et publicité, bourrage de crâne. En un seul mot : Satanisme.

 

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08/10/2011

Les sûrs d'eux-mêmes, les orgueilleux

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La pratique de la Vérité que certains pensent avoir ne les rend ni lucides ni raisonnables. Ils se crispent dans le sérieux sous prétexte de piété et même lorsqu'ils sont bien éduqués ils en oublient de faire preuve d'objectivité. Or, comme le disait si bien Ayn Rand, il n'y a que les faits qui ont force de conviction et qui permettent d'élaborer les actes de circonstance. Il faut passer par la réalité pour avoir part au Réel. Il faut traverser le monde sans en épouser l'esprit pour avoir part à l'Esprit. Il faut vivre au milieu des malades pour atteindre à la Grande Santé. Il faut côtoyer les ordures et les putains, pour avoir sa part de sainteté. Se mélanger aux brigands et aux saltimbanques pour accéder aux paraboles du Christ. Il faut laisser parler les possédés pour conserver en soi le Verbe car si ceux-ci ne savent tourner leurs langues sept fois dans leurs bouches avant de vociférer, soi-même il faut bien s'éduquer à le faire.

 

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29/09/2011

Parts obscures

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République ? Démocratie ? Les Lumières du XVIIIème siècle n'ont jamais été réalisées... seules l'ont été pleinement leurs parts obscures... dont, d'ailleurs, depuis la Terreur, nous ne sommes jamais sortis. C'est ainsi, le Diable aime à se déguiser en l'Ange de Lumière qu'il fut, jadis, avant que son déploiement nombriliste ne le fasse chuter de la Grâce que lui octroyait Dieu. Ainsi, il déguise, il promet, il intrigue... mais il réalise, toujours, le contraire. C'est un fin politicien qui, comme tous les fins politiciens, se délecte de nos plaintes par son mépris.

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Oui

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

&

 

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

 

Je disais, il n’y a pas longtemps, combien je méprisais ceux de mes collègues qui à la question « ça va ? » me répondaient le lundi : « comme un lundi ! », et le vendredi, bien entendu, « comme un vendredi ! » ou autre variante : « ça ne peut qu’aller, c’est le week-end ! ». À croire qu’il traversent l’enfer durant toute la semaine dans l’espoir de vivre deux jours de délivrance à partir du vendredi soir. Je les comprends. Notre métier n’est pas des plus joyeux, mais cet enfermement auquel ils consentent déjà intérieurement m’exaspère au plus haut point, néanmoins je dois me rendre à l’évidence, la maladie aidant, en bien des points de ma vie je tends vers l’aigreur et je me prends à consulter l’heure bien des fois au cours de ma journée afin de tourner les talons au plus vite pour sortir de cet enfer prolétaire qui ne me convient plus du tout mais face auquel je ne puis que faire bon cœur. De nature à la fois hédoniste et consentante, aimant mon destin et m’efforçant d’en faire bon usage, je n’ai jamais pu me faire aux plaintifs qui passent leur temps à ruminer une aigre colère ravalée et se plaindre de l’état qui est le leur, mais me voici rattrapé par ce que je déteste. Il va me falloir livrer un double combat. J’ai un besoin d’espace, une soif et une faim énormes. Du temps de Venice je voyageais, il y avait tout le temps un projet, un objectif, à présent mes buts sont réduits, limités, même si le premier est de guérir. Et Dieu est avare, me semble-t-il, en miséricorde en ce domaine. J’ai le sentiment meurtrier que je suis livré à moi-même et n’ai point d’autre possibilité que de m’en remettre à ma seule volonté qui se débat dans cet océan de souffrance et d’incertitude.


J’aurai beau chercher, misérable, par la prière, à moins souffrir, réflexe de conservation, pourtant je sais que souffrance et jouissance ne sont que les fluctuations d’un seul et même état, c'est-à-dire soi. La jouissance n’a de sens que parce que son contraire existe et, sans celui-ci, elle serait vide de toute joie.

Nietzsche, tout comme les Proverbes ou l’Ecclésiaste dans la Bible, nous apprennent que la souffrance ou le bien-être n’ont pas à entrer dans une quelconque chaîne de valeurs. La vie jaillit à travers l’émotion, la passion, la sensation. Il est bien inutile de vouloir éliminer toute blessure, de nous réduire à une existence clinique et sans aspérités, cela réduirait de même la voie vers le plaisir. Pour Nietzsche, dans Le Gai Savoir, plaisir et déplaisir sont intimement liés : « Et si plaisir et déplaisir étaient liés par un lien tel que celui qui veut avoir le plus possible de l’un doive aussi avoir le plus possible de l’autre, - que celui qui veut apprendre l’ "allégresse qui enlève aux cieux" doive aussi être prêt au "triste à mourir" ».

Dans l’Ecclésiaste, au Chapitre 3 :

« 3.1 Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux :
3.2 un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ;
3.3 un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ;
3.4 un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
3.5 un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres ; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements ;
3.6 un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter ;
3.7 un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler ;
3.8 un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
3.9 Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine ?
3.10 J'ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l'homme.
3.11 Il fait toute chose bonne en son temps ; même il a mis dans leur coeur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin.
3.12 J'ai reconnu qu'il n'y a de bonheur pour eux qu'à se réjouir et à se donner du bien-être pendant leur vie ;
3.13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c'est là un don de Dieu.
3.14 J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne.
3.15 Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé.
3.16 J'ai encore vu sous le soleil qu'au lieu établi pour juger il y a de la méchanceté, et qu'au lieu établi pour la justice il y a de la méchanceté.
3.17 J'ai dit en mon coeur : Dieu jugera le juste et le méchant  ; car il y a là un temps pour toute chose et pour toute oeuvre.
3.18 J'ai dit en mon coeur, au sujet des fils de l'homme, que Dieu les éprouverait, et qu'eux-mêmes verraient qu'ils ne sont que des bêtes.
3.19 Car le sort des fils de l'homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme meurt l'un, ainsi meurt l'autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l'homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité.
3.20 Tout va dans un même lieu ; tout a été fait de la poussière, et tout retourne à la poussière.
3.21 Qui sait si le souffle des fils de l'homme monte en haut, et si le souffle de la bête descend en bas dans la terre ?
3.22 Et j'ai vu qu'il n'y a rien de mieux pour l'homme que de se réjouir de ses oeuvres : c'est là sa part. Car qui le fera jouir de ce qui sera après lui ? »


Pour citer Maurice G. Dantec dans Le Théâtre des Opérations : « Une connaissance sans danger est comme une éducation sans douleur. Elle ne vous apprend rien. » 


Cette volonté de ne pas souffrir qui est un des traits de caractère de notre époque atrocement minable et petite, futile car désincarnée et sans consistance, et dont je ne parviens à m’extraire que par un énorme effort intérieur qui mobilise une grande part de mon énergie, me condamne, nous condamne, à rétrécir notre champ des possibles, et donc notre joie potentielle, notre expérience et par son biais l’apprentissage que l’on peut avoir de soi. Les peines, comme les joies, sont des guides dans notre existence, des Maîtres de vie. Cela ne signifie pas qu’il nous faille intentionnellement nous offrir à la douleur. Il n’est pas question, ici, de masochisme, encore que je puisse deviner les liens évidents qui puissent être reliés à ces pratiques névrotiques, j’y reviendrai plus loin. Mais pour goûter au bonheur, il faut convenir que le malheur n’est pas exclu du chemin qui nous mène à la satisfaction car douleur et volupté sont les deux faces d’une même pièce qui ne peuvent se passer l’une de l’autre tant que le monde que nous connaissons est appelé à aller comme il va. La différence de leurs actions à tour de rôle ou de concert, en combinaisons secrètes, font accéder à une tension toujours renouvelée ainsi qu’à plus d’intensité vivante. Nietzsche compare d’ailleurs cette alternance au plaisir sexuel : « Il y a même des cas où une espèce de plaisir dépend d’une certaine séquence rythmique de petites excitations douloureuses : c’est ainsi qu’une croissance très rapide du sentiment de puissance et de plaisir est atteinte. C’est par exemple le cas du chatouillement, ainsi que du chatouillement sexuel du coït ; nous voyons là la douleur agissant comme un ingrédient du plaisir. Il semble qu’une petite inhibition y soit surmontée, immédiatement suivie par une autre inhibition à son tour surmontée aussitôt – c’est ce jeu de résistance et de victoire qui excite le plus vigoureusement le sentiment global de puissance excédentaire et superflue qui constitue l’essence du plaisir. » (Fragment posthume de 1888).


L’orgasme une fois atteint il n’est plus possible de poursuivre l’entreprise charnelle, ce qui indique que l’acte sexuelle va de la jouissance à l’insupportable arrêt et transforme certains amants, après la « petite mort », en léthargiques fascinés. Post coïtum animal triste.


La souffrance fait donc partie de la vie et l’homme ne peut se soustraire à celle-ci. Il est même prêt à l’accepter ou la provoquer, à condition qu’elle fasse sens, nous dit Nietzsche. Si elle lui permet de parvenir à quelque chose qui le plongera dans la joie et le fera se connaître davantage.

Ainsi ça n’est pas la souffrance qui affaiblit mais plutôt l’absence de sens. Certains croyants meurent dans de terribles souffrances dues à une atroce maladie, mais avec la paix dans le cœur et l’âme, confiants. Nietzsche quant à lui précise dans La Généalogie de la Morale : « […] mais la souffrance-même n’était pas son problème, son problème était l’absence de réponse au cri d’interrogation : "La souffrance, pourquoi ?" L’homme, l’animal le plus courageux et le plus exercé à souffrir, ne refuse pas la souffrance ; il la veut, il la cherche même, pourvu qu’on lui montre le sens, le pourquoi de la Souffrance. » 

On peut avancer l’idée que l’homme vient au monde sans stratégie, dépourvu de consigne, sans plan de campagne ni boussole. La seule solution est de s’offrir totalement au devenir. Cette idée ne fonctionne que dans la mesure où l’individu se fait pèlerin et accepte d’épouser son avancée toujours recommencée en dépoussiérant le placard de ses ancêtres, en nettoyant sa lignée, toujours un peu plus au fur et à mesure que sa vie se déroule devant lui et qu’il exprime clairement sa soif d’évoluer et cela sans qu’aucun but ne soit inscrit. Nietzsche a critiqué le christianisme en ce sens qu’il voyait en celui-ci une optique réduite, des buts clairement déterminés qui ne pouvaient que limiter les esprits forts à avoir une expansion sur leur existence. Or, à y regarder de près, Dieu, selon la Bible, ayant mis le goût de l’Infini dans le cœur de l’Homme, puisqu’il est fait à son image, et que lui-même, Singularité des singularités est Infini, le but n’est jamais atteint. Il est même écrit qu’à la suite de l’Armageddon de nouveaux rouleaux seront ouverts. Il n’y a pas le moindre intérêt à croire que la Création va s’arrêter un jour et que l’Univers ne sera plus qu’un pré carré. Si cela devait être le cas, tout Gigantesque que la Création puisse paraître à nos yeux de petites créatures pensantes capables de l’englober par la pensée (merci Pascal), elle n’en deviendrait pas moins, aussitôt, plate et sans saveur. Une Prison, à notre échelle sans limites, mais avec des limites tout de même. Et à supposer que nous soyons du nombre des élus au Jour du Jugement, nous n’aurions plus qu’à nous satisfaire d’une bien curieuse béatitude en n'étant plus que l’Ombre soumise de la vision de Dieu. Il faut être un croyant littéraliste et arrêté pour croire semblables balivernes qui contredisent même les plus élémentaires notions de physique quantique. Dieu n’a rien contre le Devenir, ici-bas. Jacob se met en marche et devient Israël. Moïse est abandonné au Nil, il devient Prince d’Egypte, puis père d’une Nation sous l’œil de l’Éternel. Le fils prodigue quitte le foyer, part dilapider sa part d’héritage puis revient vers son père anéanti par le vide de sa vie autant que celui de sa bourse. Le Peuple Hébreux ère 40 ans au désert pour se préparer à supporter son élection, qui est une charge et une obligation. L’absurdité ne manque pas de venir les visiter tous. Si la Bible demande de tenir ferme, car c’est en tenant ferme face à l'Absurde que les choses s’éclairent, pour Nietzsche, cette absurdité constitue la seule réalité puisqu’elle autorise à se mettre en mouvement, en retroussant ses manches. Albert Camus imagine bien Sisyphe heureux. Pour le Grand Nombre cette idée est tout simplement insupportable. Pour le chrétien moderne, qui prenait déjà visage au temps de Nietzsche, Il faut à tout prix la présence d’un idéal pour donner du sens à l’existence, préciser l’orientation en chaque point de notre jour. Des arrières-mondes à venir. D’où le grand succès de l’Islam, du Communisme, du fascisme, du Nazisme, de la République Sociale, avec leurs règles figées, leurs convictions acquises et définitives, leurs rituels impossibles à éviter. Le nihilisme crée les conditions de son propre discrédit sans même s’en douter, car le Nihilisme est toujours sûr de son crédit, de son au-delà gouvernant l’existence humaine, écrasant le Réel avec la Réalité et estimant que toute lucidité n’est que blasphème. Dans un Fragment posthume de 1887-1888, Nietzsche note : « Etant donné ces deux vérités, à savoir qu’on n’atteint aucun but à travers le devenir et qu’il n’y règne aucune grande unité qui permettrait à l’individu de s’y plonger complètement, comme dans un élément de suprême valeur : il ne reste comme échappatoire que de condamner intégralement ce monde du devenir comme une illusion et d’inventer un monde qui se trouverait au-delà de celui-ci et qui serait le monde vrai ». Mais Nietzsche voit les hommes forts et supérieurs, parmi ceux qui acceptent ce fait inéluctable en stoïciens : on n'atteint aucun but à travers le Devenir, non, on est là et on danse et on s’amuse d’être là. Et c'est tout. Ce qui, paradoxalement, est très chrétien. Dire « oui » à la vie sous n’importe quel angle de vision qu’elle se présente à nous est non seulement gage de changement constant, au moins intérieur, mais c’est une acceptation vivante qui nous permet de découvrir le Monde et nous-mêmes au lieu de nous figer dans la Règle et, ce qui en découlera forcément, le Ressentiment.

Religion, Métaphysique, Politique, toutes sont illusoires, et on leur concède le statut de vérités que pour mieux masquer ce vide foudroyant qui jamais ne nous quitte. D’où le constat saisissant de « la mort de Dieu » très mal compris et célébré par les lecteurs athées de Nietzsche comme une simple déclaration de guerre du philosophe à la Religion, alors qu’il ne fait qu’un profond constat et se demande, pour prendre un raccourci, « par quoi allons nous combler ce vide terrifiant ? ».

L’Homme est l’unique être qui porte en lui le désarroi du monde car il est le seul apte à en mesurer l’étendue, et le seul capable de tout tenter pour s’en préserver. Mais au lieu de se réfugier derrière des promesses mensongères, qu’elles soient religieuses, politiques ou métaphysiques, Nietzsche nous invite à nous donner des objectifs nous-mêmes afin de trouver ou de fabriquer un sens à notre vie. Mais une lecture attentive des Proverbes ou de L’Ecclésiaste dans la Bible nous indique clairement que dans l’attente de la mort il nous convient d’aimer ce que nous sommes et d’agir en conséquence sans manquer notre cible. Le péché, étymologiquement, est bien un ratage de la cible. Si le Judéo-Christianisme propose un à-venir eschatologique, il indique également que pour être au rendez-vous il nous faut accomplir notre singularité, dans le Voie du Seigneur, certes, mais avec une souplesse d’accomplissement. Dieu donne le cadre au sein duquel tout est possible… même la faillite du corps ou de l’esprit. Il n’est pas seulement question d’une attente désespéré d’un arrière-monde et les chrétiens, au temps de Nietzsche, qui émergent de plus en plus sont ceux-là mêmes qui sont guidés par ce que Chesterton a nommé « des vertus chrétiennes devenues folles ». En d’autres termes ça a le goût du christianisme, ça en a la couleur et l’aspect, mais ça n’est qu’un artefact. Pourtant voyez, ne serait ce qu’au Chapitre 12 de Romains du Nouveau Testament :

« 1 Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3 Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction,
5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.
6 Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi ;
7 que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
8 et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité; que celui qui préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie. »

En ce sens, l’individu peut trouver une signification à son incarnation miraculeuse ici-bas en se fixant soi-même des buts, en exploitant les ressources de sa volonté et en s’aménageant une autonomie comme remède à sa condition. Celui qui se complaît dans le ressentiment, le nihilisme, l’attente par la seule rumination est surtout quelqu’un qui fait preuve d’incroyance, se met des œillères et manque de force pour croire à sa capacité à créer lui-même du sens dans sa vie puisqu’il est fait à l’image de Dieu. Dès lors, sa négation permanente l’isole proportionnellement à son angoisse et il finira, tôt ou tard, par accepter que d’autres lui dictent sa voie, ou se croyant libre que sa souche génétique le fasse à sa place, que ses ancêtres le portent, avec leurs péchés, plutôt que lui ne les porte avec sa Foi. Et du nihilisme au totalitarisme il n’y a souvent qu’un pas à franchir. Dans un fragment posthume datant de 1888, Nietzsche écrit : « J’ai connu des cas où des jeunes hommes d’origine respectable, qui pendant longtemps ne savaient pas donner un but à leur vie, disparaissent à la fin dans des mouvements franchement malpropres – juste parce qu’ils leur offrent un but …Certains, par exemple, deviennent même antisémites… »

Nietzsche méprise les idoles, mais il a oublié que Dieu les méprise tout autant et qu’il a en horreur qu’on fasse de lui une idole à son tour. Car l’idolâtrie mène au fanatisme qui est pour Nietzsche un aveu de faiblesse et pour le Christ une abomination. Chaque époque a ses Pharisiens.

En qualité de représentant de l’humanité et, pour le croyant, de représentant de Dieu, l’homme est bien plus ce qu’il est dans la création que dans l’obéissance.

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13/08/2011

Viens !

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Attentat fascistoïde en Scandinavie... émeutes en Grande-Bretagne... économie qui vacille... et commentaires de toutes sortes à ne plus savoir où donner de la tête... ça n'est rien. C'est juste le même merdier qui se poursuit.
Rien ne va se dissoudre d'avantage. Tout va continuer comme avant. Et c'est tant mieux. Il faut que les moissons du Seigneur se fassent.
Ce que j'apprécie particulièrement avec le système capitaliste marchand (moi qui ai pratiqué largement le système communiste d'un pays aujourd'hui défunt), c'est que vous pouvez rester chez vous en lisant la Bible ou l'Intégrale de Dostoïevski sans que l'on vienne vous faire chier. Ou la Somme Théologique de Saint Thomas d'Aquin si ça vous chante. Un pays Capitaliste Marchand vous autorise largement à être situationniste... les publicitaires l'ont compris le mieux puisqu'ils sont, dans la forme, des situationnistes par excellence... le défilé Gould pour le bicentenaire de la révolution, l'homo-festivus tant analysé par Muray sont autant de minables tentatives pour un situationnisme médiocre mais qui existe... nous avons la banalité, l'exiguïté, l'insuffisance, la pauvreté, la bassesse que nous méritons.
Désormais, et depuis un moment déjà, les émeutes elles-mêmes font partie intégrante du système. Les hommes et femmes de bonnes volonté n'ont qu'une seule chose à faire, et ça n'est certainement pas la révolution (chaque révolution est elle-même orchestrée... si ce n'est par la volonté clairement humaine, du moins par l'Egrégore créé de toutes pièces psychiques par la Multitude, souvent sur plusieurs générations... le Diable y a sa part à jouer et il y excelle...) c'est de préserver ce qu'il y a à préserver et qui fait de nous des membres de l'Humanité appelée à s'élancer vers le Divin au moment voulu, lorsque l'épée flamboyante se présentera au seuil du jugement et si le Très-Haut daigne nous recevoir avec son Amour au sein de la Céleste Ieroushalaîm. Bref... il nous faut juste veiller et dire sans cesse : "Viens".

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