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27/05/2015

Les théories imaginaires de ces législateurs des rêves

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« Finissons-en avec les théories imaginaires de ces législateurs des rêves, qui, en plaçant le but hors de portée parce qu’il est hors de la vérité, consument le peuple en vains efforts pour l’atteindre, font perdre le temps à l’humanité, finissent par l’irriter de son impuissance et par la jeter dans des fureurs suicides, au lieu de la guider sous le doigt de Dieu vers des améliorations salutaires à l’avenir des sociétés.

Rousseau et ses disciples en politique n’ont pas jeté au peuple moins de fausses définitions de la liberté politique que de l’égalité sociale.

Qu’est-ce que la liberté, selon ces hommes qui ne définissent jamais, afin de pouvoir tromper toujours l’esprit des peuples ?

La liberté de J.-J. Rousseau, c’est le droit de se gouverner soi-même, sans considération de la liberté d’autrui, dans une association dont on revendique pour soi tous les bénéfices sans en accepter les charges. »

Alphonse de Lamartine, Cours familier de littérature

 

 

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Il souhaitait être lui-même à la plus haute puissance

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« On se rappelle le point de départ de M. Barrès.
II s’est donné tout d’abord comme un fervent du culte du "moi". On connaît son point d’arrivée : il est aujourd’hui l’un des chefs de l’école traditionaliste.
Une formule, "la Terre et les Morts", revient toujours sous sa plume,
"Avec quel plaisir", s’écrit-il, "en quittant cette Athènes fameuse, je retrouverai mon origine lorraine !
Là je me rappellerai mon enfance et mes morts."
Le culte, la religion du sol natal, une acceptation soumise et constante des pensées et des sentiments transmis par les aïeux qui les ont reçus eux-mêmes de la petite patrie, de ses paysages, de son climat autant que de son histoire ; l’appel aux énergies inconscientes et nourricières qui dominent dans nos hérédités ; la foi dans les vertus mystérieuses de la race ; un silence auguste de tout l’être pour mieux écouter les morts qui parlent — suivant l’admirable image de M. de Vogüé, — telle est la doctrine à laquelle aboutit l’égotisme systématique, effréné, très voisin d’être morbide, du héros de Sous l’œil des barbares, de l’Ennemi des lois, du Jardin de Bérénice ; et, ce qu’il y a de plus saisissant pour qui suit les étapes marquées par chacun de ces ouvrages, c’est que l’apparente contradiction de ces deux attitudes morales est en réalité une concordance.
Cette pensée n’a pas évolué, en ce sens qu’elle n’a pas changé.
Elle s’est simplement creusée.
Mais, pour accomplir ce travail, elle a dû se débattre dans une fièvre horriblement douloureuse d’impuissance et d’incertitude, et traverser une crise intérieure où d’innombrables âmes de ce temps retrouveront l’histoire de leur propre jeunesse.
On pourrait l’appeler la tragédie de l’individualisme.‌

