Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/06/2013

Je me connais trop pour croire à la vertu toute pure

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« De même, on est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français, souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. Naturellement, ce Français a un ami juif qui, lui, du moins... Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l'interlocuteur n'approuve pas ces façons, loin de là. Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu'ils ont tort de se soutenir les uns les autres, même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration. Oui, ce sont là des signes. »

Albert Camus, La Contagion in Actuelles I - Ecrits Politiques (Chroniques Politiques 1944-1948)


« Ce n'est pas me réfuter en effet que de réfuter la non-violence. Je n'ai jamais plaidé pour elle. Et c'est une attitude qu'on me prête pour la commodité d'une polémique. Je ne pense pas qu'il faille répondre aux coups par la bénédiction. Je crois que la violence est inévitable, les années d'occupation me l'ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m'ont posé aucun problème. Je ne dirai donc point qu'il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique, en effet. Je dis seulement qu'il faut refuser toute légitimation de la violence, que cette légitimation lui vienne d'une raison d'État absolue, ou d'une philosophie totalitaire. La violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu'il faut lui garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu'on peut. Je ne prêche donc ni la non-violence, j'en sais malheureu-sement l'impossibilité, ni, comme disent les farceurs, la sainteté : je me connais trop pour croire à la vertu toute pure. Mais dans un monde où l'on s'emploie à justifier la terreur avec des arguments opposés, je pense qu'il faut apporter une limitation à la violence, la cantonner dans certains secteurs quand elle est inévitable, amortir ses effets terri-fiants en l'empêchant d'aller jusqu'au bout de sa fureur. J'ai horreur de la violence confortable. J'ai horreur de ceux dont les paroles vont plus loin que les actes. C'est en cela que je me sépare de quelques-uns de nos grands esprits, dont je m'arrêterai de mépriser les appels au meurtre quand ils tiendront eux-mêmes les fusils de l'exécution. »

Albert Camus, Première réponse à Emmanuel d'Astier de la Vigerie in Actuelles I - Ecrits Politiques (Chroniques Politiques 1944-1948)


00:17 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

02/06/2013

Ces pierres que l'on trouve dans l'estomac des poules

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il y a dans toute vie un certain nombre de choses que l'homme ne confie pas même à l'être le plus proche. Elles sont semblables à ces pierres que l'on trouve dans l'estomac des poules ; la sympathie n'aide pas à les faire digérer. »

Ernst Jünger, Premier journal parisien, 2 octobre 1942


16:11 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

J’aurais pu lui répondre que j’étais vivant, moi, mais je n’en étais pas tout à fait certain

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Je me demande ce qu’il y a encore à détruire, dans ce secteur, a-t-il ajouté en montrant l’immense terrain vague laissé par le déblaiement des taudis de la Quarantaine.

-- Des hommes, ais-je cru bon de suggérer, souriant à mon tour pour ne pas avoir l’air trop niais.

-- Des hommes ? Non, ils sont morts, même ceux qui combattent, en ce moment, et qui se croient vivants. A un certain degré d’horreur et de bruit, on ne se bat plus pour vivre, ni pour survivre, mais parce qu’on est mort, oui, passé à l’autre bout de la vallée de larmes, et que le combat se limite à tenter de remonter chez les vivants.

J’aurais pu lui répondre que j’étais vivant, moi, mais je n’en étais pas tout à fait certain, et j’ai préféré continuer à sourire, tout en reconnaissant que j’appartenais aux ombres, que je méprisais même un peu les vivants, leur insouciance, leur incurie, leur cruauté, lezs morts, eux étant en paix les uns avec les autres, on n’y a jamais songé de cette façon, mais c’est ce qui les caractérise, outre leur invraisemblable mémoire.

