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11/03/2015

Crépitement de la pluie sur une toile de tente

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« La beauté n’est pas affaire d’argent ni de consommation. Elle réside en tout et surtout dans les petits détails de la vie. Elle est offerte gratuitement par la nature : poésie des nuages dans un ciel léger, crépitement de la pluie sur une toile de tente, nuits étoilées, couchers de soleil, premiers flocons de neige, premières fleurs du jardin, couleurs de la forêt... »

Dominique Venner, Un samouraï d’Occident – Le Bréviaire des insoumis

 

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09/03/2015

Être du bon côté du manche

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« Les intellectuels... si les Nazis avaient gagné la guerre, je suis certain, à nos télévises, ça serait peu de choses près les mêmes figures qui apparaîtraient. Avec la même véhémence, le même talent, la même sincérité à fleur de peau, ils soutiendraient l’inverse de ce qu’ils débagoulent de nos jours. Ils seraient pour l’ordre, la race, la famille. Ce qui compte avant tout c’est d’être du bon côté du manche... tenir la queue... de la poêle, je précise. »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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On n’avait pas besoin d’animateur subventionné

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« On n’allait pas au cinoche la bouche pincée... l’âme perplexe... tout chancelant d’indécision. On se pourléchait à l’avance du gras naveton... n’importe ! Confectionné par des scénaristes aux abois, traqués par les huissiers... je connais maintenant l’engeance... la CAVMU aux trousses ! On se pointait avec notre petit pognon... on en voulait pour et même plus ! On acceptait tout... l’invraisemblable, le mauvais goût, les outrances, le patriotisme délirant, les fins heureuses... les beaux assassinats... les faux singes, faux cils, fausses barbes... faux sentiments ! Tout faisait notre bonheur. C’était la fête le cinoche... si le spectacle était médiocre on mettait la main à la pâte. On améliorait la sauce aux quolibets... à la gueulante ! C’était ça le théâtre populaire. On recherche en vain la formule depuis. Ça venait tout seul, ça allait comme je te pousse. On n’avait pas besoin d’animateur subventionné. »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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Pas plus d’idéal là-dedans que d’orangers à Courbevoie

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« Tout a commencé dans la rue, le meilleur et le pire. Le pire plus souvent. Sans la rue, les petits potes traîne-lattes, certain que je me serais pas fourvoyé guerrier de l’ombre. J’aurais eu personne à épater. On est dans la guerre, la vraie avec des armes à feu, pour continuer nos jeux de rue… nos bagarres de quartier. Pas plus d’idéal là-dedans que d’orangers à Courbevoie. »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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Paris Nocturne

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« Je quitte les Halles. Passé la rue de Rivoli, frontière du royaume des filles de joie, plus de racolage. Voici l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Je vous la décris pas, achetez vous le guide Michelin (publicité toute gratuite), quelques cartes postales en noir et en couleurs, ou bien dérangez-vous vous-même, de nos jours tout est à la porte de tout le monde. (…) Même pas la peine de vous déplacer, au kinoscope vous verrez encore mieux. Enfin dans les films à la papa. Magnez-vous, ils vont devenir rares, puisque c’est à présent la mode aux puzzle pellicule trente-deux positions, à la toilette des significations préétablies. Bon, je traverse la Seine sur la passerelle, vous me perdez pas de vue. La silhouette de l’Académie devant nos yeux, la Coupole. Je vais peut-être croiser un fier guignol en habit vert avec son épée, sa queue à deux branches. Il me saluera d’un coup de bicorne, la petite politesse en passant, c’est des gens qui ont de l’éducation… Un archevêque, un général et bicorne… Je divague, probable qu’ils se pieutent de bonne heure - infusion et coucouche panier - les prélats, les préfaciers, les dramaturges, les diplomates, tous nos tracassés de la prostate et du beau style. Ils ne rôdent pas la nuit. »

Alphonse Boudard, La métamorphose des cloportes

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08/03/2015

Le choc des civilisations

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« Le politiquement correct recule, tant mieux, mais il a tellement imbibé les consciences depuis un quart de siècle qu’il y a fort à parier qu’il mette encore un peu de temps avant de crever comme une sale bête… La droite y est le moins sensible. Normal, ce renoncement à la pensée qui se fait prendre pour une pensée est l’apanage des conceptuels et des idéologues, la pathologie de la gauche incapable de pragmatisme, au contraire de la droite qui en est, elle, trop capable, et qui, de ce fait, demeure incapable d’idéal.

