14/08/2009
Les poufs... sanguinaires ou non...
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Le journal que je tiens sera mon empreinte pour les lecteurs à venir. L’instantané prolongé, capturé dans l’écrin de l’écriture pour dire le souffle que je fus, la banale existence d’un renégat qui se cherche en creusant son tunnel à travers la jungle épaisse, ou en creusant sa tranchée, ou sa tombe. Mon combat si petit qui pourtant m’écrase.
La musique de Gov’t mule me guérit de tout.
À part le fric et ma fille Laura qui fait des siennes, y’a pas péril en la demeure. Malgré les états d’âme d'Irina, et malgré probablement les miens (et mes états d’âme sont parfois gratinés), je vis une relation stable qui trouve encore l’inspiration pour se renouveler. C’est juste plus secret et mystérieux, ça fonctionne dans les soubassements, dans les corridors perdus de nos êtres, par l’instinctive confiance, la nébuleuse indescriptible qui s’amuse de nous et avec laquelle, au fil des ans, on apprend à fonctionner. L’homme est une remarquable machine avec laquelle on est pas au bout de nos surprises. Admirable conception qui sait outrepasser ses imperfections.
Le Japon ravagé simultanément par un tremblement de terre et par un typhon. Life is sweet.
Les nazis, ces poufs sanguinaires, récupéraient les cheveux des juifs, avant leur exécution, pour rembourrer les coussins. Ils confectionnaient des abat-jours avec la peau de leurs victimes. Sans parler des dents en or, bestialement arrachées. Il n’y a pas de sot profit, même dans l’horreur la plus absolue. Mais rassurez-vous, défenseurs des drouadlomme. En Afrique on peut trouver sur certains marchés, les clitoris des jeunes filles excisées, pour je ne sais quelle consommation conseillée par les marabouts locaux afin de guérir magiquement de son impuissance, ou que sais-je ? De même, dans des régions reculées du Congo, on mange du pygmée car comprenez-vous, ces petits semblants d’hommes, ne sont pas des hommes, donc on peut les bouffer entre un singe et un crocodile (dont la chair, m’a-t-on certifié, bien préparée, peut être délicieuse). La boucle est bouclée, si je puis dire, entre la forte bête blonde, élue parmi les élus, et les crétins nègres et leur stupidité meurtrière. En Afrique du Sud Est, les albinos ne sont pas en reste. Leur génocide semble programmé. Ainsi que leur consommation ritualisée. Argument des drouadlommistes : c’est la misère et, surtout, la famine qui les poussent à cette folie.
C’est cela, soutenons-les.
Par contre, comme chacun le sait, ça n’est ni la misère ni la famine qui ont poussé le parti national-socialiste au devant de la scène politique.
La connerie crasseuse est tout de même épuisante. Et la fatigue devient massive et éprouvante lorsqu’on devine la connerie même chez des gens cultivés et sensés faire preuve de discernement. La charge aveugle du dénommé Zak et du sirupeux Radek contre Nietzsche en est un fulgurant exemple. Cette incapacité due à la crispation, à faire preuve d’abstraction, d’esprit de synthèse et de réflexion digne de ce nom, dès que les postulats rencontrés sortent du giron de leurs certitudes.
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Au milieu du péril
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A tous ces chrétiens haineux et donneurs de leçons.
« Le miracle de l’amour, c’est d’être debout dans la nuit, plein de silence dans le fracas de l’insignifiance, plein de louange au milieu de la haine. »
Christiane Singer, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
A la fenêtre du salon. Je fume et je regarde dans le vide. Grande légèreté intérieure malgré la vie qui me pèse. Des soucis de père, des inquiétudes de mari, des questions de fils.
Apprentissage. Jeté dans l’arène à tenir tête à un taureau au souffle brûlant aux yeux exorbités et à la bave fiévreuse.
Et le temps qui passe, menace et soumet.
Il faut affiner ses perceptions. Regarder et sentir le monde par tous les pores de la peau, capter le moindre frémissement susceptible de nous révéler quelque vérité insoupçonnée. La vie se doit d’être un changement perpétuel, mais avec une constance forte et affirmée. A la faveur des métamorphoses et mutations, les transformations apportent la purification, on élimine les tensions, les inhibitions, les raideurs pour gagner en souplesse, en fluidité afin que la liberté d’action devienne une obéissance joyeuse aux moindres sollicitations du devenir. Viennent alors les moments brûlants de la félicité, de la jubilation. Vient, alors, l’extase dans l’œil du cyclone. On se sent arraché à la mort, hors du temps, plongé dans une surabondance de vie où coule à flots un amour capable d’embraser le monde en l’embrassant. Un amour apte à tout comprendre.
Une jeune femme me reproche de n’être pas assez impliqué, trop détaché, flegmatique. La liberté, le refus de soumission dérange. Il est difficile de trouver quelqu’un qui ne fera que la chose essentielle : savourer l’instant, dans la bonne distance avec tout, et savourer, simplement, le miracle d’être. Pourtant je passe mon temps à la pousser à se délester des poids, considérables, qui l’empêchent de déployer ses ailes à leur juste mesure.
« Un jour, ce qu’il y a au monde de plus silencieux et de plus léger est venu à moi. »
Friedrich Nietzsche
Je songe à Bloy, encore, en tombant sur ce passage de Philippe Sollers, dans son livre Illuminations : « Le poète est un prophète en musique. Un prophète du beau et de la vérité. Plus il est grand, plus il est allé loin dans la vérité du langage, et plus il aura lutté pour le langage de la vérité. »
Et je songe encore à Bloy quand il cherche à équilibrer constamment sa lecture du Saint Livre en dévoilant l’éternelle confrontation entre Abel et Caïn qui se reproduit dans toute la textuelle de la Torah puis des Evangiles comme un programme mis en place depuis le commencement des commencements (certains kabbalistes affirment qu’avant même le premier jour, avant même la chute et l’exil dus au serpent, le côté droit et le côté gauche de Dieu se sont affronté en des prémisses an-historiques), je songe, à Bloy et à sa compréhension affectueuse du mystère d’Israël, dans la joute qu’il met en scène avec un verbe fulgurant entre le peuple juif perçu comme abomination et à la fois comme bénédiction, toutes deux inclusives du reste du genre humain, lorsque je lis ces vers de Friedrich Hölderlin :
« Tout proche
Et difficile à saisir, le dieu !
Mais au lieux du péril croît
Aussi ce qui sauve. »
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09/08/2009
Autre temps, même moeurs
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Le 24 août 1770, à Londres, se donnait la mort le poète Thomas Chatterton. Il avait 17 ans.
« Ô mon âme, exerce ton pouvoir, adore ;
Envole-toi sur les ailes de la dévotion
Pour célébrer la journée :
Le Dieu qui créa le ciel et la terre
Animera ma langue reconnaissante ;
Et grâce à lui j’attraperai le profane. »
Changeons les géographies internes, les topographies mentales et c’est la même histoire sans fin qui se répète : un cœur absolu veut s’embraser d’être simplement là où il est et célébrer humblement le jour qui commence comme un chant surgissant du lieu même où se jette impétueusement le fleuve dans l’océan. Le bonheur d’une singularité non entendu par la meute de la foule, ou pire, trop bien entendu.