Qu’est-ce en effet que ce "culte du moi" qui provoqua des discussions si passionnées quand le jeune écrivain s’en proclama le pontife ?
Rien d’autre que la revendication individualiste qui semble la caractéristique même de la société contemporaine.
La formule pourtant enveloppe quelque chose de plus.
Ce mot de culte, adopté sans doute par ce ton d’arrogance agressive cher aux adolescents farouches et fiers, avait son sens de rectification.
Il signifiait, chez celui qui l’employait, un parti pris non seulement d’indépendance irréductible, mais de primauté.
Cet individualiste prétendait ne pas se contenter d’être lui-même.
Il souhaitait être lui-même à la plus haute puissance.
Il voulait être un individu supérieur.
Ingénument, instinctivement, il se heurtait à ce qui demeure la plus saisissante peut-être des antinomies du monde issu de la Révolution.
Car si c’est un des lieux communs des moralistes actuels, que notre société a pour caractéristique l’individualisme, c’en est un autre, et trop justifié, que la diminution, parmi nous, des individualités vigoureuses.
Cet âge de personnalisme à outrance se trouve aussi être un âge de personnalités de plus en plus faibles, de plus en plus anémiées.
Qui de nous n’a entendu déplorer, qui n’a déploré, dans les heures difficiles que le pays a pu traverser depuis la guerre de 70, cette pénurie d’hommes remarquables, comme la vieille France, même finissante, en a tant produit ?
Qu’était cette élite d’admirables ouvriers civils et militaires qui collaborèrent avec Bonaparte à la prodigieuse aventure impériale, sinon des enfants de l’ancien régime ?
Tous avaient eu leurs vingt ans aux environs de 89.
Tous sortaient d’un ordre social systématiquement, séculairement hostile à l’individualisme, et le résultat fut un pullulement de robustesse et d’initiative, "Napoléon, professeur d’énergie !..." ce cri échappé à M. Barrès ramasse dans son raccourci des jours et des jours de réflexion, de "méditation", — pour parler le langage d’Un Homme libre, -— devant cette énigme : le contraste entre les dégénérescences d’une époque libérée, mais si féconde en avortements, et tout près, à deux âges d’homme, les vitalités d’un temps hiérarchisé, emmaillotté de préjugés, mais si riche en destinées glorieuses, si magnifique de virilité triomphante !‌ »

Paul Bourget, Études et portraits III, Sociologie et littérature

 

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Une approbation quasi unanime des lettrés de tous les partis

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« L’entrée de M. Maurice Barrès à l’Académie française a été saluée par une approbation quasi unanime des lettrés de tous les partis.
C’est un des signes réconfortants de l’heure présente — et à y regarder de près, ils commencent à se multiplier — que cette trêve des discordes civiles, et dans la compagnie elle-même et au dehors, en présence d’un écrivain de grande race.
Les violences du polémiste ont été oubliées pour une heure, par un tacite accord devant le beau talent d’un des meilleurs prosateurs et des plus rares qui aient paru depuis ces vingt ans.
Il y a une haute leçon dans le chiffre de voix obtenu par l’auteur de Leurs Figures et de l’Appel au soldat.
Sans chercher à pénétrer le détail du scrutin, il est évident que le nouvel élu a réuni sur sa tête les suffrages de confrères qui ne partagent ses jugements, ni sur les hommes qu’il a pu défendre ou attaquer, ni sur les causes qu’il a servies.
Ce sera l’honneur des adversaires des idées chères à M. Barrès, qu’ils lui aient rendu cet hommage, et c’est son meilleur éloge qu’il l’ait mérité, non seulement par ce don de la phrase frémissante et passionnée, mais par un développement de sa pensée de plus en plus sérieux et sincère.
Je voudrais indiquer ici en quoi a consisté ce développement, je dis l’indiquer, car retracer l’histoire de cette sensibilité et de ces idées, ce serait écrire une histoire de la sensibilité et des idées de toute une génération.
Si M. Barrès est, sans conteste, parmi les artistes littéraires d’aujourd’hui, celui qui a sur la jeunesse la prise la plus forte, il le doit à ce que son originalité enveloppe de représentatif.
II s’est posé, à vingt-cinq ans, un des problèmes essentiels de notre âge, et il lui a donné une solution qui se trouve être celle d’un groupe déjà très considérable, parmi les nouveaux venus.
Ce mouvement ira-t-il s’accentuant ?
Pour ma part, j’en suis persuadé, et que la thèse psychologique qui circule d’une extrémité à l’autre de cette œuvre si contrastée en apparence, d’Un Homme libre au Voyage à Sparte, n’a pas fini de porter tous ses fruits.
Mais cela, c’est l’avenir :‌

L’Avenir dont les Grecs ont dit ce mot pieux ;‌
C’est un enfant qui dort sur les genoux des Dieux. ‌

