05/11/2007
De la Poésie d'aujourd'hui
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
"Pourquoi est-ce que je n'aime pas la poésie pure ? Pour les mêmes raisons que je n'aime pas le sucre "pur". Le sucre est délicieux lorsqu'on le prend dans du café, mais personne ne mangerait une assiette de sucre : ce serait trop. Et en poésie, l'excès fatigue : excès de poésie, excès de mots poétiques, excès de métaphores, excès de noblesse, excès d'épuration et de condensation qui assimilent le vers à un produit chimique. Comment en sommes-nous arrivés là ? Lorsqu'un homme s'exprime avec naturel, c'est-à-dire en prose, son langage embrasse une gamme infinie d'éléments qui reflètent sa nature tout entière ; mais il y a des poètes qui cherchent à éliminer graduellement du langage humain tout élément a-poétique, qui veulent chanter au lieu de parler, qui se convertissent en bardes et en jongleurs, sacrifiant exclusivement au chant. Lorsqu'un tel travail d'épuration et d'élimination se maintient durant des siècles, la synthèse à laquelle il aboutit est si parfaite qu'il ne reste plus que quelques notes et que la monotonie envahit forcément le domaine du meilleur poète. Son style se déshumanise, sa référence n'est plus la sensibilité de l'homme du commun, mais celle d'un autre poète, une sensibilité "professionnelle" - et, entre professionnels, il se crée un langage tout aussi inaccessible que certains dialectes techniques ; et les uns grimpent sur les dos des autres, ils construisent une pyramide dont le sommet se perd dans les cieux, tandis que nous restons à ses pieds quelque peu déconcertés. Mais le plus intéressant est qu'ils se rendent tous esclaves de leur instrument, car ce genre est si rigide, si précis, si sacré, si reconnu, qu'il cesse d'être un mode d'expression ; on pourrait alors définir le poète professionnel comme un être qui ne s'exprime pas parce qu'il exprime des vers."
Witold Gombrowicz, La Havane, 1955 (Contre les poètes)
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20/10/2007
Le Poète et Son Christ - Pierre Emmanuel
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Sur un écran des scènes passent toujours à toute allure.
La vérité changeante de l’uniforme de la jeunesse.
Jeunesse sans expérience, déchaînée. Nos sourires qui
bousculent. Nos membres charmants.
Nous étions aussi innocents et dangereux que des enfants
courant dans un champs de mines. »
Patti Smith (« Au Lecteur » - Corps de plane)
À pas même dix-huit ans, je loupe mon bac sans état d’âme particulier. Mais je lis Nietzsche depuis peu, après avoir dévoré Max Stirner l’année précédente, armé d’un dictionnaire, le corps exalté. La musique est une part importante de ma vie. Groupes de Rock en tout genre, alcools balkaniques très forts et autres ferments de l’esprit et du réseau nerveux que n’auraient pas désavoué les aventuriers psychédéliques du 19ème Siècle ou de la belle époque. Durant deux années, je vais glander sévèrement. Enfin… Glander… Ce n’est pas ne rien foutre pour moi.
Entre mes 18 et mes 20 ans, durant deux années, le malheur s’abattait sur moi 3 jours par semaines. Le lundi, le jeudi et le dimanche. Ces jours-là, la bibliothèque municipale était fermée. Sinon mon programme était simple : si je me levais suffisamment tôt je m’y rendais en matinée, puis, après la coupure du repas qui pour moi se réduisait souvent à du thé ou du café et… du tabac pour accompagner mes lectures à la maison, j’y retournais dans l’après-midi et y restais jusqu’au soir, armé d’un carnet et d’un stylo, je prenais des notes fiévreuses, le sourire enthousiaste, face aux gueules défaites des étudiants qui auraient préféré être au troquet à rire de leurs bêtises de futurs adultes, mais se devaient de venir là pour tenter de concevoir tel exposé sur tel sujet, pour telle matière… en soupirant… leur carne triste, secouée de tics… l’âme déjà desséchée face aux livres à parcourir… et ils les parcouraient néanmoins, en long, en large et surtout en diagonales. Vernis culturel comme chez beaucoup de matamores post-modernes qui estiment que la culture n’est pas importante, qu’il faut penser par soi-même.
Si vous leur citez trois extraits d’auteurs, ils estiment que ce n’est que de l’étalage en vitrine. Pauvres ploucs.
Ils confondent les petits intellectualistes bobos, pénétrés d’eux-mêmes, avec les pèlerins de l’absolue nécessité, les pèlerins de la fange et de l’Or, les pèlerins cheminant humblement vers leur cité solaire ou obscure, et qui n’ont pas de temps à perdre avec les illusions épuisées. Ils n’osent pas se mesurer à leur propre fond humide et puant.
Vous faites de l’étalage de vitrine ? On vous classe aussitôt parmi les « pédants », les « intellos » et la valse des rancœurs commence comme dans un très mauvais scénario, comme toujours. Les habitudes ont la peau dure.
Mais moi, dans le silence de cette petite bibliothèque, je touchais le ciel, je transperçais le verbe et le Verbe me transperçait à son tour. Le Verbe posait sur mon front sa cinglante couronne d’épines. Les plaies mystiques. Mon spasme existentiel. Les questions douloureuses. Ô jeune âge des fureurs. Fiévreux je lisais tous les livres du rayonnage « Poésies ». Paul Claudel. Philippe Jaccottet. Paul Valéry. Pierre Jean Jouve. Eugène Guillevic. Keats. Coleridge. J’en oublie. Je ne pourrais même pas citer les œuvres que je lisais avec frénésie. C’est la musique des mots qui me transportait. Je ne comprenais pas toujours tout. À la maison il n’y avait pas beaucoup de livres. Et je n’ai jamais été un très bon élève. En classe je rêvais. Mais dans le silence de cette petite bibliothèque, je traversais des espaces, lançais des ponts, dressais mes statues de sel, de marbre vers des vertiges que personne ne soupçonnait. Le soir, enfin, après mon unique repas de la journée, je glissais comme un reptile vers quelques potes ombrageux en compagnie desquels j’explorais des « paradis artificiels » en refaisant naïvement le monde, le dégoût dans ma pomme d’Adam et les larmes aux bords des yeux.
Le temps est passé, j’ai fait l’acquisition de quelques œuvres, mais je ne peux pas tout avoir, mes moyens sont limités. Deux grands poètes sont restés : Saint-John Perse et Pierre Emmanuel. Malgré les années, j’aime toujours ces deux poètes qui, au début, m’ont surtout soulevé aux nues avec l’utilisation déployée de la phrase altière, m’ont enivré de leurs langues respectives, sculptées, précises, précieuses, possédées, habitées. Même si Rimbaud et Lautréamont ont fondé le creuset digne d’accueillir tout ce qui allait suivre dans le flux de ma vie, même si c’est vers eux-deux que je reviens sans cesse comme on reviendrait en un pèlerinage heureux vers la source lumineuse des origines, même si j’y puise encore des saveurs et des souffles, de la chair s’incarnant en de nombreuses phrases (surtout chez Rimbaud), je n’ai jamais pu me défaire de Saint-John Perse ou de Pierre Emmanuel, d’autant qu’avec l’âge, je sais lire entre leurs lignes, entre leurs mots, le blanc du vide qui me remplit de tant de choses. La mesure de la démesure, assumée pourtant, par le poète qui veut dire, dont la marque, la trace, la paraphe certifie le sens et la portée des sentences de l’être et des lois qui le travaillent, des lois qu’il façonne pour demeurer dans la beauté des choses et la souffrance sous les astres.
Pierre Emmanuel réussit à me faire mesurer toute la distance parcourue par le poète, en un voyage intérieur pour parvenir à l’épuisement, l’incapacité, la faiblesse et l’insuffisance de son poème pour dire, néanmoins, la parole qu’il ose manipuler comme un apprenti sorcier alors qu’il est porté par elle. Et pourtant, combien admirablement il dit les choses pour la glèbe de l’homme. C’est par lui, par exemple, que j’ai découvert pour la première fois, à 18 ans, Friedrich Hölderlin, à travers son œuvre hommage, « Le Poète Fou ». Et puis vint le moment du « Poëte et son Christ ». Car Pierre Emmanuel est un poète chrétien, n’en déplaise aux larves rampantes se roulant dans leur haine et y prenant le plaisir tant espéré.
Le poème qui suit est une foudre d’amour qui expulse la haine, nettoie les lieux des déjections nauséabondes, et après la présence de quelque troll ici-même, ce souffle, ces mots sont une nécessité sainte.
La femme adultère
"Celle dans le jardin si belle et nue sous l’homme
les arbres ondulaient dans son regard marin,
et l’algue souple et nonchalante de l’extase
par les profonds courants échevelés, s’ouvrait
aux fleuves d’astres et de plaintes. Une comète
de cri sombrant soudain dans le plaisir sans bords
éclairait au zénith un visage, ce sombre
Ciel ! que brûle la lèvre à tâtons vers les eaux.
Mais la terre à tes reins cambrées et qui se creuse
d’avance sous le jet sauvage du soleil,
l’arbre s’en déracine, abrupt ! et la brûlure
bâille, où fuse une flore acide au long des nerfs
Ta honte comme une eau que l’on battrait de verges
trouble le ciel vacant où se mirait ton corps,
et de sinistres bulles crèvent, des visages
qui remontent avec la vase du remords.
Pudeur ! l’attouchement de ses yeux sur ton ventre
rétracte le plaisir encore à fleur de chair.
Et, repliant le paysage entre tes jambes
tes cuisses durement se joignent sur tes mains :
les hautes herbes te cachant te font plus nue,
ton ombre a peur. Dieu te retire Son manteau,
tout contre toi les faces floues luisent énormes
qu’importe ! Abandonnant ta beauté au destin
royale, tu tiens tête aux gueules qui te cernent
et ton regard s’attache aux dents blanches des chiens.
Ah ! LE confondre… ils rient de jouisseuse attente :
que la haine en leurs bouches est pulpeuse ! Les mots
dont la rondeur tente la langue, ils les retournent
d’avance, pour en mieux éprouver la liqueur.
Toute-Bonté ! connais leur âme à leur poussière
Quand ils hâtent, vêtus de démence et de vent
Leur ombre sur la paix souveraine des terres.
O scandale ! les robes folles en drapeaux
claquent inassouvies autour des hampes maigres :
l’air chaste en est ému d’horreur, il sent frémir
la réprobation immobile des arbres,
et l’unanime azur expulse la nuée
des pas rués tumultueux dans le silence
les cris aiguillonnants la femme talonnée
qui sèche les sueurs du plaisir sous la poudre
et court, ses cheveux chauds l’inondent ! une odeur
d’homme lui monte sur le dos, étalon fauve
qui l’étreint des jarrets et cherche à la forcer
Jésus dans le verger en pente, et l’innocence
des plaines, paume ouverte au ciel. Ces fleuves sont
les lignes d’un destin qui déchiffrent les astres
et ses forêts des monts de miel où le regard
médite un songe en pleurs perdu dans la fougère
les yeux vers quelle palme pure de pensées…
Le bien-aimé siège sous l’arbre de justice,
ce doux pommier d’avril d’où neigent les pardons.
Nue, les fleurs mêlées à tes toisons, gazelle
farouche ! sous ta peau l’eau court en frissons vifs,
mais tes seins noblement dressés n’ont point de honte
la tête rejetant en arrière le ciel
dégage un front pur de huées et qui fait face
résumant d’un beau corps l’orgueil simple ! l’ardeur.
Parlent tous à la fois les Pharisiens ! Moïse
a dit. La lettre ornée d’un dragon vieux, la Loi
édentée qui ne sait que faire de sa proie
et la rapporte dans sa gueule aux pieds du Maître.
Ils rêvent d’un ciel cru et hurlant à la mort
de pierres s’abattant avec un cri rapace
d’un plaisir qui s’ébroue, atroce ! éclaboussant
la foule de sang noir et de rire. Oh ivresse
tourbillon de colère et d’étoffes tordues
qui happe le passant par la toge et l’entraîne
vers l’ère vaste que pressentent les vautours !
Elle voudrait courir plus vite que les arbres
et voler en avant des pierres, traverser
ce décor peint en bleu pour narguer son martyre,
la bête aux seins arqués superbe dans la peur :
mais déjà la détend l’imminence des larmes,
une immense douceur funêbre
Elle s’étend
pour mourir le reflet des fleurs sur son visage,
au creux du jour aimant où bruit l’amandier.
(Pas une plainte. Rien que le soupir des pierres.
Les bras s’abattent émondés par la fureur,
chacun soutient des yeux la courbe horrible et sûre
et le coup fait gémir celui qui l’a porté.
Ils lapident sans fin l’azur ! les yeux hantés
par cette frêle main qui te fleurit, ruine
de tant de haine sans l’atteindre amoncelée.
Oh angoisse ! la fleur éclose dans le Père
scelle la ressemblance à dieu qu’ils ont tuée.)
Ce rêve que leur sang recompose sans cesse
Christ le laisse mourir dans le silence. Loin
l’écho des voix se perd dans le chant des cigales.
Longtemps ! la paix est intenable. Les cœurs durs
dont le ressentiment est la gangue, ce calme
les fait trembler dans leur alvéole de fer.
Jésus, les yeux baissés, comme par jeu dessine
des figures d’enfant sur le sable. On y voit
des constellations lentement émergées
des cœurs, un œil pleurant au ciel : ce sont des mots
qui pénètrent comme un cautère jusqu’à l’âme
et la brûlent d’un sens pour elle seule, nu.
Les regards cherchent-ils à s’évader ? Ces signes
se projettent au ciel, ondulent aux déserts
font relief sur la mer selon le pouls des vagues
incisent l’œil sous la paupière ! Tout se tait
car tout est verbe : et nul n’élude la sentence
que porte la beauté des choses contre lui.
Alors, levant en majesté ses yeux sans ombre
le Juge dit :
Que celui de vous qui est sans péché
Lui jette la première pierre
Ayant dit, il se baisse encore. Son regard
grave leur nudité honteuse dans la terre.
Les yeux au sol comme en pitié, — qui soutiendrait
la transparence aiguë des siècles ?— il leur laisse
la chance de glisser, furtifs ! dans le remords.
Il sent la force de leurs doigts crisper les pierres,
la tension des chairs méditant à un lancer
qu’il freine, l’esquissant sur le sable : terrible
instant ! leur souffle atteint au crime… Mais le sable
frémit au plus subtile frisson de leur pensée.
La nuque de cet homme, elle les voit ! et saigne
jusqu’à la garde le regard en ce duel
Ils s’en vont, les plus vieux d’abord. Les plus opaques.
Par degrés, le soleil s’allège. Se reprend
la femme clandestine a respirer : l’haleine
des vergers dissipant la pestilence humaine
étonne la craintive – elle ose dilater
son sein, et si prudente investit le silence
d’un souffle lentement qui fait fondre la peur.
Christ
— il soutient ce souffle hésitant, il demeure
penché longtemps, l’oreille émue de ce sang fier
dont la rougeur reflue à l’âme et se recueille
toute en le battement effarouché d’un cœur —,
la regarde
Soulevant l’ombre avec effort
Pour dégager ses yeux pesants de la matière,
elle entre nue, sans un frisson, dans le regard
où le monde surgit moite des eaux premières.
O Ciel ! lave son corps jusqu’en ses plis secrets
qu’elle palpite dans la Grâce ! La colombe
fuse de la crinière folle de la mer,
quand la femme qui fut impure sort de l’onde
prête à la danse devant dieu : et, dépouillant
l’artifice dernier d’être nue devant l’homme,
la vierge qui s’éveille en elle raffermit
ses chairs que le plaisir tint molles sous sa langue
et les lances en jet dru dans l’or ! vouant au dieu
un temple dont la mer anime les colonnes
une âme secouant les cendres de sa mort
Ils sont seuls. Ce doux temple attend sa dédicace,
déjà l’ombre en son cœur brûle comme l’encens
des voix dans la hauteur s’accordent. O Prêtresse
psaume vivant d’une pénitence infinie,
voici se détacher sur tes basses profondes
dont le deuil épaissit en sourdine les murs,
la rosace d’un chant inondé d’ailes blondes
les vitraux absolus tempes où bat l’obscur
les colonnes de lait dont la blancheur marine
fusent de la pénombre vieille ! Et, nouveau-née
foulant aux pieds sa chrysalide prosternée
dont les cheveux éteints se mêlent à la poudre,
l’Épouse quand le pas divin frôle le seuil
Arche vivante aux hanches belles, elle danse
la palme de son corps balance le silence,
rythmant l’inclinaison des astres sur la mer.
Très loin sur le chemin, — derrière un mont d’olives —
un tertre attend, où la femme noire écroulée
étreint le pied d’un arbre maigre. Une spirale
atroce de douleur occupe le futur."