L’un des slogans du politiquement correct est qu’il n’y aurait pas de choc des civilisations. Invention de Samuel Huntington, un penseur américain néoconservateur, autant dire : le diable en philosophie… Mais peu importe la politique ou la religion d’un philosophe quand il pense juste. Prétendre qu’il n’y a pas un choc des civilisations entre l’occident localisé et moribond et l’Islam déterritorialisé en pleine santé est une sottise qui empêche de penser ce qui est advenu, ce qui est, et ce qui va advenir.

L’Islam est une civilisation, avec ses textes sacrés, ses héros, ses grands hommes, ses soldats, ses martyrs, ses artistes, ses poètes, ses penseurs, ses architectes, ses philosophes. Il suppose un mode de vie, une façon d’être et de penser qui ignore le libre arbitre augustinien, le sujet cartésien, la séparation kantienne du nouménal et du phénoménal, la raison laïque des Lumières, la philosophie de l’histoire hégélienne, l’athéisme feuerbachien, le positivisme comtien, l’hédonisme freudo-marxiste. Il ignore également l’iconophile et l’iconodulie (goût et défense des images religieuses) pour lui préférer la mathématique et l’algèbre des formes pures (mosaïques, entrelacs, arabesques, calligraphie), ce qu’il faut savoir pour comprendre pourquoi la figuration de Mahomet est un blasphème.

Refuser la réalité du choc des civilisations ne peut se faire que si l’on ignore ce qu’est une civilisation, si l’on méprise l’Islam en lui refusant d’en être une, si l’on déteste la nôtre par haine de soi, si l’on pense l’histoire avec les fadaises du logiciel chrétien et marxiste qui promet la parousie en ignorant les leçons de philosophie données par Hegel : les civilisations naissent, croissent, vivent, culminent, décroissent, s’effondrent, disparaissent pour laisser place à de nouvelles civilisations. Qu’on médite sur l’alignement de Stonehenge, les pyramides du Caire, le Parthénon d’Athènes ou les ruines de Rome comme on méditera plus tard sur les ruines des cathédrales !

Notre occident est en décomposition : les adultes s’achètent des albums à colorier, ils se déplacent en trottinette, ils tétouillent des cigarettes électroniques, la femme à barbe constitue l’horizon indépassable du progrès post-moderne, ils conduisent leurs animaux domestiques chez le psychanalyste, ils marchandisent l’utérus de femmes pauvres pour porter les foetus de riches, ils se ruent sur les soldes comme des bêtes assoiffées sur un point d’eau, mais aucun d’entre eux n’est prêt à mourir pour ces fariboles.

Pendant ce temps, animé par la grande santé nietzschéenne, l’Islam planétaire propose une spiritualité, un sens, une conquête, une guerre pour ses valeurs, il a des soldats, des guerriers, des martyrs qui attendent à la porte du paradis. Refuser qu’il en aille, là, d’une civilisation qui se propose « le paradis à l’ombre des épées », un propos du Prophète, c’est persister dans l’aveuglement. Mais comment pourrait-il en être autrement ? L’aveuglement qui fait dire que le réel n’a pas eu lieu (ou n’a pas lieu) est aussi un signe de nihilisme. »

Michel Onfray, Chronique mensuelle de Michel Onfray - Mars 2015 – N° 118

 

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La tyrannie démocratique

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« Pour les besoins d’un travail en cours, je reprends mes fiches sur Platon. Relisant mes notes concernant La République, je tombe sur une critique de la démocratie qui me stupéfie par sa vérité.

La démocratie, c’est sa nature, s’avère le régime le plus à même de donner ses chances à l’exercice de la liberté. Mais, anthropologie oblige, la pente naturelle des hommes consiste à vouloir toujours plus de liberté. Chacun veut pouvoir faire ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut, sans se soucier d’autrui. L’autorité passe pour une contrainte inadmissible. Elle est vilipendée, détestée, détruite. Si un chef n’est pas assez docile aux revendications de son peuple, il passe pour un tyran, un dictateur, aujourd’hui on dirait : un fasciste, un stalinien...

