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17/07/2014

Le royaume obscur de l'odorat

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« Qu'avait-il donc d'intéressant, ce chien, pour capter ainsi mon attention ? Je ne sais. Peut-être était-ce parce qu'obstinément il transportait avec lui, au long de ses vagabondages, un monde totalement différent de cette rue animée et pleine de lumière ? L'univers à travers lequel il cheminait était le royaume obscur de l'odorat, qui doublait l'univers humain des rues, et où becs électriques, rengaines moulues par les haut-parleurs, éclats de rire, tout était menacé par d'obscures et tenaces odeurs. Car celles-ci s'organisaient selon un ordre plus rigoureux, et l'odeur d'urine collée aux pattes humides du chien s'alliait rigoureusement à la légère fétidité émanée des organes et viscères humains. »

Yukio Mishima, Le Pavillon d'Or

 

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16/07/2014

J'allais m'enfoncer dans les ténèbres de l'empirisme et m'efforcer de rendre raison des faits de société

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« Le métier d’ethnologue présente en effet un curieux paradoxe. Le public le perçoit comme un passe-temps d'explorateur érudit, tandis que ses praticiens s'imaginent plutôt rangés dans la sage communauté de ceux que Bachelard appelait les travailleurs de la preuves. Notre univers familier, c'est moins les steppes, les jungles ou les déserts que la salle de cours et le combat nocturne avec la page blanche, ordalie infiniment répétée et autrement plus redoutable que n'importe quel tête-à-tête avec un hôte peu amène du bestiaire amazonien. Dans une formation vouée pour l'essentiel à la pratique ludique des humanités, rien ne prépare l'ethnologue néophyte à ces épisodes de camping inconfortable en quoi certains veulent voir la marque distinctive de sa vocation. Si une telle vocation existe, elle nait plutôt d'un sentiment insidieux d'inadéquation au monde, trop puissant pour être heureusement surmonté, mais trop faible pour conduire aux grandes révoltes. Cultivée depuis l'enfance comme un refuge, cette curiosité distante n'est pas l'apanage de l'ethnologue ; d'autres observateurs de l'homme font d'elle un usage plus spectaculaire en la fécondant par des talents qui nous font défaut : mal a l'aise dans les grandes plaines de l'imaginaire, il nous faut bien passer par cette obéissance servile au réel dont sont affranchis les poètes et les romanciers. L'observation des cultures exotiques devient alors une manière de substitut :
elle permet à l'ethnologue d'entrer dans le monde de l'utopie sans se soumettre aux caprices de l'inspiration. En canalisant dans les rets de l'explication rationnelle une volonté de puissance quelque peu vélleitaire, nous pouvons ainsi nous approprier par la pensée ces sociétés dont nous ne saurions influencer la destinée. Aucun goût de l'exploit dans tout cela ; notre univers contemplatif n'est pas celui des hommes d'action.

J'étais moi-même formé à la critique des textes et au travail réflexif, je savais établir une généalogie et identifier une nomenclature de parenté, on m'avait enseigné à mesurer un champ avec une boussole et une chaîne d'arpentage, mais rien dans ma vie antérieure ne m'avait préparé à jouer le coureur des bois. Normalien nonchalant et médiocre philosophe, j'avais trouvé dans la lecture des classiques de la sociologie une heureuse compensation au purgatoire agrégatif. J'étais du reste bien seul dans cette évasion. Voués au culte intransigeant de l'épistémologie, mes condisciples considéraient les sciences sociales comme une forme de distraction bien peu rigoureuse, déplorablement dépourvue de cette "scientificité" qu'ils traquaient dans la physique aristotélicienne ou dans les textes mathématiques de Leibniz. Mon intérêt pour l’ethnologie me valut ainsi une réputation de futilité sympathique, sanctionnée par le sobriquet anodin de "l'emplumé".