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22/06/2009
Abîme
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« Quand en 410 parvint en Afrique la nouvelle, on ne voulut pas y croire : Rome pillée par Alaric, un chef wisigoth fédéré un temps avec l’Empire et qui s’était mis à son compte ! Mais quand débarquèrent les premiers réfugiés, il fallut bien admettre l’inadmissible. Rome, la maîtresse du monde, inviolée depuis huit siècles, mise à mal par une bande de supplétifs, chrétiens au demeurant, encore qu’ariens, qui l’eût seulement imaginé ? Non, certes, qu’à cette génération les présages aient fait défaut. En 378, ç’avait été le désastre d’Andrinople où Valens, l’empereur d’Orient, avait disparu. Là-dessus, les villes du Danube étaient tombées l’une après l’autre. On avait bien arrêté, en 405, l’avance de Radagaise et de ses Ostrogoths, mais les Vandales poursuivaient leur descente à travers la Gaule, l’Espagne et bientôt l’Afrique. En fait, tout avait commencé dès le IIIe siècle, en dépit des efforts d’un Aurélien, d’un Probus, d’un Dioclétien surtout pour reprendre en main la situation. Et c’est ainsi que peu à peu, sur fond de marasme économique, de laisser-aller et d’usrpations, les Barbares s’étaient installés en terre d’Empire. Ils s’imposaient aux postes importants des armées, où certains se rendaient indispensables, comme Stilicon précisément contre Radagaise. Mais peu de gens s’étaient avisés de la montée des périls : Libanios, Ammien Marcellin, ou encore le mystérieux auteur de l’Histoire Auguste. Certes, on disait bien que les choses n’allaient pas, mais n’est-ce pas là un refrain commun à toutes les époques ? Que c’en soit vraiment fini du monde où l’on vit, voilà une idée à laquelle on ne se fait pas, et moins encore accepte-t-on la chute d’un symbole jusque-là rassurant. Car, en réalité, Rome n’était plus depuis un bon siècle qu’une capitale émérite, remplacée par Milan, puis par Ravenne pour l’Occident, et pour l’Orient par Nicomédie, puis Constantinople. Momifiée dans sa gloire séculaire, elle n’avait pourtant rien perdu de son prestige, ni — du moins pour les grandes familles — de son agrément. Les rêves ne sont-ils pas toujours les derniers à mourir ? Partout dans le monde, ce fut donc l’inquiétude et la consternation. De Bethléem, Saint Jérôme écrit : « Horreur ! l’univers s’écroule ! » — et ailleurs : « Une rumeur terrifiante nous parvient d’Occident […] Ma voix s’étrangle, les sanglots étouffent mes paroles tandis que je les dicte. Elle est donc prise, la Ville qui a pris l’univers […]. » Dans la préface qu’il destine à son Commentaire d’Ezéchiel, le même Jérôme note : « Qui aurait pensé que Rome, édifiée avec les victoires remportées sur le monde entier, s’effondrerait au point de devenir le tombeau des peuples dont elle était la mère ? Que tous les pays de l’Orient, de l’Egypte, de l’Afrique verraient un jour réduits en esclavage d’innombrables enfants de la maîtresse de l’univers ? » Non que les dégâts fussent irréparables — au cours des temps, la Ville en verraient d’autres —, et Alaric n’avait fait que passer. Mais, en ces trois jours d’août 410, s’était évanoui le phantasme séculaire de Rome capitale éternelle du monde, Roma aeterna ».
Lucien Jerphagon, Préface du volume de la Pléiade : Saint Augustin, La Cité de Dieu (Œuvres, II)
A lire ces lignes, on devrait considérer d’un autre œil la menace à nos portes, lançant déjà son attaque par la propagation de ses métastases parmi nous. Mais il y a un précipice gigantesque entre les braves citoyens européens et leur conscience.
Leurs racines profondément enterrées ils barbotent dans la mare à connards. Plus de cervelle, plus de couilles. Encéphalogrammes presque plats. Quelques soubresauts par moment. C’est que la société de consommation a des aptitudes pour nous plonger dans l’agitation.
« Entre moi et ma conscience
S’étend un abîme
Sur le fond invisible duquel roule
Le fracas d’un torrent loin de tous les soleils,
Dont le bruit même est en fait noir et froid
Oh oui ! sur cette sorte d’épiderme qui clôture les opinions
De notre âme, froid et noir et terriblement vieux,
En soi, et non en son apparence exprimée. »
L’Abîme, le violoneux fou (Poésie anglaise) – Fernando Pessoa
Car l’histoire se répète et se répètera tant que cet abîme ne sera pas comblé. Des barbares et des ariens hier, des islamistes aujourd’hui. Il se joue, là, ici et maintenant, 2009, l’avenir d’une civilisation.
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21/06/2009
L'étranger - II
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Je citais Charles Baudelaire avant-hier et je tombe, ce jour, sur ces propos qu'il eut à propos d'Edgar Allan Poe : "J'ai à écrire l'histoire d'un de ces illustres malheureux, trop riches de poésie et de passion, qui est venu faire en ce bas monde le rude apprentissage du génie chez les âmes inférieures."
Comme je me sens proche de ces mots, ce souffle qui dit la seule différence qui vaille la peine, finalement, d'être soulignée. Oh, je ne suis pas un génie, que le lecteur se rassure quant à mes prétentions, je ne suis qu'une chair qui brûle et un coeur qui saigne, dans une morne quotidienneté qui m'emprisonne dans son poing, mais je suis tellement, une fois de plus, en dehors de tout, à batailler contre les mirages, la facilité logorrhéique et les borborygmes qui chlinguent leurs fonds d'idéologies meurtrières que je ne puis appartenir à rien ni à personne.
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19/06/2009
L'étranger
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Sur la "réacosphère" mes commentaires sur les divers blogs provoquent des levers de boucliers qui me signifient que je ne serai jamais, au final, un membre authentique de cette famille politique qui affiche, ce qui est comique, tout autant de crispations que la famille d'en face. Mes remarques n'enlèvent pas un iota au respect que j'ai pour certaines intelligences croisées ça et là, virtuellement, sur le net, et l'admiration, réelle, pour quelques plumes dignes d'éloges. Mais les systématiques et épidermiques réactions tripales, passionnelles, racialistes, étatistes ou naïvement libertariennes, identitaires, plus catholiques que chrétiennes, du coup très païennes pseudo-gréco-romaines me fatiguent autant qu'elles me font marrer. J'aime bien trop la vie, l'amour, la liberté, la courtoisie, la douceur, la gentillesse, sans émasculer un seul instant la virilité de l'action et la conscience de l'appartenance à une civilisation, j'aime trop les peuples dans leurs diversités, mais avant tout l'homme debout, l'individu digne, quelle que soit sa race ou sa culture pour souscrire à des opinions extrémistes qui se nourrissent de ressentiments, de haine aux yeux injectés de sang et d'amertume vichyste puant la naphtaline. Certes, ils ont des arguments, mais "tout est vrai, rien n'est exact" comme le disait si bien Barrès. Mais il me sied de déployer mes ailes comme bon me semble, dans les circonstances qui sont les miennes et de ne me plier qu'aux choix que mon intelligence a affrontés.
Je me sens un étranger où que j'aille. Pas n'importe quel étranger, comprenez-moi bien.
Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens
m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"
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Les survivants
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Le feu de l'énergie. L'électricité salvatrice. L'acier en fusion. Une prise de position face à la zombification ambiante. Des tatouages comme autant de scarifications volontaires pour conjurer le sort et marquer de signes le passage du temps et les blessures qu'il a gravées. Le Rock and roll est un Fort Alamo qui ne dépose pas les armes ! Imprenable. Tenant tête aux assauts répétés. La fraternité. Vincent, mon frère, avec lequel j'ai traversé les ans et les douleurs rédemptrices. J'aime ses yeux qui brillent sous les néons nocturnes ou les éclairages des salles de concert. Ce sont des yeux qui ont vu, c'est un corps qui est allé dans la fournaise, qui a jouit, qui a souffert. Et c'est un homme qui tient debout, qui regarde la vie à hauteur d'homme. A ses côtés, le soir du lundi 8 juin 2009, j'en oublie presque que l'Europe est moribonde. La droite européiste tape dans ses mains, dans une jubilation non feinte, tandis que la gauche subit sa déconfiture en regardant ses pompes et en serrant les fesses. Sur le plan européen l'extrême droite, bien que franchement minoritaire, progresse. Les verts percent. Tout cela est logique dans la confusion ambiante. La mutation se poursuit et ses mortifications assiègent les hautes consciences. Non, ce soir là je me laisse porter par la distortion sociale et le reste je m'en fous. Vincent m'a invité. Nous avons bu de la bière. Nous avons chanté. Nous avons scandé dans la moiteur du Bataclan. Après le concert la vie a repris son cours. Nous attendons la fin du monde.
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03/06/2009
Intersection
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Comme Sartre, je pourrais retenir du fameux Mythe de Sisyphe que le rocher, à l’approche du sommet, dégringole de la pente laissant l’homme laborieux face à l’absurde et l’obligeant par la damnation des dieux à redescendre en bas pour se remettre à l’ouvrage malgré la folie de l’acte qui se répète de tentative en tentative vouées à l’échec. Nulle foi n’anime cette cause à défendre qui n’en est même pas une. La foi est abolie. Sartre, parlant de Merleau-Ponty, chrétien dans sa jeunesse et disant qu’il cessa de l’être car : « On croit qu’on croit mais on ne croit pas », par cette formule faussement lapidaire — dont l’existentialisme a le talent pailleté d’un faussaire — pense contribuer à saper l’édifice de la civilisation dont il fut l’avorton. Mais Camus veille. Dans son "Mythe de Sisyphe" il retient, lui, que Sisyphe y retourne. Il a même le culot de l’imaginer heureux. Il faut en tout cas beaucoup de volonté, contrairement à ce que pense mon ami Pierre, pour retourner dans la fournaise infernale de la damnation, même si le calvaire que les dieux ont imposé à Sisyphe semble éternellement le lier, l’attacher à un destin funeste écrit d’avance. À ce titre, Merleau-Ponty a une analyse non dépourvue d’intérêt lorsqu’il dit dans La Structure du comportement (1942) : « À partir du moment où le comportement humain est pris « dans son unité » et dans son ensemble, ce n’est plus à une réalité psychique, mais à un ensemble significatif ou à une structure qui n’appartient en propre ni au monde extérieur, ni à la vie intérieure. C’est le réalisme en général qu’il faut mettre en cause. » Le réalisme en général, c’est-à-dire la totalité phénoménologique de la réalité car selon Merleau-Ponty, ce qui importe c’est « le sens qui transparait à l’intersection de mes expériences et de celles d’autrui, par l’engrenage des unes et des autres. » Ce potentiel de significations à découvrir, de champs des possibles, éloigne Merleau-Ponty de Sartre pour lequel « l’homme n’est qu’une situation… Totalement conditionné par sa classe, son salaire, la nature de son travail, conditionné jusqu’à ses sentiments, jusqu’à ses pensées. » (Situations, II) et qu’il ne peut exercer sa volonté qu’en fonction de ce déterminisme. À mes yeux « l’intersection » dont parle Merleau-Ponty éloigne considérablement son existentialisme de celui de Sartre. Je ne sais s’il a perdu vraiment la foi selon la formule sartrienne que j’ai citée plus haut mais cette notion d’ « intersection » a quelque chose de chrétien par-delà la négation existentialiste supposée. Il est évident que nous sommes fondés par un milieu socio-culturel, une langue, une ethnie, une région, un pays. Je frémis d’ailleurs, au passage, de ce que seront les générations à venir sans culture digne de cette appellation, analphabêtisées par une novlangue cybernétique et « SMS-isée », sans aucune idée de l’Histoire et apatrides. De nouveaux mythes apparaîtront. Néanmoins, ne croyant pas en une volonté pure, encore moins en une volonté de volonté, je reste persuadé que l’homme a le choix et la capacité de se dépasser en créant et en se créant, aussi, soi-même. En poursuivant l’écriture de ce qui a été écrit précédemment.
Dans la nuit des temps à l’instant même du big-bang l’univers a-t-il eut la volonté d’advenir pour que ce caillou bleu advienne à son tour et que la conscience émerge du dehors de la valse des étoiles dans le déploiement de l’infini ? La volonté de l’univers ou bien celle de Dieu ?
Curieux comme la vie des bactéries incite les scientifiques à parler, les concernant, déjà, de « vouloir vivre ». De ce « vouloir vivre » primitif (comme un premier pallier à un programme d’hominisation ?), essentiel à toute matière organique de base, s’est dégagé au fil du temps la volonté qui a tendu vers une indépendance plus grande, rêvant même d’atteindre à l’indépendance du pur esprit. Mais la matière, la chair ont de curieuses raisons et, quant à moi, je bande souvent, et sans volonté, de façon purement mécanique, malgré moi. Nietzsche, comme toutes les grandes sagesses, a tenté de penser un être parvenu à un ultime niveau de possession de soi capable de chevaucher son destin avant que celui-ci ne le chevauche. Selon mon ami Pierre c’est une chimère. Et une chimère est difficile à appréhender, c’est dans sa nature, alors sa dissection semble encore plus compromise. Notre esprit est aussi, ne l’oublions pas, une lourde incarnation, modelée par un environnement dont nous ne pouvons faire l’économie de la considération. Information esprit-corps, corps-esprit ; affects, organisme. Le « vouloir vivre » devenu volonté créatrice de civilisations, se perd parfois, s’immobilise, se sclérose, se noue. La volonté a des anomalies de fonctionnement. D’ailleurs, quand je parle de volonté, je ne la conçois pas comme un ordinateur froidement calculateur. Je laisse ces fantasmes aux tyrans et aux despotes, la pureté n’est pas de mon ressort. Cette volonté de puissance est, à mon sens, destructrice. Loin de vouloir faire croire que la volonté annihile les puissances divines ou démoniaques qui tentent perpétuellement de nous façonner, je crois plutôt qu’elle les organise, les met en ordre et les utilise pour augmenter la conscience sous le couvert de la raison. Les personnes volontaristes vivent d’ailleurs un apprentissage sans fin, je n’ai pas peur de le dire : une initiation.
J’ai un côté taoïste aussi. La volonté ultime ne serait-elle pas dans le fait de non pas être apte à prendre une décision tranchante ou d’entreprendre une action éclatante mais bien plutôt dans la capacité à organiser les choses, sans même employer la force, sans même la montrer, selon une pente naturelle et ordonnée ? Nous avons tous des instants de volontarisme évidents, lorsque les circonstances de la vie l’exigent et qu’il faut pouvoir faire face. Mais la plupart du temps la volonté se dissout dans une attitude programmée par des habitudes réfléchies qui deviennent vite des banalités irréfléchies, par des sentiments et des opinions balisées. Ce cercle existentiel vulgaire est bien plus puissant que les éclats rayonnants et les explosions volontaristes. La volonté étant liée à la raison, c’est dans ce cercle quotidien qu’il convient aussi de la travailler et de la faire surgir.