Mais je n’ai rien dit. Je préférais rester un combattant simple et droit aux yeux du responsable phalangiste dont je continuais à trouver la cause noble, et la seule qui méritât d’être défendue. »

Richard Millet, La confession négative

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

01/06/2013

C’est un immense troupeau dans la solitude, une multitude infinie de cœurs tristes à la recherche du Paradis...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Et le Peuple de Dieu ? me demandez-vous. Ne vous l’ai-je pas montré ? Autrefois, il y a plus de trois mille ans, le Peuple de Dieu, c’était le peuple hébreu. Les miracles ne lui manquaient pas. Jéhovah le conduisait par la main au milieu des flots et dans le désert, pour l’étonnement et l’extermination des autres peuples. Depuis Jésus-Christ, le peuple de Dieu, c’est chacun de nous, c’est moi, c’est vous, le menuisier, vous, le serrurier, vous, l’employé de bureau, le vidangeur ou le poète. C’est tout ce qui est pauvre, tout ce qui souffre, tout ce qui est humilié profondément. C’est un immense troupeau dans la solitude, une multitude infinie de cœurs tristes à la recherche du Paradis. Il y en a qui gagnent tout juste leur pain, qui n’ont jamais une heure pour la culture de leurs âmes et qui finissent par y renoncer. D’ailleurs, qui pourrait les instruire, les guider, les encourager ? Le clergé insuffisant quant au nombre est, presque toujours, d’une médiocrité épouvantable. Pour ce qui est des Léon Bloy, quand il s’en trouve, on les étrangle, on les étouffe si bien qu’il est impossible de les connaître et qu’il n’y a pas moyen de les entendre. Alors quoi ? il ne reste plus que les patrons ou les propriétaires. Franchement ce n’est pas assez. »

Léon Bloy, Journal, 10.12.1903

17:33 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Vous savez comment ces rues gagnent les faubourgs, à la manière d’une gangrène...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Vous savez comment ces rues gagnent les faubourgs, à la manière d’une gangrène. Ce sont d’interminables rangées de maisons jumelées –les numéros d’Ellesmore Road vont jusqu’au 212 et la nôtre est au 191- toutes les mêmes, comme dans les lotissements à bon marché, mais en plus laid. La façade en stuc, la barrière vernie, la haie des troènes, la porte d’entrée peinte en vert. Les Lauriers, Les Myrtes, Les Aubépines, Mon Abri, Mon Repos, Belle vue. Dans peut-être une maison sur cinquante un esprit libertaire, qui probablement finira à l’hospice, a peint sa porte d’entrée en bleu au lieu de la peindre en vert. »

George Orwel, Un peu d’air frais

12:47 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

31/05/2013

La guerre et le don font partie du même univers de la ferveur, de la magnanimité et du gaspillage

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« A cet égard, la thèse déjà ancienne et toujours renouvelée, selon laquelle le développement du commerce efface l'esprit guerrier, a légitimé dans les sociétés modernes une évolution à la fois bienfaisante et perverse. Les arguments de Spinoza, de Montesquieu ou des libéraux du XVIIIe siècle, selon lesquels l'esprit de commerce engage en douceur et écarte les sociétés du fanatisme, sonnent toujours juste. Pourtant, on est bien obligé de constater que le commerce, en remplaçant la guerre, remplace aussi toute une vision du monde dans laquelle elle se déploie. La guerre appartient au monde de la gratuité et le commerce au monde de l'intérêt. Et à cet égard, la guerre et le don font partie du même univers de la ferveur, de la magnanimité et du gaspillage. Naturellement, on ne doute pas que la ferveur de la guerre (qui la rapproche dangereusement du fanatisme) et son gaspillage (par lequel les sociologues l'ont comparée au phénomène de la fête), ne sont pas de bon aloi. Pourtant le commerce, en effaçant le désir de guerre, efface aussi le don. »

Chantal Delsol, Qu'est-ce que l'homme

 

12:59 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

30/05/2013

Qu’est-il donc après tout, ce Dieu, qu’il faut louer sans cesse, qui se régale de louanges comme un ténor ou un académicien ?