Platon écrit qu’une cité de ce genre "loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants" (562,d). L’actualité lui donne raison : Giscard se faisant photographier torse nu et velu dans une piscine, jouant au football avec une culotte à manches courtes, Sarkozy filmé lui aussi dans ce genre de culotte devenue bouffante pour son format, suant, transpirant, trempé d’humeurs montrées comme les saintes huiles, Hollande se voulant un président normal et photographié en short et polo sur la plage ou arborant un sourire béat sous une pluie battante pour montrer qu’il mouille sous l’averse comme chacun de ses électeurs, nos présidents veulent montrer qu’ils sont comme tout le monde – poilus, sportifs, en sueur, mouillés par la pluie...

De même les exemples de gouvernés qui prennent l’air de gouvernants ne manquent pas : les joueurs de foot décérébrés, les comédiens incultes, les acteurs narcissiques, les vedettes de télévision, les chanteurs de ritournelles à deux neurones ou les stars du rap se comportent dans la vie comme s’ils étaient des princes, des rois, des empereurs à qui tout est dû.

Il en va de même avec le quidam qui se comporte avec ses semblables comme un Roi dans son royaume : malpoli avec son téléphone portable quand il nous inflige ses conversations indigentes, fonçant dans le troupeau pour s’asseoir à la meilleure place en écrasant un ancien ou en piétinant une femme enceinte, passant devant tout le monde dans une file d’attente, se bâfrant d’une poignée de cerises ou d’un abricot pour goûter avant d’acheter… sans acheter, les exemples ne manquent pas.

Le résultat écrit Platon est "que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement" (562, e-563, a). Parce que le fils ne craint plus le père ni l’élève son maître, c’est le père qui craint son fils et le maître son élève. La peur qui existait de l’inférieur au supérieur ne disparait pas, elle s’inverse : le supérieur se met alors à craindre l’inférieur. Mais la crainte n’a pas disparu. "Ainsi l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu et dans l’Etat" (564,a). La flatterie devient la règle – la démagogie en est la forme contemporaine. Petit à petit, à force de démocratie, le démocrate fait le lit du tyran.

Impressionnant de vérité... »

Michel Onfray, Chronique mensuelle de Michel Onfray - N° 112 – Septembre 2014

 

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Individualisme aristocratique

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« Apologie du courage, sens de l’honneur, individualisme aristocratique, ampleur de vue, goût du risque, perception du tragique, conscience de sa responsabilité, affirmation de soi, sens de l’Histoire. »

Olivier Bardolle, Petit traité des vertus réactionnaires

 

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06/03/2015

Amin Dada roy de France et d’Occident

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« Ce bruit du pas des Boches on l’a mérité, nous serine-t-on. Nous avons trop joui… trop écouté Tino Rossi… trop folâtré sous les charmilles du Front Popu. A ce compte-là, dans un proche avenir, ce qui nous attend nous fera regretter la Luftwaffe... les délicatessen de la Gestapo... si on considère, n’est-ce pas... furie porno... le lucre et le stupre qui s’étale... la bacchanale permanente... le foutre qu’éclabousse nos écrans... les fumeries de hasch... les performances gastronomiques de nos contemporains ! Pour se faire pardonner tout ça, on va se farcir Amin Dada roy de France et d’Occident et Pape pourquoi pas ! »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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Le vertige de l’horreur ressemble parfois à celui de la beauté

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« Car Dieu, quoi que désignât cette métaphore, est aussi maître de l’horreur et il y a un vertige de l’horreur, plus puissant, peut-être, que celui de la beauté. C’est le vertige qui saisit les hommes devant les membres tranchés, la puanteur des cadavres fondus dans la glaise avec les vers agglutinés coulant des blessures comme une pâte vivante et l’oeil rouge des rats nichant dans l’ombre des poitrines ouvertes, mais plus encore devant la profondeur des abîmes qu’ils abritaient sans le savoir.
On tend la main vers son fusil dans la nuit des tranchées et l’on y reconnait un geste archaïque, infiniment plus vieux que l’Histoire, un geste primordial et sauvage dont les obus, les gaz, les tanks, les avions et tous les efforts monstrueux de la modernité n’ont pas altéré l’essence parce que rien ne l’altérera jamais.
On court à perdre haleine, on tombe la tête en avant et on regarde son propre sang couler à flots, on guette avec angoisse l’apparition des traces blanches de cervelle mais il n’y a que du sang, et le lieutenant Jünger se relève et reprend sa course, le coeur débordant d’une ivresse de chasseur, attendant l’extase de ce moment où le visage de l’ennemi surgi de la terre apparaîtra dans sa nudité, quand pourra enfin commencer la lutte, amoureuse et mortelle, qu’on a tend désirée et dont l’un ne se relèvera pas.
Le vertige de l’horreur ressemble parfois à celui de la beauté. On fait partie d’un tout bien plus grand que ce qu’on pouvait imaginer, plus grand que la médiocrité des rêves de confort et de paix, plus grand que les nations en guerre, mais si démesurément grand que la tension dans laquelle il tient les hommes ne peut se maintenir qu’en les brisant. L’exaltation retombe d’un seul coup, et l’ivresse, le voile se déchire, il ne reste plus qu’à courir encore, en hurlant sa terreur de bête, pour fuir la mort hideuse, pour fuir aussi celui qu’on est devenu, à la recherche d’un refuge qui n’existe nulle part, et le lieutenant Jünger regagne en tremblant la tranchée allemande; les larmes aux yeux, il écrit dans son carnet : mais quand donc finira — quand donc finira cette guerre de merde ? »

Jérôme Ferrari, Le Principe

 

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Comme abrités dans une bulle de bien-être

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« Un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens de l’Ouest, les Américains du Nord et quelques autres privilégiés, ici et là dans le monde, vivent provisoirement comme abrités dans une bulle de bien-être, tandis qu’alentour le reste de l’univers est soumis à la violence, à la précarité, à la faim… Durant leur longue existence nationale, les Français ont souvent bénéficié de cette sorte de "bulle" protectrice. Leur position géographique, à l’extrémité occidentale de la péninsule eurasiatique, a joué en leur faveur comme la mer pour les Anglais ou l’Océan pour les Euro-Américains depuis le XVIIe siècle. Après les conquêtes vikings, la France n’a plus connu la menace d’une invasion, ce qui est bien autre chose qu’une guerre dynastique, un conflit de bornage frontalier ou une petite guerre autour d’une ville qu’on se dispute entre voisins. Pendant plus de mille ans, les vraies frontières de la France furent défendues par d’autres sur l’Ebre, l’Oder ou le Danube. La France n’avait pas à se soucier de monter la garde face au "désert des Tartares". Ses rois avaient la latitude d’adresser des sourires au Sultan dans le dos des chevaliers polonais ou autrichiens qui tenaient la menace ottomane éloignée de Paris. Loin des Sarrasins, des Mongols ou des Turcs, dans leur jardin abrité et soigneusement dessiné, les Français purent cultiver à loisir cet art de vivre unique en son genre, délicat, aimable et froid, ces jeux de l’esprit ordonnés autour du scepticisme, de l’ironie et de la raison, dont ils se sont tant fait gloire. »

Dominique Venner, Le cœur rebelle

 

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05/03/2015

Ils supprimeront tout le jus de l’humanité

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« Parce que, disait-il, les simples Tommies sont en train de devenir exactement pareil : des bégueules aussi peu couillus et aussi constipés. C’est le destin de l’humanité, de devenir comme ça.
— Les gens du peuple ? Les ouvriers aussi ?
— Oui, tous. ils n’ont plus de jus. Les voitures, les cinémas, les avions leur ont sucé la dernière goutte. Crois-moi, chaque génération ressemble davantage à des lapins: des tubes de caoutchouc en guise de boyaux, des jambes et des têtes en fer-blanc. Un peuple en fer-blanc. Une sorte d’envahissement bolchévique détruit ce qu’il y a d’humain pour les vouer au culte de la machine. L’argent, rien que l’argent ! La seule chose qui excite le monde moderne, c’est de supprimer ce qu’il y a d’humain, de réduire la vraie virilité et la vraie féminité en bouillie. Tout le monde pareil, et dans le monde entier. Supprimer la réalité humaine, une livre pour chaque prépuce et deux pour chaque paire de couilles. Le con n’est qu’une machine à baise. Tout revient au même. Pour du fric ils t’émasculeront l’univers. Encore de l’argent et ils supprimeront tout le jus de l’humanité. Il ne restera plus que de petits robots. »

David Herbert Lawrence, L’amant de Lady Chatterley

 

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Une morale de la vanité, un exotisme de l’endurance, une petite mystique de l’aventure

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« Aux formes socialisées du sport collectif correspond souvent dans nos pays une forme superlative du sport vedette ; l’effort physique n’y fonde pas un apprentissage de l’homme à son groupe, mais plutôt une morale de la vanité, un exotisme de l’endurance, une petite mystique de l’aventure, coupée monstrueusement de toute préoccupation de sociabilité. »

Roland Barthes, Mythologies

 