Nous pouvons, dès aujourd’hui, affirmer que nous possédons, dans ces livres de M. Barrès, un document indiscutable sur ce que nos pères appelaient romantiquement la jeune France.
Ceux qui la composent ne s’intéresseraient pas à cet écrivain si raffiné avec cette partialité s’ils ne trouvaient en lui des réponses à quelques-unes des questions qui leur tiennent le plus au cœur.‌ »

Paul Bourget, Études et portraits III, Sociologie et littérature

 

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De siècle en siècle

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« Le fleuve coule de siècle en siècle et les histoires des hommes ont lieu sur la rive. Elles ont lieu pour être oubliées demain et que le fleuve n'en finisse pas de couler. »

Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être

 

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Les machines étaient en train de former un monde autonome

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« Quelle que soit l'issue de cette guerre, elle façonnerait complètement le monde d'après, comme aucune ne l'avait fait avant elle. Les Allemands, les Américains, et sans doute les Russes de leur côté, fabriquaient les composants essentiels de toutes les guerres de l'avenir, donc de la paix universelle dont le régime serait celui de cette innovation technique permanente, cette guerre incessante que se livraient les machines entre elles, et dont les humains n'étaient au final que les cobayes. Dans l'aube blême qui se levait sur les ruines de l'Europe, une intuition s'était logée en lui comme une munition fatale : ce n'était plus les hommes qui testaient les machines pour les améliorer en vue d'augmenter leurs facultés de compétition contre les autres hommes, mais les machines qui étaient en train de former un monde autonome en se servant des êtres humains pour éprouver leurs compétitivité avec eux. »

Maurice G. Dantec, Métacortex

 

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Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier ?

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« La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul Homme de l’espèce entière, soit ; mais parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frère. Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise ni chinoise, ni américaine, ou plutôt, qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses moeurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? Comment s’exprimeraient des passions ressenties à la fois à la manière des différents peuples dans les différents climats ? »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

 

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26/05/2015

L'anomalie et le péché

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« Il est clair et même évident que le mal dans l'homme est enfoui beaucoup plus profondément que ne le pensent les sociologues-médecins et qu'on ne peut l'éviter par aucune organisation de la société ; l'âme humaine restera telle qu'elle est, et c'est d'elle que naissent l'anomalie et le péché, et enfin les lois de l'esprit humain sont encore si mal connues, si peu expliquées par la science, si indéterminées et si mystérieuses, qu'il n'existe pas, qu'il ne peut encore exister ni médecins ni juges définitifs, mais seulement celui qui dit : "À moi la vengeance et la rétribution !" »

Fiodor Dostoïevski, Journal d'un écrivain

 

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25/05/2015

Ne désespère pas au milieu de la lie du siècle !

