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07/08/2017

La vie est un photomaton

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« Pas un seul visiteur du matin ne regarde la ville autrement qu'à travers son appareil. La vie est un Photomaton. La mémoire des hommes serait-elle devenue à ce point défaillante qu'il faille archiver chaque instant ? Ainsi des voyages modernes : on traverse le monde pour prendre une photo. Il n'y aura plus de récits de voyage, seulement des cartes postales. (…)
Qu'a fait de mal le monde pour qu'on tire des écrans sur lui ? Seuls les enfants, les vieillards et les oiseaux regardent la vue de leurs pleins yeux. Ce sont les derniers êtres à qui il restera des souvenirs. »

Sylvain Tesson, Une très légère oscillation

 

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02/07/2017

Le bonheur

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« — Si vous trouviez le bonheur, n’éprouverez vous pas le besoin de partager la recette ? 
— Non.
— Moi, si — je ne croirais pas que je suis heureux si je ne voyais pas d’autres hommes vivre de la même manière que moi. Je fais ainsi la preuve de mon bonheur.

  
Tels étaient les discours d’un Belge qui, sans provocation de ma part, s’est attaché à moi pendant quatre heures pour me raconter qu’il était très riche, qu’il avait beaucoup de curiosités, qu’il était marié, qu’il avait voyagé, qu’il avait eu souvent le mal de mer, qu’il avait fui Paris à cause du choléra, qu’il possédait à Paris une fabrique dont tous les contremaîtres étaient décorés , — et tout cela parce que, espérant me débarrasser de lui, je lui avais dit qu’il n’y avait pour moi de bonheur que dans la solitude. »

Charles Baudelaire, La Belgique déshabillée

 

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01/07/2017

Les Vertus...

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« Les vertus que vous cultiverez par-dessus tout sont le courage, le civisme, la fierté, la droiture, le mépris, le désintéressement, la politesse, la reconnaissance, et, d’une façon générale, tout ce qu’on entend par le mot de générosité. »

Henry de Montherlant, Lettre d’un père à son fils

 

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24/06/2017

Répliques : Le grand déménagement du monde

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Dans sa dernière émission de "Répliques", Finky reçoit Renaud Camus... et celui-ci, face au démographe Hervé Le Bras (tout pétri d'idéologie inclusive), envoie du bois...

 

 

Pour ceux qui veulent, éventuellement, avoir le fichier mp3 pour l'écouter ad vitam aeternam dans leur lecteur, c'est ICI que ça se passe...

 

 

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19/06/2017

La patience

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« Dans l’homme d’aujourd’hui, une vertu est morte, la patience. La patience : ce calme pressentiment qui s’éveille tandis que nous prenons fidèlement en garde ce que nous devons vouloir qu’il soit. C’est le souci se détournant de toute préoccupation bruyante pour faire retour vers le tout du Dasein. La patience, c’est la modalité véritablement humaine de la supériorité sur les choses. La vraie patience est l’une des vertus fondamentales du philosopher, celle qui comprend que nous devons constamment dresser le bûcher avec du bois approprié et choisi, jusqu’à ce qu’il prenne feu enfin. »

Martin Heidegger, La Phénoménologie de l’esprit de Hegel

 

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18/06/2017

La création humaine, hideuse et fulgurante

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« On peut envisager le jour où la silencieuse création naturelle sera tout entière remplacée par la création humaine, hideuse et fulgurante, retentissante des clameurs révolutionnaires et guerrières, bruissante d'usines et de trains, définitive enfin et triomphante dans la course de l'histoire - ayant achevé sa tâche sur cette terre qui était peut-être de démontrer que tout ce qu'elle pouvait faire de grandiose et d'ahurissant pendant des milliers d'années ne valait pas le parfum fugitif de la rose sauvage, la vallée d'oliviers, le chien favori. »

Albert Camus, Carnets II

 

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16/06/2017

Dans nos projectiles en acier inoxydable...

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« Nous avons encore beaucoup à faire. Levez la tête ! Regardez les étoiles ! Les avez-vous jamais vues aussi brillantes ? C’est vers elles que l’homme se dirige, loin dans les espaces infinis. Bien après que cette planète sera devenue un désert sans vie balayé par le vent, nous serons là-haut dans nos projectiles en acier inoxydable. Nous y serons par millions et pour des siècles et des siècles, à la recherche de la vie pour la détruire. »

Moritz Thomsen, Le plaisir le plus triste

 

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15/06/2017

Des casiers où entreposer la force de travail pendant la nuit

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« Ainsi l’espace vernaculaire de la demeure est remplacé par l’espace homogène d’un garage humain. Les grands ensembles ont le même aspect à Taïwan ou dans l’Ohio, à Lima ou à Pékin. Partout vous trouvez le même garage d’humains — des casiers où entreposer la force de travail pendant la nuit, toute prête à être convoyée vers son emploi. »

Ivan Illich, Dans le miroir du passé

 

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14/06/2017

Cette vie au plein air, âpre, dure, violente, sans concessions...

