09/07/2013
J'ai choisi de crever de faim
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« De toute manière, c'est certain, je ne peux plus mettre un pied à la poste. Ils me détestent royalement tout simplement à cause de ceci et cela et ceci et cela, à cause de diverses rumeurs, fondées ou non, comme par exemple la nuit où j'ai menacé de défoncer la gueule à un type en chaise roulante... C'était vrai mais c'était pour blaguer et quand des types de 30 ans plus jeunes que moi commencent à sortir de la baraque en courant parce que je leur ai dit qu'ils seraient les prochains je me suis demandé : pourquoi je ferais plaisir à ces connards ? Alors tu vois, Carl, avec toutes ces histoires, j'ai pas besoin de forcer la dose, je suis sur la liste noire de cette ville de lèche-cul, de coteries, je suis dans cette grosse chatte sanglante de ville fantôme.... Autant dire que je deviens dingue et que je ne supporterai plus très longtemps ce boulot à la poste. J'ai deux possibilités : soit je reste à la poste et je deviens cinglé (ça fait onze ans que je bosse là-dedans) soit je me tire et je joue à l'écrivain et je crève de faim.
J'ai choisi de crever de faim. »
Charles Bukowski, Lettre à Carl Weissner - 1969
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07/07/2013
Les intellectuels de gauche...
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« Les nouveaux intellectuels de gauche, insoucieux de la contradiction, encensent le même monde sous le nom de moderne, et le flétrissent sous le nom de bourgeois et de capitaliste. »
Charles Péguy, De la situation faite au parti intellectuel
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03/07/2013
Le problème du coup d’état moderne est un problème d’ordre technique
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« La Suisse et la Hollande, c’est-à-dire deux des Etats les plus policés et les mieux organisés d’Europe, chez lesquels l’ordre n’est pas seulement un produit du mécanisme politique et bureaucratique de l’Etat, mais une caractéristique naturelle du peuple, n’offrent pas, à l’application de la tactique insurrectionnelle communiste, des difficultés plus grandes que la Russie de Kerenski. Quelle considération peut dicter une affirmation aussi paradoxale ? Celle-ci, que le problème du coup d’état moderne est un problème d’ordre technique. L’insurrection est une machine, dit Trotski : il faut des techniciens pour la mettre en mouvement, et seuls des techniciens peuvent l’arrêter. La mise en mouvement de cette machine ne dépend pas des conditions politiques, sociales, économiques du pays. L’insurrection ne se fait pas avec les masses, mais avec une poignée d’hommes prêts à tout, entraînés à la tactique insurrectionnelle, exercés à frapper rapidement, durement, les centres vitaux de l’organisation technique de l’Etat. Cette troupe d’assaut doit être formée d’équipes d’ouvriers spécialisés, mécaniciens, électriciens, télégraphistes, radio télégraphistes, aux ordres d’ingénieurs, de techniciens connaissant le fonctionnement technique de l’Etat.
(...) Trotski alla même jusqu'à soutenir la nécessité d'instituer à Moscou une école pour l'instruction technique des communistes destinés à encadrer, dans chaque pays, un corps spécial organisé pour la conquète du pouvoir. Cette idée a été reprise récemment par Hitler, qui est en train d'organiser une école de ce genre à Munich pour l'instruction de ses troupes d'assaut. "Avec un corps spécial d'un milier d'hommes, recrutés parmi les ouvriers Berlinois, et encadrés de communistes Russes, affirmait Trotski, je m'engage à m'emparer de Berlin en vingt quatre heures." »
Curzio Malaparte, Technique du coup d’Etat
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Les étoiles scintillaient dans un ciel éclairé par la lueur des tirs
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« Anecdote : des prisonniers Russes que, sur l’ordre de Maiweg, on avait trié dans tous les camps pour aider aux travaux de reconstruction –spécialistes du forage, géologues, ouvriers des raffineries du voisinage- furent réquisitionnés dans une gare par une troupe combattante pour servir de porteurs. Sur les cinq cent hommes de ce groupe, trois cent cinquante périrent sur le bord des routes. Et, sur le chemin du retour, cent vingt de ceux qui avaient été épargnés moururent d’épuisement, si bien qu’il ne resta que trente survivants.