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Qu’est-il donc après tout, ce Dieu, qu’il faut louer sans cesse, qui se régale de louanges comme un ténor ou un académicien ? Ce Dieu qu’on doit prier à genoux, le front dans la poussière, le cilice aux reins, pour qu’il nous épargne ses châtiments ? Châtiment de quoi ? D’être ce que nous sommes, tels qu’il nous a créés ? Ainsi le divin Créateur nous ferait non seulement payer les imperfections de son œuvre, mais il exigerait d’en être loué et remercié - et ce serait, me dit le prêtre, l’unique moyen d’arriver jusqu’à lui.
C’est en vain que j’ai fait effort pour concentrer mon attention. Ma seule réaction, tandis qu’il s’escrimait à ranimer en moi ce qu’il nomme les croyances premières, ce fut de m’étonner que tel ou tel de mes compagnons d’infortune, entrevoyant le poteau dans une aube trouble et proche, eussent pu s’abandonner à je ne sais quel mysticisme panique. Les exemples qu’il me cite ne font que me raffermir. J’ai connu la guerre. Le spectacle de certaines lâchetés est une source de courage. »

Henri Béraud, Quinze jours avec la mort

17:55 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

29/05/2013

Cultiver notre "mémoire", la transmettre vivante à nos enfants

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La "mémoire" est un mot qui a souffert d’usages excessifs. Mais, sous prétexte que le mot "amour" est mis à toutes sauces, faudrait-il ne plus l’utiliser dans son sens des pièges qui tendent à la dissoudre. C’est à leur très longue "mémoire" que les transmise au sein des familles, qu’une communauté peut traverser le temps, en dépit plein ? Il en est de même pour la "mémoire". C’est par la vigueur de sa "mémoire", que les Chinois, les Japonais, les Juifs et tant d’autres peuples doivent d’avoir surmonté périls et persécutions sans jamais disparaître. Pour leur malheur, du fait d’une histoire rompue, les Européens en sont privés.

Je pensais à cette carence de la mémoire européenne alors que des étudiants m’avaient invité à leur parler de l’avenir de l’Europe et du Siècle de 1914. Dès que le mot "Europe" est prononcé, des équivoques surgissent. Certains pensent à l’Union européenne pour l’approuver ou la critiquer, regretter par exemple qu’elle ne soit pas "puissance". Pour dissiper toute confusion, je précise toujours que je laisse de côté la part politique. Me rapportant au principe d’Épictète, "ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas", je sais qu’il dépend de moi de fonder ma vie sur les valeurs originelles des Européens, alors que changer la politique ne dépend pas de moi. Je sais aussi que, sans idée animatrice, il n’est pas d’action cohérente.
Cette idée animatrice s’enracine dans la conscience de l’Europe-civilisation qui annule les oppositions entre région, nation, Europe. On peut être à la fois Breton ou Provençal, Français et Européen, fils d’une même civilisation qui a traversé les âges depuis la première cristallisation parfaite que furent les poèmes homériques. "Une civilisation, disait excellemment Fernand Braudel, est une continuité qui, lorsqu’elle change, même aussi profondément que peut l’impliquer une nouvelle religion, s’incorpore des valeurs anciennes qui survivent à travers elle et restent sa substance (Fernand Braudel, Écrits sur l’histoire, Flammarion, 1969)." À cette continuité, nous devons d’être ce que nous sommes.

Dans leur diversité, les hommes n’existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par leur animalité qui est universelle. La sexualité est commune à toute l’humanité autant que la nécessité de se nourrir. En revanche, l’amour comme la gastronomie sont le propre d’une civilisation, c’est-à-dire d’un effort conscient sur la longue durée. Et l’amour tel que le conçoivent les Européens est déjà présent dans les poèmes homériques à travers les personnages contrastés d’Hélène, Nausicaa, Hector, Andromaque, Ulysse ou Pénélope. Ce qui se révèle ainsi à travers des personnes est tout différent de ce que montrent les grandes civilisations de l’Asie, dont le raffinement et la beauté ne sont pas en cause.
L’idée que l’on se fait de l’amour n’est pas plus frivole que le sentiment tragique de l’histoire et du destin qui caractérise l’esprit européen. Elle définit une civilisation, sa spiritualité immanente et le sens de la vie de chacun, au même titre que l’idée que l’on se fait du travail. Celui-ci a-t-il pour seul but de "faire de l’argent", comme on le pense outre-Atlantique, ou bien a-t-il pour but, tout en assurant une juste rétribution, de se réaliser en visant l’excellence, même dans des tâches en apparence aussi triviales que les soins de la maison ? Cette perception a conduit nos ancêtres à créer toujours plus de beauté dans les tâches les plus humbles et les plus hautes. En être conscient, c’est donner un sens métaphysique à la "mémoire".