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« J’évite des Blancs que déversent en masse les soutes des avions. Pourtant, j’aime les hommes, tous les hommes de la Terre. Mais je n’arrive pas à admettre leur suffisance, leur arrogance, leur perfection de pacotille. J’aime trop la vie sauvage. Cette vie au plein air, âpre, dure, violente, sans concessions. Mais où trouver son lieu, le lieu ? Ce pan de terre et de ciel où l’esprit soit enfin en paix. »

Joël Vernet, La Montagne dans le dos

 

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13/06/2017

La longue suite de désirs, de légendes, de masques et de chants...

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« S’il reste un secret, c’est à l’intérieur de l’âme qu’il se trouve, dans la longue suite de désirs, de légendes, de masques et de chants, qui se mêle au temps et resurgit et court sur la peau des peuples à la manière des épars en été. »

J. M. G. Le Clézio, Raga, approche du continent invisible

 

 

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Un mot qui a été détourné de son sens...

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« Aventure est le nom qu’il faut garder. Un mot qui a été détourné de son sens. Un mot aujourd’hui estropié, d’avoir servi de fourre-tout, de va-tout, d’exutoire aux incapacités. Un mot qu’il faut maintenant retourner : l’arracher comme un vêtement dans lequel se sont drapés les sinistres apôtres de la conquête et les profiteurs confits d’exotisme. »

J. M. G. Le Clézio, Raga, approche du continent invisible

 

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12/06/2017

Un besoin de simplification

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« Il y a chez l’homme moderne un besoin de simplification qui tend à se satisfaire par tous les moyens. Et cette monotonie artificielle qu’il s’efforce de créer, et cette monotonie qui envahit de plus en plus le monde, cette monotonie est le signe de notre grandeur. Elle marque l’empreinte d’une volonté, d’une volonté utilitaire ; elle est l’expression d’une unité, d’une loi qui régit toute notre activité moderne : la loi de l’utilité. »

Blaise Cendrars, Moravagine

 

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09/06/2017

Au quatrième top...

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« Je me demande si tout ceci — l'Europe — ne finira pas par une démence ou un ramollissement général. "Au quatrième top — il sera exactement 'la fin d'un Monde'." »

Paul Valéry, Cahiers - 1939

 

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08/06/2017

L'humanité entière perdrait son passé

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« Il y va du destin de l'espèce humaine. Car de même que l'hitlérisation de l'Europe préparerait sans doute l'hitlérisation du globe terrestre, accomplie soit par les allemands, soit par leurs imitateurs jamponais — de même une américanisation de l'Europe préparerait sans doute une américanisation du globe terrestre. Le second mal est moindre que le premier, mis il vient immédiatement après. Dans les deux cas, l'humanité entière perdrait son passé. »

Simone Weil, Ecrits historiques et politiques - 1943

 

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02/06/2017

Alors, il voit que la vie se nourrit de la mort

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« C’était l’hiver. Il y était allé en voiture. Qui ne connaît pas la campagne l’hiver ne connaît pas la campagne, et ne connaît pas la vie. Traversant les vastes étendues dépouillées, les villages tapis, l’homme des villes est brusquement mis en face de l’austère réalité contre laquelle les villes sont construites et fermées. Le dur revers des saisons lui est révélé, le moment sombre et pénible des métamorphoses, la condition funèbre des renaissances. Alors, il voit que la vie se nourrit de la mort, que la jeunesse sort de la méditation la plus froide et la plus désespérée et que la beauté est le produit de la claustration et de la patience. »

Pierre Drieu la Rochelle, Gilles

 

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01/06/2017

La fantasia

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« Des cris rauques jaillissaient des poitrines oppressées ; les bras se tendaient éperdument vers quelque vision fugitive ; les talons et les nuques tambourinaient sur le plancher. Il était temps de jeter une goutte d’eau froide sur cette vapeur brûlante, ou la chaudière eût daté. L’enveloppe humaine, qui a si peu de force pour le plaisir, et qui en a tant pour la douleur, n’aurait pu supporter une plus haute pression de bonheur. Un des membres du club, qui n’avait pas pris part sa voluptueuse intoxication afin de surveiller la fantasia et d’empêcher de passer par les fenêtres ceux l’entre nous qui se seraient cru des ailes, se leva, ouvrit la caisse du piano et s’assit. Ses deux mains, tombant ensemble, s’enfoncèrent dans l’ivoire du clavier, et un glorieux accord résonnant avec force fit taire toutes les rumeurs et changea la direction de l’ivresse. »