Le soir, fête de la Saint-Sylvestre au quartier général. Je constatai une fois de plus qu’une pure joie festive était impossible en cette période. Le général Muller nous fit, par exemple, le récit des monstrueux forfaits auxquels se livra le Service de Sécurité après la prise de Kiev. On évoqua aussi, une fois de plus, les tunnels à gaz empoisonné où pénètrent des trains chargés de juifs. Ce sont là des rumeurs, que je note en tant que telles ; mais il est sûr que se commettent des meurtres sur une grande échelle. Je songeai alors au brave potard de la rue La Pérouse et à sa femme [déportée] pour laquelle il s’était tant inquiété jadis. Quand on a connu des cas individuels et qu’on soupçonne le nombre des crimes qui s’accomplissent dans ces charniers, on découvre un tel excès de souffrance que le découragement vous saisit. Je suis alors pris de dégoût à la vue des uniformes, des épaulettes, des décorations, des armes, choses dont j’ai tant aimé l’éclat. La vieille chevalerie est morte. Les guerres d’aujourd’hui sont menées par des techniciens. L’homme a donc atteint ce stade que Dostoïevski décrit à travers Raskolnikov. Il considère alors ses semblables comme de la vermine. C’est de cela qu’il doit justement se garder s’il ne veut pas tomber dans la sphère des insectes. Pour lui et pour ses victimes, entre en jeu le vieux, le monstrueux : "Voilà ce que tu es !"
Puis je suis allé dehors ; les étoiles scintillaient dans un ciel éclairé par la lueur des tirs. Eternels et fidèles signes –Grande Ourse, Orion, Véga, Pléiades, ceinture de la Voie Lactée-, nous autres hommes et nos années sur la terre, que sommes nous devant cette splendeur ? Qu’est donc notre éphémère tourment ? A minuit, au bruit des verres entrechoqués, j’ai intensément songé à ceux que j’aime et j’ai senti que leurs souhaits parvenaient aussi jusqu’à moi. »
Ernst Jünger, Notes du Caucase, 31 décembre 1942. Journaux de guerre (La Pléiade)
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02/07/2013
Une des neuf raisons qui plaident en faveur de la réincarnation
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« Le sexe est une des neuf raisons qui plaident en faveur de la réincarnation. Les huit autres sont sans importance. »
Henry Miller, Sexus
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Jamais nous ne livrerons la Patrie
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« Je crois que l’existence de patries autonomes est nécessaire à l’humanité. Je crois notamment que la disparition de la France ou sa domestication serve d’une volonté étrangère serait un désastre pour la race humaine, pour la liberté et pour la justice universelle…. Voilà ma conception, voilà ma politique. Jamais nous ne livrerons la Patrie. Jamais nous ne demanderons au prolétariat d’être dupe de ceux qui exploitent la Patrie. »
Jean Jaurès, Lettre à la Dépêche de Toulouse, 1905
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Confronté aux diverses civilisations qui lui sont au départ étrangères, le fils d’Israël réussit à les assimiler à la perfection
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« Déjeunant chez Lipp, sans doute en 1958, avec Raymond Aron, celui-ci m’expliquait qu’en tant que Juif, il était, en telle occasion, obligé d’agir de telle manière. Et je lui répondais : "Mais Raymond, vous n’êtes pas Juif, vous êtes Lorrain" (sa famille, comme celle de son illustre parent, Marcel Mauss, est originaire de cette province). Je ne sais plus si mon interlocuteur a souri, mais je suis sûr qu’il n’a pas répondu.
Et il est vrai que, confronté aux diverses civilisations qui lui sont au départ étrangères, le fils d’Israël réussit à les assimiler à la perfection, à s’y perdre même, tout en restant réfugié dans une civilisation intérieure à laquelle il tient, dont il ne se détache, quand il s’en détache, qu’imparfaitement.
Pourtant les Juifs ne sont que 14 millions, éparpillés de par le monde (600 000 en France, le groupe le plus important après les Etats-Unis). Comment les réussites éclatantes de la diaspora dont leur histoire est pleine : la Pologne du XVIIème siècle, l’Italie du XVè, l’Espagne du XVIè, l’Allemagne du XVIIIè, les Etats-Unis d’aujourd’hui, le Brésil, la France…, n’ont-elles abouti nulle part à la fusion pure et simple ? Pourquoi ne se sont-ils pas perdus, comme tant d’autres corps étrangers, dans l’une ou l’autre des nombreuses terres d’accueil où ils ont si longuement vécu ? »
Fernand Braudel, L’identité de la France
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01/07/2013
Une souveraine sérénité, la compréhension des causes finales...
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« Je levai les bras et invoquai la Vérité Éternelle ; non, ce ne fut pas une invocation mais des pleurs. Mon être entier fut soulevé par un ravissement, par une exaltation immense. J’ai vu la vérité, – mon esprit ne l’a pas conçue mais je l’ai vue. Et l’image vivante de cette Vérité remplit mon âme à tout jamais. »
« Dans ces instants rapides comme l’éclair, le sentiment de la vie et la conscience se décuplaient pour ainsi dire en lui. Son esprit et son cœur s’illuminaient d’une clarté intense ; toutes ses émotions, tous ses doutes, toutes ses inquiétudes se calmaient à la fois pour se convertir en une souveraine sérénité, faite de joie lumineuse, d’harmonie et d’espérance, à la faveur de laquelle sa raison se haussait jusqu’à la compréhension des causes finales...
Ces instants, pour les définir d’un mot, se caractérisaient par une fulguration de la conscience, et par une suprême exaltation de l’émotion subjective.
À cette seconde – avait-il déclaré un jour à Rogojine quand ils se voyaient à Moscou – j’ai entrevu le sens de cette singulière expression : il n’y aura plus de temps. »
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, L’Idiot
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Il n’y a plus d’ultime...
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« Nous avons créé un univers de prolifération de mots, des “informations" n’informant plus sur rien, nous vivons dans un déluge de nouvelles, dans une explosion verbale ininterrompue, tout parle tout le temps à tout le monde, et rien ne se dit. Dans ce flot sonore qui nous assaille et qui est fait de répétitions indéfinies, de curiosités vaines, de vide intérieur et intellectuel, aucune parole ne peut plus être vraiment parole. Tout est fondu dans un magma indifférencié où l’information scientifique est noyée dans les flashes de l’actualité, où la décision politique essentielle est un titre à côté des assassinats et des accidents de la route, où l’appel le plus angoissé de l’homme est à la fois effacé par l’alcool musical du pop et occasion d’autres discours intéressants pour le téléspectateur, où la parole décisive est utilisée pour renouveler le piquant d’une émission. Il n’y a plus de parole décisive possible. Il n’y a plus de questions et de réponses dernières. Il n’y a plus d’ultime. Il y a une explosion superficielle de sons qui nous secoue et nous projette dans toutes les directions : aucune parole ne peut plus être dite dans ces conditions. Alors Dieu se tait. Il pourrait à nouveau anéantir Sodome et Gomorrhe. Mais sa promesse à Noé, sa promesse encore plus radicale en Christ, lui ont définitivement lié les mains. Il n’y a pas de trompettes du jugement écrasant de leur fracassement les plus sonores festivals de Pop et les plus tonitruantes proclamations politiques, il y a désormais le silence de Dieu, car il n’entre pas en concurrence de puissance avec l’homme. Il est l’homme misérable et dépouillé. Et de la même façon, l’homme triomphal de notre temps a décidé de tuer Dieu, d’évacuer le Père céleste, d’expulser ce fantasme ou ce témoin gênant, et Dieu qui s’est laissé tuer en Christ se retire dans sa discrétion devant l’absence d’amour, l’absence de relation filiale, l’absence de confiance, l’absence de don, l’absence de fidélité, l’absence de vérité, l’absence de maitrise de soi, l’absence de liberté, l’absence d’authenticité. Dieu se fait absent dans cet univers d’absences que l’homme moderne a passionnément constitué. »
Jacques Ellul, L’espérance oubliée
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30/06/2013
La liberté, c'est la possibilité de s'isoler
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« La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. Tu es libre si tu peux t'éloigner des hommes sans que t'obligent à les rechercher , le besoin d'argent, ou l'instinct grégaire, l'amour, la gloire ou la curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d'aliment dans la solitude ou le silence. S'il t'est impossible de vivre seul, c'est que tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l'âme ou de l'esprit : tu es un esclave noble, ou un valet intelligent, mais tu n'es pas libre. »
Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité
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C'est avec l'unicité que commence la possibilité de la beauté
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« A mes yeux, c'est avec l'unicité que commence la possibilité de la beauté : l'être n'est plus un robot parmi les robots, ni une simple figure au milieu d'autres figures. L'unicité transforme chaque être en présence, laquelle, à l'image d'une fleur ou d'un arbre, n'a de cesse de tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat, qui est la définition même de la beauté. »
François Cheng, Cinq Méditations sur la beauté
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29/06/2013
Honte à celui qui ne sait pas choisir l’aspect convenable aux destinées de notre espèce !
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« Il avait perdu sa lucidité, cette puissance des puissances, cette concentration de tout notre avenir sur un point précis de l’Univers. Hors d’elle, comment choisir dans la vie qui passe la forme du monde qui nous convient ? Comment ne pas se perdre ? Si l’homme s’est anobli parmi les animaux, n’est ce pas parce qu’il a su découvrir à l’Univers un plus grand nombre d’aspects ?
De la nature, c’est le courtisan le plus ingénieux et son bonheur instable, fluide, penché de la vie vers la mort, est son insatiable récompense.
Que cette sensibilité est périlleuse ! A quel labeur de tous les instants n’est-il point condamné pour l’équilibre de cette fragile merveille !
A peine si dans son sommeil le plus profond son esprit connaît le repos. La paresse absolue est animale, notre structure humaine nous l’interdit. Forçats de la pensée, voilà, tous, ce que nous sommes. Simplement ouvrir les yeux n’est-ce pas porter aussitôt le monde en équilibre sur sa tête ? Boire, parler, se divertir, rêver peut-être, n’est ce pas choisir sans trêve, entre tous les aspects du monde, ceux qui sont humains, traditionnels et puis éloigner les autres inlassablement, jusqu’à la fatigue qui ne manque pas de nous surprendre en fin de journée.
Honte à celui qui ne sait pas choisir l’aspect convenable aux destinées de notre espèce ! Il est bête, il est fou. »
Louis Ferdinand Céline, Semmelweis
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28/06/2013
N'importe où hors du monde
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« Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre. Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.
"Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau ; on dit qu’elle est bâtie en marbre et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage fait selon ton goût, un paysage fait avec la lumière et le minéral et le liquide pour les réfléchir !"
Mon âme ne répond pas.
"Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mats et les navires amarrés au pied des maisons."
Mon âme reste muette.
"Batavia te sourirait peut-être davantage, nous y trouverions l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale."
Pas un mot. – Mon âme serait-elle morte ?
"En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. – Je tiens notre affaire, pauvre âme ! nous ferons nos malles pour Bornéo. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant… Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres cependant que, pour nous divertir les aurores boréales nous enverrons de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’enfer !"
Enfin, mon âme fait explosion et sagement elle me crie : "N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !" »
Charles Baudelaire, Le spleen de Paris
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Des semailles d’iniquités et des moissons d’opprobres
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« Décidément, il ne lui restait aucune rade, aucune berge. Qu’allait-il devenir dans ce Paris où il n’avait ni famille ni amis ? Aucun lien ne l’attachait plus à ce faubourg Saint-Germain qui chevrotait de vieillesse, s’écaillait en une poussière de désuétude, gisait dans une société nouvelle comme une écale décrépite et vide ! Et quel point de contact pouvait-il exister entre lui et cette classe bourgeoise qui avait peu à peu monté, profitant de tous les désastres pour s’enrichir, suscitant toutes les catastrophes pour imposer le respect de ses attentats et de ses vols ?
Après l’aristocratie de la naissance, c’était maintenant l’aristocratie de l’argent ; c’était le califat des comptoirs, le despotisme de la rue du Sentier, la tyrannie du commerce aux idées vénales et étroites, aux instincts vaniteux et fourbes.
Plus scélérate, plus vile que la noblesse dépouillée et que le clergé déchu, la bourgeoisie leur empruntait leur ostentation frivole, leur jactance caduque, qu’elle dégradait par son manque de savoir-vivre, leur volait leurs défauts qu’elle convertissait en d’hypocrites vices ; et, autoritaire et sournoise, basse et couarde, elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, dire que je vais rentrer dans la turpide et servile cohue du siècle ! Il appelait à l’aide pour se cicatriser, les consolantes maximes de Schopenhauer, il se répétait le douloureux axiome de Pascal, "L’âme ne voit rien qui ne l’afflige quand elle y pense", mais les mots résonnaient, dans son esprit comme des sons privés de sens, son ennui les désagrégeait, leur ôtait toute signification, toute vertu sédative, toute vigueur effective et douce.