C'était pourtant un ancien de notre école qui m'avait guidé dans cette voie. Chargé pendant quelques mois d'un enseignement d'anthropologie économique, Maurice Godelier avait introduit dans nos murs l'amorce d'une légitimation des sciences sociales. Tout auréolé du prestige de son premier livre, ce jeune "caïman" montrait qu'il était possible d'entreprendre une analyse rigoureuse de l'articulation entre économie et société, jusque chez ces peuples archaïques dont les institutions sont dépourvues de la transparence fonctionnelle à quoi la dissection sociologique du monde moderne nous a accoutumés. Insatisfait par l’exégèse philosophique et la soumission exclusive au travail de la théorie pure, je décidais finalement d'abandonner mes camarades à leur ferveur métaphysique. Plutôt que de disserter sur les conditions de production de la vérité, j'allais m'enfoncer dans les ténèbres de l'empirisme et m'efforcer de rendre raison des faits de société.

A l'instigation de Maurice Godelier, j'entrepris alors un pèlerinage au Collège de France pour consulter Claude Lévi-Strauss en son sanctuaire. La morgue discrète du normalien ne m'étais d'aucun secours dans une circonstance aussi formidable : à l'idée d'aborder l'un des grands esprits du siècle, j'étais plongé dans une terreur sans précédent. M'ayant installé au plus profond d'un vaste fauteuil de cuir dont l'assise dépassait à peine le ras du sol, le fondateur de l'anthropologie structurale m'écouta avec une courtoisie impavide du haut d'une chaise de bois. Le confort du siège où j'étais enlisé ne faisait rien pour dissiper mon trac ; j'y étais comme sur un gril porté au rouge par le silence attentif de mon examinateur. De plus en plus persuadé de l'insignifiance de mes projets à mesure que je les exposais, conscient d'interrompre par mon bavardage des tâches de la plus haute importance, je conclus par quelques balbutiements cette leçon d'un genre nouveau. A ma grande surprise, l'épreuve fut couronnée de succès : tout en me prodiguant des encouragements affables, Claude Lévi-Strauss accepta d'orienter mes recherches et de diriger ma thèse. »

Philippe Descola, Les Lances du crépuscule

 

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Wisigoth

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« Dans le récit de Joseph, les événements se précipitent. Athaulf assassiné, règne le roi Wallia, qui transporte sa capitale, ses captives et ses chariots à Toulouse. Théodoric est un Grouchy qui arrive à temps. Son renfort décisif permet au patrice Aetius de rosser Attila. Tandis que l’État franc se développe au nord du pays, le roi wisigoth Euric se taille au sud, depuis Toulouse, un formidable empire, jusqu’à la Loire ! Jusqu’à Tours, place wisigothique ! Race de chefs, vraiment, si on se souvient de leur petit nombre. Populaires chez les basses gens, haïs des notables, ce qui les perdra. On dirait qu’ils le font exprès, s’habillant ostensiblement de peaux de bêtes graissant leurs cheveux et traînant partout avec eux, dans un cliquetis bruyant, leurs armes de géants. Ils accumulent les différences agressives et proclament dans tout leur royaume l’interdiction des mariages interraciaux entre Wisigoths et Gallo-Romains. Fascistes avant la lettre, tout y est : uniformes martiaux et provocateurs, pureté du sang, défi permanent, influence sur les masses misérables. Et pour faire bonne mesure, ils se mettent à dos l’Église traditionnelle établie, c’est-à dire romaine, en se précipitant imprudemment dans le schisme arien. Cela aussi les perdra.
Car le petit Clovis, plus malin, grenouille et compose avec tout, avec les notables, l’Église, le pape, l’empereur d’Orient, on serait même tenté de dire : avec les banquiers. Exactement le petit parvenu qui met tout le monde dans sa poche, on se souvient du célèbre marché : "Dieu de Clotilde ! si tu me donnes la victoire..." La France, clef en main ! Certes, elle se construit, mais avec Clovis on se croirait dans l’immobilier, tout y pue la combine. Les Wisigoths ne mangent pas de ce pain-là et sans doute suis-je aussi Wisigoth ! »

Jean Raspail, La Hache des steppes

 

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Une source permanente de guerres et de dépenses pour nous

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« Les faits parlent d'eux-mêmes, ces conquêtes [en Orient] ont été une source permanente de guerres et de dépenses pour nous. Cela nous a très peu rapporté et beaucoup coûté ; et maintenant que nous avons sous notre empire des peuples qui sont des voisins des Mèdes et des Parthes plutôt que les nôtres, nous nous retrouvons à nous battre pour ces peuples plutôt que pour nous. »

Dion Cassius, à propos des guerres entre les Romains et les Perses Sassanides, in Histoire romaine

 

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15/07/2014

La diatribe

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« D'abord considérée comme phénomène hellénistique, la diatribe appartient aux formes d'activité de toutes les civilisations. Dialectique, pratique, plébéienne d'un bout à l'autre, elle substitue à la forme des grands hommes, significative et toute action, l'agitation d'hommes bornés et mesquins, mais adroits; elle remplace les idées par les objectifs, les symboles par les programmes. L'élément expansif de toute civilisation, substitution impérialiste de l'espace extérieur à l'espace psychique intérieur, est également le sien: la qualité fait place à la quantité, la profondeur à la largeur. La diatribe est, nécessairement, partie intégrante de la "religion de l'irreligieux", il en fait son propre souci de l'âme. Elle apparaît sous la forme du sermon hindou, de la rhétorique antique, du journalisme occidental. Elle vise la majorité, non l'élite. Elle estime sa force selon le nombre de ses succès. À la pensée des hommes d'autrefois, elle substitue la prostitution intellectuelle, étalée dans les discours et les écrits qui remplissent et dominent toutes les salles publiques et les places des villes mondiales. »

Oswald Spengler, Le Déclin de l'Occident

 

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L’Athlète

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« Je suis initié, je connais le mystère
De la vie : une arène où l’immortalité
Est le prix de la lutte, et je m’y suis jeté
Librement, voulant naître et vivre sur la terre.

Les héros demi-dieux ont souffert et lutté
Pour conquérir au ciel leur place héréditaire :
Que la lutte virile et la douleur austère
Trempent comme l’airain ma libre volonté.

Suivons sans peur le cours de nos métempsycoses,
Et de l’ascension montons le dur chemin,
Sous les yeux de nos morts qui nous tendent la main.

Ils recevront, du haut de leurs apothéoses,
Dans l’olympe étoilé conquis par leur vertu,
L’âme qui combattra comme ils ont combattu. »

Louis Ménard, L’Athlète, in "Rêveries d’un païen mystique"

 

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La Douleur n'est pas notre fin dernière

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« La Douleur n'est pas notre fin dernière, c'est la béatitude qui est notre fin dernière. La Douleur nous conduit par la main au seuil de la Vie éternelle. Là elle nous quitte, ce seuil lui étant interdit. Vous-même l'entendez ainsi quand vous écrivez : "Le fondement solide de tout grand édifice moral est le désespoir" parole qui se contredirait dans les termes si vous n'aviez pas en vue le seul désespoir philosophique, lequel consiste à attendre Rien des hommes et Tout de Dieu, "le grand désespoir étoilé", comme vous dites avec magnificence. "C'est de là que l'espérance et la religion prennent leur essor vers les cieux." Nous voilà donc tout à fait ensemble. La prochaine réédition de mon "Désespéré" aura cette épigraphe tirée de Carlyle : "Le désespoir porté assez loin, complète le cercle et redevient une sorte d'espérance ardente et féconde". Pour ce qui est de l'autre désespoir, le théologique, celui qui n'attend rien de Dieu, nous l'abandonnerons aux bourgeois qui cherchent la joie de leurs tripes. »

Léon Bloy, Lettre à Emile Godefroy, reprise dans "Journal inédit III, 1903-1907 - Jeudi 8 Février 1906"

 

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14/07/2014

Combiner l'innocence et la confiance des tout petits avec le détachement et la résignation des tout vieux