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Le sentimentalisme ne devrait pas nous aveugler quant aux implications à long terme

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« Il n’existe aucune garantie que les protections qui prévalent dans les sociétés occidentales seront préservées dans celles qui deviennent non-occidentales. Aucune raison historique ne force à croire que des gouvernements basés sur les libertés individuelles survivront à la disparition des peuples occidentaux. L’Afrique post-coloniale est révélatrice. Dans sa plus grande partie, le continent Noir retourne à ses mœurs ancestrales, renforcées par une infusion d’armes occidentales modernes, comme cela a été montré par les carnages somalien et rwandais. Ce qui bouleverse notre très profond sens de la compassion est compréhensible. Mais le sentimentalisme ne devrait pas nous aveugler quant aux implications à long terme que cela aura sur notre propre survie. De même que de donner de la nourriture à des populations incapables de se nourrir ne fait que hâter l’inévitable catastrophe démographique, déverser en Occident des populations du Tiers Monde accélère simplement la transformation de l’Occident en une extension du Tiers Monde. »

Jane Jacobs, Retour à l’âge des ténèbres

 

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Renoir a dit qu’il peignait avec sa bite... et c’est vrai ; quelles jolies toiles !

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« En ce cas Tommy, demanda-t-il d’un air inquiet, vous croyez à l’amour ?
— Délicieux garçon ! non, mon angelot, non, pas une fois sur dix ! De nos jours, l’amour est encore un de ces simulacres pour demeurés. Des types à la taille ondoyante qui baisent des petites folles de jazz, dont les fesses de garçonnets font penser à des boutons de faux cols ! Est-ce de cela qu’il sagit ? ou de l’amour genre "régime de la communauté", "bel avenir", "mon mari, ma femme" ? Non, mon petit gars, je n’y crois pas du tout.
— Mais vous croyez en quelque chose ?
— Moi ? Oui, intellectuellement, je crois aux coeurs généreux aux pénis gaillards, aux esprits éveillés, et au courage de dire "merde" devant une dame.
— Eh bien, vous avez tout cela !
Tommy Dukes rit aux éclats.
— Ah, mon ange ! Si seulement ! si seulement ! Non : j’ai le coeur aussi engourdi qu’une patate, le pénis irrémédiablement pendant, je préférerais le trancher tout net que de dire "merde" devant ma mère ou devant ma tante, qui sont de vraies dames, et, pour ce qui est de l’intelligence, je n’ai de capacité que pour la "vie mentale". Quelle merveille ce serait d’être vraiment intelligent, d’être vivant dans toutes les parties de sa personne, nommables ou innommables. Le pénis redresse la tête pour saluer une personne vraiment intelligente. Renoir a dit qu’il peignait avec sa bite... et c’est vrai ; quelles jolies toiles ! Si seulement je faisais quelque chose de la mienne. Bon Dieu ! Quand on ne fait rien d’autre que de parler ! Une torture de plus aux Enfers ! Et c’est Socrate qui a commencé. »

David Herbert Lawrence, L’amant de Lady Chatterley

 

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Obligées de se fréquenter

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« Quand plusieurs races distinctes sont mises en présence, obligées de se fréquenter, bien loin de s’unir par la sympathie, elles se détestent et se combattent au fur et à mesure qu’elles croient se connaître mieux. »

Charles Maurras, Lettres des Jeux olympiques

 

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03/03/2015

Mourir pour son roi est beaucoup plus noble que mourir pour son président

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« Je ne suis pas monarchiste, mais je préfère le mot "royaume" au mot "république". Mourir pour son roi est beaucoup plus noble que mourir pour son président. »

« La Völva, la prophétesse des Eddas scandinaves, parle du temps à venir, qui est celui de la fin de la civilisation européenne : "Les frères s’affronteront et se mettront à mort. Les cousins violeront les lois sacrés du sang. L’horreur règnera parmi les hommes, la débauche dominera. Viendra l’époque des haches et l’époque des épées, brisés seront les boucliers. Viendra l’époque des tempêtes et l’époque des loups avant que le monde ne s’effondre." »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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Affronter la Bête