Il s’apercevait enfin que les raisonnements du pessimisme étaient impuissants à le soulager, que l’impossible croyance en une vie future serait seule apaisante.
Un accès de rage balayait, ainsi qu’un ouragan, ses essais de résignation, ses tentatives d’indifférence. Il ne pouvait se le dissimuler, il n’y avait rien, plus rien, tout était par terre ; les bourgeois bâfraient de même qu’à Clamart sur leurs genoux, dans du papier, sous les ruines grandioses de l’Église qui étaient devenues un lieu de rendez-vous, un amas de décombres, souillées par d’inqualifiables quolibets et de scandaleuses gaudrioles. Est-ce que, pour montrer une bonne fois qu’il existait, le terrible Dieu de la Genèse et le pâle Décloué du Golgotha n’allaient point ranimer les cataclysmes éteints, rallumer les pluies de flamme qui consumèrent les cités jadis réprouvées et les villes mortes ? Est-ce que cette fange allait continuer à couler et à couvrir de sa pestilence ce vieux monde où ne poussaient plus que des semailles d’iniquités et des moissons d’opprobres ? »
Joris-Karl Huysmans, À Rebours
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27/06/2013
Tout en découvrant les propriétés mathématiques de la nature, ils ont recouvert ou négligé tout ce qui en elle échappe à la mathématisation
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« Ce n'est pas pour l'ici-bas [que les modernes] ont abandonné l'au-delà, ce n'est pas au bénéfice de notre monde qu'ils ont perdu l'autre monde. S'il est vrai qu'ils ne vont plus chercher au ciel ni Dieu ni les Idées, ils n'ont pas, pour autant, conservé ou restitué à leur séjour sur terre son épaisseur sensible ni la plénitude de ses droits. Ils n'ont pas lâché l'ombre surnaturelle pour la proie terrestre. "Compère le coup de pouce"(1) l'atteste : ils ont lâché l'ombre pour l'ombre. Ils n'ont pas rejoint, saisi ou étreint l'être vrai, ils ont taillé "un vêtement d'idées" dans "l'infinité ouverte des expériences possibles"(2). Tout en découvrant les propriétés mathématiques de la nature, ils ont recouvert ou négligé tout ce qui en elle échappe à la mathématisation. Et ils prennent aujourd'hui "pour l'être vrai ce qui est méthode"(3). Deus absconditus, disent-ils avec fierté ou la tristesse au coeur, alors que, pour être exact, c'est d'un mundus absconditus, d'une occultation, d'une dématérialisation, d'un délaissement du monde sensible, qu'il faudrait parler.
Car Dieu n'a pas disparu, il a été remplacé : l'homme absous de sa finitude, dégagé des chaînes de l'expérience terrestre et qui, "au lieu d'observer les phénomènes naturels tels qu'ils lui sont naturellement donnés, place la nature dans les conditions de son entendement"(4), cet homme n'est rien d'autre que le successeur de Dieu. Il y a donc bien, inavouée mais déterminante, clandestine mais caractéristique, une métaphysique moderne. L'âge positif est, en fait, tout empli de religiosité : "Ce siècle qui se dit athée ne l'est point, il est autothée. Ce qui est un bien joli mot, et bien de son temps. Il s'est littéralement fait son propre Dieu et sur ce point il a une croyance ferme." (5)
(...)
Impossible, en d'autres termes, d'être moderne, c'est-à-dire de faire confiance au temps. La guerre inflige un désaveu impitoyable à la religion du progrès. Elle montre alors à Péguy que tout bouge sans que rien ne change, que les découvertes se succèdent et que les inventions s'accumulent mais que l'histoire bégaie, que le développement fulgurant des techniques se combine avec le surplace accablant de l'horreur. Il faut donc en rabattre : la barbarie n'est pas la préhistoire de l'humanité mais l'ombre fidèle qui accompagne chacun de ses pas. Et quand notre monde, par le fait même de se dire moderne, affirme qu'après c'est toujours qu'avant, il généralise abusivement le modèle cumulatif des sciences et des techniques à tous les secteurs de l'existence.
(...)