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« Je préfère m’entretenir avec toi, berger de ton troupeau, père, mère dans la pauvre chaumière ! À toi aussi mille stimulants et attraits sont enlevés, qui jadis faisaient de ton rôle de père le ciel pour toi. Tu ne peux décider de la destinée de ton enfant ! On te le marque de bonne heure, peut-être dès le berceau, d’un lien d’honneur mis à sa liberté — le suprême idéal selon nos philosophes ! — tu ne peux l’élever pour le foyer paternel, les moeurs paternelles, la vertu et l’existence — il te manque donc toujours une sphère d’action, et comme tout est confus et marche confusément, il te manque le ressort qui facilite le plus d’éducation : l’intention. Il te faut appréhender qu’une fois arraché à tes mains il ne tombe brusquement dans le grand océan de lumière du siècle, cet abîme ! et ne s’y enfonce — bijou englouti ! irremplaçable existence d’une âme humaine ! L’arbre tout en flets, arraché trop tôt à la terre maternelle, transplanté dans un monde de tempêtes auquel souvent le tronc le plus dur résiste à peine, peut-être même transplanté à l’envers, la cime à la place des racines, et la triste racine en l’air — il menace de se dresser bientôt devant toi tout desséché, affreux, ses fleurs et ses fruits à terre ! — Ne désespère pas au milieu de la lie du siècle ! quels que soient menaces et obstacles — fais oeuvre d’éducateur. Donne une éducation d’autant meilleur, d’autant plus sûre et ferme — pour toutes les conditions sociales et toutes les tribulations au milieu desquelles il sera jeté ! pour les tempêtes qui l’attendent ! Tu ne peux rester sans rien faire; bonne ou mauvaise, il te faut donner une éducation : qu’elle soit bonne — et quelle vertu plus grande ! quelle récompense plus grand que dans chaque paradis aux buts plus faciles et à la formation plus uniforme. Combien un seul être formé à la vertu toute simple est plus nécessaire que jamais au monde actuel ! Là où les moeurs de tous sont identiques et toutes identiquement convenables, droites et bonnes, qu’est-il besoin de peine ! L’habitude sert d’éducation et la vertu se confond en une simple habitude. Mais ici! C’est une étoile brillant dans la nuit ! un diamant sous un tas de cailloux et de calcaire ! Élever un homme au milieu de bandes de singes et de masques politiques — comme il peut à son tour former son entourage dans un vaste rayon autour de lui par la divine vertu silencieuse de l’exemple ! Répandre des ondes autour de lui et après lui jusque dans l’avenir peut-être ! Pense en outre combien ta vertu est plus pure et plus noble ! Des moyens d’éducation plus nombreux et plus grands par certains côtés, plus toi-même et ton jeune homme vous manquez par ailleurs de ressorts extérieures ! — pense à quelle vertu tu t’élèves, supérieure à celle à laquelle Lycurgue et Platon aient le pouvoir et le droit d’élever ! — le plus beau siècle pour la vertu silencieuse, muette, généralement méconnue, mais si haute et en train de se répandre si loin. »

Johann Gottfried von Herder, Histoire et cultures

 

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Minces rameaux branlants

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« N’avons-nous "pas de guerres civiles", parce que nous sommes tous des sujets tellement satisfaits, rassasiés, heureux ? ou bien n’est-ce pas justement pour des raisons qui souvent accompagnent précisément le contraire ? — "Pas de vices" — parce que nous avions tous tant de vertu qui nous entraîne, liberté grecque, patriotisme romain, piété orientale, honneur chevaleresque, et toutes au suprême degré — ou bien n’est-ce pas justement parce que nous n’en avons aucune, et que malheureusement nous ne pouvons pas non plus avoir les vices assortis ? Minces rameaux branlants ! »

Johann Gottfried von Herder, Histoire et cultures

 

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24/05/2015

Absoudre les péchés

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« Auparavant l'Eglise absolvait les pécheurs, aujourd'hui elle a résolu d'absoudre les péchés. »

« Dans le sein de l'Eglise actuelle, sont "intégristes" ceux qui n'ont compris que le christiannisme a besoin d'une nouvelle théologie, et "progressistes" ceux qui n'ont pas compris que la nouvelle théologie doit être chrétienne. »

« Le chrétien moderne se sent professionnellement obligé à se montrer jovial et blagueur, à sourir complaisamment en exhibant sa denture, à affecter une cordialité niaise, pour prouver à l'incrédule que le christiannisme n'est pas une religion "sombre", une doctrine "pessimiste", une morale "ascétique". Le chrétien progressiste nous empoigne la main en arborant un large sourire électoral. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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Toute excellence nous incommode

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« La société démocratique se contente, dans le meilleur des cas, d'assurer la coexistence des gens. Les sociétés aristocratiques, en revanche, élèvent sur la glèbe humaine un palais de cérémonies et de rites pour éduquer les hommes. »

« Toute excellence nous incommode : la beauté ou la bonté, le génie ou Dieu. La notion d'idéologie est une invention idéologique née du désir d'humilier la grandeur. »