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« Ce qui importe pour l'homme virtuellement libéré de la chute, c'est de rester dans la sainte enfance. D'une certaine manière, Adam et Eve étaient "enfants" avant la chute et ne sont devenus "adultes" que par elle et après elle ; l'âge adulte reflète en effet le règne de la chute ; la vieillesse, dans laquelle les passions se sont tues, rapproche de nouveau de l'enfance et du paradis, dans les conditions spirituelles normales tout au moins. Il faut combiner l'innocence et la confiance des tout petits avec le détachement et la résignation des tout vieux ; les deux âges se rencontrent dans la contemplativité, puis dans la proximité de Dieu : l'enfance est "encore" proche de Lui, et la vieillesse l'est "déjà". L'enfant peut trouver son bonheur dans une fleur, et de même le vieillard ; les extrêmes se touchent, et le cercle spiroïdal se referme dans la Miséricorde. »

Frithjof Schuon, Regards sur les Mondes Anciens

 

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La majorité pacifique des musulmans n'a aucune espèce d'importance

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Brigitte Gabriel, une Américaine d’origine libanaise, explique pourquoi la majorité pacifique et modérée des musulmans n’a aucune espèce d’importance.

 

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L'âne de Rabbi Pinchas ben Yaïr

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«"Si nos ancêtres étaient des anges, nous ne sommes que des êtres humains ; mais si nos ancêtres étaient des êtres humains, alors nous ne sommes plus que des ânes. Et si tel est le cas, nous sommes loin de soutenir la comparaison avec l'âne de Rabbi Pinchas ben Yaïr". L'âme d'Ismaël, l'ancêtre du peuple arabe, était incarnée dans l'âne de Rabbi Pinchas ben Yaïr. Et cela explique pourquoi l'âne était si sage, car Ismaël était fils de notre père Abraham. »

Jiri Langer, Les neufs portes du Ciel

 

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Combattre n’est pas forcément haïr

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« Les musulmans, je les avais autrefois combattus, à Beyrouth, pendant la guerre civile. Combattre n’est pas forcément haïr, et les choses paraissaient plus simples, alors, dans ce Proche-Orient réputé compliqué – la guerre du moins les simplifiant provisoirement. Les musulmans étaient chez eux, et les métastases du conflit israélo-palestinien, tout comme l’idéologie tiers-mondiste, n’avaient atteint l’Europe que sous la forme du terrorisme palestinien, pas encore sous celle de l’immigration massive et fortement islamisée dont il faut bien admettre qu’elle entraîne une guerre civile innommée, aux formes diverses, sournoises, sordides ou éclatantes, émeutes de banlieues ou batailles juridiques, seuls les aveugles ou les collabos pouvant prétendre encore que l’islam ne s’est pas lancé à la conquête de l’Europe, avec l’aide financière que les émirats du Golfe persique, l’Iran et l’Arabie saoudite déversent sur ces miséreux, ou prétendus tels, qui arrivent chaque jour dans des pays dont ils ne peuvent que haïr les coutumes ou la religion, ou ce qui en reste, et qui ne rencontrent que le peu de foi des Occidentaux, en Dieu comme en eux-mêmes. »

Richard Millet, Intérieur avec deux femmes

 

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Le Style

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« Le style n’est nullement un enjolivement comme croient certaines personnes, ce n’est même pas une question de technique, c’est – comme la couleur chez les peintres –, une qualité de la vision, la révélation de l’univers particulier que chacun de nous voit, et que ne voient pas les autres. Le plaisir que nous donne un artiste, c’est de nous faire découvrir un univers de plus. »

Marcel Proust, entretien avec le journal "Le Temps", 1913

 

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13/07/2014

Revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul

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« Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui. L’insignifiance,­ la vraie, le défi victorieux au sens, le dénuement du sens, l’art de la disparition du sens­ est une qualité exceptionnelle de quelques œuvres rares, et qui n’y prétendent jamais. Il y a une forme initiatique de la nullité, comme il y a une forme initiatique du rien, ou une forme initiatique du Mal. Et puis, il y a le délit d’initié, les faussaires de la nullité, le snobisme de la nullité, de tous ceux qui prostituent le Rien à la valeur, qui prostituent le Mal à des fins utiles. Il ne faut pas laisser faire les faussaires. »

Jean Baudrillard, Le Complot de l'Art

 

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La laideur totale

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« La transformation de la musique en bruit est un processus planétaire, qui fait entrer l'humanité dans la phase historique de la laideur totale. »

Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être

 

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Il met soudain de l’ordre autour de lui