1943
Pierre Emmanuel (Le poëte et son Christ)
Un courte Biographie du poète sur le site de l'Académie Française
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30/03/2007
Vivre et Écrire - III
Dans les grandes lignes, Écrire n’a pas la moindre importance. De nos jours, le risque est de petite envergure. Affirmer qu’on trempe sa plume même dans du sang, c’est souvent prendre la posture qui convient. Le spectacle en société vaut le détour. Vous aurez beau, emprunté d’une pouézie moderniste-expérimentale, recouvrir votre page de haut en bas de mots du type « massacre », « holocauste », « génocide », « viol », « tuerie », pas une goutte de sang ne viendra poindre sur votre papier… ou sur l’écran de votre PC. L’écrivain poussera son cri en vain. Même dévoré par le démon de sa névrose, il pourra, une fois le cahier rangé dans son tiroir ou laissé en vrac sur sa table de travail, son écran éteint, aller aux putes se faire sucer la queue, au supermarché le plus proche s’acheter une bouteille de Whiskey, se mettre à table en compagnie de sa fratrie, pointer à l’ASSEDIC, se promener dans la ville, dans la campagne, ou dans le trou du cul du monde. Un œil jeté aux livres qui encombrent les étagères des librairies le confirme à merveille. « Ça » ne trempe sa plume nulle part. « Ça » trompe sa plume et « Ça » trompe son monde en se trompant soi-même. Là, « Je » n’est même pas un autre. Trifouillage de mots. Masque sur les maux. Les profondeurs de l’Être sont merdiques aussi. Mais « Ça » se révèle à qui sait lire. Phrases pauvres ou pompeuses et architecturales, emphase, dérèglement nerveux et distance d’avec les missives. Et « Ça » a des théories sur les autres toutes faites mais bon sang c’est bien-sûr !
Écrire. J’en viens à éprouver du dégoût pour cet Acte et à ne plus même en mesurer le sens initial. Aussi je sors à mon tour dans la fraîcheur du soir et pars trouver un meilleur usage de mon corps pour ne pas ressembler aux usurpateurs. Car Écrire devrait être le risque par excellence, celui par lequel on se confronte en premier lieu à soi-même et aux autres toujours à travers soi-même. Quand la douleur se présente et qu’on ne désire pas l’esquiver, mais la regarder bien en face dans la noirceur de ses yeux au lieu de contaminer les autres de son poison néfaste. Car l’exigence qui compte est celle de la Vérité. Mais il faut se mêler aux faits, y inscrire sa persévérance au lieu de s’enfoncer dans une logorrhéique surabondance de foutre verbal qui n’est qu’une catharsis arrêtée sur elle-même. Appliquer des formules sans cesse. Brasser des mots, juste pour faire de jolies phrases. Déployer sa syntaxe, son vocabulaire pour que sa basse-cour prenne soudain des airs de cour royale. On peut, avec un peu de chance et beaucoup de culot devenir chef de meute. Mais « Celui qui veut apprendre à voler, celui-là doit d'abord apprendre à se tenir debout et à marcher et à courir, à grimper et à danser. Ce n'est pas du premier coup d'aile que l'on conquiert l'envol ! »*
Oui. Écrire est autre chose. Ce n’est, en tout cas, pas se draper de dentelle, se calfeutrer de distance, même si pour survivre, parfois, souvent, l’homme doté de raison pratique avec délectation l’Art du détachement. « Écris avec ton sang et tu verras que le sang est esprit. »* C’est qu’il convient d’observer les phénomènes « à mi-pente »* selon cette « morale de la pente »** que Saint-Exupéry exprimait avec une grande lucidité pour la « Terre des hommes »**. « Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c'est cela seul dont tu peux vivre. »**
Contre l'improbable abstraction, facile et seulement musicale se doivent de prévaloir l'appréciation, l’évaluation, le jugement qui font surgir l’idée qui nous fait maintenir le fil d’Ariane qui en vient à élargir notre vue qui honore notre sentiment qui nous couronne de la pensée. Cependant, loin d’être docile face au cortège d'émotions surannées, Écrire instaure le face-à-face de l'homme avec le monde, le duel propitiatoire, la confrontation légitime de l’individu avec la Cité. Joute éternellement recommencée depuis l’Antiquité lointaine.
Vient la Vision. L’œil révèle la représentation passée au prisme de la subjectivité. Le « Moi » se voit affiné, débarrassé de ses scories grossières il devient une loupe frontale, un scalpel méticuleux. L’Impression est le trésor à capter pour dire le flux énergétique qui transperce le monde. L’objectivité naît-elle de la rencontre de la rencontre de plusieurs subjectivités ? Car ce qui importe, dans l’acte d’écrire, c’est (avant l’effet exprimé) la vue, le sentiment, l’intuition, la sensation, les cinq sens et le sixième naissant du parfait équilibre des cinq premiers. C’est une perception de plus en plus fine, aiguë, cinglante, de la réalité cachant le Réel de l’Être.
Écrire est une rencontre avec le monde. Et le monde ne vient au monde que parce que l’écrivain le regarde, le conquiert, le saisit, le comprend. Le monde obtient ainsi son unité dans la diversité qui est la sienne. Il y a le futur qui appelle. Il y a la grâce lumineuse de l’Origine. Il y a l’Instant, le Lieu et la Formule. Ici et Maintenant. L’écriture peut-être sobre, directe, travaillée, journalistique, classique, mais la chose observée, le phénomène appréhendé se doit d’être transcendé par l’absolutisme de la Vision qui s’impose et que la Raison sait étreindre. Sinon c’est du verbiage. Du nombrilisme. De la posture.
Se contenter de décrire la nature ? Écrire automatiquement ? Jeter des phrases en l’air en mimant la maîtrise ? Le jeu peut découvrir des parts de nous obscures, mais cela ne suffit pas. Écrire nous fait toucher les secrets du monde et nous les fait livrer sur la page comme des offrandes. La Raison guide, mais il ne s’agit nullement de faire du rationalisme car, n’en déplaise aux scientistes et aux scribouillards prosaïques l’énigme, la profondeur, l’obscurité, l’Ombre Silencieuse qui hurle, l’arcane secrète, l’intangible et le sacré percent vers nous sans cesse. Les captons-nous ? L'essence de l’écriture est la poésie : un émerveillement, une admiration, une extase dans le frimas percé par une lumière que nous croyons d'ailleurs mais qui est d’ici. C’est le démesuré, l’incalculable qui nous anime. C’est un souffle de feu, une palpitation de tellurique, une pluie de larmes de joie ou de souffrance. On l’approche tout au plus. S'en emparer est impossible. Écrire est cette parole que ce souffle nourrit et manifeste, d'où son pouvoir sur nous.
En lecteur enchanté de la « Paideia » de Werner Jaeger, je peux vous confirmer que « Poïésis » signifie, en Grec ancien, « faire en fonction et à partir d’un savoir ». C’est une action qui transmue, tout en l’affirmant, le monde. Cependant, ce n’est pas une fabrication limitée à ses données techniques, ni un simple rendement, un vulgaire ouvrage. C’est le suc substantifique. L'œuvre issue de la « poïésis » réconcilie l’intelligence, la Raison, l’entendement, la méditation, la réflexion, la rêverie, la fantaisie, autant dire l’Esprit avec la substance et l’étoffe de nos carnes sur ce vieux caillou et avec le temps qui nous est imparti, et l'homme avec l’Univers sous l’œil malicieux des dieux… ou l’œil scrutateur du Dieu unique. Elle est le partage d’un bien commun, des corps se croisant et embrassant un chant dans une étreinte de l’esprit, une éclosion commune dans le cercle de l’engagement, de la rencontre, les juteuses harmoniques issues de l’altercation entre la matière, le temps et les hommes. De cet Athanor naquirent les Cités de la Grèce ancienne, les œuvres des poètes et penseurs pré-Socratiques. Même le sinistre Platon. Sur la scène du monde. La Poésie est cette action dans le monde qui fonde sans cesse le monde. Écrire n’est rien d’autre que cela. Par nous le monde s’accouche continuellement. Supprimez la Poésie et le monde implose sur lui-même. Supprimez la Poésie… ou exaltez-vous de mauvaise littérature.
________________________________________________________________
*Friedrich Nietzsche
**Antoine de Saint-Exupéry
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Bande son du moment : L'intégralité des albums de King Size
Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...
Citation du jour : « Bien écrire, c'est le contraire d'écrire bien. » Paul Morand (Venises)
Humeur du moment : Le regroupement des forces... encore et toujours...
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21/03/2007
The Motherfuckin' Warriors...
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Lorsqu'en 1989 Eric James pose sa voix sur l'album des Sentinels ("Face of Desire"- Musidisc) sous la houlette de Roberto Piazza alias Little Bob à la production, déjà dans son esprit l'appel du grand Large se fait entendre. Au sein des Sentinels, ses collègues des Batailles hexagonales ne correspondent plus ni à son humeur, ni à ses attentes. Il n'attendra pas que l'album sorte. Il disparaît aux États-Unis pour un périple de 3 mois qui le mènera de New York jusqu'au Mexique. Parcours Initiatique à travers les Gigantesques Mégapoles et les Vastes espaces sauvages. De retour en France, sa Chimie intérieure transformée, après quelques tentatives ultimes pour relancer The Sentinels sur de nouveaux Rails, il décide de créer VENICE en durcissant le ton, le son, les mots et en élargissant considérablement la palette des couleurs harmoniques. Lui au Chant (et à l'Harmonica occasionnel) se retrouve ainsi encadré par Franck Schaack à la Batterie, Jean-Marc Joffroy à la Basse et Nebojsa Ciric dit "Nebo" aux guitares.
En Septembre 1991 Venice voit le jour dans un Local de Senlis (Oise). Les répétitions s’alignent (à raison de quatre à cinq par semaines) comme autant de batailles désespérées pour aller trouver la perle rare dans les limbes du Rock and roll.
Les Concerts s’enchaînent comme des guerres de conquêtes et la Vie se fait dure. Des hauts et des bas. Mais la Foi vivante et Vibrante ne les quitte pas. En Septembre 1993 Jean-Marc Joffroy quitte la Formation. Les concerts et les répétitions en file indienne auront eu raison de lui. Mourad Baali le remplace. Il restera dans la formation jusqu’au Printemps 2000. De fin 1995 à fin 1998 deux autres guitaristes, à tour de rôle, viendront épauler Nebo et se partager Rythmiques et solos. James Dent (1995-1997) et Willy Wedder (1997-1998). Eux aussi jetteront l’éponge avant la signature espérée.
C’est que les temps sont durs à l’égard du Rock dans les années 90, même s’il est indiscutable qu’un public pour lui existe. Les radios, les médias, les maisons de disques lui préfèrent une version Rap aseptisée de la culture hip hop qui, d’ailleurs, n’a plus grand chose à voir avec la « street attitude » originelle mais flirte plutôt avec la variété la plus appauvrie pour le sous-prolétariat des cités. Les authentiques rappeurs ne sont pas signés… ou s’ils le sont, leur flow devient vite émasculé.
VENICE persévère. De 1991 à 2000 le groupe tourne dans toute la France, mais aussi en Belgique, en Allemagne, en République Tchèque. Des centaines de concerts. Représentant la Picardie au Printemps de Bourges en 1993, VENICE ouvre aussi pour KAT ONOMA, GUN CLUB (de feu Jeffrey Lee Pierce), THE INMATES, ANGE, Les GARçONS BOUCHERS, Les VRP. Le groupe joue partout où c’est possible. Tournée des Fnacs en acoustique, participation à des festivals avec BERNARD LAVILLIERS ou les INNOCENTS. Plusieurs dates avec JEAN-LOUIS AUBERT & Co sur la Tournée « H ». La rencontre avec BORIS BERGMAN (parolier de Bashung, Paul Personne, Lio, Eddy Mitchell et beaucoup d’autres) oriente Eric vers des textes en Français. Une dizaine de chansons sont composées avec Boris Bergman dans la foulée.
S’étant doté d’un studio personnel, 12 pistes AKAÏ puis 16 pistes TEAC, VENICE enregistre maquette sur maquette durant toutes ces années et se lance à l’assaut des Maisons de disques. Une signature chez Warner, en édition, ne portera pas ses fruits malgré deux semaines de Studio à l’Hacienda de Tarare, près de Lyon. En 1999 le groupe sort son premier album chez OUTSIDE RECORDS, plus pour avoir une carte de visite à présenter que pour percer le sommet des Charts. Le travail lamentable du Label en question leur fera rompre le contrat. Enregistré à domicile, dans leur propre local, l’album « Les palmiers de Chance » résume à merveille un parcours de 8 années durant lesquelles le groupe a affiné son sens du Rock dans la diversité. C’est STEVE FORWARD (qui a travaillé avec Axel Bauer et Daran) qui mixe la galette. Les concerts qui suivent sont torrides. Le MCM café les accueille pour deux concerts dont un diffusé sur le câble. Mais le départ du bassiste, Mourad Baali, met à nouveau un frein à l’expansion. Mourad quitte le groupe pour s’orienter vers d’autres styles musicaux.
L’arrivée de Frédéric Laforêt (Bassiste multi instrumentiste… Claviers, Guitare, Programmations) va relancer le processus de création et redonner confiance aux Vénitiens originels, Eric, Franck et Nebo. De 2000 à 2004, les compositions s’enchaînent et un choix est fait pour le « projet » suivant. Eric part à New York pour se confronter à la Ville victime du 11 Septembre et, en vivant une vie d’homme et de père récent, écrire les textes des 12 chansons retenues pour l’album "Soudain l'Ouverture".
Malheureusement, l’éloignement Paris-New York finit par anéantir la connexion des uns et des autres et le groupe dépose les armes après 15 années de bons et loyaux services et un deuxième album qui aura laissé pas mal de monde sur le cul… à l’exception des merdiques maisons de disques.
Eric James, Chanteur, fondateur du Groupe...
"Première immersion aux alentours de 10 ans. A cet âge là, le rock se cantonne à trois double albums offerts par mes parents :
1) best of de Elvis Presley sur le label K TEL
2) album bleu des Beatles
3) album rouge des Beatles
Ensuite, une tante vicieuse m'offre de quoi tirer le diable par la queue:
"Piper At The Gates Of Dawn" de Pink Floyd
Et puis c'est les années où je me patchoulise en expérimentant mes premières cigarettes roulées à la main, imbibées parfois d'huile de cannabis. La bande son de l'époque c'est : "Aqualung" de Jethro Tull, "Harvest" de Neil Young, Led Zeppelin II, "In Rock" de Deep Purple, "Tommy" des Who, "Sticky Fingers" des Stones, "Diamond Dogs" de Bowie, et toujours les Floyd bien sûr. Mais mon groupe favori du moment c'est... Genesis ! sur les albums desquels j'apprends à chanter tout seul dans ma chambre. Pas facile Peter Gabriel comme prof de chant !!!
Ensuite c'est l'atterrissage d'un OVNI dans ma chambre de baba-cool : Un coffret de l'intégrale de Eddie Cochran ! Retour vers les racines et une coupe de cheveux en règle : Elvis dans GI Blues ! C'est la période "petite frappe", l'entrée au Lycée, les premières libations et les chaudes explorations sur fond de rock-a-billy pur et dur, mais aussi Frank Sinatra, Ray Charles, Otis Redding, James Brown et tout ce qui s'ensuit. Et puis, poursuivant dans l'éclectisme, après un court mais intensif passage chez AC/DC, je m'initie philosophiquement et éthiliquement aux Doors, en dévorant les pages de "Par-delà le bien et le mal", "Naissance de la tragédie" de Nietzsche, "Sur la route " de Kerouac, "Crime et châtiment" de Dostoïevski et "Martin Eden" de Jack London.
A l'aube des années 80, une nouvelle bifurcation avec la découverte du Punk tout d'abord (Clash, Buzzcocks et The Jam sur le podium) et puis de ce qu'on appelle à l'époque la "New Wave" avec Elvis Costello, Police, Roxy Music, The Cure, Siouxie And The Banshees, Psychedelic furs, Talking Heads, The B 52's, Urban Verbs, The Real Kids, The Feelies, The Fleshtones, Wall Of Voodoo, X, The Gun Club, The Cramps, The Unknowns et aussi la compilation "Nuggets" de Lenny Kaye... Mes deux groupes favoris de l'époque en tout cas, c'est les Stranglers et toujours les Doors. Mes livres de chevets : "Feyrdidurke" de Witold Gombrowitz, "Las Vegas Parano" de Hunter S Thompson, "Postier" de Bukowsky, "Ubik" de Philp K Dick, "Légendes d'automne" de Jim Harrison, "La conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole, "Demande à la poussière" de John Fante, "Lumière d'août" de William Faulkner, "Ainsi parlait Zarathoustra" de Nietzsche, la poésie de T.S Eliot, les BD de Will Eisner et de Hugo Pratt sans oublier bien sûr celles de Franck Margerin !
Mais parallèlement à cette vague, au printemps 1978, je suis mis K.O en écoutant l'intro d'un disque dont la chronique m'avait séduit dans le magazine Best : "Darkness on the edge of town" de Bruce Springsteen.
Mes amis punks se payent ma gueule, mais mon histoire d'amour est trop forte. Je remonte dans le temps en redécouvrant les trois premiers albums et continue à développer mon culte secrètement, car à part ma girlfriend du moment, personne dans mon entourage ne comprend ma fascination pour ce "Johnny Hallyday" américain.
Quand je vois le Boss sur scène durant la tournée "The River", je réalise que la scène, c'est la vraie terre promise !
Par le biais de Springsteen. je revisite bien sûr de fond en comble Bob Dylan et m'abreuve de folk rock à tendance John Fogerty et chemises à carreaux... Les grands espaces s'ouvrent à moi de façon lumineuse et épique, passages solaires donc, entrecoupés néanmoins de coulées sulfureuses et telluriques (Stooges et MC5 en cures saisonnières), la continuité du rock australien avec Radio Birdman et les Hoodoo Gurus. Les valeurs sûres comme Lou Reed et Le Velvet Underground, Patti Smith, Tom Waits... Mes groupes cultes comme Le Sir Douglas Quintet, les Modern Lovers ou les Reds.… Et le jazz de Charlie Parker et Thelonious Monk.
À l'âge adulte, les groupes qui par la suite et pour différentes raisons me remueront affectivement sont U2 (à partir de l'album "Joshua Tree"), mais bien plus encore R.E.M et Pearl Jam ainsi que Van Morrison dont je tombe littéralement amoureux sur le tard.