« L'égalitarisme n'est pas respect des droits de ceux qui viennent derrière nous, mais allergie aux droits de ceux qui sont devant nous. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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Des insolences de l'univers

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« Le prolétariat fait son apparition quand le peuple se transforme en une classe qui adopte les valeurs de la bourgeoisie sans posséder les biens des bourgeois. »

« Pour l'homme moderne, les catastrophes ne sont pas des leçons, mais des insolences de l'univers. »

« La révolution française paraît admirable à celui qui la connaît mal, terrible à celui qui la connaît mieux, grotesque à celui qui la connaît bien. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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Une "vie sexuelle harmonieuse et équilibrée"

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« Rien de plus répugnant que ce que les idiots appellent une "vie sexuelle harmonieuse et équilibrée". La sexualité hygiénique et méthodique est la seule perversion qu'exècrent autant les démons que les anges. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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La condition transcendantale

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« La plus grande erreur moderne, ce n'est pas d'annoncer que Dieu est mort, mais de croire que le diable est mort. »

« Dieu est la condition transcendantale de notre écoeurement. »

« L'idée du "libre développement de la personnalité" paraît admirable tant qu'on n'est pas tombé sur des individus dont la personnalité s'est librement développée. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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Une confrérie de saints

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« Le pauvre n'envie pas chez le riche les possibilités de noble comportement que la richesse lui procure, mais les abjections qu'elle lui permet. »

« Je n'appartiens pas à un monde qui disparaît. Je prolonge et je transmet une vérité qui ne meurt pas. »

« Seule l'Eglise se considère comme une congrégation de pécheurs. N'importe quelle autre collectivité, religieuse ou laïque, pense être une confrérie de saints. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite

 

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22/05/2015

Un assas­sin à la plume

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« Un assas­sin à la plume est encore plus dan­gereux pour la société qu’un meur­trier au couteau, car son crime se répète inlass­able­ment lecteur après lecteur. Je suis dev­enue raide-dingue d’un tueur inces­tueux fas­ciste et sui­cidaire par procu­ra­tion lit­téraire. Un écrivain de droite quoi. Français de sur­croît. Les pires. Leur réac­tion se man­i­feste dans la destruc­tion. Leur ironie se plaît dans la tragédie. Leur idéal­isme se con­sume dans le cynisme. Leur soif inas­sou­vie de l’amour exclusif se gâche dans l’infidélité chronique. Leur croy­ance roman­tique et pure se noie dans les grands crus et les cock­tails trou­bles. In vino “deli­tas”. Leur respect extrême dans les valeurs, déçu, se perd dans le nihilisme. Saupoudré de trop d’humour, leur amour trans­forme vos rires com­plices des pre­miers jours en larmes de soli­tude. Dès que j’ai vu Roger, puis, après que je l’aie lu, j’ai su qu’il était de ces jeunes gens gâtés qui finis­sent par casser leurs plus beaux jou­ets à force de vouloir pren­dre la vie comme une farce aussi ludique que mor­bide. Les fas­cistes ne sont-ils pas tous des fascinés de la mort ? Les sui­cidaires, des effrayés de la fin. Et les sui­cidés, des jeunes hommes, si non ras­surés, tout du moins apaisés. “Viva la muerte” n’était cer­taine­ment pas le cri de guerre préféré de Sartre et Mal­raux. Étouffé ou scandé, il a tou­jours été l’appel dés­espéré d’une jeunesse extrême refu­sant telle­ment la déchéance du temps qu’elle est capa­ble des pires excès, des plus atro­ces com­pro­mis­sions, para­doxale­ment par une crainte presque naïve, puérile et pure, des com­pro­mis et de la fin. Ces jeunes imper­ti­nents qui tou­jours refusent de douter des idéaux qu’ils savent per­tinem­ment dou­teux parce que, quitte à choisir de faire une con­nerie, ils préféreront tou­jours être des cons damnés que des cons promis. »

Edmond Tran, “Mar­tine et Roger”, in Revue Bor­del n°17: Hus­sards

 

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Sans un mot, ils contemplent cette dernière défaite...