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« Il y a ceux qui s’attachent à la tradition romaine catholique, ou à l’orthodoxie, et qui considèrent le paganisme comme des "diableries", et d’autres qui affirment que les religions ancestrales européennes sont nos vraies racines et que le christianisme est une religion importée qui s’est imposée par la force...
C’est dans ce creuset bouillonnant que s’est forgée l’identité européenne, car il s’agit d’un même peuple, depuis l’ancien paganisme, qu’il soit celto-gaulois ou germano-scandinave, ce qui est en vérité la même civilisation, honorant des dieux locaux, attachés à des territoires, qui sont aujourd’hui nos terroirs, nos patries charnelles, le plus vieil enracinement de l’homme européen –, qu’elle vienne de Rome, d’Athènes, de Sparte, avant de devenir chrétienne...
Aujourd’hui, opposer le christianisme et les religions-mères de la vieille Europe nous affaiblit et nous divise. L’acte de refondation serait plutôt celui du héros antique, ressoudant les deux tronçons de l’épée brisée. Sans elle, nous sommes comme des infirmes, attachés à la surface visible des choses, privés de notre intégrité, de notre totalité, sans aucune conscience de la profondeur plusieurs fois millénaire de notre identité. D’abord, avant d’affronter la Bête, sous toutes ses formes, il est important de savoir qui nous sommes, et d’où nous venons. »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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Un état d’esprit qui seul peut répondre au chaos et à la violence à venir

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« "Le temps du loup" n’est donc pas simplement la fin d’un cycle appelé "Âge sombre" dans la tradition européenne, et qui correspondrait à notre temps actuel. C’est aussi un état d’esprit qui seul peut répondre au chaos et à la violence à venir. Nous devrons nous dégager de ce défaitisme larmoyant entretenu par les médias, qui nous fait renoncer au combat, à la défense de notre identité, et accepter la main sur le cœur les flux migratoires, le remplacement de notre civilisation par une autre, et les communautarismes antagonistes qui se partagent aujourd’hui le territoire. C’est bien ce que nous enseigne le loup. Redevenir dur, comme la pierre calée dans le cuir d’une fronde, imperméables aux pleurnicheries des "droits de l’homme" qui sont la ruse ultime des ennemis de notre civilisation – sous peine de disparaître, définitivement, submergés par la puissance démographique de l’envahisseur... Nous nous approchons du "temps du loup", selon la grande loi des cycles, et les cartels, les multinationales où siègent les grands manitous de l’économie mondiale, maîtres du destin des nations, de leur disparition programmée, n’y pourront rien. Le jour viendra – et il arrive plus vite qu’on ne le pense – où il faudra livrer une guerre totale, à moins d’arriver à un équilibre multipolaire, avec le respect des grandes civilisations dans leur aire géographique originelle. »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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02/03/2015

Chaocratie

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« Les attaques du 11 Septembre 2001 ont été un formidable prétexte pour accélerer le développement de la dernière grande passion occidentale, la seule que les occidentaux soient encore en état de s'offrir, et ce n'est nullement la guerre, mais la petite manie maniaque de la sécurité ou de l'assurance tous risques. Et qu'en l'occurrence le troupeau abattu ne soit pas le bon (celui qui propage le terrorisme international) n'a aucune importance. »

« Si les états unis ont bien un programme planétaire, il ne relève nullement de l'idéologie démocratique ou théocratique, comme on a pu le lire ici ou là, mais de la chaocratie. Un dignitaire américain, Michael Ledeen, a d'ailleurs exposé le projet chaocratique avec une belle franchise : "Notre pays est celui de la destruction créatrice. Nous ne voulons pas de stabilité en Iran, en Irak, en Syrie, au Liban, ni même en Arabie Saoudite. La question est de savoir comment déstabiliser ces pays. Nous devons les détruire pour accomplir notre mission historique". De pertinents observateurs dans la période récente, ont relevé que le chaos était devenu l'arme politique essentielle des Etat-Unis. Encore faut il préciser qu'il s'agit d'un chaos unique, comme la pensée du même nom, et qu'il ne tolère d'autre désordre que le sien, d'autre état d'exception et de terreur que ceux qu'il répand sur la planète comme une nuit noire. »

Philippe Muray, Americano Nox in Exorcismes spirituels Tome IV, Moderne contre Moderne

 

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Ce moment où l’Europe ressurgit dans ses racines

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« Nous approchons du "temps du loup", sans savoir quelle forme il va prendre. Il n’est pas nécessaire d’être visionnaire, ni d’être spécialiste des phénomènes de société. Tous les paramètres sont en place. Il me suffit de marcher dans la rue pour ressentir cette tension, comme s’il y avait urgence, cette violence larvée au milieu d’une foule à deux doigts d’exploser... Les codes ont changé, dans les comportements, la manière de vivre, de façon violente, et ils indiquent une occupation culturelle du territoire. Nous n’avons que trois choix possibles : nous soumettre, nous retirer ou entrer en résistance… [Mes ancêtres] me demanderaient de revenir au terroir, de me souvenir d’eux… jusqu’au fond de mes entrailles, très loin jusqu’au commencement de notre histoire. De me ranger sous la bannière du “grand Christ blanc des cathédrales” [Drieu] ou sous la protection des dieux plus anciens qui ont peuplé nos terroirs...

Dans l’hypothèse d’un chaos généralisé, embrassant toutes les grandes villes, le recours aux forêts est nécessaire, pour la protection immédiate, mais aussi pour des raisons métapolitiques liées à nos origines, à notre histoire. Je ne vais pas sacraliser la forêt – quoique je devrais – mais elle est le foyer d’origine de la civilisation européenne, notre mère. C’est aussi la forêt arthurienne de la Quête du Graal, et les chemins forestiers de Heidegger, qui ramènent à l’Être. Si nous envisageons un scénario quasiment postapocalyptique, elle est réellement le lieu de repli, de la Reconquête. Ce que me disent mes ancêtres ? De réapprendre mes traditions locales, m’inscrire dans une société de chasse, revenir sensible aux légendes, apprendre à vivre en forêt, reformer des clans. Créer de nouvelles féodalités résistantes, dans un pays livré au chaos, à l’anarchie de la populace, où l’État central est paralysé, réduit à l’impuissance… Les Français s’attachant encore à leur identité deviendront des boucs émissaires, des exclus, des parias, qui ne devront leur salut qu’à la fuite. C’est tout simplement le poids démographique de l’immigration qui inversera les rôles et nous rejettera dans la marge, et c’est eux qui viendront gonfler les rangs des bataillons indignés...

Ce chaos social peu importe la forme qu’il prendra, ce ne sont encore que les prémices de ce que la tradition européenne appelle "le temps du loup" ou "le grand renversement", ce moment où l’Europe ressurgit dans ses racines, comme l’arbre se met à fleurir après la longue nuit et les grands froids. C’est notre heure, selon la loi du Retour, car le chaos social, qui ira au bout de sa logique, ne pourra pas aller plus loin...

Nous devrons préparer la garde sainte des terroirs, déjà pas mal contaminés. Prendre la terre, comme nouveau point d’appui, jusqu’au jour où elle servira de levier. Intégrer les conseils municipaux, restaurer les fêtes traditionnelles, réveiller le légendaire et la mémoire historique, l’importance fondatrice des ancêtres. C’est déjà réveiller l’âme du terroir, lui rendre un peu de son identité. Créer des réduits de résistance qui pourraient constituer une nouvelle féodalité, une solide opposition... Que des bandes armées incontrôlées viennent rôder, comme pendant la guerre de Cent Ans, sur la terre ancestrale, là où dorment les morts, là où l’histoire n’a pas tout à fait disparu – c’est alors que se réveillera l’âme des chouans... Ce sont des moments charnières déjà connus dans l’histoire, où tout peut basculer. C’est alors que le Rebelle, le Partisan, retrouve sa légitimité. Le recours aux forêts le renforce. Carl Schmitt le comparaît à "un corsaire de la terre ferme". »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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"Âge sombre" ou "Âge des conflits"

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« Dans les traditions scandinaves, et spécialement dans "la prophétie de la Völva", "le temps du loup" est la fin d’un cycle historique, une période d’obscurité et de violence appelée aussi "Âge sombre" ou "Âge des conflits" qui correspond aux temps actuels. Nous y sommes. Mais le loup est aussi cet animal noble des forêts d’Europe, qui vit en meute loin des montreurs d’ours et des dresseurs d’animaux – le contraire d’un chien de collier. En même temps, il s’oppose au sentimentalisme bêlant de cette fin de cycle parce qu’il fait peur et qu’on ne peut l’enchaîner – à moins de l’abattre...
Le loup appartient à notre culture, ancestrale, enracinée, comme le sapin de Noël, le "roi des forêts", l’arbre toujours vert, comme les frimas et la neige en hiver, le cycle des saisons et le retour du soleil invaincu, le Sol invictus de l’Empire romain, dont la louve est justement à l’origine de la fondation de Rome... »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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Retraite

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« Ce genre d’exil peut-être une façon de préserver son intégrité, d’organiser une contre-révolution, pour revenir avec des forces nouvelles. Que ce soit à l’intérieur de soi-même, au sommet d’une montagne que la mondialisation ne peut atteindre, ni déplacer, ou en s’enfermant pour un temps dans un monastère pour se dépolluer. Dans ces cas-là, ce qu’on appelle "retraite" n’est pas un recul mais un choix stratégique – comme Segurd, le héros des épopées scandinaves, reforgeant l’épée dans les profondeurs d’une forêt, loin du tumulte des hommes. L’exil n’est pas un refuge à l’abri des tempêtes, mais ce moment de convalescence nécessaire où l’on reprend des forces… pour le Retour. »

Jean-Paul Bourre, Le temps du loup

 

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Au commencement étaient les épices

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« Les croisades ne sont pas simplement (comme des esprits romantiques les ont souvent dépeintes) une tentative mystico-religieuse en vue d'arracher les lieux saints aux infidèles; cette première coalition européo-chrétienne représente aussi le premier effort logique et conscient ayant pour but de briser la barrière qui ferme l'accès de la mer Rouge et d'ouvrir les marchés orientaux à l'Europe, à la chrétienté. L'entreprise ayant échoué, l'Egypte n'ayant pu être enlevée aux musulmans et l'Islam continuant d'occuper la route des Indes, il fallait nécessairement que s'éveillât le désir de trouver un nouveau chemin, libre indépendant. L'intrépidité qui poussa Colomb vers l'ouest, Bartholomeu Diaz et Vasco de Gama vers le sud, Cabot vers le nord, vers le Labrador, est née avant tout de l'ardente volonté de découvrir des voies maritimes franches de toute servitude et d'abattre en même temps l'insolente hégémonie de l'Islam. Dans les les grandes inventions et découvertes l'élan spirituel, moral, fait toujours fonction de force accélératrice; mais, la plupart du temps, l'impulsion réalisatrice n'est due qu'à des facteurs matériels. Sans doute la hardiesse des idées de Colomb et de Magellan aurait suffi à enthousiasmer les rois et leurs conseillers; mais jamais personne n'eût financé leurs projets, jamais les princes ni les spéculateurs ne leur eussent équipé une flotte si on n'avait eu en même temps la perspective de récupérer au centuple les dépenses. Derrière les héros de cette époque se cachent les forces agissantes, les commerçants, l'impulsion première elle-même a eu des causes essentiellement pratiques. Au commencement étaient les épices. »

Stefan Zweig, Les épées

 

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27/02/2015

Libre et indépendant, capable de résister à l’automatisme

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« Le Rebelle a pour devise hic et nunc, car il est l’homme des coups de main, libre et indépendant. Nous avons vu que nous ne pouvons comprendre sous ce type humain qu’une fraction des masses ; et pourtant, c’est ici que se forme la petite élite, capable de résister à l’automatisme, qui tiendra en échec le déploiement de la force brute. C’est la liberté ancienne, vêtue à la mode du temps : la liberté substantielle, élémentaire, qui se réveille au cœur des peuples quand la tyrannie des partis ou des conquérants étrangers pèse sur leurs pays. Il ne s’agit pas d’une liberté qui proteste ou émigre, mais d’une liberté qui décide d’engager la lutte.
C’est une distinction qui agit sur la sphère des croyances. Le Rebelle ne peut se permettre l’indifférence, signe d’une époque révolue, au même titre que la neutralité des petits Etats ou la détention en forteresse pour délit politique. Le recours aux forêts mène à de graves décisions. Le Rebelle a pour tâche de fixer la mesure de liberté qui vaudra dans des temps à venir, en dépit de Léviathan. Adversaire dont il n’entamera pas le pouvoir à coups de concepts.
La résistance du Rebelle est absolue : elle ne connaît pas de neutralité, ni de grâce ni de détention en forteresse. Il ne s’attend pas à ce que l’ennemi se montre sensible aux arguments, encore moins à ce qu’il s’astreigne à des règles chevaleresques. Il sait aussi qu’en ce qui le concerne, la peine de mort n’est pas supprimée. Le Rebelle connaît une solitude nouvelle, telle que l’implique avant tout l’épanouissement satanique de la cruauté – son alliance avec la science et le machinisme, qui fait apparaître dans l’histoire, non pas un élément nouveau, mais des manifestations nouvelles. »

Ernst Jünger, Traité du rebelle ou le recours aux forêts

 

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