Au final, le cœur reste néanmoins profondément marqué au fer rouge par les Doors et Springsteen. Dionysos et Apollon. Nietzsche et Kerouac.
Bon appétit aux tueurs !"
Franck Schaack, batteur et Clown Cosmique...
"1979, j'ai 11 ans, curieux, je fouille dans les vinyles de mon oncle, il me fait écouter les bonnes émissions de radio, WRTL (Blancfrancard), Antoine de Caunes dans CHORUS le rendez-vous rock de la semaine, je commence à taper sur des sceaux (sur « Roxanne » de Police). 1980 voyage à Londres avec tonton (full période 80) déterminant .
La 6 ème me tend les bras, trop tard je suis tatoué à la Stewart Copeland mania et par The Police. De là j'ai eu affaire à des groupes divers. Première rencontre sérieuse en 1990 : Eric James (à l’époque chanteur des Sentinels). S'enchaînent concerts du sud de Montpellier au nord de la Tchéquie, de l'ouest de la Bretagne à l'est de la Suisse et l'aventure Vénitienne qui s’en est suivie..."
Frédéric Laforêt, Bassiste, multicartes...
Totalement autodidacte, c'est à 15 ans qu'il commence à apprendre la basse suite à un concert d'AC/DC. "J'étais fasciné par ce mec à droite de la scène, qui était calme tout en assurant des parties rouleau compresseur". Peu après, un ami lui fait découvrir le groupe qui va marquer son approche de l'instrument à tout jamais :RUSH. "Geddy Lee est un extraterrestre, il a un son énorme et un jeu immédiatement reconnaissable, et comment fait-il pour chanter en jouant de telles lignes ? " Cette influence majeure le poussera à s'intéresser aux claviers. "J'ai rapidement voulu concilier les claviers et la basse, le mariage me semblait réalisable , MERCI GEDDY !!! "
De là, naquirent les premiers groupes sérieux, et en particulier MARYLIN ; Groupe de hard rock dont la présence de claviers donnait un côté FM. "Je crois que ce qu'on faisait ressemblait pas mal à The Darkness..."
La rencontre avec Venice est à elle seule une aventure :
"Je connaissais Venice parce qu'étant amateur de leurs prestations scéniques qui déchirent, je les avais déja vus sur scène 2 ou 3 fois. Quand leur premier album est sorti, j'étais aussi content que si ça avait été mon propre groupe, s’il y avait bien un groupe qui devait y arriver c’était eux.
Plus tard, je recherchais un groupe cool pour jouer de la guitare, j’ai répondu à une annonce locale. Le studio de répétition privé était impressionnant, on a vaguement tapé le bœuf et putain, que ça jouait bien. Il y avait un truc bizarre, j’avais l’impression de les connaître et tout d’un coup, alors qu’ils attaquent « Le Rêve du Phénix », je réalise : VENICE !!! Et oui , pas très physionomiste le mec.
Du coup, je décline l’invitation à jouer avec eux ,ils avaient besoin d’un putain de bon guitariste pour seconder Nebo suite au départ d’un guitariste australien, James Dent, c’était trop sérieux pour ce que je voulais faire en tant que guitariste. Et dans ma tête je me disais : dommage qu’ils ne cherchent pas un bassiste, là, ç’aurait été différent."
Qu’on ne vienne pas dire que le destin n’est qu’illusion. Deux ans plus tard, une autre annonce dans un journal local : Venice cherche bassiste. BANCO !!!
"Mourad Baali avait décidé de quitter le groupe après plus de 6 années passées avec eux… pour divergences artistiques, alors je me suis pointé en connaissant déjà la moitié de l’album. Je crois qu’ils n’ont auditionné personne d’autre."
Premier concert avec eux quinze jours après et très vite, la nouvelle formule s’attaque à la composition du deuxième album.
"Sur les titres du 1er album, j’ai énormément respecté les lignes crées par mourad. Il y avait un son Venice, je ne pouvais pas tout chambouler comme ça et de toutes façon son travail à la basse était fabuleux. Ensuite, pour les nouvelles compositions, j’ai pu ouvrir mon âme. Certains titres sont nés sur 4 ou 5 cordes. Puis on a tous décidé d’intégrer des boucles dans notre musique. J'ai donc repris du service question machines. Au départ, juste quelques ambiances synthés puis, voyant que la sauce prenait, j’ai sortis la cavalerie lourde sur des titres comme « Le Cyborg verse une larme » ou « Le vin de mes pères »."
Nebojsa CIRIC, dit "Nebo"... Guitariste et Schtroumpf Métaphysique...
Nom : Ciric
Prénom : Nebojsa (lire : Néboïcha)
Diminutif : Nebo
Instrument : Guitares
Influences Guitaristiques : Jimmy Page, Jimi Hendrix, Robin Trower, Uli Jon Roth, Pat Travers, Ted Nugent, Rory Gallagher, Adrian Belew, Robert Fripp, Vernon Reid, Johnny Winter, Frank Zappa, The Edge, Stevie Ray Vaughan, Stevie Salas, Ritchie Blackmore, Ty Tabor, Goran Bregovic, Prince et… surtout… son frère d’armes et inspirateur initial, Laurent Rossi, guitariste de l’obscur combo « Wolfoni »…
Groupes préférés : Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Doors, King’s X, Tea Party, Stone Temple Pilots.
Héros de jeunesse, héros de toujours : Friedrich Nietzsche, Jim Morrison, Wolfgang Amadeus Mozart, Giovanni Giacomo Casanova, Arthur Rimbaud, Antonin Artaud, John Lee Hooker, Miles Davis, John Coltrane, Lemmy.
Livres de chevet : La Bible ; « Ainsi Parlait Zarathoustra » de Friedrich Nietzsche ; l’intégrale de « Blueberry » par Giraud et Charlier ; « Citadelle » d’Antoine de Saint-Exupéry ; « Le Japon Moderne et l’éthique Samouraï » ainsi que « Le Soleil et l’Acier » par Yukio Mishima ; « L’unique et sa Propriété » de Max Stirner ; « L’Art de Jouir » ainsi que « Théorie du Corps Amoureux » par Michel Onfray ; « Retour à l’essentiel » de Jean Biès.
Signe Particulier : Abuse de la Fuzz, aboie d’la Wha wha.
Né en Ex-Yougoslavie. Amertume au goût de miel. Exil. Solitude sombre. Puis Solitude Joyeuse. Travailler sur soi. Traverser les précipices. Toujours à mi-pente. Expériences des limites. Écriture possédée. Lectures fiévreuses. Chutes et éveils. Haine et Amour. Gratuité de l’être et de l’échange. Détachement. Aime rompre le pain et boire la coupe. Musiques qui implorent et sanctifient. Questions. Feu. Eau. Terre. Air. Tao. Réponses. Libéral, Libertaire et Libertin. L’Âme sombre du Groupe. Mais Verbe Solaire. Aime la Vie, les Femmes, les enfants, les animaux et les Amérindiens. Déteste la nonchalance des hippies et des bobos ainsi que le drame éternel des complaintes psycho-socio-familiales. Tente d’évaluer sans juger.
Nietzsche. Van Gogh. Monet. Georges Mathieu. Anarchiste Royal. Tradition et modernité. Penser au-delà. Se refuse d’appartenir à la moindre tendance ou caste. Abhorre le nivellement Universel. Soufisme et Kabbale. Prières d'Agnostique. Son mot d’Ordre pour aller sur Mars : la Rage Antique contre la Peste Moderne… il se doute bien que personne n’en tiendra compte… Rêveur mais pas Naïf. Ne vote pas, envers et contre tout. Peut-être aux prochaines élections votera-t-il... Insoumis. Hais les Pouvoirs de Mort, de toutes sortes. Aime les Pouvoirs de Vie, de toutes sortes aussi.
Démarre la Guitare vers 11 ans. Première Guitare acoustique (une RYAN) à 12 ans. Première Guitare électrique(une FIVETONES) à 15 ans. Premières compos sérieuses à 16 ans. Le reste suit son cours.
Groupes et parcours musical de Nebo :
1980/1981 : Aspirine (Punk)
1981: Phonème (Hard Rock)
1982/1983 : Incubators (Punk)
1983/1985 : DP210 (Hard Rock/Heavy Metal) et BB sur Canapé (Rock ‘n’ Roll) et nombreuses Jams psychédéliques.
1985/1986 : Angelic (Hard Rock)
1987/1989 : Bosse en solo (Rock, Hard Rock, Pop, Acoustique, Progressif, Funk…)
1989 : Requiem (Hard Rock/Heavy Metal)
1990/1991 : Bosse toujours en Solo
Septembre 1991 : Eric James contacte Nebo suite à une annonce. Il rejoint Franck Schaack et le premier bassiste, Jean Marc Joffroy déjà à leurs postes et Venice vient au monde.
22:35 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : venice, haïkus, poésie, nebo, eric james, rock, musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
15/03/2007
Messages Transatlantiques -V-
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Avec Roberto Piazza, dit Little Bob, lors d'une mémorable "Jam" en Live à la FNAC de Créteil vers la fin des années 90... Beau souvenir...
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Lundi 1er Décembre 2003
Nebo :
La délicatesse de l’écriture.
La plume inscrit toujours
des choses essentielles.
Comme la lame.
Eric :
Au commencement etait le Verbe ;
obéissance inexorable de l'écrivain.
Religion.
Mardi 2 Décembre 2003
Nebo :
Ma prosternation matinale,
intérieure,
est un lâcher prise,
non une soumission.
Eric :
Au réveil,
ma cafetière italienne et moi
échangeons des mots d'amour.
Mercredi 3 Décembre 2003
Nebo :
Ascèse,
non Ascétisme.
Joie,
Force,
non Orgueil.
Eric :
Dans la rue,
simplement marcher est une tache difficile.
Les sensations stupides de bonheur
me détournent de la Voie.
Jeudi 4 Décembre 2003
Nebo :
Le bruit de la Ville
clame, dit, chante, hurle
ce que je pense.
Eric :
Tapotant sur la table,
à l'aide de mes deux doigts,
je pense au prochain cataclysme.
Vendredi 5 Décembre 2003
Nebo :
L’Homme d’aujourd’hui
et la finitude de son projet
par rapport à l’infinitude
qu’il prétend atteindre.
Eric :
Le cinéaste de la Déconstruction
brûlera son scénario
avant de se mettre au travail.
Samedi 6 Décembre 2003
Nebo :
Je me sens vide.
De ce vide
qui n’accouche de Rien.
Eric :
J'attends encore celui
qui viendra sonner
ma Cloche.
Dimanche 7 Décembre 2003
Nebo :
Les sages se sentent pleins.
De ce Vide
qui accouche de la Plénitude.
Eric :
Qui a dit :
« La musique c'est le silence
entre les notes » ?
Lundi 8 Décembre 2003
Nebo :
En ce lieu
où tout est formulé,
je me tiens debout
face à mon mystère
d’Être.
Eric :
J'ai laissé passer
des familles entières d'oiseaux
au-dessus de ma tête.
La migraine a disparu.
Mardi 9 Décembre 2003
Nebo :
Le jaillissement,
souvent,
n’advient pas.
Comme en ce moment même.
Eric :
Bulles éclatant à la surface de l'eau :
Un poisson qui meurt
et un autre qui rit.
Mercredi 10 Décembre 2003
Nebo :
Se lâcher de toute posture.
Être dans la Nudité de l’Être.
Vivre enfin.
Eric :
Les journées s'accumulent,
où l'on nie l'évidence.
Et puis soudain, l'espace d'une seconde,
Une fenêtre s'ouvre sur l'Eternité.
Jeudi 11 Décembre 2003
Nebo :
Tant de Masques
se conçoivent
dans l’Ombre
de Dieu.
Eric :
Ma signature n'est, à l'origine,
qu'une piètre imitation de celle
de mon Père.
Vendredi 12 Décembre 2003
Nebo :
Une caresse,
un regard,
un chant d’oiseau,
un Sourire.
Une autre matinée.
Eric :
Je cherche encore un visage
qui puisse
m'aimer.
Samedi 13 Décembre 2003
Nebo :
Parfois,
l’espace d’un instant,
tout semble possible.
Eric :
Les résidences bétonnées
abritent de nouveaux
Alchimistes.
Dimanche 14 Décembre 2003
Nebo :
Lourd,
comme un Rocher,
je me laisse couler
dans la paisible rivière.
Eric :
Au fond de mes poches
il y a toujours au moins deux pièces.
Pour une éventuelle offrande
Aux anguilles sacrées.
Lundi 15 Décembre 2003
Nebo :
La Virginité.
Le Souffle rafraîchissant.
La Guérison accessible.
Eric :
J'ai parcouru la totalité
de mon Corps
à la recherche d'une ancienne cicatrice
d'enfant.
Mardi 16 Décembre 2003
Nebo :
D’abord,
l’apparition sous les mains créatrices.
Puis, sous la foison des possibles,
nommons les choses.
Expérience.
Eric :
Au-dessous du cocotier,
Ma tête s'auréole
de crainte.
Mercredi 17 Décembre 2003
Nebo :
Peu de Certitudes.
Perdu, en somme.
La Solitude, seule,
M’apparaît totalement,
irréductiblement,
incroyablement,
Authentique.
Eric :
Je me suis surpris
à claquer la porte.
Défaillance de l'attention
Jeudi 18 Décembre 2003
Nebo :
En la Caverne,
le froid lui-même
est une douce chaleur.
Eric :
Les miettes du repas
sont mes ennemies
jurées.
Vendredi 19 Décembre 2003
Nebo :
Connecté aux mystérieuses limbes.
les maux éteints,
les mots absents.
La Musique seule
dit les choses et l’Être.
Eric :
J'aimerais saluer du chapeau,
hélas,
je n'en porte pas.
Samedi 20 Décembre 2003
Nebo :
L’Espoir se terre
dans le réseau
de nos nerfs,
dans la fibre
de nos muscles,
dans nos liquides
infinitésimaux.
Eric :
J'aimerais aussi faire don d'une valise
qui contiendrait tous mes objets précieux.
Mais je ne possède rien de
précieux.
Dimanche 21 Décembre 2003
Nebo :
Une Fraternité
me couronne en ce jour
face aux champs des possibles.
Eric :
Une vieille femme
m'a lancé un regard noir
ce matin,
dans la rue.
Lundi 22 Décembre 2003
Nebo :
Merveille des Chiffres
s’élançant vers partout,
nul part et au-delà.
Eric :
A l'autre bout
de mon tapis d'Orient,
Il y a peut-être un ami
qui comme moi
va dîner seul ce soir.
Mardi 23 Décembre 2003
Nebo :
Un curieux ensemencement.
Sensation d’arrêt.
Trouble du recueillement.
Juste avant la Projection.
Eric :
Dans ses bras,
Le tic-tac de l'horloge
Redevient inoffensif.
Mercredi 24 Décembre 2003
Nebo :
Lumière, ô Lumière !
Reviens vers l’âtre noir
de la caverne.
Lumière, ô Lumière !
Annonce la fulgurance,
clame la clameur d’être,
chante la Vision élargie,
danse la Joie de l’Amour,
vibre, Lumière,
éclaire, ô Lumière !
Panse, ô Lumière !
Souris, ô Lumière !
Eric :
Il n'y aura pas de fin heureuse,
ni dénouement miraculeux à cette histoire.
Ma débâcle est un chef d'œuvre
inattaquable.
Jeudi 25 Décembre 2003
Nebo :
Mon Corps
me rappelle
mes limites.
Mon sourire
les repousse
un peu plus loin.
Eric :
Etrangers, inconnus,
que je croise dans la rue.
Ils emportent, chacun de leurs côtés
un morceau de mon âme.
Vendredi 26 Décembre 2003
Nebo :
Vivre au milieu
des ruines.
En souriant
saluer le déclin.
Nonchalamment.
En apparence.
Eric :
De nos jours et même de tout temps,
céder à la bonne humeur
requiert de la prudence. De l'adresse...
Car on a vite fait de sombrer
dans la vulgarité.
Samedi 27 Décembre 2003
Nebo :
Une Solitude Hautaine
qui fait murmurer
dans mon dos.
Eric :
Passants sous l'averse.
En quête d'un abri.
Leur élégance est de courte durée.
Dimanche 28 Décembre 2003
Nebo :
Tricher
en riant
pour survivre.
Eric :
Aujourd'hui je sais combien
redevenir un enfant
tient de l'héroïsme.
Lundi 29 Décembre 2003
Nebo :
Ma veste en cuir,
usée, trouée,
veut témoigner
de mille années
de Nomadisme.
Mille années d’errance.
Eric :
Mon visage de quarante ans
possède une beauté
contredite par le miroir.
Mardi 30 Décembre 2003
Nebo :
Il m’arrive encore
de désirer de toutes mes forces
la vision définitive.
Eric :
Bouches hurlantes
aux passage des colombes
Victorieuses.
Mercredi 31 Décembre 2003
Nebo :
L’Homme recule devant lui-même.
Il cligne des yeux.
Tirant sur un joint,
je considère ce cirque.
J’écoute le hululement
de mes chimères.
Eric :
J'imagine un monde
où chacun irait cogner
à la porte de son voisin,
en quête de sel ou d'une
simple pipe.
Jeudi 1er Janvier 2004
Nebo :
Je tente de calculer
le temps qui me reste.
Ce sinistre Sursis.
Eric :
Quand la mort frappe
par surprise,
on ouvre grand les yeux.
Comme des nouveaux-nés.
Vendredi 2 Janvier 2004
Nebo :
Ce geste d’un lointain passé.