Mais la réflexion de Péguy n'est pas arrêtée à cette critique – toujours actuelle – du positivisme – toujours renaissant. Née du constat que le progrès n'adoucit pas les moeurs, que le rapport de l'homme à l'homme n'est pas réglé sur le rapport de l'homme aux choses et que le savoir qui accroît le pouvoir n'accroît pas nécessairement la justice ou la sociabilité, elle s'est développée et prolongée en interrogation sur la nature même du progrès. On l'a vu plus haut, ce que Péguy a découvert, c'est que la technique ouvre un monde où l'être se définit par sa plasticité ("En ce temps-ci une humanité moderne est libre. Elle est libre de travailler une matière moderne relativement aisée, interchangeable, prostitutionnelle, qui peut servir à tout et à tout le monde..."). Moderne, autrement dit, est la substitution progressive de la manipulation au scrupule et au respect. A chaque invention, à chaque invention, à chaque avancée, la sphère de l'indisponibilité se rétrécit. Ce qui était non malléable, non monnayable, non comptable, non calculable, le devient. Ce qui était hors commerce est désormais négociable. L'irréductible est réduit. Les résistances du réel et de l'idéal sont l'une après l'autre vaincues jusqu'à ce que s'étende, de développement en développement, le règne sans partage d'une muflerie illimitée.
(...)
A l'ère de la mobilisation totale, l'être humain lui-même est, comme le métal, un "fusible matière moderne, ductile, malléable, souple, docile, interchangeable, allante et venante"... Tel est le sens profond du soldat inconnu : le héros traditionnel qui survivait dans la mémoire des hommes par la prouesse singulière attachée à son nom cède la place au héros sans nom dont la vertu "réside dans le fait qu'on puisse le remplacer et que derrière chaque tué la relève se trouve déjà en réserve"(6).
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(1) Péguy, Un poète l'a dit, in Oeuvres en prose complètes, II, p.835.
(2) Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Gallimard, 1976, p.60.
(3) Ibid.
(4) Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, 1983, p.299
(5) Péguy, Un poète l'a dit, op. cit., p.855.
(6) Jünger, Le travailleur, Christian Bourgois, 1989, pp.194-195.»
Alain Finkielkraut, Le mécontemporain
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La fidélité...
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« Ce qu’elles (les femmes) appellent leur constance et leur fidélité, je l’appelle, moi, léthargie de l’habitude ou manque d’imagination. La fidélité dans la vie affective correspond à l’esprit de suite dans la vie intellectuelle : c’est simplement un aveu d’échec. La fidélité ! Il faudra que je l’analyse un jour. La passion de la possession s’y trouve. Il y a tant de choses que nous jetterions si nous ne craignions pas que d’autres les ramassent. »
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray
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26/06/2013
Couper des têtes et remplir des prisons
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« S’indigner consiste à rejeter dans l’indignité les gens qui nous indignent, par conséquent à les chasser du Bien, où l’on trône avec notre dignité, pour les rejeter dans le Mal, où ils pourriront avec les autres indignes. C’est une arme idéologique qu’ont utilisée tous les dictateurs. L’indignation a beaucoup servi aux inquisiteurs de l’Eglise catholique, ainsi qu’aux révolutionnaire et contre-révolutionnaires français. Et russes. S’indigner c’est se hisser sur le socle de la morale pour faire la loi idéologique et politique, celle-ci consistant le plus souvent à couper des têtes et à remplir des prisons. »
Patrick Besson, Patrick Besson au Point
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Mes prochaines années ne sont plus si nombreuses. Mais je m’obstine à leur faire confiance.
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« Arriéré ? Peut-être. Réactionnaire ? Oui et non.