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« Le lendemain, à quatorze heures, dans un nuage de poussière torride, nous arrivons, parmi mille autres voitures, sur le lieu des danses. En voulant nous garer près de la sortie, nous nous laissons coincer et nous ne pourrons partir qu’en dernier. Premier malheur ! Nous croyons arriver dans un village indien ; nous sommes dans un champ de courses. Le village indien est bien là, au milieu, mais il est en carton, genre Hollywood. Entrée : un dollar. Un programme (ça sonne mal), et sur ce programme : "Les danseurs que vous allez voir sont tous des Blancs, businessmen et women de Prescott qui, désireux de conserver la tradition symbolique des danses indiennes, consacrent leurs loisirs"..., etc. Ça y est, nous sommes refaits et bien refaits. Et on nous a fait venir de Los Angeles pour voir ça ! Pouvoir de la publicité. Il y a bien trois mille personnes. Le spectacle dépasse toutes les prévisions. Les fonctionnaires et les dames du téléphone de Prescott assouvissent avec feu le besoin d’exhibitionnisme qu’il faut croire inhérent à leurs fonctions. Le corps teint d’un bronze qui déteint aux aisselles, un mince chiffon rouge coincé dans des chairs opulentes, ils sautillent, tels les élèves de Dalcroze, en poussant des gloussements symboliques. Ils n’ont probablement jamais vu une danse indienne ni une danse primitive quelconque autrement qu’en film. Le public trouve ça très bien et applaudit aux effets de croupe. Du moins le public des premiers rangs car le haut des gradins est rempli d’une foule silencieuse d’hommes petits, aux chemises brillantes et aux sourcils froncés, et de femmes énormes, couvertes d’enfants : les Indiens, les vrais.
Sans un mot, ils contemplent cette dernière défaite : le vainqueur couvert de leurs dépouilles et imitant burlesquement les danses qu’ils dansaient pour les dieux. »

Alain Daniélou, Le tour du monde en 1936

 

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21/05/2015

Je préférerais d'ailleurs qu'il se dégonflât, qu'il allât s'installer à Tel-Aviv

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« Ses oeuvres de circonstances, "Bagatelles", "Les Beaux draps" sont des chefs-d'oeuvre de polémique et de courage. Mais elles ne sont rien d'autre. "Bagatelles", écrit au galop, contre la montre, visaient à sauver les Français, Juifs ou pas, d'une guerre absurde et perdue d'avance. Ecrites en 1937, en 1939 elles n'avaient plus aucun sens puisque la guerre était là, la guerre que seul Ferdinand avait voulu éviter.

Le philosémitisme délirant de "Bagatelles" a été très mal compris par la plupart des Juifs qui, entre nous, sont de sacrés cons quand ils s'y mettent. Pour certains d'entre eux, au contraire, surtout parmi les sionistes, Bagatelles est un livre de chevet ; un monument élevé à la gloire d'Israël. C'est absolument exact.


(...)


Il y a une erreur à propos de Céline, c'est de mêler son nom à la question juive. En 1947, l'erreur était partagée par beaucoup de non-Juifs.

Hé là ! diront certains, insinuez-vous que Ferdinand se déballonne, qu'il veut tourner youtron. Je répondrai que ces mots n'ont pas de sens. "Bagatelles" était un pamphlet pour l'annnée 1937. Je préférerais d'ailleurs qu'il se dégonflât, qu'il allât s'installer à Tel-Aviv, comme il le souhaitait souvent, pour que l'immensité de son oeuvre ne fût plus faussée et qu'il nous apparût dans sa vraie lumière. »

Albert Paraz, Le gala des vaches

 