Ouvrir une vieille porte,
où dorment des démons
et se cachent des anges.
Eric :
Je suis sorti de mon cachot,
en pleine lumière,
pour regagner ce terrain vague
Où m'attendait l'Ange Exterminateur.
Samedi 3 Janvier 2004
Nebo :
L’Abîme est partout
où le regard se pose.
Le sonder
est une autre histoire.
Eric :
Certains jours bénis,
je me sens aussi léger
qu'un papillon.
Dimanche 4 Janvier 2004
Nebo :
L’Audace souveraine
du départ admirable.
Prendre le large
à chaque aube.
Eric :
De la lointaine Ithaque
me parviennent quelques échos
presque fantomatiques.
Lundi 5 Janvier 2004
Nebo :
Chaque histoire
appartient à celui
qui sait la mener
jusqu’au bout,
à son terme.
Eric :
Il peut nous en coûter
de transgresser certaines règles de vie
comme celle du "devoir d'inspiration", par exemple.
A raviver le cœur des autres,
on ravive aussi le sien.
Mardi 6 Janvier 2004
Nebo :
Un souffle qui incendierait
mon cœur.
Mon incantation
ne me mènera
nul part.
Eric :
Matelot,
apprend à naviguer
sur les vagues du mépris.
Jusqu'au Septentrion.
Mercredi 7 Janvier 2004
Nebo :
Accomplir les Actes
comme s’ils n’appartenaient
à Rien.
Si ce n’est
à la beauté du geste,
comme celui du Calligraphe.
Eric :
Si dieu existe,
il est en chacun.
Et en chacun subsiste
un raccourci jusqu'à lui.
Jeudi 8 Janvier 2004
Nebo :
Vêtu de noir
par respect
pour la nuit,
je guette le feu d’artifice
qui éventrerait la ténèbres.
Eric :
Un vieux vélo,
enchaîné à son poteau,
se reflète dans une flaque
de clair-de-lune.
Vendredi 9 Janvier 2004
Nebo :
Aux confins du désert
plus rien ne peut stopper
l’avancée du Serpent.
Eric :
Un cœur sec qui demande pardon
n'est pas tout a fait sec,
ou bien il est déjà vendu
au Démon.
Samedi 10 Janvier 2004
Nebo :
Les Loups descendront
sur les places publiques
aux jours précédant le Jugement.
Eric :
Aux derniers jours,
des vagues d'inconnus se précipiteront
sur d'autres vagues d'inconnus
et s'embrasseront a pleine bouche.
Dimanche 11 Janvier 2004
Nebo :
Rêves de flammes.
Sculptures surréelles.
Il me faut laisser
ces chimères à la cave.
Retrouver
une profession de Foi
terrestre.
Eric :
L'épicier me rend deux pièces
sur le prix d'une barre de céréales.
Puis enchaîne sur un autre client.
Lundi 12 Janvier 2004
Nebo :
Boire aussi
le Venin
du Serpent
pour mieux
en combattre
les morsures.
Eric :
Ne plus s'aimer,
ne plus se haïr.
Une luxueuse sensation
que j'expérimente en silence.
Mardi 13 Janvier 2004
Nebo :
L’infini devient une torture
lorsque, descendant du Ciel,
il possède un Corps
mortel et limité
pour sa densité,
son tourbillon.
Eric :
J'échangerais bien
une poignée de vagins
contre une poignée de main
amicale.
Mercredi 14 Janvier 2004
Nebo :
Glorieux combat perdu.
Nous avons quitté le champ de bataille
avec tous les honneurs.
Eric :
Quand on revient à la Guerre
apres avoir perdue la précédente,
ça ne s'appelle plus la Guerre.
C'est de la Poésie.
Jeudi 15 Janvier 2004
Nebo :
Devenir
un astre,
unique,
sur une voie lactée
unique.
Eric :
Avoir un corbeau
pour ami.
Réconcilier deux royaumes.
Vendredi 16 Janvier 2004
Nebo :
Si je suis d’une légende,
mystérieuse et profonde,
y-a-t-il un frère,
une sœur,
qui soit de ma légende,
de mon histoire ?
Eric :
Il nous est donné le pouvoir
d'imaginer toute une foule de mondes,
et autant de portes dont les clés demeurent souvent introuvables.
Nous-même ainsi avons-nous été imaginés.
Samedi 17 Janvier 2004
Nebo :
Une Offrande rythmique
à la courbe des lèvres,
au contour des reins.
Nous nous abandonnons.
Eric :
La pluie tambourine
contre les vitres.
Je ne sais si ma solitude
s'en trouve allégée ou bien
accentuée.
Dimanche 18 Janvier 2004
Nebo :
Aube écarlate
sur le suaire
de ma malédiction.
Eric :
J'observe la ville
Majestueuse et ensoleillée.
Muette et insondable,
comme une femme.
Lundi 19 Janvier 2004
Nebo :
Parvenir
à comprendre
mon séjour
ici.
Eric :
Le geôlier négligeant
de mon crâne
autorise le passage
des parias.
Mardi 20 Janvier 2004
Nebo :
Jeune
je n’imaginais pas
que la vie
serait ainsi.
Eric :
O, Légendes malfaisantes des forêts !
Votre musique trouve un chemin
jusqu'à mes oreilles,
creuse mon visage
Et y multiplie les rides.
Mercredi 21 Janvier 2004
Nebo :
Notre Silence.
Je bride
mes impulsions épistolaires.
Je fais le vide et m’isole.
Un lac tranquille.
Eric :
Je ne fais que
dissimuler, dissimuler,
toujours dissimuler.
Une caverne précieuse
au milieux des pillards.
Jeudi 22 Janvier 2004
Nebo :
Si je le pouvais
je cicatriserais
tes Blessures
avec quelques baisers.
Eric :
Choix décisif :
se jeter dans la gueule du Monstre
ou devenir l'idiot du village !
Vendredi 23 Janvier 2004
Nebo :
Ton œil
reflète la lumière.
Ton corps
la détourne.
Ta Force
cherche à la rassembler.
Eric :
Carte des Menus
apéritif, repas.
« Ça se passe bien ? »
Carte des desserts donc,
Sucreries et même
un café.
Addition.
« Au plaisir ! »
PS: Il n'y a plus de sable dans votre sablier.
Samedi 24 Janvier 2004
Nebo :
Notre histoire
tumultueuse
ressemble de plus en plus
à un hymne très ancien.
Eric :
Après que le moineau
se fut posé, puis endormi
au creux de son épaule,
le vieil homme sut qu'il avait atteint
Tout ce qu'il y avait à atteindre…
Dimanche 25 Janvier 2004
Nebo :
De l’Amour,
de l’Amour,
et d’avantage
que l’Amour.
Eric :
Le tapage de la rue.
Du chaos consenti.
Le brouillon des âmes.
Lundi 26 Janvier 2004
Nebo :
Mon visage matinal,
au réveil :
un arbre ancien.
Eric :
Je jure de mépriser
toute Victoire
prochaine.
Mardi 27 Janvier 2004
Nebo :
Quand je soulève
ma valise
j’ai mal au dos.
Eric :
Comme il est curieux
qu'à toujours vouloir retenir,
on perde de vue ?
Mercredi 28 Janvier 2004
Nebo :
Multiplicité.
Entrelacs.
Entre Aurore et Crépuscule.
Feux.
Lumière perforée d’Ombre.
Eric :
Bien polir ses chromes
pour absorber le ciel
et avaler la route.
Jeudi 29 Janvier 2004
Nebo :
La Vision
du monde
est une
contradiction.
Eric :
J'ai ajusté mes chaussettes,
resserré mes lacets,
reboutonné chacune de mes poches.
Prêt pour le sacrifice.
Vendredi 30 Janvier 2004
Nebo :
A l’intérieur,
dans les flux,
sous l’épiderme,
il faut parvenir
à emporter dans la Mort
ce qu’il y a de meilleur
de notre Vie.
Eric :
Dévissons le couvercle
de cette migraine.
Saupoudrons avec de l'azur.
Samedi 31 Janvier 2004
Nebo :
Je me charge,
le temps de trois mots écrits,
de toute l’incarnation
du monde.
Eric :
Imperméable a la logique
de l'orateur.
Je jaugeais les arguments
de sa moustache.
Dimanche 1er Février 2004
Nebo :
Ainsi, parfois,
la phrase est un mystère.
La voix adéquate y apporte
beaucoup de Clarté.
Eric :
Mes amis mastiquent tous
avec style.
Encore trop de repas pris
en compagnie des goujats.
Lundi 2 Février 2004
Nebo :
Ma lame fleurie dans le sang.
Le Lieu où je suis n’est pas nommable.
J’y entre et en sors
à ma convenance.
Rares sont les êtres humains
que j’y croise.
Nous y rompons le pain
sans arrière-pensée.
Eric :
Ecrire ses mots et les savoir perdus.
Les voir s'éloigner comme autant de vaisseaux
lancés au hasard.
Mardi 3 Février 2004
Nebo :
Ecriture.
Trace singulière,
foudroyante,
affirmée.
Eric :
Une fleur gracieusement tenue
et non pas saisie.
Une fleur tendue.
Mais pour personne.
Mercredi 4 Février 2004
Nebo :
Le poème
n’a qu’un seul but :
rendre visible,
palpable,
la Réalité.
Eric :
Mes premiers terrains de jeu,
coccinelles, pâquerettes et
boutons d'or.
Une tristesse de toute
Beauté.
Jeudi 5 Février 2004
Nebo :
La Robustesse.
Le feu de mes ressources.
Je suis comme tout le monde :
un puits sans fond.
Comment l’appréhender ?
Eric :
Travailleurs de la tôle
aux regards durs.
Je les contemple.
Modeste puceron.
Vendredi 6 Février 2004
Nebo :
Je sais qu’une bonne convalescence
exige parfois de sévères restrictions.
Il me faudrait brûler bien des choses.
Ses lettres en premier lieu.
Eric :
Hommes sans attaches
aux robustes mâchoires.
En route pour le Royaume
du Prêtre Jean.
Samedi 7 Février 2004
Nebo :
Avec le temps
on fini toujours
par trouver sa place.
Mais il faut s’y atteler
Au plus tôt.
Eric :
Au bout des territoires conquis de haute lutte,
on ne trouve pas de récompense.
Juste une longue tristesse.
Dimanche 8 Février 2004
Nebo :
Mes supplications
se perdent
dans le Vide.
Elles ne trouvent aucun allié.
Eric :
Ce qui nous est offert
est tellement plus grand
que ce que l'on désire,
qu'il y a nécessité
à réajuster notre vision.
Lundi 9 Février 2004
Nebo :
Avec de la patience,
les livres finissent
par nous céder leurs secrets.
Eric :
Je me suis adossé à un arbre,
perdu dans mes pensées.
Au fin fond du Manuscrit
trouvé a Saragosse.
Mardi 10 Février 2004
Nebo :
Les mots,
tendrement,
devraient pouvoir
réparer le moindre
chagrin.
Abréger le désordre du Monde.
Eric :
Un dispensaire
aux litières vides.
Dehors, des lépreux
jouant aux dominos.
Mercredi 11 Février 2004
Nebo :
J’ai jouis,
soufferts
et aimé.
Comme les marins
avec l’Océan.
Eric :
J'ai commencé
depuis hier,
à chérir le passé.
Jeudi 12 Février 2004
Nebo :
Mes oreilles hurlent
et saignent
de ce silence
suspendu
qui n’est point Paix.
Eric :
Au pic de la tour
la plus haute :
une goutte de Rosée.
Vendredi 13 Février 2004
Nebo :
L’écriture ne devrait
même plus être
un palliatif.
De palliatif,
il ne devrait
même plus y en avoir.
Tout devrait être Là.
Simplement.
On devrait pouvoir
avaler sa douleur
et la chier
à Satiété,
en Rigolant,
dans une
INCARNATION TOTALE.
Eric :
Du vent s'engouffre
dans les portes.
Il prend les décisions,
répudie l'ancien mobilier.
...
Sur le bord d'anciennes nationales,
déployant leur fulgurance
au travers du pays,
gisent quelques glorieux
noyaux de pêches.
Samedi 14 Février 2004
Nebo :
L’Homme Total
Sème et Moissonne
tout au long de l’année.
Constance.
Eric :
Nos solutions sont
pleines d'amour.
Elles ne se formalisent pas
d'être ainsi dédaignées.
Dimanche 15 Février 2004
Nebo :
L’Aube
s’amoncèle
en mes Veines.
Eric :
Mes sourcils distingués
Suffiront pour le
Carnaval.
Lundi 16 Février 2004
Nebo :
Une barque,
entourée de roseaux,
cherche une articulation
dans la respiration du soir.
Eric :
Rubans de nuages
dans un ciel pourpre.
Un ciel semblable a ceux, perdus,
de mon adolescence.
Mardi 17 Février 2004
Nebo :
L’écorce,
ma main,
sueur et sève.
L’Hiver transpire
sa fuite, déjà.
Eric :
Oh j'ai honte
de n'avoir pas su
aimer ces arbres.
ils veillaient pourtant chaque nuit,
derrière les vitres.
Juste au pied de ma chambre.
Et maintenant, qu'est-il donc devenu,
mon sommeil d'enfant inviolé ?
Mercredi 18 Février 2004
Nebo :
La Source
veut tarir.
Nos larmes
la rempliront
peut-être.
Eric :
Avant le second souffle,
prêts a tout lâcher.
C'est un instinct supérieur
qui nous maintient en course.
Jeudi 19 Février 2004
Nebo :
Je guette
l’heure
lumineuse.
Eric :
Je regarde
pousser
ma barbe.
Vendredi 20 Février 2004
Nebo :
Un livre Blanc
portant, juste,
trace de mon Sang.
Eric :
Après ma mort ?
Servez-vous donc !
Ouvrez les tiroirs,
sortez les malles.
Vous n'y trouverez que
des itinéraires inachevés.
Samedi 21 Février 2004
Nebo :
Résurgences
très anciennes.
La Distance se réduit
entre moi et moi.
Eric :
En période de méditation intense,
se déclenchent, à la verticale
de mon âme,
des sons purs comme
le cristal.
Dimanche 22 Février 2004
Nebo :
Cette courbe
qui m’intercepte
et m’interdit,
m’engendre
et m’afflige.
Eric :
Ne sous-estimez pas
le rôle de Harry Potter
sur la génération future.
Lundi 23 février 2004
Nebo :
Suis-je au fait de devant qui,
devant quoi,
mon cœur trépide ?
Ma main suit
une abstraite courbe.
Quête.
Amertume.
Ma mémoire cherche
à s’ajuster.
Eric :
J'ai eu confiance
malgré tout.
Une immense confiance.
pourquoi douter
si près du but ?
Mardi 24 Février 2004
Nebo :
Parfois,
à nouveau,
comme au temps
de mes 20 ans,
j’aspire au départ,
sans espoir de retour.
Eric :
Quand Dieu prépare
ses bénédictions
l'air devient sec et
silencieux.
Mercredi 25 Février 2004
Nebo :
Aigle, né à proximité
de la source noire,
à chaque soif
inapaisable j’y reviens.
Curieux exil.
Eric :
Qu'as-tu fait camarade ?
Que ne m'as-tu cherché des yeux ?
Tu m'aurais trouvé.
Au lieu de mettre fin
à tes jours.
Jeudi 26 Février 2004
Nebo :
Par le cheminement
des Siècles
vint, un jour,
le souffle incarné.
Eric :
Sur une locomotive désaffectée,
envahie par les fleurs.
Je digérais le sermon du
curé.
Vendredi 27 Février 2004
Nebo :
Les flancs de l’Aube
saignent
le martyre.
Eric :
Boum Boum Boum !
Ouvrez-donc cette porte.
C'est ici que j'ai vécu...
Il y a si longtemps.
Samedi 28 Février 2004
Nebo :
Parfois je guette
une moisson d’été
dans ta voix fragile.
Eric :
Ah, l'odeur du premier baiser !
Jusqu'où m'a t-elle emmené ?
J'ai rouvert les yeux
bien trop tôt.
Dimanche 29 Février 2004
Nebo :
Ma paume dans la tienne.
Un beau Silence.
Une chute libre.
Le Monde reste à faire.
Eric :
Derrière ces dunes
et tous ces arbres ensablés,
elle s'est embarquée dans la chaleur
de l'après-midi.
Pour y goûter l'amour...
Dans les bras d'un autre.
Lundi 1er Mars 2004
Nebo :
Arbre de la Connaissance.
Arbre de Vie.
Un oiseau a-t-il été témoin
du désastre de la tentation ?
Eric :
Un enfant a pris ma main,
m'a emmené vers des jeux
dont je ne connais plus le sens.
Mardi 2 Mars 2004
Nebo :
La serpe dans l’ombre.
Le Pain.
Le Vin.
Le Miel.
Le Fromage.
La quiétude.
Eric :
Derrière ces portes,
on s'éclaire à la bougie.
On invente des contes
pour endormir les enfants.
Mercredi 3 Mars 2004
Nebo :
La Plume
sans encre
ne demeure pas muette.
Un cœur.
Un couteau.
Roulez jeunesse.
Eric :
Ne me faites pas rire,
jeunes gens talentueux.
Par pitié, ne me faites pas rire.
Ou je pourrais en mourir.
Jeudi 4 Mars 2004
Nebo :
Ce Simulacre
qui nous sert
de repère :
en Rire en dansant.
Eric :
Je ronge mes ongles.
Regarde le ciel.
Recrache dans la rivière.
Vendredi 5 Mars 2004
Nebo :
Le bottleneck au doigt,
je récolte
des spasmes douloureux.