Théophile Gautier, Le club des haschischins

 

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14/05/2017

Un homme idéal, respectueux des autres comme de lui-même

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« On comprend donc que l’humanité ne soit venue à la démocratie que sur le tard (car ce furent de fausses démocraties que les cités antiques, bâties sur l’esclavage, débarrassées par cette iniquité fondamentale des plus gros et des plus angoissants problèmes). De toutes les conceptions politiques c’est en effet la plus éloignée de la nature, la seule qui transcende, en intention au moins, les conditions de la "société close". Elle attribue à l’homme des droits inviolables. Ces droits, pour rester inviolés, exigent de la part de tous une fidélité inaltérable au devoir. Elle prend donc pour matière un homme idéal, respectueux des autres comme de lui-même, s’insérant dans des obligations qu’il tient pour absolues, coïncidant si bien avec cet absolu qu’on ne peut plus dire si c’est le devoir qui confère le droit ou le droit qui impose le devoir. »

Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion

 

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11/05/2017

Mettre leurs invités à quatre pattes

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« Nul besoin d’avoir un grand sens de l’État ni un sens excessif de votre dignité pour ne pas voir sans malaise, côte à côte, au Grand Journal, le président du Conseil constitutionnel et le président de l’Assemblée nationale se tortiller sur leur chaise pour se faire applaudir par des gamins fonctionnant au sifflet. Embarrassés, patauds, piquant des fards devant une Bimbo, humiliés par les lazzi d’un trio de montreurs d’ours auxquels ne manquent plus que la chambrière et le cerceau pour mettre leurs invités à quatre pattes et les faire sauter au travers (prochaine étape). Le politique ne se cabre même plus, il rampe. »

Régis Debray, Rêverie de gauche

 

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10/05/2017

Ce gigantisme qui n'est que la contre-façon malsaine d'une croissance

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« Aux hommes de la fin du XIXe siècle, la Décadence romaine apparaissait sous l'aspect de patriciens couronnés de roses s'appuyant du coude sur des coussins ou de belles filles, ou encore, comme les a rêvés Verlaine, composant des acrostiches indolents en regardant passer les grands barbares blancs. Nous sommes mieux renseignés sur la manière dont une civilisation finit par finir : ce n'est pas par des abus, des vices ou des crimes qui sont de tous temps, mais par ce gigantisme qui n'est que la contre-façon malsaine d'une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l'existence de richesses qu'on n'a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d'en haut, cette atmosphère d'inertie et de panique, d'autoritarisme et d'anarchie, ces réaffirmations pompeuses d'un grand passé au milieu de l'actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violent, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. »

Marguerite Yourcenar, Sous bénéfice d'inventaire

 

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Le goût du travail inutile, du plaisir imbécile

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« C'est fou ce que les hommes ont le goût du travail inutile, du plaisir imbécile, comme ils aiment s'entourer de signes qui prolongent leur enfance, peut-être la seule période rassurante de leur vie. »

Michel Déon, Un taxi mauve

 

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L’équilibre écologique ancestral brisé à tout jamais

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« Las, comme dit Péguy (et Berthelot dans ses bons jours), l’époque est venue de ceux qui font le malin. De ceux qui considèrent qu’être né en dernier est un gage de supériorité. De ceux qui regardent le passé avec un petit sourire paternaliste. « Si l’on supprimait les haies, on gagnerait en surface agricole », pensèrent les malins en clignant de l’oeil. Il y eut les remembrements intensifs, la destruction des haies subventionnée par l’État, le comblement des mares, l’assassinat des grenouilles rieuses et des tritons crêtés, l’agrandissement des parcelles et la monoculture : là où l’on cultivait dix espèces, il n’en resta plus qu’une qu’il fallut inonder de pesticides pour éviter les maladies que toute culture unique appelle. Le résultat ne se fit pas attendre : ruissellement, érosion, inondations, cours d’eau pollués, disparition des poissons, appauvrissement des nappes phréatiques, assèchement des zones humides, disparition des oiseaux, prolifération des vers et des insectes nuisibles, utilisation de la chimie, là encore, pour s’en débarrasser. Quinze millions d’hectares remembrés. Un million cinq cent mille kilomètres de haies arrachées (sur deux millions !). Des destructions irréversibles. L’équilibre écologique ancestral brisé à tout jamais. Du vandalisme vendu sous le nom de progrès. De la bêtise crasse et orgueilleuse. »

Olivier Maulin, Le bocage à la nage

 

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09/05/2017

La perception verticale

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« Le petit homme contemporain sait comment il se nomme et de qui il est directement issu. Là se borne sa certitude. Et encore… De la notion du temps, il ne reçoit qu’une perception horizontale, quelque chose de dérisoirement limité. Dans l’éruption continue à la surface de la terre, il se retrouve aggloméré à des milliards d’autres hommes… De la perception verticale, celle qui se hausse par l’échelle du passé, et qui lui rendrait sa noblesse, quelle que soit la modestie de son lignage, il n’a pas conscience. Souvent il la refuse. Débarrassé de ce bagage, il s’imagine courir plus vite ! Il galope en rond, le petit homme, comme une carne au bout d’une longe, avec son anonymat pour piquet. Il n’en sortira jamais. Alors ? […]

Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient seul, au centre de sa vie passagère, entre son père et son fils, bornes extrêmes de son existence […] Alors vous mesurez combien immense et proche est le désert… Je trouve cela inadmissible, révoltant, incroyable, navrant. Je demeure persuadé que la chaîne resta longtemps solide et qu’elle commença à se perdre à l’aube du monde moderne, quand les hommes s’éloignèrent du vrai pour s’occuper de balivernes. »

Jean Raspail, La hache des steppes

 

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"Pétain au poteau !"

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« Une mégère coiffée d'un casque allemand brandit un fusil au coin de la rue. Elle braille des slogans des sa bouche édentée. “Pétain au poteau !” Cette fois c'est bien fini les amours du Maréchal avec ses populations. On glaviote son effigie sur la chaussée… on la piétine… “Pétain à mort !” C'est pas si loin le mois d'avril, les acclamations places de l'Hotel de Ville. Pour peu qu'on n'ait pas la mémoire si courte, ça vous donne à gamberger sur la fragilité du pouvoir, la versatilité des masses. »

Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur

 

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Ces populations des trains de banlieues

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« Je ne comprends plus ces populations des trains de banlieues, ces hommes qui se croient des hommes, et qui cependant sont réduits, par une pression qu'ils ne sentent pas, comme les fourmis, à l'usage qui en est fait. De quoi remplissent-ils, quand ils sont libres, leurs absurdes petits dimanches ? »

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

 

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C'est l'amère tragédie des plus hautes valeurs humaines que d'être aisément falsifiables

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« En soi, certes, les choses de l'esprit l'emportent en réalité et en profondeur sur les choses de la vie : il est plus grand et plus vrai d'être un grand poète qu'un bon ouvrier, et la vocation d'une vierge consacrée à Dieu se situe au-dessus de celle de la meilleure mère de famille. Mais les valeurs vitales ont cet avantage qu'elles sont sincères : il n'est guère possible, par exemple, à un homme normal de se faire des illusions (et d'en donner aux autres) sur son degré de force et d'adresse physiques : dans ce domaine, les critères d'estimation sont trop faciles et trop précis ! Il n'en est pas de même pour les valeurs spirituelles : parce qu'elles sont immatérielles et se déploient pour une grande part dans l'invisible, elles échappent à tout contrôle précis et souvent même à tout contrôle objectif. Un mauvais poète peut se croire un génie méconnu, mais nul gringalet ne se prend pour un colosse ignoré !

Plus une activité humaine est élevée, plus il est difficile de la "connaître à ses fruits", tant ceux-ci sont mystérieux et lointains... Mais qui dit difficulté de contrôle, dit aussi invitation à la fraude. C'est l'amère tragédie des plus hautes valeurs humaines que d'être aisément falsifiables. Comment juger - si ce n'est avec le secours d'une rare et pénétrante sagesse, le recul du temps et d'une façon toujours contestable - de l'authenticité d'une vocation politique, artistique ou, à la limite, religieuse ? Aussi est-ce une démarche naturelle à beaucoup dont l'impuissance ou la médiocrité éclateraient dans une activité sociale ordinaire que de se vouer, par compensation, au service d'idéals supérieurs : là, leur infériorité n'est plus susceptible de vérification immédiate et ils peuvent même, s'ils possèdent le don d'exprimer les réalités qu'ils ne vivent pas, obtenir de brillants succès passagers.

Un mauvais menuisier ne réussira jamais dans son métier, mais un mauvais politique, un faux mystique peuvent illusionner les hommes sur leur compte et magnifiquement triompher, comme on ne le voit que trop tous les jours. »

Gustave Thibon, Ce que Dieu a uni

 

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