Cultiver notre "mémoire", la transmettre vivante à nos enfants, méditer aussi sur les épreuves que l’histoire nous a imposées, tel est le préalable à toute renaissance. Face aux défis inédits qui nous ont été imposés par les catastrophes du siècle de 1914 et leur mortelle démoralisation, nous trouverons dans la reconquête de notre "mémoire" ethnique des réponses dont nos aînés et nos aïeux n’avaient pas idée, eux qui vivaient dans un monde stable, fort et protégé. »

Dominique Venner, Éditorial de La Nouvelle Revue d'Histoire n°:40 - Janvier/Février 2009

23:12 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

28/05/2013

L’air des musées me fait mal et celui des petites chapelles m’écoeure

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Si je pensais que la tradition de l’ordre monarchiste chrétien ne subsiste plus que dans la mémoire d’un petit nombre de privilégiés, je n’insisterais pas : l’air des musées me fait mal et celui des petites chapelles m’écoeure. 
Mais je crois cette tradition encore vivante, bien que méconnaissable, au plus profond de notre peuple. »

Georges Bernanos, Nous autres Français


16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L’âge d’or de l’avenir

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le rideau s’est levé devant mes yeux débiles,
La lumière s’est faite et j’ai vu ses splendeurs ;
J’ai compris nos destins par ces ombres mobiles
Qui se peignaient en noir sur de vives couleurs.
Ces feux, de ta pensée étaient les lueurs pures,
Ces ombres, du passé les magiques figures,
J’ai tressailli de joie en voyant nos grandeurs.

Il est donc vrai que l’homme est monté par lui-même
Jusqu’aux sommets glacés de sa vaste raison,
Qu’il y peut vivre en paix sans plainte et sans blasphème,
Et mesurer le monde et sonder l’horizon.
Il sait que l’univers l’écrase et le dévore ;
Plus grand que l’univers qu’il juge et qui l’ignore,
Le Berger a lui-même éclairé sa maison. »

Alfred de Vigny, Autres Poèmes

11:20 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

On ne doit jamais modifier sans une nécessité évidente les lois

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il faut savoir avant tout que l’on ne doit jamais modifier sans une nécessité évidente les lois, statuts, coutumes ou ordonnances antérieures, quelles qu’elles soient, qui concernent la communauté.

Bien mieux, selon Aristote, dans le second livre de la Politique (Aristote, la Politique, 11, 8 - l269a 23), la loi ancienne positive ne doit pas être abrogée pour une nouvelle meilleure, à moins qu’il n’y ait une différence très notable entre elles, parce que de tels changements diminuent l’autorité de ces lois et le respect qu’elles inspirent, plus encore s’ils sont faits fréquemment. De là, en effet, naissent le scandale, les murmures dans le peuple et le danger de désobéissance.

A plus forte raison si de tels changements rendaient la loi pire, car ces changements seraient alors intolérables et injustes.
De fait, le cours et le prix des monnaies ("…cursus et pretium monetarium…") dans un royaume doivent être pour ainsi dire une loi, un règlement ferme. La preuve en est que les pensions et certains revenus annuels sont fixés en un prix d’argent ("…ad pretium pecuniae…"), c’est-à-dire à un certain nombre de livres et de sous. D’où il ressort qu’une mutation des monnaies ne doit jamais être faite, si ce n’est peut-être lorsque la nécessité s’en impose ou que l’utilité en est évidente pour toute la communauté.

C’est pourquoi Aristote, dans le cinquième livre des Ethiques (Aristote, Ethique à Nicomaque, V, 8 - l133b 14), parlant de la monnaie, déclare : "Elle tend toutefois à une plus grande stabilité".
Or, la mutation de la monnaie, comme je peux le constater en général, peut être faite de plusieurs façons :

 - Dans la forme ou précisément dans le type,

 - Dans la proportion,

 - Dans le prix ou appellation,

 - Dans la quantité ou poids et,

 - Dans la substance de la matière.

