24/05/2015
Une confrérie de saints
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« Le pauvre n'envie pas chez le riche les possibilités de noble comportement que la richesse lui procure, mais les abjections qu'elle lui permet. »
« Je n'appartiens pas à un monde qui disparaît. Je prolonge et je transmet une vérité qui ne meurt pas. »
« Seule l'Eglise se considère comme une congrégation de pécheurs. N'importe quelle autre collectivité, religieuse ou laïque, pense être une confrérie de saints. »
Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie - Scolies pour un texte implicite
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22/05/2015
Un assassin à la plume
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« Un assassin à la plume est encore plus dangereux pour la société qu’un meurtrier au couteau, car son crime se répète inlassablement lecteur après lecteur. Je suis devenue raide-dingue d’un tueur incestueux fasciste et suicidaire par procuration littéraire. Un écrivain de droite quoi. Français de surcroît. Les pires. Leur réaction se manifeste dans la destruction. Leur ironie se plaît dans la tragédie. Leur idéalisme se consume dans le cynisme. Leur soif inassouvie de l’amour exclusif se gâche dans l’infidélité chronique. Leur croyance romantique et pure se noie dans les grands crus et les cocktails troubles. In vino “delitas”. Leur respect extrême dans les valeurs, déçu, se perd dans le nihilisme. Saupoudré de trop d’humour, leur amour transforme vos rires complices des premiers jours en larmes de solitude. Dès que j’ai vu Roger, puis, après que je l’aie lu, j’ai su qu’il était de ces jeunes gens gâtés qui finissent par casser leurs plus beaux jouets à force de vouloir prendre la vie comme une farce aussi ludique que morbide. Les fascistes ne sont-ils pas tous des fascinés de la mort ? Les suicidaires, des effrayés de la fin. Et les suicidés, des jeunes hommes, si non rassurés, tout du moins apaisés. “Viva la muerte” n’était certainement pas le cri de guerre préféré de Sartre et Malraux. Étouffé ou scandé, il a toujours été l’appel désespéré d’une jeunesse extrême refusant tellement la déchéance du temps qu’elle est capable des pires excès, des plus atroces compromissions, paradoxalement par une crainte presque naïve, puérile et pure, des compromis et de la fin. Ces jeunes impertinents qui toujours refusent de douter des idéaux qu’ils savent pertinemment douteux parce que, quitte à choisir de faire une connerie, ils préféreront toujours être des cons damnés que des cons promis. »
Edmond Tran, “Martine et Roger”, in Revue Bordel n°17: Hussards
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Sans un mot, ils contemplent cette dernière défaite...
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« Le lendemain, à quatorze heures, dans un nuage de poussière torride, nous arrivons, parmi mille autres voitures, sur le lieu des danses. En voulant nous garer près de la sortie, nous nous laissons coincer et nous ne pourrons partir qu’en dernier. Premier malheur ! Nous croyons arriver dans un village indien ; nous sommes dans un champ de courses. Le village indien est bien là, au milieu, mais il est en carton, genre Hollywood. Entrée : un dollar. Un programme (ça sonne mal), et sur ce programme : "Les danseurs que vous allez voir sont tous des Blancs, businessmen et women de Prescott qui, désireux de conserver la tradition symbolique des danses indiennes, consacrent leurs loisirs"..., etc. Ça y est, nous sommes refaits et bien refaits. Et on nous a fait venir de Los Angeles pour voir ça ! Pouvoir de la publicité. Il y a bien trois mille personnes. Le spectacle dépasse toutes les prévisions. Les fonctionnaires et les dames du téléphone de Prescott assouvissent avec feu le besoin d’exhibitionnisme qu’il faut croire inhérent à leurs fonctions. Le corps teint d’un bronze qui déteint aux aisselles, un mince chiffon rouge coincé dans des chairs opulentes, ils sautillent, tels les élèves de Dalcroze, en poussant des gloussements symboliques. Ils n’ont probablement jamais vu une danse indienne ni une danse primitive quelconque autrement qu’en film. Le public trouve ça très bien et applaudit aux effets de croupe. Du moins le public des premiers rangs car le haut des gradins est rempli d’une foule silencieuse d’hommes petits, aux chemises brillantes et aux sourcils froncés, et de femmes énormes, couvertes d’enfants : les Indiens, les vrais.
Sans un mot, ils contemplent cette dernière défaite : le vainqueur couvert de leurs dépouilles et imitant burlesquement les danses qu’ils dansaient pour les dieux. »
Alain Daniélou, Le tour du monde en 1936
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21/05/2015
Je préférerais d'ailleurs qu'il se dégonflât, qu'il allât s'installer à Tel-Aviv
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« Ses oeuvres de circonstances, "Bagatelles", "Les Beaux draps" sont des chefs-d'oeuvre de polémique et de courage. Mais elles ne sont rien d'autre. "Bagatelles", écrit au galop, contre la montre, visaient à sauver les Français, Juifs ou pas, d'une guerre absurde et perdue d'avance. Ecrites en 1937, en 1939 elles n'avaient plus aucun sens puisque la guerre était là, la guerre que seul Ferdinand avait voulu éviter.
Le philosémitisme délirant de "Bagatelles" a été très mal compris par la plupart des Juifs qui, entre nous, sont de sacrés cons quand ils s'y mettent. Pour certains d'entre eux, au contraire, surtout parmi les sionistes, Bagatelles est un livre de chevet ; un monument élevé à la gloire d'Israël. C'est absolument exact.
(...)
Il y a une erreur à propos de Céline, c'est de mêler son nom à la question juive. En 1947, l'erreur était partagée par beaucoup de non-Juifs.
Hé là ! diront certains, insinuez-vous que Ferdinand se déballonne, qu'il veut tourner youtron. Je répondrai que ces mots n'ont pas de sens. "Bagatelles" était un pamphlet pour l'annnée 1937. Je préférerais d'ailleurs qu'il se dégonflât, qu'il allât s'installer à Tel-Aviv, comme il le souhaitait souvent, pour que l'immensité de son oeuvre ne fût plus faussée et qu'il nous apparût dans sa vraie lumière. »
Albert Paraz, Le gala des vaches
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Dea Silvarum
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« Déesse de la sylve et de la nuit, "dea silvarum", comme la nomme Ovide, portant dans ses cheveux d’or un croissant de lune, Diane-Artémis est toujours accompagnée d’un cerf ou de biches. Elle est à la fois la protectrice de la nature sauvage et l’incarnation de la chasse. Deux fonctions complémentaires dont la juxtaposition antique est constante. Contrairement à Aphrodite, Artémis n’est pas associée à l’amour et à la fécondité. Elle est en revanche la déesse des enfantements, la protectrice des femmes enceintes, des femelles pleines, des enfants vigoureux, des jeunes animaux, et pour tout dire, de la vie avant les souillures de l’âge. Son image s’accorde avec l’idée que les Anciens se faisaient de la nature. Ils ne la voyaient pas à la façon doucereuse de Jean-Jacques Rousseau ou des promeneurs du dimanche. Ils la savaient redoutable aux faibles et inaccessible à la pitié. C’est par la force que Diane-Artémis défend sa pudeur et sa virginité, c’est-à-dire le royaume inviolable de la sauvagerie. Elle tuait férocement tous les mortels qui l’offensaient ou négligeaient ses rites [...] La pudeur et la virginité d’Artémis sont une allégorie des interdits qui protègent la nature. La vengeance de la "dea silvarum" est celle de l’ordre du monde mis en péril par une pulsion excessive, l’ "hubris", la démesure. »
Dominique Venner, Dictionnaire amoureux de la chasse
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L’image vivante de la perpétuelle regénération de la nature
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« Le cycle mystérieux de la chute et du refait saisonnier de ses bois l’assimile à l’arbre de vie. La sève qui nourrit sa ramure surgit des mêmes sources que la semence inépuisable dont il inonde le ventre des biches à la saison du brame. Dans le refait de ses bois, dans l’ivresse du rut et dans le combat contre ses rivaux, il est la fécondité incarnée, l’image vivante de la perpétuelle regénération de la nature. Depuis les temps les plus reculés, sa majesté, sa ramure et sa fertilité ont acquis un pouvoir sans égal sur l’imagination des hommes. »
Dominique Venner, Dictionnaire amoureux de la chasse
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20/05/2015
Une communauté de crapules
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« Il était une fois une communauté de crapules, c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas de crapules, mais d’hommes ordinaires, la moyenne. Ils étaient toujours unis. Quand par exemple l’un d’entre eux avait commis quelque chose de crapuleux, c’est-à-dire encore une fois rien de crapuleux, mais quelque chose de tout à fait ordinaire et courant, et qu’il le confessait, alors tous examinaient la chose, la jugeaient, lui imposaient une pénitence, pardonnaient, etc. Ce n’était pas méchanceté de leur part, les intérêts de la personne et de la communauté étaient rigoureusement préservés et à celui qui s’était confessé on tendait le complément à la couleur primaire qu’il avait montrée. Ainsi étaient-ils toujours unis, et même après leur mort ils ne renoncèrent pas à leur communauté et montèrent au ciel en une seule ronde. Tel qu’ils volaient, l’ensemble donnait le spectacle d’une pure innocence enfantine. Mais comme arrivés au ciel tout se brise et est réduit à ses éléments, ils tombèrent, véritables blocs de pierre. »
Franz Kafka, Cahiers in-octavo - Cahier "G"
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Une glace qui n’est pas bien fixée au mur
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« Tout homme porte une chambre en lui. C’est un fait qui peut même se vérifier à l’oreille. Quand un homme marche vite et que l’on écoute attentivement, la nuit peut-être, tout étant silencieux alentour, on entend par exemple le brimbalement d’une glace qui n’est pas bien fixée au mur. »
Franz Kafka, Préparatifs de noces à la campagne
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Les difficultés qu'il y a à achever un texte
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« Les difficultés qu'il y a à achever un texte, même court, ne tiennent pas à ce que notre sentiment exige pour la fin du morceau une ardeur que le contenu réel n'a pas pu engendrer jusque-là par ses propres moyens ; elles naissent plutôt de ce que le texte le plus court exige de l'auteur un contentement de soi, un abandon à soi-même d'où il est difficile, en l'absence d'une forte résolution ou d'une stimulation extérieure, de sortir pour respirer l'air d'une journée banale, si bien que, poussé par l'inquiétude, on préfère prendre la fuite plutôt que de terminer rondement le texte et d'avoir le droit de glisser sans bruit jusqu'en bas ; après quoi il faut achever positivement le fin de l'extérieur, avec des mains qui non seulement doivent travailler, mais encore ne pas lâcher prise. »
Franz Kafka, Journal
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Les livres qui vous mordent et vous piquent
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« Franz Kafka
27 janvier 1904
Cher Oskar !
Tu m'as écrit une lettre charmante qui demandait, soit une réponse rapide, soit pas de réponse du tout ; quinze jours ont passé depuis sans que je t'aie écrit, ce serait impardonnable en soi si je n'avais des raisons.
D'abord je ne voulais t'écrire que des choses bien pesées parce que ma réponse à cette lettre me paraissait plus importante que toutes les autres (malheureusement je ne l'ai pas fait) ; ensuite j'ai lu d'un trait le Journal de Hebbel (près de mille huit cents pages), alors qu'autrefois je ne le prenais toujours que par morceaux, auxquels je ne trouvais aucun goût.
J'ai quand même commencé de façon suivie, au début en me jouant, pour me sentir finalement comme l'homme des cavernes qui, ayant roulé une grosse pierre devant l'entrée de sa caverne, par jeu et pour rompre l'ennui, est pris d'une sourde frayeur en voyant que la pierre le prive d'air et le plonge dans l'obscurité. Il tente alors avec une étrange ardeur de la déplacer, mais maintenant elle est dix fois plus lourde et, pour retrouver l'air et la lumière, l'homme angoissé doit tendre toutes ses forces.
De même je n'ai pas pu toucher une plume de tout ce temps, car à embrasser du regard une telle vie, qui s'élève continuellement sans faille, si haut qu'on peut à peine la suivre avec sa longue-vue, on ne peut pas garder la conscience en paix. Mais il est bon que la conscience porte de larges plaies, elle n'en est que plus sensible aux morsures.
Il me semble d'ailleurs qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu'il nous rende heureux, comme tu l'écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n'avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes.
En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide -- un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois.
Mais toi tu es heureux, ta lettre rayonne positivement, je crois que tu n'étais malheureux autrefois qu'à cause de ces relations qui ne te valent rien, c'est bien naturel, on ne prend pas de bain de soleil à l'ombre.
Mais que je sois responsable de ton bonheur, ne le crois pas.
Au mieux, je le verrais ainsi : un sage, dont la sagesse était cachée à ses propres yeux, rencontra un fou et s'entretint un moment avec lui de choses apparemment très lointaines. La conversation finie, comme le fou veut rentrer chez lui -- il vivait dans un pigeonnier --, l'autre lui saute au cou, l'embrasse et lui crie : merci, merci, merci. Pourquoi ? La folie du fou avait été si grande qu'elle avait montré au sage sa sagesse...
J'ai l'impression de t'avoir fait du tort et d'avoir à te demander pardon. Mais je n'ai connaissance d'aucun tort.
Ton Franz »
Franz Kafka, Correspondance
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Une solitude si profonde que ce mot même n'avait plus de sens
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« Là, au milieu du silence, ce n'était pas l'éternité mais la mort du temps, une solitude si profonde que ce mot même n'avait plus de sens. Car la solitude implique l'absence des autres, et la solitude qu'elle découvrait sur ce terrain désolé n'avait jamais admis l'existence d'autrui. »
Toni Morrison, Sula
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L'Enfer...
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« Le véritable enfer de l'Enfer, c'est qu'il est éternel. »
Toni Morrison, Sula
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La solitude et le danger
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« Le style du hussard, c’est le désespoir avec l’allégresse, le pessimisme avec la gaieté, la piété avec l’humour.
C’est un refus avec un appel. C’est une enfance avec son secret.
C’est l’honneur avec le courage et le courage avec la désinvolture.
C’est une fierté avec un charme ; ce charme-là hérissé de pointes.
C’est une force avec son abandon. C’est une fidélité.
C’est une élégance. C’est une allure.
C’est ce qui ne sert aucune carrière sous aucun régime.
C’est le conte d’Andersen quand on montre du doigt le roi nu.
C’est la chouannerie sous la Convention.
C’est le christianisme des catacombes.
C’est le passé sous le regard de l’avenir et la mort sous celui de la vie.
C’est la solitude et le danger. Bref, c’est le dandysme. »
Pol Vandromme, Roger Nimier, Le Grand d’Espagne
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19/05/2015
Il avait les poches pleines de tracts clandestins, et l’air farouche
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« Puis j’ai vu Paulhan et je lui ai dit que cette guerre était une connerie terrible, ce qui a paru le surprendre. Mais pas moi qui ai toujours tenu Paulhan pour un simple, opinion qui l’a heurté seulement au début.
Je l’ai revu pendant la guerre, sous un bada à la Prévert mais posé sur le front. Il avait les poches pleines de tracts clandestins, et l’air farouche.
Je lui ai dit que j’étais résistant moi aussi, que je faisais des V en pissant, mon jet étant harmonieusement divisé au départ du méat, à la suite d’une chtouille breneuse acquise bien avant l’avènement d’Hitler. Mieux encore, chacun de ces jets lui-même, habilement dardé, imprimait sur les murs, de Paris à Monte-Carlo, quantité de petits vés d’un acide indélébile, qui mettaient la gestapo sur les dents. »
Albert Paraz, Le gala des vaches
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Ils accomplissent sans le savoir les desseins de Dieu
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« Les hommes du torrent, ceux qui s’abandonnent aux fatalités de la nature, sont mus à la façon des galets roulés par la mer. Comme la chose inerte, ils ont leur rôle assigné dans le plan de la Providence. Ils accomplissent sans le savoir les desseins de Dieu. Par leurs mouvements involontaires, ils font surgir les événements qui éprouvent les élus. Ils ne font pas l’histoire vraie, mais seulement le tissu sur lequel elle est brodée par les hommes libres… »
Raymond Christoflour, La drachme perdue
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On offre de déposer un chèque sans provision
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« La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité. À la place de ces immenses épargnes accumulées de civilisation, d’humanités, de spiritualité, de sainteté, on offre de déposer un chèque sans provision, signé d’un nom inconnu, puisqu’il est celui d’une créature encore à venir. Nous refusons de rendre l’Europe. Et d’ailleurs on ne nous demande pas de la rendre, on nous demande de la liquider. Nous refusons de liquider l’Europe. Le temps de liquider l’Europe n’est pas venu, s’il doit jamais venir. Il est vrai que le déclin de l’Europe ne date pas d’hier, nous le savons. Mais nous savons aussi que le déclin de l’Europe a marqué le déclin de la civilisation universelle. L’Europe a décliné dans le moment où elle a douté d’elle-même, de sa vocation et de son droit. »
Georges Bernanos, L'Esprit Européen
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Portant bravement les contradictions du monde et les résolvants par la complexe organisation de l’esprit
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« Ce christianisme-là était mâle, compréhensif, mais affirmatif, portant bravement les contradictions du monde et les résolvants par la complexe organisation de l’esprit et de la vie qu’il offrait aux hommes. Ce Christianisme-là, qui est venu providentiellement servir notre face et notre climat, s’inscrit aux tympans des cathédrales, dans la figure vigoureuse, juvénile et puissante du Christ triomphant, aux cotés de qui est assise la Vierge Mère. Il n’a rien a céder en virilité et en santé aux dieux de l’Olympe et du Walhalla, tout en étant plus riche qu’eux en secrets subtils qui lui viennent des dieux de l’Asie. »
Pierre Drieu la Rochelle, Chronique politique, 21 juin 1938
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Une gigantesque coïncidence
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« Parfois il arrive de se sentir instantanément proche d'êtres dont on n'a pas vraiment fait la rencontre, mais naturellement un lien se tisse, sans effort, sans volonté, par le seul fait d'une gigantesque coïncidence. »
Serge Joncour, L'amour sans le faire
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Cette très haute idée qu'on se fait de l'autre sans tout en connaître
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« Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut-être encore plus fort que de s'aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s'en tenir à ça, à cette très haute idée qu'on se fait de l'autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'au plus intime, s'aimer en ne faisant que se le dire, s'en plaindre ou s'en désoler, s'aimer à cette distance où les bras ne se rejoignent pas, sinon à peine du bout des doigts pour une caresse, une tête posée sur les genoux, une distance qui permet tout de même de chuchoter, mais pas de cri, pas de souffle, pas d'éternité, on s'aime et on s'en tient là, l'amour sans y toucher, l'amour chacun le garde pour soi, comme on garde à soi sa douleur, une douleur ça ne se partage pas, une douleur ça ne se transmet pas par le corps, on n'enveloppe pas l'autre de sa douleur comme on le submerge de son ardeur. C'est profondément à soi une douleur. L'amour comme une douleur, une douleur qui ne doit pas faire mal. »
Serge Joncour, L'amour sans le faire
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La forme la plus édulcorée de la sincérité
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« Ne pas arriver à se dire les choses c'est peut-être la forme la plus édulcorée de la sincérité, ne pas arriver à se parler c'est une façon de retenir les mots à soi, de les penser à un point tel qu'on n'arrive même plus à s'en détacher, de la sincérité à l'état brut. »
Serge Joncour, L'amour sans le faire
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Dans un soupir
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« On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste. »
« Dans un soupir, il y a bien plus à entendre que dans une phrase. »
Serge Joncour, L'amour sans le faire
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17/05/2015
Le panache comme remède à l’ennui
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« J’en conclus que la légende valait mieux que la vie, et que le style, en littérature, surpassait le fond. L’important n’était pas la substance, ce vilain mot de philosophe, la forme, la tournure, en un mot : l’élégance. C’est ainsi, je crois, que l’on peut définir le genre hussard (même si nombre d’entre eux rejetèrent l’appellation) : la beauté plutôt que les idées, les formules contre les discours et le panache comme remède à l’ennui. Cette morale si peu morale m’enchantait. Et ce qui agaçait les uns – les phrases qui claquent, les voitures de sport, l’anti-intellectualisme – me réjouissait au plus haut point. Pourquoi la littérature devait-elle être grave et ennuyeuse ? Bernard Frank, qui a inventé le terme de “hussards” dans un article des “Temps Modernes” de 1952, les traita, pour aller vite, de “fascistes”. Mais les fascistes sont des gens excessivement sérieux ! Le Blondin de “Monsieur Jadis”, le Déon des “Gens de la Nuit” où le Nimier de l’ “Etrangère” demeurent de charmants garnements qui n’ont qu’un seul souci : celui de la langue. Le reste n’est que bavardages et commentaires. La mode était au communisme ; ils se déclarèrent de droite : pure question de style, encore. Ils avaient le vice de la provocation, et mirent des miliciens dans leurs romans ; et alors ? Un romancier et critique, ancien des “Lettres Françaises”, me confiait récemment : “Vous ne devriez pas les lire ; c’étaient tous des salauds, ces types.” Je suis certain qu’ils auraient été heureux du compliment. »
Thibault de Montaigu, “Les Hussards ou la beauté d’avoir tort”, in Revue Bordel n°17: Hussards
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Un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible
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« De fait, si la majorité a raison, si cette musique dans les cafés, ces divertissements de masse, ces êtres américanisés aux désirs tellement vite assouvis représentent le bien, alors, je suis dans l’erreur, je suis fou, je suis vraiment un loup des steppes ; un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible.
Un animal qui ne trouve plus ni foyer, ni oxygène, ni nourriture. »
Hermann Hesse, Le loup des steppes
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Souche
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« Le préjugé est bon, en son temps ; car il rend heureux. Il ramène les peuples à leur centre, les rattache plus solidement à leur souche, les rend plus florissants et selon leur caractère propre, plus ardents et par conséquent aussi plus heureux dans leurs penchants et leurs buts. La nation la plus ignorante, la plus remplie de préjugés est à cet égard souvent la première : le temps des désirs d’émigration et des voyages pleins d’espoir à l’étranger est déjà maladie, enflure, embonpoint, pressentiment de mort ! »
Johann Gottfried von Herder , Histoire et cultures
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Former l’humanité
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« Si ma voix avait vigueur et résonance, comme je crierais à tous ceux qui contribuent à cultiver l’humanité : pas de généralités sur les améliorations ! culture purement livresque ! autant que possible, des réalisations — agir ! Laissez parler et se perdre dans le vague ceux qui ont le malheur de n’être bons qu’à cela ; celui qui possède les faveurs de la fiancée n’est-il pas plus enviable que le poète qui la célèbre, ou que l’intermédiaire qui demande sa main pour un autre ?
Vois, celui qui sait le mieux chanter la philanthropie, l’amour des peuples et la fidélité paternelle, médite peut-être de lui porter coup de poignard le plus profond pour des siècles ? En apparence le plus noble législateur, et peut-être le plus intime destructeur de son siècle ! Pas question d’amélioration, d’humanité et de félicité intérieures : il a suivi le courant de son siècle, obtint par conséquent, la brève récompense de tout ceci — le laurier de la vanité, qui se fane, demain poussière et cendre. — Le grand oeuvre divin qui consiste à former l’humanité — en silence, avec vigueur, en secret, pour l’éternité, ne saurait voisiner avec une vanité mesquine. »
Johann Gottfried von Herder , Histoire et cultures
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