Je ne suis pas hostile à réagir contre la bêtise - et d’abord contre la mienne -, contre l’oubli qui menace, contre la laideur qui monte dans notre monde affolé par l’argent, contre les risques de destruction d’une planète dont le sort est désormais entre nos mains. Mais les regrets ne sont pas mon fort. Je laisse le temps couler et, si j’osais, je l’encouragerais à le faire. Conservateur ? Sûrement pas. J’ai été fasciné par le passé, par le passé de l’univers, par le passé des hommes, par mon propre passé. Au plaisir de Dieu est un éloge ironique des miens et de ma jeunesse parmi eux. Mais ce qui m’a toujours intéressé, beaucoup plus que le passé et presque autant que le présent, c’est l’avenir. La vie n’est faite que de matins. Le monde n’est fait que d’enfants. J’ai fait mienne la formule de Woody Allen : "L’avenir m’intéresse parce que c’est là que j’ai l’intention de passer mes prochaines années." Mes prochaines années ne sont plus si nombreuses. Mais je m’obstine à leur faire confiance. Puisque nous sommes dans le temps, il faut aimer notre destin. Amor fati. »
Jean d'Ormesson, Qu'ai-je donc fait
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Une société de gogos
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« La vieille dame à qui vous offrez, dans l’escalier du métro, de porter sa valise, refuse en serrant la main avec énergie sur la poignée de ladite: elle vous a pris pour un détrousseur. La jeune femme à qui vous offrez votre place dans l’autobus ne remercie jamais et s’assoit d’un air pincé: elle vous a pris pour un entreprenant. Le monsieur à qui vous offrez, sur le trottoir, un billet de cinéma qui vous est resté pour compte, parce que Gaby ne veut pas voir de films tristes, et que le cinéma ne rembourse pas, fait beaucoup d’embarras et finalement refuse: il vous a pris pour le revendeur marron d’un billet périmé qui va lui causer des ennuis. Le gosse à qui vous offrez, sur le trottoir, un billet de cirque qui vous a été donné par une oeuvre de bienfaisance, vous regarde avec trouble, pique un fard, refuse, « justement il a une course à faire »: il vous a pris pour un satyre. Bref, à tous les échelons, cette société vit sur ses gardes, contre tout et contre tous, âprement défendu par devant, mais ouverte à qui veut par derrière. Car – et c’est sans doute le plus curieux de l’histoire – cette société de défiants et aussi une société de gogos. »
Henry de Montherlant, Le fichier parisien
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25/06/2013
Sous l’Ancien Régime, les lois de l’Église garantissaient au travailleur 90 jours de repos...
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« Sous l’Ancien Régime, les lois de l’Église garantissaient au travailleur 90 jours de repos (52 dimanches et 38 jours fériés) pendant lesquels il était strictement défendu de travailler. C’était le grand crime du catholicisme, la cause principale de l’irréligion de la bourgeoisie industrielle et commerçante. Sous la Révolution, dès qu’elle fut maîtresse, elle abolit les jours fériés et remplaça la semaine de sept jours par celle de dix. Elle affranchit les ouvriers du joug de l’Église pour mieux les soumettre au joug du travail.
La haine contre les jours fériés n’apparaît que lorsque la moderne bourgeoisie industrielle et commerçante prend corps, entre les XVe et XVIe siècles. Henri IV demanda leur réduction au pape ; il refusa parce que "l’une des hérésies qui courent le jourd’hui, est touchant les fêtes" (lettre du cardinal d’Ossat). Mais, en 1666, Péréfixe, archevêque de Paris, en supprima 17 dans son diocèse. Le protestantisme, qui était la religion chrétienne, accommodée aux nouveaux besoins industriels et commerciaux de la bourgeoisie, fut moins soucieux du repos populaire ; il détrôna au ciel les saints pour abolir sur terre leurs fêtes.
La réforme religieuse et la libre pensée philosophique n’étaient que des prétextes qui permirent à la bourgeoisie jésuite et rapace d’escamoter les jours de fête du populaire. »
Paul Lafargue, Le droit à la paresse
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Aviver les antipathies profondes...
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« C’est un des traits les plus singuliers de notre Etat contemporain : la suppression des distances matérielles, qui paraît confondre les races humaines en les frottant les unes aux autres, ne fait qu’établir et aviver leurs antipathies profondes, comme la suppression des distances légales et constitutionnelles qui fait confondre les classes, en fait mieux éclater les dissentiments radicaux. »
Charles Maurras, Gazette de France, 8 juillet 1902
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Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme
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« A la fin de la première guerre mondiale, il y avait chez certains hommes de droite le désir de dépasser les classifications d’autrefois et de réconcilier le nationalisme avec un certain socialisme. Livrée sans freins aux mécanismes des marchés, la société économique était d’une cruauté intolérable pour les pauvres. L’Etat avait le devoir de se substituer aux individus défaillants pour assurer un minimum de justice. A l’inverse du communisme qui s’attaquait à la nature même de la société et de l’homme, il fallait imaginer un socialisme moderne qui, tout en mettant un terme à la misère des travailleurs, préserverait les hiérarchies, les inégalités qui sont des faits intangibles.
L’ordre réactionnaire était une apparence stéréotypée qui prolongeait l’existence d’injustices odieuses. Le désordre révolutionnaire en revanche, était une agitation qui s’efforçait de tout niveler. Entre cet ordre imposé par l’esprit mercantile, et ce désordre entretenu par l’esprit de subversion, il importait de découvrir une voie moyenne, en rendant populaires les valeurs d’ancien régime qui étaient dignes de survivre – les métiers et leurs fêtes, les liens de maître à disciple, l’énergie vitale, les élites de la compétence – et en rendant nationales les traditions anarcho-syndicalistes et proudhoniennes – le compagnonnage, les chouanneries ouvrières en lutte pour le pain.
Dans le même temps, à gauche, d’autres hommes accueillaient un projet identique. La machine infernale du communisme avait manqué de les broyer. Ce que le dogmatisme de la secte avait d’accablant, ce que son faux internationalisme avait d’étroitement russe les indisposaient, leur inspiraient du dégoût. La nation, libérées de ses rengaines d’agioteurs, de grippe-sous et de ganaches étoilées, devenait une idée neuve. C’était, pour eux, un nouveau bonheur communautaire. Les antidémocrates, qu’ils fréquentaient, leur redisaient que la route du socialisme ne passerait jamais par le Palais Bourbon. Jadis, les syndicalistes libertaires avaient pendu Marianne à la Bourse du Travail. C’était cela qu’il fallait tenter de refaire. La hardiesse des minorités balayerait les scléroses, les combines, tout ce qui incarne la république de la peur, des salons et des académies.
Drieu, qui avait attendu en vain le six février sur la place de la Concorde la rencontre des foules hostiles, écrivait au lendemain de l’émeute avortée : "La corruption démocratique de la masse de gauche annihile le mouvement des braves d’extrême-gauche, et, d’ailleurs, la subversion déclarée des braves d’extrême-gauche rejetterait la masse de gauche sur la masse de droite. Le monde d’extrême-gauche est incapable de renverser le capitalisme, comme le monde d’extrême-droite est incapable de renverser la démocratie parce que les deux monde moyens de droite et de gauche se tiennent". Mais, ensemble, dans la fraternité d’un combat nouveau, réunis contre les bureaucrates staliniens et les commis de la technocratie, ne pourraient-ils pas venir à bout des fantômes du vieux monde ? Le rêve de ce rassemblement, ce serait cela le fascisme. »
Pol Vandromme, L’Europe en chemise. L’extrême-droite dans l’entre-deux-guerres
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24/06/2013
La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous...
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« Quand nous parlons d’un temps dramatique, ce mot a un sens précis : il veut dire que nous sommes pris dans une alternative qui ne nous permet plus d’exister médiocrement ; il nous faut vivre plus puissamment, ou bien disparaître, nous surpasser ou nous abolir. (…) La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il importerait assez peu que nous fussions détruits, si nous avions rendu cette destruction légitime en ne valant presque rien. »
Abel Bonnard, Les Modérés
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Ces jeunes femmes qui se rendent à un bureau, sans vocation, ayant oublié jusqu’au poids de leur servitude...
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« Ces jeunes femmes qui se rendent à un bureau, sans vocation, ayant oublié jusqu’au poids de leur servitude, me bouleversent ; je ne puis les croiser dans le métro, le front absent, portant sous leurs bras des livres interminables où chaque signet marque un repas solitaire, sans éprouver un bref dégoût pour les hommes, dont je ne m’abstrais pas. Elles paient pour d’autres créatures qui arrondissent des bouches énormes pour le baiser et, au-delà de chacun de nous, sans bien nous distinguer parfois, cherchent à gober toute la vie entre leurs lèvres de carpes centenaires. »
Antoine Blondin, Un Singe en Hiver
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23/06/2013
La présence de l’harmonie éternelle
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« Il y a des instants, dit-il, ils durent cinq ou six secondes, quand vous sentez soudain la présence de l’harmonie éternelle, vous l’avez atteinte. Ce n’est pas terrestre ; je ne veux pas dire que ce soit une chose céleste, mais que l’homme sous son aspect terrestre est incapable de la supporter. Il doit se transformer physiquement ou mourir. C’est un sentiment clair, indiscutable, absolu… Et une joie si immense avec ça ! Si elle durait plus de cinq secondes, l’âme ne la supporterait pas et devrait disparaître. En ces cinq secondes je vis toute une vie et je donnerais pour elle toute ma vie, car elles le valent. »
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Les Possédés
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