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01/07/2014

L'enfant, sa beauté est d'être ce qu'il est totalement

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« Je te sais gré de m'avoir demandé de te parler de moi, et de me remettre ainsi en mémoire les heures passées.

Si je suis revenu en Grèce, c'est aussi que je voulais vivre moins loin des jeux de ma jeunesse.

Comme le travailleur répare ses forces dans le sommeil, mon être tourmenté aime à chercher refuge dans l'innocence du passé.

Céleste calme de l'enfance ! Que de fois je t'ai contemplé sans mot dire, amoureusement, cherchant à te saisir par la pensée ! Mais nous ne pouvons concevoir que le bien qui est du mal transformé ; l'enfance et l'innocence échappent à nos prises.

Quand j'étais encore un enfant tranquille, ne sachant rien de ce qui l'entoure, n'étais-je pas davantage que je ne suis maintenant, après toutes les épreuves du coeur, tant de recherches, tant de luttes ?

Oui, l'enfant reste une créature divine aussi longtemps qu'il n'entre pas dans les mimétismes de l'adulte.

Sa beauté est d'être ce qu'il est totalement.

La contrainte de la Loi et du Destin ne peut l'atteindre : il n'y a place en lui que pour la liberté.

En lui est la paix : il n'est pas encore en conflit avec lui-même. En lui est la richesse : son coeur ignore l'indigence de la vie. Et parce qu'il ne sait rien de la mort, il est immortel.

Mais cela, les hommes ne le souffrent point. Ils veulent que le Divin devienne comme l'un d'entre eux et reconnaisse leur existence ; avant même que la Nature ne songe à le chasser de son paradis, ils l'entraînent au-dehors par violence ou caresses, sur le sol maudit, afin qu'il travaille, comme eux, à la sueur de son front.

Toutefois, à condition qu'il ne soit point prématuré, le temps de l'éveil a sa beauté aussi.

Oui, ces jours sont sacrés, où notre coeur pour la première fois essaie ses ailes, où nous nous dressons dans la splendeur du monde avec ce feu prompt de la croissance en nous, comme la jeune plante quand elle s'ouvre au soleil du matin et s'éploie vers le ciel infini !

Quelles courses alors dans les montagnes et sur les rivages de la mer ! Que de fois je suis resté le coeur battant sur les hauteurs de Tina, suivant des yeux les faucons, les grues, les barques hardies qui disparaissaient à l'horizon ! "Toi aussi, pensais-je, tu partiras un jour", et j'étais comme un homme atteint de langueur qui se plonge dans un bain et répand sur son front l'écume fraîche des eaux.

Puis je rentrais chez moi en soupirant : "Si seulement l'âge d'apprendre était passé..."

Enfant naïf ! Il s'en faut de beaucoup !

Que l'homme, en sa jeunesse, puisse croire le but si proche, c'est la plus belle des illusions qu'ait imaginées la Nature pour venir au secours de notre faiblesse.

Couché parmi les fleurs, me réchauffant à la fragile lumière du printemps et considérant l'azur serein qui couronnait la terre, ou bien assis sous les ormes et les saules, au coeur de la montagne, après une fraîche pluie – quand les branches frissonnaient encore des atteintes du ciel et que les nuages dorés passaient au-dessus des bois ruisselants – ou encore quand l'astre du soir, esprit de paix, montait avec les antiques adolescents, les autres héros du ciel (et voyant en eux la vie continuer sa course dans l'Éther selon les simples lois éternelles, le calme du monde m'enveloppait de joie, si bien que je levais des yeux attentifs, sans comprendre ce qui m'arrivait)... alors, chaque fois, je demandais tout bas au Père céleste s'Il m'aimait et j'entendais Sa réponse bienheureuse, indubitable, dans mon coeur.

Ô Toi que j'appelais comme si Tu habitais au-delà des astres, que je nommais Créateur du ciel et de la terre, amicale idole de mon enfance, ne T'irrites point si je T'ai oublié ! Que ce monde n'est-il assez pauvre pour nous obliger à chercher un Dieu hors de lui !

Si la splendide Nature a un Père, le coeur de l'enfant ne sera-t-il pas Son coeur ? Ce qu'elle a de plus intérieur ne se confondra-t-il pas avec Lui ? Mais puis-je le posséder, ce centre, le connaître ?

Je crois voir ; puis je m'effraie à le pensée de n'avoir vu peut-être que moi-même. Je crois sentir l'Esprit du monde comme dans la mienne la chaude main d'un ami ; quand je me réveille, je doute si je n'ai pas serré que mes propres doigts. »

Friedrich Hölderlin, Hypérion

 

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Le langage est la maison de l'Être

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« Le langage est la maison de l'Être. Dans son abri, habite l'homme. Les penseurs et les poètes sont les gardiens de cet abri. »

Martin Heidegger, Lettre sur l'humanisme

 

« Seul un dieu peut encore nous sauver... et non mon prochain. »

« Car l'état du poète ne s'en tient pas à la visitation du dieu, il réside bien plutôt dans l'embrassement par le sacré. »

Martin Heidegger, Entretien dans le Journal Der Spiegel - 23 septembre 1966

 

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30/06/2014

Notre République a l’air d’avoir quinze siècles

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« Elle a quinze ans aujourd’hui, notre République, et elle a l’air d’avoir quinze siècles. Elle paraît plus vieille que les pyramides, cette pubère sans virginité, tombée du vagin sanglant de la Trahison. La décrépitude originelle de cette bâtarde de tous les lâches est à faire vomir l’univers. Jezabel de lupanar, fardée d’immondices, monstrueusement engraissée de fornications, toute bestialité de goujat s’est assouvie dans ses bras et elle ressemble à quelque très antique Luxure qu’on aurait peinte sur la muraille d’un hypogée. »

Léon Bloy, "La République des Vaincus" in Le Pal n°3 (mars 1885)

 

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L’œil et l’oreille

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« Je n’ai jamais appris la grammaire ; pas de quoi se vanter, mais il me semble que si je l’apprenais aujourd’hui, je ne pourrais plus écrire ; l’œil et l’oreille furent mes seuls maîtres, l’œil surtout. Bien écrire, c’est le contraire d’écrire bien... »

Paul Morand, Venises

 

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Nul concept nouveau ne saurait être toléré

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« La seule chose qui pourrait nous sauver serait d'inventer un nouveau concept, celui d'une Universelle et Vibratoire Education, qui engloberait de façon constructive le goût du bonheur, le sens de la réalité et la nécessité du changement, mais qui ne profiterait qu'à nos petits-enfants, à condition qu'ils n'aient pas été, dans l'intervalle, assassinés. Mais ils le seront. je vous le parie à 25 contre 1, car nul concept nouveau ne saurait être toléré, vu qu'il signifierait la liquidation du gang au pouvoir. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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Les foules trahissent toujours

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« Ces temps-ci, j'ai vu trop d'intellos. J'en ai par-dessus la tête de ces précieuses intelligences qui s'obligent à vous aligner des pensées plaquées or. Et par-dessus la tête aussi de devoir batailler pour m'assurer un espace de liberté créatrice. C'est la raison pour laquelle je me suis si longtemps tenu à l'écart des masses, et maintenant que je recommunique avec mon prochain, je me dis que je ferais mieux de m'en retourner dans ma tanière. Il n'y a pas que l'intelligence : il y a les insectes et les palmiers et les moulins à poivre, et dans mon souterrain, marrez-vous, j'apporterai un moulin à poivre. Les foules trahissent toujours. Ne faites confiance à personne. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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Plongez-vous en priorité dans Céline

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« Plongez-vous en priorité dans Céline, le plus grand écrivain depuis 2000 ans, mais bien sûr sans négliger L'ÉTRANGER de Camus, que vous ferez suivre par CRIME ET CHÂTIMENT et les FRÈRES KARAMAZOV, tout Kafka également. Ainsi que les bouquins du méconnu John Fante. Ajoutez-y les nouvelles de Tourgueniev, évitez Faulkner, Shakespeare et surtout George Bernard Shaw, la plus abominable baudruche de notre Ère, un authentique con doré sur tranche qui ne s'est - promis, juré - imposé que grâce à ses relations politiques et littéraires. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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Conserves de fraises

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« Dieu terrasse l'homme ; l'homme déboulonne Dieu ; et alors que le mal étend son empire, les mères continuent de faire leur conserves de fraises. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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29/06/2014

Vrai, il était magique, ce cul !

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« Vrai, il était magique, ce cul ! elle avait le pouvoir d'envoyer un mec au tapis, de le transformer en tuyau percé, en pierre tombale, ou encore en agité du bocal. donc, à peine reprenait-elle place à mes côtés que je levais ma bouteille comme on lève un diadème, que je la lui offrais, qu'elle y goûtait avant de me la rendre, et qu'ensuite, me retournant vers la tribune du fond, je m'exclamais : "je m'en vais les tuer, ces bâtards gueulus qui t'ont manqué de politesse." »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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A croire que les gens de cet acabit ne peuvent que flirter avec l'abîme

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« Où que l'on se trouve sur cette planète, on finit par se heurter à ses quatre murs et, alors que je me débats au plus profond de ma gueule de bois, me reviennent en mémoire deux de mes amis qui sont mes conseillers en matière de suicide, entre nous, existe-t-il une meilleure preuve de fraternité agissante? sur chaque veine de son bras gauche, le premier porte les marques indélébiles de la lame de rasoir. quant au second, énorme barbe noire, il préfère l'absorption à jets continus de comprimés. L'un et l'autre écrivent des poèmes. A croire que les gens de cet acabit ne peuvent que flirter avec l'abîme. mais je parierais fort que nous atteindrons, tous les trois, la quatre-vingt-dixième année. 2010. et alors, à quoi ressemblera 2010? tout sera fonction, bien sûr, de ce qu'on aura fait de la Bombe, mais je suppose qu'on mangera encore des œufs au petit déjeuner, que le sexe posera toujours autant de problèmes, et qu'on continuera à écrire des poèmes à se suicider. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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Une balle

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« Une balle a plus de pouvoir qu’un million de bulletins de vote. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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Trop de gens qui font dans leur froc

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« Il y a trop de gens qui redoutent de dire du mal des pédés - sur le plan des idées, bien sûr. Comme il y a trop de gens qui tremblent d'avoir à critiquer la gauche - toujours par rapport aux idées. Je me fous de savoir à quelle chapelle on cotise - je ne remarque qu'une chose : il y a trop de gens qui font dans leur froc. »

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse

 

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La chair seule, cette fois, appelait le néant comme un repos

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« Il courut à la fenêtre, l'ouvrit de nouveau, plongea son regard dans la nuit. A peine résista-t-il à la tentation de s'y jeter, d'y tomber les bras étendus, de s'y perdre enfin, avec son haïssable secret. Et, néanmoins, ce n'était pas ainsi qu'il avait désiré mourir jadis, quand il appuyait froidement, fermement, le canon de l'arme sur sa face.

La chair seule, cette fois, appelait le néant comme un repos, ou même n'appelait rien : elle fuyait. Il fuyait. Il fuyait devant un péril inconnu, dont la cause n'était pas en lui. Ou, pour mieux dire, il s'échappait. »

Georges Bernanos, La Joie

 

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La mort donnée peut aussi avoir sa beauté

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« La mort donnée peut aussi avoir sa beauté. C'est l'un des mystères de la chasse. Il y a une sorte de perfection et même de poésie grave dans un tir sans défaut, lorsque soudain le silence succède au rugissement de la carabine et que le gibier tombe, foudroyé, ayant accompli son destin de gibier. Au cours d'un affût en Ecosse , à la tombée de la nuit, je me tenais immobile à cent cinquante mètres environ de la lisière d'un bois. Un vent léger montait vers moi. La sensation fugitive d'un froissement dans les fourrés avait suggéré d'une présence. Quelques instants après, la silhouette gracile d'un brocard aux bois bien apparents se détacha en gris sur l'obscurité du taillis. Sa bouche gourmande se leva pour cueillir de jeunes pousses au-dessus de lui. La mort le surprit dans cette occupation agréable. Je n'en souhaiterais pas d'autre depuis qu'on ne meurt plus en dolman de hussard, les matins de charge, dans la fumée de la mousqueterie et le roulement des tambours... »

Dominique Venner, Le Coeur Rebelle

 

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28/06/2014

Aux lieux où brillent le soleil et la mer, où fructifient la vigne et l'olivier

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« Vous serez heureux avec votre compagne dans l'une de ces blanches villes insulaires que vous aimez ─ dans l'une de ces vieilles résidences marines, qui ne sont jamais sorties du mythe. Aux lieux où brillent le soleil et la mer, où fructifient la vigne et l'olivier, où les mendiants mêmes vivent dans une liberté royale, et lorsqu'un œil comme le vôtre embrasse ce spectacle, les sources anciennes jaillissent encore dans leur splendeur intacte, et les choses sont encore dignes qu'on les désire. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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Tout État se doit de créer une utopie

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« Tout État se doit de créer une utopie, dès qu'il a perdu le contact avec le mythe. C'est en elle qu'il parvient à prendre conscience de sa mission. L'utopie est l'esquisse du plan idéal, qui sert à déterminer la réalité. Les utopies sont les tables de la Loi contenues dans la nouvelle Arche d'alliance; les armées les emportent, invisibles, avec elles. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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La beauté, la vérité, le savoir sont intolérables pour le regard trouble

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« L’œil est créé pour un empire d'ombres, non pour la lumière incolore. La lumière, la grande puissance de l'univers, vous consumerait si elle s'approchait de vous sans voiles. La beauté, la vérité, le savoir sont intolérables pour le regard trouble ; c'est assez de leur ombre à tous. Pourquoi vous efforcer de dépasser votre cercle ? »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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Un agréable néant

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« Souvent, Lucius, étudiant les lointaines archives et les chroniques des régiments, avait été frappé par une différence dans les visages, qui reflétait cette rupture. Chez ces précurseurs, qui presque tous avaient trouvé la mort dans les flammes, il y avait encore un legs de la vieille aristocratie. Mais venaient ensuite des têtes dont on ne pouvait définir la nature que comme un agréable néant, et qui révélaient le vide des destructions dont elles étaient chargées. Elles n'étaient pas sans régularité, ni sans charme, mais on eût dit que la toile d'un bon portraitiste avait été remplacée par un écran de cinéma. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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La technique prend un caractère d'enchantement

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« La technique entre insensiblement dans sa troisième phase. La première était titanesque ; elle visait à édifier le monde des machines. La seconde fut rationnelle, et aboutit à l'automatisme parfait. La troisième est magique, car elle donne vie aux automates en leur donnant un sens. La technique prend un caractère d'enchantement ; elle se plie aux désirs. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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Le rapport de l'intérieur à l'extérieur

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« Le monde est bâti sur le modèle de la Chambre double. De même que tous les êtres vivants sont formés de deux feuilles, il est fait de deux couches, qui sont entre elles dans le rapport de l'intérieur à l'extérieur, et dont l'une possède une réalité plus haute, l'autre une réalité moindre. Mais la réalité moindre est déterminée jusque dans ses plus petits détails par la plus haute. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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27/06/2014

Elever un être collectif au rang d'État

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« Le bailli veut, hors de l'histoire, élever un être collectif au rang d'État ; nous, nous tendons à un ordre historique. Nous voulons la liberté de l'homme, de son être, de son esprit et de ce qu'il possède, et l'État dans la seule mesure où ces biens réclament une protection. De là résulte la différence entre nos moyens et méthodes et ceux du bailli. Il est obligé de niveler, d'atomiser et d'aplanir son matériel humain, au sein duquel doit régner un ordre abstrait. Chez nous, au contraire, c'est l'homme qui doit être le maître. Le bailli vise à la perfection de la technique, nous visons à la perfection de l'homme. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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Des troupes sans cesse renouvelées de victimes

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« Il y a des lieux sur terre où se suivent des sanctuaires, du plus loin qu'on se souvienne ; il en est ainsi des lieux de violence. Ces endroits semblent frappés d'une malédiction, qui leur attire des troupes sans cesse renouvelées de victimes. Elles se succèdent à travers le flux et le reflux de l'histoire, et qu'importe qu'elles soient traînées sur l'ordre des tyrans ou au nom de la liberté dans ces lieux d'épouvante, où l'on entendra toujours leur murmure, comme une litanie qui jamais ne s'arrête ? Car nul ne saurait compter ceux qui à chaque instant languissent dans les geôles de ce monde. »

Ernst Jünger, Héliopolis

 

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L'Un et le Tout

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« Je l'aurai vue une fois, l'unique chose que cherchait mon âme, et la perfection que nous situons au-delà des astres, que nous repoussons à la fin du temps, je l'ai sentie présente. Le bien suprême était là, dans le cercle des choses et de la nature humaine.

Je ne demande plus où il est : il fut dans le monde, il y peut revenir, il n'y est maintenant qu'un peu plus caché. Je ne demande plus ce qu'il est : je l'ai vu et je l'ai connu.

Ô vous qui recherchez le meilleur et le plus haut, dans la profondeur du savoir, dans le tumulte de l'action, dans l'obscurité du passé ou le labyrinthe de l'avenir, dans les tombeaux ou au-dessus des astres, savez-vous son nom ? Le nom de ce qui constitue l'Un et le Tout ?

Son nom est Beauté. »

Friedrich Hölderlin, Hypérion

 

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Être libéral, c'est précisément le contraire d'être moderniste

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« Telles sont pourtant les mœurs de la véritable liberté. Être libéral, c'est précisément le contraire d'être moderniste et c'est par un incroyable abus du langage que l'on apparente ordinairement ces deux mots. Et ce qu'ils désignent. Mais les abus du langage les moins indiqués sont toujours ceux qui résistent le mieux. Et c'est ici une incroyable confusion. Et je ne hais rien tant que le modernisme. Et je n'aime rien tant que la liberté. (Et en elle-même, et n'est-elle pas la condition irrévocable de la grâce).

Disons les mots. Le modernisme est, le modernisme consiste à ne pas croire ce que l'on croit. La liberté consiste à croire ce que l'on croit et à admettre, (au fond, à exiger), que le voisin aussi croie ce qu'il croit. Le modernisme consiste à ne pas croire soi-même pour ne pas léser l'adversaire qui ne croit pas non plus. C'est un système de déclinaison mutuelle.
La liberté consiste à croire. Et à admettre, et à croire que l'adversaire croit.

Le modernisme est un système de complaisance. La liberté est un système de déférence.

Le modernisme est un système de politesse. La liberté est un système de respect.

Il ne faudrait pas dire les grands mots, mais enfin le modernisme est un système de lâcheté. La liberté est un système de courage.

Le modernisme est la vertu des gens du monde. La liberté est la vertu du pauvre. »

Charles Péguy, L'Argent

 

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Comme sous la période soviétique, on retouche les photos et on réécrit l’histoire

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« Il y eut une époque où papa-maman essayaient tant bien que mal de vivre ensemble sans s’interroger outre mesure sur les “problèmes de couples”, où les enfants jouaient tout nus dans le jardin sans qu’on se demande si ça n’allait pas donner des idées aux méchants prédateurs, tandis que grand-père tirait sur sa bouffarde sans qu’on brandisse devant lui des statistiques accusatrices sur la tabagie passive. Cette époque est révolue. On en est aujourd’hui à gommer les cigarettes apparaissant sur les photographies de Gainsbourg, d’André Malraux et du général de Gaulle. Churchill, c’était bien connu, était non-fumeur, et Shakespeare n’a jamais écrit “Le Marchand de Venise”. Comme sous la période soviétique, on retouche les photos et on réécrit l’histoire.

Le durcissement progressif des lois antifumeurs est particulièrement caractéristique de cette “correction” hystérique. Aux États-Unis, où les employés doivent se déclarer non-fumeurs pour être embauchés, la police peut perquisitionner chez eux à l’improviste pour voir s’ils n’ont pas laissé traîner des mégots. Depuis L’été 2008, il est interdit à San Marin de fumer au volant, sous le prétexte qu’en allumant une cigarette on pourrait pendant quelques secondes être distrait de sa conduite (logiquement, on devrait alors proscrire aussi le transport automobile d’animaux domestiques ou d’enfants). Le comble du grotesque a été atteint aux Pays-Bas, où les pouvoirs publics ont interdit l’usage du tabac dans les coffee shops où l’on fume le cannabis : les amateurs de haschisch qui avaient l’habitude de le mélanger avec du tabac pour le rendre un peu moins fort, sont désormais tenus de ne plus “couper” leurs stupéfiants. »

Alain de Benoist, Les démons du bien

 

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