« L’empreinte chez l’homme n’est pas un déterminant absolu comme le croyait Lorenz puisque chaque stade de son développement est gouverné par des déterminants de nature différente. Encore faut-il qu’à chaque niveau de la croissance le cerveau établisse des transactions avec les enveloppes sensorielles, verbales et culturelles. » (Boris Cyrulnik, De chair et d’âme)
« L’intersection » dont parlait Merleau-Ponty.
En 1940, il y avait 2500 habitants à Dieulefit, un village en Drôme provençale. Durant l’occupation le nombre d’habitants monta jusqu’à 5000. À la mairie de Dieulefit on fabriqua de faux papiers. L’école accueillit des enfants juifs, puis leurs parents arrivèrent aussi, enfin un nombre considérable de peintres, de poètes, de penseurs, de photographes, de médecins. Tous Juifs. Le village doubla sa population dans le miracle d’une résistance silencieuse qui ne fit pas la moindre vague. Les 2500 habitants de Dieulefit envahis par 2500 Juifs pourchassés ne dénoncèrent personne. Le village entier de Dieulefit fut un village de justes qui surent probablement l’importance de « l’intersection » qu’évoquait Merleau-Ponty avec justesse. Durant 4 ans Juifs et villageois vécurent en bonne intelligence par la grâce de Dieu. Pierre Vidal-Naquet, réfugié dans le village durant ces années sombres, parle même de Dieulefit comme de la « capitale intellectuelle de la France » tellement les intellectuels de sa communauté s’y sentirent bien tandis qu’au dehors de ce cercle régnaient la grisaille et se propageait la moisissure.
Je ne sais pas qu’elle fut la nature de l’empreinte des Dieulefitois et dans quelle mesure on pourrait dire que les décisions du moindre villageois furent prédestinées. Je pense qu’il a fallu exercer un libre-arbitre digne de ce nom pour prendre les décisions qui s’imposaient et traverser les quatre années d’une France collaborationniste dans un mutisme angélique sans attirer la moindre attention. Que les SS eurent découvert les agissements de ce village et Oradour-sur-Glane passerait pour un pétard mouillé. Libre arbitre mais volonté aussi et résistance ordonnée pour que chacun collabore à la résistance en question. Confronté à des situations extrêmes la vie devient une conquête permanente jamais fixée d’avance ni par nos gênes, ni par notre fondation psycho-socio-familiale. Rien n’interdit l’évolution sur le champ des possibles. Et chaque saut qualitatif arrive en temps et en heure au terme parfois d’une vie de préparation dans une banale quotidienneté.
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13/03/2009
Vertueux
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Les vertueux ont la foi pure. Gigantesques dans leur dévotion moisie, ils sont vieux avant que de l’être. Courbés et anachroniques. Ils vont apporter la rédemption à l’humanité en enserrant les corps dans des catafalques noirs pour ceinturer les seins, les fesses et leurs croupes. Leurs queues et leurs vulves ont l’imagination courte. Mais ils ont assez d’imagination pour faire œuvre de civilisation, croient-ils, dans l’attente de la parousie sanctificatrice.
En attendant, connaissent-ils ces chairs qui se caressent, se malaxent, et s’extasient, ces palpitations cardiaques qui aèrent la cervelle jusqu’à la déglinguer ? le souffle hachuré, le tremblement merveilleux, le frisson entre deux corps comme un ras de marée que l’on ne prévient jamais et qui envahit tout ? on parvient, parfois, à calculer et mesurer le cours même de l’histoire, à évaluer des intelligences, à détourner le destin de sa voie toute tracée, mais l’amour et le désir ne peuvent s’apprivoiser. Aucun scalpel du questionnement humain ne parviendra jamais à en défaire l’épiderme, les muscles et les nerfs. La dissection en est impossible. Lorsque l’être aimé devient le centre gravitationnel autour duquel absolument tout se joue, se noue et se défait, on n’est plus au royaume de la raison, mais dans une nef des fous. Et les puritains n’ont pour ce phénomène que des condamnations diaboliques à vociférer.
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12/03/2009
Acte
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Ecrire c’est attendre tout de cet acte.
J’ai mis du temps à comprendre que ma douleur ne pouvait en aucun cas me servir de masque. Je suis comme je suis. Avec ma face, avec mes mains, avec mon corps entier, et mes regards où transparaissent mes hantises intimes. Du coup, j’aime être seul le plus souvent possible car j’ai une sainte horreur d’avoir à justifier ma ride sur le front née de mes inquiétudes, juste sous la cicatrice dont j’ai hérité d’une chute à quatre ans en ex-Yougoslavie. Marque de Caïn. C’est vrai. Ma douleur est bien moi. De bout en bout mais je tiens debout. Un cri jamais véritablement sorti de ma gueule qui a passé des années à errer dans les entrelas de ma chair et de mon réseaux nerveux avant que de se dissoudre avec le temps dans une sorte d’acceptation pleine de félicité. Je suis quelqu’un sans importance, voyez-vous, je vis et je meurs en silence dans mon désert aux murailles de vents et de silice. Je l’écris juste comme je peux. Peut-être pour porter témoignage de la banalité d’un parcours. Porter témoignage, c’est-à-dire, en grec, être martyre.
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Inattendu
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Il y avait ici, un possible que la régression générale interdit de concevoir. Les utopies sont des farces qui ne laissent entrevoir en partie visible que de sordides mythifications kitchs et moisies de ce possible alors qu’elles cachent sous le calme apparent de la nappe aquatique les meurtres génocidaires muets, sourds et aveugles. Une graine en demeure en attente. Elle ressurgira au cœur même du fumier selon des voies inattendues.
UTOPIA, Bernard Lavilliers
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11/03/2009
Crossroad
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Que j’aimerais pouvoir à nouveau sculpter une belle suite d’accords, y peindre simplement une jolie mélodie, pouvoir à nouveau caresser des cœurs, toucher des âmes avec mes parfums d’essences florales ou de souffre et d’acide. Et dire avec mes mots le dédale de mes errances joyeuses ou suppliantes. Ma quête de clochard céleste.
« Quarante-quatre ans c’est l’âge de la vitesse de croisière. Vous devez avoir donné l’impulsion maximale pour vous désorbiter, et à la mi-quarantaine être en mesure de considérer la vieillesse, et la mort qui lui est corollaire, pente sur laquelle vous êtes désormais sur le point de basculer, si ce n’est déjà fait, comme la plus grande chose qui puisse vous arriver. »
Maurice G. Dantec, Le Théâtre des opérations 2002-2006. American Black Box
Je suis là, à bientôt 44 ans, à tourner sur moi-même devant le vide du ciel, ou son trop plein que je n’arrive pas à appréhender avec l’assurance nécessaire. Certains jours un Appel se fait entendre qui me tire vers le précipice de la Foi, là où il est probablement indispensable de la mettre en abime. Et je perds pieds au quotidien face au gouffre. Comprends-tu ami lecteur ? Dans le même livre de Maurice G. Dantec, American Black Box, l’auteur écrit :
« L’an dernier, ma slavophilie menaça de tout emporter dans une conversion à l’Orthodoxie russe.