Eric :
Quand l'Art s'installe
où on ne le prévoit pas,
il s'allège soudain.
Samedi 6 Mars 2004
Nebo :
La guitare a définitivement
planté ses lames dans les cibles choisies.
Les chansons l’affirment.
Je suis VIVANT.
Son des cloches
sur la Place Saint-Marc.
Eric :
Retour de Croisade.
Pour certains, c'est maintenant
qu'elle commence :
à la descente du bateau.
Dimanche 7 Mars 2004
Nebo :
Le temps m’est compté.
Je bois le thé vert
et me brûle.
Eric :
Le dehors se fait
de plus en plus féroce.
Le dedans, lui,
regorge de surprises.
Lundi 8 Mars 2004
Nebo :
Le paradoxe
de mon Être :
je vis
comme je déteste.
Eric :
Faire la poussière de
mes livres.
Deux fois l'an.
Mardi 9 Mars 2004
Nebo :
Feuille de houx
sur l’Océan en furie,
je lève les voiles.
Eric :
Une sculpture représentant...
un bras de fer.
Pas de gagnants !
Mercredi 10 Mars 2004
Nebo :
Ce qui me dévore
de l’intérieur
se tait.
Eric :
Au Jugement Dernier
je ne réciterais pas La Fontaine.
J'improviserais.
Jeudi 11 Mars 2004
Nebo :
Ce bras de fleuve,
qui mène à la mer,
tordu, vivace,
c’est moi.
Eric :
Un vieux clocher
me rappelle tout ce que j'ai laissé
derrière moi.
L'occasion d'une chanson.
Vendredi 12 Mars 2004
Nebo :
Mon âme bande,
se dépouille de son corps,
s’engouffre dans les fonds.
Avec crainte.
Eric :
Que le prochain coiffeur
à saisir ma chevelure
soit béni.
Samedi 13 Mars 2004
Nebo :
C’est un temps de fureurs.
Il faut faire l’Amour
et, face au Simulacre,
feindre pour survivre.
Eric :
J'ai enfermé quelques-uns
de ses cheveux d'or
dans le creux d'une enveloppe.
Dimanche 14 Mars 2004
Nebo :
Canevas du Cosmos.
Etoffe de la Matière.
Moi, ici-bas,
ne suis qu’une Larme.
Ma prière se poursuit.
Eric :
À quoi se raccrocher ?
Cette fois-ci je sais
qu'il n'y a rien.
Je laisse mon cœur
tambouriner.
Lundi 15 Mars 2004
Nebo :
Voici,
depuis un an
rien n’a bougé.
Seul le Monde persévère,
dans sa combustion Hivernale.
Ronde des aliénés.
Bal perpétuel des sorciers,
des démons, des nains,
des sacrificateurs de l’innocence.
Et pourtant, chaque jour,
j’apprends à aimer.
Eric :
Quand une signature
avec des larmes
n'est pas possible,
alors on jette sa lettre.
Toujours la même Jam avec Little Bob
FIN
07:55 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : venice, haïkus, poésie, nebo, eric james, rock, musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/03/2007
Messages Transatlantiques -IV-
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Lundi 1er Septembre 2003
Nebo :
« Il importe peu
de vouloir
changer le monde.
L’essentiel
est d’accepter
de se changer soi. »
me dit la brindille
sur le chemin.
Eric :
« Et n'oublie pas :
non pas le changement
mais l'acceptation du changement.
L'action non-corrompue ;
non-agissante. »
Me dit alors la brindille,
quand je la portais
à ma bouche.
Mardi 2 Septembre 2003
Nebo :
Les faux-culs
conjurent en silence.
De côté, je les surveille.
Ma lame est aiguisée.
Eric :
J’époussette mes manches,
une odeur de malédiction
et le cœur débordant.
Eric :
Masturbation magnifique.
Oubli total de la misère humaine.
Grandeur et abondance volcanique.
Auto-autodafé !
Nebo :
Les mots
lacèrent le vif
des sombres carnes.
Mercredi 3 Septembre 2003
Nebo :
La souffrance est apaisée.
Le sel de la vie
enlève son goût d’acier
dans ma bouche.
Eric :
Dans le vent,
rien qui ne soit déjà parti.
Le grenier de mon crâne
est résolument vide.
Eric :
Ai-je encore quelque chose a dire ?
Quelque chose a prouver ?
Quand tu m'offres ton ventre
à lécher.
Nebo :
Parfois je meurs.
Me réveille plus tard.
Prêt pour une autre partie.
Jeudi 4 Septembre 2003
Nebo :
Dans l’enceinte
je me faufile.
Ils m’observent,
m’analysent.
Tel un curieux fantôme.
Je souris.
Eric :
Les mains en arabesque
je joue a créer des mondes.
Des Paradis et des enfers.
Eric :
J'ai mes entrées chez les souris.
Toutes les magouilles
de Cendrillon.
Nebo :
En fin Stratège,
j’élabore de jour en jour
ma traversée transversale
du Labyrinthe.
Vendredi 5 Septembre 2003
Nebo :
L’encre a laissé des traces
sur mes doigts.
Comme du sang existentiel.
Eric :
Je me promène.
Je suis dans les rues.
Je suis un brouillon
ambulant.
Eric :
Face au miroir.
Respectueux envers mes genoux.
Attendri devant mon nombril.
Terrorisé par ma bouche.
Nebo :
Ma Viande a encore
deux ou trois choses
à affirmer.
Á vivre.
Samedi 6 Septembre 2003
Nebo :
Une vieille photo.
De piteux souvenirs.
J’en ris à pleines envolées.
Je suis là.
Eric :
S'il m'était donné de revenir
dans ma vie passée,
je serais tenté par le Mal.
Eric :
Je claque mes fesses
à pleine volées,
rattrape le temps perdu.
Nebo :
Curieux !
Quelques papiers froissés
Me précipitent vers l’avenir.
Dimanche 7 Septembre 2003
Nebo :
Ne rien dire.
Les choses se présentent.
Les cueillir.
Eric :
Encore plus de baisers. Encore plus de lèvres.
Voir si au bout de l'extase
quelque chose se donne
enfin à toucher.
Lundi 8 Septembre 2003
Nebo :
Les signes sont manifestes.
Qui les voit ?
Comme aux jours de Noé
chacun vaque à ses occupations.
Eric :
Quelle punition divine
pour la modernité ?
Qu'elle se voit couronnée
de succès !
Mardi 9 Septembre 2003
Nebo :
Le feu intérieur.
Je le sens.
Il prit.
Il danse.
Je jouis.
Eric :
Je lance un regard neuf
sur mon épiderme
rajeuni malgré moi.
Mercredi 10 Septembre 2003
Nebo :
L’aigle a touché terre.
A présent, encore,
il déploie ses ailes
pour un autre envol.
Eric :
Les brebis sont gommées des champs.
Le vent joue dans l’herbe
comme sur une lyre.
Jeudi 11 Septembre 2003
Nebo :
Les physiciens quantiques
pensent « à gauche ».
Les billes sont lâchées
et tombent à gauche !
Eric :
J'ai pensé « Gagnant » !
Et depuis
mes dés roulent toujours.
Vendredi 12 Septembre 2003
Nebo :
Je lui demande : «
Comment voudrais tu
que je te prenne ? »
Elle me dit : «
Par derrière.
Comme une pute.
Une chienne.
Une salope. »
Je bois du champagne,
fume un joint,
la considère.
Je souris.
Eric :
En pleine débauche lucide,
je me donne
comme un yogi,
un Bouddha,
un Christ.
Samedi 13 Septembre 2003
Nebo :
Parfois, cet étrange sentiment :
la Vie n’est pas,
la Mort non plus.
Douces, très douces illusions.
Eric :
Rien ne se laisse capturer
A l'école de l'Erreur.
Dimanche 14 Septembre 2003
Nebo :
Le disque dur
du Roland VS-1880
crépite comme un feu.
L’Athanor des alchimistes.
Eric :
Ma bouche se pince.
Mon regard se fait dur.
Les conditions requises
Pour l'éclat de rire.
Lundi 15 Septembre 2003
Nebo :
Dire est difficile.
Surtout dire
l’essentiel.
Eric :
Comme autant de précieux Mandalas de sable,
Jetés solennellement dans la rivière,
Imaginons la destruction systématique
De toutes les oeuvres d'art
Apres leur parachèvement.
Mardi 16 Septembre 2003
Nebo :
Lorsque les mots me manquent,
mes palpitations me reprennent !
Juste combat.
Eric :
Il m'a fallu être attaqué
par les démons
pour apprendre la politesse.
Mercredi 17 Septembre 2003
Nebo :
Nous prenons.
Sans cesse.
N’avons cesse de prendre.
Et pourtant,
donner est une bénédiction.
Eric :
Pour le grand nombre
l'authentique générosité
est souvent perçue comme une insulte, un danger,
quelque chose d'inapproprié
qui avance comme Jésus,
à découvert.
Jeudi 18 Septembre 2003
Nebo :
Une délivrance
par les Sens.
Bien que les Sens
soient trompeurs.
Voilà qui me semble
très clair.
Eric :
J'ai la certitude
d'un corps.
Donc d'un chemin.
Vendredi 19 Septembre 2003
Nebo :
La Solitude
est aussi,
est surtout,
un Royaume.
Eric :
Pour qui sait tendre l'oreille,
il y a du vacarme
dans les sables du désert.
Samedi 20 Septembre 2003
Nebo :
Par la lecture
et l’écriture,
au quotidien,
je me trace à la machette
un chemin de fortune,
dans l’épaisse jungle
« humaine trop humaine ».
Eric :
Quand ma plume se pose,
que mes yeux reviennent sur le Monde,
j'ai cinq ans.
Dimanche 21 Septembre 2003
Nebo :
Etre dans la voie
consiste bien, en fait,
à laisser venir à Soi
la texture du Monde.
Alors exulte
notre Esprit Créateur.
Eric :
Aucune cloison n'est à l'épreuve du rire.
Le grand méchant loup aurait dû
y penser.
Lundi 22 Septembre 2003
Nebo :
L’Absence de liens
entre l’Être et les Choses
semble bien être
la maladie Moderne
ultime.
Eric :
Décomposition des jours et des âmes
aussi fascinante
qu'un bouquet final.
Mardi 23 Septembre 2003
Nebo :
Vulgarité des mots.
Imagination des maux.
Tout est définitivement aplatis.
Partout :
massacres,
génocides de circonstances.
Hainamourement,
souffrances.
Eric :
Une fourmi escalade sa colline,
elle ignore tout
de la botte.
Mercredi 24 Septembre 2003
Nebo :
La profonde fatigue.
Redoutable ennemi intérieur.
En embuscade à Vie.
Eric :
Le bouton de rose
ignore le doute.
Ne soupçonne pas même
sa future éclosion.
Jeudi 25 Septembre 2003
Nebo :
Antre des possibles.
A l’intérieur,
les forces se regroupent.
Eric :
Toujours consciencieux
au cœur même de la lutte.
Je récupère dans le creux de ma main
les miettes du petit déjeuner.
Vendredi 26 Septembre 2003
Nebo :
Logique. Logos. Verbe.
Pensée. Cheminement.
Tout se déploie avec assurance.
Eric :
Panique-Froncements de sourcils,
Moiteur des mains.
Echec-Héroisme.
Samedi 27 Septembre 2003
Nebo :
Est-il encore d’usage
de tenir compte
des quatre points cardinaux
lorsqu’on s’oriente ?
Parfois j’en doute
face à une telle agitation.
Eric :
Voix orageuses,
cavalcades dans le ciel,
invitations au salut
où à la perdition.
Dimanche 28 Septembre 2003
Nebo :
La chair est une couronne.
L’esprit est un Sabre.
L’Être s’en satisfait.
Eric :
A chaque nouvelle vie
rentre une dose d'humour
supplémentaire.
Lundi 29 Septembre 2003
Nebo :
Si cette malédiction se poursuit,
j’en ferai une bénédiction
pour la sélection des humbles.
Eric :
Spermatozoïde dans sa course aveugle,
et puis Mystère et Métamorphose. Omniscience.
Et puis Stupeur.
Et puis nouveau départ
sous la lumière trompeuse.
Mardi 30 Septembre 2003
Nebo :
Un vent fort
nous encercle
dans sa gangue.
Je te salue Seigneur.
Eric :
Centimètres perdus sous l'astre royal.
Quand le dos du vieillard se voûte
sa prunelle reste scintillante.
Mercredi 1er Octobre 2003
Nebo :
Douceur des traits.
Velouté des formes.
Le calligraphe
pratique l’érotisme.
Eric :
Rayer une vie entière
pour les lèvres
d'une fille.
Jeudi 2 Octobre 2003
Nebo :
Ces Stances
ne sont que des canifs
jetés au hasard
du grand Mektoub.
Eric :
Mes compagnons itinérants
ont tendu haut leurs chiffons :
ils me rappellent à leur danse.
Vendredi 3 Octobre 2003
Nebo :
Gerbe d’éclairs.
Passion. Ivresse.
Allons !
Croisons le fer
puisqu’il le faut !
Eric :
J'ai mendié deux pièces d'or,
j'ai recouvert le Prince de haillons.
Pour juste un peu d'air pur.
Samedi 4 Octobre 2003
Nebo :
Le feu dans la poitrine.
La toux l’attise à profusion.
Un univers en moi
s’élabore.
Eric :
Je déchaîne les tempêtes
en clignant
des yeux.
Dimanche 5 Octobre 2003
Nebo :
L’incarnation,
bien que douloureuse,
se poursuit.
Eric :
Battements du cœur, aussi lourds
que les coups du marteau
sur l'enclume.
Lundi 6 Octobre 2003
Nebo :
A nouveau,
de loin,
les navires
me font signe !
Adorable Haschisch…
Eric :
Le vol de la mouette
soulage ma souffrance.
Je suis happé.
Mardi 7 Octobre 2003
Nebo :
Sueurs. Spasmes.
Souffles. Sucre amer.
Son sexe m’accueille.
Lutte acharnée.
Eric :
Mes mains cherchent un appui,
une échappatoire.
Il n'y a que son corps.
J'apprends a étreindre.
Mercredi 8 Octobre 2003
Nebo :
Le désir sournois
d’être une tornade,
un Volcan.
Une apocalypse guerrière.
Eric :
Des voix plutôt que l'écho.
Des poignées de mains
au travers des vitrines.
De la vie plutôt que du rêve.
Jeudi 9 Octobre 2003
Nebo :
Enjamber les cadavres
nombreux parmi les vivants.
Mort-vivants en vérité.
Un masque de médecin
sur mon visage effacé.
La Peste à éviter.
Eric :
Vagues de poussières
victorieuses
au raz des soupiraux.
Vendredi 10 Octobre 2003
Nebo :
Que survienne
enfin
le souffle salvateur
d’une Esthétique
générale !
La Mort s’en trouvera
déconcertée.
Eric :
La guérison universelle
des mains moites.
Une nouvelle ère.
Samedi 11 Octobre 2003
Nebo :
Le poids.
M’en délester.
La Danse aventureuse.
Un rire de Prince.
Eric :
Débarrassé de mes bagues,
et autres colliers,
je suis entré dans l'eau
du Baptême.
Dimanche 12 Octobre 2003
Nebo :
L’Abîme
attire mon œil.
J’observe
la courbe du cou.
La veine néfaste.
Eric :
L'apprentissage par la douleur,
c'est le venin transformé
en Antidote.
Lundi 13 Octobre 2003
Nebo :
Crier des faits.
Soulever des nécessités.
Que faire d’autre ?
Eric :
Envoyer rouler une pierre
d'un coup de pied.
Et suivre sa course.
Exutoire rudimentaire.
Classique indémodable.
Mardi 14 Octobre 2003
Nebo :
Me soumettre ?
Jamais !
Quoi que…
… la littérature y parvienne.
Elle seule !
Eric :
Des milliers de livres
et leurs premiers chapitres ;
leurs approches respectives
dans l'Art des préliminaires.
Mercredi 15 Octobre 2003
Nebo :
Vide au point
de ne pas pouvoir
écrire le mot
« Vide ».
Eric :
Optimisme de la bulle de savon
juste avant
qu'elle ne crève.
Jeudi 16 Octobre 2003
Nebo :
C’est dans la Solitude
que je trouve
l’équilibre.
Lourdeur partout ailleurs.
Tristesse.
Eric :
Crever ses poches
comme Rimbaud.
Oublier le tripotage
de la menue monnaie.
Vendredi 17 Octobre 2003
Nebo :
Parfois,
Je songe à elle.
Etrange manque.
Eric :
Tout ceci n'est que du vent
me direz-vous.
Oui, mais il contribue
à gonfler ma voile.
Samedi 18 Octobre 2003
Nebo :
La seule règle
De base
C’est qu’il n’y a pas de règles !
Juste des lois !
Eric :
Douceur du policier caressant sa matraque
et le bourreau sa hache.
Un Subtil paradoxe.
Dimanche 19 Octobre 2003
Nebo :
O Saint Haschisch
qui détruit
ou régénère !
Eric :
J'ai connu un guitariste
aux mains défoncées.
Sa guitare s'appelait Esmeralda.
Lundi 20 Octobre 2003
Nebo :
Nuit.
Les battements de cœur
en vérité valsent.
Un Royaume s’ouvre.
Je m’avance.
Eric :
Ils ont frappé à la porte
ce matin-la.
N'ont découvert que son cadavre.
Et le restant d'un petit déjeuner.
Mardi 21 Octobre 2003
Nebo :
Temple abîmé.
Blessures de l’âme.
Nous sommes tenus en laisse.
Soumis.
Mektoub.