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« Un homme désordonné qui va mourir et ne s’en doute pas met soudain de l’ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe des papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Son entourage se félicite. Aussi sa mort brutale semble-t-elle d’autant plus injuste. Il allait vivre heureux. »

Raymond Radiguet, Le Diable au corps

 

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12/07/2014

Il y a des hommes qui se vantent d’aimer la liberté parce qu’ils en jouissent

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« Je ne me lasserai pas de répéter qu’il y a des hommes qui se vantent d’aimer la liberté parce qu’ils en jouissent. Loin de vouloir lui sacrifier quoi que ce soit, ils entendent bien qu’elle leur épargne tout sacrifice, qu’elle leur permette de s’engraisser en paix, et même qu’elle facilite leur engraissement. »

Georges Bernanos, Le lendemain c’est vous

 

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Là où il n'y a pas de patrie, les mercenaires ou l'étranger deviennent les maitres

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« On a beau ironiser sur le concept de patrie et concevoir l'humanité sur le mode anarchique et abstrait comme composée uniquement d'individus isolés aspirant à une seule liberté personnelle, il n'empêche que la patrie est une réalité sociale concrète, introduisant l'homogénéité et le sens de la collaboration entre les hommes. Elle est même une des sources essentielles du dynamisme collectif, de la stabilité et de la continuité d'une unité politique dans le temps. Sans elle, il n'y a ni puissance ni grandeur ni gloire, mais non plus de solidarité entre ceux qui vivent sur un même territoire. On ne saurait donc dire avec Voltaire, à l'article Patrie de son Dictionnaire philosophique que "souhaiter la grandeur de son pays, c'est souhaiter du mal à ses voisins". En effet, si le patriotisme est un sentiment normal de l'être humain au même titre que la piété familiale, tout homme raisonnable comprend aisément que l'étranger puisse éprouver le même sentiment. Pas plus que l'on ne saurait conclure de la persistance de crimes passionnels à l'inanité de l'amour, on ne saurait prendre prétexte de certains abus du chauvinisme pour dénigrer le patriotisme. Il est même une forme de la justice morale. C'est avec raison qu'Auguste Comte a vu dans la patrie la médiation entre la forme la plus immédiate du groupement, la famille et la forme le plus universelle de la collectivité, l'humanité. Elle a pour raison le particularisme qui est inhérent au politique. Dans la mesure où la patrie cesse d'être une réalité vivante, la société se délabre non pas comme le croient les uns au profit de la liberté de l'individu ni non plus comme le croient d'autres à celui de l'humanité; une collectivité politique qui n'est plus une patrie pour ses membres cesse d'être défendue pour tomber plus ou moins rapidement sous la dépendance d'une autre unité politique. Là où il n'y a pas de patrie, les mercenaires ou l'étranger deviennent les maitres. Sans doute devons-nous notre patrie au hasard de la naissance, mais il s'agit d'un hasard qui nous délivre d'autres. »

Julien Freund, L'essence du Politique

 

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Un fréquent caractère d'artifice politique très pur

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Maurras se battant en duel contre Jacques Landau (1909)

 

« Ici ou là, peuple maigre, peuple gras peuvent se chamailler un temps. Partout le peuple gras s'est fait la guerre à lui-même. Partout et dans tous les temps, il suffit que s'élèvent de grandes maisons, les voilà au prises : l'univers des oligarchies est une Vérone éternelle que ses Montaigus et ses Capulets se disputent avec une constante fureur. On n'y voit de paix que par la force, et qui vient du dehors, sauf dans les circonstances extrêmement rares qui ont permis la naissance des Patriciats impériaux de l'histoire. Qu'elles soient de l'Or, du Sang ou de l'Intelligence, les élites ont cette propriété de se déchirer jusqu'à ce que mort s'ensuive. La lutte des classes ne saurait expliquer la continuelle bataille intestine que se livre cette classe. C'est au contraire sa propre bataille, la bataille interne des patriciats, qui suscite l'action des plèbes contre elle-même. Ces soulèvements sont presque toujours conduits par des patriciens déserteurs de leur classe et animés contre leurs pairs des rancunes féroces que leur guerre de frères a déjà semées ou stimulées. Les Gracques  étaient la fleur du patriciat de Rome. Le dernier dictateur populaire, Jules César, descendait d'Iule, d'Énée, de Vénus. Cela s'était montré dans Clisthène et dans Péricles. Cela se retrouve dans tous nos Rois des Halles, dans tous nos Mirabeau. Cela se continue sous nos yeux dans tous ce mauvais petit peuple de ploutocrates démagogues, d'avocaillons radicaux, socialistes et communistes, nés de bourgeois et de bourgeoises que leurs convoitises et leurs jalousies de bourgeois ont mobilisés contre leur bourgeoisie. Ainsi considérées, les luttes des classes paraissent beaucoup moins spontanées qu'elles n'en ont l'air : l'initiative leur vient d'ailleurs et elle accuse un fréquent caractère d'artifice politique très pur... »