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Dea Silvarum

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« Déesse de la sylve et de la nuit, "dea silvarum", comme la nomme Ovide, portant dans ses cheveux d’or un croissant de lune, Diane-Artémis est toujours accompagnée d’un cerf ou de biches. Elle est à la fois la protectrice de la nature sauvage et l’incarnation de la chasse. Deux fonctions complémentaires dont la juxtaposition antique est constante. Contrairement à Aphrodite, Artémis n’est pas associée à l’amour et à la fécondité. Elle est en revanche la déesse des enfantements, la protectrice des femmes enceintes, des femelles pleines, des enfants vigoureux, des jeunes animaux, et pour tout dire, de la vie avant les souillures de l’âge. Son image s’accorde avec l’idée que les Anciens se faisaient de la nature. Ils ne la voyaient pas à la façon doucereuse de Jean-Jacques Rousseau ou des promeneurs du dimanche. Ils la savaient redoutable aux faibles et inaccessible à la pitié. C’est par la force que Diane-Artémis défend sa pudeur et sa virginité, c’est-à-dire le royaume inviolable de la sauvagerie. Elle tuait férocement tous les mortels qui l’offensaient ou négligeaient ses rites [...] La pudeur et la virginité d’Artémis sont une allégorie des interdits qui protègent la nature. La vengeance de la "dea silvarum" est celle de l’ordre du monde mis en péril par une pulsion excessive, l’ "hubris", la démesure. »

Dominique Venner, Dictionnaire amoureux de la chasse

 

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L’image vivante de la perpétuelle regénération de la nature

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« Le cycle mystérieux de la chute et du refait saisonnier de ses bois l’assimile à l’arbre de vie. La sève qui nourrit sa ramure surgit des mêmes sources que la semence inépuisable dont il inonde le ventre des biches à la saison du brame. Dans le refait de ses bois, dans l’ivresse du rut et dans le combat contre ses rivaux, il est la fécondité incarnée, l’image vivante de la perpétuelle regénération de la nature. Depuis les temps les plus reculés, sa majesté, sa ramure et sa fertilité ont acquis un pouvoir sans égal sur l’imagination des hommes. »

Dominique Venner, Dictionnaire amoureux de la chasse

 

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20/05/2015

Une communauté de crapules

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« Il était une fois une communauté de crapules, c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas de crapules, mais d’hommes ordinaires, la moyenne. Ils étaient toujours unis. Quand par exemple l’un d’entre eux avait commis quelque chose de crapuleux, c’est-à-dire encore une fois rien de crapuleux, mais quelque chose de tout à fait ordinaire et courant, et qu’il le confessait, alors tous examinaient la chose, la jugeaient, lui imposaient une pénitence, pardonnaient, etc. Ce n’était pas méchanceté de leur part, les intérêts de la personne et de la communauté étaient rigoureusement préservés et à celui qui s’était confessé on tendait le complément à la couleur primaire qu’il avait montrée. Ainsi étaient-ils toujours unis, et même après leur mort ils ne renoncèrent pas à leur communauté et montèrent au ciel en une seule ronde. Tel qu’ils volaient, l’ensemble donnait le spectacle d’une pure innocence enfantine. Mais comme arrivés au ciel tout se brise et est réduit à ses éléments, ils tombèrent, véritables blocs de pierre. »

Franz Kafka, Cahiers in-octavo - Cahier "G"

 

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Une glace qui n’est pas bien fixée au mur

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« Tout homme porte une chambre en lui. C’est un fait qui peut même se vérifier à l’oreille. Quand un homme marche vite et que l’on écoute attentivement, la nuit peut-être, tout étant silencieux alentour, on entend par exemple le brimbalement d’une glace qui n’est pas bien fixée au mur. »

Franz Kafka, Préparatifs de noces à la campagne

 

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Les difficultés qu'il y a à achever un texte