Eric :
Une vieille fierté
veut que je marche sur ces oeufs
sans en briser aucun.
Mercredi 22 Octobre 2003
Nebo :
Courbatures.
Fièvre.
Larmes.
Apprendre à subir.
Eric :
Quand chaque matin
je me hisse hors du lit,
je ne sais si je suis
perdant ou victorieux.
Jeudi 23 Octobre 2003
Nebo :
L’apprentissage authentique,
c’est celui du sacrifice consenti
juste pour exister.
Eric :
La vie. Juste une longue seconde.
Le temps donné à une larme
pour qu'elle puisse toucher terre.
Vendredi 24 Octobre 2003
Nebo :
C’est, parfois,
dos au mur
que les solutions
surviennent.
Eric :
L'authentique volonté
est incontrôlable, inattendue.
Elle ne se cuisine d'ailleurs pas.
C'est une Cru-auté.
Samedi 25 Octobre 2003
Nebo :
Nous produisons.
Nous consommons.
Nous dormons.
Nous vieillissons.
Morts avant d’être au monde.
Eric :
Jour après jour
je le rempli comme je peux,
mon flacon de lucidité.
Dimanche 26 Octobre 2003
Nebo :
Trouver le mot est faux.
C’est le mot qui me trouve.
La barque est au centre des roseaux.
Eric :
Ne jamais pouvoir désemplir.
est-ce être vide
ou bien plein ?
Lundi 27 Octobre 2003
Nebo :
Tu me captes.
Le cœur enflé.
L’automne nous va bien.
Tout est inaccompli.
Eric :
Les bribes du passé
s'attachent à remuer derrière moi.
Agitation comique et poussiéreuse.
Queue du chien errant.
Mardi 28 Octobre 2003
Nebo :
L’instant est lumineux.
Le front au ras des flots,
le couteau à la main,
j’avance.
Eric :
Je fonce droit
vers mon Zénith.
A l'est de Saint Jean.
Mercredi 29 Octobre 2003
Nebo :
Le poème brûle
comme un feu
de résistance.
Le séisme se propage.
Eric :
O mon frère !
Nos accords, nos différents,
nos disputes, nos fruits !
Jeudi 30 Octobre 2003
Nebo :
Entre deux fronts,
quatre yeux,
deux langues,
s’instaure le Silence.
Eric :
Mon amour, mon amour,
rappelle-moi encore
l'abîme qui nous sépare.
Vendredi 31 Octobre 2003
Nebo :
Ta présence occultée
m’irradie
avec violence.
Eric :
Le souvenir de sa voix
filtrée par le téléphone.
Ancrée sur mon âme.
Samedi 1er Novembre 2003
Nebo :
L’aigle survole
les eaux noires,
infestées de salamandres,
de crapauds,
de serpents.
Eaux noires
creusant le cour des choses.
Eric :
J'attend de la modernité
une vraie fantaisie.
Une nouvelle cité lacustre.
Une nouvelle Venise.
Dimanche 2 Novembre 2003
Nebo :
Le sang se cabre
comme un cheval féroce.
Les guerriers pénètrent les murs,
leur clameur réveille
les très anciennes maisons.
Eric :
Les amours du passé
reviennent frapper à ma porte.
Ils réclament l'addition.
Lundi 3 Novembre 2003
Nebo :
Mon sommeil est un lac paisible.
L’éveil un ruisseau serein.
Puis je guette
le courant propice.
Eric :
Ma jambe droite
pas plus que ma jambe gauche
ne connaissent le Tao.
Elles m'entraînent dans la rue.
Mardi 4 Novembre 2003
Nebo :
Au centre.
Main tendue.
Prise fragile.
Rien ne jaillit.
Eric :
Je me rend invisible.
Je passe inaperçu.
J'observe à loisir.
Mercredi 5 Novembre 2003
Nebo :
Aller au bout de la lumière
est une affaire
de présomptueux.
Eric :
La dévotion doit se consommer
avec un zeste
d'humour.
Jeudi 6 Novembre 2003
Nebo :
La Violence de la Racine
quand elle se rappelle
à nous.
Un forage souvent s’impose.
Eric :
Belle saleté du mineur,
à creuser au voisinage
de la Mort.
Vendredi 7 Novembre 2003
Nebo :
En guise d’étoile
ton œil scintille.
L’âtre de ton ventre
dévore ma viande.
Eric :
L'orgasme a modifié
son haleine.
Curieuse chimie.
Samedi 8 Novembre 2003
Nebo :
La Sagesse sereine
sait être inquiète.
La fibre s’érige
à la rencontre du monde.
Eric :
De retour au soleil.
Mes yeux embués de larmes
et des compagnons
aux bras chargés d'amour.
Dimanche 9 Novembre 2003
Nebo :
Ta courbe m’est dédiée.
L’intimité de ta langue
me dit l’essentiel.
Eric :
La sueur de mon front.
Essence grasse et magique.
La main glisse en arrière du crane.
Peigne et me réconforte.
Lundi 10 Novembre 2003
Nebo :
Le creux de la nuit
est une maison
protectrice.
Eric :
Dans l'obscurité.
Baisers de l'autre monde
sur ma bouche.
Mardi 11 Novembre 2003
Nebo :
Dans cette clairière
la Haute Lumière
réanime le feu
de la Légende.
Eric :
Forêt antique de l'enfance.
Terre rouge et Eucalyptus.
Epaules solidifiées.
Mercredi 12 Novembre 2003
Nebo :
Ta tendresse
aimante mon cou,
mes épaules,
mes mains.
Nous sourions.
Eric :
Ecarter un cheveu
de sa bouche.
N'attendre rien.
Jeudi 13 Novembre 2003
Nebo :
Nomades.
Levons le camp.
Ensablons le feu.
L’horizon chante.
Eric :
Le fouet a laissé ses marques
sur mon dos.
La douleur me pousse
vers l'avant.
Vendredi 14 Novembre 2003
Nebo :
L’ombre tantôt me suit,
tantôt me devance.
Fidèle compagne.
Eric :
Retrouvez-moi.
Indiquez-moi ma place.
Je marche et ne me saisis plus.
Samedi 15 Novembre 2003
Nebo :
Je m’ancre dans la non-action.
Le Sabre et la Plume.
C’est un mouvement, en fait,
très particulier.
L’avancée est profonde.
Eric :
Mouvement des mains
qui se joignent.
Récoltant l'eau de pluie.
Dimanche 16 Novembre 2003
Nebo :
Il faut toucher le nerf.
Sang est le Livre.
L’écriture est Aube.
Toujours.
Maintenant.
Eric :
Phrases longues comme des rails.
Locomotive de ma tête,
attaquée de toute part.
Lundi 17 Novembre 2003
Nebo :
La Liberté
est une attitude intérieure.
Un Socle interne
que rien n’atteint.
Une Fondation,
non une posture.
Quel que soit
le Régime en place,
un Homme Libre
est toujours
un Homme Libre.
Eric :
J'ai ri.
Tenant une fleur
à la bouche.
Mardi 18 Novembre 2003
Nebo :
La réalité intime
de mon Cerveau
me dicte des choses
qui semblent folles,
bien que très raisonnables,
auxquelles ma Raison
n’entrave que couic.
Eric :
J'ai construit mon être
Rempart après rempart.
Meurtrière après meurtrière.
Pauvre Forteresse !
Mercredi 19 Novembre 2003
Nebo :
Je pratique sans cesse
de terrifiants réajustements.
Sinon je ne serais
qu’un abîme constant.
Eric :
Au point de non-retour,
je me vois
habillé de terreur
et assoiffé d'amour.
Jeudi 20 Novembre 2003
Nebo :
L’Homme est perdu
dans la moiteur
des ténèbres de l’Homme.
Eric :
Dans le pire de mes cauchemars,
je veux hurler,
mais ne peux que gémir.
Vendredi 21 Novembre 2003
Nebo :
Être, c’est, aussi,
être infirme,
malhabile,
sale.
Chair incarnée
n’ayant
plus pieds dans la Vie.
Eric :
Envoyez mon double faire son jogging,
envoyez mon double au cinéma,
envoyez mon double faire la queue
au restaurant huppé !
Samedi 22 Novembre 2003
Nebo :
Mille abruptes pentes
à gravir.
Irruptions néfastes.
Nécessité.
Sainte Nécessité.
Très très Sainte Nécessité.
Eric :
Une vie sans surprises,
surprenante de
banalités.
Dimanche 23 Novembre 2003
Nebo :
L’engourdissement.
Le vertige.
L’initiation.
Me débarrasser
des raclures
de mon Être.
La Toux me crève les poumons.
Eric :
Contre les coups du sort,
préférer une lutte sans violence :
Grandeur d'Âme,
Patience,
Aristocratie.
Lundi 24 Novembre 2003
Nebo :
Être Voué à la terreur
et à l’angoisse.
Seul au monde.
Nuit de Noces intimes.
Eric :
Sur ma lande desséchée :
les buissons du dégoût,
les fleurs de la solitude.
Mardi 25 Novembre 2003
Nebo :
Ecrire est une Métaphysique
du Cœur.
Lointaines traces Humaines
dans les méandres de l’âme.
Eric :
L'artiste se pose souvent malgré lui
en Homme de Foi,
en Homme de Défi.
Mercredi 26 Novembre 2003
Nebo :
Un immense cantique de Vie
jaillit de l’Univers,
étouffé par la Passion néfaste
du monde.
Sado-masochisme Total.
Eric :
Mes yeux ne voient plus
les « Pourquoi », les « Comment », les « Hélas ».
Mes yeux sont devenus secs.
Pierreux.
Jeudi 27 Novembre 2003
Nebo :
Ma douleur
finira bien
par m’entraîner
vers les monts olympiens.
Les célestes rives.
Eric :
Il faut du talent
pour les gestes
d'adieu.
Vendredi 28 Novembre 2003
Nebo :
Etre un Homme
est difficile.
Déjà.
Et nous devrions
être plus
que des hommes.
Eric :
Une vie peut basculer en un clin d'œil.
Long est le chemin
du retour.
Samedi 29 Novembre 2003
Nebo :
Demeurer ?
Aucune importance.
La poussière
demeure.
Eric :
Le vol du papillon
est d'une pureté
presque insolente.
Dimanche 30 Novembre 2003
Nebo :
Ma tendre épouse.
Quarante ans.
Tu souris encore.
Buvons.
Eric :
Si tu veux entendre
battre le cœur de ta maison,
va t'asseoir dans la cuisine.
(À Suivre...)
06:45 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : venice, haïkus, poésie, nebo, eric james, rock, musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
11/03/2007
Messages Transatlantiques -III-
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Lundi 23 Juin 2003
Nebo :
Ode néfaste d’un instant,
saisie l’Espace et le temps,
et réveille l’Être endormi
en les abysses. Profond.
Eric :
Clapotis.
Lac souterrain.
Joyaux qui tintent.
Mardi 24 Juin 2003
Nebo :
Les muscles fatigués,
la sueur salée,
le miel de l’Être.
Eric :
Joues rouges
Au-dessus de l'enclume.
Forgeron sur la voie.
Mercredi 25 Juin 2003
Nebo :
La phrase se love
sensuellement sur mes lèvres
comme un serpent d’or
aux écailles de pétales de Rose.
Eric :
Pensées, questions,tentatives,
attitudes, souvenirs du jour.
Ce petit monde s'envole doucement
vers le ciel
comme des bulles de savons.
Jeudi 26 Juin 2003
Nebo :
Volutes de Haschisch,
ondoyantes Orientales,
vous me dites d’étranges choses.
Eric :
Lèvres charnues.
Dents pourries.
Diamants à la place des yeux.
Vendredi 27 Juin 2003
Nebo :
Miettes de tabac devant le clavier.
L’Herbe maudite et très sainte m’apaise.
Fermant les yeux,
une lumineuse jeunesse me revient.
Eric :
Bras tendus sous les projecteurs ;
récepteurs et paratonnerres.
Résonance ultime
de la chair et des os.
Fardeau et Salut.
Nebo :
La sueur. Cette humidité.
Odeur de bière et de pisse.
Chaleur. Prière. Douleur.
Violence. Encens.
La rumeur enfle la salle.
Joie ! Le son et sa Puissance.
Eric :
La sueur. Lave piquante dans les yeux.
Alibi des yeux qui veulent pleurer.
Vapeurs des corps et fumées du tabac,
dans un halo couleur de nacre.
Dissimulant le Créateur attentif.
Le Créateur attentif.
Samedi 28 Juin 2003
Nebo :
Déroute et plaintes.
Me libérer du lien.
Prendre le large.
L’encre sur la page,
la page dans le cahier ,
le cahier dans la vie.
Mais la Vie est ailleurs…
Eric :
Dans mon poing serré,
du sable sec.
Dans mon crâne aussi,
un vent sec.
Dimanche 29 Juin 2003
Nebo :
Quand le mirage disparaît,
il ne me reste plus
que mon ombre sur le sable du désert
sous le haut soleil.
Eric :
Lèvres gercées,
et puis toi...
Lèvres humides
à nouveau.
Lundi 30 Juin 2003
Nebo :
Sacrifice et furie.
Devant les lions de la place St Marc.
Etrange prémonition.
Eric :
Qui, en moi,
invite à briser leurs socles ?
Je fais la sourde oreille.
Pour le moment j'incruste une date,
un nom.
Mardi 1er Juillet 2003
Nebo :
Sa chatte humide accueille
la langue de mon incarnation.
Sel et miel et lait et thé.
Ventre vierge. Spasme assoiffé.
Eric :
J'ai oublié tous mes visages.
Tous absorbés
par son nombril.
Mercredi 2 Juillet 2003
Nebo :
Définitivement. Je prends le large,
quitte ton port, étudie un retrait
vers des eaux plus sereines.
Je vois mille choses dans les reflets
du café qui me brûle les lèvres.
Eric :
Poignée de main amicale.
Vérité de son pouls :
fâcheries, pleurs, rêves, sourires,
regrets, amour, secrets, questions,
décisions, guerre, feu, air,
retrouvaille cimentée.
fatum.
Jeudi 3 Juillet 2003
Nebo :
Ces Stances trans-Atlantiques
sont des vagues existentielles
participant au naufrage général.
Un rire lumineux en plus.
Une danse au milieu des plaintes.
Assurément une chorale.
Eric :
Chefs d'orchestres
armés de cure dents ;
musiciens aux mains vides.
Tout le monde est prêt.
Vendredi 4 Juillet 2003
Nebo :
Elle me dit alors :
« jamais je ne t’oublierai,
tu m’as éveillée à la Vie,
à la révolte, à l’Art. »
Ses yeux brillaient
tandis qu’elle s’éloignait.
Furtive comme une chatte.
Eric :
Je l'oublierais vite.
Je sortirais les mains
de mes poches.
J'abandonnerais l'écriture.
Samedi 5 Juillet 2003
Nebo :
Je porte le poids de mon corps.
La sueur. Temps lourd et orageux.
Ma grand-mère dans son fauteuil roulant,
l’œil perdu dans un « ailleurs »
qu’elle seule connaît.
Ici et maintenant un trésor m’est offert.
Eric :
J'ai dépouillé l'arbre
de ses feuilles ;
j'ai devancé l'automne.
Dimanche 6 Juillet 2003
Nebo :
Tristesse de ta voix
au téléphone
qui s’éloigne
de nous.
Eric :
Autrefois j'ouvrais la bouche
pour parler et rire.
Aujourd'hui j'écoute.
J’écoute. J’écoute.
Lundi 7 Juillet 2003
Nebo :
Sainte, très Sainte Energie,
tu t’empares de moi
comme bon te semble,
me propulse vers moi-même.
Tendre retrouvailles.
Puissante Oraison intérieure.
Eric :
Le cœur va sortir.
Va me prendre
dans ses bras.
Mardi 8 Juillet 2003
Nebo :
Le 8 Juillet 1971, Jim,
on te met en terre
au cimetière du Père Lachaise.
Les vers ont-ils bouffé ta panse
d’alcoolique halluciné ?
J’interrogerai le Yi-King,
à l’occasion,
avec de l’Herbe Sainte
et un peu de bourbon…
Eric :
J'aurais aimé qu'on récupère
mon crâne et qu'on en fasse
un nid pour les moineaux.
Pépiements et cris,
Printemps toujours célébré.
Mercredi 9 Juillet 2003 :
Nebo :
Vivace,
ce mouvement qui
ordonne mon corps.
Eric :
Coups de fouets
dans l'arène :
le lion montre
les crocs.
Jeudi 10 Juillet 2003 :
Nebo :
L’horreur de l’Être
quand, diminué,
il tressaille.
Eric :
Longues sueurs,
longues douches.
Je récupère ce qu'il y a
à récupérer.
Vendredi 11 Juillet 2003
Nebo :
L’écriture,
beau leurre,
paradoxe qui érige
et construit.
Eric :
Forteresse de poussières, solidifiée
inattaquable, imprenable.
Le termite y est comme chez lui.
Samedi 12 Juillet 2003
Nebo :
La solitude
est une douceur.
Aussi.
Etrange de passer
tant d’heures
sans parler.
Sans prononcer
un seul mot.
Eric :
Un volet s'est ouvert.
Le vent me rapporte un souvenir.
Un ancêtre.
L' Atlantide.
Dimanche 13 Juillet 2003
Nebo :
Ma barbe d’une semaine
me gratte
et pique.
Mon fils, petit hérisson,
la caresse
et m’invite
à la raser.
Eric :
Pique pique.
Paume de main parfaite
sur ma peau usée.
L’alpha et l'oméga.
Lundi 14 Juillet 2003
Nebo :
Colère
de ma peau
contre la sienne.
Sortir. M’arracher.
Quitter le champs des batailles.
Eric :
Nos mains s'entrecroisent,
toutes quatre masculines.
J'aime une femme
aux mains masculines !
Mardi 15 Juillet 2003
Nebo :
Ce qui me manque le plus :
ce sont les tâches d’encre,
les feuilles froissées,
le bureau qui ressemble
à un charnier. Stylo Noire.
Stylo Rouge. Bouts de gommes.
Crayon à papier.
La douleur dans la main
au terme d’une journée d’écriture.
L’ordinateur veille et, malgré nous,
ordonne,
nous transforme
déjà.
Eric :
Allons au nouveau mat
du navire.
Voiles qui claquent.
Drapeaux qui claquent.
Mercredi 16 Juillet 2003
Nebo :
Parfois s’éteignent les lèvres
et les regards
ne disent plus rien.
Eric :
Le vent est passé
dans les branches.
Tout est fini.
Jeudi 17 Juillet 2003
Nebo :
Le vent souffle sur la ville.
Que ne suis-je
face à une vallée !
Eric :
Frémissements et bourgeons ;
tout autour
et sur ma peau.
Vendredi 18 Juillet 2003
Nebo :
Trente-huit Printemps
ont nourri mon âme.
Trente-huit hiver
m’ont appris à mourir.
Eric :
Des coups de marteaux au loin.
Le cheveu se hérisse.
La gorge se serre.
C'est ma route.
Samedi 19 Juillet 2003
Nebo :
Le retour du Soleil
apporte la promesse antique.
Grappes de raisins
aux dents blanches des filles.
Lyre et tambourin.
Eric :
La nuit me couronnera d'étoiles
au gouvernail des cuisses
musclées de plaisir.
Dimanche 20 juillet 2003
Nebo :
La douleur de l’accouchement.
Les doigts sur l’acier des cordes.
Hier ? Demain ? Quelle importance ?
Ici et Maintenant
se joue quelque chose de plus délicat.
Eric :
Une frange sur les yeux.
Soleil clignotant.
Promesse.
Lundi 21 Juillet 2003
Nebo :
L’électricité dans les membres,
comme contenue.
La lourdeur. Les nœuds.
Gueule de bois.
Les veillées fraternelles ont un prix.
Eric :
Nuages en lambeaux
du petit matin.
Sourire intérieur.
Mardi 22 Juillet 2003
Nebo :
Le sang dans les notes.
La douleur d’être.
Pars, à présent.
Eric :
Une pousse
dans l'aire de jeux.
Soumise aux crachats.
Mercredi 23 Juillet 2003
Nebo :
Débâcle intérieure.
Un arc-en-ciel demeure
comme seule garantie
d’une alliance qui semble morte.
Eric :
Mes deux fesses sont nues
quand je fixe la route.
Fesses de nouveau-né.
Jeudi 24 Juillet 2003
Nebo :
Je cherche, depuis peu,
une berge où ma barque
accosterait.
Prendre du recul.
Dresser un bivouac.
La pluie. Le feu.
L’odeur de cuir humide :
est-ce ma veste ou ma peau ?
Eric :
Et mon visage ;
de plus en plus
un étranger
en dehors de mon âme.
Vendredi 25 Juillet 2003
Nebo :
Longue nuit,
presque blanche,
noueuse de questions.
Comme le visage de ma fille,
malade, vomissant sa bile.
On cherche les bonnes raisons.
On tente une justification.
On s’inquiète.
La Vie nous balaye.
Eric :
Petit peuplier frémissant.
Marteaux-piqueurs
au travail.
Samedi 26 Juillet 2003
Nebo :
La maison vacante.
L’âme vacante.
Le cœur vacant.
Vide.
Occidental et vide.
Eric :
J'ai attendu ma voisine.
Un cognement a la porte.
pour demander du sel.
Dimanche 27 Juillet 2003
Nebo :
Vent. Ciel. Douceur.
Ici les embruns
me clouent sur place.
L’Océan domine tout,
paisiblement.
Eric :
Marcher dans le sable,
voilà ce qui est
marcher.
Lundi 28 Juillet 2003
Nebo :
Minérale attitude.
Être simplement
cette larme.
Cette vague.
Ce grain de sable.
Eric :
Mégot de cigarette.
Sanctifié
au bas de la dune.
Mardi 29 Juillet 2003
Nebo :
Le sel sur sa peau.
Ma main dans ses cheveux.
Son regard est ailleurs.
Les amants ont la vie dure.
Eric :
L'ossuaire de sa bouche,
parfois, caverne
de diamants.
Mercredi 30 Juillet 2003
Nebo :
Quelque chose de vif.
Une extravagance intérieure.
Indescriptible.
Possédé.
Eric :
Mon regard est possédé
par le cerf-volant,
lui-même possédé
par l'enfant.
Jeudi 31 Juillet 2003
Nebo :
Le corps est dérangé.
C’est profond.
La courbe des palpitations
se love autour de mes nerfs.
Le chuintement des vagues
l’apaise tout juste.
Je suis une bombe atomique.
Eric :
Quel oiseau divin
au raz des vagues,
me saisira tel un poisson
dans sa bouche ?
Vendredi 1er Août 2003
Nebo :
Je laisserai derrière moi
quelques traces de pas sur la sable.
Rien d’autre.
Le vent et la mer,
ainsi que d’autres pas plus dignes,
plus grossiers,
plus conquérants,
effaceront tout ça.
Eric :
Qui chantera ce soir
autour du feu ?
Quelle jeunesse ?
Pour quelle beuverie ?
Samedi 2 août 2003
Nebo :
De retour.
Le goudron.
La compression du béton.
Le goût de l’acier sur la langue.
La Ville et ses merveilles.
Babylone.
Eric :
Tee-shirt élimé,
Pantalon épuisé.
Et l'avenir intact.
Dimanche 3 Août 2003
Nebo :
L’hostile persévérance.
La guitare fume
comme une arme
sur le champs de bataille.
Je suis un survivant.
Eric :
Les rires résonnent déjà.
Ils ont besoin d'un dos.
Le mien.
Lundi 4 Août 2003
Nebo :
La canicule.
Morsure du Soleil.
Ecrire à l’ombre
après une dure journée
de travail.
Eric :
Je n'ai retenu personne,
aucune jolie passante.
Juste la solitude.
Mardi 5 Août 2003
Nebo :
Sueur collante.
Palpitations haletantes.
Il semble
que le globe entier brûle.
Ce sont des prémisses.
Eric :
Nous sommes plusieurs
à reconstruire.
Tous illuminés.
Mercredi 6 Août 2003
Nebo :
Courbatures.
Douleur.
Sueur.
Je suis.
Eric :
Au fond des rides :
larmes du cœur.
Limon accumulé.
Jeudi 7 Août 2003
Nebo :
S’accomplir
par la vocation de l’Esprit
et la bonne disposition du Corps.
Eric :
Méditation matinale.
Telle une toilette
Obligatoire.
Vendredi 8 Août 2003
Nebo :
Lancer les dés
dans un rire,
en dansant.
Eric :
Fidèle aux mêmes chaussures.
Aller jusqu'au bout
de l'usure
Samedi 9 Août 2003
Nebo :
Ecrire est Acte.
A proximité de l’encrier
et de la plume,
repose le Sabre.
Eric :
Le soleil illumine
les trottoirs bétonnés :
invitation au labyrinthe.
Dimanche 10 Août 2003
Nebo :
Ce Silence intérieure,
avant l’assaut.
Le joint crépite,
le thé brûle.
Le crépuscule.
Eric :
Quelques pièces au fond des poches.
Cuivre et Nickel.
La Terre-Mère
toujours disponible.
Lundi 11 Août 2003
Nebo :
La page blanche
accueille
l’ombre de ma main.
Eric :
Quelqu'un m'a vu ;
Quelqu'un m'a souri.
Un vieil ange
Derrière la vitre.
Mardi 12 Août 2003
Nebo :
Un petit souffle
qui ne dit rien,
à première vue,
mais porte l’Univers entier
en lui.
Eric :
Apparences de formes
devant mes yeux.
Trans-Formations.
Mercredi 13 Août 2003
Nebo :
J’ai eu de tristes pensées
en regardant s’éloigner au loin
le signe de la main
de l’ami voyageur.
Eric :
Trains en route.
Sages serpents
Qui nous digèrent.
Jeudi 14 Août 2003
Nebo :
Son Silence
en dit très long
sur le chaos
qui la tourmente.
Eric :
Une tasse de café,
une cuillère et un sucre.
Valse connue de l'inox
contre la porcelaine.
Vendredi 15 Août 2003
Nebo :
Tes sept années
sont passées si vite.
O mon fils
ne te presse pas trop vite.
Cueille le temps
avant qu’il ne te cueille.
Eric :
Dieu était amoureux.
Alors il dessinait
la bouche des enfants.
Samedi 16 Août 2003
Nebo :
L’oppression
dans ma poitrine
qui alourdit mon souffle.
Eric :
Chaussures délacées
au pied du lit.
Pas la force pour un thé.
Dimanche 17 Août 2003
Nebo :
Chant intérieur.
Profond.
Tenace.
Les cellules.
Les Atomes.
Les liquides.
Je le distingue avec précision.
Eric :
Rassemblement des nuées
au dessus du dessert.
Inquiétude et tarte aux pommes.
Lundi 18 Août 2003
Nebo :
Aculé au mur.
Plus question de tergiverser.
L’ombre de mon père.
L’ombre du dieu mort ?
Etrangeté.
Eric :
Miroir à présent impénétrable.
Visage et corps
emportés dans le mutisme.
Mardi 19 Août 2003
Nebo :
« Eleven » déploie ses voiles.
L’Océan est calme
mais menaçant.
Eric :
Les enfants jouent
sur le pont.
Un cri de mouette.
Mercredi 20 Août 2003
Nebo :
Je meurs d’un orgasme électrique,
sur scène,
avant d’être jeté au public.
Ce rêve.
Ou ce cauchemar.
Eric :
Une scène balayée, lessivée,
au petit matin
par l'homme de ménage.
Les drames finissent toujours
Dans la tranquillité.
Jeudi 21 Août 2003
Nebo :
Ecrire à la veille
du départ.
Retour
à une part de l’âtre.
Brûle-t-il encore ?
Eric :
J'ai mes sentiers
à la fidèle poussière.
Aux longues marches sans but.
Vendredi 22 Août 2003
Nebo :
Soleil dessus l’aile de l’avion.
Soleil dessus les nuages.
Soleil par la fenêtre dessus mon bras.
Soleil.
Eric :
Désarmé en plein ciel,
sans ressource, sans triche.
Sensation pure
de mon visage.
Samedi 23 Août 2003
Nebo :
Être sur ce point précis.
Cloué.
Le regard de mon père
scrute, fuit, hurle, fait face.
Larmes.
Eric :
Les esclaves ont baissé les palmes
au soleil de midi !
Dimanche 24 Août 2003
Nebo :
En haut sur la colline,
la rosée matinale.
Le chant du coq.
Un oiseau survole les arbres.
Eric :
Mon regard s'éparpille
dans l'univers
des fourrés.
Lundi 25 Août 2003
Nebo :
Le monde a implosé mille fois.
Le village a changé si peu.
Odeur de mon enfance.
Sauf, les vieilles maisons
qui, bien que là,
désertes, tombent en ruine.
L’herbe sauvage règne.
La tombe de mon grand-père
m’apaise.
Mon père retrouvé aussi.
Eric :
Au loin, le bruit du marteau
sur le roc.
Un labeur véritable.
à l'épreuve du temps.
Mardi 26 Août 2003
Nebo :
Bande d’ordures !
Qu’avez-vous fait
de mon beau pays ?!
Où l’avez-vous enterré ?
Eric :
Je donnerais ma sympathie
aux mouches,
et mes larmes
à la terre.
Mercredi 27 Août 2003
Nebo :
Le foyer.
A présent,
un autre feu y brûle.
Eric :
Ne pas oublier :
mes Hommages
à la porte d'entrée.
Jeudi 28 Août 2003
Nebo :
Le regard
de mes enfants
me couronne
d’une force tranquille.
Eric :
Un pas vers la fenêtre,
un doigt sur le rideau,
un oeil au-dehors,
un enfant dans l'adulte.
Vendredi 29 Août 2003
Nebo :
Du fin fond
de ma mémoire morte
d’immémoriaux souvenirs
m’assiègent.
Eric :
Un conflit de voix et des propos décousus
s'entrechoquent dans mon crane.
Vieilles aventures et philosophies de cuisine.
Mais qui parle ? et qui répond ?
Plus rien n'appartient à personne.
Samedi 30 Août 2003
Nebo :
Ma solitude
m’enchante
le temps
d’une inspiration,
expiration,
toujours recommencées.
Eric :
Personne encore
n'est venu frapper
à ma porte.
Dimanche 31 Août 2003
Nebo :
Les deux particules
se sont mises en route,
depuis la nuit des temps,
pour cette étreinte.
Ecrire, aussi,
c’est dire
ce qui advient
à l’instant
de la rencontre.
Eric :
La première étincelle du silex
est née dans des mains
maladroites.
(À Suivre...)
09:05 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : venice, haïkus, poésie, nebo, eric james, rock, musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
09/03/2007
Messages Transatlantiques -II-
=--=Publié dans la Catégorie "Musique : Rêve Vénitien..."=--=
Jeudi 17 Avril 2003
Nebo :
Les alcools tapissent la vision
d’un faisceau d’échappées possibles.
Peut-être n’est-ce qu’une sanglante illusion ?
Eric :
Jeunes filles à peaux mates.
Elles offrent leurs corbeilles de fruits :
la grande plaisanterie du plaisir !
Vendredi 18 Avril 2003
Nebo :
Ecrire, est-ce ce qui me sauvera ?
Être Sauvé a-t-il un autre Sens ?
Le Sens s’écrit-il au fur et à mesure ?
A mesure que l’Univers se déploie
que porte l’Ecriture ?
Le thé vert miroitant me le demande.
Eric :
Nénuphars sur le lac,
port d'attaches pour libellules.
Ils rendent la traversée possible.
Samedi 19 Avril 2003
Nebo :
Je me pose ici, entre mon doux Soleil
et ma tendre lune.
Du haut de vos Siècles vous me scrutez.
Quel étrange amour que celui qui nous unit !
Sous la voûte étoilée, j’appelle la conscience,
qu’elle fleurisse, me porte et me sème,
car la mort est inévitable.
Eric :
Je salue le jour
où mon ventre éclatera
comme un sourire.
Dimanche 20/04/2003
Nebo :
01h55 du matin.
Il me semble avoir bu le calice
jusqu’à l’amertume la plus délicieuse.
Parfois, comme ce jour, chaque chose
est à sa place. La meilleure. La pire.
La Noble. La médiocre.
Hiérarchie de l’Être.
La mort est porteuse de sens.
L’attente un apprentissage.
Eric :
Avant que se lève le vent,
hommage de la rosée,
même sur les feuilles desséchées.
Lundi 21 Avril 2003
Nebo :
Je passe par le couloir du morne quotidien,
chaque jour.
Difficile de semer mes fleurs sur ce chemin.
Je me dois cependant de le faire.
Harmonieuses, vénéneuses, enivrantes,
troublantes et délicates.
Poisons et antidotes
Eric :
Regain de tendresse pour les murs.
La douce chanson du logis.
Je me décloisonne.
Mardi 22 Avril 2003
Nebo :
Mes palpitations cardiaques
sont de la partie… sur la Voie.
Elles enseignent comme tout le reste.
Le cœur est un maître qu’il faut écouter.
Eric :
Ma bouche s'ouvre et veut parler
avec la rage
de l'océan.
Mercredi 23 Avril 2003
Nebo :
Perspicace, la chatte tend ses sens…
…en alerte ! Elle semble voir
des mouvements subtils de molécules.
En comparaison l’Homme est mort.
Je savoure la scène. J’apprends.
Le Félin est un maître aussi.
Nous ne soupçonnons pas
les supports que prend la Voie
pour se présenter à nous.
Eric :
A l'ombre du Grand Eclat de Rire
l'animal m'a vu.
Il agite sa queue.
Jeudi 24 Avril 2003
Nebo :
J’ai lavé mon corps comme si j’avais lavé le sien,
me suis peigné comme si je l’avais peigné elle,
ma mamie, à l’odeur de miel, brisée, broyée,
en morceaux de souffrances innombrables.
L’histoire se poursuit. C’est à se demander
ce que nous pouvons y faire.
Rien.
Tout.
Avancer.
Eric :
J'ai chassé la brume de devant mes yeux
et puis j'ai renoncé.
Le visage en eau.
Qui m'aura vu pleurer ?
Vendredi 25 Avril 2003
Nebo :
Les palpitations cardiaques
disent mille souvenirs.
Elles éventrent le jour
pour mes pas d’homme sans assurance.
Eric :
Terres fraîchement labourées,
l'épouvantail garde ses bras ouverts
au milieu des corbeaux sautillants.
Samedi 26 Avril 2003
Nebo :
Il faut bien vivre, c’est un fardeau.
Le chant des oiseaux est une promesse.
L’espoir se dessine parfois en quelques mots,
quelques battements d’ailes .
Le vent dans les arbres.
Un sourire d’enfant.
Eric :
S'essuyer la bouche
du jus des fraises.
Inspirer fort jusqu'à
la douleur.
Dimanche 27 Avril 2003
Nebo :
Une pluie bienfaitrice exalte le Printemps.
Danse O Vie, malgré moi.
Adieu ? Déjà ? A quoi bon ?
Non, tout se transforme.
Ahurissant. Tourbillon d’énergies.
Rose. Lotus.
Eric :
Chenille née d'hier.
Elle se tortille
dans le creux de ma main.
Lundi 28 Avril 2003
Nebo :
Le scribe a mal aux doigts.
Il ne sait plus où donner de la plume.
Tout semble inaccessible.
Eric :
Et pourtant,
la mine tenue au-dessus de la feuille,
le roman continue de s'écrire.
Mardi 29 Avril 2003
Nebo :
Seul. Triste.
Feuille d’arbre
sur le point de succomber.
Le moindre souffle de vent
m’arrachera à ce rêve lugubre.
Eric :
Mes yeux se sont bridés
quand le soleil est apparu
au dessus du lac.
Mercredi 30 Avril 2003
Nebo :
Parfois ce sentiment étrange
d’être Quasimodo endormi
sous la voûte d’une cloche de Notre Dame.
Eric :
Les colombes viennent picorer
sur mon pardessus
de souffrance.
Jeudi 1er Mai 2003
Nebo :
Je porte ce fardeau funeste
comme une nécessité,
car, quoi qu’on en dise,
ce fardeau est le mien.
Du jour de ma naissance
à cet instant
je l’ai poli sans cesse.
Eric :
Comme chaque matin,
je débarrasse la table
de ses miettes.
Vendredi 2 Mai 2003
Nebo :
Je hais
Tu hais
Il hait
Nous haïssons
Vous haïssez
Ils haïssent
Conjugaison commune.
Eric :
Brûlure matinale du coup de règle
sur mes doigts d'écolier.
Larmes sur ma blouse.
Samedi 3 Mai 2003
Nebo :
Si ce monde implose au printemps,
les arbres auront reverdi,
les oiseaux seront en route,
les fleurs en pleine copulation.
Eric :
Le papillon s'exerce au vol
par vent défavorable,
sans un mot.
Dimanche 4 Mai 2003
Nebo :
Mal aux jambes,
du plomb dans les veines.
Mes soucis s’en moquent.
Eric :
Le long des cernes,
à livre ouvert :
ma vérité.
Lundi 5 Mai 2003
Nebo :
Nous nous retrouvons
après 19 années de séparation.
Etrange songe.
Eric :
Son visage se trouble,
comme la surface du lac
quand il reçoit une pierre.
Mardi 6 Mai 2003
Nebo :
Ce sentiment dans les yeux,
clairement lisible,
d’être passé à côté de quelque chose d’essentiel.
Eric :
Deux larges mains
prêtes à tomber
en cendres.
Mercredi 7 Mai 2003
Nebo :
Oui, je retourne à moi-même.
Mon encre est mon sang.
Je ne peux rien dire d’autre.
Eric :
Encore d’autres énigmes
derrière celles de Dieu
et de l’Univers.
Jeudi 8 Mai 2003
Nebo :
Le cœur bat vite, mais sans extase.
Les corridors internes
cachent leurs lots de pièges à pics.
Eric :
Barbe de sept jours
et yeux gonflés
au réveil.
Eric :
Sur un cheveu prélevé
du crâne d'Adolf Hitler
se déploient les délices.
Le son du luth. Miel et Lavande.
Orangeraies de la Terre Promise.
Nebo :
Une fourmi, sur le chemin,
porte une galaxie
au bout de ses antennes.
La fumée du haschisch
est une nébuleuse d'étoiles.
Vendredi 9 Mai 2003
Nebo :
C’est dans ma solitude
que les fleurs, le ciel, la mer,
s’ouvriront.
Eric :
Les bras en croix,
j'attends d'être fécondé
par le vent.
Samedi 10 Mai 2003
Nebo :
Je voudrais aller,
tel Thorgal ou Blueberry,
à la rencontre du monde.
Eric :
Une patrouille de fourmis
remonte sans peur
du fin fond de ma poche.
Dimanche 11 Mai 2003
Nebo :
Ah si le ciel pouvait descendre sur moi,
tout aurait la couleur d’une verdure fraîche,
mon âme compris.
Eric :
Une paire d'épaules
beaucoup plus sages
que moi.
Lundi 12 Mai 2003
Nebo :
L’eau fraîche matinale.
Les vêtements propres.
Bougies parfumées et encens.
Thé vert. Miel à la gelée Royale.
Kiwis. Ginseng.
Dehors : Soleil.
La plume m’attend
dans son encre écarlate.
Les fantômes ricanent.
Eric :
Que me réserve aujourd'hui
l'intérieur du miroir ?
Il accumule dans le désordre,
et restitue en bonne forme
l'épreuve du jour.
Mardi 13 Mai 2003
Nebo :
Stéphanie en lévitation
au-dessus du vide.
J’imagine la lumière blanche
De l’hôpital l’accueillir.
Ange brisé. Flamme éteinte.
Un tison résiste.
Peut-on sonder la douleur ?
Eric :
Vent dans les rideaux.
Une prière dite à voix haute
et la chair qui frissonne.
Mercredi 14 Mai 2003
Nebo :
L’anorexie a dressé son sceptre,
menace suspendue dessus ta couronne.
Tu refuses la nourriture,
solide ou éthérée,
refuses la force, la transformation.
Prend-toi pour Camille Claudel,
en ton néfaste syndrome,
même les vers ne voudront pas de toi.
Eric :
Ma valise est bouclée : je pars.
A l'intérieur
juste une paire de clefs.
Jeudi 15 mai 2003
Nebo :
Ode à tout.
Brin de lumière.
Souvenirs presque absents.
ICI !
Ici une trame se déroule
et je lui dis « oui ».
Eric :
Sous le couvercle,
j’imagine la pluie
à ses gouttes.
Vendredi 16 Mai 2003
Nebo :
La mue. Une carapace nouvelle.
L’ancienne est éparse.
La nouvelle n’interdira pas l’amour.
Je dis ces choses, en cet instant,
les mots tombent comme des bonbons de miel
hors de ma bouche.
Eric :
La sensation du pantalon neuf,
hélas, de trop courte durée.
Ensuite, ne jamais oublier ses jambes.
Samedi 17 Mai 2003
Nebo :
Atteindre la fraction de seconde
qui se suspend, presque hors d’atteinte,
justement, et révèle, toujours,
deux ou trois choses essentielles.
Eric :
Au bout du souffle,
avant l'inspir :
pas de corde a saisir !
Dimanche 18 Mai 2003
Nebo :
La souffrance se refuse
à me lâcher la grappe :
elle sert bien fort
mes couilles entre ses dents.
Eric :
Un oeil regarde à gauche,
un oeil regarde à droite,
et on avale sa salive.
Lundi 19 Mai 2003
Nebo :
Je t’ai baptisé « lumineuse »,
o la belle affaire !
Tu n’es, désormais,
que ténèbres et marécages.
Contre quoi me battre ?
Qui affronter ?
Eric :
Vivre comme on boit
un verre d'eau.
Liquides en suspension
provisoire.
Mardi 20 Mai 2003
Nebo :
David Bohm rencontre Spinoza.
Ils boivent le thé,
échangent leurs calculs.
L’intuition exulte.
Eric :
Albert Cohen rencontre Albert Cossery.
Ouzo, olives et pistaches,
le rire est gras :
la solution du monde !
Nebo :
David Bohm rencontre Albert Cossery.
Antoine Blondin picole au comptoir,
les observant d'un oeil espiègle.
Le monde est gras:
la solution? Le rire.
Eric :
Mes côtes me font mal,
ma bite me fait mal,
joyeuse rançon du rire
et de la baise !
Mercredi 21 Mai 2003
Nebo :
David Bohm formule
une prière sans le savoir.
L’Infini danse
une danse infinie.
Eric :
Je nettoie mon oeil,
nettoie l'œil
de l'Univers.
Jeudi 22 Mai 2003
Nebo :
Lumineuse,
Je ne puis rien faire
pour te tirer de là,
puisque tu rejettes
le moindre sourire,
le plus petit geste.
Le vent, les oiseaux, les arbres
me le confirment.
Eric :
Avec un bâton.
dans le sable
de mon arrière-cour ;
je trace ton nom.
Vendredi 23 Mai 2003
Nebo :
Si les univers sont multiples
tout en étant UN,
le Savoir est difficile à étreindre.
Qui saura lire les parchemins
au tabernacle déroulés ?
Eric :
Ma plume s'est brisée,
reste une tache,
une révélation.
Samedi 24 Mai 2003
Nebo :
Le temps joue contre moi,
m’en dissuader est inutile.
Même la rose épanouie
finit par laisser tomber
ses pétales écarlates.
Eric :
Je suis seul.
Avec ma sueur
et mes yeux fous.
Dimanche 25 Mai 2003
Nebo :
Avec mes bras fatigués
je t’ai aimée.
Ta chair chaude a abîmé
ma poitrine de marbre.
Me restent l’encre et les larmes,
et les mots taris pour TE dire.
Eric :
Je recompose ta formule
comme un alchimiste
en sursis.
Lundi 26 Mai 2003
Nebo :
Soudain, au détour d’une page,
le soleil devient plus lourd.
La trame devient plus exigeante.
Ecrire devient un soupir…
Eric :
Ici : Un labyrinthe
de couloirs rétrécis
où les murs retiennent leur souffle.
Mardi 27 Mai 2003
Nebo :
Bipède à station verticale.
Sur-singe à peine évolué.
Œillères idéologiques bigarrées.
Et dire que la vision de la réalité
dépend de ta triste volonté !
Eric :
Un tintamarre de percussions,
fer blanc et poubelles,
prend possession des rues.
Mercredi 28 Mai 2003
Nebo :
Je suis toujours l’enfant
des 1000 et 1 sortilèges.
Haschisch ou pas
mon rire fou l’atteste.
Les oiseaux en plein vol me sourient.
Eric :
Marchant encore de-ci, de-la.
Un jour viendra où mon pardessus
prendra lui-seul les décisions.
Jeudi 29 Mai 2003
Nebo :
Imperturbable. De plus en plus.
Les choses ne m’atteignent plus
que dans une juste mesure.
Eric :
Qu'as-tu à me dire
homme aux larmes chaudes ?
Que puis-je faire pour toi ?
Juste anticiper ta venue,
être moi : de glace.
Avant d'être toi !
Vendredi 30 Mai 2003
Nebo :
Sombres pensées qui m’assiègent,
votre Saillie est un calvaire,
un triste viol.
Abysses emblématiques
qui m’anéantissent
avant de me couronner.
Eric :
Le guerrier nu avait un discours
destiné à la foule.
Sa grimace s'est changé en sourire.
Du sommet de son pilier, il n'est pas d'horizon
qui échappe a son regard.
Il se changera en statue, c'est décidé.
Epaules offertes à la pluie, aux rayons brûlants du soleil,
à toutes les intempéries possibles et imaginables,
sans oublier la suprême bénédiction :
la merde des pigeons.
Samedi 31 Mai 2003
Nebo :
L’empreinte que votre peau
me laissa, mademoiselle,
est une peinture antique
en train de se fissurer
sous une poussière volcanique.
Eric :
Mes yeux sont grand ouverts.
Une pression comparable
à la chute d'eau,
diffère la Grande Respiration.
Dimanche 1er Juin 2003
Nebo :
Le ciel bleu,
transpercé de Soleil,
porte, en suspension,
tous nos rires,
toutes nos larmes.
Eric :
Cavalcades dans le jardin d'enfant.
Grincements des balançoires.
Rien ne se rattrapera.
Lundi 2 Juin 2003
Nebo :
Mes bras étaient prêts à l’étreinte,
mes lèvres parées aux embrassades.
De l’encens brûlait.
Elle n’est pas venue.
Eric :
J'éloignais d'un revers de main
un de mes cils
tombé sur la table.
Mardi 3 Juin 2003
Nebo :
Seul à l’aube pâle.
Il fait chaud.
Le Volcan est en sommeil.
L’été approche .
Eric :
Voici le temps des bénédictions :
le temps où l’on sait
qu’il n’y a pas eu d’avant,
qu’il n’y aura pas d’après.
Mercredi 4 Juin 2003
Nebo :
Viendra un temps
où je ne croiserai plus
mes vieux amis
qu’aux obsèques
d’autres amis.
Eric :
Il y aura encore :
un gravillon dans ma chaussure
et quelques moineaux
dans les arbres.
Jeudi 5 Juin 2003
Nebo :
Au téléphone
ta voix a la fragilité
d’une feuille en automne.
Eric :
Mes lèvres sont immenses.
Elles commandent le tonnerre ;
commandent la marée.
Vendredi 6 Juin 2003
Nebo :
J’ai rêvé d’une odeur
de champs de blé
au Royaume de mon enfance.
Le goût du pain
malaxé par ma grand-mère
est encore là, dans ma bouche.
Eric :
Longues tiges de bambous
fouettant les amandiers.
Les garnements ramassent
leur butin.
Samedi 7 Juin 2003
Nebo :
Sans trop de mouvements,
ni trop de bruits,
tu déformais ton ombre
en m’ouvrant tes bras.
Eric :
Les portes se sont ouvertes :
chuchotements, connivences ;
air frais sur la sueur
des amants.
Dimanche 8 Juin 2003
Nebo :
Ce sentiment d’être
une énigme
sans réponse.
Eric :
Juste un point posé
au centre de l'Univers,
l'Univers dans ce point.
Lundi 9 Juin 2003
Nebo :
Je suis otage
de ce souffle
qui m’emprisonne
sur cette terre.
M’en libérer
est un long chemin
guerrier.
Eric :
S'affranchir un a un
des éléments de la cuirasse.
Revenir au monde.
Indestructible.
Mardi 10 Juin 2003
Nebo :
Hurlements dans la rue :
de jeunes blacks/beurs
courent vers le marché couvert.
Un ciel de plomb tout domine.
Voitures de police lentes
et sans sirènes.
Eric :
Sous le container
des larmes.
Mon pied tape un rythme
encore plus lent :
un blues encrassé.
Mercredi 11 Juin 2003
Nebo :
Notre Amour fut
Or et Braise.
A présent il n’est plus
que Plomb et Cendres.
Eric :
Place aux éboueurs
les résidus d'histoire,
ils n'en ont cure !
Jeudi 12 Juin 2003
Nebo :
Le loup en moi
est en fuite.
Toujours à guetter
sa pitance.
Mais quelle pitance ?
Eric :
En attendant,
la musique des dents
sur l'écuelle vide.
Vendredi 13 Juin 2003
Nebo :
Dire l’essentiel
en deux phrases
est une impossible
mission.
Seules quelques
saisies éphémères
se déploient
dans la corolle de la Rose.
Eric :
Sécheresse du bâton
dans la main calleuse.
Graviers sur le sentier.
Samedi 14 Juin 2003
Nebo :
Le Sauternes est frappé.
L’andouillette a un goût de merde,
mais c’est bon.
Nous faisons ripailles,
à deux doigts de réinventer
le monde.
Eric :
Elévation.
Comme une bulle de savon
prête à crever.
Dimanche 15 Juin 2003
Nebo :
Les notes sont des bombes.
Le son un commandement.
La guitare un Sabre quantique.
Devant moi les probabilités se déploient.
Eric :
La chair et les os,
les étoiles,
un tableau.
Lundi 16 Juin 2003
Nebo :
Happé par mon vide,
en une néfaste valse
je m’abandonne.
Eric :
Je m'essouffle,
me vide,
insaisissable.
Mardi 17 Juin 2003
Nebo :
L’Irlandaise m’oblige
aux orgues et aux violons.
Elle a la tête dure
et sait ce qu’elle veut.
Se plier à ses exigences
est un devoir Sacré…
Eric :
Baiser rouge
au bas de la robe.
Parfum de renaissance,
de reconnaissance.
Mercredi 18 Juin 2003
Nebo :
Mes empreintes digitales,
(ou peut-être sont-ce les tiennes ?)
imprimées
par le contact des frites grasses
sur ce poème, jadis
lu ensemble, à deux voix.
Eric :
Dehors le tonnerre
frappe contre les vitres,
fait vibrer les verres
Jeudi 19 Juin 2003
Nebo :
Revivre ces extases morbides.
Retraverser le Styx et l’Achéron.
Et l’écrire avec grâce.
Eric :
Les doigts devenus secs,
les cheveux fatigues,
et la vue qui s'aiguise
Vendredi 20 Juin 2003
Nebo :
La même chienne à trois pattes
court, un bâton à la gueule,
vers l’inéluctable terminaison.
Et elle joue.
Eric :
Les mains au fond des poches
qu'on m'enterre sans rien toucher.
Les mains au fond des poches
Samedi 21 Juin 2003
Nebo :
Ecrire, d’une imaginaire flamme,
la question,
avec délice,
sur mon plexus solaire.
Eric :
Par les rues sombres,
tête nue sous la pluie :
les illusions partent
dans le caniveau.
Dimanche 22 Juin 2003
Nebo :
Le thé vert matinal
me lave de l’intérieur.
Lâchant prise totalement,
l’écriture me guide.
M’affrontant au Verbe,
celui-ci m’emporte.
Eric :
La tête remplie de coton,
dans une carcasse de fer
je m'envole vers l'Ouest.
Nebo :
A l’Ouest, quoi de neuf ?
Hollywood scintille ?
Les strass sur les paillettes
se font passer pour des fées ?
Ici, probablement, une jeune fille rêve
d’atteindre le trône , quelque part
dans une chambre de bonne
tapissée de Marilyn…
Sourire perlé de larmes…
Eric :
A Venice Beach
on danse pour la paix.
mon crâne est prêt
à exploser.
(À suivre...)
(À Suivre...)
10:05 Publié dans Musique : Rêve Vénitien... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : venice, haïkus, poésie, nebo, eric james, rock, musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook