16/05/2013
Chute
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« L'art suprême consistait en ceci: se laisser aller, consentir à sa propre chute. »
Hermann Hesse, Klein et Wagner
16:25 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La rencontre de deux aérolithes
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« Là-bas, l'amour est la rencontre de deux aérolithes au milieu de l'espace et non pas cette obstination de pierres se frottant pour s'arracher un baiser qui crépite. »
Octavio Paz, Papillon d'obsidienne
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15/05/2013
Dans la nuit
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« Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit
Mienne, belle, mienne
Nuit
Nuit de naissance
Qui m'emplit de mon cri
De mes épis.
Toi qui m'envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fume, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, nuit implacable.
Et sa fanfare, et sa plage
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie
sous lui
Sous lui, sous plus ténu qu'un fil
Sous la nuit
La Nuit. »
Henri Michaux, Dans la nuit in Plume
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Peu de sourires...
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« Dans cet univers, il y a peu de sourires.
Celui qui s'y meut fait une infinité de
rencontres qui le blessent ;
Cependant on n'y meurt pas.
Si l'on meurt, tout recommence. »
Henri Michaux, La nuit des embarras in Lointain Intérieur
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14/05/2013
Ces garçons des faubourgs et du Quartier Latin, défendant leurs fleurs de lys à deux contre quinze rouges
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« Il faut avoir connu de près ces garçons des faubourgs et du Quartier Latin, défendant leurs fleurs de lys à deux contre quinze rouges, risquant joyeusement la prison, l’hôpital, le cimetière, leur enthousiasme à la veille du 6 février, ces gamins qui, dans la nuit de la Concorde, sous les sifflements des balles, à trente pas des mousquetons, lançaient posément des cailloux sur les casques des gardes mobiles. »
Lucien Rebatet, Les Décombres
22:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Vies de merde (Trashcan Lives)
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« le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j’espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.
c’est quand on est à la rue
qu’on remarque que
tout
est propriété de quelqu’un
et qu’il y a des serrures sur
tout.
c’est comme ça qu’une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu’on peut,
on essaie de le garder
et d’ajouter d’autres biens
si possible.
c’est comme ça qu’une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détruit ses
rebuts.
nous on se contente d’oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial. »
Charles Bukowski, You Get So Alone At Times That It Just Makes Sense
15:40 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Tu es contagieux à toi-même
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« Tu es contagieux à toi-même, souviens-t'en.
Ne laisse pas toi te gagner. »
« Retour à l’effacement
à l’indétermination
Plus d’objectif
plus de désignation
sans agir
sans choisir
revenir aux secondes... »
Henri Michaux, Poteaux d'angle
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13/05/2013
Cette ville où l'on a le plexus foutu...
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« Vous attendez de moi, qui ne sait rien, des nouvelles de Paris. Ils glissent tous à droite, non plus exactement et c’est pire, vers l’autorité. Même les Marx Brothers en leur dernier film sont devenus, me dit-on, tristes comme la pluie. Il semble que vous ayez eu rudement du flair en quittant cette ville où l’on a le plexus solaire foutu. »
Henri Michaux, Lettre à Claude Cahun - 1938
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Couronnes comme guirlandes ne sont qu'un poids imposé
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« Couronnes comme guirlandes
Ne sont qu'un poids imposé
Au front dans sa pureté.
Guirlande de roses,
Couronne de lauriers,
Dénaturent le front.
Puisse le vent plutôt
Jouer dans nos cheveux,
Rafraîchir notre front !
Puisse la tête nue
Glisser son front, sereine,
Là où vient le sommeil.
Chloé ! Je ne connais
Meilleure joie que ton
Doux front sans ornement. »
Fernando Pessoa, Odes inachevées et variantes
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12/05/2013
Les femmes viennent du plus lointain de la vie des hommes
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« Les femmes viennent du plus lointain de la vie des hommes, elles sortent de l’enfance des hommes, on dit qu’elles gouvernent cette enfance mais ce n’est pas vrai, il suffit de regarder dans les jardins publics, les mères avec leurs enfants : elles ne gouvernent pas. Elles veillent. Elles veillent sur l’incendie naissant d’enfance, elles aident le feu de vie à prendre. Plus tard, beaucoup plus tard, elles regardent ceux qu’elles ont fait rois et qui ne savent plus leur parler. Les hommes, ce sont les devinettes qui les rassurent – devinettes du pouvoir, de la force. Devant les femmes ils disent : je ne devine rien, c’est un mystère. Ce qu’ils appellent mystère, c’est la simplicité des femmes et c’est leur solitude, cette force de solitude en elles, en chacune d’elles, cette manière qu’elles ont de tenir leurs enfants, leurs maris, leurs amants, le bleu du ciel et l’ordinaire des jours à bout de bras. Les femmes sont seules au début, au milieu et à la fin de leur vie. Elles reçoivent de cette solitude le sacre d’intelligence. »
Christian Bobin, Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas
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Une Race affligeante...
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« Depuis leur expulsion du Paradis, les créatures faites à l'image de Dieu sont une Race affligeante, pour leur Créateur comme pour elles-mêmes, car dans leur oeil, et peut-être seulement là, s'est conservé quelque chose de l'infaillibilité du regard divin. »
Hermann Broch, Théorie de la folie des masses
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11/05/2013
Les jeunes... les jeunes... les jeunes...
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« Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les jeunes... les jeunes... les jeunes... On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans leurs vaisseaux spatiaux.Ce qui s'est passé entre 50 et 70 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous faire considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quize ans. »
Federico Fellini, Fellini par Fellini
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La Renaissance rencontre enfin ce qui jusqu’alors lui manqua : un grand prince qui l’aime et un grand peuple qui l’appuie
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« 1655 : l’hégémonie française commence ; 1661 : Mazarin meurt. Louis XIV gouverne, la Renaissance rencontre enfin ce qui jusqu’alors lui manqua : un grand prince qui l’aime et un grand peuple qui l’appuie. Louis XIV réussit ce "coup de majesté" que la France attendait de lui. Il supprime les oppositions, il règne. Heureux les Français qui entrent dans la vie ! Le jour le plus beau s’est levé pour leur race. Heureux les catholiques, heureux les libertins, les poètes, les savants, les constructeurs et les soldats ; heureux Vauban, il a trente ans. Mazarin lègue au jeune roi de la paix ; Louis XIV la veut active et magnifique. Il a choisi, et pour toujours, les deux hommes forts qui l’aideront : Louvois, Colbert. Il répartit entre eux les charges de son gouvernement ; la guerre à l’un, la paix à l’autre, les frontières à Louvois, les côtes, les provinces à Colbert. Il engage des travaux immenses. Une entreprise, dont l’Europe s’étonne, sera la gloire de cette paix : Louis XIV veut unir l’Atlantique et la Méditerranée par un canal qui franchira les Cévennes. »
Daniel Halévy, Vauban
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10/05/2013
La statue est créée par le marbre qu'on supprime
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« Je décide que les choses, quand elles ont fait leur temps, doivent disparaître pour être remplacées. Le créateur, ou la nature, ne fait rien d'autre avec les hommes. Ce feu dans mon jardin m'interdit de protester.
Je m'attendais à de la mélancolie. Mais non : la sombre ivresse, en détruisant, de se dépouiller. Saisissant cette agréable porcelaine, je m'aperçois qu'elle est ébréchée et j'ai un mouvement de plaisir, car maintenant je suis fondé à la jeter. Ce plaisir est du même ordre que celui de l'athlète qui fait tomber sa graisse, de l'écrivain qui ramasse quinze lignes en cinq, de l'ascète qui renonce aux biens du monde. Mort à cette innombrable matière inutile : faux luxe, faux joli, faux confort, fausse utilité ! L'âme qui veut s'échapper bute contre elle, s'y empêtre, s'y remplit de poussière. Tout objet nous tient par une chaîne. Anéanti, c'est comme du lest qu'on jette : on est plus pur, plus léger, plus prêt à aller haut. Les deux tiers de ce que tu possèdes sont à donner, ou à détruire, ou à revendre. — "Mais avec quelle perte !" Non, pas de perte. C'est ta liberté que tu auras payée. Et elle ne l'est jamais trop cher.
Volupté du vide, dénuement de celui qui se tient toujours prêt à partir. Dans ce vide je mets l'avenir. En détruisant, je construis. La statue est créée par le marbre qu'on supprime. "je n'ai rien" : l'élan que donnent ces mots ! Il apparaît jusqu'à l'évidence que les philosophes et les ascètes faisaient précisément ce que font ceux qui se précipitent dans les fêtes : ils allaient vers ce qui était pour eux le bonheur. Quand on leur disait : "Votre vertu", ils auraient dû rectifier : "Mon goût".
Je ne veux autour de moi que des objets de première nécessité. Le foyer idéal, c'est celui dont, en voyage, si vous apprenez qu'il vient d'être pillé, incendié, qu'il n'en reste rien, vous rêvez un instant, vous vous dites "C'est dommage", puis vous pensez à autre chose. L'homme qui vit pour la poésie, pour le plaisir et pour la vie intérieure, c'est d'une cellule, ou d'une chambre nue comme il y en a dans certains hôpitaux, qu'il reçoit le maximum de contentement et d'excitation : les blancs jouent et gagnent. "Au comble de la puissance, le calife Omar dormait sur les marches de son palais parmi les vagabonds."
Ô mon calife, je te baise l'épaule ! »
Henry de Montherlant, Aux fontaines du désir
15:37 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul
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« La porte s’ouvrit brusquement ; dans le lointain, encadrés par le chambranle, des hommes coiffés d’un lampion, avec des joues rasées et une mouche sous la lèvre, parurent, maniant des caisses et charriant des meubles, puis la porte se referma sur le domestique qui emportait des paquets de livres.
Des Esseintes tomba, accablé, sur une chaise.
- Dans deux jours, je serai à Paris ; allons, fit-il, tout est bien fini ; comme un raz de marée, les vagues de la médiocrité humaine montent jusqu’au ciel et elles vont engloutir le refuge dont j’ouvre, malgré moi, les digues. Ah ! le courage me fait défaut et le coeur me lève ! - Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! »
Joris-Karl Huysmans, À rebours
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09/05/2013
Il faut toujours s'intoxiquer !
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« Il faut toujours s'intoxiquer : l'Asie a l'Opium, l'Islam le haschisch, l'Occident les femmes. »
André Malraux, Les conquérants
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Quant à la mort elle‑même, elle est moins encore un problème
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« Quant à la mort elle‑même, elle est moins encore un problème. Qu’on cesse donc de nous casser la tête avec la mort. Que deviendrons‑nous après notre mort ? Les gens raisonnables ne se posent pas ces questions. Ils font ou ne font pas l’acte de foi, et la question est résolue. D’ailleurs, admis qu’il y ait à "penser" sur la mort, il sera temps d’y penser huit jours avant que je ne me supprime. Un homme sain ne pense à sa mort que lorsqu’il a le nez dessus. Les enfants parlent de la mort comme d’une blague qui n’arrive jamais. Là encore, prenons exemples sur eux. "Comme j’ai eu raison de réaliser beaucoup ! Comme j’ai eu raison de me faire plaisir !" »
Henry de Montherlant, Les lépreuses
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08/05/2013
Opium
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« Je suis le sombre oiseau des vieux soirs d’amertume,
J’ai des ailes de jais, je suis magique et beau,
J’ensorcelle les cœurs quand je lisse mes plumes,
L’esprit des Bouddhas morts habite mon cerveau.
Moi qui suis l’habitant des temples millénaires,
Je viens planer ce soir chez les civilisés.
Je suis l’étrange ami de l’homme solitaire
Et de tous ceux dont le courage s’est brisé. »
« L'âme des pavots morts monte en fumée...
Je contemple, étendu, les visages humains
Les meubles délicats, les choses aimées,
bercé sur le berceau de l'opium divin. »
Maurice Magre, Nuits de Haschisch et de l'Opium
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D'abord le corps...
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« Dire pour soit dit. Mal dit. Dire désormais pour soit mal dit. Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D'où sortir. Où retourner. Non. Nulle sortie. Nul retour. Rien que là. Rester là. Là encore. Sans bouger.
Tout jadis. Jamais rien d'autre. D'essayé. De raté. N'importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.
D'abord le corps. Non. D'abord le lieu. Non. D'abord les deux. Tantôt l'un ou l'autre. Tantôt l'autre ou l'un. Dégoûté de l'un essayer l'autre. Dégoûter de l'autre retour au dégoût de l'un. Encore et encore.Tant mal que pis encore. Jusqu'au dégoût des deux. »
Samuel Beckett, Cap au Pire
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07/05/2013
Il y a à trouver maintenant la grande Loi du cœur
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« Monsieur le Recteur,
Dans la citerne étroite que vous appelez "Pensée", les rayons spirituels pourrissent comme de la paille. Assez de jeu de langue, d’artifices de syntaxe, de jongleries de formules, il y a à trouver maintenant la grande Loi du cœur, la Loi qui ne soit pas une loi, une prison, mais un guide pour l’Esprit perdu dans son propre labyrinthe. Plus loin que ce que la science pourra jamais toucher, là ou les faisceaux de la raison se brisent contre les nuages, ce labyrinthe existe, point central ou convergent toutes les forces de l’être, les ultimes nervures de l’esprit. Dans ce dédale de murailles mouvantes et toujours déplacées, hors de toutes formes connues de pensée, notre Esprit se meut, épiant ses mouvements les plus secrets et spontanés, ceux qui ont un caractère de révélation, cet air venu d’ailleurs, tombé du ciel. »
Antonin Artaud, Lettre aux recteurs des universités européennes
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Mon corps comme un costume oté la veille
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« Je n'étais ni debout, ni couché, ni assis, plutôt répandu, mais capable de distinguer, ailleurs, contre les sacs, mon corps comme un costume oté la veille. Surtout que j'avais souvent remarqué à Paris, dans ma chambre, au petit jour, cet air fusillé d'une chemise.
J'avais cet air là de vieux costume, de chemise par terre, de lapin mort, sans l'avoir, puisque ce n'était pas moi, comme la chambre à laquelle on pense et la même chambre dans laquelle on se trouve. Alors, j'eus conscience d'être la fausse chambre et d'avoir franchi par mégarde une limite autour de laquelle les vivants, sans lâcher prise, arrangent leurs jeux dangereux. »
Jean Cocteau, Discours du Grand Sommeil
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06/05/2013
...et je ne comprends plus...
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« Esclave d’un frisson, amoureux d’un murmure, je n’ai pas fini de déchoir dans ce crépuscule de la sensualité. Un peu plus impalpable, un peu moins saisissable... chaque jour, je m’estompe en moi-même, et je désire enfin si peu qu’on me comprenne, et je ne comprends plus ni le vent ni le ciel ni les moindres chansons ni la bonté, ni les regards. »
Louis Aragon, Le paysan de Paris
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Tout est terriblement compliqué. La mort comme le reste !
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« Bien sûr,il y a d'autres façon d'en finir avec ces problèmes : écrire, par exemple. Mais celle-ci est bien plus douloureuse : une fois ne suffit pas! Quand on commence, on est condamné à recommencer encore et encore. Jusqu'à la mort. Naturelle -- comme si une mort pouvait être naturelle ! -- à moins qu'on s'aperçoive un peu trop tard que ça ne sert à rien toutes ces pages noircies. Et on se retrouve au point de départ : on mange son flingue, on augmente la dose une dernière fois, ou pleins d'autres choses qui conduisent toutes au même endroit. Nulle part : le suicide serait merveilleux si... Tout est terriblement compliqué. La mort comme le reste ! Et elle n'est romantique que pour ceux qui survivent. »
Daniel Darc, extrait de la préface pour"Les Peaux Transparentes" de Marc Dufaud
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05/05/2013
Christ est ressuscité ! Il est assurément ressuscité !
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Pâques Orthodoxe...
La Résurrection, d'après Albrecht Altdorfer
« 20.1 Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre.
20.2 Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis.
20.3 Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre.
20.4 Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre;
20.5 s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.
20.6 Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre; il vit les bandes qui étaient à terre,
20.7 et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part.
20.8 Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi; et il vit, et il crut.
20.9 Car ils ne comprenaient pas encore que, selon l'Écriture, Jésus devait ressusciter des morts.
20.10Et les disciples s'en retournèrent chez eux.
20.11Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre;
20.12et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.
20.13Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répondit: Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.
20.14En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
20.15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai.
20.16 Jésus lui dit : Marie! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni! c'est-à-dire, Maître!
20.17 Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
20.18 Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.
20.19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous !
20.20 Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur.
20.21 Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.
20.22 Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint Esprit.
20.23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
20.24 Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
20.25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.
20.26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous !
20.27 Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois.
20.28Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit :
20.29 Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !
20.30 Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
20.31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. »
Sainte Bible, L'Evangile selon Jean, Chapitre 20
Le Caravage - L'incrédulité de Saint Thomas
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04/05/2013
Décadence
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« A notre époque, tout repose sur la prémisse qu’il vaut mieux vivre aussi longtemps que possible. Jamais dans l’histoire, l’espérance de vie n’a été aussi longue et devant nous se déroule la monotonie des perspectives que l’on offre à l’humanité. L’idéologie du foyer individuel n’enthousiasme le jeune qu’aussi longtemps qu’il se démène pour se trouver un petit nid à soi. Sitôt trouvé, l’avenir ne lui propose plus rien – sinon de faire cliqueter son boulier à mesure qu’il amasse l’argent de sa retraite, puis la paix, l’ennui et la décrépitude de la vieillesse. Telle est l’image qui accompagne dans l’ombre l’Etat-providence et qui menace le cœur de l’espère humaine. Dans les pays scandinaves, le besoin de travailler a dès à présent disparu et assurer la subsistance de ses vieux jours n’est plus un sujet d’inquiétude ; accablés d’ennui et d’amertume à ne s’entendre demander par la société rien d’autre que de « se reposer », un nombre extraordinaire de vieillards se suicident. Et en Angleterre, devenue après la guerre le modèle idéal en matière d’assistance, le désir de travailler s’est perdu et s’en sont suivis le déclin et la décrépitude de l’industrie. »
Yukio Mishima, Le Japon moderne et l'éthique samouraï (Arcades Gallimard, p.32)
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