 En effet, on peut muer la monnaie de chacune de ces cinq façons ou de plusieurs à la fois. »

Nicole Oresme, Traité sur l’origine, la nature, le droit et les mutations des monnaies, "CHAPITRE VIII, Les mutations des monnaies, en général"

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/05/2013

La conservation d'un beau fauteuil

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La conservation d'un beau fauteuil m'importe plus que l'existence de plusieurs bipèdes à la voix articulée. »

Albert Caraco, Le semainier de l'agonie

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« (…) Nulle inconséquence, pourtant, ne saurait être reprochée à Lévi-Strauss. On ne voit pas par quel enchantement des hommes enfoncés chacun dans sa culture seraient saisis d’une passion spontanée pour les genres de vie ou les formes de pensées éloignées de leur tradition. Si, d’autre part, la richesse de l’humanité réside exclusivement dans la multiplicité de ses modes d’existence, si l’honneur d’avoir crée les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, ainsi que l’écrit Lévi-Strauss et comme le disent en d’autres termes les grandes professions de foi de l’UNESCO, alors la mutuelle hostilité des cultures est non seulement normale mais indispensable. Elle représente le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leurs propres fonds, les ressources nécessaires à leur renouvellement. ("Race et Culture") »

Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée

11:20 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le seul peuple à fonder son jugement sur ce qu’il attend de l’avenir plutôt que sur les données concrètes qu’il a sous les yeux

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les Athéniens : Dans tous les cas, à en juger par la décision que vous avez prise, il nous paraît que vous êtes bien le seul peuple à fonder son jugement sur ce qu’il attend de l’avenir plutôt que sur les données concrètes qu’il a sous les yeux. Des choses qui dépendent d’un futur indistinct, vous les voyez comme si elles étaient déjà en train de se faire et cela simplement parce que vous le voulez ainsi. Vous prenez les plus grands risques en vous fiant aux Lacédémoniens, à la fortune et à vos espérances. Votre désillusion sera d’autant plus rude. »

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, V, Conférence des Athéniens et des Méliens (Dialogue de Mélos)

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

26/05/2013

Imbécillité pénale

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« L'expression (imbécillité pénale) désigne de façon plus générale le projet de répondre à tout grâce au droit, et surtout le droit pénal, en escomptant que l'on pourra ainsi remédier à l'absence de normes collectives et intériorisées. »

Jean-Claude Guillebaud, Le goût de l'avenir

23:52 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Progressistes et conservateurs

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le monde, s’est divisé en progressistes et conservateurs. L’affaire des progressistes est de continuer à commettre des erreurs, celle des conservateurs, est d’éviter que les erreurs, ne soient corrigées. »

Gilbert Keith Chesterton, article paru dans The Illustrated London News, le 19 avril 1924

21:06 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Tu les verras bientôt d’hommes devenus femmes

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

Crésus s’adressant à Cyrus :

« (…) mais pardonne aux Lydiens et, pour éviter toute révolte et toute inquiétude de ce côté, prend ces mesures-ci : fais leur défendre de posséder des armes de guerre, ordonne-leur de porter des tuniques sous leurs manteaux, de chausser des bottines, prescris-leur d’apprendre à leurs fils de jouer de la cithare et des autres instruments à cordes, à faire du commerce. Tu les verras bientôt, seigneur, d’hommes devenus femmes, et tu n’auras plus à craindre de révolte. »

Hérodote, L’Enquête, I, 155

20:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La splendeur du style...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il est indispensable que la Vérité soit dans la Gloire. La splendeur du style n’est pas un luxe, c’est une nécessité. »

Léon Bloy, Journal, Août 1894

19:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

25/05/2013

Une société est un éparpillement de mémoires

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Une société est un éparpillement de mémoires, un amoncellement de poches à rancune et de comptes à régler ; un peuple est une histoire longue, ou plus exactement l'unité de cette histoire. Les deux coexistent, bon an mal an, et il n'est pas bon que l'un chasse l'autre. Le peuple sans société devient une mystification et la société sans peuple, un capharnaüm. Or à force d'encenser la diversité, les identités et les "nouveaux mouvements sociaux", on exalte le social au point de découper le corps du peuple à la tronçonneuse, en Landru électoraliste et arithméticien. »

Régis Debray, Rêveries de gauche

23:18 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/05/2013

Il nous sera donné de voir, quand la lumière s’éteindra

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le combat de la vie, le fardeau de l’individualité. A l’opposé, l’indivis et ses tourbillons toujours plus profonds. Aux instants de l’étreinte, nous y plongeons, nous nous abîmons dans des zones où gîtent les racines de l’arbre de vie. Il y a aussi la volupté légère, fugitive, pareille au combustible qui flambe, et tout aussi volatile. Au-delà, au-dessus de tout cela, le mariage. “Vous serez une seule chair.” Son sacrement ; le fardeau est désormais partagé. Enfin, la mort. Elle abat les murailles de la vie individuelle. Elle sera l’instant de l’accomplissement suprême. (Matthieu XXII, v. 30.) C’est par-delà la mort, et là seulement, où le temps n’est plus, que nos véritables liens ont formé le noeud mystique. Il nous sera donné de voir, quand la lumière s’éteindra. »

Ernst Jünger, Premier journal parisien

11:08 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

23/05/2013

Pourquoi pas moi ?

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Quand on constate (en lisant sa correspondance) que Baudelaire a toute sa vie pataugé dans les ennuis d'argent, on frémit. Puis, si l'on songe que malgré sa pauvreté Baudelaire a pu se consacrer à son oeuvre, qu'il a eu une existence d'homme libre, de belles maîtresses, du haschich, des amis fidèles, on respire, soulagé. Et l'on se dit : si Baudelaire a pu vivre ainsi, pourquoi pas moi ? »

Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, journal 1953-1962

16:12 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Aucun appel clair...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Tout cela avait perdu sa valeur, tout cela appartenait au temps des victoires, lorsque les drapeaux pendaient à toutes les fenêtres. Maintenant il n'y avait plus de victoires, maintenant les drapeaux avaient perdu leur radieuse signification, maintenant, à cette heure trouble où tout s'écroulait, la voie à laquelle j'avais été destiné était devenue impraticable, maintenant je me trouvais, sans pouvoir m'en saisir, en face de choses nouvelles, en face de choses qui accouraient de toutes parts, de choses sans forme, où ne vibrait aucun appel clair, aucune certitude qui pénétrait irrésistiblement le cerveau, sauf une pourtant, celle que ce monde où j'étais enraciné, que je n'avais eu ni à accepter ni à adopter, et dont j'étais une parcelle, allait s'effondrer définitivement, irrévocablement, et qu'il ne ressusciterait pas, qu'il ne renaîtrait jamais. »

Ernst von Salomon, Les Réprouvés

12:12 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/05/2013

Du milieu des âmes mortes...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Quant à moi, je le sais, une puissance supérieure me contraint à cheminer longtemps encore côte à côte avec mes étranges héros, à contempler, à travers un rire apparent et des larmes insoupçonnées, l'infini déroulement de la vie. Le temps est encore lointain où l'inspiration jaillira à flots plus redoutables de mon cerveau en proie à la verve sacrée, où les hommes, tremblants d'émoi, pressentiront les majestueux grondements d'autres discours... »

Nicolas Gogol, Les âmes mortes

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Vincit omnia Veritas

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ceux qui seraient tentés de céder au découragement doivent penser que rien de ce qui est accompli dans cet ordre ne peut jamais être perdu, que le désordre, l’erreur et l’obscurité ne peuvent l’emporter qu’en apparence et d’une façon toute momentanée, que tous les déséquilibres partiels et transitoires doivent nécessairement concourir au grand équilibre total, et que rien ne saurait prévaloir finalement contre la puissance de la vérité ; leur devise doit être celle qu’avaient adoptée autrefois certaines organisations initiatiques de l’Occident : Vincit omnia Veritas. »