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« Les difficultés qu'il y a à achever un texte, même court, ne tiennent pas à ce que notre sentiment exige pour la fin du morceau une ardeur que le contenu réel n'a pas pu engendrer jusque-là par ses propres moyens ; elles naissent plutôt de ce que le texte le plus court exige de l'auteur un contentement de soi, un abandon à soi-même d'où il est difficile, en l'absence d'une forte résolution ou d'une stimulation extérieure, de sortir pour respirer l'air d'une journée banale, si bien que, poussé par l'inquiétude, on préfère prendre la fuite plutôt que de terminer rondement le texte et d'avoir le droit de glisser sans bruit jusqu'en bas ; après quoi il faut achever positivement le fin de l'extérieur, avec des mains qui non seulement doivent travailler, mais encore ne pas lâcher prise. »

Franz Kafka, Journal

 

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Les livres qui vous mordent et vous piquent

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« Franz Kafka
27 janvier 1904

Cher Oskar !

Tu m'as écrit une lettre charmante qui demandait, soit une réponse rapide, soit pas de réponse du tout ; quinze jours ont passé depuis sans que je t'aie écrit, ce serait impardonnable en soi si je n'avais des raisons.

D'abord je ne voulais t'écrire que des choses bien pesées parce que ma réponse à cette lettre me paraissait plus importante que toutes les autres (malheureusement je ne l'ai pas fait) ; ensuite j'ai lu d'un trait le Journal de Hebbel (près de mille huit cents pages), alors qu'autrefois je ne le prenais toujours que par morceaux, auxquels je ne trouvais aucun goût.

J'ai quand même commencé de façon suivie, au début en me jouant, pour me sentir finalement comme l'homme des cavernes qui, ayant roulé une grosse pierre devant l'entrée de sa caverne, par jeu et pour rompre l'ennui, est pris d'une sourde frayeur en voyant que la pierre le prive d'air et le plonge dans l'obscurité. Il tente alors avec une étrange ardeur de la déplacer, mais maintenant elle est dix fois plus lourde et, pour retrouver l'air et la lumière, l'homme angoissé doit tendre toutes ses forces.

De même je n'ai pas pu toucher une plume de tout ce temps, car à embrasser du regard une telle vie, qui s'élève continuellement sans faille, si haut qu'on peut à peine la suivre avec sa longue-vue, on ne peut pas garder la conscience en paix. Mais il est bon que la conscience porte de larges plaies, elle n'en est que plus sensible aux morsures.

Il me semble d'ailleurs qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu'il nous rende heureux, comme tu l'écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n'avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes.

En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide -- un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois.

Mais toi tu es heureux, ta lettre rayonne positivement, je crois que tu n'étais malheureux autrefois qu'à cause de ces relations qui ne te valent rien, c'est bien naturel, on ne prend pas de bain de soleil à l'ombre.

Mais que je sois responsable de ton bonheur, ne le crois pas.

Au mieux, je le verrais ainsi : un sage, dont la sagesse était cachée à ses propres yeux, rencontra un fou et s'entretint un moment avec lui de choses apparemment très lointaines. La conversation finie, comme le fou veut rentrer chez lui -- il vivait dans un pigeonnier --, l'autre lui saute au cou, l'embrasse et lui crie : merci, merci, merci. Pourquoi ? La folie du fou avait été si grande qu'elle avait montré au sage sa sagesse...

J'ai l'impression de t'avoir fait du tort et d'avoir à te demander pardon. Mais je n'ai connaissance d'aucun tort.

Ton Franz »

Franz Kafka, Correspondance

 

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Une solitude si profonde que ce mot même n'avait plus de sens

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« Là, au milieu du silence, ce n'était pas l'éternité mais la mort du temps, une solitude si profonde que ce mot même n'avait plus de sens. Car la solitude implique l'absence des autres, et la solitude qu'elle découvrait sur ce terrain désolé n'avait jamais admis l'existence d'autrui. »

Toni Morrison, Sula

 

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