Charles Maurras, La Politique Naturelle, Préface de Mes idées politiques

 

 

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11/07/2014

Rêves de conquérant, de saint ou de découvreur de monde

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« Des rêves trop grands pour notre carrure pèsent parfois sur nos épaules, rêves de conquérant, de saint ou de découvreur de monde, rêves qui furent ceux réalisés d’un Mermoz, d’un Gengis Khan ou d’un François d’Assise. Il ne faut pas nous désoler d’être seulement ce que nous sommes. L’aventure la plus prodigieuse est notre propre vie et celle-là est à notre taille. Aventure brève: trente, cinquante, quatre-vingts ans peut-être qu’il faut franchir durement, gréé comme un voilier cinglant vers cette étoile au grand large qui est notre repaire unique et notre unique espérance. Qu’importent coups de chien, tempêtes ou calme plat, puisqu’il y a cette étoile. Sans elle, il n’y aurait plus qu’à cracher son âme et à se détruire de désespérance. Mais sa lumière est là et sa recherche et sa poursuite font d’une vie humaine une aventure plus merveilleuse que la conquête d’un monde ou la course d’une nébuleuse. Cette aventure-là ne dépasse pas notre carrure. Il nous suffit de marcher vers notre Dieu pour être à la taille de l’Infini, et cela légitime tous nos rêves. »

Guy de Larigaudie, Étoile au grand large

 

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Des prières et des vœux perpendiculaires

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« C’est embêtant, dit Dieu, quand il n’y aura plus ces Français,

Il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les comprendre.

Peuple, les peuples de la terre te disent léger parce que tu es un peuple prompt.

Les peuples pharisiens te disent léger parce que tu es un peuple vite.

Tu es arrivé avant que les autres soient partis.

Mais moi je t’ai pesé, dit Dieu, et je ne t’ai point trouvé léger.

O peuple inventeur de la cathédrale, je ne t’ai point trouvé léger en foi.

O peuple inventeur de la croisade je ne t’ai point trouvé léger en charité.

Quant à l’espérance, il vaut mieux ne pas en parler, il n’y en a que pour eux.


 Tels sont nos Français, dit Dieu. Ils ne sont pas sans défauts. Il s’en faut. Ils ont même beaucoup de défauts.

Ils ont plus de défauts que les autres.

Mais avec tous leurs défauts je les aime encore mieux que tous les autres avec censément moins de défauts.

Je les aime comme ils sont. Il n’y a que moi, dit Dieu, qui suis sans défaut.Mon fils et moi. Un Dieu avait
un fils.

(…)


Nos Français sont comme tout le monde, dit Dieu. Peu de saints, beaucoup de pécheurs.

Un saint, trois pécheurs. Et trente pécheurs. Et trois cents pécheurs. Et plus.

Mais j’aime mieux un saint qui a des défauts qu’un pécheur qui n’en a pas. Non, je veux dire :


J’aime mieux un saint qui a des défauts qu’un neutre qui n’en a pas.

Or ces Français, comme ils sont, ce sont mes meilleurs serviteurs.

Ils ont été, ils seront toujours mes meilleurs soldats dans la croisade.

Or il y aura toujours la croisade.

Enfin ils me plaisent. C’est tout dire. Ils ont du bon et du mauvais.

Ils ont du pour et du contre. Je connais l’homme.

Je sais trop ce qu’il faut demander à l’homme.

Et surtout ce qu’il ne faut pas lui demander. Si quelqu'un le sait, c'est moi.
Depuis que l'ayant créé à mon image et à ma ressemblance.
Par le mystère de cette liberté ma créature
Je lui abandonnai dans mon royaume
Une part de mon gouvernement même.
Une part de mon invention.
Il faut le dire une part de ma création.
Il faut les prendre comme ils sont. Si quelqu'un le sait, c'est moi. Et aussi savez-vous
Combien une seule goutte de sang de Jésus
Pèse dans mes balances éternelles.

(…)


O mon peuple français, dit Dieu, tu es le seul qui ne fasses point des contorsions.

Ni des contorsions de raideur, ni des contorsions de mollesse.
Et dans ton péché même tu fais moins de contorsions Que les autres n'en font dans leurs exercices.
Quand tu pries, agenouillé tu as le buste droit.
Et les jambes bien jointes bien droites au ras du sol.
Et les deux pieds bien joints.
Et les deux mains bien jointes bien appliquées bien droites.
Et les deux regards des deux yeux bien parallèlement
montants droit au ciel.
seul peuple qui regardes en face.
Et qui regardes en face la fortune et lépreuve
Et le péché même.
Et qui moi-même me regardes en face.
Et quand tu es couché sur la pierre des tombeaux
L'homme et la femme se tiennent bien droits lun à côté de l'autre.
Sans raideur et sans aucune contorsion .
Bien couchés droits l'un à côté de l'autre sans faute.
Sans manque et sans erreur.
Bien pareils. Bien parallèlement.
Les mains jointes, les corps joints et séparés parallèles.
Les regards joints.
Les destinées jointes. Joints dans le jugement et dans l'éternité.
Et le noble lévrier bien aux pieds.
Peuple, le seul qui pries et le seul qui pleures sans
contorsion.

Le seul qui ne verses que des larmes décentes.
Et des larmes perpendiculaires.
Le seul qui ne fasses monter que des prières décentes. Et des prières et des vœux perpendiculaires. »

Charles Péguy, Le Mystère des Saints Innocents

 

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Un homme théorique

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« L'utopie de la démocratie a été de dépouiller l'individu de ses qualités sensibles, de le réduire à l'état abstrait de citoyen.  De l'homme concret de chair et d'os, qui a un métier, un milieu, une personnalité, elle a fait un être irréel, un personnage allégorique en dehors du temps et de l'espace, et le même à tous les étages de la société.

Ni ouvrier ni paysan, ni industriel ni commerçant, ni du Nord ni du Midi, ni savant ni ignorant : un homme théorique. »

Hubert Lagardelle, Magazine "Plans" n° : 1, janvier 1931

 

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10/07/2014

Si, au contraire des idées reçues, les hommes n’avaient jamais que la vie qu’ils méritent ?

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« "Il n’a pas eu la vie qu’il méritait." De cette maxime consolante, la vie de Baudelaire semble une illustration magnifique. Il ne méritait pas, certes, cette mère, cette gêne perpétuelle, ce conseil de famille, cette maîtresse avaricieuse, ni cette syphilis - et quoi de plus injuste que sa fin prématurée ? Pourtant, à la réflexion, un doute surgit : si l’on considère l’homme lui-même, il n’est pas sans faille ni, semble-t-il, sans contradictions : ce pervers a adopté une fois pour toutes la morale la plus banale et la plus rigoureuse, ce raffiné fréquente les prostituées les plus misérables, c’est le goût de la misère qui le retient auprès du maigre corps de Louchette et son amour pour "l’affreuse Juive" est comme une préfiguration de celui qu’il portera plus tard à Jeanne Duval ; ce solitaire a une peur affreuse de la solitude, il ne sort jamais sans compagnon, il aspire à un foyer, à une vie familiale, cet apologiste de l’effort est un "aboulique" incapable de s’astreindre à un travail régulier ; il a lancé des invitations au voyage, il a réclamé des dépaysements, rêvé de pays inconnus, mais il hésitait six mois avant de partir pour Honfleur et l’unique voyage qu’il a fait lui a semblé un long supplice ; il affiche du mépris et même de la haine pour les graves personnages qu’on a chargés de sa tutelle, pourtant il n’a jamais cherché à se délivrer d’eux ni manqué une occasion de subir leurs admonestations paternelles. Est-il donc si différent de l’existence qu’il a menée ? Et s’il avait mérité sa vie ? Si, au contraire des idées reçues, les hommes n’avaient jamais que la vie qu’ils méritent ? »

Jean-Paul Sartre, Baudelaire

 

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Le lieutenant était de ces êtres dont l’approbation nous accable

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« "C’est étonnant, disait Mme Courrèges, Paul a un gendre qui pense comme lui sur tous les points, et il ne l’aime pas." Voilà bien ce que le docteur ne pouvait pardonner à ce garçon dont l’esprit déformant lui renvoyait la caricature de ses plus chères idées. Le lieutenant était de ces êtres dont l’approbation nous accable et nous porte à mettre en doute des vérités pour lesquelles nous eussions versé notre sang. »

François Mauriac, Le désert de l’amour

 

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09/07/2014

Au pouvoir du monde je n’ai rien à opposer que moi-même

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« Le monde est donc plus fort que moi. À son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même, mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que mon silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.



Telle est ma seule consolation. »

Rainer Maria Rilke, Poèmes épars et fragments

 

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L'incohérence étant trait de mâle

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« A cette répugnance à être aimés, qu'ont certains hommes, je vois plusieurs raisons, contradictoires comme de juste, l'incohérence étant trait de mâle.
 Orgueil. - Désir de garder l'initiative. Dans l'amour qu'on nous porte, il y a quelque chose qui nous échappe, qui risque de nous surprendre, peut-être de nous déborder, qui attente à nous, qui veut nous manoeuvrer. Même dans l'amour, même en étant deux, on ne veut pas être deux, on veut rester seul.
 Humilité, ou, si le mot paraît trop fort, absence de fatuité. - L'humilité d'un homme lucide, qui ne se connaît pas tant de beauté ni tant de valeur, et trouve qu'il y a quelque chose de ridicule à ce que ses moindres gestes, paroles, silences, etc., créent bonheur ou même malheur. Quel injuste pouvoir on lui donne ! Je ne fais pas grand cas de quelqu'un qui ose penser tout haut : "Elle m'aime", qui n'essaye pas au moins de diminuer la chose en disant : "Elle se monte la tête sur moi." Par quoi sans doute il rabaisse la femme, mais ne le fait que parce que d'abord il s'est rabaissé soi-même.
 Sentiment que je rapproche, par exemple, de celui de l'écrivain qui trouverait ridicule d'avoir des "disciples", parce qu'il sait de quoi est faite sa personnalité, et ce qu'il en retourne des "messages". Un homme digne de ce nom méprise l'influence qu'il exerce, en quelque sens qu'elle s'exerce, et subit de devoir en exercer une, comme la rançon de sa tarentule de s'exprimer. Nous, nous voulons ne pas dépendre. Et nous estimerions les âmes qui se mettent sous notre dépendance ? C'est par une haute idée de la nature humaine, qu'on se refuse à être chef.
 Dignité. - Gêne et honte du rôle passif que joue un homme qui est aimé. Etre aimé, pense-t-il, est un étant qui ne convient qu'aux femmes, aux bêtes et aux enfants. Se laisser embrasser, câliner, pressurer la main, regarder avec l'oeil noyé : pour un homme, pouah ! (La plupart des enfants eux-mêmes, si féminins qu'ils soient en France, n'aiment pas du tout qu'on les embrasse. Ils se laissent faire par politesse, et parce qu'il le faut bien, les grandes personnes étant plus musclées qu'eux. Leur impatience de ces suçotements n'échappe qu'au suçoteur, qui croit qu'ils en sont ravis.)
 Désir de rester libre, de se préserver. - Un homme qui est aimé est prisonnier. Cela est trop connu, n'y insistons pas. »

Henry de Montherlant, Les jeunes filles

 

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