René Guénon, La crise du monde moderne

10:58 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/05/2013

L'anticommunisme demeure donc répréhensible, si négatif soit le bilan du communisme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Une oraison plaintive servit d'ouverture en sourdine à la confession agressive. Sous le coup du naufrage, on avoua du bout des lèvres la faillite et jusqu'aux crimes du communisme. Mais ce ne fut qu'en manière de précaution oratoire et pour mieux pleurer la perte du Bien suprême que seul, soupirait on, il aurait pu nous apporter et dont l'humanité se trouvait, par sa chute, à jamais dépouillée.
Supercherie éculée par laquelle on contestait l'essentiel, qui était, non que le communisme eût échoué, ce que, vers 1990, personne n'osait plus ou n'osait encore nier, mais que son échec était d'une nature et d'une ampleur qui en condamnait le principe même. Car c'était là le fait nouveau. Pour le communisme en tant que doctrine, après tant de sursis immérités, l'heure du jugement dernier venait enfin de sonner. Tout le reste était archéologie. Les désastres du socialisme réel, on y était habitué depuis longtemps. II n'avait jamais et nulle part rien produit d'autre. Ce qui s'imposait en outre, désormais, c'est qu'il ne pouvait rien produire d'autre. C'était là l'évidence supplémentaire et libératrice : il souffrait, dans sa conception même, d'un vice de conformation. Bien des marginaux l'avaient vu et dit depuis longtemps. La gauche, même non communiste, les avait régulièrement bouclés dans le panier à salade de la "réaction". En 1990, leur explication devenait celle de tout le monde.

Ainsi, le communisme avait été poussé à n'engendrer que misère, injustice et massacres, non par de contingentes trahisons ou malchances mais par la logique même de sa vérité profonde. Telle était la révélation de 1990. L'histoire condamnait, au-delà du communisme réel, l'idée même du communisme.

Or le postulat qui se réaffirme à travers les sanglots du deuil post-soviétique exprime d'emblée le refus de cette conclusion. Mais faute de pouvoir s'appuyer sur des faits, il se réduit à cette croyance superstitieuse qu'on trouve dans quelque ciel lointain une société parfaite, prospère, juste et heureuse, aussi sublime que le monde suprasensible de Platon et aussi inconnaissable que la "chose en soi" de Kant. Cette société idéale, le communisme était le seul instrument apte à en faire descendre le modèle sur terre. Comme il a disparu, la possibilité même de cette société de justice disparaît aussi. L'effondrement du communisme, en dépit de tout le mal qu'il a perpétré, est donc aussi la défaite du Bien.

Raisonnement circulaire qui suppose démontrée la thèse que précisément l'expérience vient de réfuter. Dérobade qui n'est au demeurant qu'une resucée de l'antique sophisme dont la fanfare de la propagande n'avait cessé de tympaniser les jobards accourus vider les poubelles de l'histoire : nous ne nions, avouaient périodiquement les socialistes dans leurs replis tactiques, ni les mauvais résultats ni les atrocités du communisme; nous nions en revanche catégoriquement que ces malencontreux déboires expriment l'essence du socialisme. Celle-ci reste intacte, immaculée, et promise à une très prochaine incarnation. Selon cette argumentation, l'horreur des conséquences prouve l'excellence du principe.

Se réclamant d'un prototype parfait, puisque irréalisable, le communisme, si monstrueuses aient été ses fautes dans la pratique, ne peut pas être réactionnaire. C'est pourquoi continuent, eux, à l'être, les gens qui le jugent sur ses actes. Car ce ne sont pas les actes qui doivent servir de critère, quand on évalue les zélateurs d'un modèle idéal, ce sont les intentions.

Au fond, le royaume du communisme n'est pas de ce monde, et son échec ici-bas est imputable au monde, non pas au concept communiste. Dès lors, ceux qui le récusent en alléguant ce qu'il a fait, sont en réalité poussés par une haine secrète pour ce qu'il était censé faire: accomplir la justice. L'anticommunisme demeure donc répréhensible, si négatif soit le bilan du communisme. Tel est le deuxième volet de l'esquive préliminaire, préparation de la contre-offensive ultérieure. »

Jean-François Revel, La Grande Parade

07:04 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook