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21/08/2014

Ruse

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« Tout l'art de la guerre est basé sur la ruse. Donc, si nous sommes en mesure d'attaquer, nous devons en paraître incapables ; si nous employons nos armées, nous devons paraître inactifs ; si nous sommes proches de l'ennemi, nous devons lui faire croire que nous sommes loin ; et lorsque nous sommes éloignés, nous devons lui faire croire que nous sommes près. Utilisez des appâts pour attirer l'ennemi. Feignez le désordre, et écrasez-le. »

Sun Tzu, L'art de la guerre

 

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20/08/2014

C’est le jour des révoltes que la vie rentre dans l’ordre

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« Il se disait que, si agréables qu’elles soient pour certains, les périodes de paix sociale ne sont pas chose naturelle ni logique, et que c’est le jour des révoltes que la vie rentre dans l’ordre. Quels que puissent être ses excès et ses injustices de détail (lamentables, certes), c’est malgré tout le jour des révoltes que la situation redevient normale et satisfaisante pour l’esprit. »

Henry de Montherlant, Les jeunes filles

 

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Celui qui, isolé et privé de sa patrie par la marche de l’univers, se voit enfin livré au néant

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« Nous appelons ainsi celui qui, isolé et privé de sa patrie par la marche de l’univers, se voit enfin livré au néant. Tel pourrait être le destin d’un grand nombre d’hommes, et même de tous - il faut donc qu’un caractère s’y ajoute. C’est que le Rebelle est résolu à la résistance et forme le dessein d’engager la lutte, fût-elle sans espoir. Est Rebelle, par conséquent, quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l’entraîne dans le temps à une révolte contre l’automatisme et à un refus d’en admettre la conséquence éthique, le fatalisme. A le prendre ainsi, nous serons aussitôt frappés par la place que tient le recours aux forêts, et dans la pensée, et dans la réalité de nos ans. »

Ernst Jünger, Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts

 

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38 jours fériés

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« Sous l’Ancien Régime, les lois de l’Église garantissaient au travailleur 90 jours de repos (52 dimanches et 38 jours fériés) pendant lesquels il était strictement défendu de travailler. C’était le grand crime du catholicisme, la cause principale de l’irréligion de la bourgeoisie industrielle et commerçante. Sous la Révolution, dès qu’elle fut maîtresse, elle abolit les jours fériés et remplaça la semaine de sept jours par celle de dix. Elle affranchit les ouvriers du joug de l’Église pour mieux les soumettre au joug du travail. »

Paul Lafargue, Le droit à la paresse

 

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19/08/2014

Les Capétiens étaient des réalistes

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« Le bon sens des Capétiens, qui devait être, à de rares exceptions près, la qualité dominante de leur race, ne serait pas moins utile à cette œuvre de longue haleine. Rendre service : c’était la devise de la maison depuis Robert le Fort. Avancer pas à pas, prudemment, consolider chaque progrès, compter les deniers, se garder des ambitions excessives, des entreprises chimériques, ce fut son autre trait, avec un sentiment d’honorabilité bourgeoise plus que princière et le goût de l’administration. La France sensée, équilibrée, se reconnut dans cette famille qui aimait son métier et qui avait le don de s’instruire par l’expérience. Il semble que les Capétiens aient eu devant les yeux les fautes de leurs prédécesseurs pour ne pas les recommencer. Les descendants de Charlemagne, de Charles le Chauve à Lothaire, s’étaient épuisés à reconstituer l’Empire. Ce fut également la manie des empereurs germaniques. Les Capétiens étaient des réalistes. Ils se rendaient un compte exact de leurs forces. Ils se gardèrent à leurs débuts d’inquiéter personne. »

Jacques Bainville, Histoire de France

 

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C’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon

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« Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa "ressemblance" avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : "Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie". Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau. »

Albert Camus, L'homme révolté

 

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La belle étoile est un vertige absolu

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« Dormir à la belle étoile, ce n’est pas une coquetterie estivale pour amateur d’étoiles filantes. La belle étoile est un vertige absolu. Une révélation fondatrice. A condition d’ouvrir les yeux. Paré au décollage ? En premier lieu, allongé sur le dos il ne faut pas s’imaginer couché, mais debout, à la proue du grand navire sphérique de la terre, ce qui est vrai, puisqu’elle est tout entière avec ses milliards d’humains et sa masse écrasante, dans votre dos. Vous êtes donc sa figure de proue et vous naviguez à 108 000 kilomètre-heure dans l’espace. Vous foncez à cette vitesse inouïe. Même pas décoiffé, bien protégé des rayons nocifs par l’habitacle atmosphérique. Si la gravitation ne vous collait pas au sol, vous auriez la nausée des rotations combinées de la terre sur elle-même, de la terre autour du soleil, du soleil autour du centre de notre Voie lactée, et de la danse de celle-ci avec les autres galaxies. Devant vous scintillent des milliards d’étoiles dont seulement quelques centaines s’impriment sur votre rétine. Par cette contemplation vous croyez voyager dans l’espace, alors que vous venez de commencer un voyage dans le temps. Un plongeon dans le passé. Aucune de ces étoiles n’est à la même distance de vous. Elles ne sont pas clouées sur une voute. Leur lumière a mis au moins quatre ans (Proxima du Centaure est l’étoile la plus proche de nous), voire des millions d’années à vous parvenir, à la vitesse de 300 000 kilomètres par seconde. Elles vous parlent d’un passé très lointain. Certaines de ces étoiles sont déjà éteintes depuis des lustres. Volatilisées.  Vous n’en voyez plus que l’écho lumineux en chemin vers la terre. Un télescope est en fait une machine à remonter le temps.

La lumière du soleil met huit minutes à nous parvenir. Une année lumière c’est donc très loin : 9 500 milliards de kilomètres. Mais un milliard est un chiffre très difficile à appréhender : Jésus marchait en Palestine il y a un milliard de minutes. Quand vous regardez les trois étoiles de la ceinture d’Orion, distantes de 1 500 années lumières, vous voyez cette partie de l’univers telle qu’elle était à la fin de l’Empire romain, à l’heure où s’éteignit la mythologie gréco-latine. Vous recevez dans l’œil la dernière flèche du grand chasseur !

Notre soleil n’est qu’une petite étoile dans l’univers. Notre galaxie, la Voie lactée, en compte entre deux cents et quatre cents milliards. Et sans doute mille milliards de planètes, dont quatre cents ont été devinées même si aucune n’a encore pu être observée. La voie lactée, c’est cette traînée blanchâtre qui fend le ciel en deux par nuit noire et que l’on prend pour un nuage effiloché. Comme nous y habitons, nous la voyons de l’intérieur, par la tranche. C’est un immense disque spiralée avec en son centre un trou noir super massif dont la masse est égale a quatre millions de fois celle du soleil. Heureusement que notre soleil en est distant de 26 000 années-lumière, sinon nous serions aspiré comme limaille à un aimant et aussitôt fondus en soupe de particules en fusion. Notre galaxie est immense. Si notre système solaire et ses huit planètes étaient de la taille d’une amibe, la Voie lactée serait grande comme l’océan Pacifique. Et nous serions sur une de ses rives. Vous croyez que c’est grand ? Le télescope Hubble a dénombré trois mille galaxies. Dans l’univers, la Voie lactée correspondrait à la surface couverte par une tête d’épingle tenue à bout de bras. Mais alors, combien de têtes d’épingle faudrait il souder les unes aux autres pour construire une sphères autour de vous ?

Dernière révélation dans ce pré où vous êtes alongés : entre les étoiles, vous croyez que c’est noir, mais en fait, ce noir totalise 96% de l’énergie universelle émise sous formes de photons, les étoiles qui brillent ne représentant que 4% : ce noir, c’est le fond diffus cosmique, le rayonnement fossile du Bing Bang, le fond de l’univers, vieux de 13,7 milliards d’années. Rien de plus vieux sous les étoiles. L’univers en extension est très froid. Et très peu dense. Il n’y a en moyenne que quelques atomes par mètre cube dans l’univers. La moitié est là sous nos yeux. (L’autre moitié dans votre dos.) A vous seul vous totalisez 7 000 000 000 000 000 000 000 000 000 atomes (27 zéros). Vous ne le savez pas mais vous êtes un miracle de matière froide super-dense et surtout super-organisée. Une quantité non négligeable de l’univers. »

Alexandre Poussin, Marche Avant

 

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18/08/2014

Nous nous abîmons dans des zones où gîtent les racines de l'arbre de vie

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« Le combat de la vie, le fardeau de l'individualité. A l'opposé, l'indivis et ses tourbillons toujours plus profonds. Aux instants de l'étreinte, nous y plongeons, nous nous abîmons dans des zones où gîtent les racines de l'arbre de vie. Il y a aussi la volupté légère, fugitive, pareille au combustible qui flambe, et tout aussi volatile. Au-delà, au-dessus de tout cela, le mariage. "Vous serez une seule chair." Son sacrement ; le fardeau est désormais partagé. Enfin, la mort. Elle abat les murailles de la vie individuelle. Elle sera l'instant de l'accomplissement suprême. (Matthieu XXII, v. 30.) C'est par-delà la mort, et là seulement, où le temps n'est plus, que nos véritables liens ont formé le noeud mystique. Il nous sera donné de voir, quand la lumière s'éteindra. »

Ernst Jünger, Premier journal parisien

 

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On n'est plus un destin, mais rien qu'un numéro de plus

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« A supposer même que le néant triomphe, dans la pire de ses formes, une différence subsiste alors, aussi radicale que celle du jour et de la nuit. D'un côté, le chemin s'élève vers des royaumes, le sacrifice de la vie, ou le destin du combattant qui succombe sans lâcher ses armes ; de l'autre, il descend vers les bas-fonds des camps d'esclavage et des abattoirs où les primitifs concluent avec la technique une alliance meurtrière ; où l'on n'est plus un destin, mais rien qu'un numéro de plus. Or, avoir son destin propre, ou se laisser traiter comme un numéro : tel est le dilemne que chacun, certes, doit résoudre de nos jours, mais est seul à pouvoir trancher. »

Ernst Jünger, Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts

 

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13/08/2014

Comme une eau souterraine

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« Je t'aimais. Je t'aime. je t'aimerais. Il ne suffit pas d'une chair pour naître. il y faut aussi cette parole. Elle vient de loin. Elle vient du bleu lointain des cieux, elle s'enfonce dans le vivant, elle ruisselle sous les chairs du vivant comme une eau souterraine d'amour pur. »

Christian Bobin, Le Très-Bas

 

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Les gens on les aime tout de suite ou jamais

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« J’ai déjà remarqué ça : les gens on les aime tout de suite ou jamais. Elle je l’aime tout de suite. Elle est infirmière. Elle revenait d’une tournée quand elle m’a trouvée dans son jardin. Elle fait des piqûres à gauche, à droite, dans la journée, parfois la nuit en cas d’urgence. L’argent des piqûres passe en disques.
Toute la maison est équipée : on met Wagner dans le salon et l’or du Rhin inonde aussitôt les chambres, le bureau, le salon, grâce à des hauts parleurs dissimulés dans chaque pièce. Comme ça, elle dit, je marche, je mange, je dors et je bouge dans cette musique. Les autres ont bien des chats ou des maris à la maison. Moi j’ai Wagner, Ravel ou Schubert. Partout présents et légers comme des vrais chats. »

Christian Bobin, La folle allure

 

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Le feu qui coule dans ses veines remonte aux yeux et rien pour les lèvres

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« Mon père est comme un loup : le feu qui coule dans ses veines remonte aux yeux et rien pour les lèvres. Ma mère est comme une chatte, comme un moineau, comme du lierre, comme le sel, comme la neige, comme le pollen des fleurs. »

« Ma mère est folle, je crois. Je souhaite à tout les enfants du monde d’avoir des mères folles, les mères les mieux accordées aux coeurs fauves des enfants. »

Christian Bobin, La folle allure

 

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Beaucoup de songes...

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« Le sommeil restait une affaire privée, chacun chez soi, allongé entre les draps blancs, au fond d’une barque d’ombre. Le sommeil est comme l’enfance, impossible à partager sauf avec un loup. »

« Je suis pas sortie de l’hôtel depuis trois jours. Une mauvaise grippe. Non une très bonne grippe. Un peu de fièvre, beaucoup de songes. »

Christian Bobin, La folle allure

 

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Dans une vie normale, normalement perdue, normalement obscure à elle-même

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« Dans une vie normale, normalement perdue, normalement obscure à elle-même, bien peu de choses passent, et pour les dire avec justesse il faut souvent des années et des années. »

« Il y avait quelque chose de pénible dans ce regard, un sale melange de désir et de mélancolie : je voudrais bien te baiser mais tu comprends, je suis coincé avec celle-là. »

Christian Bobin, La folle allure

 

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12/08/2014

Comment communiquer un message aux lecteurs sans se livrer de manière indiscrète ?

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« Mais Fénelon dit aussi dans cette Méditation qu’il faut examiner si notre prochain accueillera sans en être scandalisé la libre simplicité avec laquelle nous devrions parler de nous-mêmes. Comment communiquer un message aux lecteurs sans se livrer de manière indiscrète ? Les choses se passent plus simplement pour un géomètre mais celui qui écrit obéit à des lois non écrites ce qu’il veut transmettre est douteux, fragile, et les lecteurs auxquels il s’adresse sont aussi fuyants que son propre message. Car le plus souvent l’intérêt que l’on porte à l’autre, notamment quand cet autre écrit, n’est pas l’expression de la sympathie, mais plutôt le fruit de la curiosité. La curiosité n’est friande que de détails biographiques, d’anecdotes plus ou moins piquantes, de potins, de souvenirs rares et de confidences. La curiosité est pointilliste elle est à l’écoute des faits divers et compose une chronique criblée de notules elle fonde ainsi une connaissance superficielle et dérisoire la curiosité feuillette d’un doigt désinvolte le livre de la biographie. Ce n’est pas l’amour, c’est le détective et c’est l’inspecteur de police qui ont affaire à des suspects et accumulent à leur sujet les renseignements. En vérité, la sympathie commence là où il n’y a plus de place pour la curiosité et disons plus c’est la curiosité qui barre la route à la sympathie. Si vous êtes curieux de moi, c’est que vous n’avez pas de sympathie pour moi. Si vous cherchez à savoir quelque chose sur moi, à glaner quelque détail scabreux, c’est que vous ne voulez pas me connaître. Oui, la curiosité s’oppose à la sympathie comme l’amateur à l’amant, comme la sélection à l’élection l’amateur trie, range et détaille les individus à la manière d’un collectionneur qui classe des échantillons dans une série abstraite ou un genre impersonnel. »

Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, Quelque part dans l’inachevé

 

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Il y a un nombre infini

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« Je sais qu’il y a un nombre infini, dit Pascal, mais je ne sais pas si ce nombre est pair ou impair. »

Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, Quelque part dans l’inachevé

 

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L’histoire attendait de moi que je nettoie après le passage de tout le monde

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« Ce que disait Tyler, comme quoi nous sommes la merde et les esclaves de l’histoire, c’est exactement ce que je ressentais.

(...)

Des milliers d’années durant, les êtres humains avaient baisé, déversé leurs ordures et leur merde sur cette planète, et aujourd’hui, l’histoire attendait de moi que je nettoie après le passage de tout le monde. Il faut que je lave et que je raplatisse mes boîtes de soupe. Et que je justifie chaque goutte d’huile moteur usagée. Et il faut que je règle la note pour les déchets nucléaires et les réservoirs à essence enterrés et les boues toxiques étalées sur les champs d’épandage d’ordures une génération avant ma naissance.
Je tenais le visage de m’sieur l’angelot comme un bébé ou un ballon de rugby au creux de mon bras et je le tabassais de mes jointures, je l’ai tabassé jusqu’à ce que ses dents crèvent ses lèvres. »

Chuck Palahniuk, Fight Club

 

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On fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien

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« Je vois une génération entière qui travaille à des pompes à essence, qui fait le service dans des restos, qui est esclave d’un petit chef dans un bureau. La pub nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis, on n’a pas de but ni de vraie place ; on n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression, c’est nos vies. La télévision nous a appris à croire qu’un jour on serait tous des millionnaires, des dieux du cinéma ou des rock stars, mais c’est faux.

(...)

J’avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c’était ça la liberté. »

Chuck Palahniuk, Fight Club

 

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Il n'y a pas de pourquoi

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« Quant aux poètes, aux philosophes, aux savants qui se torturent l'esprit pour chercher la raison, le pourquoi de la vie, qui l'expriment en formules contradictoires, qui la débitent en préceptes opposés... ce sont des farceurs ou bien des fous... Il n'y a pas de pourquoi... »

Octave Mirbeau, Mémoire pour un avocat

 

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11/08/2014

Le monde est dévoré par l’ennui

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« Je me disais que le monde est dévoré par l’ennui. Naturellement, il faut un peu réfléchir pour se rendre compte, ça ne se saisit pas tout de suite. C’est une espèce de poussière. Vous allez et venez sans la voir, vous la respirez, vous la mangez, vous la buvez, et elle est si fine, si ténue qu’elle ne craque même pas sous la dent. Mais que vous vous arrêtiez une seconde, la voilà qui recouvre votre visage, vos mains. Vous devez vous agiter sans cesse pour secouer cette pluie de cendres. Alors, le monde s’agite beaucoup. »

Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne

 

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Dès ses études à l'université, le médecin, le juriste, le technicien est prisonnier...

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« Dès ses études à l'université, le médecin, le juriste, le technicien est prisonnier d'un cycle de cours rigide, qui se termine par une gamme d'examens. Quand il les a passés, il reçoit son diplôme et jouit alors de nouveau de la liberté apparente de s'adonner à sa profession. Mais il ne devient ainsi que l'esclave de puissances intérieures : il tombe sous la coupe du succès, de l'argent, de son ambition, de sa vanité, du charme que les gens lui trouvent ou ne lui trouvent pas. Il doit se soumettre à des choix, gagner de l'argent ; il participe aux rivalités impitoyables des castes, des familles, des partis, des journaux. En compensation, il a toute licence d'avoir des succès et de la fortune, et de provoquer la haine des malheureux, à moins que ce ne soit l'inverse. »

Herman Hesse, Le jeu des perles de verre

 

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Une étable à porcs

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« Je suis plébéien, mais je proteste contre la démocratie si elle veut faire de mon pays une étable à porcs. »

Maurice Barrès, Mes Cahiers

 

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Une profonde noblesse de l’âme et du corps lui-même

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« On oublie trop souvent que la spiritualité est essentiellement un mode de vie et qu’elle n’est pas déterminée par ce qu’on a emmagasiné de notions, d’idées, de théories, mais par ce qu’on a réussi à faire vibrer dans les courants de son sang, et qui se traduit ainsi par une supériorité, par une profonde noblesse de l’âme et du corps lui-même.
Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’êtres insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du "progrès". »

Julius Evola, Méditations du haut des Cimes

 

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Les permanences

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« Sous les apparences mouvantes, vivent les permanences, l’axe stable au centre de la roue tournoyante du changement. Ce qui était ne sera jamais plus, certes. Les formes anciennes ne reviendront pas, mais ce qui est de toujours resurgira. »

Dominique Venner, Le cœur rebelle

 

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10/08/2014

Une servilité voluptueuse, une nécessité tyrannique

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« 14 août 1932,

[Anaïs],

Ne compte plus me trouver sain d'esprit. Finissons-en avec la raison. Ce fut un mariage à Louveciennes, tu ne peux le nier. Je suis reparti avec des morceaux de toi collés sur ma peau ; je marche, je nage dans un océan de sang, de ton sang d'Andalouse, distillé et venimeux. Tout ce que je fais, ce que je dis, ce que je pense tourne autour de ce mariage. Je t'ai vue en maîtresse de maison, une Mauresque au visage épais, une négresse au corps blanc, des yeux sur tout le corps - femme, femme, femme. Je ne vois pas comment je pourrais continuer à vivre loin de toi - ces séparations sont désormais la mort. Qu'as-tu éprouvé lorsque Hugo est rentré ? Etais-je encore là ? Je ne peux pas t'imaginer te comportant avec lui comme tu l'as fait avec moi. Les jambes serrées. Fragilité. Doux consentement du traître. Docilité d'oiseau. Avec moi tu es devenue femme. J'en fus presque terrifié. Tu n'as pas trente ans - tu as mille ans.

Me voici de retour et la passion couve toujours, fumante comme du vin chaud. Non plus la passion de la chair, mais une faim de toi, une faim dévorante. Dans les journaux, je lis les articles sur les meurtres et les suicides et je les comprends parfaitement. Je me sens meurtrier, suicidaire. J'ai comme l'impression que c'est une honte de ne rien faire, de se contenter de passer le temps, de le prendre avec philosophie, d'être raisonnable. Où est le temps où les hommes se battaient, tuaient, mouraient pour un gant, pour un regard, etc. ? (Quelqu'un est en train de jouer cet air affreux de Madame Butterfly - "Un jour il viendra" !)

Je t'entends encore chanter dans la cuisine - de ta voix légère, comme celle des Noirs, tu chantes une sorte de litanie cubaine monotone et sans harmonie. Je sais que tu es heureuse dans la cuisine et que le plat que tu prépares est le meilleur que nous ayons mangé ensemble. Je sais que tu t'es souvent brûlée la peau sans jamais te plaindre. J'éprouve la plus grande joie et la plus grande paix à être assis dans la salle à manger, tandis que tu t'agites autour de moi, dans ta robe digne de la déesse Indra, constellée de mille yeux.

Anaïs, je croyais t'aimer, avant ; ce n'était rien à côté de la certitude que j'en ai aujourd'hui. Etait-ce si merveilleux parce que c'était court et volé à la vie ? Nous jouions-nous la comédie l'un à l'autre, l'un pour l'autre ? Etais-je moins "moi", ou davantage "moi" ? Etais-tu moins ou plus "toi" ? Est-ce folie que de croire que ça pourrait continuer ? Quand et où commencerait la grisaille ? Je t'étudie tellement, afin de découvrir d'éventuels défauts, des points faibles, des zones dangereuses. Je n'en trouve pas - pas les moindres. Cela veut dire que je suis amoureux, aveugle, aveugle, aveugle. Etre aveugle à jamais. [...]

Je sais que maintenant tu as les yeux grands ouverts. Il y a des choses auxquelles tu ne croiras jamais plus, des gestes que tu ne referas plus, des chagrins, des doutes que tu ne connaîtras plus. Blanche ferveur presque criminelle dans ta tendresse et dans ta cruauté. Pas de remords ni de vengeance, pas de chagrin ni de culpabilité. Seulement vivre, sans rien pour te sauvegarder de l'abîme si ce n'est un fol espoir, une joie à laquelle tu as goûté et que tu peux retrouver à volonté. [...]

La vie et la littérature mêlées, l'amour comme dynamo, toi avec ton âme de caméléon, m'offrant mille sortes d'amour, toujours là, solide, quelle que soit la tempête que nous traversons, nous sentant partout chez nous. Poursuivant, chaque matin, la tâche là où nous l'avions laissée. Résurrection sur résurrection. Toi, prenant de plus en plus d'assurance et menant la vie riche que tu désires ; et plus tu prends de l'assurance, plus que tu me veux, plus tu as besoin de moi. Ta voix devient plus rauque, plus profonde, tes yeux plus noirs, ton sang plus épais, ton corps plus plein. Une servilité voluptueuse, une nécessité tyrannique. Plus cruelle que jamais - consciemment, délibérément cruelle. Le plaisir sans fin de l'expérience. »

Henry Miller à Anaïs Nin , in Anaïs Nin, Henry Miller, Correspondance passionnée

 

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