Mais un certain nombre de lectures, dont les Pères de l’Église, et de nouveau Léon Bloy finirent par consolider une position éminemment centrale. Alors que je me rendais à Paris, ce printemps, le 18 mars, la veille de l’attaque américaine en Irak (comme en 1999, lorsque la sortie de Babylon Babies coïncida avec l’opération aérienne au Kosovo), je savais que ce séjour serait le déterminant actif, celui par qui la décision finale, sans doute, se jouerait.
Ce n’est pas de la superstition. C’était l’évidence.
À tel point que même devant les marchands du temple, vendeurs de saucisses et de T-shirts, entassés sur le parvis millénaire de Notre-Dame, je ne pus m’empêcher de pénétrer en la sainte cathédrale à la suite d’une horde de touristes à Caméscope, puis, cherchant un peu de solitude à l’abri d’un pilier de l’allée, je me mis à écouter la messe, à proximité d’une petite communauté de fidèles, absolument inattentifs au cirque touristico-digital-polaroïd qui me promenait un peu partout, en short ! (Il n’y a pas pire salissure, selon moi, qu’un touriste en short dans une église, à l’exception d’une bande de soudards enivrés, ou de sans-culottes instruits de haute philosophie.)
Mais, comme j’aurai l’occasion d’y revenir plus loin, si à mon retour la décision était prise, baptême catholique sans plus tarder et donc catéchuménat, je n’étais pas au bout de mes peines.
À ceux qui me lisent et qui sont déjà baptisés, qu’ils s’en foutent ou qu’ils croient, peu importe : en fait ils sont sauvés.
Mais moi, moi qui veux rejoindre l’Église, dans la terrible clarté d’un acte adulte, je la vois comme s’enfuir loin de moi. À chaque fois que je fais un pas dans sa direction, elle en fait deux dans celle opposée.
Le baptême, nécessité impérieuse, folle, inexpugnable, et parfois comme quasi impossible. »
La catholicité mise à part, moi étant plutôt tenté par l’église orthodoxe par pure serbité en premier lieu et par désaccord avec le « filioque » également, je suis dans une phase de ce type aussi, probablement à un degré moindre car au moment où Dantec écrit ces lignes il a prit des décisions de catéchisme et de volonté dévotionnelle à sa mesure, ce qui n’est pas mon cas encore.
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10/03/2009
Radeau
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Mille pensées différentes m’assaillent. Mon état physique. Ces vingt dernières années. Ma situation professionnelle et sociale. Ma vie que raconte, d’une certaine façon, mon écriture. Mon écriture qui prolonge ma vie, mais je ne parle pas, ici, dans le domaine du temps. Je parle du milieu même de l’écriture, de la redoutable synesthésie qu’elle opère en moi, aiguisant ma conscience, me donnant des armes. Je pense à tout ça, non sous forme de bilan, mais comme un défilé, une cohorte bariolée d’images ivres, joyeuses et douloureuses. Les frôlements du bonheur, parfois. La mort, déjà, présente et me clignant de l’œil. Salope ! O rivages d’aube ouverts. Règne supérieur. Tourbe, sel et sable. Vents. Pluies. Possibles qui se roulent à l’orée guettant la vive présence qui les fera advenir ou se dissoudre dans la poubelle de l’histoire. J’ai traversé ce lieu funeste et tenté de vivre en homme.
Jeune je voulais marier l’insolence et la beauté. Convulsion post-surréaliste. Puis le temps a fait son œuvre. Et le temps ne triche pas. C’est nous qui tentons constamment le subterfuge, la dérobade, la tricherie. Le temps vient nous réclamer sans arrêt les examens de passage. L’expérience. Fais tes preuves le loustic.
Je suis ce que je suis. Je tiens le rôle qui est le mien. Avec difficulté. Tentant d’en écrire, selon mes modestes moyens, quelques luxuriances, à défaut d’en écrire le scénario, pour faire référence à un débat constant que j’eus jadis avec un ami qui soutenait que la volonté n’existe pas contre mon avis nietzschéen. Le temps, donc, cœur central de l’art, (fixations dans la trame de sa géhenne d’instants qui transcendent notre condition d’épaves portées par son impétueux torrent) cœur central de la pensée depuis la chute, qui me fait prendre la mesure de mon âge, du chemin parcouru, de l’œuvre tentée et non réalisée et du sentiment d’échec qui est une tentation à combattre (ô démon de la pesanteur) pour tenir debout comme un homme, du socle qui est le mien, de ma fondation, de mon chantier. J’ai écrit quelques chansons, fait souffrir mes doigts sur des guitares qu’il me fallait dompter, joué de la plume trempée dans mon sang sur les pages vierges de mes viols de survie, me suis marié et fait des enfants. Et je me démerde chaque jour que Dieu fait avec cette route qui est la mienne. Si je suis la preuve que la volonté n’existe pas, j’aurai plutôt tendance à croire que je n’ai tout simplement pas la volonté en question en moi car noué par un fatras de nœuds que je n’ai pas réussi à dénouer ou eu le courage de trancher d’un coup d’épée décisif. Le corps cloué sur mon radeau, transfuge d’un long hiver qui n’en finit plus, au milieu de la dérive tectonique des continents, point insignifiant dans la multitude du monde. Je ne grandis plus mais je vieilli. Mais je tente l’évolution, la poursuite du chemin sans lacune. L’apprentissage. Aux pays des morts.
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Couple...
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« Je suis pour l’amour absolu avec tout ce qu’il a d’infâme ou de resplendissant. Et aussi pour ces bons petits coïts de compère à commère, à la va-vite entre deux portes ou bien à l’aise quand le besoin vous prend. Mais j’exècre les accords mondains, où le sentiment s’abaisse et la friction se hausse, ces accords de monnaie courante qui vivotent d’accommodements et d’omissions ; plutôt que de vivre une telle passion fade, je préférerais me nourrir de croutons frottés de bran à la lueur d’un puant godet de pétrole lampant à usage domestique. »
Louis Scutenaire, Mes inscriptions 1943-1944
La vie de couple est une fausse paix hypocrite. Ça a la couleur et le goût de l’amour, mais ce n’est pas de l’amour. Mais, comme disait Apollinaire, Dieu merci « J’ai dans ma maison, une épouse dotée de raison »
« Aucune amitié ne peut assumer ce que le mariage exige. » écrit Hannah Arendt dans son Journal de la pensée, décembre 1950, « L’amour, lui, le peut lorsque le mariage en tant qu’institution est réduit à néant en vertu de la libre décision de deux êtres. »
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09/03/2009
Guerre
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« Gardez-vous donc toujours prodigue. La création artistique […] est la guerre même. Et vous êtes guerrier. »
Saint-John Perse, à Igor Stravinski, Washington, 25 janvier 1962
Enfant que ce temps a pétri et au sein duquel je me débat, avec violence, dans l’atrocité de la tâche, il arrive que mon intériorité fusionne aux circonstances et conditions extérieures et alors, avant même que je ne me sois saisi d’un stylo pour me tailler un chemin praticable à travers la multitude… c’est la guerre.
« Autrement dit, la liberté ne peut se concevoir que comme le lieu d’un sacrifice particulier où l’homme doit se séparer de lui-même et de tous les autres pour pouvoir se trouver et engager le dialogue avec eux. »
Maurice Dantec, Le Théâtre des opérations 2000-2001. Laboratoire de catastrophe générale
Bâtir et faire habiter... mais le recours aux forêts, d'abord, s'impose...
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Polisseurs de l'Être
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Je suis touché au plus profond à l’évocation des petits métiers, des petites taches journalières, des artisans, des paysans, à l’évocation de tous ces polisseurs de verres au quotidien auxquels nous ne prêtons plus attention, j’assiste alors médusé, à une sorte de recension des fonctionnaires de l’être. Il doit bien exister quelque part un éboueur lecteur de Spinoza qui se transperce le cerveau de questions pointues, autant que j’existe , moi, magasinier à la Fnac, lecteur de Nietzsche, trainant mon incarnation dans la fournaise impitoyable de la banalité broyante. Un éboueur, aristocrate crasseux, qui nous lave de notre merde, nos déchets de bien portants et y trouve pâture à une méditation métaphysique. Un qui rejoindrait l’essence des choses et qui, par sa vie, chanterait l’être.
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08/03/2009
Fièvre
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Ô Dames lascives, corps huilés,
effleurez-moi l’épiderme de vos colliers,
vos bagues d’or et vos boucles d’oreilles tressées.
L’encens brule dans les coupes.
Brûle aussi le vin
dans les verres scintillants
à la flamme des bougies.
Les percussions rythment
le flux et le reflux des déplacements
chaleur de l’air
senteurs de musc
pâleur écarlate
effluves de sueur
palpitation holoscopique
comme si tout était
dans le moindre souffle, Tout dans
le moindre brin de respiration
haletante et sainte dans son péché.
Douce décadence de l’extase,
violente extase en l’âtre blasphématoire
de ma carne désossée.
Cyclone de l’équateur.
J’ai monté les marches, ouvert la porte, estimé les lieux et me suis engouffré dans l’alcôve moite et chaude comme un cœur agonisant.
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La tension et l’écorchure
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Les qualités que la société exige avec insistance de nous pour en gravir les échelons illusoires et sanglants ne sont pas les qualités qui font les artistes, les guerriers chevaleresques, les moines, les chercheurs et les saints. Une morale sans transcendance. La fosse à purin. Prédateurs. Egocentriques. Névrosés. Puritains. Grenouilles de bénitier pontifical ou crapauds de barrique à pinard laïc. Je suis du côté des jésuites contre les jansénistes. Malgré la force d’un Pascal qui a, par ses pensées, balisé des aires de réflexion dont on ne peut faire l’économie. On peut s’amuser à éviter Pascal, mais sa manière de questionner l’angoisse qui l’étreint (et dont il tire son espérance) est difficilement destructible. La flamme de la foi qui vient de bruler est une extase, dans une certaine mesure, contaminante. Mais je ne suis pas un contempteur du corps, cette enveloppe charnelle qui porte la tension et l’écorchure que je suis sur le champ de bataille du monde.
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Privilège
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Quel privilège que de vivre cette vie éphémère !
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07/03/2009
Comédie
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Au milieu de la comédie sociale avoir un sens aigu de sa propre contingence. Refuser la mythologie d’une rédemption politique. Quelle qu’elle soit. Après, avancer du mieux que l’ont peut, avec ses semblants de certitudes, évidente propension à s’adonner à des illusions pécheresses qui trompent l’âme en semblant, pour quelques fulgurants instants, arrêter le temps et le cours des âges. Face à tout ça, s’en remettre à Dieu, en espérant qu’il existe.
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Oui
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Tous mes échecs, mes rêves perdus, mes défaites au goût de sel. Toutes mes piètres souffrances face au trou noir du monde. Et mes délices, aussi, sous le dôme oculaire du ciel. Je suis prêt, oui, à les revivre, comme un nécessaire et joyeux redéploiement. Je suis prêt, oui, à dire « oui ».
J’écris tout ça la sueur au front, moi même porté par l’oblat de mon acte qui me fait oublier que vivre est peut-être un malentendu. Suis-je moi, ou l’autre ? Celui qui parle tel un druide ? Celui qui s’anéanti entre ces quatre murs pour accéder à la part manquante ? Vivre, ne serait-ce plutôt — surement — une lumineuse nécessité ? Tenir tête au vertige et prendre place dans la spirale comme on prendrait place dans un manège de foire ? J’écris, certes, pour guérir. J’écris aussi pour les hommes… j’écris pour les femmes. Je veux dire pour la vision saisissante que m’envoie la Femme. Seigneur, je pourrais dire que j’écris ces lignes tortueuses comme des chemins de traverse, avec l’abîme au bout de la bouche, ou plutôt l’abîme m’enserrant le cœur, les entrailles dans sa main de fer noir. J’écris pour toutes les saintes, les salopes, les amantes, les mères, les sœurs, les douces les tendres amies, les dévergondées et les putains, toutes les suceuses de queues qui nous abreuvent de leurs sucs, leurs parfums de crèmes ou de sueurs, leurs purifications menstruelles ou leurs pertes blanches, leurs sèves saines ou nauséabondes, nous soulèvent dans les airs où nous piétinent, mais finissent toujours par bruler nos cervelles à la lueur de leurs bougies en nous enfonçant des aiguilles dans la moelle épinière comme dans des poupées en terre vaudou. On se retrouve alors vidés, livides, la bite pantelante, en descente sur l’Orénoque, ou alors grandis, jouisseurs et forts comme la mort et même plus. En partance pour les sentiers anciens, celle que raconte John Lee Hooker dans ses blues humides, la guitare désaccordée, le bourbon suintant sa tourbe aux commissures de ses lèvres ; celle que raconte Jim Morrison dans Soul Kitchen ou The End, Wagner dans Tristan et Yseult… où le Seigneur Dieu lui-même dès les premières pages de la Genèse. C’est une histoire de damnation, de foyer perdu, d’enfance soudoyée, de crime et d’inceste, où l’amour et la haine, la paix et la violence sont les deux extrémités d’une même pièce qui se conjugue toujours en simultané !
11:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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06/03/2009
Hors la crypte...
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Est-ce que mon lecteur peut, après avoir quitté les mots qui sont les miens et s’être engouffré dans son quotidien pavé de repères bien connus, régurgiter quelques parcelles de ma cervelle dans ce qu’il peut penser et dire de la réalité qu’il appréhende ? Est-ce que le souffle qui est le mien, ou tout du moins ce souffle qui Me traverse et que je communique comme un flux qui m’emporte bien souvent par-delà moi-même, parvient à insuffler un peu d’air dans les terres en manque de fertilité, les sols en jachère, durcis par l’abandon, en proie aux intempéries, dans l’attente du socle de la charrue ? Mon expérience vive porte-t-elle des fruits pour autrui ?
"Aux Poètes
Tout comme un jour de fête, afin de voir son champ,
Le matin sort un paysan, quand de toute la nuit
Ardente les éclairs n’ont cessé de tomber, rafraîchissants,
Et que dans les lointains résonne encore le tonnerre,
Le fleuve de nouveau s’avance entre ses rives,
Le sol avec fraîcheur se fait tout verdoyant
Et la pluie bienfaisante du ciel
Ruisselle de la vigne ; étincelants, debout
Dans la paix du soleil sont les arbres de la futaie.
De même ainsi, debout sous un temps favorable
Sont ceux, formés non par un maître seul,
Mais par la merveilleuse, l’omniprésente en son très doux
Embrassement, la puissante, la divinement belle Nature.
Et c’est pourquoi, dans ce temps de l’année où elle semble
dormir
Au ciel ou dans les plantes ou les gens,
Alors s’endeuille aussi la face des poètes
Qui semblent être abandonnés ; pourtant toujours ils sont
Pressentiment, car elle aussi dans son repos n’est que
pressentiment
Or maintenant il fait jour ! J’ai patienté et je l’ai vu venir ;
Oh ! que cette voyance, ce sanctuaire soit mon verbe !
Celle en effet, celle-même qui est plus vieille que les
temps
Et par-delà les dieux du Soir et de l’Orient
Existe, la Nature, à présent, se réveille au froissement des
armes,
Et du haut de l’Éther au profond de l’abîme.
Selon la loi très immuable, comme autrefois, surgi hors du
Chaos sacré
L’enthousiasme flamboie et se sent neuf,
De toutes choses à nouveau, le créateur.
Et tel pour l’homme, un feu s’allume dans son œil
S’il entreprend quelque tâche sublime, tels de nouveau
Les signes, maintenant, et les actes du monde
Font s’allumer un feu dans l’âme des poètes.
Et tout ce qui s’était accompli jusque-là, pourtant à peine
ressenti,
Ne vient que maintenant à l’évidence,
Et celles, souriant, qui nous avaient travaillé notre champ
Ainsi que des servantes, elles sont révélées,
Les très vivantes, ces puissances des dieux !
T’inquiéterais-tu d’elles ? Leur esprit souffle dans ce chant
Que le soleil du jour et que la chaude terre
Ont libéré, et ces orages, qui habitent les airs, et ces
autres
Plus amplement mûris au creux profond du temps,
De pire augure et bien plus près de notre intelligence,
Qui vont errant entre le ciel et la terre, ou bien parmi les
peuples ;
De l’esprit unanime, ce sont les pensées
Qui viennent s’achever et trouvent le repos dans l’âme des
poètes.
Ah ! qu’elles soient promptes à la toucher, cette âme
depuis longtemps
En contact avec l’infini, et toute frémissante encore
Du souvenir, afin qu’incendiée par le rayon sacré
Elle accomplisse avec bonheur ce fruit né dans l’amour,
Œuvre des dieux et de l’homme : son hymne
Qui se fait leur témoin réciproque.
Ainsi tomba, les poètes l’ont dit, sur le palais de Sémélé
Cette foudre divine, après son vœu de contempler le dieu
Dans sa splendeur, lorsque cendre au sein de la mort, elle
enfanta,
Fruit de l’orage, Bacchus le sacré.
Au feu du ciel, dès lors, ils peuvent s’abreuver
Maintenant sans péril, les enfants de la terre.
Mais c’est à nous, pourtant, sous les orages de Dieu,
O poètes ! à nous qu’il appartient de se dresser et tête nue,
C’est à nous de saisir de notre propre main
Jusqu’au rayon du Père et de le tendre ainsi,
Recélé dans le Chant, ce don du ciel, de l’offrir aux
nations ;
Car c’est nous, entre tous, qui sommes de cœur pur
Ainsi que des enfants, et nos mains ne sont qu’innocence.
Venu du Père, et pur, l’éclair ne le brûlera point,
Bien qu’ébranlé profondément, souffrant en compassion
Les souffrances d’un dieu, ce cœur en son éternité
Qui pourtant reste inébranlable.
Hölderlin – Hymnes, élégies et autres poèmes
« Je dis d’emblée que je ne suis pas maîtresse des mots qui vont suivre : ils coulent de source. Plutôt, une lymphe couleur d’encre suinte de la paroi en peau qui limite le gouffre que je suis pour ma solitude. Cela, parce que je ne puis rien dire que je n’aie éprouvé. Eprouvé il y a du temps. Du temps a coulé en moi, il est devenu mon temps — que j’exsude, et qui goutte en mots.
Si les mots coulent de source, ma pensée, elle, tâtonne. Je vois (physiquement, ai-je envie de dire) ma pensée tâtonner en avant des mots entrainés par le tâtonnement ; c’est paradoxal. C’est que le sentiment de solitude est paradoxal.
Et contradictoire.
Si je le suis à la trace, mes propos aussi auront l’air contradictoire. Il se pourrait qu’ils ne soient pas tout à fait conformes à ce que j’aimerais qu’ils soient. Or, je dois suivre ma pente, laquelle commande la nature et l’allure des mots. Ainsi je me hasarde dans une forêt presque hercynienne, en rêvant d’une clairière sacrée (d’un nemeton) au bout du tracé consciencieux.
Parce que l’entreprise m’affole, j’ai besoin d’imaginer un lecteur, et je lui interdis de sauter une ligne… Enfin, non… Qui m’aime me suive, comme on dit. »
Claire Fourier - Au clair de la solitude
Il y a une entre-zone, un no man’s land, d’où me provient l’appel, l’obligation. Lieu de toutes les pertes. M’y aventurer est une profonde angoisse. Et pourtant, y échapper est la première des lâcheté, celle qui engendre toutes les autres lâchetés dont nous sommes coutumiers, à commencer par celle qui consiste à ne pas se sentir concerné, à tempérer sans entendement la gravité de la purulente plaie et s’endormir sevré de distraction et le cœur humaniste. « Où sont mes anges ? Je suis une âme nue. » La résurrection est une espérance. Mais ici et maintenant nous sommes confrontés à une descente quotidienne, accompagnés par notre psychopompe, vers les cercles concentriques de l’enfer. Mais ressusciter ici et maintenant ? Dans l’immédiateté de l’instant.
"Another holiday from all the vampires
and all the sycophants caught on the highwire
so sexy, sexy babe you know i need some
to pass the time away to get relief from
all this life that's filled with wanton tragedy
just like a runaway with no escape zone
you'd think i'd find a way you'd think i'd fake one
but all my life's been filled with wanton tragedy
where's my angels i'm a naked soul
where's my angels i'm a naked soul
so just for heaven's sake i'll try to face this
it's just a chance you take to get a last kiss
so sexy, sexy babe you know i need some
to pass the time away to get relief from
all this life that's filled with wanton tragedy
where's my angels i'm a naked soul
where's my angels i'm a naked soul
now don't you hide from me
don't you hide from me
don't you hide from me
all my life's been filled with wanton tragedies
where's my angels i'm a naked soul
where's my angels i'm a naked soul
now don't you hide from me
don't you hide from me
don't you hide from me
don't you hide from me
please don't"
Tea Party – Angels
"You wanted this
So sad to see
The sweet decay
Of ecstasy
And you want it all
And you want it all
A frozen sun,
Would guide you there
As shadows hide
The deep despair
And you want it all
I'll give you something more
And you'll fade away
One last kiss before
You fade away.
So sleep tonight,
In idle dreams
The pain will drown,
Your silent screams
And you want it all
And you want it all
I'll give you something more
And you'll fade away
One last kiss before
You fade away
Lives you once adored
will fade away
Lies you can't ignore
You soon repay
As you fade away
As you fade away
As you fade away
As you fade away
And you'll fade away"
Tea Party – Psychopomp
À chaque fois on a le sentiment d’émerger d’un long rêve ou d’un effroyable cauchemar. C’est selon. Lorsque hors la crypte on sort au haut soleil, guidé par la trame de l’écriture. Immense courroie de transmission. Langue de feu de ce lieu d’entre-deux où la violence tente de me posséder avec langueur, cette même langueur qui fait que depuis la nuit des temps l’espèce dont je suis se perpétue en perpétuant, aussi, sa souffrance.
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05/03/2009
Point Fixe d'une Vérité
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L’inspiration est verticale, les influences, quant à elles, sont horizontales. Il y a une continuité entre la chose, le fait et la lecture du phénomène. Pour toucher au but mon esprit doit être tendu et porté par les sensations dans lesquelles je dérive mais qui l’éclairent et le soutiennent sans la moindre défaillance. Je ne suis alors aucunement la marionnette des dieux. Il faut se saisir du bon masque et prendre part sans hésitation à l’élaboration du simulacre. Le devenir est un possible mais un néant aussi, un non-être, une espérance illusoire et désespérée, un trouble angoissant que l’esprit ne parvient pas à saisir dans le cercle de la pensée rationnelle. Car, en même temps, tout autour de nous, la course du temps indique le changement permanent, la vibration damnée de l’histoire des hommes. L’infini néant, face à la vie infinie, menace de sa mâchoire béante chaque pas de chaque carne. L’écriture se pose là quelque part, dans cette imperceptible humeur et cherche à faire surgir le point fixe d’une vérité.
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Ce jour...
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J’ai le sentiment bien souvent de ne faire qu’une seule et unique chose : mobiliser toutes mes forces pour une ultime, brève et vaine résistance. Et puis tout se projette à nouveau en avant dans le cours des faits et des choses.
J’en suis parfois à me demander face au grand ronflement de la bêtise ambiante si nous ne sommes pas nos propres bourreaux, prenant un indiscutable plaisir à nous exécuter pour répondre aux imprécations d’un jugement rendu en vitesse, une épuration en profondeur, passionnée et sans usage de la raison. Cette citation de Bertrand de Jouvenel :
« Nous finissons par où les sauvages commencent. Nous avons redécouvert l’art perdu d’affamer les non-combattants, de brûler les huttes et d’emmener les vaincus en esclavage. Qu’avons-nous besoin d’invasions barbares ? Nous sommes nos propres huns. »
Il n’y aurait pas l’islamisation en cours, la désintégration progressive de tout ce qui fait notre civilisation, de tout ce qui fait le surgissement de l’être dans le flux temporel de notre historicité, nous trouverions autre chose pour nous auto-enculer avec allégresse. Le masochisme est vraiment général et le sadisme nous enserre de ses griffes, hélas, trop réelles.
Sur la frontière le sacre devient évidence, là où se côtoient la mort et la vie, là où l’écriture prend toute sa dimension, dans la lumière claire de l’équilibre retrouvé. Je suis, alors, là, face à l’esprit des foules, cet « éternel non » dont parla Goethe.
Dansez, dansez, pauvres fous, Obama est président tout est à nouveau possible, croyez-vous, bande de nains. Vous vous étoufferez un jour, votre cœur cessera de battre. La vie est belle, vos postures l’affirment avec une prestance ridicule mais sévère. Vous êtes convaincants, surtout pour vous-mêmes. Pauvres chiens malades.
Alexandra David-Neel, dans ses Textes tibétains inédits cite Lobzang Rigdzu Tsang Yang Gyatso, sixième Dalaï-Lama, poète et libertin :
« Si l’on a pas présente à l’esprit l’idée de l’instabilité et de la mort bien que l’on soit, d’autre part, intelligent, l’on est pareil à un idiot. »
Le profil de l’écriture est difficile à cerner. J’ouvre juste le cahier et j’écris. Le processus en cours n’est pas de mon ressort. Le personnage est coincé dans une vie compliquée, une histoire de groupe rock sur fond chaotique. Ici, dans son environnement immédiat la cité dortoir dans laquelle il vit et encore telle dans les années de son adolescence se transforme sous ses yeux en nécropole bariolée aux odeurs d’épices fortes mises en musique par NTM. Là-bas, en sa terre natale coule le sang d’une guerre qu’il ne ressent pas comme la sienne et qui le fait vomir car elle lui arrache ce qui lui restait de son enfance. Certains soirs il boit de la Slivovitz en écoutant les vieilles chansons folkloriques de Muharem Serbezovski et il pleure en compagnie de fantômes. Il lit des passages de « La déclaration islamique » d’Alija Izetbegovic et il ressent son impuissance face à l’appel des armes.
Là-bas... les salauds tuent même les chiens.
Muharem Serbezovski
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04/03/2009
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A la maison. Repos.
Rêves et désirs en une voluptueuse spirale, gigantesque et sans fin, surgissent et me saisissent et m’emportent. Je passe l’après-midi, les yeux rivés sur l’ordinateur à écrire, à copier et coller des bouts de textes, des phrases voluptueuses, des mots de chair ou de marbre qui s’en viennent me dire et me conter sur l’écran argenté de pixels où ma conscience s’éveille au trône de la pensée.
Parfois, on étouffe d’aimer avec passion et violence et d’être aimé en retour.
J’ai changé du jour où j’ai retrouvé mon père. Comme une lointaine plaie qui s’est refermée mais reste douloureuse. Parfois, encore, j’en caresse les contours, le relief sacadé, comme pour me rassurer de la présence de la cicatrice. Cette décoration de guerre est ma seule médaille. Avoir grandi dans la certitude d’une absence et m’être construit malgré tout. Ô vie mémorielle, sereine abondance. Mon roman enfoui, ma palme d’allégresse.
Cette pièce d’où j’écris n’est pas le monde. Le flux du temps conduit à travers l’espace bien au-delà de toutes les espérances.
De la noirceur de mon âme bouillonne la lumière d’un livre à écrire qui fait apparaître les premiers vestiges, les récifs enfouis qui refont surface. Surtout, béni soit le Verbe, ne pas lâcher le fil. Conserver chaque jour intacte la pureté de cette clameur qui monte.
Laura, fruit de mes reins, souffle de mon souffle, part en vrille. Elle veut arrêter, déjà, ses études. Puis elle ne veut pas les arrêter. Elle ne sait pas sur quel pied danser. A croire qu’elle vit sa crise d’adolescence à retardement. Ça lui tombe sur le coin de la gueule alors qu’elle vient d'avoir ses 19 ans en décembre dernier. Si Laura avait 14/16 ans, je couperais court à ses états d’âme, comme je l’ai déjà fait de par le passé pour certaines de ses fréquentations. Mais là, vu son âge, je ne puis que la mettre au pied du mur, tout en l’assurant de mon amour et de ma présence, et lui signifier que c’est à elle de faire ses choix de vie : une vie de jeune pétasse médiocre qui finira, comme nous tous, par vieillir et par être rattrapée par ses échecs ; ou une vie brillante avec un avenir ouvert si elle, et elle seule, décide de s’en donner les moyens.
Parents, nous avons le système entier contre nous.
L’aiguille, dans ma fesse gauche, de retour, comme enfoncée par des coups de marteau, qui communique à toute ma jambe la douleur, la lourdeur, mon destin de mortel. Mon nerf sciatique, décidément, m’en veut. Physiquement et moralement épuisé.
Immense joie, néanmoins, des deux pages écrites, dans la virginité pure de l’œuvre naissante. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est vital en même temps que jouissif que d’écrire. Sans pression. Juste parce que ça veut sortir à l’air libre par les mots. Juste deux pages. Deux simples pages dans un cahier d’écolier. Sarajevo sous la neige maculée de sang. L’air vif, saturé par l’odeur de la poudre. Le bruit lointain de la mitraille. L’explosion, proche, d’une roquette. Et un habitant pas rasé qui fume une cigarette "Drina" en buvant son café turc, devant la télévision éteinte par manque d’électricité. Serbe ? Croate ? Musulman ? Aucune importance. C’est un européen. L’ex-Yougoslavie de Tito fut sa matrice. Il survit juste en attendant la fin du monde.
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